En ce bon mois de septembre, il faisait déjà grand vent et j’avais déjà sorti avec plaisir pulls, écharpes (aux couleurs des Poufsouffle, s’il vous plaît) et manteaux fourrés. L’automne était bien installé et annonçait déjà les couleurs de l’hiver. J’avais horreur du froid, de la neige qui mouille et qui fait glisser ; mais ce que j’aimais plutôt bien, c’était l’ambiance d’Halloween, l’odeur de citrouille, les chauve-souris, les bonbons et tout ce qui allait avec. Poudlard allait sans doute se mettre aux couleurs d’Halloween dans très peu de temps et il fallait dire que j’avais hâte même si je redoutais un éventuel bal ! J’avais horreur des bals et des organisations du genre car j’étais toujours toute seule, abandonnée à ma pauvre situation. Il était clair que je participerais à un éventuel banquet d’Halloween, mais sûrement pas à un bal, comme l’année passée. Knoxslay serait accompagnée de Noel, Daniela avec l’idiot de Clewstone, Lynn avec un beau mec de Poudlard et moi, c’était râpé d’avance. Peut-être Emrick…. ? Nan nan nan, il ne fallait surtout pas compter là-dessus.

Pour l’heure, pas question de bal, mais j’avais quand même une destination précise en tête, qui me donnait envie depuis un certain temps et que je n’avais pas exploré à de nombreuses reprises à cause de mes visites à l’hôpital et mes absences à Poudlard : Pré-au-Lard. Cette visite prévue était l’occasion rêvée pour moi d’y rencontrer mon frère Faust et Wilhelmina mais manque de bol….les deux n’étaient pas disponibles ce week-end et Faust avait donc reporté notre petite journée à Pré-au-Lard aux vacances. Quoi de mal à se détendre un peu aussi le samedi ?! Mes devoirs étaient quasiment terminés, il me restait toute la soirée puis la journée du dimanche pour avancer. Je ne culpabilisais donc pas le moins du monde d’aller me promener à Pré-au-Lard. Je voulais passer par Zonko, Honeydukes, jeter un œil au salon de thé puis à la cabane hurlante. Parfaite dans le thème d’Halloween qui se profilait à l’horizon. Faust m’avait parlé d’une place qui donnait une vue sur tout le village et sur la cabane hurlante. Pourquoi ne pas m’y arrêter ? Après tout, il n’y avait pas de ménagerie magique où je puisse passer l’intégralité de mon temps, pourquoi ne pas profiter un peu de l’extérieur avant que le froid ne soit trop dur à supporter ?

Les poches pleines de diverses choses, j’avais enfin pris le chemin de la petite place, en ce samedi après-midi, pour me poser un peu sur une pierre qui faisait office de banc, pour observer les quelques élèves qui traînaient là, mais aussi les sorcières et sorciers qui passaient un week-end en famille ou qui s’affairaient tout simplement. J’étais tellement bien que la fraîcheur ne me donnait même pas envie de partir. J’étais toute seule et habituée à l’être… Je n’étais pas dérangée le moins du monde par cet aspect des choses même si je devais bien avouer parfois avoir envie de me fondre dans les groupes d’amis qui riaient et s’amusaient ensemble. J’étais préfète, depuis le début de cette année et je comptais un peu là-dessus pour faire un peu changer les choses…. Autant profiter de cet instant de solitude pour réfléchir à une combine.

J’étais là, sur la petite place de Pré-Au-Lard, seule, et franchement bien installée. Les gens se promenant dans Pré-Au-Lard n’étaient pas forcément partisans du voyeurisme, mais j’étais quand même là à les regarder se promener, faire les boutiques et observer les premières décorations pour la fête d’Halloween. La cabane hurlante donnait aussi son lot d’ambiance pour l’époque et franchement, j’étais consciente de la chance que nous avions de pouvoir nous promener dans le village en toute tranquillité, sans être obligés de le faire en sorties de classe ou avec la présence d’un prof. J’étais certes déçue de ne pas voir Faust, mais je me consolais autrement et je regrettais désormais de ne pas avoir demandé à Knoxslay de m’accompagner. Je pensais aussitôt à elle pour cela, pourquoi ? Sûrement parce qu’elle était ma seule véritable amie, celle qui avait le même âge que moi, vers qui je me tournais en cas de soucis. Certes, je m’en prenais plein la figure quand elle était mal lunée, mais j’avais besoin de sa présence et d’une amie à qui me fier et me confier.
En ce samedi après-midi, je ne m’attendais pas à croiser quelqu’un ni à ce que quelqu’un prenne la peine de venir me voir jusqu’ici. Je voyais quelques élèves de l’école, mais aucun d’eux n’était venu à ma rencontre, jusqu’à maintenant. Celui qui fit exception à la règle eu le même effet que la première fois : me faire rougir comme une tomate. Fred Weasley, donc je me souvenais chaque détail de l’instant passé avec lui, à la ferme cet été, s’était approché et je ne l’avais pas remarqué, perdue dans toutes sortes de pensées relatives à mon rôle de préfète. Je ne cessais de me demander quand je parviendrais à lui parler et même à le regarder sans me sentir bête. Car en plus de s’appeler Weasley, il avait aussi la chance d’être très mignon. Fort heureusement, notre petite entrevue passée m’avait aidée à être un peu moins timide et je m’étais rendue compte qu’il était parfaitement normal et pas contre l’idée de parler à une pauvre petite insignifiante de mon genre. Cela me faisait plaisir et j’étais d’autant plus contente qu’il avait fait un petit détour vers l’endroit où m’étais installée pour me saluer.

J’essayais alors d’être la plus naturelle possible pour lui répondre en lui disant : « Oh, salut ! Hum… voici une question qui pourrait amener plusieurs réponses ! Je suis là parce que je voulais dévaliser les boutiques de bonbons, aussi pour voir les premières citrouilles d’Halloween et enfin …. parce que je cherchais une cible à torturer dans la cabane hurlante. » Je lui montrais l’édifice d’un signe de tête et lui rendis son sourire, essayant de lui faire comprendre que la dernière idée était une plaisanterie, mais aussi qu’il pouvait faire office de cible. J’avais malgré tout du mal à soutenir son regard très longtemps, pire encore lorsqu’il m’adressait de grands sourires. Je haussais finalement les épaules en riant avant de dire : « Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ? Je m’étonne de ne pas te voir accompagné de ton copain Noel ! Et… Maximilien. » Prononcer ce prénom là ne me faisait pas plaisir, mais j’étais quand même très contente de croiser Fred seul, sans aucun des deux Gryffons et encore moins Maximilien. Je me poussais un peu sur mon petit banc avant d’ajouter à son égard : « Tu veux t’asseoir ? Je pense que je vais graver mon nom ici…. je pense que c’est le meilleur endroit pour profiter de Pré-Au-Lard, on a une vue de dingue sur le village ! » Mais allait-il vouloir s'asseoir à côté de moi et perdre son temps en ma compagnie ? Rien n'était aussi sûr, mais au moins, je ne pouvais pas me reprocher d'avoir proposé...