Une nouvelle soirée au camp

Le début de ces vacances s’était déroulé dans la bonne humeur et l’enthousiasme général des élèves. Cela n’avait pas forcément été simple de s’adapter à cet environnement mais le caractère convivial de ce camp nous aidait à aller au-delà des inconvénients de cette vie. Mes mauvaises nuits en compagnie d’Ashley ne m’empêchaient pas de m’amuser en journée. Cela me permettait aussi d’oublier mes problèmes de cœur et d’amitié. Récemment, tout s’était si mal passé avec Hugo Weasley. J’en culpabilisais encore. J’avais fait passer mes sentiments avant les siens, sans même penser à ce qu’il pouvait ressentir. Je n’avais jamais eu l’intention de sortir avec lui mais je n’avais pas cessé de lui nourrir cet espoir. J’aurais peut-être dû y mettre un terme depuis bien plus longtemps. Maintenant, j’avais perdu son amitié et cette perte me procurait un sale goût amer. J’avais eu du mal à m’en remettre, ce jour-là. J’avais sans doute eu l’envie de pleurer à cause de tout ça mais je m’étais retenue de le faire. Je souhaitais conserver une image forte de moi et puis, je ne voulais surtout pas alerter Aurora ou Logan. Alors, pour se faire, je pensais juste à profiter de ces vacances comme il se doit. J’avais participé au parcours avec Louna, Chelsea et Chris Hummel et je m’étais bien éclatée, ce jour-là. Ensuite, il y avait eu cette fameuse nuit des champignons où cela avait été bien drôle, quand même. Sans oublier ce Survivor… je n’avais même pas fait le premier tour mais cela avait été amusant. Bref, il y avait pas mal d’attractivité alors on ne s’ennuyait pas facilement. Certains élèves avaient également pris la précaution de ramener des jeux de société, qu’ils soient d’invention sorcière ou moldue. Quelques fois, on passait la soirée à jouer à cela et la bonne ambiance était toujours présente. On ramenait nos friandises, aussi. Ca nous changeait de la bouffe habituelle. Bref, tout était bon pour se changer les esprits.

Aujourd’hui, j’avais décidé de faire un peu de rangement dans ma tente. A force de passer des soirées, le désordre pointait vite le bout de son nez. Ashley n’était pas non plus très ordonnée alors on se retrouvait bien vite avec une tonne de ménage à faire. Je triais mes affaires éparpillées sur le sol, remettait en place mon sac de couchage, rangeais mes calepins à dessins et mes livres dans mes sacs, etc. J’en profitai pour dégager quelques visiteurs indésirables à six pattes qui compteraient sûrement nous nuire durant notre sommeil. Une fois que tout fut nickel, je pris donc une pause. Je m’étirai comme un chat, baillai un coup et me dirigeai vers le coin repas pour manger le dîner du soir. Après cela, j’ignorais encore ce que j’allais faire.

Je pris donc place à côté d’une amie, lui demandant si elle allait bien. Celle-ci avait failli se perdre dans la forêt, aujourd’hui. Heureusement qu’un moniteur était venu la chercher à temps. Je ris de bon cœur en entendant cette anecdote et croquai dans mon bout de viande. C’était bien cuit, tendre et… Délicieux ! Peut-être moins que les repas de mon père mais c’était de bonne qualité pour un camp de vacances. On aurait dit que les cuisiniers s’étaient surpassés, ce soir. Avec le sourire, j’entamai le dessert qui se constituait d’une excellente meringue française. J’en avais déjà goûté auparavant, alors je savais que j’allais apprécier. On s’était tous pété la panse après ce repas. J’étais toute joyeuse lorsqu’il fut l’heure de quitter la table. La magie fit volatiliser nos assiettes, couverts et verres dans une pluie de paillettes. Rigolant une dernière fois avec des camarades que j’appréciais, je retournai bien vite vers l’emplacement des tentes. Peut-être que j’irai rejoindre Aurora d’ici dix minutes. Avant, j’allais me changer et me mettre en pyjama.

Je traversais quelques rangées de tente lorsque mes jambes s’immobilisèrent. En face de moi se tenait Lloyd Ethelred. Parmi mes plus gros problèmes, celui-là s’arrangeait peu à peu. Cela m’avait fait du bien de lui échanger du courrier après le sale spectacle du Poudlard Express. Je souris doucement en l’apercevant. Depuis le début des vacances, je n’avais pas encore eu l’occasion d’aller lui parler, comme on l’avait convenu dans nos lettres. Nous étions sûrement trop occupés par les activités du camp qui étaient si nombreuses. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je pense, et lui non plus.

« Salut. Bien mangé, je suppose ? » Demandai-je gentiment.

Il y avait encore cette gêne entre nous, cela se sentait. Je me tenais à deux mètres de lui, comme s’il était nécessaire de nous imposer une certaine distance. En réalité, je me demandais comment les choses tourneraient, à présent. Nous n’étions pas encore amis, mais nos écrits s’étaient avérés bien pacifiques.

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Une nouvelle soirée au camp

Commencer une discussion banale aiderait sûrement à briser les distances. Je paraissais zen face à lui, mais à l’intérieur, je croulais sous les questions. Comment qualifier notre relation ? Est-ce qu’il se sentait mieux depuis notre échange de lettres ? J’avais cru lire que oui, il était soulagé. Mais il y avait une différence entre des mots que l’on écrit seul chez soi et la réalité du contact. J’aurais bien voulu savoir, à cet instant, ce qu’il pensait de moi. M’avait-il vraiment pardonné, avait-il oublié mon sale comportement depuis toutes ces années ? Sûrement pas aussi facilement que je ne puis l’espérer, mais revoir son sourire me confortait dans la positivité. Nous verrons bien où l’évolution nous mènera ; mieux valait laisser place au feeling, je suppose. J’allais essayer de ne pas trop l’énerver, déjà. Ce serait un bon point. Je me rappelais encore de sa baston dans le Poudlard Express. Il m’avait affirmé qu’il n’avait pas été réellement lui ce jour-là, comme si une force l’avait mystérieusement transformé en un violent individu. Il serait bien facile de l’accuser de s’en servir comme d’une excuse mais pour l’avoir vu de mes propres yeux, je pouvais être en position de le croire.
Retournant ma question au sujet du repas, je me demandais pour quelle raison avait-il sauté le dîner du soir.
« Dommage, tu as manqué de bons mets bien meilleurs que d’habitude. Je me suis bien régalée. »
Il était apte à faire de la conversation, c’était déjà un bon point. De toute manière, nos courriers avaient laissé présagé que nous devions nous revoir. C’était du moins de cette manière que j’avais compris la chose. Je n’avais pas spécialement attendu de réponse à ma dernière lettre, mais il était évident que s’arrêter à de simples écrits serait purement idiot. Je lui avais ouvert une porte, celle de nous reparler calmement. J’avais bien apprécié notre duel de dragées surprises dans le train. Cet instant avait presque renoué un semblant de complicité entre nous ; quelque chose qui avait pris fin trop vite et depuis trop longtemps. J’avais même retrouvé une part du petit Lloyd qui me tenait la main autrefois. Son minois n’avait pas tant que ça changé, en y regardant de plus près. Toujours aussi malicieux et mignon à la fois. Cela ne m’étonnait pas que des filles comme Sloane ne se gênent pas pour lui rouler des pelles, comme lors du Bal, par exemple. Cette pensée me fit sourire. Il avait sûrement plus de succès auprès des filles que je n’en avais auprès des mecs. Et voilà que je repense à Keagan… Je ne lui ai toujours pas parlé depuis le bal. Ou du moins, juste les simples formalités.

En le dévisageant, je finis par constater qu’il n’était pas tout propre. Des traces de terre et de boue s’accrochaient à ses vêtements, ce qui me fit croire qu’il avait sans doute fait du parkour dans le terrain d’entraînement, ou bien un duel de magie. Il fit quelques pas en arrière, sortit sa baguette, et la balada parmi ses doigts en démontrant une agilité étonnante. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. S’il pensait m’impressionner, c’était raté. Moi aussi, je savais faire des trucs sympas mais il me fallait juste un ballon ou un Souafle. Je lui montrerai, un jour, juste pour me la péter.

Par la suite, Lloyd reprit la parole en me conseillant de me requinquer pour affronter Daniela. Daniela… Un prénom que je n’avais pas trop envie d’entendre, même si je l’aimais bien. Mais oui, elle m’avait vaincue au Survivor alors que j’avais la tête ailleurs, sans doute à la recherche de Rosenvache. Je n’avais pas géré mon coup dans ces combats mais j’avais été ravie d’apprendre qu’une autre session avait été organisée. Elle me permettrait de prendre ma revanche et de leur montrer de quel bois je me chauffais. J’étais douée en sortilèges, ils finiraient vite par le savoir.
« Ouais, j’ai fait n’importe quoi la première fois. Mais là, je suis déter. Tu ferais mieux de te tenir à carreau, le pseudo-vainqueur. » Répondis-je avec sarcasme.
Je le défiais et je m’amusais à lui dire cela. Je ne le sous-estimais pas, loin de là, mais c’était purement… Amical ? Ce mot me fit doucement frissonner. Peut-être que je m’avançais trop vite. En tout cas, c’était lui qui me mettait un peu plus en confiance et qui me permettait de me lâcher. Au final, ce n’était pas plus mal.
Hélas, il ne comptait pas participer au prochain survivor. La peur l’animait-il ou bien il se contentait d’un seul trophée ? Il s’agissait sûrement de la seconde option, mais j’avais envie de le charrier à ce sujet. Au moins, j’avais l’impression de briser peu à peu la glace. Cela partait d’un bon sentiment.
« Juste pour ça ? Je dirais plutôt que tu as été tellement chanceux au premier Survivor que tu redoutes que la réalité te rattrape au second. Mais ne t’en fais pas, je serai là pour te dire comment ça sera passé… Après avoir brandi ma victoire, évidemment. » Terminai-je avec un sourire plus grand et une arrogance digne de James Potter.
James… il me manquait beaucoup. On s’échangeait quelques courriers, mais je devais bien avouer que les choses me paraissaient moins vivantes depuis qu’il avait quitté Poudlard.

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Une nouvelle soirée au camp

Lloyd paraissait serein et je devais dire que je me sentais bien mieux de le savoir comme ça qu’énervé ; on pouvait ainsi parler paisiblement, sans le moindre pic négatif. C’était ce que je prônais. S’il y avait bel et bien une possibilité de mettre peu à peu nos anciens problèmes de côté, cette scène constituait une occasion parfaite. Je me demandais si cette conversation serait aussi fuyante que celle du train ou si nous allions bel et bien affronter les choses ensemble. Je voulais dire par là, que l’on allait aborder les sujets houleux et essayer d’en tirer un enseignement. J’étais assez optimiste de ce côté, depuis la lettre, mais rien était joué, évidemment.

Je revoyais toutes ces années en image. Ma colère face à Lloyd, mon sentiment de trahison qui avait bien vite engendré de la peine et de la frustration. Je me revoyais en train de me forger une dure carapace se traduisant par du mépris ou de l’ignorance à l’égard du garçon. J’avais cessé de me soucier de lui, de me demandant s’il s’en sortait à l’école. Je ne m’étais plus jamais intéressée à ses histoires et il m’avait totalement laissée indifférente comme ça, durant des années. C’était le pouvoir de ma bulle, celle qui m’avait empêchée de repenser au fait que cette amitié, autrefois grande, avait pris fin d’une manière aussi stupide et dégueulasse. Honnêtement, je n’avais jamais envisagé la possibilité que les choses rentrent dans l’ordre. « C'est pas comme si j'étais un poids plume de toute façon, je saurai survivre ce soir. »

Un sourire venait d’enjoliver ses traits, signe de l’émergence d’un humour visant à détendre l’ambiance. Je lui rends ce sourire, plus fin pour ma part à cause de la distance restante et acquiesçai doucement de la tête pour le croire. Il n’avait pas mangé, il devait être affamé, non ? Surtout après des efforts physiques, si j’en jugeais l’état dans lequel s’étaient retrouvées ses fringues. Je concevais que des événements tels que le survivor lui tiennent à cœur, mais tout de même.
D’ailleurs, nous venions d’aborder le sujet. « Pseudo-vainqueur ? T'y vas fort, t'es Serpentard ou tu l'es pas !
»
Simplement pour rire un peu, je l’avais traité de pseudo-vainqueur, mais je savais pertinemment qu’il était doué. Après tout, il avait dû faire face à Nathan Fitzgerald et rien que ça, ce n’était pas n’importe quoi. Je connaissais Nathan et je savais qu’il était doué en magie. Une des têtes de sa promotion. Il passait en septième année et comme il me l’avait dit avant la fin de l’année, il comptait faire partie des meilleurs pour ses ASPICs. « Je ne crois pas que les Serpentard seraient très heureux de me voir dans votre salle commune, mais si c’est un compliment, alors merci. » Répondis-je sur le ton de la plaisanterie. Cet humour était innocent mais il était la preuve qu’un début de bienséance s’installait entre nous. C’était ce genre de communication qui me plaisait le plus. Le jeu continuait de se faire et tant qu’on restait dedans dans le calme, tout devait bien se passer. Je n’avais nullement l’intention de me venger de quoi que ce soit, par rapport à l’autre fois. Il me semble que le coup de poing au lac avait suffisamment été marquant pour que je n’en rajoute encore une tonne. Sans oublier le petrificus totalus. Dans le fond, il avait tout de même pas mal subi, ces derniers temps. Mais, je ne pouvais guère dissimuler le fait que cela restait tout de même maigre comme une compensation, par rapport à la peine que j’avais subie au départ. Ceci dit, je me sentais peu à peu prête à avancer et à laisser tout cela de côté. Il fallait apprendre à pardonner. C’était bien la seule leçon que cette peste de Rosenvache m’avait apprise.

Confiante, je ne cachai pas mon objectif de remporter le prochain survivor. Je restais une Gryffondor et tout membre de cette maison n’abandonnait jamais. Nous persévérions jusqu’à aboutir à un résultat et, pour ma part, j’entendais bien tous les battre.
Pointant sa baguette vers moi, le jeune brun prit un faux air solennel. « La chance ? T'es dure quand même, je m'y suis pris stratégiquement et je n'ai pas cessé d'attaquer. Maiiis... si tu penses être vainqueur, sache qu'il y a un certain élève qui a une requête. Un certain Lloyd Ethelred qui te défiera. Après on pourra s'arranger si tu perds quand même. » Cette provocation était amusante et je voulais rentrer dedans. Je ne me prétendais pas plus forte que Lloyd en défense contre les forces du mal, mais affirmer le contraire me faisait rire. Les seules matières où j’étais sûre de dépasser une bonne partie de la classe, c’était bien en sortilèges ou en vol.
« D’accord, je retiens. Si je gagne, on s’affrontera entre gagnants. Et le perdant… mmh… devra un service à l’autre ? »
Cela pouvait être intéressant. Je me mordillai doucement la lèvre inférieur, me demandant si, après cela, je pouvais aborder un autre sujet. Je le jaugeai doucement du regard en gardant ma malice. Puis, enfin, je fis un premier pas en avant pour me rapprocher de lui.
« Est-ce que tu as prévu quelque chose, ce soir ? »

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Une nouvelle soirée au camp

La remarque de Lloyd au sujet de Frowein me fit pouffer de rire. Je n’aimais vraiment pas cette fille hautaine, elle m’énervait avec ses vieilles manies du sang-pur. La tolérance, elle ne connaissait pas. Mais je cachais du mieux que je le pouvais les sentiments négatifs qu’elle suscitait en moi. Je préférais me défendre et l’attaquer avec des coups fourbes, bien souvent en faisant usage de farces et attrapes. Avec Maxime Heminguay, on se lançait le défi de celle qui parviendrait le plus rapidement possible à nuire à cette peste. C’était drôle de s’en prendre à elle, qui prenait pour une reine. Toutefois, au cas où elle ne l’aurait pas remarqué, son auto-proclamation faisait d’elle une reine à la couronne en toc. Elle cherchait souvent à se venger de nos sales coups et elle jouait les indifférentes prétentieuses mais je savais pertinemment qu’on l’agaçait. Des ennemis, ce n’était pas ce qu’il lui manquait et je me demandais bien quand est-ce qu’elle comprendrait que c’était bien elle, le problème.
J’ignorais, néanmoins, que Lloyd ne l’aimait pas. Je n’avais jamais eu vent d’un litige entre eux et à vrai dire, après avoir vu le garçon traîner avec Anastasia, je ne m’étonnais plus de le voir fréquenter d’autres parasites. Il faut croire que Lloyd n’avait pas de si mauvais goûts. Je pouvais au moins lui reconnaître cela et quand on parlait de Frowein, je me faisais un plaisir de la descendre. Même Ashley ne l’aimait pas.

« Toi non plus, tu ne la supportes pas ? C’est vrai qu’elle fait pitié et qu’elle aurait bien besoin de se sortir de son lavage de cerveau familial. »

Je disais cela en me remémorant que, par le passé, les Llewellyn aussi avaient été en phase avec la tradition du sang-pur. C’était avant les années 1780, par là. Notre famille avait fait partie de la noblesse royale du pays de Galles et elle en avait fait baver aux moldus puisqu’ils étaient différents de nous. Mais, aujourd’hui, les choses avaient beaucoup changé et j’étais fière de mes nouvelles racines.
La baguette à ses lèvres, son pied tapotant le sol, Lloyd réfléchissait à mon idée de récompense. Il fallait bien avouer qu’un service, c’était toujours utile. Je m’imaginais lui demander quelque chose de particulièrement chiant, juste pour l’embêter. Et comme je l’avais pensé, cette suggestion sembla lui plaire et il ajouta, avec humour, qu’il avait bien besoin d’un massage de pieds après son sport. Ce à quoi je répondis en le regardant de haut et en prenant un air vaniteux :

« Tu m’as prise pour qui ? Va donc demander ailleurs. »

Je fis mine de bouder, croisant les bras, tournant la tête sur le côté et observant le ciel. Mais cette pose ne dura pas bien longtemps puisque je finis par me détendre dans un nouveau sourire. Je m’étais ensuite mordillée la lèvre avant de m’approcher un peu, en lui demandant ce qu’il comptait faire ce soir. Ce n’était pas simplement une question pour assouvir ma curiosité, mais avant tout l’opportunité de l’inviter à papoter un peu. Je voulais juste m’assurer qu’il avait un peu de temps libre. Nous n’aurions peut-être pas une autre occasion de nous parler. Lloyd mit, cependant, un certain temps avant de répondre. J’avais l’impression qu’il réfléchissait parcimonieusement ses mots, comme s’il redoutait que je prenne la mouche. Je devais bien avouer qu’il avait eu le sacré don de m’agacer bien rapidement mais c’était notamment à cause de circonstances atténuantes. Là, ce soir, je mettais de côté nos anciennes tensions. Du moins, je voulais le faire pour la simple raison qu’il valait sans doute mieux aller de l’avant. Reculer ne servirait à rien, hein ? Il hésita. Il ne prévoyait pas de chasser ou de grimper dans les arbres. Cette annonce me fit pencher la tête sur le côté, arquant d’un sourcil. Ok, il faisait du parkour mais de la chasse ? Avais-je raté Lloyd le sauvage au cours de ces dernières années ? Il parla ensuite de lancer des pierres sur les tentes des élèves les plus chiants mais il me demanda si j’avais quelque chose de plus intéressant pour lui, ou si je lui demandais cela par politesse. Le pauvre, il faisait vraiment attention à sa manière de me parler. J’avais l’impression qu’il me prenait pour la reine d’Angleterre. Pourtant, c’était lui qui avait un sang bien plus royal que le mien.

« Ben écoute, si tu as envie de lancer des pierres ou chasser des bestioles dans la forêt, vas-y, fis-je sur un air moqueur. Mais il vaudrait peut-être mieux que tu te poses un peu, non ? Tu m’as l’air usé. Si tu veux, on peut s’installer quelque part dans le camp d’entraînement. J’ai de la bouffe et à boire dans ma tente, tu n’auras qu’à m’attendre quelques minutes ? »

Je m’étonnais à parler avec autant de légèreté. Je crois que plus cette conversation passait et plus je prenais mystérieusement mes aises, comme si de rien était. Enfin, ce n’était que l’introduction du sujet, aussi. Je savais que nous allions aborder les choses sérieuses au camp… du moins si Lloyd le voulait bien. Tant pis pour Aurora, je ne pense pas qu'elle m'en tiendrait rigueur. On avait rien prévu pour ce soir, j'avais juste pensé à venir la voir au cas où je n'avais rien à faire.

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Une nouvelle soirée au camp

Je pouvais sentir la haine que Lloyd portait envers Aniek. Cela me faisait sourire et le fait d’être sur la même longueur d’onde que lui à ce sujet était réconfortant. Il n’avait pas tort au sujet du fait qu’elle était détestable, en plus de posséder une personnalité aussi vide que son cerveau. Elle n’était certainement pas la première à déblatérer le même discours au sujet des sang-pur et à vrai dire, plus le temps passait, moins je l’écoutais. Je préférais me cantonner à la faire chier au maximum, cela m’économisait un temps précieux. Je ne répondis rien, pensant que mes airs narquois suffisaient à lui montrer la vision que j’avais d’elle. Et puis, Lloyd venait de m’embarquer sur un autre sujet, un challenge particulièrement dégoûtant. Non, franchement, pour rien au monde je ne lui ferai le moindre massage. Il pouvait vraiment aller courir, celui-là. Nous n’étions pas encore amis, à ce que je sache. Je crois que même si on l’était, je ne le lui aurais pas fait, par fierté.

« Tu peux toujours rêver, je ne suis pas un elfe de maison. » Fis-je en arquant d’un sourcil.

Ce n’était pas très gentil envers ces créatures pleines de bonté et de gentillesse mais la comparaison était tout de même idéale dans ce contexte. Je les aimais bien, ces elfes. Il m’était déjà arrivée de les croiser dans les cuisines de Poudlard et je les respectais, n’allez donc pas croire que je les rabaissais. Mon sourire perdura sur mon visage, en parallèle avec le sien, signant le maintien de cette bonne humeur qui cicatrisait doucement les anciennes douleurs du passée. Je me sentais mieux à ses côtés qu’auparavant. Je crois qu’au fond, j’étais soulagée de tourner cette page et d’en affronter une nouvelle, vierge de toute rancune. Évidemment, rien ne l’effaçait et elle demeurerait à jamais gravée dans l’ouvrage mais je pouvais créer un nouveau chapitre dans lequel les choses seraient plus lumineuses entre Lloyd et moi.
Le jeune acquiesça quant à ma proposition, pensant à jeter des pierres sur les tentes de ses rivaux un peu plus tard. Il rangea sa baguette en reculant, les deux pouces tendus signifiant qu’il était d’accord avec ma proposition. Il allait donc m’attendre près des mannequins, le temps que j’apporte de quoi manger et boire.

« Pas de problème. Si tu t’échappes, je te retrouverai de toute manière. » Annonçai-je avec espièglerie, en tendant un index vers lui, comme pour le mettre en garde.

Nos regards se croisèrent une dernière fois. Je n’y lisais plus le Lloyd d’autrefois ; j’avais le sentiment que quelque chose de nouveau se tenait devant moi. Quelque chose qui souhaitait s’offrir à moi, me montrer qui elle était ou tout simplement me prouver sa valeur. Je me retournai sans un mot, dissipant mon sourire lorsque je le perdis de vue. Bon, il était désormais temps d’affronter un peu cette vieille Rosenbach avant de le rejoindre. A cette heure-là, elle était sûrement rentrée dans la tente, à moins qu’elle ne soit allée voir Sloane. Dans ce dernier cas, cela m’éviterait de perdre mon temps à la tacler comme je le faisais à chaque fois.

{FIN DU RP}

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