a well mismatched duo

Keith & Chang

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Keith & Chang

En me levant ce matin je n’imaginais pas que j’allais avoir à travailler avec Chang alors que nous avions tous les deux fait des efforts pour ne pas nous croiser, on dirait que le destin avait décidé de nous réunir encore et toujours. Mais le problème c’est que personnellement je n’avais aucune envie d’être réuni avec lui. Il faisait ressortir des démons enfouis au plus profond de mon être et je ne pouvais plus m’en débarrasser sans avoir évacuer toute la pression d’une manière bien précise. Dans ces moments-là, même le sport ou le dessin ne m’étaient d’aucune aide, il me fallait alors quelque chose de bien plus violent. Quelque chose dont la consommation est normalement interdite. Autrement dit, heureusement que les seules personnes qui sont au courant ne sont que des personnes de confiance, ou qui n’ont aucun intérêt à parler parce que sinon je crois que ça ferait déjà bien longtemps que j’aurais été renvoyé. Oh je savais les promesses que j’avais fait à ma famille, à ma petite sœur surtout. Mais ne pas me mettre en danger m’était impossible car j’avais justement ce besoin de sentir que ma vie ne tenait qu’à un fil car c’était ce qui me faisait me sentir vivant. Certains médecins appelaient ça un comportement borderline. Moi je dis que ce sont des conneries, tout ce que je cherche c’est simplement à me sentir mieux, quels que soient les moyens à employer.

Il semblerait ainsi que je possédais deux facettes de ma personnalité. Certaines personnes en connaissaient une, certaines connaissaient une partie de la seconde mais très peu étaient ceux qui connaissaient les deux. C’était seulement des personnes de confiance, des personnes sur qui je savais que je pouvais compter quelle que soit l’heure de la nuit ou peu importe à quel point je ressens le besoin de leur parler pour me sentir mieux. Ils se comptaient sur les doigts de la main et je savais que je serais perdu sans eux. Il fut un temps où Chang aurait fait partie de ces personnes mais du jour ou lendemain je me suis séparé de lui, j’ai mis fin à notre amitié, simplement parce qu’il me faisait assez confiance pour me parler de ses sentiments pour un garçon de l’école. Après cette dernière discussion entre nous je n’avais été que l’ombre de moi-même, devenant de plus en plus renfermé parce que je n’arrivais plus à trouver mon équilibre sans lui. Finalement, comme tout le monde j’ai dû apprendre à avancer, après tout c’est moi qui avait brisé notre lien, je ne pouvais donc m’en prendre qu’à moi.

Et maintenant que nous étions en cours de DFCM, à devoir travailler en binôme je doutais que ce soit une très bonne idée. Bon a priori il ne s’agissait de rien de bien compliqué mais avec une baguette j’étais capable de tout et n’importe quoi, et ce n’était pas forcément une bonne chose, surtout si je n’étais pas en mesure de contrôler mes émotions. Quand Chang me laissa commencer, je tentais de rassembler mes esprits et de concentrer toute mon attention sur la statuette que nous étions censés transformer en pierre. Cependant, au bout de quelques essais tous réduits en échecs je commençais à sérieusement m’énerver et quand je prononçais le sortilège d’une voix bien plus forte, j’oubliais de me concentrer sur l’objet en question et malgré moi une explosion se fit entendre. Ce que je ne savais pas sur le moment c’était que, l’objet se trouvant plus proche de Chang que de moi, il avait été touché par mon sortilège et quand je retrouvais mes esprits, moi aussi un peu sonné, je remarquais qu’il était au sol. Oh non …

Oubliant totalement que j’étais censé jouer un rôle, je tombais à genoux à ses côtés et murmurais d’une voix inquiète :

Chang ? Tu m’entends ? Ca va ?

Il avait les yeux fermés mais peut être qu’il était seulement question d’un étourdissement passager et qu’il serait rétabli dans quelques secondes, auquel cas je serais réellement soulagé. Mais si au contraire il restait inconscient il ne fallait pas tarder et j’allais devoir l’emmener à l’infirmerie au plus vite.

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Je n’avais absolument aucune idée de ce qui venait de se produire. Tout ce que je savais c’est que je le regrettais car à présent Chang se retrouvait à terre et j’avais beau avoir tenté de faire comme si je le détestais, la vérité c’est que là, au fond de mon cœur, là où la rancœur n’était pas encore arrivée, il restait mon meilleur ami. Alors même si ce sentiment s’atténuait de jour à jour à force que je continue à me comporter comme un con, il restait là et je ne pouvais l’arrêter de me rappeler à l’ordre. C’est d’ailleurs bien pour ça qu’il m’était aussi difficile d’essayer de le détester. C’était deux sentiments qui s’opposaient totalement et que je ne parvenais pas à faire cohabiter, ce qui était complètement normal puisqu’ils étaient totalement contraires. Comment avais-je pu de cette amitié parfaite à une haine aussi puissante ? J’en avais bien une petite idée mais je refusais de me l’admettre pour la simple et bonne raison que cela m’effrayait. Je ne voulais pas être ce mec-là et je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas laisser ça arriver parce que tout valait mieux qu’une perte de contrôle aussi importante. Je savais néanmoins qu’en le perdant lui j’avais perdu une partie de moi, une partie que je lui avais confié il y a de ça des années quand nous étions passé du stade de simples amis à presque frères. Je ne pourrais pas la récupérer et de toute façon je n’en voulais pas pour la simple et bonne raison qu’il était ma faiblesse. C’était la stricte vérité et je ne pouvais rien y faire, quoi que je tente désespérément.

Et c’est pour cette raison que lorsque je comprenais ce que je venais de faire malgré moi, je paniquais intérieurement, perdant tout contrôle sur mes mouvements, mes paroles, et surtout oubliant complètement que j’étais censé continuer de jouer un rôle. Je m’étais agenouillé à côté de lui, là où il avait été éjecté, à quelques mètres de notre table, et un pouvait lire l’inquiétude sur mon visage comme si je la criais sur tous les toits. Quand je vis que tous les élèves du cours s’étaient rassemblés autour de nous, je lâchais d’une voix menaçante : Putain mais vous avez rien d’autre à faire ? Apparemment chacun savaient qu’il valait mieux ne pas me contrarier, surtout après avoir vu de quoi j’étais capable et ce dont ils n’avaient pas conscience c’est que même si j’avais négligemment laissé tomber ma baguette par terre, je n’en avais pas besoin pour leur faire regretter de ne pas avoir écouté mon ‘conseil’. Le seul que je tolérais aux côtés de Chang était le prof, le responsable de la situation puisque je lui avais explicitement dit qu’il valait mieux ne pas me laisser en binôme avec Chang.

C’est votre faute. Vous êtes responsables de ça. Je vous avais pourtant prévenu que ça finirait mal si vous me laissiez travailler avec Chang. Dis-je, les dents serrées, me fichant complètement du fait que je parlais à un professeur.

Au fur et à mesure que je voyais le corps de Chang durcir en apparence, je perdais pied avec la réalité. J’avais l’impression que l’on m’arrachait à ce monde, m’envoyant dans un monde dans lequel j’étais le monstre que j’étais devenu depuis maintenant une année avec certaines personnes. Le professeur dit à Chang de rester calme et de mon côté je n’étais absolument plus capable d’en faire de même. Il fallait me comprendre, certes j’avais fait comme si je le détestais depuis tout ce temps mais en réalité je n’avais aucune intention de le blesser réellement. Après tout il pourrait –je l’espérais en tout cas- se remettre des mots violents que je lui adressais mais une blessure physique ne pouvait être guérie aussi simplement. Cependant, alors que je sentais mon désespoir s’accentuer alors que le sortilège continuait de prendre de la place dans le corps de Chang, au moment où il prononça mon prénom, ma main se plaça instinctivement dans la sienne, alors que je lui dis :

Chang, tu dois te taire tu n’es pas en état de parler.

Mes paroles auraient pu paraître un peu déplacées de ma part, il n’avait absolument pas besoin de ma méchanceté à ce moment. Mais la différence était qu’aucune méchanceté n’était perceptible dans ces quelques mots. En fait c’était tout le contraire et si on devait y percevoir quelque chose c’était le tremblement de ma voix, et le fait qu’une certaine tendresse se faisait entendre malgré tout ça.

Quand le prof lança un Finite sur le corps presque complètement durci de Chang, je ne bougeais plus pendant quelques instants, attendant un quelconque changement. Et c’est là que je le sentis : Son battement cardiaque dans la veine de son poignet, plus fort que jamais. Il était sain et sauf. Mais je ne pouvais pas le laisser maintenant.

Je vais l’emmener à l’infirmerie. Il a besoin de voir quelqu’un immédiatement.

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Voilà que je m’en prenais aux profs, c’était du nouveau ça. En même temps, personne ne pouvait m’en vouloir d’être anxieux, je l’avais prévenu que ça finirait mal. Il n’avait daigné m’écouter et voilà dans quel état finissait Chang. Heureusement pour lui, le Finite Incantatem qu’il lança sur mon ancien meilleur ami sembla faire effet puisque que quelques secondes plus tard il reprit pleinement possession de son corps et il en profita d’ailleurs pour retirer vivement sa main de la mienne. J’arquais un sourcil, après tout c’était lui qui avait murmuré mon prénom alors qu’il était dans un état pitoyable, il s’attendait à quoi ? Que je le laisse dépérir là, alors que son état était –en partie- ma faute ? Si c’était ce qu’il pensait que je ferais alors c’est que j’avais réussi à faire croire à même quelqu’un d’aussi proche que lui que je le détestais vraiment et cela signifiait que j’étais plus doué que je le pensais. Peut être qu’au final j’avais fini par devenir mon personnage ? Qui sait, la preuve en est que même Chang a cru que je lui voulais vraiment du mal, c’est vous dire.

Je ne dis rien en l’aidant à se relever et le regard qu’il me lança disait tout sur son état actuel. Une seule chose était sûre, il se posait probablement des centaines de questions sur mon comportement et je me débrouillais pour reconstruire une façade marbre sur mon visage afin qu’il ne puisse déchiffrer le soulagement que je ressentais actuellement. Le dilemme que je vivais actuellement n’était pas simple : Soit je ne jouais plus et je me heurtais à des centaines de questions de sa part, soit je reprenais mon comportement froid et distant et j’aurais de toute façon droit à quelques questions de sa part à propos de mon changement soudain d’humeur. Je n’avais toujours pas trouvé ce que je ferais mieux de faire quand je dis au prof que je ferais mieux de le conduire à l’infirmerie. En temps normal je n’avais aucun doute, il saurait retrouver le chemin tout seul, comme un grand. Mais en fait je n’étais pas convaincu qu’il soit totalement remis de l’emprise du sortilège qu’il venait de recevoir parce que mes nerfs avaient lâchés.

Je voyais bien qu’il lançait des appels au secours au professeur, se demandant s’il ne pouvait pas être accompagné par quelqu’un d’autre et lorsque j’entendis la question qu’il venait de me poser, j’aurais été touché si je n’avais pas pris l’habitude de me protéger de ce que je ne pouvais pas contrôler. C’était ainsi que j’avais appris à vivre. Mais à ce rythme-là pouvait-on encore appeler ça une vie ? S’il savait tous les démons qui me rongeaient depuis tout ce temps, peut être comprendrait-il pourquoi je m’étais comporté de la sorte et encore, rien n’était moins sûr. Il penserait probablement que j’aurais mieux fait de lui dire tout ce que j’avais sur le cœur depuis notre dernière discussion amicale. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Je savais que j’avais définitivement perdu son amitié mais c’était plus fort que moi je ne pouvais m’empêcher d’avoir de l’espoir et d’imaginer où nous en serions si nous étions toujours amis après tout ce temps. Ma vie serait peut être plus facile, je serais probablement plus serein, et beaucoup plus heureux, je n’avais aucun doute là-dessus.

J’avais donc répondu sur le même ton, avec un sourire sombre en apparence mais mes yeux en disaient en fait long sur l’amusement que je ressentais actuellement :

Oui, c’est exactement ça, mais il vaut mieux s’éloigner il y aurait ici bien trop de témoins.

Parce que tout était mieux que d’avouer qu’il pouvait avoir une opinion si mauvaise de moi. Je ne pouvais pas dire que je ne l’avais pas cherché. J’avais seulement osé espérer qu’après toutes ces années, lui au moins aurait su voir clair dans mon jeu. Mais non, apparemment j’avais berné tout le monde, même ceux qui me connaissaient le mieux, preuve que je maîtrisais mon personnage autant que j’aurais pu le maîtriser. C’était une bonne chose en soi mais quelles en seraient les conséquences ? Si je parvenais un jour à laisser tomber le masque me pardonnerait-il toutes ces atrocités que je lui avais dites ? Serait-il un jour en mesure de me pardonner ou bien avais-je trop écorché son cœur, à tel point qu’il ne serait plus jamais capable d’être mon ami ? Seul le temps nous le dira et pourtant, j’ose espérer que les blessures que je lui ai infligé par le passé ne seront pas irréversibles.