La matinée au lac et notre après-midi sur la plage comptaient déjà dans les moments que je plaçais dans les bons souvenirs de nos vacances. Nous étions bien échauffés pour les taquineries, bien déterminés à voir le maximum de choses sur ces îles et à en profiter comme jamais. Nous avions tous les deux une vision bien claire des vacances : profiter sans perdre une seule seconde. C’était chose faite pour une majeure partie de la première journée. A propos de sa taquinerie sur les masseuses, je me contentais de lui répondre : « Toi, tu en as déjà une ! Elle, ….elle va juste me voler mes … « clients », je ne laisserai pas une telle chose arriver. » Tout était à prendre dans un double sens, évidemment, il n’avait rien d’un client…mais je savais qu’il était capable de s’amuser de cette formulation et d’ailleurs, c’est ce à quoi fut consacrée le reste de notre après-midi….

De retour à la résidence en fin d’après-midi/début de soirée, nous étions prêts à entamer une nouvelle étape de notre petit voyage. Je prenais un tel plaisir à être avec lui qu’il n’y avait aucune chance pour que « l’objectif profiter » en soit pas atteint, voire même dépassé. Matt était encore en forme et me traita de modeste, ce à quoi je lui répondis en un beau lancé d’oreiller qui s’écrasa contre le mur. Il avait atteint le balcon avant. Je ne tardais pas à le rejoindre, sachant parfaitement que la Tequila et les confessions nous occuperaient pendant un petit temps. Il aurait été tellement facile pour nous d’éviter ces sujets et de rester sur le modèle que nous adoptions toujours….sauf que j’avais confiance en lui, plus encore aujourd’hui ! Les choses changeaient tellement vite…la mort d’Asling, notre départ de Poudlard, celui de Taylor pour d’autres horizons, les débuts à l’Université, l’annonce de la présence de ma sœur… La présence de Matt m’était essentielle et évidemment, cela ne faisait pas partie des choses que j’avouais, mais c’était un fait… J’avais besoin de lui. D’ailleurs, il m’écouta quand je me lançais la première….me laissant finir avant de me donner son point de vue. Quoi de plus appréciable qu’une personne capable d’écouter, simplement ? Il me fit part de ce qu’il pensait après et j’hésitais franchement sur la position à adopter quant à Louna. Tirer un trait sur cette histoire…ne pas le faire…. J’étais incapable de me décider tout simplement car, comme il semblait me le demander, je ne savais pas ce que je voulais. Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour être mentalement torturée et tout ça me fatiguait. « Et si je pense que c’est du positif de l’inclure dans ma vie et que je le fais vraiment… j’imagine qu’il y a un pourcentage de chance pour que ça finisse mal, quoiqu’il arrive, non ? C’est comme ça que ça marche, quand on s’attache, pas vrai ? » Je haussais les épaules en baissant les yeux avant de sourire : « Ouais bon…je suis négative, j’arrête ! Je pense que je vais réfléchir à tout ça… si ça se trouve, elle a elle-même décidé qu’elle n’avait pas besoin de me côtoyer et les choses seront réglées. » Je relevais les yeux vers lui et un petit air amusé reprit vite sa place sur mon visage…surtout lorsqu’il affirma que la grande sœur avait tous les droits et qu’elle avait les cartes entre les mains. « Ça sent le vécu tout ça ! Qu’est-ce que tu as fait subir à ces pauvres petits frères qui, j’imagine, sont adorables comme tout !! » Retour de la taquinerie et de la plaisanterie. Je savais que le sérieux ne pouvait durer très longtemps.

C’est d’ailleurs pour ça que j’avais bon espoir concernant son récit. Il n’était pas simple pour lui d’en parler, mais il le fit quand même sans s’arrêter, faisant face aux difficultés. Il était clair que les relations avec sa sœur ne s’arrangerait pas de sitôt, peut-être même jamais… Elle en était la cause principale et regrettait maintenant son geste. Que devait faire Matt dans ce genre de cas ? Lui accorder une chance ou mettre sur le devant de la scène tout ce qu’elle lui avait fait subir auparavant ? La seconde solution me semblait la meilleure même si c’était triste d’un point de vue famille… Suite à ses nouvelles explications, je lui demandais : « Et ton père n’en pense rien ? C’est quand même curieux qu’elle ait souhaité revenir plutôt que trouver une façon différente de se débrouiller… Sachant qu’elle avait sans doute conscience de l’accueil qu’elle allait avoir. » Je haussais les épaules, me posant encore mille et unes questions sur les raisons qui poussaient Fanny à faire ça. Peut-être qu’elle était mal, peut-être qu’elle prenait plaisir à faire ce qu’elle faisait… ou alors elle ne se maîtrisait pas complètement ? Je décidais de ne pas dire à haute voix tout ce que je pensais, la soirée n’était pas faite pour rester cent sept ans sur nos histoires et nous aurions d’autres occasions d’en reparler, sans doute… Avec un petit sourire espiègle, je tournais les yeux vers Matt après avoir observé un peu la vue, lui disant : « Mmh….tu penses beaucoup à toi, mais tu as quand même le souci de savoir si mon verre de Tequila est plein ! Ne serais-tu pas égoïste quand ça t’arrange ? » Je lui lançais un clin d’œil, prête à reprendre la bonne humeur. J’avalais d’ailleurs une grande partie du verre qu’il venait de me verser, je m’apprêtais à le finir définitivement quand je m’arrêtais dans le même mouvement que Matt, le verre non loin des lèvres pour répondre à ce qu’il me disait : « Tu n’as même pas idée ! » Cette fois-ci, c’était le sourire autant pour lui que pour moi.

Il alla s’installer dans l’un des fauteuils du balcon tandis que je restais assise à ma petite place. Le nombre de verres que nous venions d’enfiler me laissait penser qu’il allait falloir que je fasse attention en remettant le pied à terre… mais franchement, je ne bougeais pas, tellement fan de la vue, de ce petit balcon…et plus que ravie de la présence de Matt. Au bout d’un certain silence, je tournais la tête vers lui, laissant le silence reprendre ses droits… Il approuva les vacances qui ne pouvaient être gâchées sous aucun prétexte – ce qui ne fit qu’accroitre mon sourire - et alla chercher quelques gâteaux. L’appel de ma nourriture me fit quitter mon perchoir et je tanguais forcément un peu en allant directement vers un autre fauteuil, juste à côté de lui. Je jetais mon dévolu sur un gâteau en affirmant : « Salé ! » Je le goûtais aussitôt en disant, un peu pour moi-même : « Bonne pioche ! » Ouais ouais….je m’amusais d’un rien ! Et je remarquais tout de suite après que c'était écrit sur le paquet. Toujours en quête du gâteau le meilleur, je repris la parole pour répondre à ce qu’il me proposait ensuite : « Et si tu t’occupais de commander un truc pendant que j’organise le tirage au sort du film moldu ? » Je l’interrogeais du regard, ajoutant tout de suite après : « Bah ouais…parce que tu ne crois quand même pas qu’on va passer à côté de la part de malchance de se taper un film ridicule romantique moldu ! C’est en notre bonne étoile qu’il va falloir croire ! ….Enfin surtout la tienne puisque tu vas piocher. Je te porte chance, j’ai bon espoir ! J’ai déjà une idée de ce qu’on pourra faire après le film, si tu n’es pas trop fatigué…. » Je me levais, attrapant un nouveau gâteau sur la table en lui lançant un petit regard provocateur ! Il pouvait imaginer ce qu’il voulait, je pensais à la piscine que j’avais vue un peu plus tôt en passant dans la résidence. Quel plaisir de lui laisser imaginer plein d’autres choses ! Je ressentais l’effet de la Tequila, ce qui me poussa à lui dire avec un petit rire amusé : « Tu te souviens de la dernière fois qu’on a abusé de la Tequila ? » Il n’était pas obligé de répondre à cette question qui faisait plutôt office de clin d’œil. D'ailleurs, je regrettais aussitôt cette remarque, me disant qu'il se souvenait sûrement beaucoup plus de l'abus sur l'alcool qu'il avait fait avec Avril il y a peu de temps... J’entrais dans la chambre, quittant le balcon histoire de réunir plusieurs films qui se trouvaient dans un tiroir sous la télévision moldue ! Un choix de dingue ! Je n’allais pas tout prendre, mais je démarrais une petite sélection comportant : 2 films d’horreur, 1 film d’action, 2 films fantastique à la mode des moldus (j’adorais l’imagination qu’ils avaient pour ce genre de films) et un seul et unique film qui me semblait être à l’eau de rose… Je n’étais pas tentée à l’idée de regarder ça, pas le moins du monde ! Mais ça faisait partie du hasard, hors de question de ne pas s’amuser un peu de notre perspective de la soirée. Au bout d’un certain temps, assise par terre à regarder les films, je lui fis savoir: « OK j’ai presque fini ! On a 6 choix, ça te va ? Prépare-toi, c’est bientôt à toi de jouer. » Je ne savais absolument pas ce qu’il comptait commander à manger, mais peu importe, dans le fond… La soirée films moldus promettait déjà d’être super sympa !

Comme souvent, sa remarque sur la cause exacte de mon rôle de masseuse me fit bien rire… Je pensais « Ah ouais…vu comme ça ! » en me disant qu’il avait parfaitement raison, j’avais perdu mon défi ! Mais allais-je l’avouer et m’empêcher de profiter un petit peu de la situation pour me donner le rôle de la meilleure masseuse qui puisse exister ? Sûrement pas ! D’ailleurs, je ne me souvenais pas d’une durée précise pour ce gage… je pouvais l’arrêter à tout moment, non ? Surtout s’il n’était pas sympa avec sa masseuse en titre. Ce que je ne fis absolument pas… et l’après-midi se passa comme je l’avais imaginée …

De retour à la résidence, et plus précisément sur le balcon qui nous donnait une superbe vue sur quelques parties de l’île, nous avions commencé à nous parler du sujet vaguement abordé un peu plus tôt sur la plage. Les plaisanteries et les sujets légers remplissaient la plupart de nos conversations. Ce petit changement n’était pas vraiment dans nos habitudes mais pour autant, je n’avais pas rencontré beaucoup de difficultés à lui raconter ma nouvelle petite affaire avec Louna. Peut-être parce que j’avais besoin de le dire…peut-être parce que je savais qu’il avait également quelque chose à me dire à propos de sa famille…peut-être parce que c’était juste lui. Quoiqu’il en soit, j’avais conscience, avant de commencer mon récit, que rien ne gâcherait nos petits moments ici. Le séjour ne faisait que commencer. Dans la logique des choses, le sujet s’arrêta un moment sur mon cas. Il était question de savoir si s’attacher à quelqu’un n’était pas une grossière erreur… Je pensais vaguement que si (bien que mon avis était parfois un peu modéré)… J’étais attachée à mon meilleur ami, Asling, et sa perte m’avait amenée à souffrir. L’un dans l’autre, j’avais l’impression que cette expérience m’avait fait évoluer. Le tableau aurait peut-être été différent si les paramètres n’avaient pas été les mêmes…notamment, sans attachement. Curieusement, j’écoutais ce que Matt avait à me dire sur le sujet sans m’empêcher de sourire parfois (en dépit du sérieux de la discussion). A plusieurs moments, je généralisais un peu ses paroles, laissant complètement Louna de côté pour ne plus trop savoir de quel attachement il était question. Ou plutôt « envers qui… » … Je haussais les épaules suite à ses paroles, parfaitement du même avis que lui, j’ajoutais simplement : « J’imagine que personne n’y échappe et que tout le monde s’attache. Je me demande juste comment certains font pour le vivre aussi bien sans se poser autant de questions. Tu as raison…j’aime les risques ! Et rien que pour ne surtout pas devoir avouer que j’ai parfois peur de certains, je suis en train de réfléchir sérieusement à les prendre, ces risques ! » Je lui souriais une nouvelle fois avant de porter mon attention sur l’extérieur, notamment au loin (et surtout pas en bas !) Ce qu’il me disait était perturbant, réaliste, de très bon conseil, mais surtout perturbant pour quelqu’un qui réfléchissait beaucoup comme moi. Il me fit ensuite remarquer qu’il fallait que je pense à moi, ce qui n’était pas aussi facile à dire qu’à faire. J’avais naturellement pensé à ce que ma présence apporterait à Louna tout en sachant que tout se passait très mal dans sa famille… Je hochais la tête, approuvant ses paroles avant de répondre à la dernière question qu’il me posait : « Rien à perdre… à première vue. Si je perds quelque chose, c’est que ça devait arriver, je suppose. Tu as raison, je vais plutôt penser aux choses qu’il y a à gagner dans l’histoire. » Je ne pouvais m’empêcher de penser à autre chose en même temps que ma petite histoire de sœur. Matt n’avait pas idée de l’importance de ses paroles et de ses conseils. J’avais tendance à me noyer toute seule dans mes propres idées sans jamais savoir si j’avais les bonnes décisions, avoir l’avis de quelqu’un était toujours quelque chose de bon à prendre.
Heureusement, le sérieux se dissipa de lui-même et je plaisantais à propos de ses frères, ce à quoi il me répondit avec un sourire irrésistible… Forcément, cela fit redoubler le mien et je le taquinais à mon tour en disant : « Mmh…ça c’est ton point de vue ! Laisse-moi me faire ma propre idée et nommer celui qui sera le plus adorable, à mes yeux ! » Puis, histoire de trouver une façon de gratter les soi-disant secrets qu’il ne voulait pas me dévoiler, je lui lançais un regard presque suppliant, mais assez exagéré. Peut-être que finalement, il était du genre à céder plus que je ne le pensais.

Puis, nous en étions venus à lui… à son histoire et aux difficultés qu’il rencontrait avec sa sœur. Je n’avais pas de solutions à lui proposer, pas de conseils qui puissent aller dans son sens, mais ce dont j’étais sûre, c’était que j’avais horreur de savoir que quelqu’un puisse lui effacer son sourire. Je ne jugeais pas sa sœur qui devait avoir ses propres soucis, mais j’espérais quand même qu’elle aille faire sa vie de son côté, ce que je ne manquais pas de lui faire savoir, à ma manière : « Et le temps viendra où elle n’aura plus rien à faire là…elle partira sûrement, quand elle aura compris que plus rien ne la retient … J’espère qu’elle a quand même eu le bon sens de ne pas faire subir ses humeurs à la personne qui partage la vie de ton père…vu les dégâts qu’elle a déjà faits. » Je roulais les yeux, ayant conscience d’avoir désormais une mauvaise image de la personne qu’était la sœur de Matt. Histoire à suivre. Pour l’heure, nos révélations étaient faites et nous étions largement plus à l’aise pour parler d’autre chose, et mieux encore : pour nous marrer. Il me fit comprendre qu’il maitrisait bien l’égoïsme avec un petit regard malicieux… Personnellement, je ne le trouvais pas si égoïste que ça…Peut-être manquais-je un peu d’objectivité sur sa personne et en réalité, cela m’importait que très peu… Je l’avais pour moi toute seule pour un petit nombre de jours, dans un cadre assez incroyable et je n’en demandais pas beaucoup plus.

A cette allure, nous n’allions bientôt plus y voir très clair mais fort heureusement, il nous restait une petite marge de manœuvre avant d’en arriver là. Je le suivis bien volontiers sur les fauteuils du balcon avant de me marrer avec les gâteaux avant d’en manger plusieurs. Il se moqua un peu de moi à juste titre avant de se lever prudemment pour aller utiliser le téléphone à l’intérieur pour commander quelque chose à manger, comme il me l’avait suggéré un peu plus tôt. Le moment d’arrêter la Tequila était parfaitement trouvé….j’avais déjà le cerveau à l’envers…. Et j’en eus la preuve quand je me forçais à bouger à mon tour, résistant à ma pulsion de le rattraper pour lui sauter dessus. Il était juste attirant et la Tequila ne m’aidait pas à contrôler mes idées… Je m’installais alors tranquillement de mon côté avec mes films, prête à faire la petite sélection. Il continua à me parler tout en utilisant le téléphone. J’avais plaisanté une fois encore sur l’activité qui suivrait notre petit film – s’il avait encore l’énergie nécessaire – et l’occasion était rêvée pour faire planer un petit doute … Certes, il ne marcherait pas puisqu’il avait maintenant parfaite connaissance de mes façons de faire, mais j’adorais trop ça pour passer à côté. J’ajoutais même : « Okay, alors démarre au pied de la lettre S pour l’activité à suivre ! » Double sens largement possible, cela me faisait toujours autant marrer !!

Je levais les yeux au ciel quand il prétendit ne pas se souvenir de la dernière fois que nous avions profité un peu de la Tequila. Mensonges ! J’étais sûre qu’il s’en souvenait et qu’il me taquinait, son petit air ne me trompait plus désormais. Enfin, pour être exacte, j’espérais qu’il s’en souvienne et que le moment n’était pas un perdu parmi tant d’autres, mais impossible de le savoir vraiment sans me trahir un peu… Résultat, je lui lançais un petit regard accusateur qui signifiait clairement que je ne croyais pas un seul instant qu’il ne se souvenait qu’UN PEU de tout ça… Je m’installais ensuite par terre, étalant tous les films qu’il y avait à disposition pour éliminer ceux qui ne faisaient pas l’affaire. Je ne connaissais absolument rien et je fis une sélection un peu au hasard…me disant que cela n’avait pas tant d’importance que ça. Il me rejoignit bien vite après avoir – selon ce qu’il me disait – passé commande de pizza moyennement light ! Avec un sourire en coin, je lui fis remarquer : « Il va falloir que je te fasse courir demain…. Promis, j’irai doucement… » Je le charriais et pourtant, c’est moi qui lui filais un petit coup de coude suite au sous-entendu qui signifiait qu’il n’y avait qu’une main innocente entre nous deux, je le regardais fermer les yeux, prêt à mettre le doigt sur un film au hasard : Un film d’horreur ! Nous allions bien rire… Adios film romantique, il y avait bien une chance sur six de tomber dessus et je n’en avais pas vraiment envie, mais il fallait bien qu’il y ait un peu de risques (et d’occasion de le charrier un peu, puisqu’il était « la main innocente » du jour). Toujours assise par terre à ses côtés avec les films devant nous j’attrapais le film choisi avant de m’intéresser un peu plus à ce qui était écrit dessus : « Hum… la main innocente ne veut vraiment pas dormir de la nuit ! J’vais angoisser à chaque bruit qu’on va entendre dans cet endroit après ce film… peut-être même que j’vais te pousser du lit jusqu’à ce que tu finisses par terre…Sans le vouloir, évidemment ! » Je roulais les yeux avant de le fixer et d’entrer dans un petit jeu que je créais toute seule en lui demandant : « C’est quoi ce regard ? Tu voulais celui là… » Je ramassais le film niais pour lui agiter sous le nez : « …avoue ! » Je lui adressais un petit sourire moqueur avant de reporter mon attention sur le film que nous allions voir, lisant le petit résumé : « Okay, il se pourrait bien que tu réfléchisses à deux fois avant de partir en toute confiance avec tes nouvelles conquêtes d’un soir… à l’avenir ! » Je lui lançais un nouveau sourire bien moqueur, ne sachant pas vraiment si j’interprétais bien la description. Nous verrions bien. Je me relevais non sans quelques difficultés d’équilibre avant d’aller lancer le film, mettre pause et m’installer sur le lit. « Bien. On a … une trentaine de minutes à tuer avant les pizzas. On peut commencer tout de suite, mais le moins trouillard de nous deux va devoir se lever pour aller ouvrir. » Je lui lançais un sourire malicieux avant d’attraper ma baguette qui trainait sur la table de chevet et baisser un peu les stores de la chambre pour qu’il y ait le moins de lumière possible : « T’as regardé s’il n’y avait rien sous le lit, au moins ? » Et en attendant, l’effet de la Tequila pouvait s’éloigner, ce qui m’éviterait sûrement d’avoir un fou-rire avec un film d’horreur… ou le retour de mes petites idées pas toujours avouables lorsqu'il se trouvait à proximité.

Il n’était pas nécessaire de prétendre le contraire, le sujet des sœurs était quelque chose qui nous tenait à cœur et qui n’était pas facile à dévoiler. En tout cas, beaucoup moins facile à gérer pour nous que les plaisanteries et choses habituelles qui nous caractérisaient bien. J’avais fait l’effort la première, parlant de Louna qui, à l’heure actuelle, devait penser à bien d’autres choses qu’à moi. En vérité, je m’attardais sur son cas pour quelques poignées de minutes seulement, bien décidée à parler d’autre chose assez rapidement. Là n’était pas le but de nos vacances, bien au contraire. Je voulais profiter de Matt… il m’occupait l’esprit sans problème et ce cas de figure était le privilégié. De toute façon, j’avais déjà décidé d’attendre la rentrée pour prendre des décisions, les vacances étaient une parenthèse à laquelle je voulais profiter de chaque minute. Les paroles du jeune homme me firent réfléchir, encore une fois. J’attendis quelques secondes avant de détourner le regard de la plage que je voyais au loin pour lui lancer un petit regard en coin. Manque de chance, ma tentative de discrétion ne fonctionna pas car il me regardait et je l’interrogeais bien vite du regard avant de lui demander : « A ma place…tu les prendrais, ces risques ? » Ma question se termina par un petit sourire espiègle que je ne pus empêcher. Comment retourner un peu la situation et essayer de savoir comment il agirait dans un tel cas…. Ou dans un cas général où était question de prendre le risque de s’attacher. Je savais que Matt était beaucoup plus courageux que moi et qu’une prise de risque sonnerait comme un défi….mais l’enjeu du défi revêtait quand même une forme assez sérieuse…
Quant à ses frères… je mourais d’envie d’avoir une occasion de les voir, je comptais alors d’ores et déjà trouver une stratégie pour que ce soit le cas, un jour. Yasha Trust partageait (sans doute avec plaisir) son petit gène de curiosité et je n’y échappais pas. Je levais un sourcil incertain quand il affirma indirectement qu’il serait le plus adorable des trois. Je ne pus m’empêcher de commenter : « Il faut être serviable…attentif… attentionné… » J’accentuais le dernier mot : « … MODESTE… pour prétendre au titre. » Je ne le quittais pas du regard, bientôt obligée de pincer les lèvres pour le pas rire. Je le provoquais un peu sur sa modestie légendaire, évidemment. En réalité, il y avait de fortes chances pour qu’il soit celui des trois qui retienne le plus mon attention… pour des raisons diverses et toujours plus évidentes…

La discussion se poursuivit sur Fanny, la sœur de Matt qui n’avait clairement pas sa place dans la famille et qui en était directement responsable. Il ne voulait rien entendre d’elle et ne considérait aucune chance de pouvoir arranger la situation. Je ne pouvais juger, n’ayant pas une idée claire et précise de ce qu’elle avait fait durant toutes ces années. En revanche, j’avais tout fait pour essayer de comprendre les raisons de son comportement. La différence entre sorciers et moldus était encore bien présente. Je le laissais réagir sur l’idée de la voir quitter la maison un jour avant de dire : « J’peux lui trouver un mec avec Yasha et Avril… On l’enverra… au Groenland ! Sur un petit ice-berg ça peut lui rafraichir les idées… » Je roulais les yeux, peu convaincue par l’idée, mais il fallait bien plaisanter un peu. Sa remarque sur sa belle-mère me fit sourire. Bien sûr que Fanny ne régissait pas tout ! Elle devait sans doute avoir tellement de rancunes qu’elle essayait par tous les moyens de leur mener la vie dure…sans succès car tout le monde avait compris son jeu. Je me demandais d’ailleurs quelle était la relation qu’entretenait les deux frères de Matt avec cette dernière. Plus jeunes… peut-être un peu plus naïfs et moins conscients des mauvaises intentions des autres.

Les sujets délicats éliminés, nous n’avions pas quitté tout de suite le balcon tant l’endroit valait le coup … pour sa vue sur la mer et le soleil couchant, pour son côté tranquille….et les petits gâteaux que Matt était allé chercher. Nous n’avions pas encore abusé de la Tequila mais le moment d’arrêter de se servir était le bon. Je n’avais pas vraiment besoin de ça pour que certaines idées me traversent l’esprit, mais la Tequila aurait très certainement orienté la tournure de notre soirée. Or, il fallait rester maître de la situation, j’y tenais et je ne voulais oublier aucun moment passé ici avec le jeune homme. En chemin vers les DVDs et lui vers le téléphone, je me marrais en l’entendant chercher ma petite idée pour la suite. Je n’avais pas mentionné la lettre S au hasard, sachant parfaitement qu’elle était sujette à de bonnes idées tordues ! Je m’installais par terre en tailleur, sortant tout ce que je pouvais du petit meuble avant de me tourner vers lui pour répondre : « Les plus beaux surfeurs se trouvent en Australie. Parole de Taylor Williams. Bon, je me contenterai de toi…en attendant. » Je penchais la tête vers lui, fière de ma provocation. J’ajoutais ensuite : « Bien tenté, mais l’activité à laquelle je pense est beaucoup plus adaptée à l’endroit et à ces vacances que tu as voulu passer en tête à tête avec moi… » Je me détournais très vite, toujours installée par terre à faire une sélection des DVDs proposés. Je me retenais de rire toute seule. J’enfonçais le clou et j’étais sûre qu’il n’y croyait déjà plus….sauf qu’il jouait encore le jeu.

Sa main innocente (tout le monde y croit) sélectionna le film de notre soirée et nous étions destinés à un film glauque… Très bien, je n’avais même pas peur de ce genre d’idioties moldues… Bon, je n’en étais pas sûre à 100% mais je connaissais mes vraies peurs… Ce dernier se marrait bien et je lui lançais un furtif et gentil petit coup de coude pour lui faire passer l’envie de rire. « Généralement, ce sont les hommes qui jouent les durs et qui ne se remettent pas de ce genre de scénarios. Rira bien qui rira le dernier… » Il me taquina ensuite sur ma propre taquinerie ce à quoi je lui répondis par un regard malicieux. Il se proposa pour se lever pour aller chercher la pizza quand le temps serait venu, ce qui ne me dérangeait pas non plus ; mais il prenait plaisir à essayer de me faire dire que j’allais m’accrocher à lui. Il n’avait pas vraiment tort… il était attractif mais j’avais tout de même un peu de retenue, et beaucoup de fierté !

Le film était lancé, mais je ne décrochais pas mon regard de Matt et de son sourire moqueur. Il prenait beaucoup de plaisir à me faire imaginer qu’il y avait bien quelque chose sous le lit et forcément, je ne pouvais m’empêcher d’en rire également. Il décrocha les yeux de l’écran à son tour pour me regarder, je me lançais l’objectif de soutenir son regard le plus longtemps possible…ce qui n’était franchement pas difficile même si l’exercice était perturbant et que je craignais qu’il ne puisse déceler mes pensées. Je n’avais pas la moindre idée d’où me venait le courage de résister à de tels yeux…à un tel sourire. La lutte avait commencé dès les premières secondes et allait se compliquer au fil du voyage, j’en étais certaine. J’écoutais ses dernières paroles en haussant un sourcil qui voulait dire « tu crois vraiment que je vais avoir peur ? » tout en pensant que le côté insoutenable ne viendrait pas du film d’horreur, mais de sa présence juste à côté de moi. Prenant un air détaché, je lui répondis : « Oh mais tout va bien… je vais m’en sortir… » Je montais le son, utilisant la télécommande, fière d’avoir trouvé le bouton en question du premier coup. Je me penchais vers lui pour lui glisser : « J’ai juste peur que tu sois de mèche avec le monstre sous le lit…. Les belles paroles, tout ça tout ça… Si je me retrouve dans tes bras et que je ne peux plus en sortir… » Je roulais les yeux en m’empêcher de rire « Il faut faire preuve de méfiance, tu l’as dit toi-même.. » Provocation…toujours provocation… Je ne le quittais pas des yeux alors que la logique aurait été de regarder le film dans ses premières minutes. C’était le but non ? Regarder le film… pas la main innocente qui l’avait sélectionné… Je me forçais à tourner le regard pour fixer l’écran de la télé, voyant déjà venir le style complètement moldu de la chose. Il fallait que je fixe mon attention sur le film outrepassant le fait que je sentais sa présence à quelques centimètres. J’étais grave….vraiment grave et je me résonnais en me concentrant sur les premières paroles des personnages du film. Je ne tournais pas la tête pendant un moment, laissant le film se poursuivre et placer le contexte avant d’en arriver aux choses sérieuses et inquiétantes. Je fus tirée de ma concentration voulue et nécessaire quand on sonna pour les pizzas. Je me redressais, m’autorisant cette fois un regard vers lui. « J’allais tout juste m’accrocher à toi, tu es sauvé par le gong ! » Je lui lançais un sourire, soulagée d’avoir une micro pause dans le film et une bonne raison pour ne pas maintenir mon regard fixé à l’écran. Matt se leva et retrouva sa place quelques instants après avec les pizzas. J’ouvris l’une des boîtes tout en lui disant : « Tu caches bien ton ressenti, pour le moment ! » Par rapport au film…bien entendu. « Je pense que le pire est à venir… ça va aller ? » Je lui lançais un regard en coin avec un sourire moqueur. Je me centrais sur les pizzas qui ne semblaient vraiment pas mal ainsi que sur le film. Cette soirée me rendait dingue….cette proximité aussi et c’était pire lorsque nous étions entre quatre murs.

Comme je l’espérais, le sujet des sœurs fut vite balayé par les taquineries ou les sous-entendus… Il était évident que nous les maîtrisions bien mieux que le sérieux et je n’étais pas contre le fait de laisser Louna et Fanny sur le côté. Nous n’avions pas franchement besoin d’elles dans un tel moment, mais ce que je retenais surtout, c’était que Matt m’avait parlé de quelque chose de personnel, d’intime. J’avais toujours eu l’impression que cela n’arriverait que rarement (voire même jamais) et voir une autre facette de sa personnalité me plaisait bien. Comme moi, il cachait des choses, il ne vivait pas que dans un monde fait de sourire et de bonne humeur et avait beaucoup de mal à se confier. Même si je les gardais pour moi, j’avais plein d’interrogations à son propos, je voulais tout savoir. Évidemment, je prenais beaucoup de plaisir à me dire qu’il me révélait des choses de son plein gré… ce qui fut le cas avec l’histoire qui concernait sa sœur. Pourquoi me l’avoir dit ? Parce que j’en avais fait de même ou parce qu’il en avait vraiment envie ?
Je n’avais pas mes réponses et je n’eus pas le temps de m’interroger davantage car il fut question de risques à prendre… A la base, le risque était celui de ma rapprocher de ma sœur, de lui accorder une chance… en étions-nous encore à ce stade quand il me fit remarquer que les risques étaient faits pour être pris ? Clairement, ça n’était pas mon cas, je pensais à autre chose et même si je ne le disais pas vraiment, j’avais très peur de prendre des risques… pas ceux qui étaient insignifiants…les vrais risques ! Je hochais la tête à ses propos avant de dire : « Si… Mais il doit y avoir des risques plus risqués que d’autres… D’où la nécessité d’un temps de réflexion pour certains cas…. » Je pinçais les lèvres, convaincue que nous prenions parfois des risques sans le savoir. Actuellement, je prenais le risque de craquer littéralement pour lui, pour son sourire… pour Lui. Risque qui n’en faisait qu’à sa tête et qui se pointait toujours malgré ma volonté.

La conversation sur ses frères était plus légère et me fit sourire. A quoi ressemblaient-ils ? Est-ce qu’il était question de deux Matt miniatures ? J’étais curieuse de le savoir, mais poser des questions trahirait sûrement un peu trop de curiosité… Au lieu de ça, je croisais les bras tout en attendant qu’il ait tenté de me faire croire qu’il était le plus adorable des trois en me ressortant les qualités. Sans le vouloir, je réalisais que finalement il y répondait plutôt bien et que je n’avais pas d’arguments pour les contrer… Il était serviable, attentif…attentionné….et pas que… Il fallait donc que je fasse tout sauf lui dire qu’il avait raison et qu’il pouvait donc prétendre au titre du mec adorable. Pour moi, il était adorable mais l’avouer me tuerait sûrement. Haussant les épaules suite à son explication, j’ajoutais : « Il est quand même souhaité d’avoir deux ou trois qualités supplémentaires en plus de celles qui sont exigées…j’te signale. » Quelques unes d’entre elles me venaient d’ailleurs en tête…
Je proposais ensuite une solution pour sa sœur, Fanny, pensant également qu’il serait peut-être bien d’y envoyer Louna en même temps, pour avoir la paix… Ou mon ‘père’ pour qu’il se retrouve coincé sous un lac gelé jusqu’à la fin des temps. Il approuva l’idée avant de me proposer de parler d’autre chose. Excellente idée ! Autant parler de nous ou laisser nos pensées divaguer un peu vers quelque chose de plus sympa… Les miennes divaguaient déjà depuis que j’avais touché à la Tequila et depuis le début de notre séjour.

Il devrait patienter pour savoir ce que j’imaginais pour la suite. Peut-être qu’il ne me suivrait pas, mais en tout cas j’étais encore en grande forme pour cette première journée qui n’était pas finie ! En quittant le balcon sur lequel nous avions passé un petit temps, il tenta de me faire croire qu’il avait plus d’atouts que les surfeurs Australiens (le fantasme de Yasha, ahah) et je levais un sourcil en l’entendant me dire ça, lui demandant sans plus attendre : « Ah ? J’peux savoir lesquels ? » Par pure taquinerie, j’ajoutais : « Tu sais surfer, au moins ?! » Le premier talent super sexy de nos fameux surfeurs…et par expérience, je savais que ça n’était pas une mince affaire que de pratiquer cette activité.

Non, je n’avais pas peur d’un truc imaginé par les moldus, et puis quoi encore ? Il n’était pas dans mes habitudes d’en regarder, mais je croyais en mes chances de passer pour une super courageuse qui ne réagit presque pas devant un film d’horreur. Même ses tentatives pour m’angoisser avant le début ne fonctionnèrent pas. Les premières minutes furent difficiles au niveau de ma concentration… le ton du film n’était pas vraiment donné et cette dernière (la concentration) ne se dirigea pas là où elle le devait. Matt était censé regarder la télé, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je profitais de l’occasion pour fixer mon regard sur lui, pensant pouvoir le faire autant de temps que je le voulais et relativement discrètement…. Mais il tourna la tête à son tour ce qui me désarçonna complètement. Il n’était pas humain d’être aussi captivant et pourtant… je ne pouvais décrocher le regard, me demandant par la même occasion ce qu’il pensait à cet instant, alors que nous loupions quelques secondes du film. Moi, je pensais que ce n’était qu’une question de temps avant que je lui saute dessus et la seule solution que je trouvais pour me sortir de ce pétrin était de dire quelque chose en réponse à ce qu’il me disait. Il me répondit à son tour, confirmant la théorie du monstre sous le lit et de ses possibles autres « potes monstres » … Je lui lançais un dernier regard méfiant et légèrement soupçonneux -avec un petit sourire - avant de fixer les yeux sur la télé. Non, je ne pouvais pas le regarder de nouveau car j’allais trahir l’attirance que j’avais pour lui et qui dépassait toutes les limites du raisonnable... Je déraillais complètement tout en ayant l’impression que c’était la première fois que je perdais autant le contrôle en sa présence. Ce mec avait un pouvoir que les autres n’avaient pas, il balayait mes principes tout en me forçant à les remettre constamment sur le devant de la scène. Je me forçais à respirer normalement, les yeux sur le film avant d’entendre le son qui annonçait l’arrivée des pizzas.

Je lui tirais ensuite la langue derrière son dos quand il affirma que c’était une torture de m’avoir accrochée à lui. Ben voyons ! Je ne mis qu’une petite seconde avant de lui lancer : « Tu n’attends que ça ! » puis, il était de retour quelques instants plus tard, ce qui me poussa à me redresser pour ouvrir les boîtes.
Tant bien que mal, je tentais de me re-concentrer dans le film avec les petites pizzas que nous pouvions désormais dévorer sans culpabilité (Bah oui… puisque nous allions courir le lendemain). La présence de Matt me déstabilisait toujours et j’avais espéré que son petit voyage pour récupérer les pizzas me permettrait de remettre un peu mes idées en place. J’échangeais avec lui un sourire amusé lorsqu’il me fit entendre que c’était « dur pour lui »… Ma question concernait le film moldu et l’angoisse qui ne faisait qu’augmenter. S’il savait que ses paroles me parlaient et qu’elles pouvaient s’appliquer à tout autre chose … !

Un petit peu d’action supplémentaire accrocha quand même un peu mon attention… Il était temps ! Le film était lancé depuis plusieurs minutes et j’avais réussi à avoir un doute quant au qualificatif de « film d’horreur ou d’angoisse »… Les doutes s’éloignaient et je continuais d’entretenir ma concentration pour ne pas succomber à l’attirance évidente qui se trouvait dans la pièce. Prête à souligner à Matt que les moldus choisissaient bien la musique dans une scène comme celle qui se déroulait à la télé, je sursautais en entendant un bruit sourd sur le balcon et le bruit de la porte. Mes yeux écarquillés se tournèrent vers Matt aussitôt et j’ouvris la bouche pour dire quelque chose, mais il me devança, m’accusant d’être à l’origine du bruit. Je tournais les yeux vers les coussins qui tombèrent à leur tour avant de ne SURTOUT PAS prendre la peine de les ramasser… le monstre sous le lit… il n’attend que ça, que quelqu’un se penche. Flippée, je le regardais se lever et m’abandonner pour aller reprendre la bouteille de Tequila. Comme une furie, j’appuyais sur le bouton de pause de la télécommande avant de me lever tout aussi vite pour aller refermer la porte tout juste avant qu’il n’ait le temps de sortir. Je m’adossais à la porte tout en m’exclamant d’un air angoissé mais en chuchotant pour que le tueur qui était dehors ne nous entende pas : « Nan c’est pas moi !! T’as entendu le bruit hein ?? La porte qui s’ouvre toute seule …. Tu crois qu’il n’y a pas de psychopathe parce qu’on est dans les îles ? » Appuyée à la porte, la maintenant bien fermée, je jetais un œil à la télé et au film qui était sur pause… Un simple film mis en pause me faisait maintenant peur ! Parce qu’il était presque la seule source de lumière de la chambre et ne donnait pas un climat très rassurant. J’étais une véritable trouillarde qui prétendait le contraire… Certes, d’autres choses m’angoissaient plus facilement, mais là j’étais lancée. Je n’osais plus faire un seul pas dans la pièce… !!! Ni même entrer dans la salle de bain qui devait sûrement cacher deux ou trois mecs flippants tapis dans le noir. Je le fixais un instant, finissant par pointer un index suspicieux vers lui en chuchotant toujours : « C’est pas toi qui a fait ça ? J’ai peur, dis la vérité ! » Je me penchais pour voir sa baguette quelque part (ainsi que la mienne) et je reportais mon attention sur lui toujours plus suspicieuse que jamais, l’empêchant de passer pour aller dehors. Je le fixais du regard sans ciller, espérant qu’il se trahisse en riant, c’était souvent ce qui arrivait lorsqu’il se foutait de moi. Je le savais bon acteur, mais il était à côté de moi quand j’avais entendu le bruit, il n’avait pas pu le faire…sauf avec une baguette mais…. « Viens, on va chercher les baguettes... et on ira vérifier sur le balcon d'acc' ? » J'attrapais sa main, serrant plus fort que prévu, ce qui me donna un peu de courage pour me décoller de la porte du balcon que j'espérais bien fermée. Je l'entraînais avec moi dans la chambre sans faire de bruit et tendant l'oreille pour voir s'il n'y avait plus de bruit provenant de dehors. Bon, ok, j'étais une trouillarde, mais lui aussi avait peur, nan ?!!

Nous en étions à la fin de notre première journée et nous avions déjà de quoi nous souvenir du séjour ! Je passais d’excellents moments, chose dont je n’avais pas douté avant de partir… Le plus dur avait sans doute été d’avouer crever d’envie de partir avec lui sans qu’il y ait personne d’autre avec nous. C’était chose faite et nous avions même réussi à nous parler un peu sérieusement à côté de toutes les taquineries habituelles. Ce cas de figure se produisait assez rarement et je me souvenais uniquement d’un soir à la Tour d’Astronomie peu après la mort d’Asling. Sa présence m’avait largement réconfortée dans un moment qui m’avait paru presque irréel. Aujourd’hui, rien d’aussi dramatique, que des histoires de famille qui nous tapaient un peu sur le système. Et à côté, des vacances et une superbe île que nous étions prêts à parcourir pendant plusieurs jours…. Le sacrifice de la petite discussion sérieuse valait la peine pour tout ce qu’il y avait d’autre à penser.
Je restais sceptique sur la question des risques… Peut-être parce qu’il m’avait toujours manqué un peu de courage ! Mais il y avait certains risques que j’étais prête à prendre. D’ailleurs je venais d’en prendre un qui me semblait non négligeable : arrêter net mes études. Curieusement, ce risque ne m’avait pas posé trop de problèmes ; peut-être parce que j’avais pris un temps suffisant pour y réfléchir. Je comptais bien en faire de même pour les risques concernant Louna… pour les autres risques qui me trottaient en tête également… Pour toute réponse, je pinçais les lèvres un instant, lui adressant un petit sourire qu’il pouvait interpréter comme il le voulait. J’étais curieuse de savoir s’il avait l’habitude d’en prendre lui-même et quels étaient ces risques.

Le complimenter serait facile, mais il était hors de question de lui donner cette satisfaction. Le charrier, lui donner du fil à retordre et lui faire entendre qu’il y avait plus adorable que lui étaient mes priorités. Le voir lutter pour avoir raison était toujours plus intéressant pour moi….et cela le rendait plus adorable qu’il n’était déjà. Soit, gardant les bras croisés, je lui répondis calmement : « Verdict à la fin du séjour, pas avant ! Fais attention, certains défauts peuvent parfois annuler l’effet des qualités… Comme… » je fis mine de réfléchir : « Tricher lors d’un défi ou d’OUBLIER d’être gentleman pendant un jeu et ne pas laisser gagner l’adversaire…. » Je le confrontais un peu du regard, consciente qu’il comprendrait tout de suite ma petite combine pour essayer de m’attribuer d’avance la victoire de nos prochains défis. Ouais, je le sentais bien…j’allais le griller d’une façon ou d’une autre, cela n’allait pas tarder. Peut-être que l’activité qui suivrait le film m’en donnerait une occasion ? La journée était loin d’être finie me concernant et par conséquent, la sienne non plus ! J’étais en forme et décidée à profiter de chaque minute.

La petite parenthèse sur les surfeurs (engagée par l’activité qui commençait par la lettre S) me fit sourire encore plus. Je lui répondis un petit « Mouais » quand il me fit entendre qu’il gardait ses atouts secrets. A d’autres ! Puis, prenant une toute nouvelle stratégie, je me retournais vers lui (au moment où il appelait pour les pizzas et que je fouillais dans les films) pour répondre à la suite de ses paroles en disant : « Totalement sous le charme ? C’est déjà fait ! Je n’ose pas imaginer ce qui va m’arriver si tu dévoiles ces formidables atouts… » Un peu pour moi, mais bien assez fort pour qu’il puisse capter quelques mots, j’ajoutais : « S’ils existent vraiment…bien sûr… » Je me concentrais sur ma recherche, souriant pour moi-même avant de rire plus franchement quand il affirma être capable de surfer. L’info n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde, il me montrerait ses capacités un jour, il n’avait plus le choix…. Au pire, je le voyais avec le moins de vêtements possible et trempé comme ça avait été le cas cet après-midi… J’avais tout à y gagner ! Il pouvait savoir surfer ou pas que j’étais capable de ne même pas m’en rendre compte.

Il m’était tellement peu habituel de regarder des films moldus qu’il me fallut un certain temps avant de m’y mettre… Ou alors il s’agissait là d’une excuse pour masquer la réelle raison pour laquelle j’avais du mal à rentrer dans le film ? Sans doute un peu des deux. Cette vraie raison, je ne me la cachais pas vraiment même si je luttais pour cesser mes idioties et me reprendre en main. Après tout, nous étions relativement hyperactifs et rester sans bouger devant un film pendant de longues minutes n’était pas une tâche facile, si ? Nouvelle excuse qui m’aidait à justifier cette attirance que j’avais pour lui et que je peinais au maximum à faire taire. Il allait me tuer ! Son sourire allait sérieusement avoir raison de moi et je ne pouvais rien faire pour ça. J’en oubliais presque le reste du monde et ma motivation à jouer les courageuses et à ne pas avoir peur devant le film. Et son regard qui ne se détachait pas du mien pendant un certain nombre de secondes, était-il nécessaire d’en parler ? Personne ne pouvait y résister et je n’échappais pas à cette règle cruelle… Je craquais totalement et j’espérais secrètement que la faible lumière qui émanait du film ne trahisse pas quoique ce soit dans mon regard. Celui qu’il venait de poser sur moi me restait d’ailleurs en tête tandis que le film commençait tout juste à devenir « intéressant ».

Il m’en fallait plus qu’un monstre sous le lit et ses acolytes pour avoir peur … Je me re-concentrais au mieux, légèrement soulagée de voir les pizzas arriver. Au moins, j’allais me perdre dans la contemplation de ces dernières plutôt que dans celle du visage de Matt… Ce qui, bien que beaucoup plus tentant, était également bien plus dangereux. Je levais la tête vers lui quand il me répondit « si tu savais… » quand j’avançais le fait qu’il n’attendait qu’une chose : que je m’accroche à lui. Il était sérieux ? Son air taquin ne me donnait pas la réponse et je haussais les sourcils malicieusement pour rentrer dans le jeu, mais la question demeurait…
Concentrée dans le film qui progressait (et qui me laissaient penser que les moldus étaient parfois un peu sadiques et complètement dérangés) je sursautais en entendant un bruit sur le balcon. Le noir ne me faisait pas spécialement peur, mais je fermais toujours la porte quand j’étais toute seule à la coloc’, ce qui témoignait sûrement d’une angoisse cachée… Mon premier reflexe fut de me tourner vers Matt, il ne pouvait s’agir que d’une de ses blagues mais il me prétendait le contraire, l’œil interrogatif quant à ce qui avait provoqué le bruit. Et s’il y avait des fous sur l’île ? Qui n’attendaient que la tombée de la nuit pour venir faire chier les gens ? Le temps de m’interroger et de flipper comme il le fallait, le jeune homme s’était levé pour me laisser à mon triste sort dans le grand lit et la grande pièce vide et plongée dans l’obscurité. Pas question ! Je me levais pour me précipiter derrière lui et lui barrer la route. Je n’allais pas le laisser se faire attaquer sur le balcon… peut-être même qu’il y avait des voleurs qui avaient VU la bouteille de Tequila et qui cherchaient d’autres choses à prendre. Voyant qu’il m’accusait d’être responsable des bruits, je me défendis avant de l’accuser également. Il était capable d’avoir fait ça !! Sa réaction me fit sourire mais ce n’est pas pour autant que je quittais mon emplacement, stressée par le film sur pause, par la chambre et par le balcon … Je ne le quittais pas du regard, levant un sourcil pour essayer de le faire avouer. En même temps, je tendais l’oreille pour voir si les bruits étaient toujours d’actualité. Décidant de le croire – un peu – je l’entraînais pour récupérer nos baguettes avant de rejoindre le balcon. Avec les baguettes, c’était bon, nan ? Nous étions sauvés d’avance…. Je serrais sa main, sûrement un peu plus fort que prévu et guettais le bruit ou la présence sur le balcon tandis que nous avancions. Je ne remarquais rien de bien suspect et je regardais dans chaque recoin du balcon tandis que Matt avait déjà retrouvé la Tequila… Mmhh…. Il n’avait pas l’air bien angoissé pour quelqu’un qui n’est pas responsable. La baguette serrée dans la main, je posais un index sur mes lèvres pour lui dire de ne pas faire de bruit pour écouter encore un peu… Je sursautais pour la seconde fois de la soirée quand il me passait derrière et qu’il me glissa quelques paroles à l’oreille pour avouer que c’était LUI ! Impossible de ne pas frissonner à son contact ; malgré la peur, je n’étais toujours pas remise de l’’effet aimant’ qu’il avait eu sur moi pendant que nous regardions le début du film… L’aveu me laissait d’ailleurs penser qu’il n’y avait rien à craindre mais j’étais réticente à l’idée de retourner vers le film.

Ma première réaction fut d’ouvrir la bouche en signe de protestation et, un peu pour moi-même, je m’exclamais : « Jm’en doutais ! » Je le suivis du regard tandis qu’il s’accoudait au balcon. Évidemment, je lui lançais un regard rempli de reproches, mais comment lui en vouloir, il avait réussi son coup avec brio et avait plutôt bien joué le jeu ?! Je ne pouvais froncer les sourcils sans y mêler un air amusé. D’un air volontairement brusque, je lui fis la remarque suivante : « Pour ta gouverne, j’avais à peine peur ! » Je le défiais quelques instants du regard, avalant à mon tour un peu de Tequila pour ne pas avoir envie de rire, avant de dire : « Tu t’imagines bien que ma vengeance sera terrible, n’est-ce pas ? » Je fis mine de réfléchir sérieusement en levant les yeux vers le ciel tout en disant : « Je fais quoi ? Je te pousse du haut du balcon ? Je te renverse la bouteille de Tequila sur la tête ? Je te fais dormir par terre ? Je te prive de massage à vie ? » Je m’approchais de quelques pas avant de poursuivre : « Attends attends… ou alors, je te trouve le défi de ta vie, cruel et presque irréalisable pour que tu prouves que tu es un Monstre digne de ce nom ?! » Je me retenais de rire, mais je jetais tout de même un léger petit regard vers la chambre. Ouais en fait, si, j’avais encore un peu peur de retourner au film, mais nous étions sur le balcon. Je m’approchais encore un peu, réfléchissant à toute vitesse avant de finalement l’avoir, mon idée !! Je glissais mes doigts dans les siens après avoir posé la bouteille sur le rebord, prenant un air détaché avant de dire « Bon…. Allez, j’avoue, tu m’as bien eue ! Vengeance pour plus tard, ça me donnera le temps d’y réfléchir. On peut passer à l’activité suivante puisque maintenant, j’ai peur du film. On le remettra pour s’endormir, tout à l’heure » Je l’interrogeais malicieusement du regard avant de reculer de quelques pas, ne décrochant pas mes doigts des siens, et l’entraînant avec moi. « Il faut sortir de la chambre. Es-tu prêt ? N'essaie plus de m'avoir, ça ne fonctionnera plus....et en plus de ça, je ne te lâche plus... Mais je t'en veux quand même, il ne faut pas croire ! » Je levais un sourcil provocateur. Il l'avait voulu, non ? Que je sois accrochée à lui... C'était chose faite. Évidemment, j'avais quelque chose en tête, une vengeance à mener à terme et une soirée à finir... Pour cela, il fallait de nouveau sortir et il était évident qu'il n'y échapperait pas. J'étais prête à tout pour l'attirer à l'extérieur.

Et si j’avais du mal à le quitter à la fin de ces quelques jours ici ? Si je devenais faible ? Je n’avais certes pas beaucoup de temps pour me poser plein de questions, mais elles venaient à moi assez naturellement. Évidemment, je luttais non pas pour trouver la réponse, mais pour les oublier et m’occuper du moment présent. J’étais bien contente d’en avoir fini avec le sujet sérieux. L’exercice avait été simple et avait laissé de nouveau place à la taquinerie… Ce qui nous allait beaucoup mieux à tous les deux.

L’idée de regarder un film moldu se concrétisait et la préparation du petit programme n’empêchait pas le petit jeu de la provocation. Il tenta de retourner la situation à son avantage en me disant que je n’étais pas capable de gagner à la loyale ce qui me donna envie de rire… Pas par moquerie, pas parce qu’il avait raison, mais parce qu’il était très fort dans ce petit jeu, je ne pouvais le nier :
« Faux. Je suis capable de beaucoup de choses… » Je fis une petite pause pendant laquelle je cherchais son regard. Un petit sous entendu bien flou et interprétable de plein de manières était toujours bon à prendre. « Il n’y a juste rien qui m’empêche d’amadouer l’adversaire pour gagner quelque chose. C’est une technique comme une autre, non ? J’te vois venir, tu vas me dire que ça n’est pas loyal. Bien sûr que si, j’attends que tu fasses mieux que moi… » Je roulais les yeux, persuadée que dans quelques minutes, nous ne saurions plus d’où était parti ce petit manège qui s’était lancé.
D’ailleurs, il se poursuivait sur le sujet du surf et Matt en était arrivé à me dire que je ne pourrais plus vivre sans lui … Mouais ! L’objectif était le suivant : retourner la situation à mon avantage et je lui répondis, le sourire aux lèvres : « Ouais… je pense que je pourrais gérer de ne plus pouvoir vivre sans toi. A voir si ce serait ton cas… » Je me retournais vers mon occupation et mes films, le laissant ensuite commander les pizzas.

Le film et les pizzas m’avaient fait vivre le moment le plus compliqué depuis le début de notre séjour (et nous n’en étions qu’au début !). J’avais beaucoup de mal à le quitter des yeux, à ne pas céder à l’envie de m’approcher de lui…. Curieusement, il n’y avait jamais eu de barrière entre nous et c’était désormais le cas. Pourquoi ? Sans doute parce que mon attirance se devait d’être complètement détachée et que je craignais de ne pas être capable de faire en sorte qu’il en soit ainsi ? Ou alors parce que je pensais à Avril… Je n’en savais rien, mais la lutte n’en était pas moins difficile à mener. Il avait tout pour plaire, il n’y avait pas d’évidence plus facile à comprendre. Les confidences d’Éléonore, à l’époque complètement ridicules, prenaient du sens et j’en comprenais un peu mieux la logique. Une torture, mais j’étais capable de booster ma concentration sur le film ! Il le fallait ! C’était sans compter les bruits flippants ajoutés au film qui commençaient à me donner des petits coups d’angoisse… J’étais une trouillarde en plus d’avoir été traumatisée par le train fantôme de la fête foraine et je faisais tout pour qu’il en soit autrement.
J’accusais Matt pendant un instant, lui donnant le bénéfice du doute en me méfiant comme jamais de ce qui allait bien pouvoir nous arriver. Les baguettes à la main, rien ne pouvait nous arriver et nous avions bien vite retrouvé le balcon et la bouteille de Tequila laissée là. Ce dernier ne tarda pas à passer aux aveux et mon rôle était de faire semblant de ne pas avoir cru une seule seconde à sa petite farce… Mmmh, il gagnait quand même un point, mais ne perdait rien pour attendre ! Je fis au mieux pour ne pas laisser sortir mon sourire (tâche qui était loin d’être simple) et avançais le fait que la supercherie n’avait presque pas marché… Il n’y croyait pas et son regard suffisait à me le faire entendre. Tsssss….Chacun de ses regards me tuait et il était évident que je me sentais inférieure quand un tel état de faiblesse prenait possession de moi. Il ne fallait pas flancher, tenir le cap. Je lui donnais finalement un léger coup de pied quand il insista en me taquinant de plus belle : « Parle pour toi ! Tu as trouvé un échappatoire pour toi-même éviter de te pisser dessus à cause du film, tu crois que je n’ai pas compris ton petit numéro ?! » Je ne pouvais m’empêcher de rire, c’était plus fort que moi. Pourtant, il fallait que je conserve un peu l’air vexé que je me devais de sortir, pour la forme….

Il essayait actuellement de me faire croire qu’il n’avait pas peur de ma vengeance, mais j’étais persuadée que si… Elle ne tarderait pas à arriver et il le savait très bien, je n’abandonnais jamais rien et quelque chose me disait que la suite de notre séjour serait bien riche en vengeances… Parce que ça nous amusait et j’étais bien du genre à ne plus me souvenir pourquoi je devais me venger. Pour l’heure, c’était relativement frais et intérieurement, j’admettais qu’il avait bien joué le jeu ! Sans le savoir, il venait de me sortir d’une situation que j’avais bien du mal à gérer. Sa présence… le noir…. La Tequila, son sourire et mes pensées…Rien ne m’avait vraiment aidé à me concentrer sur le film et à maintenir mon attirance pour lui à l’état de secret, au contraire ! D’après moi, le voyage serait autant une torture qu’un plaisir ! Certes, Matt connaissait le pouvoir qu’il avait sur les filles, mais avait-il une idée de celui qu’il avait sur moi ? J’espérais bien que non et sa petite blague tombait à merveille…..enfin…. disons que je gagnais un peu de temps car son regard n’avait pas changé même s’il avait avoué être responsable des bruits sur le balcon. Ses petites menaces entraient d’un côté et ressortaient aussitôt de l’autre… Je n’avais pas peur de ses vengeances, j’étais prête à les affronter et pour le lui faire comprendre, je le défiais du regard suite à ses paroles avec un léger haussement de sourcils relativement similaire au sien. Un bel homme comme ça ne me fait pas peur…et puis quoi encore ?!

Si je lui en voulais réellement ? Bien sûr que non ! J’en étais bien incapable de lui en vouloir pour quoique ce soit, mais je lui fis croire le contraire en hochant la tête pour confirmer ce fait et qu’il allait en effet devoir se faire pardonner. Pour enfoncer un peu le clou, j’ajoutais une petite remarque au conditionnel : « Te faire pardonner… SI c’est possible ! » Il me questionna ensuite sur la suite des événements et, toujours proche de lui avec la main dans la sienne, je l’entraînais en dehors de la résidence tout en lui répondant : « Pas très loin, tu vas voir ! » Je lui lançais un petit sourire en coin tout en continuant d’avancer tranquillement. Pas la peine de se presser même si, d’une certaine façon, je l’étais ! Nous traversions un chemin emprunté plusieurs fois dans la même journée avant de passer un petit portillon. Comme prévu, nous étions à destination très peu de temps après avoir quitté la chambre. Je lui montrais du doigt la grande piscine qui se trouvait devant nous, éclairée par quelques lampes. Évidemment, elle m’avait fait de l’œil depuis que je l’avais vue en passant dès nos premiers instants sur l’île ; impossible de terminer la journée sans en profiter un peu. Je m’exclamais alors : « C’est là !!! Je suppose que tu penses que l’on va aller goûter l’eau … Tu as parfaitement raison de le penser… » Nous avions eu le temps d’avancer au plus près et je lâchais sa main, lui lançant un immense sourire tout en croisant les bras. « J’ai un truc à t’avouer avant… » Je fis une micro pause, ne le lâchant pas des yeux avant de dire : « Je n’ai pas cessé de penser à quelque chose cet après-midi… et ce quelque chose, c’est l’injustice de savoir que tu étais le seul à avoir pu profiter du « T-Shirt mouillé » ! » Je n’attendis pas une seconde de plus avant de le pousser à l’eau, espérant qu’il ne résiste pas et qu’il n’ait pas le temps de m’embarquer avec lui ! C’était tout juste mais : Affaire accomplie, vengeance menée ! Pendant un instant, je fis semblant d’être désolée en lui disant : « Oups ! » Puis, je m’installais bien gentiment au bord de la piscine, me contentant de mettre les pieds à l’eau et d’étendre mes bras derrière moi. Je ne le quittais toujours pas du regard, un petit sourire coincé sur les lèvres et fière de moi… Je lui fis tout de même remarquer : « S. comme Ssse baigner…. Tu imaginais quoi, hum ? » Je pinçais les lèvres, impossible de faire autrement, j’avais envie de rire. Lui-même avait bien ri en essayant de me faire peur, pas vrai ?

Matt tentait de se faire passer pour le meilleur mais il savait très bien que je ne le laisserai pas prétendre cela en lui donnant raison… Nan nan…. Il avait eu des coups de chances pour aujourd’hui (un peu trop à mon goût d’ailleurs) et demain serait un autre jour….demain… le lendemain…le surlendemain… j’allais les passer avec lui ! Et ça, je ne me l’enlevais que très difficilement de la tête. Mes pensées dépassaient parfois ma volonté qui, pourtant, était assez solide et il fallait absolument que je prenne quelques minutes pour me ressaisir un peu … baser ce séjour sur les objectifs principaux : s’amuser, se taquiner et profiter au maximum de l’endroit. Nous l’avions fait, en cette première journée, c’est vrai…. Mais rien ne pouvait m’empêcher de me dire qu’il y avait autre chose. Quelque chose qu’il était hors de question que j’admette et auquel je refusais de penser…. Tous les moyens étaient bons et je croisais les bras du même air moqueur que lui quand il essayait de me faire dire que je ne parvenais pas à être la meilleure dans l’exercice du défi : « Cause toujours ! Aujourd’hui, c’était le premier jour, le jour d’essai, l’entraînement, pour maintenir l’effet de surprise et c’est ce que je fais. » Puis, le défiant du regard je lui demandais : « Tu veux vraiment que j’essaie de t’amadouer ? Je te laissais un petit répit jusqu’à demain…parce que je suis une adversaire cool, MOI ! » Je reportais quelques instants mon attention sur les DVDs en écoutant ce qu’il me disait ensuite, souriant pour moi-même lorsqu’il affirma que je ne pouvais vivre sans lui. Ben voyons, la modestie n’a pas de limites ! Il ne se priva pas pour me faire entendre que j’étais inférieure et que c’était la raison pour laquelle il ne pouvait pas vivre sans moi en retour. J’attrapais un oreiller posé sur le lit et qui était à portée de main et le lui lançais, en signe de protestation : « Tu vas me payer ça ! Mais j’admire quand même la manière détournée de m’avouer que ta vie ne serait pas la même sans moi… Est-ce que je dois comprendre que tu as besoin de te prouver à toi-même que tu es le meilleur ? Je pensais que c’était acquis…. » Je lui lançais un regard malicieux, tentant de retourner une nouvelle fois la situation à mon avantage (ou à son désavantage), je prenais beaucoup de plaisir à le faire, tout comme lui…

Je ne m’attendais pas à vivre la première vraie difficulté de notre séjour aussi tôt et pourtant… le film - le seul moment pendant lequel nous avions arrêté de parler - s’était soldé par une complication relativement ingérable pour moi. Le silence et la trêve de taquineries permettait à mes pensées de revenir sur le devant de la scène et ces dernières me criaient de faire attention à ne pas tomber dans une situation irréversible….Si elle ne l’était pas déjà…. Je ne savais plus quoi penser et une réalité s’imposait : Matt n’avait jamais été un ami… Il avait toujours été spécial, tout comme la relation que nous avions entretenue depuis le début. Je m’imaginais d’ailleurs sans trop de problèmes en train de lutter pour dissimuler ma jalousie maladive s’il se retrouvait au bras d’une fille, quelle qu’elle soit… Yasha avait intérêt à avoir la solution miracle pour m’aider dès notre retour…Mais pour l’heure, j’étais toute seule face à mes difficultés à me concentrer sur le film plutôt que sur la tentation qui me lançait un regard que je ne parvenais à interpréter.

Tout s’était arrangé quelques instants après….du moins, c’était sans compter l’angoisse que quelqu’un se soit promené sur le balcon pour nous torturer ou nous faire du mal ! Je n’étais pas sûre de devoir y croire, mais j’avais tout de même bien entendu les bruits et Matt m’avait semblé innocent…. La supercherie ne dura pas très longtemps et il finit par avouer qu’il était responsable… Au moins, nous échappions au film qui était plutôt bon à regarder en pleine journée ou avec la lumière bien allumée…
Ce dernier en profitait largement, je le voyais dans ses yeux et son sourire perdurait. Rien que pour ça, j’acceptais sans problème de m’être faite avoir, mais quand même, je tâchais de garder un air légèrement boudeur, lui donnant un petit coup de pied avant de froncer les sourcils quand il se moqua de moi une fois encore. Vengeance….vengeance, elle aurait lieu, il pouvait être certain ! Malgré tout, je ne pouvais faire autrement que sourire et me marrer de sa connerie. Nous n’avions pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs…

Je hochais d’ailleurs vivement la tête quand il me demanda si je comptais refuser un pardon de sa part : « Absolument….. sauf si le pardon m’autorise à faire ce que je veux de toi, dans ce cas là, je vais y réfléchir ! » Je l’interrogeais malicieusement du regard, prête à mener la danse et pourquoi pas à ne pas lui laisser la chance d’oublier qu’il me devait un pardon…
Sans trop attendre, nous nous étions mis en route pour la destination mystère, celle que j’avais en tête et par chance, Matt ne protesta même pas, me suivant avec sans doute un bon taux de curiosité. La piscine ! Là était mon objectif. Il faisait assez chaud pour en profiter à toute heure et puisque je n’étais pas décidée à dormir, ni à me replonger dans le film, il y avait toujours cette petite possibilité. Ne réfléchissant pas trop, je mis le plan que j’avais en tête depuis le début à exécution, le poussant dans la piscine en continuant mon blabla, histoire de lui occuper l’esprit pour ne pas qu’il devine mon idée ou qu’il lise mes intentions dans mes yeux. Il termina à l’eau pour mon grand plaisir ! Je m’installais tout de suite après sur le rebord de la piscine, bien contente de moi et le regardant s’approcher. Je ne regrettais pas du tout mon choix car je me rinçais l’œil sans me gêner le moins du monde… lui faisant même remarquer : « Parce que tu t’es gêné toi, cet après-midi ?! » Puis, je ne pus m’empêcher de rire sincèrement lorsqu’il me fit croire (comme si j’y croyais) qu’il n’avait rien imaginé avec la lettre S. Je l’écoutais ensuite attentivement, curieuse de savoir quel serait son propre S. Sans surprise…j’étais destinée à finir à l’eau à mon tour et je ne résistais même pas, me retrouvant à mon tour à l’eau par Soutien, comme il disait… Je ne commentais pas, plutôt contente de finir à l’eau … L’eau était super bonne et nous avions la piscine pour nous. Un vrai bonheur ! J’avais l’impression d’être assez éloignée de la réalité et c’était exactement ce que j’imaginais pour des vacances… ne plus se préoccuper de l’heure qu’il est, ne plus penser aux choses désagréable… M’avançant un peu dans l’eau, désormais trempée des pieds aux épaules, je captais son regard pour lui dire : « S comme Surveiller ses arrières, rien ne dit que j’ai fini de me venger pour ce que tu viens de me faire au balcon » Je le fixais toujours du regard, tentant d’être parfaitement sérieuse, mais il en rirait très certainement. D’ailleurs, j’avais du mal à y croire moi-même et j’ajoutais, parlant désormais à mi-voix : « Ou S comme Succomber au charme de son attaquant…. C’est ce qui va t’arriver, je te conseille de faire attention. » Je lui adressais un petit sourire rempli de provocation tout en avançant un peu dans la piscine. Ou alors, c'est l'attaquant qui succombe au charme de sa victime ? Nan nan... Je continuais d'avancer pour aller à l'autre bout du bassin, ne manquant pas de lui dire au passage : « J'vais pas pouvoir gagner la course de traversée du bassin à laquelle je vais te défier dans quelques instants si je n'enlève pas quelques vêtements....tu vois ? » Je me retournais vers lui, haussant les épaules d'un air innocent. La finalité était uniquement celle de la victoire et du ralentissement causé par le poids des vêtements en trop....rien d'autre....