Destination Disney-Land !

Les examens se dérouleraient d’ici moins d’une semaine et pourtant, cela ne m’avait pas empêchée de vouloir en profiter pour sortir un peu du château. A force de trop réviser, mes neurones commençaient à saturer et je devais bien avouer que je regrettais l’air frais des extérieurs. Heureusement qu’une consolation allait me permettre de retrouver le sourire pour toute une journée. J’avais patiemment attendu ce jour-là où je pourrais me divertir auprès d’un ami qui comptait beaucoup pour moi. Positionnée dans les rangs de ceux qui attendaient les professeurs accompagnateurs, j’échangeais quelques mots rapides avec mes camarades. Nous parlions vite fait des BUSEs et avant tout de ce que l’on ferait de nos vacances d’été. Lorsque nous pûmes enfin quitter l’enceinte du château, l’excitation monta en moi aussi vite qu’une flèche de Cupidon atteignant sa cible. Durant tout le trajet, j’essayais de cacher cette impatience grandissante avec bien des difficultés. Je me remémorais souvent de la lettre de mon cher Andrew ; il m’avait dit qu’il m’emmènerait dans un endroit qui me plairait beaucoup mais il n’avait pas jugé utile de me donner plus de détails. En tout cas, ce n’était pas à Pré-Au-Lard que je m’éclaterais, aujourd’hui. C’était amusant et effrayant de se dire que j’allais enfreindre grandement le règlement de l’école et que si je me faisais voir, je risquais gros. Cela ne me faisait pas peur, cependant. J’avais appris à me montrer forte et être suffisamment en confiance pour croire que j’allais bien m’en tirer ; je remerciais le travail de James sur moi de ce côté-là.
En tout cas, dès que nous pûmes apercevoir les premières chaumières du village, mon cœur s’emballa. Mon rythme cardiaque traduisait une énorme joie à l’idée de revoir mon tendre prince qui me manquait depuis un bail et cette exaltation quant à la visite d’un lieu que je ne connaissais pas et qui était censé être marrant.
Normalement, le rendez-vous aurait lieu dans une dizaine de minutes. J’avais le temps de visiter un ou deux magasins en compagnie de quelques-amis. Néanmoins, je ne comptais rien dépenser là-bas : je gardais mes Gallions pour cette journée avec Andy. J’avais apporté tout ce qu’il m’avait dit de prendre comme une bourse d’argent et des lunettes. Malheureusement, je serai sûrement contrainte de passer dans une banque sorcière pour convertir tout cela en argent moldu. J’avais oublié d’en parler à mon ami, avant de venir ici ! Passer autant de temps à Poudlard me faisait négliger certaines formalités aussi évidentes que celle-là.
Ma visite à Honeydukes se passa dans le plus grand des calmes. Mes amis me payèrent une baguette à la réglisse, ainsi qu’une grosse sucette qui changeait de goût toutes les minutes : je pouvais avoir de la fraise, de la pomme, du cassis, de la framboise, etc. C’était assez fun comme invention ! En sortant d’une nouvelle autre boutique qui venait juste d’ouvrir, je dus prétexter quelque chose pour pouvoir me libérer de ce groupe. L’excuse était assez nulle, mais ils ne cherchèrent pas à comprendre davantage. Je veillai à ce que personne ne me suive ou ne me surveille du regard. Par précaution, je fis un bref détour le long des Trois Balais, avant de me rendre au Salon de Thé assez réputé pour les rancards lors de la Saint Valentin. J’avais donné rendez-vous à Andy devant cet établissement. J’espérais ne pas être en retard de quelques minutes, alors que j’avais fait gaffe à ne pas trop traîner dans Honeydukes. Par chance, il n’était pas encore arrivé. J’eus donc la fierté de pouvoir me dire que j’étais arrivée avant lui. Juste pour rire, je lui ferai la remarque en lui faisant croire que je poireautais depuis des heures à l’attendre ! Je prendrai un air sérieux pour que la plaisanterie soit plus crédible. Pour bien commencer la blague, il m’était nécessaire de tirer la tronche et de croiser les bras. C’est ce que je fis, en observant les alentours à la recherche de l’étudiant.

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Je n’eus pas à attendre trop longtemps, cinq minutes au maximum. Je savais que la ponctualité était loin d’être une qualité de Andrew mais il serait tout de même drôle de feindre la colère. Je ne l’aperçus pas de suite, d’ailleurs. Ce fut lui qui me fit la surprise de son apparition en m’adressant la parole. Ne m’y attendant pas, je sursautai avant de retrouver mon faux air boudeur. Toutefois, il m’était difficile de le faire puisque j’étais tellement ravie de le revoir. Il avait un peu changé par rapport à mes souvenirs ; certainement qu’il prenait encore plus de maturité et qu’il devenait de plus en plus beau. J’aurais sûrement bavé devant lui avec quelques années en moins mais aujourd’hui, je ne le voyais plus que comme un ami ‒ et mon cœur battait déjà pour un autre garçon. Il usa de son ton de plaisanterie pour introduire son entrée, me disant qu’il n’était pas prudent de s’aventurer seule ici. Ce, à quoi, je répondis sur un air crâneur :
« Tss. Si monsieur était moins en retard, les chances qu’il m’arrive un sale truc seraient bien basses. »
C’était une super manière de le saluer. Mais cela ne dura pas bien longtemps. Je finis par réagir à son sourire, à ce clin d’œil si complice qu’il me réservait ! Mes traits se détendirent et je mis fin à la blague plus rapidement que prévu. C’était mon grand frère de cœur, je ne pouvais pas jouer les méchantes bien longtemps. Telle une gamine, je finis par lui rendre son sourire avant de me ruer sur lui pour le serrer fort dans mes bras. C’était quelque chose que je ne faisais même pas à mes frères biologiques parce que j’étais bien trop fière pour montrer mon affection envers eux. Cependant, ce n’était pas la même chose avec une personne qui n’avait pas vécu dans le même toit que moi durant toute mon enfance. Je ne saurai guère l’expliquer, mais je parvenais mieux à évacuer ma sensibilité avec Andrew.
« T’imagines pas à quel point je suis heureuse de te revoir ! J’espère qu’on va bien s’éclater. D’ailleurs, tu m’emmènes où ? C’est loin ? Pourquoi tu m’as dit de prendre des lunettes de soleil ? Il y a des magasins ? »
J’avais l’impression d’être une grande Joanne en puissance, à poser toutes ces questions. La Gryffondor en épuisait plus d’un, chaque jour, à interroger les gens sur tout ce qui l’entourait. C’était une grande curieuse très bavarde, sûrement plus que moi. J’aimais beaucoup sa compagnie, mais je devais bien avouer que cela ne m’aidait pas à devenir une fille patiente et calme. Il fallait même croire qu’elle déteignait sur moi. En même temps il fallait bien me comprendre : Andrew avait tenu à faire durer le suspense jusqu’au bout ! Le harceler de hiboux n’avait servi à rien. Je ne le lâchai pas du regard, bien déterminée à obtenir la réponse à mes questions. Je voulais à tout prix le savoir car je savais que cela allait me plaire. Le relâchant de mon étreinte, je ne pus cacher l’excitation grandissante de partir sur des terres inconnues : mon sourire ne se dissipa pas et j’étais là, comme un tigre qui observait sa proie. Je savais qu’il allait m’épater. Il le faisait toujours. Cela allait nous permettre de rattraper tout ce temps perdu depuis qu’il était entré à l’Université des Sorciers de Londres. Il m’avait tant manqué, tout comme Taylor et Aiyana ‒ celle-ci était repartie en Amérique pour changer de voie. Quoi qu’il en soit, cela m’arrangeait bien de ne pas rester à Pré-Au-Lard ; je connaissais les lieux par cœur et à part quelques bars, il n’y avait rien de bien distrayant par rapport à d’habitude.

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Andy était également ravi de me revoir et c’était vraiment agréable de l’entendre dire. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas posé sa main sur l’une de mes joues, parfois en me les tirant comme si je n’étais qu’une enfant. Avec lui, j’avais toujours été la petite Phoebe à protéger ‒ une petite sœur en somme ‒ et j’avais souvent l’impression que je le resterai pour bien longtemps. Je me demandais s’il me voyait parfois grandir, durant ces moments où l’on se retrouvait. Parfois, je voyais mes deux grands frères biologiques quand je le regardais. Mais à la différence d’Andy, ils étaient moins démonstratifs et passaient leur temps à me charrier, moi et ma petite frangine Morwen, plutôt qu’à me faire des câlins ou autres. J’avais donc beaucoup plus de facilités à confier mes problèmes à Andy. Je lui souris, attendant qu’il réponde à mes questions, après qu’il m’ait délicatement embrassé la joue. Cependant, il préféré sans doute me faire languir encore et encore, me proposant simplement de lui donner ma main. C’est ce que je fis sans plus attendre, prenant mon mal en patience.
On allait transplaner ! J’avais déjà vécu cette expérience durant les vacances de Noël pour aller chez Alycia Underwood, et elle s’était avérée être assez désagréable. Pas que ma tante Clydwen ne soit pas douée, loin de là. Elle était une grande sorcière, en plus d’être une Potionniste de talent. Seulement, étant mineure, j’avais été assez déstabilisée et pas mal bousculée. Je n’étais pas pressée de recommencer mais il s’agissait du moyen le plus rapide pour se rendre ailleurs. Je fermai les yeux, appréhendant déjà le sentiment de tournis que cela pouvait engendrer. Et dans un ploc sonore, les chaumières de Pré-au-Lard se mirent à disparaître, ne me laissant voir que le bleu de la voûte céleste. En tout cas, le voyage dura bien plus longtemps que prévu. Je me demandais vraiment où on allait aller, dans l’Ecosse. Cela continuait de tourner et de tourner… Jusqu’à me donner l’envie de gerber. Oh mon dieu, il fallait que je me retienne à tout prix ! En matière de glamour, il y’avait bien mieux ! Lorsque nous pûmes de nouveau poser le pied au sol, je me pliai légèrement en deux, me remettant de mes émotions. Andy en profita pour mettre ses mains sur mes yeux, avant que je ne me redresse. Pouaah… Horrible. Il me demanda si j’allais bien.
« Euh, j’ai une envie de vomir, oui, mais ça va passer. » Dis-je en tentant de me rassurer.
Néanmoins, la suite de ses paroles parvint nettement à me faire oublier ce mal de transport. Avais-je bien entendu ? Nooon… Ce n’était pas possible. Il n’avait pas osé aller aussi loin ? Disney Land Paris ? Paris ?! La capitale de la France ? Mais oui, il avait bien dit ça ! Mes yeux s’écarquillèrent en une expression de surprise, comme si j’avais devant moi un énorme dragon et une licorne se baladant devant moi. Ca alors… Paris… Mais c’est trop génial ! Je n’y étais encore jamais allée, même en vacances. Je n’arrivais pas à le croire et pourtant, les décors autour de moi ne pouvaient que confirmer le lieu dans lequel nous nous trouvions. Il y avait deux châteaux au loin, l’un à l’opposé de notre position et un autre, plus petit, qui marquait l’entrée de la zone avec l’écriteau « Disneyland park ». Je ne connaissais pas le mot « Disney » mais j’imaginais que cela avait une connotation positive. Il y avait pas mal d’enfants et de parents qui s’y rendaient. Nous les observions discrètement, à l’abri dans un coin isolé. J’en étais encore bouche bée et je ne savais pas quoi dire… la verdure, ces jardins bien entretenus, ce monde et ces décors roses… c’était magnifique !
« Wouah… Je pensais pas que tu m’emmènerais si loin, c’est impressionnant. Les autres élèves de Poudlard manquent un sacré truc ! Et il y a plein de moldus… J’en conclus donc que ce n’est pas quelque chose pour les sorciers ? C’est quoi au juste, ce parc ? On y fait quoi ? »

Je serrais la lanière de mon sac ; à l’intérieur, j’avais de l’argent et je me demandais bien comment il fallait le dépenser dans un tel lieu. Beaucoup de questions émergeaient de mon esprit et j’espérais qu’Andy ait la réponse à tout.

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Comme je m’y étais assez attendue, mon ami préféra me laisser dans le flou. Il me savait pourtant impatiente, mais j’imaginais que cela le faisait marrer que de me laisser me languir autant. En tout cas, il avait ce don pour bien amorcer les choses et au terme de « aventures », des tas d’images vinrent me divertir l’esprit. Allait-on partir en promenade dans une forêt pour aller chasser des bêtes sauvages ? Allait-on escalader des grands murs et nager dans l’eau ? C’étaient des choses que l’on ne pouvait pas faire à Poudlard, à moins de se rendre dans la Forêt Interdite. Et encore, l’idée de chasser une Acromentule me repousserait pas mal.
Je continuais d’observer les alentours, captant quelques fois des phrases que je ne comprenais pas. A part l’anglais et le gallois, je ne parlais aucune autre langue, alors le français, cela me dépassait totalement ! Je me demandais si Andy la connaissait, lui. Le contraire m’aurait étonné, lui qui était un génie ayant obtenu ses BUSEs et ses ASPICs sans ouvrir un seul livre ! J’étais certaine qu’il devait savoir parler plein de langues.
Quoi qu’il en soit, j’étais un peu gênée qu’il veuille régler l’entrée du parc à ma place. Mais je ne dis rien, consciente que cela lui faisait sûrement plaisir. J’espérais que ce n’était pas trop cher.
« C’est gentil de ta part, j’ai hâte de découvrir tout ça avec toi ! D’ailleurs, faudra que tu m’apprennes un peu le français. »
Je le suivis, restant derrière lui comme si je le laissais tâter le terrain en premier. Je ne sus dire si j’étais à l’aise ou pas, mais tant qu’il y avait Andrew, je me sentais vraiment épanouie. Je lui en étais si reconnaissante d’avoir pensé à moi pour m’emmener dans Paris. Nous avancions vers ce qu’il semblait être un stand qui faisait office de guichet. Il s’agissait sûrement de l’endroit où nous allions acheter des places pour pénétrer dans le parc. Je me souvenais que le seul parc d’attraction que j’avais était celui de Cardiff, en compagnie d’Aurora Baxter. C’était sûrement la même chose ici, non ? En tout cas, je cherchais à comprendre combien valait « 84 euros » en argent sorcier. Je me demandais si c’était énorme ou non… Mais si cela avait été 84 gallions, j’aurais halluciné ! C’était une très forte somme ! Néanmoins, je restai silencieuse. Cela n’avait pas l’air d’embêter Andy, alors j’en conclus que ce n’était pas un prix aussi exorbitant qu’on ne pourrait le penser.
Entendant mon ami rire, je mis rapidement fin à ces pensées. Je lui rendis son sourire avant d’écouter ses instructions concernant le billet. J’acquiesçai, répondant d’un « Okay » enthousiaste, avant d’attendre patiemment dans la file également. Il y avait un monde énorme ! Je n’arrêtais pas d’observer tout autour de moi, jetant un coup d’œil aux gens. Heureusement que je n’étais pas vêtue de ma robe de sorcière, sinon, on m’aurait regardé de travers.
Dix minutes plus tard, nous atteignîmes enfin la hauteur d’un homme qui vérifiait les entrées. Pas mal de procédures de sécurité avaient lieu et on fouilla notamment mon sac. Mis à part quelques friandises de chez Honeydukes, mes lunettes de soleil et ma bourse d’argent, il n’y avait rien d’autre. Il me laissa donc rejoindre Andy après m’avoir souhaité une bonne journée. Ce dernier ouvrit les bras en direction du parc, s’exclamant en se demandant par où commencer. A vrai dire, je n’en savais rien. Je ne connaissais pas le lieu et cela m’avait l’air gigantesque ! Tandis que nous marchions parmi de nombreux stands de boutiques et d’attractions géniales, j’en profitai pour me procurer un plan. Cela allait sans douter nous aider et par chance, les français avaient traduit le fameux plan en anglais. Je le rangeai bien vite lorsque je constatai qu’Andy avait trouvé une destination.
« Waaah ! » M’émerveillai-je lorsqu’il me pointa du doigt des montagnes russes. Je le suivis à toute vitesse, prenant garde à ne pas me perdre au beau milieu de ces milliers de personnes. Ce n’était parfois pas simple de devoir se faufiler sans bousculer les autres. Heureusement, cette attraction ne comptait pas une foule bien énorme, ce qui nous permettrait de pouvoir bien vite nous amuser. Sur une pancarte, je pus lire « Indiana Jones et le temple du péril ». Je ne savais pas ce que c’était…
« C’est qui Indiana Jones ? Demandai-je en arquant d’un sourcil. Oh, c’est notre tour ! Vite, dépêche Andy ! »
J’étais excitée comme une puce. Je pouvais voir les têtes joyeuses des enfants et des parents qui ressortaient des wagons pour nous laisser la place. Je n’en pouvais plus d’attendre, c’était dingue. J’avais l’impression d’avoir huit ans et de retrouver la magie de mon enfance. Je me demandais si Andy le ressentait aussi de cette manière. Vite, je n’attendis pas plus longtemps pour prendre place sur le siège, positionnée à côté de mon aîné. Un employé se chargea de vérifier que la sécurité nous empêcherait tout risque ou danger, avant de s’écarter du bord.
« J’espère que ça ne fait pas trop peur… »

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Ca y’est, nous y étions ! J’avais du mal à tenir en place et j’observais tout autour de moi les personnes qui attendaient leur tour ou qui étaient dans les wagon arrière et avant. Je me demandais si le pire n’était pas d’être les premiers, là où on avait une vue complète sur le vide. En tout cas, j’étais prête pour affronter Indiana Jones, la ville en Amérique ! C’était ainsi qu’Andy l’avait défini et j’étais certaine qu’il avait raison. Les décors ressemblaient à ceux des westerns, ou du moins, de ce que je connaissais de cette culture de cow-boys. Je trouvais cela beau et vachement immersif. Mon ami ajouta d’ailleurs que ce n’était pas censé faire peur. Bien, on commencerait donc par quelque chose de léger comme montagne russe. Je ne me souvenais plus exactement de la sensation que cela faisait, puisque ma dernière visite dans un parc tel que celui-là remontait à bien longtemps. De plus, comme j’étais jeune à cette époque, on ne m’avait pas permise d’aller n’importe où.
Les wagons commencèrent à avancer lentement. Nous quittâmes le lieu de départ, nous engouffrons sur les rails qui montaient et montaient vers le haut. Je me demandais s’il était normal que la vitesse soit si faible. Je jetai un regard dubitatif à mon aîné, mais je constatai bien vite qu’il n’était pas surpris. C’était peut-être que le début…
Au moment où l’on franchit le pic du sommet, Andy m’interpella pour me montrer quelque chose. Malheureusement, je n’eus à peine le temps de l’entendre que nous fendîmes l’air et que quelque chose fit tambouriner mon cœur ! Mes nerfs furent en alerte face à cette chute bien trop soudaine et brutale :
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » Hurlai-je, les yeux écarquillés et les mains crispés sur mon siège.
Je voyais le décor défiler à toute allure sous mes yeux et j’entendis même des gens crier aussi fortement que moi. La descente faisait voleter mes cheveux et ce vent me fouettait le visage. Ce n’était pas désagréable mais j’avais été prise au dépourvu au moment où je ne m’y étais pas attendue. J’avais eu peur et en même temps, progressivement, l’excitation était revenue. La première chute avait été géniale, c’était vraiment bien comme attraction ! Je repris mon sourire, ne pouvant m’empêcher d’éclater de rire. Je ne savais pas si c’était nerveux ou pas, mais j’avais eu l’envie de le faire. Je regardais Andy s’accrocher à la barre de métal devant lui, alors que je me remettais encore de mes émotions. Les constructeurs de ce truc ne nous témoignaient d’aucune pitié ! Cela ne m’étonnait pas que ce divertissement soit interdit aux enfants !
La vitesse de notre petit train se calma un peu, ce qui permit aux derniers cris de se taire. Nous montions une nouvelle pente et pendant que j’essayais de me préparer à la prochaine chute, j’observais le ciel ainsi que le restant du parc que l’on pouvait voir à travers une superbe vue. Non loin de là, une espèce de forêt s’étendait avec pleins de gens qui semblaient occupés à des activités assez spéciales. Je me demandais bien de quoi il pouvait bien s’agir.
« Andy, c’est quoi là… Andy ?! Mais pourquoi tu fermes les yeux ? » Demandai-je en me tournant vers lui.
C’était dommage de ne pas vouloir profiter de cette jolie vue. J’espérais qu’il ne faisait pas cela par simple peur. Non, je ne pouvais pas croire que mon prince flippait pour ce genre de trucs ! Je pouffai de rire ; cet instant serait gravé dans ma mémoire. Les premières secondes où je pus voir les premiers wagons chuter me rappelèrent à l’ordre. Je ne pus réprimer un nouvel hurlement perçant, n’étant toujours pas habituée à ces lourdes descentes.
Cette sensation était grisante. J’en frissonnais grandement et j’avais l’impression que le vent me dominait. C’était comme au Quidditch quand on se mettait à piquer avec son balai. Mais cette fois-ci, je ne contrôlais rien et c’était cela qui me faisait crier. Mon pauvre Andy semblait ne pas s’en remettre non plus. Sauf que lui, il le faisait d’une manière un peu plus grossière.
Je me cramponnais à mon tour à cette fameuse barre de fer qui était notre armure salvatrice. Est-ce que des gens avaient déjà été projetés hors de leur siège durant le manège ? Non. Non, ne pas y penser ! Surtout pas Phoebe !
Alors que le rythme redevint un peu plus calme, je sentis une larme couler sous mon œil droit. Trop d’émotions positives m’avaient fait pleurer de joie sans même que je ne m’en rende compte. En tout cas, nous n’en étions pas encore à la fin. Un looping final nous attendait ! Je pouvais le voir au loin et cela avait l’air d’envoyer du lourd.
« Euh... Y a le pire qui nous attend… AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »
J’en avais la tête retournée. Nous avions eu la tête à l’envers avant de rechuter à toute allure comme toute à l’heure. Un peu hébétée, je venais de tirer une sale tronche devant une saleté de flash qui m’illumina le visage. C’était quoi cela ? On aurait dit un appareil photo ? Qu’est-ce que cela fichait là ce truc ? On ne pouvait tout de même pas nous photographier durant un tel moment ? Il y avait sûrement une autre explication, le contraire ne pouvant guère être envisageable.
Quelques instants plus tard, le petit train finit par ralentir avant de revenir à l’endroit où nous étions lorsque nous nous étions assis sur nos sièges. Toutefois, nous devions ressortir de l’autre côté. Pour ma part, je pris un peu le temps de me calmer avant d’en sortir.
« Pffiouu… Assez éprouvant quand on n’a jamais testé ça, je dois dire. Mais c’était génial ! J’espère qu’on va pouvoir en refaire, hein ? » M’empressai-je de lui demander, le sourire aux lèvres.
Je me relevai doucement, attendant que mon acolyte ne quitte sa place pour le suivre. Une mère et ses enfants s'empressèrent ensuite de prendre notre wagon. J'avais encore un peu la tête qui tournait mais j'étais sûre que cela allait finir par passer.

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Finalement, même Andy avait pris goût à ce manège. La peur avait laissé place à l’amusement et je l’avais entendu rire lors du dernier looping. Au moins, cela prouvait que mon prince était courageux, prêt à relever des défis sans se laisser avoir par la trouille ! Son sourire en fit naître un nouveau sur mon visage, tandis qu’il semblait d’accord pour recommencer cette attraction une prochaine fois. Il fallait maintenant choisir autre chose qui serait tout aussi drôle et intéressant à essayer. J’acquiesçai de bonne humeur, déterminée à découvrir tous les secrets de DisneyLand. Nous nous étirâmes un peu, reprenant nos esprits peu à peu, avant d’emprunter la sortie d’Indiana Jones. Je jetai un bref regard aux prochains enfants et adolescents qui allaient connaître le même plaisir que celui que je venais de vivre. Puis, je sortis le plan du parc de mon sac avant de le déplier. Je ne m’étais pas encore habituée à tout schéma compliqué, mais j’essayais de bien m’y repérer. Donc, nous étions au nord-ouest… il y avait pas mal de trucs à côté, mais je ne savais pas vraiment ce que c’était. Je relevai vite fait les yeux vers Andy et le suivis dans les escaliers qui permettaient de quitter notre manège. Il y avait moins de personnes aux environs puisque nous avions quitté les espaces étroits. C’était bon de pouvoir souffler un peu et de laisser la brise nous rafraichir. Pour couronner le tout, Andy me laissa même le choix de la prochaine attraction et ce fut donc avec hâte que j’ouvris de nouveau le plan.
« Okay, alors mmh… Il y a trop de trucs, c’est dur de choisir mais je suppose qu’on ne va pas se diriger vers l’Est maintenant… Euh, il y a l’air d’avoir de l’eau pas trop loin mais… euh…Oooooh ! » M’exclamai-je.
Je jetai un coup d’œil soudain à mon ami, comme si j’étais frappée par une illumination. Je savais exactement où nous allions aller, maintenant. La simple lecture de la description de cette attraction venait de faire apparaître un sourire sadique et carnassier sur mes lèvres. Je ne dis rien, laissant Andy dans le doute durant plusieurs secondes. Ce serait certainement drôle. Très drôle.
« Suis-moi, mon cher prince. Je sais où je vais t’emmener. »
J’avais dit cela sur un ton mystérieux et malicieux à la fois. Il ne savait pas ce qu’il l’attendrait, le pauvre. Vu la puissance de son cri dans les montagnes russes, j’étais quasiment sûre que cette fois-ci, il frôlerait sûrement la crise cardiaque. Je pourrai ainsi bien me marrer. Ce n’était pas méchant, évidemment. C’était juste pour rire et parce que j’adorais partager ce genre de moments avec lui. C’était mon Andrew, c’est tout. D’ailleurs, je défendais n’importe quelle fille de trop s’en approcher. Il était un peu trop beau gosse aujourd’hui et il me semblait déjà avoir aperçu quelques yeux féminins bizarrement atteints d’un strabisme quand ils passaient à côté de l’étudiant. J’avais foudroyé du regard une jeune blondine un peu trop intéressée. Saisissant la main de mon prince, je l’entraînais avec moi dans ma course. Vite, vite, il n’y avait pas un instant à perdre. J’avais trop hâte de l’embarquer dans cette nouvelle aventure ! Prenant garde à ne bousculer personne, je zigzaguais entre ces milliers de personnes avec une vivacité étonnante. J’aurais sans doute dû choisir un manège à proximité de celui que l’on venait de finir, mais celui que j’avais choisi était tellement tentant. Nous nous dirigions donc vers le sud-ouest. Lorsque je daignais enfin à m’arrêter, nous étions situés devant une énorme bâtisse à l'aspect ancien et lugubre. De nuit, cela devait faire encore plus flipper ! J'ignorais si j'aurais eu le courage d'y entrer à minuit.
Je lâchai la main de mon acolyte, avant de sortir avec toute mon espièglerie :
« Bienvenue dans le manoir hanté, brave sorcier. »
Riant aux éclats, je m’avançai dans la file qui, heureusement, n’était pas si remplie que cela.

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Andrew avait l’air de bien aimer les maisons hantées et ça tombait bien, car moi aussi. Je trouvais que cela procurait des sensations autres que les montagnes russes. Cela changeait. C’était encore plus excitant, inattendu et cela faisait battre mille fois plus notre cœur pour la simple raison que tout était justement inopiné. L’ambiance sinistre faisait souvent penser à la Forêt Interdite même si les dangers n’étaient pas présents. Mais cela ne m’empêchait jamais de hurler quand une main décomposée se posait doucement sur mon épaule. Avec sourire, j’écoutai mon ami me dire que ce n’était pas la première fois qu’il se rendait dans ce type de lieu. Il avait déjà eu l’occasion d’y aller plusieurs fois avec Avril. Je connaissais cette fille de vue parce qu’elle était anciennement assistante de bibliothèque, il y a plus d’un an. Elle avait aidé Abygail à monter son fameux club de lecture, cependant, je ne lui avais jamais vraiment trop parlé. C’était dommage, moi qui aimais tant les livres. Enfin, on ne pouvait pas connaître tout le monde dans ce château et de toute manière, je n’avais jamais cherché à me faire remarquer à gauche et à droite. Mon but était de faire un maximum de rencontres, certes, mais je me doutais bien qu’il était impossible de se lier d’amitié avec toutes les têtes que l’on pouvait apercevoir dans les couloirs.

Sur ces dernières idées, je patientai sagement dans la file qui n’était constituée que de cinq personnes. Cela tombait bien car je n’aimais pas vraiment attendre pour une attraction qui en jetait pas mal. Un employé nous fit savoir que nous ne pouvions y aller que par deux, ce qui nous arrangeait davantage. J’étais certaine que cela le ferait flipper, mon pauvre Andy. J’étais excitée rien qu’en l’imaginant tirer une grimace effrayée. Après tout, mon grand frère de cœur m’inspirait tout ce qu’il y avait de plus fort et courageux, donc il était normal de vouloir le voir sous un autre jour, ne serait-ce que pour quelques minutes. Evidemment, il fallait que je dissimule ma joie, sinon il se mettrait à me soupçonner. Lorsque l’employé nous souhaita la bienvenue d’une manière lugubre, je ne pus néanmoins pas réprimer un petit rire nerveux. H ben, il était joyeux celui-là. Il y avait quoi de faire fuir des pauvres enfants. Reprenant mon calme, je répondis à Andy sur le même ton ironique :
« Moi aussi. A côté de ça, la Forêt Interdite, c’est du pipi de chat. »
Sur ce, je le suivi. La douce brise des extérieurs laissa place à la froideur de la fameuse maison hantée. Le ciel coloré ainsi que son soleil joyeux avaient désormais disparu. Nous étions au cœur d’une atmosphère sombre et peu rassurante. Le décor de cette attraction était en tout point réussi, dans le but de susciter des frissons et de l’angoisse. Chez les petits notamment, cela marchait à merveille. Je pouvais déjà entendre au loin des cris de frayeur qui raisonnaient entre les murs. Sourire aux lèvres, ma plaisanterie se construisait peu à peu. Quand le silence revint, nous commençâmes à faire quelques pas hésitants en avant. Moi-même je n’étais pas en confiance. Mais je le cachais du mieux que je le pouvais. Il m’arrivait néanmoins de sursauter à l’entente de nouveaux hurlements effroyables. Très franchement, je n’avais pas envie de prendre une chambre ici. Nous parcourûmes quelques mètres lorsque, du coin de l’œil, j’aperçus un étroit passage camouflé par quelques fausses toiles d’araignées. Je décidai de m’y hisser en profitant du regard absent de mon ami. Il était bien trop occupé à regarder devant lui, cherchant la prochaine horreur qui viendrait le surprendre. Je m’accroupis dans le silence et, accompagnée d’un sourire carnassier, j’attendis qu’il s’avance encore. Puis, je criai :
« AUUU SECOUUURS ANDY ! C’est un piège ! Retourne en arrière ! VIIIITE ! Il y a des mangem… AAAARGGH… J’AI MAAAAAL ! ARRÊTEZ ! Je vous en prie… »
Ma comédie marchait à merveille et à vrai dire, je me faisais peur à moi-même. Cette voix en détresse que je prenais me semblait parfaitement crédible. Peut-être que j’en avais trop fait, mais j’avais tellement voulu rendre la blague réaliste…
Et pendant ce temps-là, des faux fantômes sortaient de leur cachette en direction d’Andy. Le pauvre. J’ignorais comment les moldus faisaient pour rendre les effets aussi convaincants. A sa place, j’aurais hurlé de peur. C’était d’ailleurs sans compter les mygales velues ‒ sûrement factices également ‒ qui tombaient sur les épaules du jeune homme. A ce moment-là, je finis par sortir de ma cachette, en fonçant droit vers lui comme une demeurée. Il me tournait le dos et au moment propice, je lui sautai dessus en dégageant les fausses mygales :
« BWAAAAAAAAAH ! » tonnai-je en prenant une voix grave.
Je ne lâchai pas prise, mes mains se renfermant autour de ses épaules. Mon dieu que c’était drôle ! Il devait avoir la peur de sa vie !

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Je pouvais entendre Andrew crier mon prénom avec effroi et panique. C’était franchement drôle sur le coup, avec cette ambiance glauque que les moldus avaient mis en place. Je ne mesurais pas encore les conséquences de mes actes, jouant sur l’immaturité pour me prendre un fou rire. Ce n’était qu’une blague, il n’allait pas en mourir, voyons ! Il fallait apprendre à ne pas faire preuve de trop de retenue, parfois. Mais je pouvais comprendre qu’il puisse ne pas apprécier la plaisanterie, d’un autre côté. Croire que quelque chose de grave arrive à une personne chère, cela pouvait bien vite énerver. En tout cas, je ne parvenais vraiment pas à m’arrêter de rire après lui avoir sauté au dos. Sa frousse me restait en mémoire et lorsqu’il avait gigoté pour se débarrasser de moi, j’avais dû me tenir à un décor pour ne pas retrouver par terre.
« Ahahaha ! » Fis-je de bon cœur, même en étant visée par sa baguette.
Je me tenais les cotes tellement je n’en pouvais plus. Il faudrait que je raconte cela à James ; je suis certaine qu’il dirait que je suis une championne !
« Andy, c’était pour rire, tu sais. » Dis-je en prenant une voix douce pour mieux l’amadouer. Je ne voulais pas le blesser, juste m’amuser. Une maison hantée, c’était une perche tendue pour ce genre de blagues, tout de même. Malheureusement, il ne semblait vraiment pas le prendre comme ça. A la place, il disait que j’étais complètement folle et idiote parce qu’il m’avait cru morte. Sérieusement, j’avais si bien joué la comédie ? J’eus un bref sourire pendant un instant avant de me rappeler de la réalité des choses. Non, je ne voulais pas qu’Andrew me fasse la tronche. La journée ne faisait que commencer. Au même moment, un squelette nous tomba dessus et je sursautai légèrement. Cela n’amusa hélas pas mon ami qui paraissait observer l’homme avec une cruelle indifférence et une colère clairement perceptible dans ses gestes brusques. Je ne l’avais jamais vu aussi agacé et surtout, inquiet. Il n’y avait pas de mangemorts, il pouvait se détendre… Je ne comprenais pas trop.
J’essayais tant bien que mal de le rattraper, mais il me tournait le dos, sans doute résigné à ne plus m’adresser la parole. Je le suivis en pressant mes pas, ne faisant même plus trop attention au décor qui souhaitait m’effrayer. Rien ne me faisait plus peur que de m’embrouiller avec une personne que j’adorais, parce que je craignais de perdre sa confiance. Si ça se trouve, je venais de la perdre… à mon plus grand désarroi. Rapidement, mon sourire finit par laisser place à de la culpabilité. Je ne pensais pas qu’il l’aurait pris comme ça, vraiment… Je n’avais pas raisonné à sa manière.
« Andy, je te jure que je ne voulais pas t’énerver ! C’était de l’humour. Ne me fais pas la gueule pour ça... » Lui dis-je en lui attrapant le bras pour qu’il daigne à m’affronter du regard.
Il fallait à tout prix qu’il me croit. J’étais prête à ne plus recommencer et à me tenir sagement en place jusqu’à la fin de cette journée. Je m’immobilisai à ma place, attendant une réponse. D’autres cris déchirants se firent entendre dans l’attraction mais cela ne m’affecta pas. Je parvins même à me dégager promptement de l'étreinte d'une momie un peu trop enthousiaste à l'idée de me coller une peur bleue.

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« Tu me fais ça encore une fois et je te promets que tu ne me verras plus avant un moment » Andy paraissait si sévère et énervé en prononçant ces paroles. Cela me brusqua un peu et je me tus durant les premières secondes qui suivirent sa réponse. Je venais de le décevoir alors que cela n’en avait pas été mon but. J’aurais indubitablement dû y réfléchir à deux fois avant de lui faire subir cette plaisanterie. Maintenant que j’y pensais, elle était vraiment douteuse. Il m’adorait tout comme moi et j’avais poussé le jeu un peu trop loin en simulant une attaque de mangemorts. Je ne pensais pas qu’il l’aurait pris autant au sérieux comme s’il s’agissait d’une vraie attaque.
« Désolée. » Répondis-je en ne sachant pas quoi rajouter après pour l’adoucir.
Je ne l’avais jamais vu comme ça. Et je refusais de ne plus le revoir pour un moment. J’étais prête à tout pour me racheter et lui faire oublier sa peur profonde me perdre. C’était tout de même adorable de sa part d’avoir eu peur qu’il m’arrive quelque chose. Ce simple fait me faisait plaisir même s’il était évident que j’étais fautive dans cette histoire. Je venais d’apprendre que l’on ne pouvait pas rire de tout et c’était une bonne leçon du jour. Tirant une mine coupable, je pus néanmoins me faire l’espoir d’une rédemption lorsqu’il ouvrit de nouveau la bouche en me proposant une glace si je parvenais à nous sortir de là. Dans ma tête, c’était la joie, l’illumination. Andrew avait enfin retrouvé un peu de sa bonne humeur et de son sourire. C’était si beau à voir. Je n’avais jamais autant apprécié un de ses sourires que maintenant, à la limite de ma crainte de l’avoir autant déçu. Je lui pris doucement le bras, désormais nourrie d’une détermination sans failles à aller au bout de mon nouvel objectif.
« Pas de problème, j’ai un excellent sens de l’orientation ! » M’empressai-je de répondre, lui rendant son sourire.
Ouf, je l’ai échappé belle. Plus jamais, je refais ça. L’entraînant avec moi dans notre marche, j’observais finement les alentours à la recherche du fameux chemin qui nous tirerait loin de cette chaleur étouffante et de cette ambiance glauque. Je pensais que les décors seraient vraiment flippants mais au final, ce n’était pas si satisfaisant. Lorsque l’on a passé cinq ans à côté de fantômes et de spectres dans son école, on est bien vite habitués au surnaturel ‒ sans oublier mes escapades dans la forêt interdite. Les moldus sursautaient un peu trop rapidement face à une simple apparition fausse. Je me demandais bien comment ils réagiraient si on les lâchait devant une horde de Peeves. Ce serait sûrement très drôle mais cela provoquerait une grande panique. Alors que j’y songeais tout en guidant mon ami, un cri strident vint faire vibrer brusquement mes tympans.
« Aaaah, par Merlin ! » M’exclamai-je en même temps que lui. Je lâchai son bras pour coller mes mains contre mes oreilles, étouffant un peu le son. C’était vachement pas sympathique de nous faire ce coup-là ! N’y avait-il aucune règle concernant l’audition des enfants, ici ? Vite, j’accélérai le pas après avoir repris le bras de mon aîné. « Je crois que c’est là-bas ! » Ajoutai-je en me mettant presque à courir. J’avais cru voir un groupe de moldus marcher, donc je supposai que c’était sûrement le bon chemin. Je traversai une énorme toile d’araignée artificielle, quelques sorcières costumées qui hurlaient comme des folles tout en faisant semblant de nous toucher et des espèces d’inferis qui marchaient comme des ivrognes en nous murmurant des mots étranges en français. Oui, pour un enfant de cinq ans, ça devait faire très peur. Mais là, j’avais plutôt hâte de manger une glace et de me faire pardonner, donc je n’avais pas de temps à perdre avec ces acteurs.
Nous mîmes environ dix minutes pour trouver la sortie. Je n’avais pas pensé que ce serait si labyrinthique comme endroit. Les moldus que j’avais suivis s’étaient perdus en chemin, alors je n’avais pas facilité notre sortie en décidant de me fier à eux. Et puis, il fallait avouer que l’endroit était super grand. Mais après dix minutes de stress, nous pûmes enfin souffler. Quelques gouttes de sueur perlaient mon visage et j’étais heureuse de regagner la brise et le soleil extérieurs. Je respirai l’air en pleins poumons, avant de me tourner vers un marchand de glace, de l’autre côté de la place. Il y avait déjà des enfants qui passaient leur commande et à en juger les affiches plaquées contre le stand, il y avait une multitude de variétés. Mon regard se posa de nouveau vers Andy.
« Je suis pardonnée, maintenant ? » Osai-je demander en mimant une voix toute mignonne.
Je ne lui avais pas encore lâché le bras, comme pour lui signifier que je resterai soft pour la journée et qu’il n’aurait rien à craindre de fâcheux de ma part.

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Andy respecta bien notre marché. Je devais donc supposée que j’étais pardonnée et que nous allions maintenant dévorer une bonne glace ensemble. J’étais pressée de me rafraîchir un peu après une marche de dix minutes dans cet endroit de l’horreur. Ce n’était pas que cela faisait vraiment peur mais c’était tellement enfermé comme lieu que l’on en arrivait vite à avoir des bouffées de chaleur. Nous nous avançâmes tranquillement vers le marchand de glace qui s’occupait de faire régler une mère et ses trois enfants. Je jetai un coup d’œil aux affiches qui montraient les différents sortes de parfum, un index sur la lèvre inférieure traduisant ma profonde réflexion.
J’aimais plusieurs fruits à la fois et je n’avais pas envie de chocolat, pour une fois. La fraise était trop banale, ainsi que la vanille. En revanche, le parfum fruit de la passion m’intéressa fortement… jusqu’à ce que mon œil de lynx ne s’attarde sur le dernier goût proposé.

Je souris à mon ami et me tournai vers le marchand, une fois que la mère et ses mômes furent partis.

« Bonjour, je voudrais deux boules à la violette, s’il vous plait. »

Mon aîné, lui, choisit la vanille et nous attendîmes patiemment notre commande. J’observais vite fait les alentours, à la recherche d’une prochaine attraction qui pourrait nous séduire. Il y avait d’ailleurs beaucoup plus de monde que toute à l’heure, même si c’était déjà pas mal bondé. Je me demandais si nous n’allions pas finir par attendre pendant deux heures… Et je n’aimais pas attendre. C’était bien ça le problème.
J’attrapai peu après ma glace après avoir remercié Andy de me l’avoir payée. Sa générosité égalait autant sa gentillesse que son physique avantageux. Je lui souris une nouvelle fois, oubliant peu à peu l’épisode de la maison hantée. Finalement, nous nous dirigeâmes vers un parc pour nous installer un peu sur un banc. Nous avions peut-être mérité une petite pause avant de continuer et puis, je devais bien avouer que manger et faire une attraction, ça ne collait pas ensemble. Je m’assis à ses côtés, contemplant la jolie vue sur le château de Disney. Il ouvrit la discussion, me demandant comment se passait mon quotidien à Poudlard : les cours, les fréquentations, mes ambitions. A vrai dire, tout allait plutôt bien. Je m’en sortais bien en classe parce que je savais faire des recherches à la bibliothèque quand je ne suivais pas le flot de paroles des professeurs. Mis à part Ashley Rosenbach, personne me faisait chier. Et encore, Ashley, je parvenais à la casser, alors ce n’était pas vraiment un problème. Je n’allais pas inquiéter Andrew pour si peu.

« Les cours, ça va. Parfois chiant mais j’arrive à me rattraper quand je m’endors en classe. Notamment en Histoire et en Astronomie, c’est juste horrible comme matières. Non, je crois que c’est divination le pire ! Enfin bref, sinon, ne t’inquiète pas, personne ne m’embête. Il y a bien des filles que je n’aime pas comme Aniek Frowein ‒ tu dois sûrement connaître sa famille de nom à cause de leur prétendu sang-pur ‒ mais rien de bien inquiétant. »

J’imaginais Andrew débarquer dans l’école en train de courser ceux qui oseraient s’en prendre à moi. Sur le coup, je dus réprimer un fou rire. Les pauvres, ils se feraient sûrement massacrer. J’ignorais ce qu’il me prenait d’observer assez souvent Andrew. Je ne le faisais pas « normalement », disons. Je ne savais pas comment l’expliquer mais oui, je savais que son physique ravageur n’y était pas pour rien. D’un autre côté, je trouvais cela assez étrange puisque je le voyais avant tout comme un grand frère ou bien un confident bien plus âgé que moi.

« Et toi, la fac ? Est-ce que tu as trouvé une petite copine ? »

Je n’avais pas pu m’empêcher de poser cette question. Tu aurais dû t’intéresser à ses cours, bon sang, Phoebe !
Mmh. Il fallait bien que je le protège contre les mauvaises pestes, non ? Je ne voulais pas que ce très cher Hodgson ne finisse avec n’importe qui. Il valait mieux que ça ! Je l’imaginais avec quelqu’un d’absolument irréprochable… Ou presque. Oui, il ne fallait pas se leurrer ; personne n’est parfait. Mais je voulais qu’il sorte avec une fille bien. Une fille qui ne serait pas trop jalouse de le voir me fréquenter, par exemple.

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Nous étions en train de déguster nos glaces. La mienne était franchement super bonne, je ne la regrettais pas. Assis sur un banc, nous étions posés et à l’abri des autres. J’aimais bien avoir mon petit espace libre et non pas être collée à des gens que je ne connaissais pas ou qui sentaient la sueur. C’était le moment de parler de tout et de rien, de se raconter notre routine à l’école. Le fait de ne plus trop se voir ne m’enchantait pas mais je me consolais en me disant que chaque retrouvaille serait inoubliable et que l’on se raconterait absolument tout. Andy avait commencé à me questionner au sujet des cours et j’avais été franche dans ma réponse. Je n’aimais pas trop l’Astronomie et l’Histoire de la magie. C’était des matières assez ennuyantes et je ne me voyais absolument pas faire carrière dans ces domaines-là. J’avais toujours eu des Désolants et des Piètres à ces cours-là. Bon, peut-être des Acceptable quelques fois en Astronomie mais ce n’était pas glorieux. Il faut dire que si les étoiles passionnent ma tante Alys ‒ elle est chercheuse dans ce milieu-là et publie des livres ‒ moi, ça ne me dit rien. Je trouve qu’il est dommage de s’entêter à étudier quelque chose de si grand et inaccessible alors que le bonheur est proche et à portée. J’aimais les choses concrètes et non pas effectuer des calculs complexes pour calculer la vitesse des vents sur Jupiter. Pour l’Histoire de la Magie, c’était exactement la même chose. Lire trois chapitres sur la révolution des gobelins, au bout d’un moment, ça me cassait un peu les ovaires. Etudier des choses passées ou la biographie de personnes mortes me paraissait bien futile alors que le monde, lui, se projetait vers l’avant. C’était un point de vue que ne partageaient pas mes professeurs, évidemment, cependant, je ne comptais pas changer mon opinion là-dessus. Quant à la Divination, c’était le synonyme du mot « plaisanterie »… ou mysticisme.

« Oh, t’inquiète pas, je m’en sors quand même ! Dormir en Histoire est très productif pour mon cerveau. D’ailleurs, j’ai économisé du temps à ne pas écouter les salades que raconte le professeur. Je ne compte pas poursuivre cette matière en classe d’ASPIC. Moi, ce que j’aime, c’est surtout le Quidditch ! »

Je ne répondis rien au sujet de Aniek, bien trop occupée à souligner mon amour pour ce sport magique. J’avais un fier sourire sur les lèvres. J’étais heureuse d’en parler, c’était l’un de mes sujets préférés. Aaah, le Quidditch. C’était soit ça, soit les sortilèges. Je ne savais pas encore quelle voie choisir mais je me voyais parfaitement bien en tant que joueuse professionnelle. J’en rêvais. Être capitaine d’une équipe, ça doit être tout aussi génial !

Andy ne dissipa pas son sourire lorsque je lui posai la question au sujet de sa fac et d’une potentielle petite amie. Je n’avais pas été très discrète mais il semblait bien le prendre, c’était le principal. Il venait même de sortir une plaisanterie à ce sujet, ce à quoi je répondis en pouffant de rire.

« Fais gaffe, je vais incendier toutes les filles qui s’approcheront de toi ! »

Puis, au final, il finit par me répondre qu’il n’avait personne en vue pour le moment. Il enchaîna en me parlant de sa fac, m’avouant qu’il trouvait la section Art très intéressante et qu’il finirait par devenir un grand artiste. C’était sûr et certain, il avait du talent pour tout, mon cher Andrew. J’avais toujours su qu’il irait loin et je devais en faire autant même si nous poursuivions deux univers différents. Nous rîmes encore une fois, avant que je ne me calme pour lui dire :

« Ce ne sera pas dur pour toi. Il faut que tu sois major de ta promo, hein ! »

Je lui souris narquoisement, comme si je le mettais au défi. Mais au fond, même si le challenge ne serait pas évident, je pensais vraiment qu’il était capable d’atteindre ce genre d’objectif. Peut-être qu’il ne le ferait pas parce qu’il travaillait avant tout pour sa passion et non pas les notes, mais il en avait dans le ventre. Il me retourna ensuite la question, me demandant où j’en étais dans ma vie sentimentale. Ce n’était pas très fameux, même s’il y avait pire. Je devais lui parler de Keagan. Je ne l’avais pas encore fait et mon confident devait au moins le savoir. Pour le moment, il n’y avait que Louna qui le savait. Le léger sourire de mon ami me mit un peu mal à l’aise, sur le coup. J’étais sûre qu’il allait me charrier avec ça.

« Tous les mecs ? Nan, n’exagère pas. Mais j’ai refusé deux rancards dernièrement, en effet. C’est la fin de l’année alors les gars cherchent à s’approcher des filles pour préparer le bal. Personnellement, j’aimerais y aller avec quelqu’un en particulier. Il s’appelle Keagan Fassbach. Un poufsouffle de ma promotion. Ca fait longtemps que nous sommes amis mais… enfin… tu vois ce que je veux dire. »

Je ris légèrement, baissant la tête alors que mes joues rougissaient. Boooon, était-il possible de passer à autre chose ? Je ne voulais pas avoir l’air ridicule. D'ailleurs, en observant le sol, je constatai qu'une grande ombre venait me cacher le soleil. On aurait dit une grosse tête avec deux énormes oreilles rondes... On aurait dit une tête de souris ! Curieux...

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