Il était une heure du matin, et pourtant Catalina était dehors, sur un petit banc très à l'écart du château pour ne pas se faire prendre. Resterait plus qu'un préfet ou un professeur la surprenne... En même temps à part ne pas respecter le couvre-feu elle ne faisait rien de mal, elle ne faisait que regarder la neige tombée et se poser sur le sol déjà blanc. Pas de sa faute si elle avait été incapable de trouver le sommeil, en plus le dortoir lui avait semblé trop étouffant, elle avait eu besoin d'air frais. Tant pis pour le lendemain si elle était fatiguée, quand elle faisait de l'insomnie, impossible d'y remédier. Elle était en pyjama avec une robe de chambre en guise de manteau et des pantoufles en guise de bottes, mais elle n'en avait rien à faire. De toute façon personne ne la verrait ainsi et même si c'était le cas elle n'en aurait quand même rien à faire. Qu'elle était folle puisqu'il faisait froid me diriez-vous ? Bah, avec un petit sortilège qu'Alycia lui avait appris le tour était joué. Elle repensait à la journée pourrie qu'elle venait de passer et à quel point elle en avait marre de tout le monde. Marre des professeurs et de leurs petits airs supérieurs, marre de ses satanés Serpentards avec leurs regards méprisants, marre de la neige qui tombait tout le temps, tout le temps, sans jamais s'arrêter... Elle en avait marre du gris aussi, le gris la rendait malade. À croire qu'en Angleterre le gris était la seule couleur qu'ils connaissaient ! Le château était gris, le plancher était gris, la neige sale devenait grise, le ciel était gris, les cheveux de Mcgo étaient gris...

Puis parlons un peu de sa journée tant qu'à y être, elle s'était réveillée en retard, avait eu un cours de soins aux créatures magiques (ce qu'elle détestait), s'était disputée avec Alexanne (bon, ça avait été une petite dispute stupide et elle n'était même plus fâchée, mais quand même) alors elle était allée voir Artémis avec qui elle avait parlé de la Grèce, ce qui la rendit nostalgique pour finalement réaliser qu'elle avait complètement oublié qu'aujourd'hui était l'anniversaire de sa mère. Pas l'anniversaire de sa mort non, son vrai anniversaire. Elle aurait eu 44 ans aujourd'hui... Elle se recroquevilla sur elle-même, se sentant vraiment coupable d'avoir pu oublier une telle chose. En fait elle se sentait coupable tout court, de l'oublier elle... Parfois il lui arrivait de ne même pas penser à elle durant toute une journée. Il lui arrivait aussi de devoir regarder des photos pour se rappeler exactement de son visage. Pire que tout, elle avait oublié le son de sa voix, de son rire, son odeur, sa façon de marcher... Tout ce qui lui restait en mémoire était des photos, des histoires racontées par des membres de sa famille et des souvenirs flous et incohérents d'une petite fille de 7 ans. En ce moment même elle aurait eu envie de faire sa valise et de partir loin, très loin. D'aller sur une île déserte et d'y rester pour toujours. Ou alors de retourner en Grèce, tout simplement.

Elle s'ennuyait énormément de sa famille, de ses frères, de ses grands-parents, de ses oncles et tantes, de ses cousins, de ses amis de quartier... Ici et là-bas, ce n'était pas pareil. Même si l'Angleterre n'était pas horrible du tout, elle avait quand même envie de partir là-bas, où tout semblait meilleur. Bon ça y est, elle sentit les larmes lui monter aux yeux... Elle cligna rapidement des paupières, ne voulant pour rien au monde pleurer. Pleurer, ce n'était pas pour elle. Pleurer, ce n'était pas bien, ça démontrait de la vulnérabilité... En tout cas c'était ce qu'elle entendait au tour d'elle depuis toute petite. Les garçons ne pleurent pas eux et Catalina avait grandi avec des garçons alors... Elle vit alors Nick au loin, subissant des moqueries d'un autre fantôme. Au moins c'était une bonne distraction pour ne pas pleurer et essayer de ravaler ses larmes. Il se rapprocha d'elle, toujours recroquevillé sur elle-même.

« Salut Nick ! Dure journée toi aussi ? »

Sans même qu'elle le veuille son ton fut triste, sa voix étranglée parce qu'elle se retenait toujours pour ne pas pleurer. Elle détestait pleurer, ça ne se faisait pas pour elle... Même si elle savait qu'elle pouvait avoir une confiance absolu en le fantôme, qui l'avait souvent aidé, elle ne voulait quand même pas fondre en larme devant lui.

Ça avait été une dure journée pour Catalina aujourd'hui, une de ces journées où elle n'avait pas du tout le moral. Habituellement elle était plutôt d'humeur enjoué et positive, elle taquinait les gens, bavardait, s'offusquait rapidement à cause de sa nature susceptible... Bref, elle était du genre plutôt bruyante. Pourtant aujourd'hui, ça avait été exactement tout le contraire. On aurait dit que les choses s'étaient alignées pour que ça n'aille pas. Elle n'était pas du genre sans cesse déprimé ou à toujours voir le mauvais côté des choses, si ça avait été le cas elle aurait fait cent fois moins de rencontres, mais pour elle lorsque ça n'allait pas, ça n'allait pas !

C'était peut-être aussi toute cette neige qui ne cessait de tomber qui n'améliorait pas son état. Le pire était que même si elle détestait les flocons, elle ne pouvait s'empêcher d'avouer qu'ils étaient incroyablement beaux. Mais ils l'étaient seulement lorsqu'ils étaient blancs hein ! Pas lorsqu'ils devenaient tout gris à force d'avoir été piétinés ou qu'ils vous faisaient regretter de les avoir un jour aimé parce qu'ils mouillaient vos chaussettes. Elle détestait le froid qui venait avec aussi, ce froid qui vous donnait envie d'absolument rien faire... Les flocons étaient jolis, mais seulement de loin. À vrai dire le paysage devant Catalina était splendide, tant de blancheur partout, les conifères de la forêt tout recouvert... Un magnifique spectacle se déroulait devant elle, la neige prenant des airs de ouate en tombant du ciel ainsi, mais pourtant en ce moment la Gryfonne n'y voyait aucun réconfort.

Elle n'arrivait pas à sortir de ses pensées désagréables, où elle culpabilisait sans cesse. Parfois lorsque ça n'allait pas, elle se disputait plus facilement avec les autres, sa sucseptibilité étant pire, mais aujourd'hui elle n'avait eu aucune dispute, si ce n'était qu'un petit chamaillage avec Alexanne. De toute façon contre qui pouvait-elle bien se mettre en colère, à part elle-même ? Celle qui était en train d'envoyer sa mère aux oubliettes, c'était bien elle... Se retenant maintenant de toutes ses forces pour ne pas laisser des larmes coulées, elle releva le regard lorsqu'elle entendit des bruits dans les alentours. Ce n'était vraiment, vraiment pas le moment que quelqu'un la surprenne ainsi... Heureusement, c'était Nick, ce fantôme qui s'était révêlé être un véritable ami. Il se faisait embêter par d'autres fantômes, elle ne comprenait pas trop le motif de la dispute, mais en tout cas le fantôme de sa maison avait l'air très contrarié. Lorsqu'il s'approcha d'elle, elle appris que ses inquiétudes portaient sur son refus au club des chasseurs sans tête. Ça devait être frustrant d'être si prêt du but, mais de ne pouvoir rien faire, sauf qu'à ce moment elle avait un peu de mal à penser à ce point. Elle se demandait plutôt pourquoi elle ne pouvait pas troquer ses préocupations contre les siennes, parce que sincèrement ne pas pouvoir faire partie d'un simple club n'était pas grand-chose à ses yeux...

« Ah oui ? Et en quoi consistent ses activités ? »

Dit-elle de la même voix un peu cassée. Elle voulait tout de même se montrer aimable envers lui, puis cette piètre diversion serait peut-être suffisante pour que Nick ne remarque pas qu'elle était seule sur un banc en plein milieu de la nuit, en pyjama... Ça serait réellement un coup de chance s'il n'abordait pas le sujet, puisque son ton de voix trahissait malheureusement sa peine. Même si elle savait qu'elle pouvait se confier à lui, se montrer vulnérable aux gens n'était jamais très simple pour elle. Déjà que personne à Poudlard ne l'avait jamais vu pleurer, ça en disant long... Le fantôme lui demanda ensuite ce qui la tracassait et s'il pouvait l'aider. Il l'aidait toujours beaucoup lorsqu'il prenait de son temps pour discuter avec elle, même si ça lui prenait toujours un certain temps avant de s'ouvrir. Peut-être devrait-elle essayer ? Pour tout dire en ce moment elle ne savait même pas si elle préférait être seule ou accompagnée. Seule, ça lui permettait de pouvoir réfléchir à tout, mais justement, réfléchir autant n'était peut-être pas très sain... Puis être avec quelqu'un, et bien ça pouvait aider, mais seulement si on acceptait de se confier à l'autre... Elle décida finalement de plonger, tranquillement mais surement, elle se mit à parler.

« Dites Nick, avec toutes les personnes que vous avez déjà connues, pas n'importe qui je veux dire, des gens que vous avez réellement appréciés et qui comptaient beaucoup pour vous... Vous est-il déjà arriver... D'en oublier ? » Se rendant compte que ça question n'était pas claire, elle se reprit aussitôt, balbutant un peu. « P-Pas complètement je veux dire, juste partièllement si on veut ? »

Elle espérait de tout coeur qu'il comprendrait sa question, même si elle n'était pas très claire...