Au plus grand déplaisir des jeunes élèves, la tonne assommante de devoirs confiée par les professeurs de Poudlard n’était nullement en leur faveur. La plupart ressentait de plus en plus la pression des examens venir, et la quantité astronomique d’informations à connaître avait de quoi donner l’envie de s’arracher les cheveux. Ce samedi matin, contre toute attente, la plupart des étudiants désireux de réussir leur scolarité s’étaient rendus dans la hâte au sein des rayons luxuriants de vieux ouvrages de la bibliothèque de l’école. Jamais la bibliothécaire ne s’était sentie aussi débordée depuis bien quelques semaines. En début d’avril, chaque année, elle pouvait se plaindre de devoir faire la discipline à ces messieurs qui parlaient à voix forte, ou à ces demoiselles qui s’écartaient bien vite du sujet des études.

Malheureusement, ce n’est pas en ce lieu que se déroule notre scénario. Parmi les plus malchanceux qui ne purent guère trouver de place à la bibliothèque, il y avait Erika qui échoua à l’étage inférieur à la recherche d’un lieu où elle pourrait tranquillement travailler sa nouvelle dissertation hebdomadaire en Histoire de la Magie, ainsi que ses leçons de Métamorphose. A vrai dire, elle devait rendre son travail pour le lundi et comme d’habitude, elle faisait les choses à la dernière minute. Enfin, elle aurait le dimanche pour pouvoir y méditer davantage, mais elle consacrait surtout ce jour pour un repos définitif au parc en compagnie de ses proches. Et puis, c’était sans compter le fait qu’elle était tout à fait capable de faire les choses à moitié, avant de s’y remettre le lundi à quatre heures du matin. Plus procrastinatrice qu’elle à Serpentard ? A prouver.

D’un côté, si elle enviait les personnes tranquillement installées à la bibliothèque, d’un autre, elle se rassura en estimant qu’elle serait plus amène à la réflexion dans un endroit où la population n’était pas si concentrée. Sac à main accroché sur l’épaule droite, la belle poursuivit sa route en silence, au beau milieu de la cacophonie générale des couloirs, en se faufilant difficilement parmi la foule. Dix-heures avaient sonné, et comme chaque samedi, on retrouvait davantage d’élèves dans les couloirs que durant tous les jours de la semaine. Il fallait dire que même les toilettes étaient occupées assez fréquemment, laissant parfois des petites files d’attente assez agaçantes pour les envies pressantes. Pour pouvoir se frayer un chemin, il était nécessaire de devoir bousculer un peu les personnes qui se tenaient au milieu du passage, voire même leur prier – sympathiquement ou non – de bien vouloir déguerpir ailleurs. La seconde proposition était généralement la solution envisagée par l’allemande, quand personne ne se bougeait de bon cœur.


Elle finit par s’engager dans un nouveau corridor où le calme semblait régner, avant de prendre un nouveau virage vers une porte ancienne et moins solide que les autres. Ce type de porte ne restait que rarement fermée ; elles donnaient sur des salles de classe abandonnées et inutilisées depuis bien des années. En effet, l’état des meubles en apportaient la preuve, mais quand bien même certaines chaises étaient sur le point de céder au poids de n’importe quel corps, d’autres tenaient encore la route même si le bois se fragilisait. Quoi qu’il en soit, dans cette salle, trois élèves y étaient déjà postés pour un travail de groupe. Ils adressèrent un bref regard à la Serpentard, avant de retourner à leurs chats. Si elle l'avait pu, notre rouquine aussi ne serait pas venue travailler en solitaire, en sachant qu'elle détestait la solitude. Toutefois, lorsqu'elle avait demandé à Joy, Jennifer ou à Aniek si elles avaient des devoirs à faire, les trois avaient décliné son invitation en préférant profiter d'un samedi au calme, loin de la pensée des cours. De ce fait, on retrouvait aujourd'hui la sixième année sans ses amies.

Sans vraiment réfléchir, Erika balaya machinalement la salle avant de se diriger vers la rangée la plus à droite, à proximité des fenêtres. Placée au second rang, elle commença à sortir ses affaires, prête à accomplir son dur labeur. Elle espérait pouvoir finir assez tôt pour pouvoir profiter d’un bon après-midi, en plein soleil.

Levant sa plume pour la tremper dans son encrier, Erika réfléchissait à son plan détaillé. Une fois de plus, Lyard ne les avait pas épargnés en leur donnant un sujet bien pointilleux, et dieu savait qu’il ne tolérait pas la moindre bêtise. Une goutte d’encre goutta à côté de son parchemin, lorsque la porte de la salle s’ouvrit à nouveau en laissant un fin courant d’air pénétrer à l’intérieur. Erika ne leva pas les yeux pour assouvir sa fine curiosité, trop sérieuse dans ses pensées. Elle se contenta d’écrire sa première phrase sur son brouillon, une phrase assez accrocheuse pour que le professeur ait envie de lire la suite. Après tout, il était bien ardu d’obtenir de bonnes notes dans cette matière, et il ne suffisait pas seulement d’apprendre par cœur les manuels.

« Was du heute kannst besorgen, das verschiebe nicht auf Morgen »