Ça faisait quelque temps que je n’avais pas été à Pré-au-Lard. Donc autant dire que ça faisait un petit bout de temps que je n’avais pas vu Idiya. Mais bon, nous allions remédier à ça aujourd’hui et, vraiment, ça me ferait le plus grand bien. Quitter un peu Poudlard et tous ses lâches et ses mauviettes… Ah, une école de sorcellerie ne devait-elle pas en rester digne ?! Bref, ce n’était pas là le sujet, je m’éloignerais de tout ça le temps d’une journée et ça me plaisait ! Je devais quand même l’avouer, il y avait bon nombre de personnes que j’appréciais au château, mais je ne plaçais pas ma confiance entre les mains de n’importe qui… j’étais du genre méfiante et prudente, après tout c’était ce que m’avais appris Tobias.
J’étais convaincue que nous passerions une très bonne journée, c’était toujours le cas avec la cadette des Lyard. C’était une grande famille que je considérais comme la mienne. Que ce soit Aygaus, Lyard ou Idiya, ils avaient tous leur place dans l’entourage de mon oncle, au moins des personnes qui en valaient la peine ! Certes, j’avais des relations bien différentes entre chacun des membres, mais je les respectais tous et savais que j’étais entre de bonnes mains avec eux.
Aujourd’hui, journée entre filles. Idiya m’avait toujours inculqué les valeurs féminines. Avant elle, je n’avais eu aucun repère féminin, ma mère me dégoutant au plus haut point ! Depuis que je résidais chez Tobias, et même un peu avant, elle avait été un modèle féminin, sur la façon de s’habiller, de se coiffer, le fait d’être une jeune femme avec une certaine classe… bien qu’à mon âge, je ne souhaitais pas paraître trop BCBG ! Bref, j’appréciais de passer du temps avec cette femme, et de plus j’avais toujours pu lui parler librement (pas de tout bien sûr, je n’allais pas sur les sujets que je partageais avec mon oncle et ses frères, elle n’avait pas les mêmes avis). D’ailleurs, aujourd’hui je me devais de lui confier quelque chose, ne souhaitant pas qu’elle l’apprenne autrement. J’aimais les ragots, les rumeurs, mais j’avais horreur quand cela me concernait… normal, devrais-je dire !
J’arrivai alors à la Licorne Blanche. J’avais fait simple vestimentairement parlant : j’avais enfilé un jean noir surplombé de bottines faciles à retirer et bien confortables, j’avais juste mis un débardeur et un gilet pour aller vite en cabine et être à l’aise et enfin j’avais mis une veste assez chaude, la neige était encore de mise. Sans oublier mon écharpe et mon bonnet, après tout nous serions pas mal à l’extérieur. Il faisait beau, autant en profiter ! J’avais pris un sac en bandoulière pour ne pas être gêné, j’étais vraiment prête pour cette journée.
Une fois près d’elle, toujours aussi chaleureuse, Idiya m’ouvrit les bras pour me saluer d’une étreinte affectueuse. Je n’étais pas très tactile mais, avec elle, ça passait. Je lui souris sincèrement après qu’elle m’ait relâchée et lui dis à mon tour :
« Ca fait un p’tit bout, ouais ! J’suis contente de passer la journée avec toi moi aussi, ça va faire du bien ! » Je gardai mon sourire radieux, ayant l’impression de retourner quelques années en arrière, sans prises de tête, sans se soucier d’autres choses que de faire des trucs de nana. Elle me regarda alors avec plus d’insistance et je levais un sourcil interrogateur avant qu’elle ne s’exprime. Elle avait l’air d’avoir bon nombre d’idées pour le déroulement de cette journée, ce qui n’effaça en rien mon sourire. Au contraire, ça me motivait encore plus. J’avais horreur de ne rien faire, autant dire que nous serions bien occupées et ça me plaisait.
« J’te fais confiance, je sais que tu choisis toujours très bien les boutiques. J’ai hâte de voir celles que tu as pu repérer ! » Puis, les yeux remplis d’envie, la regardant fixement, je lui lançai :
« Oh… les crêpes ! Tip top, ça fait tellement longtemps qu’on y est pas allées… » Ok, c’était dans un café moldu, je n’étais pas vraiment fan, mais la nourriture y était un délice !! En soit, les moldus ne me gênaient pas tant qu’ils ne cherchaient pas à être comme nous. C’était des gens comme les autres, qui me rappelaient plus les animaux que les sorciers mais bon… Ils faisaient leur job, tant qu’ils ne venaient pas m’agacer ça allait ! Ils étaient une distraction et ils savaient utiliser leurs mains, un peu comme des servants ! Enfin, mettons de côté mon avis pour cette journée, les côtoyer ne me gênait pas tant que je ne devais pas faire semblant de les trouver agréables.
« Une dégustation de thé ?! Ouais, pourquoi pas ! Ca changera du jus de chaussette qu’on nous donne parfois à Poudlard ! Autant découvrir, ça sera toujours mieux. » Puis je farfouillai dans mon sac, y sortant un papier.
« Tiens, j’avais vu qu’une nouvelle boutique sorcière d’accessoires en tout genre avait ouvert, ça te dit d’y faire aussi un tour ?! Pearl, quand elle était encore à Poudlard, m’avait dit qu’on y trouvait des étoles et bijoux superbes et originaux. Ca te tente ?! »Après ces petites propositions, elle me tendit un bras pour transplaner. Je la regardai en grimaçant, n’ayant pas l’habitude de transplaner et étant toujours un peu malade. Mais bon, seule issu. J’attrapai son bras et sentis rapidement la tête me tourner. Je fermai les yeux et, lorsque je les rouvris, je tenais fermement le bras d’Idiya. Je la lâchai avec un petit sourire désolé, j’avais dû lui enfoncer mes ongles dans sa veste la pauvre. Je me sentais un peu barbouillée mais ça allait, je commençais à m’y faire.
Je remarquai alors que nous étions au Chaudron Baveur. Parfait ! J’attrapai la jeune femme par le bras et la tirai à l’extérieur, enthousiaste :
« Alors, par quoi on commence l’amoureuse des boutiques ?! En plus faut que je te raconte des trucs… » Lui dis-je avec un petit sourire mystérieux, sachant qu’Idiya était toujours fan de ce genre de nouvelles.