Signer des trêves ne faisait pas partie des spécialités de Maximilien, lui en général, si il avait des ennemis il les laissait de côté pour ne plus s'en préoccuper à moins d'en être obligé, comme c'était d'ailleurs le cas avec son frère adoptif. Alors quand il avait eu l'idée folle de d'envoyer une lettre à Bailee pour lui proposer de faire la paix même momentanément et qu'en plus il était allé au bout de son idée, le garçon n'avait pas été des plus serein. Le garçon avait l'impression de s'y être vraiment pris comme un pied maintenant qu'il y repensait, surtout qu'au final, leur petite partie d'échec n'avait pas lieu pendant les vacances mais peu de temps après la rentrée. La Serdaigle ne l'avait pas envoyé valsé et s'était même plutôt montrée assez réceptive, pourtant l'un n'empêchait pas l'autre, c'était peut-être malgré eux qu'ils avaient été incapable de trouver un moment à s'accorder mutuellement lors des dernières semaines, comme si leurs vieilles batailles sans vraiment de sens avaient pris le dessus pour quelque chose de totalement hors-sujet.

Enfin, ils étaient quand même arrivés à un point d'entente, c'était déjà ça et Maximilien regardait régulièrement l'heure parce qu'il ne voulait absolument pas manquer l'heure de rendez-vous, ce serait une trop bonne occasion pour sa camarade de faire une critique, ils avaient beau partir avec l'idée en tête de faire des efforts, il supposait que ce serait trop tentant alors il ne devait pas trop lui donner de quoi la tenter. Et puis il suffirait qu'elle se fâche ou qu'elle se vexe pour qu'ensuite le Gryffondor doive de nouveau reprendre plume et parchemin pour s'expliquer et il n'avait pas envie de repartir dans un long échange de lettre avec Bailee, il n'aimait pas écrire et l'avait pourtant déjà beaucoup fait lors de ces vacances, en plus comme c'était à elle qu'il avait écrit, ça n'avait pas été très amusant de le faire. Si il arrivait un peu avant l'heure prévue, peut-être gagnerait-il des points auprès de sa camarade, elle aurait vraiment rien à lui dire normalement et ce serait un bon début pour s'assurer une partie tranquille à défaut de la gagner. Bah oui, il ne se faisait pas d'illusions...

L'heure de quitter son dortoir arriva bien vite, Maximilien ne l'avouerait jamais mais jusqu'au dernier moment il avait relût les règles des échecs avec la ferme intention de les retenir mais avec intention de potentiellement dénicher des astuces quelque part pour faire au moins un bon départ dans le jeu, si la partie ne durait que quelques minutes il se prendrait une honte terrible. Il ne comptait pas faire en sorte qu'elle dure des heures mais au moins comptait-il sauver l'honneur en donnant un peu de fil à retordre à son adversaire, après tout il était encore un enfant et rêver faisait tout à fait parti de ses droits. Les grands aussi pouvaient rêver mais ça passait toujours moins de voir les grands s'illusionner que les plus jeunes. De toute façon il ne comptait pas faire un rapport sur les espérances qu'il avait emporté avec lui en quittant son dortoir, tout comme il ne dirait pas qu'il croisait mentalement très forts ses doigts pour se débrouiller à peu près. Il ne pouvait pas le faire vraiment parce qu'on le prendrait pour un idiot et Bailee se moquerait de lui dès qu'elle le verrait. D'ailleurs, il la croisa sur le chemin de la Grande Salle, ils allaient arriver en même temps, si c'était pas bien joué de la part du garçon, ça.

« Salut Bailee ! Prête pour notre partie d'échec ? » Demanda t-il en arrivant à sa hauteur.

Comme entrée en matière, Maximilien le reconnaissait, c'était vraiment pas top mais en même temps, il n'était pas habitué à aller voir Bailee et encore moins lui parler sans essayer de caser un truc un minimum un peu méchant et piquant quelque part. Alors c'était simple peut-être mais il se montrait normal et donc amical, c'était le but de leur trêve, non ?

La jeune fille n’arrivait pas à le croire. Elle avait réellement un rendez-vous avec Maximilien, le Gryffondor qu’elle ne supportait pas parce qu’il avait toujours eu des vues sur sa meilleure amie. Bon, certes, ce n’était pas un vrai rendez-vous mais plutôt une réunion purement amicale, ou pas, destinée à vérifier si oui ou non la hache de guerre pouvait être enterrée maintenant que Candlynn avait, de manière définitive, quitté Poudlard et tout ce qui s’y rattachait. Elle recevait bien quelques nouvelles de temps à autres mais rien de bien folichon et Bailee commençait à voir que sa meilleure amie s’éloignait réellement, rompant tout contact avec le monde de la magie. Ça semblait tellement facile pour elle… Elle était en colère de se rendre compte qu’elle pouvait arriver sans problème à tirer un trait sur quatre années de souvenirs communs, enfin un peu moins du coup, mais Bailee avait l’impression qu’elles se connaissaient depuis tellement longtemps qu’elle n’avait aucun mal à exagérer le temps passé ensemble. Elle-même peinait à se remettre de cette séparation obligatoire et ne comprenait pas comment la petite fille si joyeuse et soucieuse du bonheur des autres avait pu l’abandonner de la sorte. Sa famille avait eu besoin d’elle ? Et alors, ce n’était pas ça qui aurait dû rendre son départ définitif, elle aurait pu revenir par la suite sans compter que ses liens avec son grand-frère avaient été soumis à rude épreuve récemment et elle commençait tout juste à s’en détacher un peu.

Il fallait donc passer à autre chose et ce n’était vraiment pas facile. La Serdaigle peinait à aller se coucher le soir dans leur dortoir et encore plus à se lever le matin en sachant qu’elle ne viendrait pas lui cracher des miettes de cookies au visage tout en bavardant joyeusement alors qu’elles prendraient leur petit déjeuner dans la grande salle. Ce n’était que des broutilles du quotidien et pourtant c’était bien ça qui la faisait le plus souffrir. Elle s’était enfermée dans une bulle avec Candy et celle-ci lui avait douloureusement éclaté au visage. C’était certainement pour cette raison que cette entrevue avec le Gryffondor n’était pas une mauvaise chose finalement. Certes, ils n’avaient pas beaucoup de points communs et arrivaient assez facilement à ne pas s’apprécier mais Bailee savait qu’il était l’une des rares personnes du château avec qui elle pourrait partager sa peine en sachant qu’il ressentait exactement la même chose et devait bien être le seul élève du château à accepter de lui parler. Enfin, partager sa peine était un bien grand mot puisqu’il faudrait d’abord que la Serdaigle parvienne à l’exprimer, chose pas forcément simple quand on la connaissait un peu. Elle était du genre à intérioriser et à faire la fière quelle que soit la situation. Le départ de Kaïn avait été douloureux également mais elle n’en avait touché mot à personne, préférant rester dans son coin. Une attitude certainement des plus ridicules car elle ne pouvait pas s’aider toute seule mais faire changer Bailee d’avis était une lourde tâche à laquelle peu de personnes souhaiteraient s’atteler.

C’est donc tout naturellement qu’elle se forgea un masque de bonne humeur à quelques minutes de son rendez-vous avec le jeune homme. Ils étaient encore en vacances et peu d’élèves se trouvaient dans la grande salle à cette heure-ci, ils allaient donc avoir tout leur temps pour faire cette partie d’échecs et discuter un peu mais Bailee était un peu inquiète. Qu’allaient-ils pouvoir trouver à se dire ? Allaient-ils parler de Candy ? S’enverraient-ils des méchancetés comme ils en avaient l’habitude ? Ils avaient parlé d’une trêve et normalement, elle était censée la respecter, c’était comme ça que ça fonctionnait, mais en toute honnêteté, elle peinait à voir comment elle allait pouvoir faire ça. Devant le miroir, elle ajusta le ruban qui nouait ses cheveux en une longue queue de cheval avant d’attraper son sac qui se trouvait sur son lit. Son échiquier se trouvait dedans et ne sachant pas si Maximilien avait pensé à en prendre un, elle trouvait judicieux de l’emporter. Il était un peu usé par le temps, elle jouait très souvent aux échecs puisque la version sorcier lui permettait de faire des parties contre un adversaire totalement fictif ce qui lui évitait de parler aux gens. Sauf que cette fois-ci, elle allait faire une exception. En sortant de la salle commune des Serdaigle, elle prit une grande inspiration pour se donner du courage et prit le chemin de la grande salle sur lequel elle rencontra le jeune homme. Il était ponctuel et marquait déjà un point.

« Salut Bailee ! Prête pour notre partie d'échec ? »

Un sourire vint illuminer – autant que possible – le visage de la jeune fille qui acquiesça d’un hochement de tête avant d’entrer dans la grande salle. Comme prévu, la plupart des longues tables étaient entièrement vite et elle choisit un coin isolé avant de s’assoir sur le banc, laissant Maximilien prendre place en face d’elle. Cette situation était définitivement étrange. Elle peinait à croire qu’ils étaient vraiment là, en amie et qu’ils allaient partager ce moment ensemble sans engueulade ou propos déplacés. Enfin, ça restait à déterminer mais normalement c’était le deal et Bailee ne voulait pas être la première à rompre sa parole. Elle allait donc faire son maximum pour parvenir à rester la jeune fille agréable qu’elle pensait pouvoir être. Elle avait bien réussi avec Nathan alors pourquoi pas avec Max ? Certes, c’était différent avec le Serdaigle car ils possédaient une passion commune et avaient donc des choses à partager mais elle devait bien avoir des points communs avec Maximilien, non ? Ou à défaut des sujets de conversations appropriés dont ils pourraient parler tous les deux ? Pas simple de se forcer à apprécier quelqu’un qui nous était en général antipathique mais ça valait le coup d’essayer.

« Je suis toujours partante pour une partie d’échec. » Reprit-elle après de trop longues secondes de silences. « J’ai pris mon échiquier, ça t’ira ? »

Elle n’osait pas lui demander comment il allait de peur qu’il la pense hypocrite. Comme quoi, même en pleine trêve, elle était obligée de peser ses mots de peur qu’ils soient mal interprétés. En parlant échecs, elle ne prenait pas beaucoup de risque de toute façon, cette partie était prévue de longue date et même si elle prévoyait bien sûr de l’écraser, elle en discutait le plus normalement du monde sans fanfaronner. Une première.

L'idée de passer un moment agréable avec une des camarades qu'il pouvait le moins s'encadrer était dès plus étranges. Pire, c'était même sûrement idiot d'avoir envisage que cela soit possible. D'un autre côté, Maximilien n'était pas reconnu pour être très malin ni réfléchi mais plus pour agir instinctivement, ce qui expliquait pourquoi il avait finalement réussi à envoyer la lettre qu'il avait mis quelques jours à préparer dans sa tête dans le cas où il irait jusqu'au bout. Pour une fois, son comportement n'avait pas réellement été impulsif, il avait essayé de prendre son temps. Un progrès qui serait dès plus décevant si même en prenant son temps il finissait par se heurter à une horrible vérité correspondant au fait qu'il ne pourrait jamais sympathiser – même pour quelques heures seulement – avec Bailee. Ce serait dommage d'avoir fait des efforts de réflexion et de patience pour finalement que ça ne serve à rien. Ne pas être habitué aux échecs socialement parlant n'allait rien arranger. Cette fois, c'était du sérieux, il faudrait qu'il fasse vraiment attention à ses paroles parce que la Serdaigle était si bizarre qu'elle pouvait prendre n'importe quelle phrase comme une attaque envers sa personne. C'est de sa faute, faut pas chercher à voir le mal partout. Mais c'est pas la question, les efforts doivent être réciproques et le garçon s'était engager en parti à mesurer ses paroles. Et à ne pas être insultant, ce qui ne devrait pas être compliqué si Bailee ne le cherchait pas.

« Je suis toujours partante pour une partie d’échec. J’ai pris mon échiquier, ça t’ira ? »

Le Gryffondor se sentit complètement idiot sur le coup. Et ce n'était encore que les premières minutes de leur rendez-vous, la suite promettait... Ce n'était pas qu'il aurait souhaité absolument joué avec le sien, d'ailleurs il n'en avait pas, mais il n'avait pas songé à apporter le matériel pour jouer alors qu'il aurait très bien pu demander à des camarades de lui prêter, ça aurait été tellement plus intelligent que de se ramener avec les mains dans les poches l'air décontracté et pas du tout anxieux. Montrer ses faiblesses n'était pas un signe qui amènerait Bailee à le respecter mais d'un autre côté, peut-être qu'il passait pour le genre de personne vraiment cool et posé, qui ne se fait aucun soucis quant à la suite de leur rendez-vous, un peu comme si il ne le prenait pas au sérieux. Et pourtant, ça l'était vraiment. Sinon il n'aurait pas pris le temps de bien réfléchir avant de prendre la décision de proposer ne serait-ce qu'une trêve. Le point positif c'était que la bleu et bronze ne lui avait pas fait un commentaire désagréable en remarquant l'absence d'échiquier du côté de Maximilien. A moins qu'elle ne pense qu'il soit dans le sac que le garçon portait en bandoulière. Erreur, dedans se trouvaient paquets de bonbons et de gâteaux en majorité mais certainement pas de plateau de jeu. Prévoir ne faisait pas parti de ses atouts, heureusement que Bailee maîtrisait plus le domaine.

« Bien sûr ! Un échiquier reste un échiquier. »

Le garçon se retint de justesse de rajouter qu'ainsi il faisait preuve de sa bonne foi en ne soumettant pas un plateau de jeu que la Serdaigle pourrait pensé truquer. Il lui donnerait d'une certaine manière le mauvais rôle et même si ce n'était pas de manière volontaire, il y a peu de chance que ça l'aide à tenir leur deal. Maximilien tenait à ne pas le rompre le premier, il avait eu chaud et devrait faire deux fois plus attentions à ses paroles. Le souhait de ne pas mentir l'avait quelque peu aider pour le coup mais cette question ne se poserait pas tout le temps. Là, c'était juste parce qu'il n'en avait pas et que dire ce à quoi il avait pensé aurait pu faire supposer à la jeune fille qu'il en avait un. Hors ce n'était pas le cas, en parlant un peu plus il se serait très certainement enfoncé. Se contenter de réponses brèves limiter les risques de dire des boulettes, c'était un avantage mais bien un des seuls. Agir de cette manière lui faisait prendre conscience de manière forcée qu'ils n'avaient pas de discussion, pas grand chose à se dire donc qui résumait le fait qu'ils n'aient en commun pour les faire parler le temps d'une partie. Si il y a bien une autre chose que Maximilien voulait éviter, c'était de passer cette partie dans un silence presque total. Ils étaient venus se changer les idées et personnellement, c'était pas en faisant bouger les pions quand venait son tour de jouer que ses idées noires s'envoleraient.

« C'est drôle, ça va faire bientôt quatre ans je suis dans cette école et ce n'est que cette année que je me suis aperçue de l'immensité de la bibliothèque. J'veux dire, en parlant au niveau espace mais avec tous les livres qui s'y trouve, il doit y avoir de très nombreuses connaissances. C'est tellement grand et je n'ai pas l'habitude alors je m'y perds un peu quand je viens chercher une information en particulier. Tu dois bien connaître comment se repérer pour chercher efficacement un livre, tu pourras peux m'expliquer ? »

Pendant qu'il rejoignait la place en face de Bailee après l'avoir bêtement suivit jusqu'au moment où elle s'était assise et que pour lui, il fallait partir de l'autre côté, Maximilien s'était demandé ce qui pourrait plaire à sa camarade. Sa conclusion au moment de s'asseoir avait été qu'elle se sentirait peut-être flatté si elle était mise en valeur par une demande de conseil. Le sujet n'était pas l'idée du siècle mais la réponse serait vraiment utile, il ne mentait pas, comme si il s'était un peu ennuyé depuis le début des vacances, il avait fait un tour à la bibliothèque parce que les propos d'Emily lui étaient revenus en tête. C'est un drôle de moyen de faire passer le temps, c'est surtout pour ceux qui n'ont personne mais c'est drôlement efficace quoique pas super passionnant d'étudier certains sujets en profondeur. Là n'était pas la question, il avait franchement galéré et avait bien remarqué qu'il avait bien énervé la jeune femme qui s'occupait de l'entretien des lieux. Si il lui arrivait de s'ennuyer les prochains jours et qu'il venait à y retourner, au moins il n'embêterait personne et se ferait moins remarquer. Ce qui serait pas mal dans le sens où il n'aimerait pas trop que ses séjours au milieu livres soient célèbres auprès de ses camarades absents lors des vacances.

« Bien sûr ! Un échiquier reste un échiquier. »

La jeune fille sourit, heureuse de pouvoir utiliser son propre matériel auquel elle était très attachée. Elle ne l’utilisait pas spécialement souvent, préférant en général passer ses soirées plongée dans des bouquins plus gros qu’elle, dévorant chacune des lignes comme si sa vie en dépendant, parvenant la plupart du temps à retenir toutes les informations que le bouquin contenait sans trop de difficultés. Alors quand elle avait l’occasion de ressortir son échiquier, c’était avec plaisir qu’elle le faisait. En plus, elle n’aurait plus vraiment l’occasion de le faire maintenant que Candlynn était partie, d’ailleurs ce n’était pas la seule chose qu’elle avait relégué au rang de simple souvenir, il y avait aussi tous ses carnets à dessin, ses crayons, ses feutres, les tubes de peinture et les pinceaux qu’elle avait acheté rien que pour faire plaisir à sa meilleure amie. Elle savait que cette dernière était une véritable artiste et que passer des heures à peaufiner un dessin étrange, à reproduire un paysage ou encore à tracer simplement des formes régulières pour s’entrainer sur une page de brouillon ne lui posait aucun problème. Alors c’était tout naturellement qu’elle s’était mise à l’accompagner, la laissant lui enseignant les gestes simples pour que ses propres représentations ressemblent enfin à quelque chose. Oh, bien sûr, c’était loin d’être parfait et Bailee ne s’était pas découvert une vocation pour ce domaine, mais c’était un moyen supplémentaire de partager quelque chose en plus et c’était pour cette raison qu’elle avait persévéré. Maintenant, elle n’avait plus aucune raison de le faire. C’était une affreuse contestation et il arrivait encore à Bailee d’ouvrir l’armoire de leur ancien dortoir commun et d’éclater en sanglots parce qu’elle savait que tout ce qu’elle avait vécu de merveilleux avec Candy ne pourrait jamais plus se reproduire. Elle aurait donné n’importe quoi pour revivre ces simples petits instants de bonheur, mais elle ne pouvait tout simplement pas et c’était vraiment dur. Mais évidemment, elle n’en laisserait rien paraitre, surtout devant Maximilien.

« Effectivement. » Répondit-elle avec un grand sourire. « Avec celui-là ou un autre, je vais te mettre la raclée de ta vie. »

Elle plaisantait mais à moitié seulement. C’était le grand défaut de Bailee, elle était incapable de dissimuler dans un coin son esprit de compétition, même pendant leur trêve, elle avait besoin de lui faire comprendre qu’elle comptait gagner et qu’il n’avait plutôt pas intérêt à se mettre sur son chemin. Oh bien sûr, elle avait lancé ces quelques mots sur le ton de la conversation, comme une bonne plaisanterie entre deux amis. Mais justement, ils n’avaient jamais été amis, pas même de vagues connaissances qui échangeaient cordialement quelques mots de temps à autres. Ils avaient au contraire développé une farouche inimitié liée justement à Candlynn et à son rapprochement évident avec le jeune homme. Maximilien pouvait nier tant qu’il voulait, il lui paraissait évident qu’il y avait un truc particulier entre eux qui différait d’une simple amitié et même si elle n’avait jamais eu la moindre preuve en ce sens, ça l’énervait parce qu’elle détestait partager la petite bleu et bronze. C’était sûrement complètement stupide de la part de Bailee. Elle n’avait jamais eu de droit de propriété quelconque sur sa meilleure amie et désormais elle en aurait encore moins, mais elle avait un souci psychologique avec ça, elle avait besoin de tout contrôler et l’idée de ne pas pouvoir le faire et de voir une situation lui échapper la rendait tout simplement malade. Il faudrait du temps avant que les choses changent.

« C'est drôle, ça va faire bientôt quatre ans je suis dans cette école et ce n'est que cette année que je me suis aperçue de l'immensité de la bibliothèque. J'veux dire, en parlant au niveau espace mais avec tous les livres qui s'y trouvent, il doit y avoir de très nombreuses connaissances. C'est tellement grand et je n'ai pas l'habitude alors je m'y perds un peu quand je viens chercher une information en particulier. Tu dois bien connaître comment se repérer pour chercher efficacement un livre, tu pourras peux m'expliquer ? »

La demande du jeune homme la surprit tellement qu’elle en oublia de sortir son échiquier pour commencer la partie. Alors comme ça, il avait besoin de son aide maintenant ? Il avait pourtant vanté son indépendance pendant un certain temps avant et il lui avait bien fait comprendre un certain nombre de fois qu’elle était la dernière personne qu’il voulait voir entrer dans sa vie. Comme quoi, il était vraiment sérieux quand il parlait de la trêve qu’il voulait instaurer entre eux et sans trop savoir pour quelle raison, Bailee lui en était reconnaissante. Il était agréable de simplement enterrer la hache de guerre, oublier leurs crasses communes et simplement repartir sur de bonnes bases. Ça n’arrivait pas franchement souvent et la Serdaigle était la première à être trop fière pour parvenir à oublier de vieux ressentiments. Qui plus était, elle avait bien conscience qu’elle n’était pas douée pour les relations amicales ou les relations tout court d’ailleurs, elle était douée pour envoyer balader les gens et s’attacher véritablement à un camarade lui paraissait trop stupide. Le départ de Candlynn en était la preuve, elle avait voulu développer une véritable amitié et en avait plus souffert qu’autre chose. Comme quoi, sa philosophie n’était pas si stupide que ça en fin de compte.

« Eh oui, dans une bibliothèque on trouve beaucoup de livres… Dure réalité. » Plaisanta Bailee sans pouvoir s’empêcher de le titiller un peu. « Je ne suis pas mère Theresa mais je veux bien t’aider… Pour cette fois. » Se crut-elle obligée de préciser. « Tu cherches quoi au juste ? »

Le taquiner un peu était dans sa nature, elle ne pouvait pas aller contre ça, agir en étant pleinement amicale ne lui ressemblait pas et elle tenait à rester un peu naturelle malgré tout. Maximilien ne la comprendrait peut-être pas mais tant pis, elle faisait son maximum et trouvait déjà ça bien suffisant. Ils avaient déjà fait un grand pas en avant en se retrouvant ici de leur plein gré, il ne fallait pas trop en demander pour une première fois.

« Effectivement. Avec celui-là ou un autre, je vais te mettre la raclée de ta vie. »

Le Gryffondor se contenta d'abord de lever les yeux vers le plafond parce qu'il n'avait pas de meilleure réponse à donner. Il était inutile qu'il conteste sa camarade juste parce qu'il ne supporte pas qu'elle ait le dernier mot ou qu'elle ait raison. L'issue du match était déjà écrite avant même qu'ils ne commencent à bouger leurs pions, dire maintenant le contraire serait de la mauvaise foi ou de la prétention, du moins il imaginait que Bailee prendrait ce genre de réaction comme un moyen de se voiler la face le plus longtemps possible, un acte pas très courageux pour quelqu'un qui était dans la maison où les élèves étaient cessés avoir un haut degrés de courage. Parfois ils en ont tellement trop que ça finit par s'appeler de l'inconscience et de la stupidité mais telle n'était pas le sujet maintenant. Pour optimiser leurs chances de passer un moment agréable, mieux valait être sincère le plus de fois possible, si possible, durant toute la durée de leur échange. Inutile donc de vanter de fausses qualités en matière d'échecs sorciers, par contre il avait le mérite de se prêter à une partie qu'il savait déjà perdu d'avance, le garçon espérait que ce geste saurait être reconnu et apprécier. Il fallait en faire des choses pour que certaines filles vous apprécient ou vous tolèrent un minimum...

« Comme ça on pourra dire que nous sommes quitte. »

Mi-sérieux, mi-blagueur, Maximilien faisait référence à leur match sur le bateau cet été. Son souhait n'était pas de remuer le couteau dans la plaie mais il n'avait pu s'empêcher de lancer quelque chose, une petite pique pour préserver son honneur, il était prêt à beaucoup pour que ce moment passé avec la Serdaigle se passe bien mais pas au point de se laisser marcher dessus juste pour faire plaisir à sa camarade, sa gentillesse à des limites. Sans once de provocation dans sa voix, il espéra que sa réponse était bien passée, après tout ce n'était qu'une petite piqûre de rappel qu'il avait lâché d'un air innocent et son petit sourire en coin avait voulût montrer qu'il rigolait et non pas qu'il réfléchissait sérieusement aux événements qui s'étaient déroulés quelques mois plus tôt. Restait à prier pour que Bailee n'est pas considérer qu'il était en train de se moquer d'elle. Normalement, si elle lui avait parlé de cette manière un autre jour, il y aurait eu fort à parier que le garçon aurait pris la mouche, mais il prenait sur lui, c'était le deal, il allait pas chercher les ennuis dès quelques minutes à peine. Avec un peu de recul, il eut un peu peur que sa camarade prenne mal ce qu'il lui avait dit, une fille c'était trop compliqué à comprendre. Encore, Candlynn ça allait mais c'était une des seules avec qui parler ne se résumait pas à une grosse prise de tête, pas besoin de prendre un dolipranne ensuite pour faire passer la lourdeur de la conversation. Et dire qu'elle n'était plus là alors que c'était pour elle qui s'était affronté cet été, tout comme c'était indirectement pour elle qu'ils étaient là. La peine qu'elle leur avait causé leur permettait de trouver une excuse pour passer un bon moment ensemble.

« Eh oui, dans une bibliothèque on trouve beaucoup de livres… Dure réalité. Je ne suis pas mère Theresa mais je veux bien t’aider… Pour cette fois. Tu cherches quoi au juste ? » 

Parce qu'il la connaissait quand même un peu, Maximilien se dit qu'elle était tout simplement incapable de ne pas titiller d'une manière ou d'une autre les personnes avec qui elle avait la possibilité d'échanger. Aussi, après être habitué à être rouler dans la boue par la jeune fille, il se dit qu'elle faisait quand même des efforts, elle était capable de réparti beaucoup plus méchantes. C'était peut-être une toute petite amélioration, qui ne voudrait sûrement pas dire qu'ils deviendraient prochainement les meilleurs amis du monde, mais malgré tout Maximilien était très content. Il lui avait toujours dit ne pas l'a vouloir dans son entourage et que le fait que ça soit réciproque l'arrangeait bien alors pourquoi était-il si heureux que pour l'instant tout se passe bien entre eux. Si Candlynn était encore au château, le rouge et or aurait pensé que c'était pour elle, pour qu'elle soit contente de voir ses deux amis réussir à avoir un dialogue normal sans se lancer des crasses au visage, mais vu qu'elle n'était plus là, ses propres réactions lui échappaient un peu. Parfois, il en venait même à oublier momentanément les raisons qui l'avaient poussé à écrire à la jeune fille. C'était idiot, il avait voulût être gentil et pouvoir parler avec quelqu'un qui pouvait le comprendre sans pour autant qu'ils replongent dans la nostalgie et fondent en larmes. En fait, lui aussi était une personne assez compliquée. Mais moins que Bailee quand même, difficile de l'être plus qu'elle.

« Des bouquins qui parlent de plantes. » Lâcha t-il le plus simplement du monde. « J'aime bien la botanique, c'est mon cours préféré à vrai dire. J'sais pas trop pourquoi mais ça me plaît. J'sais bien que les programmes des années prochaines m'en apprendront plus mais quitte à lire des livres, je voudrais au moins qu'ils m'intéressent. Et pour l'instant j'ai trouvé que ceux-là. »

Pour être honnête, le Gryffondor aurait également besoin de livres concernant les notions travaillées cette année par exemple, dans certaines matières où il avait beaucoup de mal. Le truc c'est que quand il ne comprenait pas, il était pas motivé à chercher plus loin et forcer les choses. Puis avouer à Bailee qu'il avait de grosses difficultés ? Il était pas encore prêt pour ça. Certes, elle apprécierait peut-être le fait qu'il se bouge enfin le popotin pour combler ses lacunes mais elle pourrait aussi très bien en profiter pour lancer des piques un peu plus méchantes. Si son attitude habituelle reprenait le dessus maintenant, elle allait se remettre à le rabaisser et cette fois il ne pourrait pas vraiment prétendre à des excuses crédibles. Pour éviter la casse, il préférait y aller léger, après tout il ne lui mentait pas pour autant et les conseils qu'elle lui donnerait, Maximilien pouvait très bien les réutiliser plus tard pour d'autres livres.

Spoiler:

« Comme ça on pourra dire que nous sommes quitte. »

Quitte ? Absolument pas non, Bailee n’allait pas le laisser croire la moindre petite seconde qu’il avait gagné la première manche de leur combat au sommet. Durant cette fameuse croisière, elle n’avait pas été au mieux de sa forme, Candlynn lui manquait affreusement et il lui avait été difficile de ressentir un tel vide, c’était la première fois de sa vie que ça lui arrivait. Ces vacances, elle avait été un peu obligée de les vivre de cette façon en définitive parce que si elle était retournée chez elle, il y aurait eu de fortes chances pour que ses parents la renvoient de nouveau dans cette prison dorée appelée plus communément hôpital, prison dans laquelle elle ne pouvait que lire et encore, pas tout ce qu’elle voulait, regarder la télévision avec ses colocataires provisoires et passer des entretiens réguliers avec un psychiatre qui notait tout un tas d’informations bidons sur un tout petit carnet et discutait ensuite avec ses médecins de sa pathologie afin de trouver un traitement adapté qu’elle allait de toute façon refuser de prendre. La fuite avait donc été la meilleure option, raison pour laquelle elle s’était embarquée sur ce bateau. Elle s’était montrée faible, seule et désemparée, Max n’avait rien gagné.

« Ou pas. » Répondit-elle avec le sourire. « Tu ne m’as jamais battu officiellement, il aurait fallu qu’il y ait un véritable match pour ça. »

Effectivement, on ne pouvait pas véritablement parler de tournoi, ils avaient passé plus de temps à s’engueuler pour un point perdu qu’à jouer et on ne pouvait pas franchement appeler ça une victoire, d’autant plus que dans l’esprit de Bailee, c’était surtout par un match nul que c’était soldée cette rencontre. Certes, si elle avait véritablement eu lieu, la Serdaigle aurait probablement mordu la poussière parce qu’elle était loin d’être sportive qu’elle avait appris les règles sur le coup, de manière très vague sans trop comprendre dans quoi elle s’embarquait, alors forcément elle ne risquait pas de remporter la victoire et elle ne se voilait pas la face à ce sujet. Cependant, il n’y avait pas eu combat, il ne l’avait donc pas battue quoi qu’il en soit et heureusement pour la Serdaigle, il n’y avait pas de salle de Squash dans Poudlard donc aucun moyen de remettre ça pour voir si véritablement il l’aurait battu et avec un peu de chance il ne penserait pas à lui demander de se mesure à lui sur un terrain de Quidditch.

« Des bouquins qui parlent de plantes. J'aime bien la botanique, c'est mon cours préféré à vrai dire. J'sais pas trop pourquoi mais ça me plaît. J'sais bien que les programmes des années prochaines m'en apprendront plus mais quitte à lire des livres, je voudrais au moins qu'ils m'intéressent. Et pour l'instant j'ai trouvé que ceux-là. »

Bailee était de plus en plus étonnée, qu’il lui demande un peu d’aide était une chose et elle comprenait qu’il ait pu avoir envie de le faire, après tout elle passait sa vie dans les bouquins si quelqu’un savait de quoi elle parlait c’était bien la Serdaigle mais de là à lui filer un coup de main pour trouver un livre qui parlait de plantes, c’était quand même bien plus délicat qu’elle n’avait pu l’imaginer. Et puis sérieusement, qu’est-ce qui pouvait bien le pousser à vouloir se lancer d’un seul coup là-dedans ? Pour quelqu’un qui n’aimait pas la lecture c’était quand même un peu étrange. C’était un peu comme si un non croyant qui détestait tout ce qui touchait de près ou de loin à la religion décidait d’aller tous les dimanches à la messe ça n’avait pas le moindre sens… Dans le cas de Maximilien, c’était peut-être pour se dégouter à tout jamais des livres et comprendre que ce n’était pas du tout pour lui ? Bailee ne pouvait pas laisser faire une chose pareille, c’était une insulte à la littérature et il était certain que lire un bouquin traitant de botanique ne devait être enthousiasmant pour personne.

« La botanique… C’est pas franchement mon truc mais je peux t’aider à trouver ça. Sauf que c’est un peu vague, des livres sur le sujet il en a une bonne cinquantaine à la bibliothèque et je ne te parle pas de ceux que tu peux trouver en complément à la réserver t’en as pour des mois avant de les avoir tous lu… Et puis soyons honnêtes, personne ne peut lire un livre de botanique pour le plaisir, tu le fais dans le cadre d’un exposé, d’un devoir ou à propos d’un cours que tu n’as pas compris mais lire ce genre de bouquin chapitre par chapitre n’a tout simplement aucun intérêt, tu vas t’ennuyer… » Tenta-t-elle de lui expliquer. « Je prendrais un bon roman à ta place, surtout si tu n’aimes pas lire à l’origine, autant prendre un truc qui pourrait t’intéresser. »

Pouvoir montrer différents livres à Maximilien et lui faire découvrir un registre nouveau et potentiellement quelque chose qu’il pourrait aimer l’enthousiasmait plus qu’elle n’aurait bien voulu l’admettre, elle aimait faire découvrir des choses auxquelles elle était attachée et les livres et tout ce qui se rapportait à ce domaine lui paraissait primordial. Dans le monde des sorciers, l’informatique n’avait pas encore pris une place trop importante mais ça contrastait énormément avec ce qu’elle connaissait du monde moldu. Lorsqu’elle rentrait chez ses parents, chose qui n’arrivait pas forcément régulièrement, elle était toujours atterrée de voir l’évolution rapide des technologies et l’influence qu’elles avaient sur le quotidien de milliers de gens. Dans le bus qui l’emmenait à la bibliothèque, elle avait pu constater avec déplaisir que le nombre de personnes qui lisaient directement sur un écran au lieu de tourner les pages de véritables bouquins étaient incroyablement nombreux et elle s’était presque sentie intruse lorsqu’elle avait franchi les portes du si précieux établissement. L’idée de lui faire aimer la lecture était donc assez séduisante et c’est avec le sourire aux lèvres qu’elle finit d’installer l’échiquier.

« On la commence cette partie ? »

Prête à en découdre, la jeune fille posa ses mains de chaque côté du plateau, attendant que le jeune homme soit prêt avant de commencer. Pour une fois, Bailee se sentait super à l’aise en compagnie du Gryffondor, il n’y avait pas d’ambiance désagréable et ça se ressentait sur le moment qu’ils passaient ensemble. Ce n’était que le début mais la bleue et bronze avait bon espoir que les choses se déroulent de la meilleure des façons.

« Ou pas. Tu ne m’as jamais battu officiellement, il aurait fallu qu’il y ait un véritable match pour ça. »

Bien sûr, fallait qu'elle ramène toujours ce petit détail insignifiant qui de toute façon ne changeait rien. Si le match s'était poursuivit, il n'y avait aucun doute sur l'identité évidente du vainqueur. Sans vouloir être méchant, Bailee était une quiche en sport, c'était définitivement pas son domaine vu la manière dont elle avait pris le défi – limite comme un règlement de compte avec un regard qui aurait pu faire penser à un membre de la mafia. Le Gryffondor n'en connaissait pas personnellement mais c'est ce à quoi lui faisait parfois penser son frère, pas à cause de ses fréquentations mais son regard, faudrait penser un de ces quatre à lui offrir un miroir puisse enfin comprendre que sa gueule de défoncer est un supplice pour les yeux. Bailee n'en était pas arrivée à ce point là cet été et le garçon espérait qu'elle soit moins flippante aujourd'hui, déjà qu'elle allait lui mettre la raclée de sa vie comme elle le disait, si en plus elle se transformait en psychopathe, tant pis pour l'honneur mais Maximilien ne tarderait pas pour décamper, rentrer dans son dortoir et s'y enfermer avant que la honte sur lui disparaisse totalement.

« C'est juste un détail, nous savons tous les deux que si nous avions une seconde possibilité de nous mesurer à l'autre, tu n'aurais aucune chance de gagner. »

Il n'avait pu s'empêcher d'essayer d'avoir le dernier mot, c'était plus fort que lui. Les bonnes habitudes, quand elles nous tiennent. Fort heureusement, aujourd'hui n'était pas question de savoir qui serait le plus méchant envers l'autre au point de lui clouer le bec, c'était quand même un peu plus léger et le rouge et or savait apprécier. De là à dire que c'était le top d'avoir une conversation comme celle-ci, fallait pas pousser non plus, mais c'était déjà beaucoup mieux que tout ce qu'il avait pu connaître avec sa camarade et il en était plutôt satisfait. Ca pouvait être plus marrant de discuter avec Bailee et jusqu'à quelques minutes auparavant, il en doutait encore, et ce, même si ils s'étaient tous les deux promis de faire des efforts à ce niveau-là. D'ailleurs, peut-être qu'en réalité la jeune fille était en train de rassembler toute sa volonté pour paraître plus agréable de coutume. Ou peut-être qu'elle appréciait aussi ce changement même si Maximilien ne s'attendait pas à ce qu'elle l'admette. Mais il préférait penser comme ça, qu'elle y prenait un minimum goût elle aussi. Candlynn aurait été heureuse de les voir ainsi, c'était un peu pour elle qu'ils en étaient arrivés là, parce qu'elle leur avait demandé mais bien à cause de son absence. Est-ce que sans ça, cette partie d'échecs aurait eu lieu ? Probablement que non, pourtant ça avait l'air bien parti et lui, refusait de penser que c'était une bonne chose si le prix en était le départ d'une amie très précieuse.

« La botanique… C’est pas franchement mon truc mais je peux t’aider à trouver ça. Sauf que c’est un peu vague, des livres sur le sujet il en a une bonne cinquantaine à la bibliothèque et je ne te parle pas de ceux que tu peux trouver en complément à la réserver t’en as pour des mois avant de les avoir tous lu… Et puis soyons honnêtes, personne ne peut lire un livre de botanique pour le plaisir, tu le fais dans le cadre d’un exposé, d’un devoir ou à propos d’un cours que tu n’as pas compris mais lire ce genre de bouquin chapitre par chapitre n’a tout simplement aucun intérêt, tu vas t’ennuyer… Je prendrais un bon roman à ta place, surtout si tu n’aimes pas lire à l’origine, autant prendre un truc qui pourrait t’intéresser. »

Tout simplement, le Gryffondor en resta bouche-bée. Que Bailee accepte, ça relevait déjà du miracle, heureusement qu'il le lui demandait aujourd'hui parce que la réponse un autre jour n'aurait été sûrement pas la même. Mais qu'elle aille jusqu'à lui donner des conseils pour ne pas s'ennuyer, il se demandait où était le piège. C'était un peu méchant de se mettre sur les gardes mais il s'agissait là également d'un réflexe et en l'écoutant petit à petit parler, il décida de baisser sa garde et d'examiner la proposition de sa camarade. La botanique, ça lui plaisait bien mais c'est vrai que lire des chapitres à la suite avec que des informations, ça serait peut-être un peu dur à lire. Dans un autre sens, il n'était pas non plus intéressé par la lecture de romans. Il n'avait jamais été très fan des histoires. Cependant, Bailee avait l'air contente de pouvoir le conseiller, il lui avait donné une utilité et mine de rien elle semblait en être ravie. Si ils en était là, c'était un peu de sa faute après tout, du coup il pouvait bien lui faire plaisir. En espérant qu'elle ne lui ramène pas un livre de romance tout pourri, histoire de lui faire une blague de très mauvais goût.

« Va pour un roman alors mais j'ai un peu peur de ne pas trouver de thème qui me captive pour que je le lise. J'sais pas trop ce qui pourrait me plaire en fait. »

Il était pas indécis, il ne savait simplement pas quelle genre d'histoire était susceptible de le passionner au point qu'il lise tout un bouquin en entier sans broncher. Ce serait une première et il était bien curieux de voir si c'était possible. C'était un être humain normalement constitué, techniquement il en était capable, maintenant il fallait qu'il trouve le courage de le faire et c'était deux choses différentes pour lui. Peut-être que ça serait pas dur et que ça se lirait tout seul, là il pourrait enfin comprendre ce que sous-entendait sa grande sœur quand elle lui racontait ne pas voir le temps passé quand elle était le nez dans les bouquins. Parfois elle en oubliait même de faire des choses importantes ainsi que ses cours de piano. Bah, si ça pouvait le rapprocher encore un peu plus de Marissa, le rouge et or était deux fois plus motivé pour essayer de lire n'importe quel roman. Sauf à l'eau de rose. Peut-être que des livres de capes et d'épée serait plus son genre ? Et ça ferait râler son frère, et bah tant pis, faut bien choisir qui on devient et Maximilien étant le cadet, il avait eu le temps de voir deux choix de vie différents pris par ses aînés et il avait eu le temps de choisir ce qu'il voulait devenir. Quelqu'un de bien meilleur que Franz même si son niveau à l'école n'était pas équivalent. Ca, c'était un choix totalement délibéré alors ça ne comptait pas.

« On la commence cette partie ? »

Il serait temps oui, c'était le but premier de leur entrevue après tout, et ce même si le Gryffondor avait trouvé le moyen d'alimenter la conversation pour leur faire passer le temps autrement. C'était un peu de la fuite en fin de compte mais l'objectif de la base était autre. Il avait juste voulût détendre l'atmosphère, enfin pour le coup il avait bien réussit à voir l'attitude déterminée de sa camarade qui avait hâte de le voir perdre en beauté face à elle. Se répéter que c'était uniquement un moyen de lui faire plaisir, il le faisait exprès ne rendait pas pour autant la perspective de perdre agréable et le garçon s'en mordrait presque les doigts d'avoir accepter à un moment donné de se retrouver dans cette situation. Au lieu de regarder fixement l'échiquier, Maximilien laissa son regard vagabonder dans les airs, histoire de retarder le moment de réflexion intense, de se donner un avant goût de ce qui se passait autour avant d'en avoir à nouveau le temps. Et c'est à ce moment là que choisis un hibou pour faire son apparition et déposer une lettre en plein milieu de l'échiquier. Cadeau de début du jeu.

« C'est juste un détail, nous savons tous les deux que si nous avions une seconde possibilité de nous mesurer à l'autre, tu n'aurais aucune chance de gagner. »

Effectivement, elle en avait pleinement conscience raison pour laquelle elle avait pris un malin plaisir à chipoter pour des détails durant leur interminable début de partie. En agissant de la sorte, elle était plus que persuadée d’esquiver une partie un peu délicate durant laquelle elle se serait inévitablement fait mettre une raclée. Finalement cette première balle l’avait sauvé d’une après-midi d’intense souffrance. Etre confrontée à l’échec était toujours très délicat pour la Serdaigle qui avait beaucoup de mal à gérer sa colère et sa frustration. C’était ridicule et elle en avait pleinement conscience, on ne pouvait pas être bon dans tous les domaines et avoir des difficultés n’avait jamais tué personne. Si vraiment elle avait voulu s’améliorer, elle aurait toujours pu demander à Maximilien de lui donner quelques cours histoire d’acquérir au moins la base de cette discipline sportive à laquelle elle ne connaissait strictement rien. Mais admettre à l’un de ses pairs qu’elle ne possédait pas ses compétences était absolument hors de question, elle aurait encore préféré la flagellation sur place publique. Trop fière peut-être.

« Ce regain d’assurance fait plaisir à voir. » Avoua la jeune fille avec un sourire. « Mais ça reste totalement faux, je suis une grande sportive. »

Elle se radoucissait, c’était indéniable et ce comportement ne lui ressemblait absolument pas, il était étrange de se rendre compte qu’elle pouvait être gentille avec quelqu’un qu’elle considérait jusqu’à présent comme son ennemi juré. Il fallait peut-être qu’elle commence à admettre qu’elle y était allée un peu fort avec ce pauvre Maximilien qui ne lui avait rien fait à part s’enticher de sa meilleure amie qui n’était de toute façon pas une propriété privée. Mais il était encore trop tôt pour qu’elle se sente obligée de prononcer des excuses que ce soit dans sa tête ou à voix haute, ils commençaient tout juste à tenter de s’apprécier et rien ne lui disait que c’était quelque chose qui perdurerait avec le temps, peut-être allaient-ils même recommencer à se chercher des noises dans les deux prochaines minutes. Bailee en doutait, cependant, ils semblaient tous deux disposés à enterrer la hache de guerre, au moins pour le moment et même s’il lui semblait très difficile de parvenir à changer d’opinion sur quelqu’un. Dans son esprit, revenir sur ses paroles était un signe de faiblesse et il était hors de question qu’elle paraisse faible.

« Va pour un roman alors mais j'ai un peu peur de ne pas trouver de thème qui me captive pour que je le lise. J'sais pas trop ce qui pourrait me plaire en fait. »

Pauvre petit indécis. Bailee ne parvenait pas à comprendre comment un être humain normalement constitué pouvait ne pas aimer la lecture ? C’était pourtant quelque chose de tellement simple et pas du tout fatiguant, il suffisait de trouver un ouvrage et les lieux de disponibilités restaient relativement nombreux malgré l’apparition de la technologie moldue et d’en savourer chaque instant en se laissant porter par l’univers créé par l’auteur. Il y avait quand même pire que de devoir avaler un peu plus de cent pages de suspens et de pur bonheur mais évidemment il fallait bien choisir le livre que l’on voulait lire. Tous les styles ne convenaient pas au plus grand nombre, Bailee elle-même avait déjà été déçue par une de ses lectures, même si a n’était pas arrivé souvent. Il fallait donc bien choisir ce dans quoi on s’embarquait mais une fois qu’on était pris à l’intérieur impossible de s’en détacher. C’était probablement pour cette raison que les sagas marchaient si bien, une fois qu’on avait lu le premier tome, aussi mauvais soit-il, il était difficile de s’empêcher d’acheter le second et le troisième pour découvrir ce qu’était la suite de l’histoire.

« On va tester plusieurs choses, je pense qu’on peut laisser les romances mais un policier avec pas mal de suspens devrait être assez accrocheur. Tu aimes la science-fiction ? Parce que si c’est le cas on peut même combiner les deux. Il faut simplement réussir à se plonger dans un univers pour réussir à lire sans se lasser, tu peux y arriver, tu n’es pas plus bête qu’un autre. »

Voir Bailee aussi impliquée pour quelqu’un était assez rare, la jeune fille était, en règle générale assez égoïste et considérait qu’à part son propre plaisir, rien d’autre ne comptait à ses yeux. Si elle réussissait et que les autres rataient à côté d’elle, ça n’avait juste pas la moindre importance. Odieuse ? Peut-être un peu mais la Serdaigle considérait simplement qu’elle était un peu moins hypocrite que les autres. Bien sûr qu’on pouvait être content de voir ses amis s’en sortir dans la vie et réussir ce qu’ils avaient entrepris et elle pouvait éventuellement compatir à leur douleur si ce n’était pas le cas, mais tant qu’elle réussissait de son côté rien ne pouvait véritablement l’affecter. Mais quand il s’agissait de faire découvrir sa passion, la jeune fille pouvait se transformer et passer de l’adolescente un peu désabusée à une personne très enthousiaste et désireuse de partager son savoir. Une transformation qui jouait en sa faveur, donc mais qu’elle ne se permettait pas au hasard, se contentant de sortir de sa coquille uniquement lorsque ça en valait la peine. Mais elle n’en oubliait pas pour autant ses objectifs et elle crut utile de rappeler au rouge et or qu’ils avaient une partie à mener à bien, c’était sans compter sur une arrivée inattendue qui lui fit momentanément oublier de commencer à jouer.

« T’as ramené ta copine la chouette pour t’aider à me battre ? » Demanda la Serdaigle, consciente que son explication était totalement stupide. « Qui peut bien envoyer une lettre à cette heure-ci ? C’est pour moi ou pour toi ? »

Le volatile avait eu la judicieuse idée de se poser entre eux, si bien qu’elle ne parvenait pas à savoir à qui pouvait bien s’adresser ce courrier, Bailee n’osait pas vraiment s’en approcher, craignant que le rouge et or ne voit ça comme une tentative de s’immiscer dans sa vie privée. Pour sa part, elle n’avait rien à cacher aussi attendit-elle bien sagement que le rouge et or prenne une décision.

« Ce regain d’assurance fait plaisir à voir. Mais ça reste totalement faux, je suis une grande sportive. »

Bailee croyait-elle au moins ce qu'elle racontait ? Parce que pour faire accepter une information aux autres, encore fallait-il sincèrement y croire. Hors, le Gryffondor avait l'impression que sa camarade n'agissait que dans le but de ne pas perdre la face devant lui même en sachant pertinemment que leur niveau physique était différent. Il n'était pas d'un très grand niveau non plus, ses plus gros efforts physique se résumaient le plus souvent à la course, quand il s'agissait de prendre ses jambes à son coup pour fuir préfets ou professeurs pendant leurs tours de gardes la nuit, ou bien les chiens des voisins quand il était de retour à Reading. Ceux réalisés de bonne volonté consistaient à le faire se déplacer élégamment sur une piste de danse. En soit, pas un grand exploit digne des très grands champions mondiaux ou olympiques qui bluffent tout le monde à chacun de leur passage. Néanmoins, même si ce n'était pas grand chose, le garçon considérait que ses efforts étaient de toute façon plus nombreux que la Serdaigle, qu'il était donc plus préparé qu'elle à bouger et que donc, par une définition qui se voudrait régie par la logique, la victoire, sur un sport qui demande de se mouvoir avec habilité et rapidité, lui revienne sans trop de difficulté.

« Dans ce cas là, tu n'vois aucun problème à ce que un jour ou l'autre, nous nous affrontions sur un autre sport que le squash mais qui soit autant physique. Pourquoi pas quelque chose comme le tennis ? Ou le badminton ? »

Les chances que la jeune fille accepte le défi par fierté seulement étaient grandes selon Maximilien, pourtant il avait quand même voulût vérifier si elle trouverait le moyen de se défiler de manière subtile – ou non – de peur de se retrouver dans la même situation délicate que celle qu'elle-même avait causé sur le bateau. Peu importait la réponse pour lui, il voulait juste la taquiner, la prendre un peu à son propre jeu si c'était possible parce qu'il fallait être aveugle pour ne pas comprendre que Bailee détestait perdre la face devant les autres. Encore une qui ne devait pas supporter les échecs. Cette manie pouvait à la fin causer les gens à leur perte. Certes, le Gryffondor ne désirait pas que sa camarade finisse par déprimer au point de sombrer totalement dans les abysses, et ce, par sa faute pour l'avoir battu. Elle était difficile à cerner, comme beaucoup de Serdaigle – pour ne pas citer de nom – et il l'avait toujours mal jugé sans creuser plus loin pour la comprendre. Conforme à leur engagement, Maximilien essayait de se comporter agréablement tout en tentant de rectifier son point de vue sur la jeune fille. C'était rare mais il y avait eu quelques rares personnes pour l'apprécier, comme Candlynn par exemple et lui voulait trouver quels étaient les points positifs en elle, qu'elle cachait si bien, et qui pouvait la rendre appréciable pour certains de ses camarades. Il n'était pas obligé de pousser le truc jusque là mais tant qu'à y être, pourquoi pas. La solution, c'était peut-être d'accepter son mauvais caractère avec son côté tête de mule, le supporter sans pour autant s'abaisser réellement devant toutes les exigences de Bailee ? Si seulement Candlynn était encore là pour lui filer un coup de main...

« On va tester plusieurs choses, je pense qu’on peut laisser les romances mais un policier avec pas mal de suspens devrait être assez accrocheur. Tu aimes la science-fiction ? Parce que si c’est le cas on peut même combiner les deux. Il faut simplement réussir à se plonger dans un univers pour réussir à lire sans se lasser, tu peux y arriver, tu n’es pas plus bête qu’un autre. »

Les propos de la jeune fille ne lui ressemblaient tellement pas que le rouge et or se demandait si c'était bien la Bailee d'origine qu'il avait en face de lui et non une farce organisée par un idiot de première catégorie. Organisé avec du polynectar par exemple... Ou alors la Serdaigle était devenue une marionnette, c'était bien son corps mais sa voix et ses gestes ne dépendaient pas de sa volonté. Ces hypothèses plus étranges les unes que les autres n'avaient carrément pas de sens, il se donnait des frissons dans le dos pour rien parce que la possibilité que ces bêtises soient vraies frôler le zéro absolu. Qui serait assez bête pour aller chercher des noises à la jeune fille qui de toute façon ne se serait jamais laisser prendre. Puis c'était bien avec elle qu'il avait correspondu donc en cas de farce, il se serait retrouvé avec deux Bailee en face. Quelle horreur ! Le mieux encore était que la personne en face soit bien la Bailee qu'il connaissait. Et rien ne pourrait justifier que ce ne soit pas le cas, il devait donc réussir à intégrer que finalement, elle savait être plutôt gentille. Il fallait juste évoquer avec elle les bons sujets, ce dont pouvait être fier Maximilien puisqu'il avait réussit à son grand étonnement parce qu'il avait joué complètement au hasard. La chance semblait être de son côté aujourd'hui, si ça continuait il pourrait parvenir à se débrouiller assez bien aux échecs sorciers pour faire durer la partie et la rendre un minimum intéressante pour tous les deux.

« Oh chouette, de la science-fiction ! J'aime bien regarder les films dans ce style là donc je suppose que ces livres là ont plus de chances que d'autres de me plaire. C'est une bonne idée, je suis partant. Et dire que je pensais qu'il n'y avait que des livres sur les différentes matières enseignées à Poudlard dans la bibliothèque. »

C'est vrai, le Gryffondor était un peu à la ramasse alors que c'était quand même sa quatrième année qu'il passait entre les murs du château. Pour sa défense, il ne mettait jamais les pieds dans cet endroit, sauf quelques fois miraculeuses, comme à chaque fois qu'il devait faire des exposés et que ces derniers étaient suffisamment intéressants à ses yeux pour qu'ils fassent des recherches supplémentaires. En fait, ce n'était pas une super excuse parce que ça prouvait qu'il n'était pas très sérieux en cours pour ne pas faire de grandes recherches à chaque grand devoir qu'il fallait rendre. D'un côté, il n'en s'était jamais caché et que cette confidence soit un peu ridicule pour Bailee, il ne douta pas qu'elle n'en soit pas surprise, habituellement elle ne s'étonnait jamais de son manque de culture et n'hésitait même jamais à en rajouter des couches et des couches. Pour l'instant, elle avait globalement agit différemment que lors de tous les autres échanges qu'ils avaient pu avoir jusqu'ici, si elle pouvait continuer à se montrer sous un meilleur jour comme celui-ci, Maximilien serait très content. Il ne lui avouerait pas clairement et sûrement pas de suite mais elle lui avait vraiment donné la curiosité de lire et il aimerait qu'elle aille jusqu'au bout en lui conseillant quelques bouquins susceptibles de le faire devenir un lecteur passionné.

« T’as ramené ta copine la chouette pour t’aider à me battre ? Qui peut bien envoyer une lettre à cette heure-ci ? C’est pour moi ou pour toi ? »

Très maligne la chouette, faire tomber son courrier en plein milieu de l'échiquier pour faire planer un peu de suspens, ce n'était pas très intelligent. Donc ce n'était pas grâce à elle que Maximilien aurait pu mieux jouer lors de sa partie d'échecs avec Bailee, bien au contraire. Et comme la jeune fille ne se décidait pas, le garçon pris l'enveloppe et la retourna plusieurs fois avant de se rendre à l'évidence, pas de nom. Il haussa les épaules et l'ouvrit alors pour découvrir enfin auquel des deux le courrier était destiné. A son grand étonnement, c'était à lui qu'elle était destinée. Curieux, il prit donc le temps de la lire avant que son cœur ne se serre au fil de la lecture. Rapidement, il jeta un coup d'oeil à sa camarade avec appréhension, se demandant si elle était au courant. Elle lui en aurait parlé, non ? Au cas où, il devait peut-être lui demander. Après relecture de certains passages, Maximilien reposa lentement la lettre sur la table. La gorge nouée et sous le choc, il n'osait as regarder dans les yeux la bleue et bronze, et pourtant, il refusait de ne pas le faire. Après de gros efforts, il releva la tête et parvint à articuler quelques mots.

« Candlynn... Tu savais ? Pour son accident... »

Ce n'était pas très clair mais pour l'instant, c'était le peu dont était capable le garçon. Si Bailee voulait plus d'informations, elle n'avait qu'à lire la lettre. Pour le lui faire comprendre, il fit un peu glisser le parchemin en direction de la jeune fille.

« Dans ce cas-là, tu n'vois aucun problème à ce que un jour ou l'autre, nous nous affrontions sur un autre sport que le squash mais qui soit autant physique. Pourquoi pas quelque chose comme le tennis ? Ou le badminton ? »

Il ne lâchait jamais l’affaire, en fait ? Bailee pensait s’en être tirée mais visiblement ce n’était pas le cas. Certes, il n’y avait pas de salle de squash à Poudlard mais le jeune garçon avait trouvé une parade et semblait même en être très fier. La Serdaigle ne put que retenir un soupir agacé, elle était nul dans toutes les disciplines sportives et n’avait pas la moindre envie de se retrouver humiliée par quelqu’un comme Maximilien qu’elle avait pris plaisir à rabaisser pendant de longs mois. Elle reconnaissait à présent que ça n’avait pas été génial de sa part et qu’elle n’aurait probablement pas dû agir ainsi mais ce n’était pas une raison pour qu’il continue à la chercher ainsi, essayant avec succès de la faire sortir de sa petite zone de confort. La jeune fille savait pertinemment ce que donnerait ce genre de match entre eux, une humiliation totale pour elle et une occasion supplémentaire de fanfaronner pour lui. Hors de question qu’elle laisse une telle chose se produire. Cependant, son amour propre lui interdisait de décliner la proposition, elle n’avait tout simplement pas le droit d’être faible et d’abandonner.

« Non bien sûr, ça me ferait même très plaisir. » Rétorqua-t-elle avec un large sourire, trouvant que le bluff était encore la meilleure des parades. « Par contre je préfère le badminton si tu n’y vois pas d’inconvénient. »

En fait elle aurait préféré rien du tout et que ce soit badminton ou tennis, elle y connaissait autant de choses, c’est-à-dire rien du tout. Mais la jeune fille avait eu l’impression que de choisir entre les deux sports montrerait qu’elle s’y connaissait un minimum et appuierait un peu son mensonge. En plus, ce n’était pas parce qu’il proposait ce stupide match qu’ils allaient le disputer cet après-midi, il aurait lieu dans très, très, très longtemps et la Serdaigle savait déjà qu’elle s’arrangerait pour reculer la date au maximum. Avec un peu de chance, ils ne l’auraient toujours pas fait à la fin de l’année scolaire et elle pourrait profiter de l’été pour s’entrainer dans le jardin parental, si toutefois ses parents acceptaient cette fois-ci de la laisser rentrer à la maison. Elle allait donc devoir gaspiller son énergie à trouver des parades diverses et varier pour tenter d’éviter cette rencontrer et Bailee savait à l’avance que ça n’allait pas être facile. Dommage, Kaïn n’était plus là pour qu’il puisse lui filer un coup de main et l’aider à simuler une foulure de cheville ou un truc comme ça. En plus, ce genre de problème était assez facile à résoudre dans le monde magique, elle allait avoir bien du mal à dégoter des arguments qui pourraient véritablement tenir la route.

« Oh chouette, de la science-fiction ! J'aime bien regarder les films dans ce style-là donc je suppose que ces livres-là ont plus de chances que d'autres de me plaire. C'est une bonne idée, je suis partant. Et dire que je pensais qu'il n'y avait que des livres sur les différentes matières enseignées à Poudlard dans la bibliothèque. »

Entre les films et les livres, il y avait quand même une sacré différence mais la jeune fille ne tenait pas à briser son enthousiasme, elle avait envie de faire découvrir sa passion et l’idée que, grâce à elle, une nouvelle personne que ce soit Maximilien ou quelqu’un d’autre, puisse finalement s’intéresser pour de bon à la lecture lui faisait très plaisir. L’écriture était un art susceptible de plaire au plus grand nombre. Les auteurs existaient par milliers et il y en avait pour tous les goûts dans tous les registres et pour n’importe quel âge. En plus, un livre restait tout de même facilement transportable et permettait de chasser l’ennui de la plus admirable des façons. Alors certes, on pouvait se dire que les histoires ne permettaient pas un développement intellectuel intéressant mais Bailee restait convaincu que dans n’importe quel livre il y avait un enseignement que ce soit culturel, sociologique, scientifique, littéraire, historique et c’était ce qu’elle appréciait. Beaucoup de livres n’avaient pas pour vocation d’instruire le lecteur mais ils y parvenaient quand même, la magie de l’écriture.

« T’as vu la taille de la bibliothèque ? » Demanda-elle en riant. « On trouve de tout dedans, je te jure ! La prochaine fois qu’on se voit je te ramène un bouquin susceptible de me plaire, et si j’arrive à t’intéresser à la lecture, tu me payes un paquet de bonbons chez Honeydukes. »

Elle voulait bien l’aider mais Bailee aimait beaucoup lorsqu’elle pouvait obtenir un avantage en contrepartie et puis, un paquet de bonbon ce n’était quand même pas la mer à boire et ça prouverait qu’une fois de plus, elle avait eu raison et lui tort. Il était vrai que le Gryffondor n’avait pas l’air d’être un grand intellectuel, non pas qu’il soit complètement bête, elle ne pensait pas une chose pareille mais elle le voyait être difficilement capable de s’intéresser vraiment à des disciplines qui demandaient une vraie réflexion. Pas étonnant qu’il soit si intéressé par la botanique, mettre des plantes en pot ne demandait pas une intense réflexion. Enfin, c’était sûrement un peu méchant de voir les choses de cette façon-là mais ce n’était pas vraiment de sa faute, il fallait bien qu’il y ait un petit reste de leurs anciennes disputes incessantes au sujet de sa meilleure amie. En parlant de cette dernière, celle-ci venait d’ailleurs de s’inviter dans leur après-midi de réconciliation d’une bien étrange façon.

« Candlynn... Tu savais ? Pour son accident... »

La jeune fille n’avait pas souhaité retirer la lettre de la patte du volatile mais heureusement Maximilien avait eu moins de scrupules et avait vraisemblablement constaté que la lettre lui était adressé parce qu’il avait commencé à la lire en entier. La Serdaigle avait attendu en pianotant nerveusement sur la table, inquiète lorsqu’elle vit son visage se décomposer au fur et à mesure de la lecture. Elle ne faisait pas vraiment preuve d’empathie habituellement mais l’expression apeurée du jeune garçon et son mutisme à la fin de sa lecture l’avait fait paniquer et à juste titre. Lorsqu’enfin il avait eu le courage de lever les yeux vers elle pour prononcer seulement deux phrases, Bailee avait eu la nette impression que son cœur venait de s’arrêter de battre. Il disait n’importe quoi, ce n’était pas possible, l’ancienne Serdaigle ne pouvait pas avoir eu un accident, elle aurait eu le courage de lui envoyer une lettre directement si ça avait été le cas. Il lui mentait, aucun doute là-dessus. Pour en avoir le cœur net, Bailee avait attrapé la feuille reposée par le jeune homme, il fallait qu’elle confirme ses doutes.

« N’importe quoi ne dis pas de bêtises, elle n’a pas eu d’accident ! » Dit-elle en dépliant la lettre à son tour pour la parcourir en diagonale, prenant connaissance dans les grandes lignes du contenu de la missive. « C’est… C’est pas possible. »

Les mots lui manquaient. Si c’était une blague organisée par sa meilleure amie en collaboration avec le rouge et or, elle n’était pas drôle du tout. Elle était terrifiée à l’idée qu’il ait pu arriver malheur à Candlynn alors qu’elle pensait encore qu’elles pourraient se voir pendant les vacances d’été, voire même que sa meilleure amie pourrait décider de revenir à l’école finalement, lorsqu’elle aurait réalisé que sa famille s’en sortait très bien et qu’elle avait aussi la possibilité de vivre sa vie. Tout mais pas ça.

« Non bien sûr, ça me ferait même très plaisir. Par contre je préfère le badminton si tu n’y vois pas d’inconvénient. »

Maximilien avait espéré, avec un peu de chance, que sa camarade reconnaisse le fait de s'être faîte coincée bêtement et décline alors l'invitation pour s'éviter une cuisante défaite lorsque le match en question viendrait à être jouer entre eux. Mais non, c'est qu'elle était têtue comme fille. Et le rouge et or l'était tout autant, si il n'avait pas spécialement tenu à se mesure de nouveau à elle mais bien à voir jusqu'où la fierté de Bailee pouvait la pousser, maintenant que l'accord semblait être passé, il ne reviendrait plus là-dessus. Et à quoi bon se faire du soucis, ses compétences en badminton n'équivalaient pas celles d'un sportif de haut niveau mais il y avait déjà jouer plusieurs fois en compagnie de sa famille adoptive, avant, quand ils étaient tous unis par des liens fantastiques, ils se rendaient souvent au terrain tout proche le week-end pour partager un moment convivial tous ensemble. Le plus souvent, c'était le tennis qui remportait le plus grand nombre de vote, n'empêche de temps en temps c'était le badminton quand même, histoire de changer. Le Gryffondor avait donc les bases pour les deux sports, les proposer tous les deux avaient alors été un choix stratégique de sa part même si il n'avait pas exclu les possibilités que sa camarade impose un autre sport. Finalement, elle ne l'avait pas fait et c'était tant mieux.

« Non, pas du tout, c'est un excellent choix. On va dire que le match se déroulera cet été ? On fixera la date quand nous en saurons plus sur nos emplois du temps respectifs de nos vacances, quand dis-tu ? »

Dans sa grande gentillesse, il laissait même la possibilité à Bailee de s'arranger en douce pour pouvoir s'entraîner un peu avant de se retrouver face à lui. Elle avait beau affirmer savoir se débrouiller, le garçon restait persuadé que sur le bateau, sa frappe impressionnante n'était que de la chance, et que donc, la prochaine fois il lui faudrait un minimum d'entraînement pour tenir le rythme et que leurs chances soient un peu plus égales. Maximilien était prêt à se montrer juste avec la jeune fille, il ne savait pas encore tout à fait si c'était une erreur et qu'elle lui ferait un coup dans le dos dès qu'elle le pourrait ou bien un bon geste qui pourrait les amener vers une relation moins conflictuelle mais pour l'instant il tentait. Parce qu'on a rien sans rien et que c'est pénible à la longue de se prendre la tête avec tout le monde. Si cette tentative d'amélioration entre eux échouée, alors tant pis, ils auraient essayés quand même et il continuerait d'éviter la route de sa camarade le plus souvent possible, tâche pas si facile quand on sait qu'ils sont dans la même année mais en dehors des classes, il ferrait de son possible. C'est déjà assez chiant de se prendre des remarques de son soit-disant frère quand il le croise dans les couloirs, devenant de plus en plus arrogant avec ses airs de coq, tant bien que mal, Maximilien cherchait à diminuer les dégâts en faisant en sorte de pouvoir rayer le prénom de la Serdaigle de sa liste de ses soucis présents à l'école.

« T’as vu la taille de la bibliothèque ? On trouve de tout dedans, je te jure ! La prochaine fois qu’on se voit je te ramène un bouquin susceptible de me plaire, et si j’arrive à t’intéresser à la lecture, tu me payes un paquet de bonbons chez Honeydukes. »

Bah non, justement. Comme Maximilien se rendait rarement à la bibliothèque, il avait un vaste souvenir de la grandeur du lieu et encore, il s'appuyait pour le savoir de sa célébrité reconnue dans toute la communauté sorcière mais il ne parvenait pas à revanche à visualiser dans sa tête la grandeur des lieux. Donc non, il ne voyait pas trop mais pour ne pas contredire son interlocutrice qu'il connaissait pour être difficile à vivre, il opina simplement de la tête pour montrer son accord. En même temps, il accepta de payer des friandises à la jeune fille, Honeydukes était de toute façon un passage obligatoire quand il se rendait à Pré-au-Lard. Pendant quelques années, c'était parce que Killian raffolait plus que lui des bonbons et ne pouvaient s'empêcher de se rendre à la boutique dès qu'il le pouvait mais maintenant, c'était plutôt une habitude qui était restée. Le départ du meilleur ami de Maximilien n'avait rien changé à la manière de ce dernier de procéder à ses courses, il y avait juste dans son cœur de la tristesse, de la rancoeur aussi pour ne pas avoir été prévenu ni avoir beaucoup de nouvelles. Si il avait eu ses explications, elles ne lui étaient pas parvenues de suite et Killian refusait encore de revenir. D'une certaine manière, le Gryffondor pouvait comprendre Bailee, c'était toujours dur de perdre la personne à qui on tient le plus dans un environnement où il n'est pas toujours simple de vivre, en parti parce qu'il y a toujours des gens qu'on n'aime pas qui viennent gâcher le tableau. Il ne lui disait pas pour ne pas se faire envoyer balader car il s'attendait à cette réaction de sa part mais il pourrait toujours changer d'avis par la suite...

« N’importe quoi ne dis pas de bêtises, elle n’a pas eu d’accident ! C’est… C’est pas possible. »

A entendre la voix de Bailee si bouleversée, le cœur du garçon se comprima un peu plus dans sa poitrine, au point de lui faire mal et qu'il ait besoin de quelques minutes pour pouvoir se détourner de la douleur et retrouver le fil de ses pensées. Ce n'était pas une blague de sa camarade dans le but de le déconcentrer avant leur partie, sinon elle n'aurait pas réagit comme lui à la lecture de la lettre. Et puis, elle n'avait pas besoin de ce genre de subterfuge pour remporter la partie, quoiqu'il arrive elle était censée la gagner haut la main. Censée oui, parce que tout d'un coup, Maximilien n'avait plus le cœur à jouer, il voulait répondre à Candlynn mais n'avait aucune idée de quoi écrire. Il fallait qu'il mette de l'ordre dans ses pensées, qu'il organise ses idées pour ne pas dire n'importe quoi et prendre des nouvelles sans être maladroit pour ne pas passer pour le crétin de service et ne plus recevoir de lettres à l'avenir. Il n'en avait pas eu beaucoup avant, juste à Noël, mais si c'était pour y lire des choses aussi déprimantes et inquiétantes, il préférait encore savoir par le biais des lettres de Bailee, la correspondance des deux filles semblait moins terrible.

« Faudrait répondre. Pour montrer que ça m'affecte, que je ne l'ignore pas. J'voudrais lui répondre sur le champs mais je n'sais pas quoi écrire... Tu veux qu'on rédige la lettre ensemble ? Voir qu'on coopère pour certaines choses lui remontera peut-être le moral ? »

Dans ce genre de moment, Maximilien avait entendu dire que les gens voulaient être seuls. Pourtant, ce n'était pas du tout ce qu'il ressentait, au contraire alors il espérait que la jeune fille voudrait bien rester encore un peu avec lui...

Spoiler:

« Non, pas du tout, c'est un excellent choix. On va dire que le match se déroulera cet été ? On fixera la date quand nous en saurons plus sur nos emplois du temps respectifs de nos vacances, quand dis-tu ? »

Dommage… Non seulement elle n’avait certainement pas réussir à lui faire croire qu’elle était passée pro en badminton et pratiquait ce sport très régulièrement que ce soit pendant les vacances scolaires et même à Poudlard durant son temps libre, mais en plus il avait l’air absolument ravi par le choix qu’elle venait de faire. Se pourrait-il que ce soit une discipline dans laquelle il soit plutôt à l’aise ? Maximilien n’avait pas franchement le physique type du sportif de haut niveau. Non pas qu’il soit un petit gringalet incapable de soulever une brindille sans se froisser un muscle, bien sûr que non, elle n’avait pas une aussi piètre estime de lui que ça, mais il ne devait tout de même pas passer des heures et des heures à s’entrainer quotidiennement, auquel cas il aurait eu certainement une carrure un peu plus impressionnante. Cependant, niveau sport, il avait quand même l’air assez impliqué et rien ne lui indiquait que le badminton n’était pas une de ses disciplines favorites. Peut-être aurait-elle dû tâter le terrain avant de se lancer tête baissée dans la gueule du loup ? Il était désormais trop tard pour cela, elle n’avait plus qu’à accepter le duel et faire bonne figure, sa fierté l’empêchait de s’écraser devant le rouge et or.

« Cet été ? » S’étonna-t-elle malgré tout. « Je veux dire, je ne sais même pas où tu habites, comment on pourrait arriver à se voir pendant les vacances ? Je vis à Oxford. Enfin, si mes parents veulent bien de moi cet été… Et toi ? » Demanda-t-elle histoire de savoir si c’était déjà réalisable. « Mais si c’est géographiquement possible, ça me va. »

Elle venait quand même de mettre le doigt sur un problème de taille, à savoir la manière dont ils se débrouilleraient pour réussir à se voir durant les vacances scolaires et surtout, que pouvait bien signifier le fait qu’ils projettent de se voir justement hors de Poudlard. Ils n’avaient jamais été de grands amis lorsque Candlynn était encore présente puisque la Serdaigle avait toujours été affreusement jalouse de leur amitié et considérait simplement que s’il était là, il lui prenait forcément du temps qu’elle aurait pu passer en compagnie de sa meilleure amie. C’était peut-être une critique fausse et totalement injustifiée mais c’était plus fort qu’elle, Bailee n’avait jamais été capable de voir les choses autrement. Désormais, la situation avait un peu évolué, la Serdaigle était loin maintenant et c’était peut-être le bon moment d’enterrer la hache de guerre. Toutefois, elle avait du mal à reconnaitre qu’ils avaient eu tort de mener une guerre sans merci jusque-là et qu’en réalité, ils pourraient être de bons amis s’ils y mettaient un peu du leur… Et pourtant, elle n’était pas assez stupide pour ne pas voir ce qui était en train de se produire, ils s’étendaient de mieux en mieux et n’avaient besoin de fournir aucun effort pour cela.

« Faudrait répondre. Pour montrer que ça m'affecte, que je ne l'ignore pas. J'voudrais lui répondre sur le champ mais je n'sais pas quoi écrire... Tu veux qu'on rédige la lettre ensemble ? Voir qu'on coopère pour certaines choses lui remontera peut-être le moral ? »

La jeune fille, encore sous le choc, mit un temps fou à rassembler ses esprits. Candlynn avait un accident, un vrai accident, le genre de choses qui ne peut laisser personne indifférent. Elle ne s’était pas contentée de poser sa main sur une plaque électrique encore chaude, de se casser la figure alors qu’elle faisait de la trottinette ou de dévaler les marches de l’escalier sur les fesses parce qu’elle en avait raté une. C’était bien plus grave et important que ça et Bailee n’avait pas envie de croie que ça pouvait être vrai. Et si des élèves mal intentionnés avaient bêtement tenté de leur faire un canular ? C’était possible, non ? Elle n’était pas la fille la plus appréciée de Poudlard, son sale caractère était connu de tous et elle avait dû blesser plus d’un de ses camarades avant aujourd’hui. Cependant, quelle que soit l’estime qu’elle pouvait avoir de ses pairs, elle n’arrivait pas à croire qu’ils puissent vouloir faire preuve de méchanceté au point de lui faire part de cette nouvelle susceptible de l’anéantir. Ça ne pouvait donc qu’être vrai… Elle devait se ressaisir, réfléchir et surtout répondre à Maximilien qui attendait patiemment qu’elle daigne ouvrir la bouche alors que de longues secondes s’étaient déjà écoulées. Bailee peinait à réaliser ce qu’il se passait mais elle savait qu’elle devait garder la tête froide.

« Je ne veux pas lui montrer qu’on coopère. » Se braqua-t-elle immédiatement. « Cette lettre t’est adressée, réponds-lui, moi je ne sais rien, si Candy voulait que je sois au courant, elle n’avait qu’à me prévenir. »

Ce n’était pas contre Maximilien, vraiment pas, elle était contente de pouvoir partager sa peur et sa tristesse avec quelqu’un, même si c’était une grande première pour la Serdaigle qui n’était pas du tout habituée à laisser paraitre ses émotions. Toutefois, son caractère avait fini par l’emporter sur la vulnérabilité dont elle avait pu faire preuve à l’annonce de la nouvelle et elle était immédiatement retournée dans sa coquille, ne laissant paraitre qu’un simple masque serein et non affecté par la missive qu’elle venait de lire. C’était faux, bien sûr, Bailee était tout sauf sereine, elle avait envie de sortir de l’école maintenant et d’aller retrouver sa meilleure amie pour voir comment elle se portait. Au lieu de ça, elle resta assise, droite comme un I, ne cherchant pas à partager sa peine avec Maximilien. D’autant plus qu’elle ne pouvait ignorer que Candlynn avait choisi d’écrire au rouge et or plutôt qu’à elle, constatation affreuse puisqu’elle la considérait toujours comme sa meilleure amie et se serait évidemment attendue à ce que soit en premier à elle qu’elle s’adresse. A cet instant, la jeune fille en voulait au monde entier mais comme quelques secondes auparavant, elle prit sur elle, brisant la glace pour tenter vainement de montrer au Gryffondor qu’elle était toujours prête à faire des efforts pour qu’ils ne se disputent plus.

« Tu trouveras quoi dire en écrivant, c’est toujours plus facile une fois qu’on est lancé. »

Par ces simples mots, Bailee tâchait de lui apporter son soutien mais elle ne pouvait pas être sûre qu’il le percevrait de cette manière. Elle était redevenue tellement froide d’un seul coup qu’il devait être un peu étonnant de la voir passer d’une telle panique à une passivité presque alarmante, mais c’était plus fort qu’elle, laisser transparaitre ses émotions et se sentiments ne faisaient pas partie de ce qu’elle appréciait par-dessus tout et une fois de plus, elle ne pouvait qu’essayer de se protéger.

Spoiler:

« Cet été ? Je veux dire, je ne sais même pas où tu habites, comment on pourrait arriver à se voir pendant les vacances ? Je vis à Oxford. Enfin, si mes parents veulent bien de moi cet été… Et toi ? Mais si c’est géographiquement possible, ça me va. »

Bailee regrettait-elle de s'être aventurer dans un terrain dangereux ? Bien sûr, elle ne le disait pas clairement mais peut-être qu'il s'agissait là d'une tentative pour s'échapper, après tout rien ne lui disait qu'elle n'allait pas inventer quelque chose pour se défiler. Le garçon ne savait pas trop si sa camarade en serait capable, certes elle devait savoir mentir comme presque tous les enfants mais sa fierté l'empêchait-elle également de trouver un stratagème pour s'échapper ? En plus, Maximilien n'aurait aucun moyen de vérifier les dires de la jeune fille à moins d'avoir recours à un détective privé et leurs petites affaires futiles d'adolescentes ne trouveraient sûrement pas preneurs. Dernier point, ces gens-là, comme tout autre adulte exerçant un métier, doit demander de l'argent et Maximilien ne possède pas encore d'arbre qui produit des pièces voir des billets à la place de fruits, et il aurait honte d'en demander à ses parents pour quelque chose d'aussi peu important. 

« Je crois que Reading c'est pas trop, trop loin. Enfin j'crois parce que je suis pas très bon en géographie. Mais dans ce cas là, on pourrait prendre le bus. Ou alors demander à nos parents pour transplaner. Par contre, il y a au moins deux semaines où je serais pas là alors faudra voir quand je saurais les dates de départ et de retour. Je t'enverrais un hibou dès que saurais mais ça sera pas avant cet été. Vu que toi aussi t'as pas l'air de trop savoir ta disponibilité, on en parlera plus tard parce que pour l'instant on peut pas vraiment avancer car on sait pas grand chose. »

En y réfléchissant bien, Bailee venait de mettre le doigt sur un réel problème. Parler d'été et de vacances sous-entendait généralement des voyages à l'horizon, des activités diverses et variées prévues, pleins de choses réalisées dans le but de se divertir bien sûr, mais aussi de se sortir joyeusement de son lot quotidien et il y avait fort à parier que leurs familles respectives leur feront des programmes de denier moment qui les occuperont assez souvent. Déjà, le rouge et or avait un voyage de prévu et ce n'était pas négociable, Daniela lui avait gentimment proposé de venir et ses parents n'avaient vu aucun problèmes quand il leur avait parlé du projet. Pendant deux semaines il serait en Egypte, loin de son terrible frère adoptif à supporter à l'occasion des vacances et il n'y renoncerait pour rien au monde parce que c'était trop top. Pour continuer les habitudes de vacances, ses parents proposeront peut-être eux aussi un voyage mais pour l'instant, Maximilien n'en avait pas eu vent. Normal, c'était encore tôt pour parler de ce genre de chose, donc il en venait à la conclusion que Bailee et lui ne pouvaient non plus se projeter dans le futur pour programmer leur partie de badminton, c'était bien trop loin pour garantir la disponibilité que leur laisserait leurs familles.

« Je ne veux pas lui montrer qu’on coopère. Cette lettre t’est adressée, réponds-lui, moi je ne sais rien, si Candy voulait que je sois au courant, elle n’avait qu’à me prévenir. »

A aucun moment Maximilien avait envisagé que suite à cette partie de jeu qui était censée se dérouler, la Serdaigle et lui deviendraient de bons amis, pourtant il se sentit mal quand sa proposition tomba à l'eau. Encore une fois, il avait dû mal s'y prendre pour lui parler mais cette fois, il ne voyait pas du tout où pouvait bien être son erreur. Il ne savait pas comment s'y prendre ni pour répondre à Candlynn, ni pour parler à Bailee. Certes, cela faisait longtemps qu'une rivalité l'opposait à cette dernière mais en général, ses tentatives pour communiquer correctement avec les autres ne se terminaient par des échecs qui faisaient mal. C'est bien plus qu'une gifle qu'il venait de se prendre et ce, en l'espace de quelques minutes à peine. Il y a des jours où il vaudrait mieux de rester au lit que de se prendre des murs les uns après les autres.

« Tu trouveras quoi dire en écrivant, c’est toujours plus facile une fois qu’on est lancé. »

Alors que la discussion se déroulait sans accroc et qu'ils semblaient être tous les deux prêts à passer un bon moment, il avait fallût que cette sombre annonce vienne perturber le cours de leur après-midi tranquille. Le malheur qui avait touché Candlynn ne pouvait pas les laisser de marbre. Même Bailee. Derrière son visage fermé, le Gryffondor était persuadée qu'elle ressentait de la peine. Il n'avait pas imaginer son visage bouleversé à sa lecture de la lettre, pas plus que le ton qu'elle avait employé pour lui signaler qu'il était le premier à avoir été mis au courant par la jeune fille. Plusieurs fois dans le passé, il avait mal jugé l'amitié qui unissait les deux filles, sans doute parce que pour lui comme beaucoup de gens, aucun point commun ne leur permettait d'être de si bonnes amies, pourtant il avait bien vu que rien ne semblait pouvoir passer au dessus de cette amitié, en tout cas pas lui. Si Bailee pensait que Candlynn le préférait, lui n'y croyait pas une seconde, après tout il s'est écoulé longtemps avant qu'il ne reçoive des nouvelles, pas comme la Serdaigle qui échangeait régulièrement et depuis un peu moment, des nouvelles avec leur ancienne camarade.

« C'est vrai que je m'entends bien avec Candy mais de nous deux, tu es celle qui la connais le mieux. Notre relation à tous les deux me montre que je peux parfois être bien maladroit, c'est seulement la première fois qu'on a réussi à tenir plus de trente secondes sans se lancer des piques. On a chacun notre part de responsabilité mais pour une personne qui n'aime pas trop les conflits, ça me montre que je suis pas doué à des moments. Tu es sa meilleure amie et si je ne suis pas capable de trouver les mots pour te soutenir toi dans cette épreuve difficile alors comment le pourrais-je pour elle qui vit cette situation ? » Demanda t-il le regard dans le vague. « J'ai un peu peur de mal m'y prendre et de la rendre encore plus mal à cause d'une maladresse de ma part. Mais en même temps, je pense que je peux comprendre ton point de vue, je vais essayer en tout cas et le respecter, surtout. »

Le garçon était déçu, bien entendu, il se disait que ce serait mieux pour tout le monde de montrer une unité plutôt que de rester chacun de son côté mais sa manière de voir les choses n'était pas partagé. Il regrettait vraiment à ce moment là de ne pas savoir comment s'adresser à Bailee, c'était à cause de lui que sa journée était gâchée, il avait reçu la lettre en sa compagnie et en avait partager son contenu. Ca lui avait parût logique de le faire mais il avait foncé dans le mur, encore une fois, comme toujours avec Bailee. Ses échecs répétitifs allaient lui jouer bien des tours quand il répondrait à la lettre, il allait réfléchir sur le moindre de ses mots, relisant sans cesse pour bien être sûr de ne pas faire passer un autre message que celui qu'il voudrait. Pourquoi le monde ne pouvait-il pas être tout rose avec des poneys et des licornes qui chantent le bonheur à chaque coin de rue … ?

« Je crois que Reading c'est pas trop, trop loin. Enfin j'crois parce que je suis pas très bon en géographie. Mais dans ce cas là, on pourrait prendre le bus. Ou alors demander à nos parents pour transplaner. Par contre, il y a au moins deux semaines où je serais pas là alors faudra voir quand je saurais les dates de départ et de retour. Je t'enverrais un hibou dès que saurais mais ça sera pas avant cet été. Vu que toi aussi t'as pas l'air de trop savoir ta disponibilité, on en parlera plus tard parce que pour l'instant on peut pas vraiment avancer car on sait pas grand-chose. »

Devoir organiser son été en prenant en compte un stupide match de badminton auquel elle n’avait jamais eu vraiment l’intention de participer était un peu particulier mais Bailee savait qu’elle ne pouvait pas essayer de se défiler, ce serait bien trop suspect et elle n’avait aucune envie de passer pour une lâche devant Maximilien. Alors elle allait faire son possible pour organiser son été et savoir si elle aurait véritablement le temps ou non de lui consacrer une de ses précieuses journées ou même la possibilité de le faire. Les mois de juillet et d’aout étaient bien souvent définis de manière totalement imprécise par la Serdaigle qui ne savait jamais à l’avance ce qu’elle aimerait faire de son été. En même temps, il fallait reconnaitre que ça n’avait rien de très évident, son humeur et ses envies évoluaient au fil du temps, et elle devait aussi penser à faire plaisir aux autres, notamment à ses parents qui n’aimaient pas qu’elle passe ses journées enfermées dans sa chambre le nez dans ses bouquins lorsqu’elle était en leur compagnie.

« Je ne sais pas. Il faudrait trouver une carte ou un truc comme ça, je ne suis même pas sûre de passer mes vacances d’été chez moi, en toute honnêteté, je n’avais pas du tout commencé à prévoir ce que je ferais pendant ces deux mois. » Avoua-t-elle avec sincérité pour le coup, même si elle savait qu’un emploi du temps chargé pour lui permettre d’éviter cette confrontation qui ne jouerait pas en sa faveur. « Mais tu as raison, autant qu’on s’organise vraiment quand on aura nos plannings respectifs, je vais envoyer une lettre à mes parents pour savoir ce qu’ils comptent faire et ce où je serais pendant l’été, comme ça je pourrais te tenir au courant. Et puis il faudra voir ce que propose l’école aussi, tous les ans il y a un truc et avec un peu de chance ce sera un peu mieux qu’une croisière débile. »

Finalement, c’était comme ça qu’avait commencé sa relation avec Maximilien, si on pouvait appeler ça comme ça. Ils s’étaient rencontré un peu par hasard sur le bateau qui les emmenait en croisière autour du monde et Bailee s’ennuyait tellement qu’elle l’avait laissé lui adresser la parole alors que d’habitude, ils se contentaient surtout de se toiser de loin. Elle l’avait toujours détesté par principe parce qu’il était très proche de sa meilleure amie et qu’elle ne supportait pas ça mais en soit, elle ne le connaissait pas vraiment et finalement, le garçon qu’elle découvrait n’était pas aussi imbuvable qu’elle aurait aimé le penser. Alors il était tout de même un peu étrange d’imaginer qu’ils pourraient se voir en dehors de Poudlard alors que jusqu’ici, ils avaient surtout tenté d’empêcher d’avoir à se croiser dans les couloirs, mais ça ne la dérangeait pas tant que ça finalement. Sauf que Bailee aurait aimé que les circonstances soient meilleures qu’un stupide concours qui l’obligeait à admettre qu’elle avait des faiblesses puisque sportivement parlant, elle était tout simplement nulle.

« C'est vrai que je m'entends bien avec Candy mais de nous deux, tu es celle qui la connais le mieux. Notre relation à tous les deux me montre que je peux parfois être bien maladroit, c'est seulement la première fois qu'on a réussi à tenir plus de trente secondes sans se lancer des piques. On a chacun notre part de responsabilité mais pour une personne qui n'aime pas trop les conflits, ça me montre que je suis pas doué à des moments. Tu es sa meilleure amie et si je ne suis pas capable de trouver les mots pour te soutenir toi dans cette épreuve difficile alors comment le pourrais-je pour elle qui vit cette situation ? J'ai un peu peur de mal m'y prendre et de la rendre encore plus mal à cause d'une maladresse de ma part. Mais en même temps, je pense que je peux comprendre ton point de vue, je vais essayer en tout cas et le respecter, surtout. »

Comment pouvait-il comparer la relation qu’ils entretenaient tous les deux avec celle qu’il avait avec Candlynn ? Elle était totalement insupportable avec lui depuis qu’ils se connaissaient et ça n’avait pas dû être le cas de la petite Serdaigle qui était souvent agréable avec ses camarades. En plus, elle n’était franchement pas douée pour tout ce qui était communication, elle ne voyait donc pas franchement ce qu’elle pouvait lui apporter comme aide pour écrire sa fichue lettre. Elle ne comprenait pas spécialement qu’il puisse insister pour qu’ils fassent ça ensemble, ce n’était pas comme si elle avait vraiment envie de lui montrer ce qu’elle pouvait ressentir vis-à-vis de Candy, elle préférait rester dans son monde à elle, se battre en solo avec ses émotions et n’avoir à faire avec personne. Avec un peu de chance, Maximilien allait vite comprendre qu’elle n’avait aucune envie d’en discuter avec lui et ils pourraient retourner à leur partie d’échec qu’elle voulait toujours autant gagner. Toutefois, Bailee n’était pas sûre de pouvoir se concentrer assez sur le jeu avec la nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Elle avait tout de même un cœur et savoir qu’il était arrivé malheur à sa meilleure amie était difficile à encaisser.

« Je ne t’ai pas demandé de me soutenir et je n’ai pas besoin de soutien. » Affirma la jeune fille qui avait l’habitude de devenir une véritable huître lorsque quelque chose n’allait pas, se renfermer semblait toujours être la solution idéale à tous ses problèmes et elle usait et abusait de ce stratagème pour pouvoir se replier dans son petit monde lorsqu’on la poussait à sortir de sa zone de confort. « C’est non négociable, elle ne m’a rien envoyé, je n’aurais donc jamais dû savoir ce qui lui arrivait et je vais feindre de l’ignorer jusqu’à ce qu’elle me donne de ses nouvelles, ça voudra mieux pour tout le monde. Notre relation n’est pas comparable à celle que tu as avec Candy, je suis sûre que tu t’en sortiras très bien. Je peux t’aider pour tous les bouquins que tu veux, mais là je ne te serais d’aucune utilité. »

Elle était sèche, ferme et ne laissait aucune place à la négociation sans pour autant faire preuve de méchanceté. Tout ce qu’elle voulait était que Maximilien comprenne et qu’il ne tente pas de la pousser dans ses retranchements parce qu’elle avait peur qu’il insiste et que c’était en cherchant les problèmes qu’il les trouverait. Ils parvenaient enfin à s’entendre et Bailee ne voulait pas tout gâcher, mais elle ne pourrait pas prendre sur elle indéfiniment.