En ce dimanche matin, n’importe qui aurait été surpris de voir Astride courir dans les couloirs en ne prenant pas la direction de la bibliothèque. Elle était à la fois nerveuse et enthousiaste à l’idée de ce qui l’attendait. Nerveuse car bien que le règlement ne stipulait pas l’interdiction formelle de plonger au fond du lac, ce n’était pas un acte anodin. Mais Astride sous ses airs de petite sainte aimait le danger, et c’est pourquoi la perspective de sauter dans le lac la rendait euphorique. Grisée par l’adrénaline elle ne pensait même pas au fait qu’elle allait passer une bonne partie de la journée avec Naïa Rosenberg.
Lorsque Naïa avait demandé à Bonnie et elle de l’accompagner au lac, elles avaient d’abord été sceptiques, mais la jeune serpentard était charismatique et aurait réussi à embobiner le dernier des trouillards. Les deux amies avaient donc finies par accepter, elles s’étaient préparées d’arrache-pied pour cette nouvelle aventure, à elles deux elles avaient ratissés, après de nombreuses heures de lecture intense, l’ensemble des livres traitant de près ou de loin des sirènes. C’est pourquoi Astride était confiante, elle s’était préparée et même si elle se doutait que ce n’était pas forcément le cas de la jeune Rosenberg, elles étaient au moins deux à savoir ce qu’elles faisaient. Un des tableaux du couloir interrompit sa course effrénée en l’interpellant.

« Eh ! Jeune Whitby on ne t’a pas appris qu’il fallait dormir le dimanche matin, arrêtes-toi un peu de courir tu vas réveiller tout le château et puis d’ailleurs où vas-tu comme ça, je vais aller voir le directeur, tu prépares un mauvais coup. »

Astride s’arrêta net en entendant ces mots, si le directeur se trouvait informé de leurs agissement, leur projet allait certainement tomber à l’eau et ce n’était pas le moment, elle tenta vainement une explication peu convaincante sur sa présence dans les couloirs.

« Je n’arrivais pas à dormir alors j’ai décidé de me promener c’est tout. »

L’explication n’aurait convaincu personne en temps normal mais le personnage du tableau parut satisfait et lui tourna le dos assez grossièrement de façon à lui faire comprendre qu’elle ne présentait désormais plus le moindre intérêt pour lui. Astride regarda sa montre et se rendit compte qu’elle était légèrement en retard, elle n’était pas particulièrement en avance en sortant de son dortoir et n’avait pas prévue de s’arrêter en plein milieu du couloir pour écouter les boniments d’un vieux grincheux. Elle reprit donc sa course de plus belle, elle ne voulait pas que Naïa et Bonnie l’attendent trop longtemps, d’autant plus que la jolie rousse devait certainement être terrorisée et Naïa n’était pas la championne des paroles rassurantes. Elle fut donc étonnée lorsque elle aperçut de loin que la vipère était encore seule au bord du lac. Elle arriva auprès de la jeune fille, et marqua une pause pour reprendre son souffle avant de la saluer.

« Bonjour, désolé je suis un peu en retard. Où est Bonnie ? J’espère qu’elle n’a pas décidé d’abandonner ? »

Se trouver seule avec la serpentard un dimanche au bord d’un lac était pour le moins surprenant et quiconque serait passé à côté d’elle à ce moment-là aurait été perplexe devant ce tableau, mais la poufsouffle se sentait bien et ne prêtait pas la moindre attention à cette scène loufoque.

"Pourquoi j'ai accepté ? Non mais quelle idiote, pourquoi j'ai accepté ?!" répétait-elle sans fin depuis qu'elle avait ouvert les yeux.

Bonnie ne comprenait toujours pas ce qui lui était passé par la tête lorsque Naïa leur avait proposé, à Astride et elle, de l'accompagner au fond du lac à la recherche des sirènes. C'était dangereux et complètement insensé ! Elles allaient risquer leur vie pour des êtres qu'elle n'avait jamais eu envie de voir, ni de près ni de loin... Son père serait probablement furieux s'il apprenait à quel jeu elle jouait au lieu de faire la grasse matinée le dimanche matin. Et Oliver... Qui faisait en sorte qu'il ne lui arrive jamais rien... Elle avait beaucoup plus à perdre qu'à gagner dans cette histoire...

Bien décidée à laisser tomber cette escapade stupide, la rouquine avait fait semblant d'être profondément endormie lorsque Naïa s'était levée puis avait quitté le dortoir. Rassurée qu'elle ne l'ait pas réveillée pour l'embarquer avec elle, elle s'était détendue et avait tenté de se rendormir. Elle n'y parvint pourtant pas, voyant derrière ses paupières closes sa camarade de dortoir essayer de noyer son amie... Elle se releva d'un bond, s'habilla en quatrième vitesse et quitta la pièce sans se poser plus de question.

Elle traversa les cachots aussi vite que possible sans se soucier des possibilités de croiser quelqu'un, élèves ou professeur, elle en fit de même avec le hall. Heureusement pour elle, elle ne vit par le moindre humain, croisant à peine quelques rongeurs. Une fois dans le parc, elle ne mit pas longtemps à remarquer les silhouettes des deux jeunes femmes déjà près du lac. Elle soupira et reprit son chemin un peu plus lentement. Puisqu'il n'y avait pas de meurtre, inutile de se presser pour rien.

"Bonjour..." bredouilla t-elle en arrivant à leur hauteur.

Son regard se posa sur le lac et ne le lâcha plus. Elles allaient aller là dedans. Elles allaient partir à la recherche des créatures pas forcément toutes gentilles qui vivaient à l'intérieur. Bonnie commença à trembler légèrement, de moins en moins rassurée... Il fallait vraiment être malade pour se lancer dans une aventure pareille, qui sait si elles n'allaient pas mourir avant d'avoir pu mettre la main sur ces satanées sirènes...?

" Aucune idée, quand je me suis levée, elle était encore couchée, je me suis dis qu'elle allait me suivre, mais vainement visiblement. Mais pas d'inquiétude, je suis persuadée qu'elle va bientôt arriver."

Ce n’était pas de très bon augure, Bonnie n’était jamais en retard à un rendez-vous et elle n’avait pas un sommeil spécialement lourd, elle avait forcément entendu se lever la serpentard et si elle ne l’avait pas suivi c’était certainement qu’elle comptait rester au lit. La jeune poufsouffle en était presque persuadée, elle connaissait Bonnie par cœur et sa trouille maladive était le seul défaut qu’elle pouvait lui reprocher à ce jour. Toute à ses pensée elle n’entendit pas la jeune fille arriver et c’est seulement quand elle entendit son timide bonjour qu’elle se retourna. En voyant son air apeuré elle s’empressa de lui lancer un regard rassurant et la couva des yeux jusqu’à ce que Naïa reprenne la parole.

"Bien le bonjour à vous deux ! J'espère que vous avez pris vos baguettes ainsi que ce que tout ce que vous avez pu trouver sur les animaux qui vivent au fond du lac et surtout tout ce que vous avez pu trouver sur les sirènes, l'endroit où on peut les trouver exactement ..."

Sa phrase énerva légèrement Astride qui eut l’impression d’être prise pour un enfant que sa maman s’apprêtait à emmener au super marché. Bien sûr qu’elle n’avait pas oublié sa baguette, elle n’était pas encore complétement idiote et elle avait emmagasiné tellement d’information sur les sirènes qu’elle pouvait donner un cours sur le sujet sans aucun problème et sans avoir besoin d’un seul bout de papier avec quelques notes griffonnées. Après tout c’était Naïa, elle avait proposé l’aventure et c’était tout naturel qu’elle prenne la tête des opérations.
Quand la cinquième année sortie les branchiflores de sa poche la poufsouffle eurent un mouvement de recul, elle n’était pas censée être en possession de ceci. Astride c’était attendue à utiliser un maléfice de tête en bulle et une branchiflores ne lui disait rien qui vaille. Bien sûr elle savait très bien qu’elle ne risquait rien c’était même plus sûr que n’importe quoi d’autre, mais le fait de savoir que la jeune fille l’avait subtilisé ne lui plaisait pas du tout et elle ne tarda pas à le lui faire remarquer.

« Il existe de nombreux moyen de respirer sous l’eau et même si je dois reconnaitre que celui-ci est parfait, je ne suis pas sure que je sois d’accord avec l’idée de dérober quelque chose. »

Si elle se permettait ce genre de réflexion c’est parce que aujourd’hui les trois jeunes filles formaient une équipe, si l’une d’elle abandonnait les autres ne seraient pas en mesure de plonger toute seule, c’est pourquoi elle préférait ne pas garder ce qu’elle pensait pour elle. D’autant plus que pour une fois la serpentard allait bien être obligé de les écouter. Bonnie et Astride en savaient nettement plus qu’elle sur ce qui les attendait et pour une fois qu’une vipère allait les prendre au sérieux elle avait intérêt à en profiter pleinement. Quand la serpentard eut terminé ses explications, Astride jeta un rapide coup d’œil à son amie, elle voulait s’assurer qu’elle n’allait pas s’évanouir de peur. Elle fut impressionnée par la pâleur de son visage mais mis à part cette particularité physique elle ne semblait pas au bord de la crise cardiaque, c’était une supposition mais Astride allait devoir s’en contenter puisque Bonnie n’avait pas l’air de vouloir desserrer les dents.

« Bonnie et moi on a fait pas mal de recherche et on s’est rendu compte que les dangers bien que nombreux dans le lac ne présentait pas d’obstacles insurmontables. Je ne suis pas sure qu’on ait le temps de tous les énumérer ça nous prendrait la journée mais on a préparé une liste de sortilège. »

Elle lui tendit le parchemin en question, il n’était pas très grand, les deux jeunes filles avaient décidé de ne pas surcharger le papier en écrivant que les sorts de nécessité absolue, Naïa était une jeune fille débrouillarde et elle était persuadée que le minimum était largement suffisant.

«J’ai imperméabilisé le papier donc normalement tu peux le garder avec toi sous l’eau, Bonnie et moi on les a déjà appris et on n’a pas le temps de t’aider à les apprendre mais tu es douée tu ne devrais pas avoir de problème. »

En disant ça elle ne cherchait en aucun cas à complimenter la serpentard pour son intérêt personnel, elle avait simplement énoncé une vérité. Elle se tourna ensuite vers le lac en regardant l’eau noire sans éprouver le moins de monde de l’anxiété.

« Bonnie est de loin la meilleure pour ce qui est de l’orientation, je l’ai laissé s’occuper de l’itinéraire alors je crois bien qu’on va devoir la suivre. »

C’est à ce moment-là qu’elle réalisa que cette idée était la plus mauvaise qu’elle n’ait jamais eu. Certes la jolie rousse était de loin la plus perfectionniste des deux et avait un mémoire extraordinaire mais lui demander d’ouvrir la marche n’était pas vraiment une brillante idée. Il faut dire qu’elle n’avait pas vraiment le choix, Astride aurait mis plus longtemps que Bonnie à retenir leur trajet et du temps elles n’en avaient plus beaucoup. Elle se retourna vers Bonnie et lui posa la main sur l’épaule pour la rassurer et attendit religieusement qu’elle prenne la parole.

" - Bien le bonjour à vous deux ! J'espère que vous avez pris vos baguettes ainsi que ce que tout ce que vous avez pu trouver sur les animaux qui vivent au fond du lac et surtout tout ce que vous avez pu trouver sur les sirènes, l'endroit où on peut les trouver exactement ..."

A peine eut-elle le temps d'arriver près d'elles que Naïa prenait les choses en main. Étonnement, cette attitude eut le don de rassurer Bonnie. Elle se demanda néanmoins si elle ne pouvait pas mentir, dire qu'elle avait oublié sa baguette et rentrer au château pour s'enfermer dans les toilettes en attendant qu'elles réalisent qu'elle ne reviendrait pas et partent sans elle. Elle prit heureusement conscience qu'il s'agissait de Naïa Rosenberg, une de ses camarades de dortoir et qu'elle le lui ferait très probablement payer si elle lui faisait faux bond maintenant. Ce n'était décidément pas une bonne idée. Il lui faudrait affronter la mort, qui l'attendait patiemment au fond du lac noir.

Lorsque la blonde sortit les branchiflores, la Serpentard sursauta. Elle n'avait pas pensé un seul instant à la manière dont elles pénétreraient sous l'eau. Elle était tellement plongée dans ses recherches sur les habitants des eaux de l'école qu'elle n'avait pas réalisé qu'elles devraient rester sous l'eau un long moment et qu'il était humainement impossible de le faire sans aide magique. Même si elle avait pris le temps d'y réfléchir, elle n'aurait jamais inclus cette option dans la liste de celle qui étaient disponibles. Elle se doutait bien de la façon dont elle s'en était emparée et ça ne lui plaisait pas le moins du monde... Si cette excursion n'était pas vraiment interdite à défaut d'être réellement légale, le vol lui était clairement sanctionné et comme elles faisaient équipe, elles seraient punies toutes les trois même si Astride et elle n'y étaient pour rien...

"On va avoir des ennuis avec ça !" chouina t-elle en fixant la plante, mi-choquée mi-dégoûtée.

Son amie sembla d'accord avec elle puisqu'elle prit la parole à son tour. Ses propos rejoignaient de près les pensées qu'elle avait eu un peu plus tôt sans avoir cependant le courage de les expliquer clairement. Pourquoi faire ? Elle savait bien qu'elle n'avait pas réellement son mot à dire dans cette histoire, elle était là pour faire le sale boulot des recherches, qui pour elle n'en était pas vraiment un, à la différence de la Poufsouffle qui paraissait voir les choses tout autrement, comme une simple balade entre amies dans laquelle l'avis de chacun avait la même importance. Avec les Serpentard, c'était rarement le cas, malheureusement, Bonnie en tout cas n'y croyait pas.

« Il existe de nombreux moyen de respirer sous l’eau et même si je dois reconnaitre que celui-ci est parfait, je ne suis pas sure que je sois d’accord avec l’idée de dérober quelque chose. »

Elle n'était pas certaine que Naïa prenne mal cette intervention allant contre ses idées mais elle n'aurait pas non plus parié qu'elle la prenne en compte. C'était dans son intérêt de les garder à ses côtés jusqu'à la fin de leur aventure... Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle s'était lancée là-dedans. Elle avait dû perdre la tête avant de répondre, d'accepter... La prochaine fois, si jamais elle s'en sortait vivante, elle prendrait la fuite avant même que Naïa n'ait pu lui adresser le moindre mot.

« Bonnie et moi on a fait pas mal de recherche et on s’est rendu compte que les dangers bien que nombreux dans le lac ne présentait pas d’obstacles insurmontables. Je ne suis pas sure qu’on ait le temps de tous les énumérer ça nous prendrait la journée mais on a préparé une liste de sortilège. J’ai imperméabilisé le papier donc normalement tu peux le garder avec toi sous l’eau, Bonnie et moi on les a déjà appris et on n’a pas le temps de t’aider à les apprendre mais tu es douée tu ne devrais pas avoir de problème. »

Astride avait pris les choses en main, avançant leur recherches, les résultats qu'elles en avaient tiré. Elle commença à pâlir lorsqu'elle l'entendit aborder le sujet des dangers. Elle en avait lu des tonnes les concernant, la dissuadant un peu plus à chaque page d'aller faire l'idiote dans le lac, pourtant elle était là, se préparant tant bien que mal à rendre une visite dont elle se serait bien passée aux êtres de l'eau. Ils ne devaient pas avoir grande envie de les voir en plus. Fallait-il vraiment les déranger dans leur petite vie tranquille des fonds marins ? Certainement pas ! Elle se tut encore une fois.

« Bonnie est de loin la meilleure pour ce qui est de l’orientation, je l’ai laissé s’occuper de l’itinéraire alors je crois bien qu’on va devoir la suivre. »

Son visage acheva de perdre le peu de couleurs qui lui restait. C'était à elle qu'on avait confié l'orientation de l'expédition, à elle qui n'arrivait toujours pas à retrouver sa salle commune du premier coup quand elle avait cours dans les hauteurs du château, à elle qui était plus connue pour ses retards à cause de ses erreurs d'escaliers et de couloirs que pour tout autre chose se rapportant à sa personne... Comment elle allait s'en sortir ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle avait planché un long moment sur une carte de fond du lac trouvée dans un bouquin, avait bien entendu appris leur itinéraire par coeur sans le moindre mal mais le problème n'était pas là... Entre une carte et la réalité, il y avait un véritable fossé, et Bonnie se perdait à coup sûr dans ce dit-fossé. Voyant qu'Astride espérait qu'elle prenne la parole, elle s'y força...

"Vous êtes sûres que vous voulez y aller ? C'est vraiment vraiment pas une bonne idée ! On peut encore faire demi-tour..."

Ce n'était certainement pas ce à quoi elles s'attendaient, mais elles devraient s'y faire...

" - Vous étiez chargés de récolter un maximum d'informations sur le lac et sur l'endroit où on pouvait trouver les sirènes et moi je me suis occupée de pouvoir respirer sous l'eau pendant 1 heure environ. Si ma solution à notre problème ne vous sied pas, alors je garderais ma plante et vous vous tenterez un sortilège quelconque qui aura une chance sur deux de rater ou de vous lâcher sous l'eau. Après libre à vous de choisir la méthode certes légale mais dangereuse et faillible, moi je préfère opter pour celle sans faille mais illégale..."

Si elle avait complètement paniqué à l'idée d'avoir des problèmes à cause du vol de la plante, l'explication de Naïa suffit à la convaincre rapidement. Après tout, leur expédition était suffisamment compliquée comme ça pour ne pas avoir à gérer des inquiétudes supplémentaires. Ce n'était pas légal, certes, et les choses pas illégales, Bonnie ne les appréciait pas vraiment mais personne n'était obligée de le savoir. Et qui ferait le rapprochement entre elles trois, le lac et les branchiflores ? Avec un peu de chance, personne n'aurait entendu parler de leur aventure sous-marine... Il fallait espérer. De toute façon, c'était malheureusement trop tard pour faire marche arrière, que ce soit pour le lac ou la branchiflore, si elle renonçait à l'un comme à l'autre, c'était très certainement une mort lente qui l'attendait à la sortie. Cette idée ne l'enchantait pas franchement.

«Tu sais avec un peu d’entrainement un sortilège aurait très bien pu faire l’affaire mais là on n’a pas vraiment le temps de s’entrainer à présent. On te confie une simple tâche et tu n’es pas capable de la mener à bien. Maintenant tu ne nous laisse pas le choix.»

La rouquine grimaça discrètement. Ce n'était pas le meilleur moyen de démarrer correctement cet aller simple vers les mondes aquatiques que de balancer à Naïa Rosenberg qu'elle n'avait pas été capable d'accomplir sa tâche. Surtout que ce n'était pas forcément le cas, elle ne l'avait certes pas fait comme elles s'y étaient attendues, mais elle l'avait fait et sa méthode aussi contestable soit-elle était sans risque, du moins pour leur vie. Par contre, lui dire en face ses quatre vérités alors qu'elles s'apprêtaient à disparaître de la surface de la terre était bien plus imprudent, il n'y avait aucune certitude d'en remonter, un accident volontaire étant si vite arrivé. De plus, les poissons se feraient un succulent repas sur son dos et on ne retrouverait jamais son corps... Pas de corps, pas de crime... Et Naïa se verrait sûrement dans l'obligation de la tuer elle aussi pour être sûre qu'elle garde le silence... La Serpentard n'avait absolument aucune envie de finir dans un poisson.

"Naïa a raison, je crois. En plus, ça a déjà fait ses preuves dans le lac, ce truc-là." rappela t-elle d'une voix hésitante.

La réaction de sa camarade de dortoir quant à la répartition des rôles ne se fit pas attendre. Elle ne pouvait pas lui en vouloir puisqu'elle avait eu plus ou moins la même lorsqu'elle s'était vue confier l'organisation du trajet. Elle et son sens de l'orientation inexistant jouer les guides sous-marins... C'était surprenant, complètement insensé mais c'était pourtant bien réel... Elle avait l'habitude de travailler sur des cartes de par les nombreux livres d'histoire qu'elle avait dévoré, ce qui avait fait toute la différence... Triste différence qui les mènerait probablement à leur perte, à toutes les trois.

" Heu ... tu plaisantes j'espère ? Ce n’est pas elle qui était vraiment chargée de cette tâche, rassures moi ? Elle n’est même pas capable de retrouver notre dortoir du premier coup alors que ça fait 5 ans qu'elle dort dans le même ..."

Bonnie s'étonna tout de même que sa camarade ait remarqué son manque affligeant d'orientation. Elles ne s'étaient quasiment jamais parlé et elle n'aurait jamais imaginé que Naïa puisse s'intéresser, ne serait-ce que très légèrement, aux gens qu'elle n'appréciait pas. D'un côté, après avoir passé cinq longues années à partager les mêmes salles de classe et le même dortoir, il fallait reconnaître que c'était difficile de passer à côté de ses retards constants et de ses mauvais chemins, et ce même avec toute la mauvaise volonté du monde...

« On n’a pas vraiment eu le choix, nos sens de l’orientation se valent il fallait bien que l’une de nous deux s’y colle et je n’aurais pas eu le temps de le faire. Toi qui aime l’aventure tu devrais être contente. »

La rouquine soupira. Ça avait été comme choisir entre la peste et le choléra... Quelque soit la décision qu'elles puissent prendre, elle était mauvaise avant même d'avoir été énoncée... Ça n'avait pas loupé. C'était même plus une question d'amour de l'aventure, ça touchait véritablement à la folie et à l'inconscience, ce dont la blonde ne semblait pas être victime, ou tout du moins pas encore. Elle devait regretter de ne pas s'être à elle-même confiée cette tâche, mais il était trop tard pour cela aussi, le temps que Bonnie avait passé sur ses cartes était du temps qu'elles n'avaient plus pour laisser Naïa recommencer...

"Oui et crois-moi toi aussi tu vas avoir envie de venir parce que sinon tu te prends un sortilège de pétrification pour éviter que tu nous apporte des ennuis en plus. Bon reprenons, c'est toi qui connais le chemin Bonnie ... tu n'aurais pas par hasard apporté avec toi la carte, un plan, un schéma ... ou quoi que ce soit qui pourrait nous aider ?"

La Serpentard secoua la tête. Elle n'avait rien apporté qui puisse les aider à retrouver leur chemin. La carte qu'elle avait tracé avant de l'apprendre était restée dans son dortoir, sur sa table de nuit puisqu'elle l'avait relu plusieurs fois avant de s'endormir. Un éclair de lucidité traversa son esprit à la hâte. Elle n'aurait peut-être pas à s'occuper de les diriger dans les profondeurs du lac noir, sa colocataire s'en chargerait sûrement et s'en tirerait à coup sûr bien mieux qu'elle. Forte de cette illumination, elle tira sa baguette de sa poche.

"Accio Carte !"

Plusieurs longues et interminables secondes s'écoulèrent, secondes pendant lesquelles Bonnie était persuadée d'avoir raté ce sortilège pourtant élémentaire mais ce n'était pas le cas puisque la carte finit par apparaître à l'entrée du château puis vola rapidement au travers du parc jusqu'à atterrir gracieusement dans sa main. Elle ne put retenir un sourire rassuré en tendant le parchemin à Naïa. Sur celui-ci s'étendait une carte soignée et assez précise du lac et les différents endroits où se tenaient les créatures qui le peuplaient.

"Là, c'est le coin du calamar géant, les gens disent qu'il est gentil mais j'en sais trop rien. Si on peut l'éviter... Ici, c'est comme des champs constitués de hautes algues où vivent les strangulots, ils sont vraiment très très nombreux ce qui en fait l'endroit le plus dangereux du lac mais on a pas le choix d'y passer parce qu'on doit aller juste derrière, pour trouver les sirènes..." expliqua t-elle en montrant du doigts les différents endroits énoncés en espérant bêtement que cela conviendrait à sa camarade...

Bonnie regarda sa camarade se rapprocher dangereusement de son amie. Quelle idée aussi de s'en prendre à elle de la sorte ? Il fallait être complètement inconsciente ! La rouquine s'apprêtait à fuir au plus vite, dans le but d'aller chercher de l'aide ou plus probablement de rejoindre la Bibliothèque et d'y rester terrer jusqu'à ce qu'elle n'ait d'autre choix que d'en sortir lorsque la blonde se calma. Elle n'eut pas vraiment conscience de ce qui l'avait ainsi fait perdre de vue ses envies de meurtre, du moins pour l'instant, mais elle ne s'en plaignit pas et ne prit pas non plus la peine de chercher. Ca ne servirait à rien si ce n'est à lui faire un peu plus peur encore.

"Ne perds pas de vue que tu ne m'as rien confié Whitby, c'était mon idée et c'est moi qui vous chargé de faire des recherches sur le lac. Ne t'avises jamais de me parler une nouvelle fois comme ça, surtout quand le but de notre aventure c'est d'explorer le lac ..."

Elle ouvrit de grands yeux et se mit à marmonner des "Je savais bien qu'on allait mourir" sans fin, telle une litanie désespérée. C'était décidément une très très mauvaise idée, une mauvaise idée à laquelle elle ne pouvait plus échapper puisqu'elle avait eu le malheur d'accepter... Finalement, le plus gros danger de cette expédition n'était pas les créatures qu'elles pouvaient rencontrer mais Naïa Rosenberg, visiblement prête à tuer Astride à la moindre contrariété... Et dans les livres, il n'y avait eu aucun conseil pour apprendre à surmonter ce danger-là...

" - Ok c'est bon, je crois pouvoir me repérer sous l'eau, je vais quand même emmener la carte avec moi au cas où j'ai un doute ou autre."

Bonnie se contenta de hocher discrètement la tête, rassurée que ses explications l'aient convaincue, ou en tout cas qu'elles lui conviennent. Elle n'avait plus à prendre la tête des opérations, ni à diriger le petit groupe dans des contrées qu'elle n'avait jamais visité que dans les livres. C'était déjà un gros risque de mort en moins. Il n'en restait plus qu'une bonne dizaine, peut-être même plus si elle osait se l'avouer. Elle regarda Naïa imperméabiliser et ranger la carte puis l'écouta reprendre.

"Bon vous êtes prêtes ? On va y aller doucement, d'abord on entre dans l'eau, ensuite on avale la branchiflore, on plonge et vous me suivez. Ok, pas de questions ? C'est le moment ou jamais."

Astride n'attendit pas plus longtemps et fila dans l'eau. La Serpentard la regarda faire sans un mot puis se tourna machinalement vers sa camarade. Toutes les questions qu'elle s'était posée jusque là lui revinrent en mémoire d'un seul coup mais elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas toutes les poser, aussi elle se promit de faire au plus vite.

"Si, j'ai des questions." avoua t-elle timidement. "Si jamais on est séparées, on se retrouve où et comment ? Et si y'a un problème, on fait quoi ? Tu dis que les branchiflores nous permettront de respirer pendant une heure sous l'eau, et après ? Si on a pas fini on sort quand même ou on tente le sortilège de Têtenbulle malgré tout ?"

Si ses questions pouvaient paraître idiotes, Bonnie ne pouvait s'empêcher d'en attendre silencieusement les réponses, fixant Astride et Naïa tour à tour dans l'espoir qu'elles l'éclairent rapidement avant de devoir plonger...

"Je crois que là où on a le plus de chance de se perdre c'est dans les champs d'algues, dans ce cas-là deux solutions, soit vous allez jusqu'au bout en espérant que vous tomberez sur les sirènes, soit vous remontez à la surface, ce qui serait bien dommage. Sinon, vous pouvez aussi tenter de lancer un jet rouge pour signaler votre position. Je sais qu'avec la pression de l'eau se ne sera peut-être pas très efficace mais sait-on jamais. Ensuite pour la branchiflore, si au bout d'une heure on est toujours sous l'eau, oui il faudra tenter un sortilège, sinon il faudra remonter vite, un sortilège de propulsion peut vous aidez à aller plus vite. Bref, en gros on tente au maximum de réussir cette mission mais si vous ne vous sentez pas bien ou si vous avez trop peur ou autre, vous remontez !"

Voilà qui était censé la rassurer. Ça aurait pu être le cas si dans son esprit l'abandon de cette aventure n'avait pas été synonyme d’atroces souffrances infligées par sa camarade de dortoir sitôt celle-ci sortit du lac, si elle en sortait vivante bien sûr ce que Bonnie espérait pour elle, ne serait-ce que par crainte. Elle savait qu'elle n'avait plus l'occasion de poser plus de questions et qu'il était désormais temps de faire preuve de ce qui lui avait toujours fait défaut; de courage. Elle hésita un instant et finit par avancer doucement dans l'eau. Elle n'était pas très chaude mais il faudrait faire avec. Elle n'avait pas d'autre choix que de suivre. Elle s'approcha de Naïa et récupéra sa branchiflore.

C'était gluant, visqueux, vraiment pas appétissant. Et pourtant elle allait devoir passer outre ce dégoût qui lui nouait l'estomac et avaler cette chose immonde. Plus elle la regardait plus elle avait l'impression de la voir vivre et bouger dans sa main. Elle ferma les doigts dessus, laissant le froid de la plante glacer sa peau. Sa camarade de maison ne réfléchit pas plus longtemps, avala le végétal et après avoir laissé une impression de douleur effrayer la rouquine, elle plongea. Le processus de métamorphose paraissait, en plus d'être inquiétant, particulièrement douloureux. Astride suivit sous le regard désapprobateur de Bonnie. La Poufsouffle disparut sous l'eau à son tour.

"Plus question de faire marche arrière maintenant... Faut y aller. A trois..."

Sitôt dit, sitôt fait, elle compta mentalement jusqu'à trois et avala la branchiflore d'un coup sans se poser davantage de questions. Après avoir bataillé un moment pour respirer à cause de ses nouvelles branchies, elle se laissa aller dans l'eau, retrouvant avec plaisir la sensation de respiration. Elle n'avait jamais été une nageuse très douée mais elle savait heureusement se débrouiller. Souvent son père et son frère l'emmenaient à la piscine le samedi après-midi, si bien que nombre de souvenirs refirent rapidement surface. Un sourire idiot se dessina un instant sur ses lèvres avant qu'elle ne se souvienne réellement pourquoi elle était là. Il disparut aussi vite qu'il était arrivé.

Bonnie paniqua aussitôt. Elle chercha du regard les deux jeunes filles, s'attendant déjà à se retrouver face à mille et une créatures mauvaises et dangereuses. Elle n'aurait pas dû faire tant de recherches entre les murs rassurants de la bibliothèque... Heureusement pour elle, elle remarqua bien vite Astride et Naïa qui paraissaient s'être très bien habituées aux transformations physiques qui avaient eu lieu. Ce fut seulement maintenant que la rouquine pensa à poser les yeux sur ses mains, désormais palmées. Quelques bulles de surprises sortirent de sa bouche sans qu'elle n'ait émis le moindre son. Voilà qu'elle ressemblait à toutes ses créatures qu'elle aurait aimé éviter...

Elle finit par prendre sur elle, taisant ses nouvelles inquiétudes comme elle avait tu la suite des questions qu'elle aurait aimé un peu plus tôt et consentit enfin à rejoindre les deux autres à son tour, bien moins à l'aise que les filles et attendit silencieusement la suite des opérations...

"On descend, suivez-moi et ne me perdez pas de vue, ne vous arrêtez pas !"

Bonnie hocha lentement la tête. Naïa prenait vraiment les choses en main et ce n'était pas plus mal ainsi. Elle mènerait probablement l'expédition d'une main de maître et toutes trois s'en sortiraient vivante. Peut-être avec quelques frayeurs mais sans la moindre égratignures. La rouquine ne parut pas étonner d'entendre ce que lui disait sa camarade. Après tout, elle l'avait toujours entendu les rares fois où elles s'étaient parlé, pourquoi est-ce que ça devrait changer sous prétexte que c'était à moitié des poissons ? Et puis de toute façon, les poissons étaient bien capables de communiquer entre eux, eux aussi.

La rouquine resserra la main sur sa baguette magique, se demandant bêtement si elle marcherait aussi bien après un séjour dans le lac, puis descendit à son tour, suivant les deux jeunes filles toujours plus loin dans les profondeurs. Elle ne pouvait s'empêcher de se répéter que c'était stupide, qu'elles allaient finalement mourir et que personne ne les retrouverait jamais. Que penserait son père s'il apprenait qu'elle avait perdu la vie pour une telle bêtise, elle qu'on suppliait presque de sortir de la bibliothèque de temps en temps ? Il serait certainement plus que déçu. Cette pensée la paniqua un peu plus et prise d'un nouvel effroi, elle se rapprocha davantage de son amie.

"Là !"

Cette exclamation suffit à la faire sursauter. Regardant tout autour d'elle dans un élan de illogique désespérée pour comprendre ce que désignait ce 'là', elle comprit qu'il s'agissait en vérité du champ d'algues qui s'étendaient devant elles. Elles allaient devoir les traverser, il n'y avait pas vraiment d'autre choix. Si... Faire demi-tour et taire à tout jamais cette aventure d'irresponsables; mais Astride et Naïa ne seraient probablement pas de son avis, si bien qu'elle préféra ne rien dire et attendre sagement la suite des opérations. La Serpentard se contenta d'observer d'un air mitigé les plantes qui bougeaient doucement au rythme de l'eau. Ce qui se disaient entre les deux autres ? Elle n'en avait pas la moindre idée et ne souhaitait pas prendre part au débat si débat il y avait.

Rapidement, des bruits se firent entendre, comme l'eau qu'on déplaçait en bougeant. Vérifiant d'un oeil inquiet la position des jeunes femmes, elle dût se rendre à l'évidence, les bruits ne venaient pas d'elles. Elles n'étaient plus seules et étonnement, l'accueil que leur réservait les habitants du lac ne lui présageait rien qui aille. Plus que jamais, elle regrettait de s'être embarquée là-dedans. N'aurait-elle pas été mieux assise confortablement dans la salle commune déserte ou à s'amuser à s'asseoir à toutes les tables de la Grande Salle pendant qu'il n'y avait personne ? Sombre idiote, elle avait mis sa vie en jeu pour des raisons qu'elle ignorait et dont elle ne voulait même rien savoir.

« Il faut qu’on choisisse vite, remonter légèrement vers la surface ou nager vers le fond, on ne peut pas rester là. »

Un point pour Astride ! Malheureusement, elle n'eut pas le temps d'émettre son jugement sur la question que la Poufsouffle disparut subitement vers le fond, entraînant Naïa avec elle. Bonnie fut incapable de prononcer le moindre mot, pas même de les appeler. Voilà qu'elle se retrouvait seule au milieu du lac mais pire encore au milieu de créatures très certainement mauvaises qui avaient probablement pour but d'en faire leur petit déjeuné. Elle agita sa baguette et éclaira d'un Lumos un peu plus puissant l'endroit où avait disparu ses camarades. En vain... Cependant, l'idée de la lumière ne sembla pas être la meilleure qu'elle ait eut puisque les bruits se firent plus nombreux et plus proches encore.

Elle entreprit alors de remonter le plus vite possible, si les deux autres étaient peut-être en train de mourir au fond de l'eau, elle ne voulait sûrement pas que ce soit son cas ! La rouquine n'eut pas le temps de nager deux mètres qu'une main gluante s'accrocha au bas de son pantalon, frôlant sa peau à maintes reprises. Elle ne put retenir un hurlement effrayé, se débattant comme une folle pour un résultat inexistant. L'étreinte de la créature se resserra sur elle et l'immonde chose commença à l'entraîner vers les algues. Des dizaines de paires d'yeux globuleux étaient à présent fixer sur cet étrange spectacle. Dans un éclair de lucidité, ses cours de DCFM lui revinrent en mémoire...

"Lashlabask !"

Malgré la panique, le sort atteignit sa cible sans trop de mal, repoussant l'animal suffisamment loin pour lui permettre de fuir au plus vite. Elle s'attendait à ce que les autres réitèrent le geste de la malheureusement mais ce ne fut étonnement pas le cas. Etait-ce le sortilège qui les en avait dissuadé ou bien parce qu'elle s'était suffisamment éloignée des algues ? Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps, une lueur jaune venait de faire son apparition dans son champs de vision, bien au dessous des affreuses bestioles. Qui de Naïa ou d'Astride venait de les appeler ? Elle n'en savait rien mais eut pour elles l'espoir qu'elles soient toujours ensemble. Quoi qu'il en était, il était tout simplement hors de question qu'elle y retourne, et ce même si la vie de l'une des deux était en danger...

Astride n’avait pas le choix, elle devait attendre que ses amies viennent la rejoindre, si toutefois elle tentait de le faire. Elle n’avait pourtant pas l’intention de rester les bras croisés attendant une aide qui ne viendrait peut-être jamais. La jeune fille tourna sur elle-même, l’absence de végétation la perturbait, il y a encore quelques minutes il y avait des algues à perte de vue et d’un seul coup il n’y avait plus rien.
Levant les yeux vers la surface, elle s’aperçut qu’elle ne pouvait plus voir la lumière du jour, c’était légèrement angoissant, elle ne savait absolument pas quand est-ce que les effets de la branchiflore se dissiperaient, elle avait déjà l’impression d’être sous l’eau depuis des heures et si les effets de la plante se dissipaient maintenant elle n’aurait jamais le temps de remonter jusqu’à la surface. L’idée de périr sous l’eau par manque d’oxygène ne lui plaisait pas vraiment, pendant un instant elle hésita, elle aurait pu remonter à la surface, mais abandonner ses deux camarades n’était pas quelque chose d’envisageable pour elle. La jeune fille prit donc le chemin inverse, elle avait remarqué qu’elle était très proche du fond du lac et la tentation de découvrir quelle était la substance qui constituait ce fond était beaucoup trop forte. Astride nagea prudemment et posa sa main sur le sol, il était sombre et mou, lorsqu’elle laissait sa main appuyée elle s’enfonçait tout doucement comme des sables mouvants, même si la couleur ne correspondait en rien à celle du sable. La poufsouffle aurait bien aimé savoir ce qu’il se produirait si jamais elle laissait sa main posée un peu trop longtemps, mais elle n’était pas l’adolescente la plus courageuse du monde et n’osait pas tenter pas tenter l’expérience. Astride était tellement absorbée par sa découverte qu’elle n’entendit pas tout de suite l’étrange bruit qui se rapprochait d’elle, ce n’est que lorsqu’il se rapprocha dangereusement d’elle qu’elle l’entendit enfin, la poufsouffle tourna la tête mais ne vit pas grand-chose à part un amas de bestioles qui lui semblaient assez inamicales.
Astride se rapprocha en plissant les yeux pour essayer de voir ce qu’il se passait, elle avançait doucement même si les bestioles ne semblaient pas lui porter la moindre attention, lorsqu’elle ne fut plus qu’à un mètre ou deux, elle les reconnut enfin….. Des strangulots, restait encore à comprendre ce qui pouvait bien les énerver à ce point, ce devait être quelque chose d’important sinon le petit groupe se serait déjà jeté sur elle, la jolie brune ne mit pas longtemps à réaliser ce qu’il se passait, l’apparition de cheveux blonds en plein milieu de cette bulle formé par ces affreuses bestioles la renseigna immédiatement sur l’objet de leur colère. La serpentard avait l’ai sacrément mal en point, et dans très peu de temps Astride se retrouverait dans une situation à peu près identique si elle ne se dépêchait pas de trouver une solution.

*Astride réfléchis, réfléchis, réfléchis…*[/font]
La poufsouffle sentait la peur la paralyser, ce n’était pourtant pas le bon moment, Naïa ne semblait pas être dans une position très confortable et rester planter là sans rien faire ne leur serait pas d’une aide essentielle, d’autant plus que les strangulots semblaient avoir enfin remarqué sa présence, ce qui n’arrangeait rien à son cas. Astride reprit ses esprits en quelques secondes, elle pointa sa baguette vers la bulle que formait l’amas de strangulots et murmura faiblement.

"Lashlabask !"

Son sort fut d’une inefficacité qui l’aurait certainement fait hurler de rire si la situation n’était pas aussi critique, tout ce qu’elle avait réussit à faire c’était à énerver davantage les strangulots, et ce fut seulement lorsque l’un d’eux prit son élan pour lui sauter dessus qu’elle reprit le contrôle de la situation, elle réitéra le sortilège qu’elle venait de prononcer, sauf que cette fois la peur qui auparavant n’avait réussi qu’à la figer sur place lui procurait de l’adrénaline et les strangulots furent presque tous éjectés d’un seul coup. La cinquième année était plutôt fière de ce qu’elle venait de faire mais elle restait une élève et si miraculeusement elle était parvenu à libérer la serpentard, elle savait pertinemment que dans très peu de temps ils reviendraient, la jeune fille attrapa Naïa et naga en direction de la surface, la jeune fille était lourde et Astride n’était pas une nageuse hors pair, elle ne put avancer bien longtemps mais se força à rejoindre les algues avant de s’arrêter. Au moins elles étaient hors de portée des bestioles, du moins pour le moment, elle n’avait plus qu’à espérer que Bonnie ne soit pas très loin, elle avait désespérément besoin d’aide, d’autant plus que les strangulots n’avaient pas loupés leur coup, Naïa avait de nombreuses entailles, même si elles semblaient assez superficielles, et des marques étranges sur les bras et les jambes. La poufsouffle avait préférée s’enfuir plutôt que de s’intéresser à sa camarade ce n’était peut-être pas la meilleure des solutions mais maintenant qu’elles avaient retrouvés un semblant de sécurité, elle allait en profiter pour s’occuper de la serpentard.

« Ca va aller ? On a eu de la chance pour des débutantes, tu me laisses regarder ? »

Elle pointa du doigt les multiples plaies infligées par les créatures, elle préférait poser la question avec un serpent on n’était jamais sûr de rien dès fois qu’elle se rappelle soudainement qu’elle ne l’aimait pas, la prudence était nécessaire.
Astride jeta un coup d’œil vers le haut des algues, se demandant ce que devenait Bonnie, dans le doute, elle lança un énième petit éclat de lumière jaune, espérant que cette fois-ci son amie les rejoindrait.

HJ:[Naïa comme je te fais à moitié agir, et que je ne savais pas où tu voulais en venir, je te donne l'autorisation exceptionnelle de me demander des modifications, mais c'est bien parce que c'est toi.]

Le temps passait et il n'y avait toujours aucune trace d'Astride et de Naïa. Il y avait bien eu un éclair jaune, venant du fond, mais depuis celui-ci, c'était le calme plat. Qu'est-ce qu'il leur était arrivé ? Bonnie n'en savait rien, elle ne pouvait que craindre le pire. Peut-être étaient-elles inconscientes, ou pire, mortes. Elle lança un regard désespéré vers la surface, puis à sa montre. Ça ne faisait que vingt minutes qu'elles avaient avalé cette foutue branchiflore. Si elle remontait à la surface, elle risquait d'y rester aussi et il en était tout simplement hors de question...

Mais au fond, si elles étaient en danger, elle ne pouvait pas rester comme ça sans rien faire... Si elle partait à leur recherche, et qu'il lui arrivait quelques choses, personne ne saurait jamais ce qui s'était arrivé et elles ne seraient jamais retrouvées... Il fallait laisser une trace, les professeurs ou le concierge ou n'importe qui allaient bientôt faire un tour dans le parc, histoire de profiter de la matinée et du calme qui y régnait. Laisser une trace... Une idée lui traversa l'esprit, elle ne savait pas ce que ça donnerait mais elle pouvait toujours tenter. Elle retira son pull puis utilisa un sort d'expulsion pour envoyer son vêtement sur la terre ferme. Avec un peu de chance, quelqu'un le trouvera et comprendra qu'il y avait des élèves qui avaient plongé.

Une fois fait et plutôt contente d'elle, elle réalisa que ça n'arrangeait pas la situation de ses deux camarades, toujours portées disparues. Il fallait trouver une autre solution. Dans le doute, elle nagea de quelques mètres vers le fond et aussitôt, les strangulots qui l'attendaient sagement montrèrent les crocs. C'était pas gagné. La Serpentard fit demi-tour aussitôt. Un nouvel éclair jaune réapparut dans sa direction. Elles étaient toujours conscientes ! Bien décidée à les aider un minimum. Si elle était incapable de les éloigner tous toute seule, elle pouvait toujours essayer autre chose. Elle brandit sa baguette en direction des créatures et lança un sortilège d'Allégresse, qu'elle connaissait sur le bout des doigts. Ça marcha on ne peut mieux à en croire l'air bête et absent des animaux. Elle s'avança prudemment mais il ne se passa rien. Ils restaient là, à la regarder avancer sans bouger, une sorte d'affreux sourires découvrant leurs trop nombreuses et horribles dents.

Le chemin était donc libre ! Bonnie ne se le fit pas dire deux fois et nagea aussi vite que possible. Inutile de prendre des risques inutiles et d'attendre qu'ils retrouvent leur agressivité naturelle. Elle expédia donc le chemin plus vite qu'elle ne l'aurait jamais imaginé et se retrouva de l'autre côté du champ d'algues. Elle chercha des yeux les deux autres mais en vain... Aucune trace d'elles...

"Astride !" appela t-elle. "Naïa !"

Elle s'était montrée plus courageuse que jamais jusque là mais son courage éphémère venait malheureusement de la lâcher de nouveau. Elle prise de panique, elle réitéra son appel, plus fort, dans l'espoir qu'elles l'entendent, qu'elles lui répondent, qu'elles donnent signe de vie, bref, n'importe quoi pour un peu qu'elle ne soit plus aussi seule au milieu de nulle part...

Peu de temps après son dernier appel, un nouvel éclair apparut. Elles l'avaient entendu ! Elle n'allait donc pas périr ici pour avoir eu l'idiotie de vouloir les aider ! Bonnie ne se fit pas prier et partit à toute allure dans la direction de la lumière. Ses camarades étaient au bout, et du coup, une plus grande sécurité s'y trouvait aussi. Plus le temps passait sous l'eau, plus elle regrettait de s'être embarquée là dedans. Ca faisait bientôt une demi-heure qu'elles avaient plongé, et il n'y avait toujours aucune trace des sirènes... Elle commençait fortement à douter de la réussite de leur aventure. Il leur faudrait remonter bientôt, et peut-être même maintenant si on prenait en compte les dizaines et les dizaines de strangulots qui attendaient patiemment de les revoir pour, probablement, déjeuner.

Quelques interminables minutes après avoir repris son chemin, la rouquine rejoignit enfin les deux jeunes filles. Elle comprit rapidement qu'elles avaient été attaquées, Naïa plus gravement qu'Astride, mais elles étaient en vie et même conscientes ce qui était finalement le principal. Elle osait à peine imaginer ce qui aurait pu se passer, l'état dans lequel elles auraient pu finir. La chance qui les entourait jusqu'ici était assez incroyable et la Serpentard doutait fortement qu'elle dure éternellement... Si elles restaient ici, en terrain hostile et ennemi, elles n'étaient pas au bout de leur peine.

"Ça va Bonnie ? Rien de casser ? Alors on fait quoi ? On continue ou on rebrousse chemin ?"

La dite-Bonnie hocha vaguement la tête, un peu surprise que Naïa puisse s'inquiéter pour son sort alors qu'elle-même avait failli voir la mort de près. Elle s'était plutôt attendue à l'entendre se lamenter sur son sort en les accusant de tout ce qui avait pu lui arriver mais n'allait certainement pas se plaindre d'assister à un tour autre spectacle. Quant au reste de ses questions, elle était bien incapable d'y répondre. Il fallait être réaliste, dans un sens comme dans l'autre, c'était tout aussi risqué. La question qui restait était: Valait-il mieux mourir en cherchant les sirènes, ce pourquoi elles étaient là, ou bien en essayant de remonter à la surface, abandonnant ainsi leur but premier ?

« Je pense que ce serait plus sage d’arrêter là, mais je n’ai pas vraiment envie d’être sage. »

La rouquine grimaça. Comme si c'était le moment de jouer les adolescentes rebelles ! Il ne s'agissait même plus d'être sage mais d'être prudente en fin de compte. Bien que la prudence eut visiblement été oubliée sur la terre ferme... Au fond, il ne restait plus qu'à prier pour s'en sortir indemne quelque soit le chemin choisi. Quelle idiote, mais quelle idiote ! Et dire qu'elle se fichait éperdumment des sirènes...

"Il faudra remonter, même plus tard... Je crains juste qu'ils soient encore plus aggressifs si on attend trop longtemps..."

Elle tut prudemment le fait qu'elle avait laissé de quoi prévenir un adulte de leur aventure avant de partir à leur recherche, de peur que l'apparente bonne humeur de sa camarade de maison de s'évapore aussitôt. Après tout, elles risquaient désormais d'avoir des ennuis en plus de mettre leur vie en danger et qui sait, peut-être même seraient-elles renvoyées pour avoir commis une telle erreur ? Bonnie n'espérait pas. Elle préférait encore mourir plutôt que d'avoir à avouer à son père qu'elle avait été suffisamment stupide pour s'aventurer dans le lac sans le moindre enseignant... Elle fut tirer de ses craintes par la voix de la Poufsouffle qui cherchait l'emplacement du château grâce à sa baguette magique. Une fois fait, elle se tourna de nouveau vers elle.

« Est-ce que tu sais où on est ? »

Soupirant, elle secoua la tête, un peu honteuse de ne pas pouvoir l'aider. Elle avait certes fait la carte et elle l'avait encore en tête mais il n'avait jamais été question d'aller jusqu'au fond du lac, hors elles y étaient. Par où elle était passée pour les rejoindre ? Elle n'en avait pas la moindre idée, elle s'était contentée de suivre la lumière dans l'espoir de les y trouver au bout, elle n'avait fait attention à rien d'autre que le point jaune qu'elle avait vu disparaitre et surtout l'endroit même où il avait disparu...