C'était mon premier mercredi en tant qu'enseignant. Mes précédents cours s'étaient avérés rassurant quant à la véracité de ma décision de rejoindre l'équipe pédagogique de Poudlard. Mais, l'appréhension mêlé à l'excitation de donner pour la première fois un cours à des adultes hérissaient les poils présents sur mes imposants avant-bras. Heureusement, mon passé d'entrepreneur m'avait apprit à gérer les situations de stress et à prendre à contre pied mon public de manière à en ressortir encore plus fort.

Cela faisait désormais trois longues semaines que je construisais ce cours, de manière à démarrer sur les chapeaux de roues. Le voyage que j'avais jadis entreprit à travers le monde m'avait permit de rencontrer diverses personnes par l'intermédiaire de qui je m'étais procuré le support nécessaire à mon enseignement. Bien plus qu'une matière, instruire les élèves aux soins aux créatures était un art à mes yeux. Il ne fallait pas faire passer cette matière pour une blague sans pour autant la rendre barbante, il fallait également s'assurer que nos interlocuteurs s'imprègnent de la matière et saisissent son importance sur le long terme.

Je foulais comme à mon habitude l'herbe humidifié par la rosée du matin qui longeait le bord de la forêt interdite. J'aimais tendre l'oreille et entendre les divers bruits provoqués par les créatures présentes dans cette immense jungle. Je me prêtais encore au divertissement que j'affectionnais particulièrement lors de ma scolarité, essayer d'identifier les animaux grâce aux sons qu'il m'était donné d'entendre.

Plus les jours passaient dans cette école, plus il m'était difficile de me remémorer pourquoi j'avais fini par haïr l'univers des sorciers, bien-sur, j'étais rapidement ramené à la raison lorsqu'il m'était amené à côtoyer les fantômes loufoques et lorsque je constatais que ma classe sociale avait nettement diminué. Mais, j'essayais de ne pas trop y penser de manière à ne pas me laisser envahir par les excès de colère dont j'avais le secret.

J'attendais patiemment que mes élèves les plus âgées et, je l'espérais, les plus matures, prennent tous place à mon cours, m'assurant bien évidement qu'ils soient tous ponctuel ce qui semblait être le cas. Après tout, il aurait été surprenant d'avoir des retardataires au premier cours des septièmes années, mais bon on pouvait s'attendre à tout des sorciers.

Je fixais tous mes élèves avec mon regard perçant, essayant de lire en eux comme dans un livre ouvert. Un long silence pesant s'installa jusqu'à ce que je vienne le couper en prenant la parole.

"Bon, j'estime interagir avec des adultes, c'est pourquoi je ne vous barberais pas avec un discours qui serait, je l'espère, une perte de temps."

Je marchais autour des élèves qui tournaient tous le dos à la forêt interdite.

"Je me présente, je suis le professeur Johnson. Poudlard m'a recruté afin de m'assurer que vous réussissiez vos ASPICs. Mais, je n'y accorde aucune importance, bien qu'elles en aient soyez-en certains."

Je m'exprimais lentement en articulant mes mots avec un ton de voix autoritaire de manière à être parfaitement audible. J'effectuais à intervalle régulier mon tic qui consistait à redresser le col de ma chemise entre chaque phrase.

"Mon objectif est de vous instruire et de m'assurer qu'à l'issue de votre scolarité vous puissiez être confronté à n'importe quelle créature et soyez apte à réagir en conséquence. Tout d'abord, ne tournez jamais le dos à la forêt je vous prie !"

Je leurs faisais signe de se décaler à l'aide de grands mouvements de mains. Cette règle me tenait à cœur, car bien que l'école ait toujours été dénuée d'incidents, une bête restait une bête et la forêt en était remplie.

Soudain, j'entendais des bruits brusques venant de la forêt. Un brouha qui attira l'attention des élèves dont la surprise et l'appréhension était facile à lire sur leurs visages. Fort heureusement, je savais à quoi ce tumulte était lié, mon cours allait enfin commencer.

"Il me semble que nous allons devoir écourter les présentations, notre amie est impatiente. Je vais demander à tout le monde de rester silencieux et de s'éloigner d'au moins cinq mètres s'il vous plait."

Lorsque la distance de sécurité me sembla être respecté, je fis un signe en direction de la forêt. Presque immédiatement trois hommes sortaient de celle-ci, traînant ce qui semblait être un rhinocéros à première vue.

"Je vous présente Moussa et ses deux associés, ces trois hommes sont des éleveurs d'éruptifs, ils s'assurent que l'espèce soit bien traité et ne disparaisse pas."

La créature que je leurs présentais ne possédait pas de corne, elle lui avait été retiré avec soin de manière à assurer sa sécurité et celle des autres.

"Moussa n'interviendra pas lors de ce cours, il ne maîtrise pas notre langue il sera juste chargé de veiller à son bon déroulement, je vous inviterais donc à ne pas l'importuner. Je tiens à rassurer les plus choqués, cette créature n'a pas été maltraité, sa corne a été retiré pour sa sécurité, cette bête a également été castré de manière à éviter ses réactions hormonales, mais le risque est quand même présent."

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti l'excitation d'être en présence d'une espèce considéré comme dangereuse, je pouvais sentir ma courte barbe s'hérisser tandis qu'un frisson d'excitation me parcourait lorsque je fixais la bête dans les yeux.

Je me recoiffais de manière à ne pas perdre la face avant de reprendre d'un voix ferme et audible.

"Bien, nous pouvons désormais rentrer dans le vif du sujet, que pouvez-vous me dire sur les Eruptifs ?"

Entre la nomination de nouveaux professeurs, le changement de certains programmes scolaires ou bien encore l'annonce des représentants des élèves au sein de chaque maison, à chaque année son lot de bonnes ou de mauvaises nouvelles. De son côté, Callie était revenue au château pour sa septième et dernière année avec la ferme intention de ne plus se prendre la tête et donc, de ne se soucier que du principal. Pour faire court, ça se résumait à peu près à ses études, la coupe de Quiddtch et elle-même. Plus questions de se retrouver mêler aux affaires des uns et des autres sans y trouver un intérêt derrière. Aussi n'avait-elle fait aucune commentaire sur le choix d'un élève de cinquième année, inconnu au bataillon, comme nouveau préfet des Poufsouffle. Elle n'avait plus qu'un an à tirer, la coupe des quatre maisons ne l'intéressait pas, elle se fichait bien de savoir si le remplaçant d'Absolem apporterait ou non une bonne image de leur maison. La seule chose qu'elle regrettait plus ou moins, c'était le changement de professeur dans une de ses disciplines préférées. Sérieusement, Poudlard payait mal ses enseignants ou ces derniers fuyaient à cause des élèves. Il devait forcément y avoir un problème quelque part pour que les trois quarts d'entre eux se fassent la malle au bout de six mois, grand maximum. Que l'administration fasse quelque chose, du chantage aux professeurs par exemple, pour les garder plus longtemps. La rouquine commençait à en avoir vraiment marre d'être forcer de composer avec tant de différentes techniques d'enseignement pour une seule matière. Et après on attendait d'eux l'excellence. Elle aimerait bien les y voir eux, à devoir changer de profs tous les trente six du mois. Peu importe qui était ce Johnson, il avait intérêt à rester, au moins jusqu'à la fin de cette année sinon elle irait se plaindre à la direction. On ne pouvait pas placer la barre aussi honte en ayant conscience des mauvaises conditions de travail imposées aux élèves. Ce n'était pas uniquement gênant pour les cinquième et septièmes années, ça concernait tout le monde. Tu m'étonnes qu'avec autant de changement de professeurs dans l'année les élèves finissent par se désintéresser aux cours, il y avait largement de quoi être démotiver. Callie espérait que pour une fois, l'année se passerait sans accroc de ce côté-ci, même si cela voulait aussi dire garder Breckenridge comme professeur de Défenses contre les Forces du Mal. Quelle idée aussi de garder des matières qui nécessitait l'usage de sa baguette. Elle avait voulût faire bonne figure, en se disant que quitte à être dans une école de sorcellerie, autant continuer de l'étudier – en partie – jusqu'au bout. La grosse blague, quoi.

La légère brise du matin ne calma pas son entrain à aller en cours, la jeune femme se contenta seulement de tirer un peu sur les bords de ses manches. Peu importe le temps dehors, elle adorait se rendre à l'orée de la forêt interdite pour suivre ce cours. C'était l'occasion de prendre de l'air, de bouger un peu plus et l'approche des animaux, magiques ou non, était un domaine qu'elle maîtrisait assez bien dans l'ensemble. Ce cours n'en paraissait presque pas un tellement il lui semblait naturel... A moins que les choses ne changent avec le nouveau professeur, éventualité à laquelle elle ne préférait pas penser. Peu importe comment cette matière était abordée, ça ne pouvait qu'être cool. « Hey... » L'intervention de Shiver la fit sursauter bêtement, elle ne l'avait pas entendu arriver. « Difficile de te croiser ces derniers jours, c'est la première année que ça fait ça. Tu crois qu'ils ont agrandi le château pendant les vacances ? » Ok, message reçu cinq sur cinq, ceci était clairement un reproche. Bien formulé cependant, c'était étonnant d'ailleurs et Callie ne pouvait même pas lui en vouloir parce qu'il n'avait pas tout à fait tord. Oui et non, en fait. Avec leurs responsabilités respectives, ajoutées au fait que ce cours soit le seul qu'ils aient en commun, faisait qu'il était normal qu'ils ne se croisent pas beaucoup. Des excuses stupides en réalité, son poste de capitaine ne lui prenait presque pas de temps pour le moment et même si leurs emplois du temps ne leurs permettaient pas de se retrouver en salle de classe, elle avait suffisamment de temps libre pour aller le retrouver si elle le voulait. Elle y était toujours arrivée alors pourquoi ce serait différent cette année ? Alors oui, peut-être l'avait-elle évité mais pas tout le temps. Parfois, elle l'avait instinctivement rechercher sur son passage sans pour autant le trouver. Vouloir n'équivalait pas forcément à pouvoir. « C'est vrai qu'on ne s'est pas vu beaucoup... » Elle avait essayer de réfléchir plusieurs fois à ce qu'elle allait lui dire, sans grand succès et puis là Noel l'avait prit au dépourvu. Elle était néanmoins contente qu'il soit venu, ça voulait dire qu'il ne lui faisait pas la tronche, pas encore en tout cas et ça lui évitait de devoir faire le premier pas. Elle ne put pas vraiment saisir l'opportunité de s'expliquer sur son comportement, ils arrivaient déjà au niveau de leur professeur. « Bonjour professeur ! » le salua t-elle avec le sourire. Elle avait compris qu'elle ne pourrait pas échapper beaucoup plus longtemps au rouge et or mais ce n'était pas une raison pour perdre son enthousiasme, puis il lui restait deux heures pour peaufiner ce qu'elle avait à lui dire, c'était pas mal déjà.

Réfléchir pour limiter les dégâts oui mais il lui fallait également écouter le cours parce qu'après tout, elle était d'abord là pour ça. Normalement. Elle n'était plus trop sûr quand elle entendait que leur nouveau professeur ne s'intéressait pas à leurs ASPICS. En gros, il allait faire sa vie et si les élèves obtenaient leurs diplômes c'était pour eux et sinon, tant pis ? Callie regrettait vraiment Blackson, elle au moins était chaleureuse et donnait envie de bosser. Johnson, lui, la mettait mal à l'aise de par ses propos mais aussi à cause de son tic avec le col de sa chemise. Il avait beau finir sa présentation et commençait son cours, ses yeux ne décollaient pas de son cou. Elle faisait une fixette dessus, n'écoutant que distraitement les consignes du professeur. Ne pas tourner le dos à la forêt, pourquoi pas... Reculer, ouais si ça pouvait lui faire plaisir... Callie obtempéra machinalement avant d'être brutalement ramenée à la réalité par l'intervention de son ami. Les paroles de son professeur lui revinrent en mémoire et elle vit rouge. « Enlever sa corne pour sa sécurité, je ne crois pas, c'est justement le fait d'en avoir une qui le protège. Mal visiblement parce que vous avez réussi à lui en priver. C'est très immoral comme geste, sa corne fait partie de son anatomie, c'est comme si on arrachait un bras, une jambe ou peu importe, à un être humain. » Et après, il osait leur dire que ce n'était pas de la maltraitance... « Quant à notre sécurité, en tant que notre professeur et accompagné de professionnels, vous devriez être en mesure de la garantir sans avoir recours à cet acte de barbarie. » Oui, carrément, elle osait employer ce mot parce qe pour elle il n'y en avait pas d'autres pour décrire ce qu'elle voyait.

De nombreux murmures désapprobateurs étaient parfaitement audibles, ils provenaient de la classe qui me faisait face. Je n'avais pas prit la peine de faire un listing des règles car je pensais avoir à faire avec des adultes capables de réagir de manière réfléchie en pesant le pour et le contre et non sous l'impulsion du moment en oubliant de faire preuve de sagesse.

Je ne supportais pas le tumulte provoqué par les septièmes années. La patience était une vertu que je ne possédais en aucun cas et ils allaient rapidement outrepasser mes limites s'ils continuaient avec une telle insolence. Bien-sur, je visais en particulier une élève, la jeune Mulligan qui avait exprimé son mécontentement et son aversion vers la maltraitance des créatures, mais d'une façon inappropriée. Je ne ressentais aucune aversion à son égare, bien au contraire, savoir que j'avais une défenseur des droits des créatures parmi mes élèves me rendait optimiste quant à la réalisation de mes objectifs d'enseignant.

Cependant, je ne pouvais laisser passer ce manque de délicatesse dans les propos et je n'avais nul autre choix que de réprimander la jeune fille dont les principes étaient pourtant nobles et justes.

J'ajustais une nouvelle fois le col de ma chemise avant de laisser ouïr un profond soupir afin de montrer que j'étais déçus de la manière dont la Poussoufle s'était permise de m'accuser d'acte de barbarie.

"Il semblerait que la vie ne vous ait pas appris que bien souvent, notre plus grande force est également notre plus grande faiblesse."

J'essayais de répondre avec philosophie de manière à ne pas paraître abrupte bien que j'avais envie de tout simplement enfermer la jeune fille avec des Eruptifs afin de lui faire saisir les raisons de ce qu'elle qualifiait comme étant un acte barbare.

"Tout comme vous votre caractère bien trempé est à la fois votre force et votre faiblesse, puisqu'il vient de vous valoir quatre heures de colles samedi soir dans mon bureau afin que vous méditiez sur le sens profond du mot "barbarie". "

Un léger blanc qui ne laissait que le vent être audible précéda ma phrase qui avait pour but de calmer les hardeurs de la septième année.Je savais que mes propos n'allaient pas la laisser indifférente, mais j'espérais du fond du cœur qu'elle s'abstiendrait de répondre afin de ne pas davantage perturber mon cours.

Je tapotais ma chemise avec mes mains afin de m'assurer qu'elle ne soit pas froissée avant de reprendre la parole avec un timbre de voix bien moins agressif.

"La faiblesse des Eruptifs provient de leurs hormones, c'est ce qui les pousse à s'affronter et à s'entretuer, outre le braconnage, la principale cause de leur possible extinction n'est autre que leur incapacité à résister à leurs pulsions. C'est pourquoi nous les castrons juste après nous être assuré qu'ils aient procrées de manière à faire perpétuer la race. Leur corne fait exploser tout ce qu'elle touche, de manière plus ou moins conséquente en fonction de l'objet avec lequel celle-ci rentre en contact. "

Je prenais une légère inspiration tout en déambulant autour de la classe d'une démarche assurée avant de poursuivre.

"Il n'est pas rare que leur agressivité entraîne des victimes collatérales en plus de leur propre décès. Donc oui, c'est leur force car ils se protègent avec, mais si tout ce que vos mains touchaient provoquait malheur et désolation, n’aimeriez-vous pas qu'on vous en prive ? De plus ne vous méprenez pas. Il ne s'agit pas de braconnage, mais bel et bien d'un agissement visant à faire perpétuer l'espèce. Cet Eruptif n'a en aucun cas souffert pendant que nous l'avons privé de ses deux membres, qui certes sont précieux, mais pas indispensable à sa survie, bien au contraire."

J'espérais avoir calmé les hardeurs de mes élèves et avoir répondu à leurs interrogations, cependant je ne pouvais pas me contenter d'enseigner, je devais m'assurer qu'ils participent et se sentent impliqués dans le cours, c'est pourquoi j’enchaînais avec une nouvelle question.

"Avez-vous d'autres questions ? Si non, pouvez-vous me décrire la corne d'un Eruptif ?"

Je me recoiffais une énième fois tout en fixant ma classe avec mon regard plein de malice tout en esquissant un sourire en imaginant les heures de retenues que j'allais bientôt passer avec la jeune Mulligan. Cette jeune fille était explosive et j'espérais passer outre sa nature abrupte et atteindre le génie qui semblait se cacher derrière.

C'était invraisemblable, plus les élèves étaient âgées, moins je parvenais à déceler en eux une once d'enthousiasme. Peut-être que ma méthode était trop différente de celle de mon prédécesseur. Mais, les élèves allaient devoir s'en accommoder. Je savais qu'à la longue ils parviendraient à s'adapter et à jouir des bénéfices que pouvaient apporter mes techniques d’enseignement plus "pédagogique".

J'étais exaspéré par les soupirs et les visages crispés que je pouvais voir. Je leurs montrais une créature intéressante, en voie d'extinction et ils ne parvenaient pas à s'enthousiasmer davantage. Je ne leurs avais, exceptionnellement, pas fait d'interrogation de début de cours car j'estimais que je ne devais pas les accabler avec cela dès notre premier débat. Mais, je commençais à regretter de ne pas les avoir maté avec une interrogation et ainsi éliminer la moitié des élèves qui semblaient perdre leur temps dans cette matière.

Parmi tous ces biens piètres éléments, seul un élève semblait avoir le niveau pour suivre mon cours et encore une fois il était le seul à participer. J'espérais qu'il allait réussir à hisser le niveau de la classe vers le haut, même si ça semblait compliqué puis-qu’à première vue il était le seul à tirer son épingle du jeu.

"Merci beaucoup Shiver. Vous rapportez 15 points à votre maison pour toutes vos réponses."

J'espérais, à travers cette récompense, encourager les autres élèves à s'impliquer dans mon cours. Peut-être aurais-je dû commencer ainsi. Mais, je n'aimais pas trop l'idée de l'âne et de la carotte.

J'observais une nouvelle fois l'ensemble de ma classe tout en ajustant mes boutons de manchettes avant de reprendre le fil de mon cours.

"Oui, la corne d'Eruptif ressemble étrangement à celle d'une licorne. Mais, en vérité elle ressemble davantage à celle d'un Narval, un mammifère marin vivant dans l'océan arctique. La corne d'une licorne est d'ailleurs bien plus argentée que celle d'un Eruptif, mais je concède qu'il faut avoir l’œil affûté pour les différencier. La corne d'Eruptif possède des sillons à leur base. On peut également noter qu'elle est régulièrement utilisée pour la conception de potions. J'imagine que le professeur Burgess vous détaillera rapidement cet aspect de la corne."

Je reprenais une inspiration, laissant un blanc troublé par les bruits que faisait le rhinocéros derrière moi. La bête devait-être anxieuse, le climat, les personnes, les conditions n'étaient pas réunis pour qu'elle soit à son aise. Mais, c'était un "mal" nécessaire pour enseigner, puis cette créature n'était pas vraiment à plaindre. Elle avait déjà énormément crapahuté avant de se faire castrer et sa corne avait été retiré de manière indolore pour sa propre sécurité. La réserve était spécialisé pour son espèce et elle était classé première dans les books. Culpabilisais-je ? Non.

Je fis rouler de manière nonchalante mes épaules avant de poursuivre.

"Une autre partie du corps de l'Eruptif est extrêmement prisé pour la conception de potion. Quelqu'un sait de laquelle il s'agit ?"

J'espérais que cette question n'allait pas engendrer de réponses immatures sur une certaine partie de leur anatomie.Mais, j'estimais qu'étant en face d'une classe d'élèves majeurs j'allais passer à travers ce genre de remarques inutiles et des ricanements.

Je me tenais droit face à ma classe, attendant de voir si un autre élève allait se manifester ou bien si je n'avais bel et bien qu'un seul élève performant.

Le début du cours était apparût comme une aubaine pour la jeune femme, il lui permettait de gratter un peu plus de temps pour méditer sur ce qu'elle allait bien pouvoir dire à Noel. Inutile de se voiler la face, elle n'avait pas la moindre idée de par où commencer ses explications parce qu'il n'y avait pas grand chose à raconter. En réalité, si il avait fallût à Callie prendre un peu de distance pendant tout ce temps là, ce n'était pas uniquement pour réfléchir mais surtout pour fuir la confrontation. La semaine passée au cirque et leurs rapprochements lui avaient fait comprendre qu'elle connaissait depuis longtemps la véritable nature de ses sentiments envers le jeune homme, seulement elle ne les acceptait pas encore comme tels. Jusqu'à présent, ses relations amoureuses avaient été plus que bancales, catastrophiques même, et elle craignait de perdre leur amitié au profit d'une courte histoire qui les éloignerait pour de bon, à la fin. Est-ce que ça valait vraiment le coup ? Sa question ne trouvait aucune réponse depuis des semaines, voilà pourquoi elle avait retardé toujours plus le moment de se prononcer. C'était idiot, ça n'avait fait qu'empirer les choses. Elle se sentait plus mal que jamais et Noel avait l'air de lui en vouloir, au moins un peu. Deux heures pour faire un choix. C'était encore plus compliqué que la fois où elle avait choisi de tourner le dos à January, définitivement. Tous ses arguments se contredisaient, c'était juste un gros bordel dans sa tête et le nouveau professeur qui s'amusait à balader ses élèves un peu partout dans le parc n'arrangeait rien. Il lui donnait la gerbe. Ce n'était franchement pas le moment de se prendre la tête pourtant Callie n'avait pas le choix, elle devait trouver un autre truc que : « Je ne sais toujours pas ce que je veux parce que je tiens à toi et je veux pas te perdre. » Ça faisait un peu trop remix pourri du navet qu'ils avaient vu ensemble quelques semaines en arrière. Pas sûr qu'il apprécie d'avoir attendu tout ce temps pour finalement qu'elle n'ait pas progresser d'un pouce. Et un « désolée » même sincère ne suffirait pas. Voilà pourquoi la rouquine voulait d'une septième sans prise de tête, parce que c'était chiant comme pas possible de se triturer l'esprit avec des questions qu'on préférerait parfois oublier.

Finalement, le cours tombait mal. Callie devait à la fois réfléchir à ses sentiments et au cours, pour ne pas louper d'informations importantes susceptibles de tomber à l'examen de fin d'année. Faire deux trucs totalement opposés à la fois, c'était quasiment mission impossible, en fait. L'esprit de la jeune femme éprouvait le plus grand mal à rester concentrer sur le cours, sauf quand Noel intervenait. Elle aurait mieux fait de rester imperméable à ses paroles. Au lieu de ça, la jeune femme avait ouvert sa grande gueule, comme elle savait si bien le faire, et écoper de quatre heures de colles. Le truc abusé, clairement. D'accord, elle ne savait pas faire dans la dentelle et c'était plus ou moins un tord mais à côté de ça, mais c'était rien à côté du traitement horrible infligé à ces pauvres bêtes.Peut-être que le professeur Johnson n'avait pas de cœur mais il n'était pas obligé de punir ceux qui n'en étaient pas démunis. Ni même de s'amuser à les ridiculiser. Bien sûr que la rouquine connaissait le sens de barbarie, sinon elle ne l'aurait pas employer. CQFD. C'est parce que quelques cheveux blancs garnissaient son crâne qu'il pouvait la traiter comme une gamine. Il était certes plus vieux, plus expérimenté mais pas forcément plus intelligent. La preuve. Johnson voulait juste se donner des grands airs, imposer une autorité qu'il ne possédait pas mais ça ne marcherait pas avec Callie. Si il pensait qu'il allait obtenir d'elle une assiduité silencieuse et totale en l'assommant de quatre heures de colles à chaque erreur de comportement, il se fourrait profondément le doigt dans l'oeil. Samedi soir, il passerait les quatre heures les plus longues de son existence, c'était une promesse. Il venait de gagner une bataille mais pas la guerre. Elle lui jeta un regard noir qui voulait tout dire et le laissa s'enfoncer tout seul avec son discours à dormir debout. Tant de bêtises à la minute lui donnait la migraine...

Parce qu'elle était en colère et vexée, Callie prévoyait de ne répondre à aucune des questions du professeur, diminuant à sa manière l'interactivité du cours et elle avait espérait que le préfet des Gryffondor en fasse de même pour la soutenir. Raté, si il avait prit une première fois la parole pour aller dans son sens, la deuxième fois fût pour répondre à la question. C'était quand même sympa, il avait prit le risque de se faire sanctionner à son tour pour avoir contester le nombre d'heures de colle alors elle lui adressa un petit sourire. Visiblement, elle était la seule que Johnson ait prit et elle assumait sans problème. Personne ne lui interdirait jamais de donner son opinion, pas même un professeur sous prétexte qu'il vit mal qu'on l'accuse de barbarie. La prochaine fois, avant de faire quelque chose, il ira lui-même lire la définition. Elle avait envie de lui tirer la langue, de lui faire des grimaces, de perturber son cours mais ce serait tendre le bâton pour se faire battre. Il fallait qu'elle reste tranquille alors elle écouta la suite du cours, sans grande surprise. Elle savait déjà tout ça pour l'avoir lu dans les manuels. Elle n'avait pas spécialement voulût prendre de l'avance mais comme la matière l'intéressait, elle avait considérer sa lecture du manuel comme un besoin de connaissances. « La queue. » répondit-elle très sobrement à la question qui suivit. Oui, elle participait finalement parce que Noël l'avait fait juste avant. Et ce qu'il faisait, fallait qu'elle le fasse aussi. De toute façon, c'était une élève brillante dans cette matière et Johnson s'en rendrait compte. Et si il fallait qu'elle apprenne tout le programme à l'avance pour lui donner l'impression d'être inutile, elle le ferait aussi.

Soins aux Créatures Magiques. C'était la matière favorite de Lawrence. Pour une seule raison. Une mère vétérinaire qui avait bossé en Afrique du Sud, Lawrence en avait beaucoup apprit sur les animaux là-bas. Puis, de façon général, il comprenait mieux les animaux que les humains. Le règne animal, beaucoup plus simple comme mode de vie.

Aujourd'hui premier cours avec un nouveau prof. En général, Law n'avait jamais bonne réputation auprès de ses professeurs. Bon, ok, c'était pas un cadeau, loin de là. Encore en deux ans, il y a eu du mieux, depuis qu'ils suivaient seulement les matières qu'il voulait. Puis il avait arrêté de se battre avec les professeurs, il préférait ne pas y allait du tout si ça le faisait vraiment chier. C'était eux les plus heureux.

Law se pointa à l'heure au cours. Il espérait que le prof serait pas un tocard, ça le ferait chier que la seule matière à laquelle il prenait vraiment plaisir d'étudier se retrouvait à la tête d'une tête de nœud.
Et le prof arriva. Mr Johnson.

Un M. Johnson qui apporta un éruptif. Intéressant. C'était rare aussi. Il s'avança de quelques pas pour regarder la créature. Mais il y avait un bémol. Il avait pas de corne. Un éruptif sans corne. C'était assez révoltant. Ok, ça commençait mal. Mais pour une fois c'est Mulligan qui prit la parole pour sonner la révolte, cela tira un sourire à Law.

Et la réaction du prof ne se fit pas attendre. Quatre heures, ça devait faire mal...
Mais il était on ne peut plus d'accord avec elle. Pour une fois il allait rester loin de tout incident, il s'approcha juste de Shiver.
Il était de la même année que Shiver, autant dire qu'ils se connaissaient bien. Il ne pût s'empêcher d'en placer une.

« Franchement Shiver, le prof s'en prend à ta blonde et toi tu continues de lui sucer les boules, c'est moche mon pote. Mais t'as raison, ramène des points ! »

Il lui fit un clin d’œil et recula de quelques pas. Le prof n'avait pût louper le fait que Lawrence parlait mais de là savoir ce qu'il lui disait... A part s'il avait l'ouïe fine éventuellement.
Nouvelle question du prof et cette fois c'est Mulligan qui répondit. Bon, elle aura pas tenu le rôle de rebelle très longtemps.
Lawrence reporta son attention sur l'Eruptif.

« Monsieur, par contre pourquoi leur couper les coui.... les castrer si vous leur couper la corne ? Et vice versa ? En coupant leur cornes, ils deviennent quasi inoffensifs, alors pourquoi couper le reste ? Je crie pas à la barbarie, c'est juste … pour comprendre. Et pour être honnête, je rejoins Callie, c'est très intéressant comme animal à étudier, le ramener d'Afrique c'est pas facile, mais franchement, ça fait un peu mal au cœur. Il vient de quel région d'Afrique d'ailleurs ? »

Tout en disant ça, il s'approchait doucement de la bestiole. Il voulait pas l'effrayer mais c'était pas tout les jours qu'il pouvait voir de prés un Eurptif.

Ma classe semblait toujours aussi consterné, que ça soit par le traitement infligé aux Eruptifs ou bien celui que je venais d'infliger à l'élève de Poussoufle. J'avais définitivement l'impression d'être face à une classe d'enfants de primaire. Ne pouvaient-ils pas tout simplement acquiescer et ravaler leur fierté d'élève ? Lorsque je gérais mon entreprise jamais un salarié n'aurait osé s'opposer ainsi à moi. Tout simplement parce que je dégageais une aura de puissance et d'autorité. N'avait-elle d'effet que sur les adultes ? Les adolescents qui se trouvaient en face de moi ne parvenaient donc pas à respecter ma manière de travailler ? Ou bien, était-ce moi qui avais placé trop d'attentes dans les élèves majeures qui me faisaient face. Peut-être devais-je me remettre en question ? Non... J'étais convaincu de ma méthode et que mon autorité n'allait pas être bafoué pendant longtemps.

Contre toute attente, la jeune Callie finit par reprendre la parole en répondant à ma dernière question. J'étais satisfait de cet effort qui n'en était pas un. Mais, c'était un bon début, force était de constater que cette jeune fille avait des connaissances. Bien que j'avais l'impression que ma classe était composé d'uniquement deux élèves. C'était d'ailleurs désolant de voir un groupe d’huître me faire face. Combien d'entre eux allaient avoir leurs ASPICS ? Deux ? Peut-être trois si un de ces zombies écoute un minimum. Mais, c'était mon rôle d'essayer de sensibiliser cette bande de planctons à mon cours et de leur donner envie de participer.

Je m’apprêtais à poursuivre mon cours lorsque ... Miracle, un troisième élève semblait prendre la parole, avait-il quelque chose d'intéressant à ajouter sur les Eruptifs ? Non... Encore une question sur le traitement qui leur était infligé, en étais-je responsable ? Non. Mais, je ne parvenais pas à leur faire comprendre la dangerosité d'une telle espèce et de l'aspect provisoire de ce traitement. La deuxième question de l'élève avait déjà un aspect plus éducatif et me convenait davantage.

Je m'efforçais de fixer toutes les déceptions qui me faisaient face en caressant ma barbe de manière à m'assurer qu'elle était convenablement taillée avant de prendre la parole d'une voix assurée.

"Ce traitement n'est que provisoire le temps de s'assurer que l'espèce sort de son état d'extinction. Les risques dans ce genre de situations sont minimisés au maximum, si nous les laissons se nuire entre eux en plus des maladies et du braconnage auxquels elles sont sujettes, combien de temps les quelques centaines de représentant de cette espèce survivront-elles ?"

J'observais ma classe, je n'attendais pas de réponse, mais ça en devenait ridicule.

"Le fait est qu'ils sont encore des centaines grâce à se procéder qui oui, peut sembler barbare, bien que ça soit fait dans des conditions optimales. Mais, ça me rassure de voir que vous avez le bon sens de vouloir protéger ces créatures, c'est déjà un bon point."

Je m'efforçais de trouver des points positifs dans leur comportement bien que c'était un effort considérablement difficile. Je toussotais pour combler le blanc terrible qui c'était une nouvelle fois installé avant de prendre la parole une énième fois. J'étais déçus que le jeune Silver n'ait pas participé ce coup-ci, après tout il était le seul à porter mon cours depuis le début.

"Les Eruptifs viennent principalement d'Afrique du Sud, mais ils sont presque tous dans des réserves désormais."

Le monde avait bien changé, lorsque j'avais parcouru le monde j'avais eu l'immense privilège de tomber sur un troupeau de cette espèce, c'était ainsi que j'avais rencontré les hommes qui venaient de m'apporter ce spécimen, je les avais aidé à créer l'immense réserve qui prenait soin de préserver la race. Sans doute était-ce pour ça que j'étais particulièrement sensible aux remarques des élèves... Mais, ils n'avaient pas encore conscience du degré de dangerosité que le monde d'aujourd'hui représentait pour des espèces aussi rares que les Eruptifs.

"Bon, avez-vous des idées sur la façon de neutraliser un Eruptif qui vous charge ? N'oubliez pas que sa cuirasse repousse de nombreux sortilèges et qu'il pèse près d'une tonne. Je ne fais pas forcément appel à vos connaissances, mais à votre intelligence. Bien sûr, vos idées ne doivent pas pouvoir infliger de violents dégâts à cette espèce."

Je prenais une profonde inspiration avant d’enchaîner.

"N'oubliez pas, lorsqu'un Eruptif vous observe, vous devez le fixer dans les yeux, pas de gestes brusques, vous devez reculer doucement jusqu'à ce qu'il passe son chemin et il en est de même pour toutes les créatures potentiellement agressives. Ce qui vous offre une marge de manœuvre réduite pour agir."

J'espérais faire marcher leurs méninges et éventuellement sensibiliser les élèves plus passionnés par les sorts que les créatures à travers cette question.