La suite du cours se poursuivit. Le professeur Hunt nous conseilla de recommencer l’expérience si cela nous enchantait de le faire, mais il valait mieux ne pas le faire plus d’une fois par jour, ni poser la même question au cours de la même semaine. Le résultat risquait d’être différent dans le cas échéant et je ne pouvais qu’approuver le fait que c’était déjà assez nébuleux comme ça. Mais malgré ces recommandations, je ne pouvais m’empêcher de penser que, justement, la raison pour laquelle le résultat différait était que tout était issue du hasard et que cela n’avait pas forcément d’impact sur soi. Je trouvais cela étrange que la Divination n’apporte pas une réponse similaire à chaque fois alors qu’il n’y avait pas trente-six manières pour nous d’appréhender les choses au quotidien. Enfin soit, j’avais tout de même pris le temps de noter ces instructions et c’était déjà un grand pas pour moi. Le professeur Hunt était, en plus, parvenu à me faire réfléchir un minimum sur la question et je m’y étais un peu intéressée durant les minutes qui suivirent mon interprétation. Si cela ne relevait pas d’un miracle, j’ignorais comment nommer cette performance…
Parfois, je discutais un peu avec Arabella mais je faisais en sorte d’être discrète. Ce ne fut que lorsque Daniela prit la parole que je me tût par respect pour mon amie. Elle n’avait pas bavardé durant mon oral, alors il était tout naturel que je lui rende la pareille. Sa question au sujet de Keagan avait piqué ma curiosité, mais puisqu’il ne s’agissait que de révisions, je ne cherchai pas à comprendre plus loin que cela. Quoi qu’il en soit, sa réponse était largement meilleure que la mienne et je ne pus m’empêcher de la féliciter en levant un pouce dans sa direction, suivi d’un clin d’œil. Elle pourrait faire partie de ceux qui rehausserait le niveau de cette matière, avec un peu de chance. L’enseignant confirma d’ailleurs qu’elle avait fait du bon boulot, sûrement mieux adapté que le mien. Je ne le pris pas mal du tout, étant consciente de mes erreurs. Ce n’était pas comme si j’avais voulu travailler sérieusement ici.

L’exercice suivant faisait dans la continuité du premier et concernait notre état d’esprit général, ce qui nous importait et ce qui nous dérangeait. J’étais curieuse de savoir ce qui me dérangeait, moi qui assumais tous mes défauts et tous mes soucis intérieurs. Il nous renvoya au sommaire du livre et rapidement, nous nous lançâmes dans la pratique. Selon Hunt, il était possible que cela tombe lors de l’examen, alors il tenait à ce que l’on connaisse ce sujet au cas où. Le résultat lui importait peu et c’était sans doute mieux comme cela. Je ne tenais pas à devoir improviser de manière médiocre, une nouvelle fois.
Après avoir écouté les dernières explications, je me lançai dans la pratique. Je choisis six couleurs qui me semblaient agréables et six qui m’inspiraient le contraire. Puis, je consultai les significations pour faire mon interprétation.
Certaines choses me convenaient et d’autres non. Sur un parchemin, j'inscrivis :

Ce qui m’importe notamment, c’est d’élargir mes horizons pour mieux m’épanouir. Je recherche tout savoir ou contact qui me permettrait d’avoir une vie distrayante et j’apprécie tout ce qui pourrait favoriser mon développement personnel. Je ne suis jamais contre du changement, tant que cela peut m’aider à m’épanouir. Quand mon quotidien m’ennuie, je me réfugie dans un passe-temps. Je pense notamment au dessin et à l’écriture qui sont un vrai échappatoire. Oui, parfois, la vie à Poudlard est si lourde que mon imagination m’aide à me détendre un peu. Je suis du genre à beaucoup analyser les gens et cette objectivité m’aide à bien me sentir dans mon environnement. J’aime connaître les autres et lorsque je les cerne, j’ai vraiment l’impression de me sentir proche d’eux. Je suis rarement dans l’erreur et c’est important pour mon bien-être. Quand il s’agit d’aider mes proches, je suis toujours prête à les encourager avec optimisme. Je suis rarement défaitiste et j’aime beaucoup m’inventer des buts, des projets dans l’espoir d’une vie plus dynamique et joyeuse. Les réseaux d’amis contribuent à ma sérénité, c’est ce qui rend mon train de vie intéressant. Ils sont un pilier de ma vie et je ne rejette jamais leur soutien ou leur affection pour moi. Je suis quelqu’un d’affirmé et qui est prêt à tout pour parvenir à mes buts. J’ai beaucoup de chance de réussite et je l’utilise avec énergie pour aboutir à mes projets. Je me tiens prête à faire beaucoup de choses pour une personne que j’aime ou que j’admire…

« Keagan, tu n’as pas fini d’être débarrassé de moi, mon pauvre… » pensai-je.

Hélas, j’ai également le sentiment d’être prisonnière à des gens ou à des événements qui restreignent ma liberté d’action. Je m’impatiente vite quand tout progresse lentement. Je subis également beaucoup de stress, je me sens parfois incomprise ou injustement traitée. Je pense notamment aux retenues que j’obtiens après avoir commis un méfait. C’est assez injuste, car au final, certaines personnes font pire que moi sans ne rien subir ! J’adopte aussi un air de supériorité selon le bouquin, mais je n’y crois pas. C’est impossible, je ne suis pas une fille orgueilleuse. Sur ce point, je ne suis pas d’accord. Il m’arrive aussi parfois de passer à côté de certaines choses qui auraient pu m’aider à faire des expériences super pertinentes. Je m’attends de la part des autres à beaucoup trop de compréhension pour mes besoins et souvent, j’en suis déçue. Peut-être suis-je trop exigeante ? Sur ce point-là non plus, je ne suis pas d’accord. J’ai jamais été aussi exigeante en termes d’affectivité. Je laisse les gens mener leur petite vie, tant qu’on s’entend super bien, c’est l’important.

« Je vais m’arrêter là Bella. Le reste ne me convient pas, c’est vraiment nul ce qu’ils me disent sur les choses qui me dérangent. Je veux bien croire que j’ai des soucis intérieurs, mais ce ne sont pas ces trucs-là du style : appréhension inquiète, lourd fardeau, grosse certitude que la source de mes ennuis se trouvent à l’extérieur de moi-même. Je n’ai jamais pensé à ça une seule seconde. Ils disent aussi que je m’alarme trop facilement quand un ennui vient compromettre un projet et que je peux être pessimiste. C’est ri-di-cu-le. J’ai toujours pété la forme, je ne déprime pas. » déclarai-je en soupirant de lassitude.

Malheureusement, ma discrétion ne m’empêcha pas de récolter une réprimande du professeur. Décidément, il avait de sacrées oreilles tout de même ! Je finis par me calmer jusqu’à attendre la fin du cours. Ce moment s’avéra être une vraie libération. J’avais passé les dix dernières minutes à ne rien faire, ayant bâclé la conclusion de mon interprétation. J’avais regardé Arabella s’exercer en riant doucement de ce qu’elle pouvait trouver au sujet de ses couleurs. La seule chose positive de cette dernière partie du cours fut les cinq points que je venais de faire gagner à ma maison.

Cours de Divination n° 1 : l’Oracle des couleurs.

Les voyants

Ok, les dés avaient été lancés et je tentai d’en comprendre le sens grâce au parchemin distribué par l’enseignement. Pfff rien de bien motivant. Ce n’était pas le prof’ hein, mais j’avais carrément du mal avec cette matière. Il proposa que certains nous donnent l’interprétation de leur lancé et je fis tout pour ne pas croiser son regard, observant mes camarades et croisant les doigts pour que quelqu’un se décide. Phoebe avait son petit sourire malicieux que je lui rendis avant de poser mes yeux sur Danni qui se lança. Sa question de base me surprit étant donné qu’elle me concernait. Est-ce que j’avais besoin de son aide ? Ouch ! C’était par rapport à quoi cette question ? Je la fixai, des points d’interrogation dans les yeux, espérant trouver la réponse dans le regard et les réactions de mon amie. Elle justifia alors cette question par notre habitude de réviser ensemble mais, pour une fois, je compris tout de suite qu’il ne s’agissait pas de ça. Pas du tout même ! J’avalai difficilement ma salive, me sentant assez mal à l’aise, sans vraiment savoir pourquoi. Je ne croyais pas en ces foutues interprétations, pourtant au fond de moi j’appréhendais le résultat. Elle enchaîna en nous indiquant ce que ça signifiait et plus elle parlait plus je me rendais compte que c’était exactement ça… et c’était flippant ! Je baissai les yeux quelques secondes afin qu’on ne voie pas ma gêne puis je relevai le regard vers la Poufsouffle. Nous avions échangé un rapide regard avant qu’elle ne poursuive. Ma jambe s’agitait nerveusement, voyant bien qu’elle cherchait à me faire passer un message, que je comprenais complètement, mais je ne savais pas trop comment réagir. Alors j’écoutais.

C’était tout de même assez perturbant cette interprétation, et bien que je fixais de stupeur Daniela, je me sentais plutôt mal par rapport à ce qu’elle venait de dire et, surtout, de par ses sous-entendus. Lorsque nos regards se croisèrent de nouveau alors qu’elle finissait, je n’eus plus le courage de l’affronter et je baissais la tête, observant le parchemin des interprétations. Re-ouch ! Elle était toujours là pour m’aider mais je ne lui rendais pas si bien… et pour le moment je ne pouvais pas faire autrement. Saleté de divination, ça ça ne m’aidait pas ! Je n’eus pas le temps d’être gêné longtemps que le prof’ reprit la parole. Je mis alors toute mon attention sur lui, tapotant distraitement la table du bout de mes doigts et ayant réussi, inconsciemment, à calme l’activité de ma jambe. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres quand l’enseignant dit que je devais savoir à quoi m’attendre pour mes révisions. Oui, si on ne se doutait pas du sous-entendu, on pouvait voir ça comme ça. Autant dire que les dés m’avaient balancé, les traîtres !
Les points furent délivrés pour les deux jeunes filles et je levai un pouce vainqueur vers Phoebe avant de me tourner vers Danni et de lui chuchoter : « Bien joué… et message reçu cinq sur cinq… » Je souris doucement mais n’en dis pas plus, juste parce que je n’étais pas encore prêt à la mêler à tout ça. Lorsque je détournai le regard de mon amie, je lui dis juste : « Merci. », et je me doutais qu’elle comprendrait que c’était pour la remercier d’être une personne sur qui je pouvais compter en toute circonstance. Seulement, elle me connaissait bien, elle savait que ça ne sortirait pas de ma bouche, mais je le pensais sincèrement et mon regard me trahissait bien souvent.

Dans les dernières minutes de cours, je rédigeai minutieusement ce que l’enseignant nous avait demandé, concentré et très discret sur les vues que l’on pouvait avoir sur mon travail. Le temps écoulé, je rangeai mes affaires sans faire trop de bruit, un peu perturbé par l’interprétation de Danni et y réfléchissant énormément. Je partis avant le reste des élèves, notamment avant Daniela face à qui j’avais peur de me retrouver. Je ne voyais pas lui dire que je ne pouvais pas encore me confier à elle, pas là, je préférai donc fuir pour les prochaines heures… une belle preuve de courage encore !

© EKKINOX

 

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