Mon retour à Poudlard n'avait pas été une réussite jusqu'à maintenant; néanmoins, je ne tirais pas un trait sur une amélioration prochaine et peut-être que les fêtes de Noël allaient me permettre de me sentir enfin à l'aise. Bien que je préférais partir découvrir le monde et m'amuser à chaque vacances scolaires, j'avais décidé de rester à l'école pour ma toute dernière année à Poudlard. Restait à savoir si je regretterais mon choix ou non. Pour l'heure, je me plongeais dans mon travail, le plus régulièrement possible, bien déterminée à obtenir d'excellentes notes à mes ASPIC. Le fait de rester dans la salle commune me permettait de ne croiser personne et j'étais bien tranquille. Par chance, aucune personne de ma salle commune ne venait m'importuner tout simplement car je ne connaissais quasiment personne de mon âge...excepté Faust mais autant vous dire que je me passais volontiers de sa présence, à celui-là.

L'après-midi touchait à sa fin et j'avais passé la porte du cours d'étude des runes, le dernier de ma journée. Plutôt que d'attendre l'heure du repas dans la Grande Salle, je préférais aller me servir directement dans les cuisines pour ne pas être forcée de croiser des visages familiers, et aussi car j'étais fatiguée. Le feu de la salle commune était beaucoup plus tentant que le bruit et la foule affamée de la Grande Salle. C'est donc avec 4 petits sandwich, enveloppés dans une serviette que je montais difficilement les marches pour rejoindre la salle commune des Serdaigle. Je ne pouvais plus supporter mon sac, rempli à craquer, que j'avais trimbalé toute la journée et je soufflais en arrivant enfin à destination. Je répondis machinalement au heurtoir qui me posa une question pour me laisser entrer et je fus surprise de voir que ma réponse lui avait convenue immédiatement, je n'avais pourtant pas fait beaucoup d'efforts. Comme toujours, il y avait un peu de monde dans la salle commune et j'allais me réserver une petite table, à l'écart, près de l'une des grandes fenêtres. Faire mes devoirs avec un petit fond sonore ne m'avait jamais dérangé, sauf que cette fois-ci un bruit inhabituel me fit lever le nez: une guitare.

J'étais prête à aller rageusement attaquer la personne qui jouait lorsque je reconnus un jeune homme que j'avais rencontré au cours de la soirée d'Halloween. Par malchance, nos échanges n'avaient pas duré longtemps, et je mettais ça sur le dos du couple de mon meilleur ami, encore une fois. Cette fois-ci, je ne laisserais pas passer ma chance de parler à Daniel. Je laissais mes affaires en place, excepté mes sandwichs. Je mordis dans l'un d'eux en chemin et allais m'installer à côté du jeune homme, sans préambule. Ce dernier avait l'air absorbé par son occupation, sa guitare était sûrement de bonne compagnie, mais il n'avait pas encore goûté à MA compagnie.

- Pas mal ce que tu joues... Sauf que ça fait un peu romantique. J'ai plutôt eu l'impression que tu n'étais pas ce genre de garçon, je me trompe ? Je lui lançais un petit sourire avant d'ajouter. Salut ! Tu te souviens de moi hein ? La plus belle, la plus sexy, la plus intelligente des vampires de la soirée d'Halloween.... Je grimaçais tout en souriant pour excuser ma vantardise maladive.

Daniel était un garçon terriblement beau sauf que je préférais en savoir un minimum sur lui avant d'entrer dans un jeu de séduction. Ses regards ne trompaient pas (à la soirée) mais je n'étais pas du genre à supporter d'être le petit joujou des garçons. Il ne ferait pas exception à la règle... Je ne me laisserais avoir bêtement sous aucun prétexte. Le jeune homme allait devoir apprendre à affronter ma franchise et mon entière sincérité.

J'avoue, j'avais jugé Daniel assez rapidement à la soirée d'Halloween. Je m'étais laissé le temps d'en savoir un peu plus avant de formuler à haute voix ce que je pensais de lui, sauf que j'avais déjà un petit avis à son sujet. Le jeune homme me paraissait très dragueur et beaucoup trop entreprenant. Certes cela ne me posait pas problème, en général, sauf que j'avais horreur de ceux qui traitaient les nanas comme des jouets. Enfin, du moins, JE n'aimais pas être traitée ainsi et je m'étais promis, au cours de la soirée, de ne sûrement pas me laisser avoir par ses beaux yeux. S'il souhaitait jouer à ce petit jeu, libre à lui, mais il ne le ferait pas avec moi et ça, j'étais déterminée à lui faire comprendre.
Ses premières paroles à mon égard furent assez surprenantes. Je ne pouvais avoir de jugement hâtif, une deuxième fois, mais il m'avait fait l'impression d'un garçon calme et son côté dragueur était un peu atténué même si son regard ne trompait personne. J'étais plutôt satisfaite de ne pas retrouver un garçon aguicheur et je préférais largement la subtilité.
Je décidais de lui répondre en étant parfaitement honnête. Certes, j'en rajoutais toujours un peu dans mes propos, mais Daniel se rendrait bien vite compte que c'était ma marque de fabrique, rien de méchant.

- Hum... je m'attendais plutôt à un garçon sans tact, qui passe son temps libre à soulever des poids pour exhiber ensuite son corps devant les filles pour s'en mettre le plus possible dans la poche. Je lui souriais, doutant toujours, je pensais ne pas être très loin de la vérité, mais cela restait à confirmer. Quoique pour la question des filles, il doit y avoir un fond de vérité non ? Je me trompe peut-être...

Je l'observais manipuler sa guitare et la déposer délicatement sur le côté avant de se tourner vers moi. Comme il venait de me le dire, le mystère planait toujours autour de lui. Et les choses qu'il avait à cacher m'intéressaient plutôt. En revanche, si je me rendais compte qu'il tentait de se jouer de moi, mon opinion changerait radicalement. Je venais simplement de faire sa rencontre et je me laissais encore le temps de me faire un véritable jugement.

- Une bonne mémoire et de jolis yeux... Lui dis-je en lui adressant un petit clin d’œil. Assez contradictoire pour quelqu'un qui ne veut absolument pas avoir affaire à un numéro de drague lourdingue, mais ce serait au moins une occasion de tester un peu sa réaction, et puis, un compliment ne peut que faire plaisir. Contente de voir que tu te souviens de moi malgré le peu de temps que nous avons passé ensemble.

Je fus encore une fois surprise de l'entendre me parler d'Asling. Daniel ne devait, normalement, pas avoir la moindre connaissance de la relation qui m'unissait à Asling. Or, je pouvais le considérer comme totalement objectif et son point de vue me fit prendre conscience de ce que je redoutais.
Est-ce que j'avais eu l'air d'une totale accro à lui ?! En réalité, il était hors de question de faire entrer le mot amour dans mon vocabulaire. Asling était mon meilleur ami, mais il était bien clair que ce garçon avait un charme unique.
Je levais les yeux au ciel en l'entendant me poser la question. Sauf qu'il était très vite revenu sur ses paroles et m'affirma que cela ne le regardait pas.
Je décidais de lui répondre quand même, par une simple phrase :

- Asling a tout pour plaire, il a mon entière confiance. Cette petite phrase était un clin d’œil destiné à Daniel qui, lui aussi, avait tout pour plaire sauf que j'accordais une grande place à la compatibilité morale. Ce que j'étais en train de faire ? J'étais prête à hurler sur la personne qui faisait de la guitare car j'avais prévu de faire mes devoirs... Mais j'ai changé d'avis quand je me suis aperçu que c'était toi, tu es chanceux. Oh et... je lui montrais la serviette et les sandwich que j'avais pris avec moi, en chemin,... j'étais aussi en train de me gaver avec ça ! Les elfes de maison ne refusent jamais rien.... sers-toi si tu veux ! Je jetais un oeil dans la salle commune avant de porter à nouveau mon attention vers lui. Je t'ai interrompu dans ton occupation, si tu souhaites la reprendre...

Lorsqu’un sourire étira ses lèvres à l’annonce de ses conquêtes, j’en déduisais que j’avais vu juste et je me mis à sourire à mon tour. Le jeune homme savait profiter de la vie et je ne pouvais qu’approuver son choix, j’étais assez semblable même si j’accordais une importance au respect de soi et au choix des conquêtes. Cela expliquait d’ailleurs pourquoi j’étais bien décidée à ne pas me laisser avoir par les simples charmes de Daniel, pourtant très nombreux : beau, vraisemblablement agréable et il n’entrait pas dans la catégorie des gamins puisqu’il était de la même année que moi. Ma décision d’aller à sa rencontre allait pouvoir me permettre d’en savoir plus… J’avais une idée tellement précise des garçons susceptibles de m’intéresser que je me demandais même parfois si ce type de personne existait vraiment où s’il n’était pas question d’un idéal que je me faisais. J’avais besoin de parler, d’être dans une situation constante de défi et je n’avais pas peur de me prendre la vérité en face ; j’attendais d’un garçon qu’il réagisse de la même manière et que l’honnêteté (qu’elle soit positive ou non) soit le maître mot.
Je n’avais pas quitté mon sourire lorsqu’il m’avoua avoir eu quelques conquêtes, et je le conservais aussi lorsque je l’observais attentivement réagir à mon petit compliment. J’étais presque sûre qu’il ne s’était pas attendu à ce que je sois aussi directe, sauf que ce compliment ne sonnait pas chez moi comme une façon de l’aguicher ou de lui faire comprendre quelque chose en particulier. Je n’avais dit que la simple vérité et j’avais d’autres tours dans mon sac, qu’il ne tarderait pas à découvrir bien vite.

Le jeune homme ne revint pas sur l’épisode Asling et pour être franche, j’en étais contente. Je n’avais pas spécialement envie de parler de mon meilleur ami qui avait l’air de royalement m’ignorer au profit d’une autre. Ce sujet m’énervait et je ne souhaitais pas particulièrement que l’on me dise que j’étais transparente et que l’on pouvait remarquer une certaine attirance pour lui. Cette affirmation était moitié vraie…. Je ne pouvais décemment cacher que je devais refouler une tentation bien spéciale pour un garçon aussi génial qu’Asling.
Daniel pouvait me changer les idées, et c’était tant mieux.
Sans avoir ouvert de nouveau la bouche, je le regardais avec surprise me prendre le sandwich des mains, voilà enfin un acte culotté qui me plaît, même s’il est complètement anodin ! Tout à fait le genre de chose que j’étais capable de faire sans afficher la moindre gêne.

- J’accepte de partager mon sandwich avec toi, j’accepterai volontiers de partager l’intégralité de ce petit honneur, je me retenais de rire pour paraître sérieuse dans le reste de mes paroles, on trouve de tout dans les cuisines tu sais… de la chantilly…, des fraises…, du chocolat…

Les petites allusions coquines étaient ma spécialité. J’avais une envie folle de voir de quelle manière il était capable de réagir. Entrer dans mon jeu ? L’éviter ? Sauf que ces petits jeux étaient tellement amusants pour moi que j’avais beaucoup de mal à les mener à terme sans me mettre à rire. Je décidais de prendre à nouveau la parole :

- Tu t’habitueras vite à mes petites pensées tordues, puisque j’ai l’habitude de dire tout haut ce que je pense tout bas. Je roulais les yeux avant d’agiter ma main droite d’un air complètement innocent et de poursuivre sur un autre sujet, celui de la guitare. Laisse la guitare pour ce soir, et moi, je laisse les devoirs ! J’ai plutôt envie de savoir d’où tu viens….ce que tu aimes dans la vie, à part les filles, je riais avant de continuer, tu ne te vexeras pas si je t’avoue avoir eu une assez mauvaise image de toi à la soirée d’Halloween ? Tu as une façon de regarder les filles assez particulière et au cours de la soirée, je n’étais pas d’humeur à entrer dans ce petit jeu, voilà pourquoi je t’ai jugé assez vite.

Cerner Daniel était encore très difficile pour moi. J’avais compris, même avant qu’il ne me le dise, que les filles étaient l’une de ses principales sources de distraction. Il était rare pour moi de le dire et même de le faire sentir, mais j’avais horreur de ne pas être au centre de l’attention et je m’arrangeais toujours pour faire payer (gentiment bien sûr) un éventuel manque d’attention ou de l’attention partagée avec d’autres. Si quelque chose devait se passer un jour entre nous, il allait falloir que Daniel soit combattif et de simples paroles seraient très certainement insuffisantes. Les apparences devaient être trompeuses car, premièrement, j’avais jugé un peu hâtivement le jeune homme, et deuxièmement, j’avais sans doute l’air d’une fille facile, mais je ne craquais pas facilement ! Daniel s’en rendrait compte très vite et c’est à ce moment là que je pourrais estimer s’il était adepte de la facilité et/ou s’il était capable d’aller au bout d’un véritable défi.

Mon petit jeu de séduction n’avait pas l’air de passer inaperçu car Daniel s’était rapproché et nous échangions à présent à mi-voix. Les autres élèves de Serdaigle n’avaient aucune chance de pouvoir entendre ce que nous étions en train de dire. Je lui adressais un sourire en l’entendant dire qu’il aimait savoir ce qu’il y avait dans la tête des femmes. J’aurais facilement pu deviner cette information, mais de mon côté, je me demandais bien ce qu’il pouvait lui-même penser. Daniel n’était pas excessivement bavard. Je décidais de lui glisser à mi-voix :

- J’imagine que tu penses à des choses aussi…en ce moment même.

Il ne s’agissait pas d’une question, mais d’une affirmation. Le jeune homme avait un don pour regarder les jeunes femmes et je comprenais à présent pourquoi il pouvait compter les petites séances de drague parmi ses activités. C’était tellement facile pour lui, en un regard, de faire craquer une fille ! Il fallait d’ailleurs que je me force à regarder ailleurs, parfois. Je ne voulais pas me laisser avoir par ses beaux yeux et le regretter après. Je profitais de la petite minute sérieuse pour mettre mes idées en place et écouter ce qu’il avait à me dire.
Les informations le concernant étaient vagues, mais je ne comptais pas abandonner si facilement la partie. J’étais douée pour répliquer.
Il n’était pas non plus mauvais dans le genre car il avait réussi, subtilement, à glisser une petite phrase à mon égard dans sa présentation. Deuxième point pour toi mon cher Daniel.

- J’ai de la chance d’avoir eu ces informations te concernant alors… Je peux les garder secrètes si tu veux. Mais maintenant, je sais où te trouver en dehors de Poudlard…. Je lui adressais un petit clin d’œil avant de répondre à mon tour à ses questions : Moi je viens de Blairhall, en Écosse, pas très loin d’ici. Sauf que j’ai passé le plus clair de mon temps en France, bien entendu ! Ca me manque…., je chassais aussitôt cette idée de ma tête. Et ce que j’aime ? Deux choses : la fête et le voyage.

J’avais décidé de faire comme lui et de ne pas aller plus loin dans mes explications mais j’avais pourtant des choses à dire à ce propos. J’avais seulement 17 ans et j’avais, pour la première fois, eu l’opportunité de partir seule l’été dernier. Mon indépendance ne faisait que commencer et j’avais bien l’intention d’en profiter en dehors de mes études.
Daniel n’avait pas l’air de se prendre beaucoup plus la tête que moi et je le remarquais lorsqu’il me conseilla d’ « oublier l’indisponible ». Bien entendu, j’avais aussitôt compris où il voulait en venir et je lui adressais un nouveau sourire, bien que le sujet ait une certaine importance pour moi.

- Je ne t’accuse pas, mais les nanas n’apprécient sans doute pas énormément d’être prises pour des jouets. Moi je n’accepterais pas ça en tout cas, c’est certain. J’ajoutais ensuite : Je m’amuse mais… attends, ne me dis pas qu’il n’y a jamais eu de fille qui te plaisait plus que les autres ? Une que tu avais un peu plus de mal à oublier… ? Pour l’indisponible, c’est ma faute, je suis partie pendant des années et résultat, il m’a oubliée. Comme tu dis, je finirais bien par faire pareil et oublier.

Nous étions déjà plus ou moins proches et je ne bougeais pas d’un millimètre lorsque Daniel s’approcha encore de moi. Je devais faire extrêmement attention à ne pas me laisser tenter trop rapidement. Hors de question d’aller trop vite en besogne pour me rendre compte ensuite qu’il agissait de même avec une autre. Il me fallait être sûre.
Lorsque son doigt parcourut mon visage, j’eus presque envie d’abandonner mes principes, de m’amuser avec lui et de rayer de ma tête les prénoms d’Asling et de Matthew ! C’est ce qu’il aurait fallu faire depuis l’instant où j’avais appris qu’ils étaient tous les deux liés avec d’autres filles. Je ne savais pour quelle raison je ne l’avais pas encore fait….
De la même manière que Daniel, j’approchais mon visage de son oreille pour lui répondre tout bas :

- Ce petit honneur est fait pour être partagé mais…. Il faut le mériter tout de même. Je poursuivis toujours à mi-voix, proche de son oreille. Est-ce que c’est ton cas ?

Ces derniers temps, j’avais bien souvent le sentiment de n’avoir peur de rien. Et je mettais cela sur le compte de mes 17 ans et de mon envie irrésistible de faire n’importe quoi, n’importe quand, avec n’importe qui. Et d’un autre côté, toutes ces informations étaient claires dans mon esprit. Je me trouvais même parfois idiote de m’enfoncer dans certaines idées complètement irréfléchies dont j’avais pourtant réfléchi. Bref, un esprit légèrement torturé dans un corps pas torturé du tout…. Je devais être un mystère entier pour les personnes qui s’intéressaient un tant soit peu à ma personne et Daniel, en l’occurrence, avec qui je passais mon début de soirée, n’était pas au bout de ses peines.

Même après avoir passé de longues minutes en sa compagnie, je m’étonnais d’avoir découvert un garçon différent de ce que je pensais. Son côté dragueur n’était certes pas absent, mais pas aussi prononcé que je ne l’imaginais ! Je n’avais pas envie de passer mon temps avec quelqu’un de lourd, dépourvu de toute subtilité dans ses propos et qui ne s’intéressait qu’à mon apparence. Même si mon jugement avait été rapide, j’étais tout de même venue à sa rencontre, preuve que je souhaitais faire évoluer cette image que je lui avais collé depuis la soirée. Même si j’étais plus effrontée que jamais, j’avais quand même hésité à aller à sa rencontre, de peur qu’il ne me parle pas, qu’il soit direct. Mon souhait n’était pas celui de l’envoyer balader. Et je m’estimais heureuse d’avoir été jusqu’au bout et d’avoir pris le risque car il en valait la chandelle.
Je l’écoutais me parler français en souriant. Cette langue me manquait énormément ! Mes amies me manquaient énormément et je pensais aussitôt à Chleofee qui était mon unique lien avec Beauxbâtons….. Plus jamais je n’étudierai là-bas….

- Oh tu connais la France ? Ce pays est magnifique… Même si j’ai retrouvé du monde ici, du monde veut surtout dire « Asling », crois moi, j’ai le cafard d’être revenue ici !

Grrr et pourquoi je lui confiais ce genre de choses ? J’avais choisi toute seule de revenir à Poudlard et je devais assumer ce choix sans regrets. Il était temps pour moi de profiter de cette dernière année ; les années à venir promettaient d’être belles, mais les années collèges resteraient dans ma mémoire.
J’écoutais attentivement ce que Daniel me raconta ensuite. Le jeune homme faisait preuve d’une honnêteté assez étonnante et il était plus qu’appréciable de découvrir qu’il avait une parfaite conscience de sa façon d’être et de sa relation avec les filles.
J’aurais facilement pu avoir le même discours, à la différence que je ne recherchais absolument pas quelqu’un qui pouvait « me mériter » et qui serait différent des autres. Peut-être que cette personne existait, mais ne l’ayant pas croisé, je préférais penser que tout cela était impossible.
Avant de prononcer un seul mot sur sa tirade fort intéressante, je lui adressais un petit sourire en coin pour lui dire :

- Je dirais même que tu le mérites encore plus que ce que ma bonté avait prévu de t’accorder ! Ce que tu viens de me dire me surprend… J’en pense quasiment la même chose, à quelques exceptions près. Ma position est sans doute un peu différente de la tienne, je suis une fille et je n’accepterai jamais d’être approchée par quelqu’un qui n’a pas un minimum de respect à mon égard… Mais dans le fond, on a le même mode de fonctionnement. J’allais peut-être regretter mes paroles à venir, mais j’étais déjà engagée : Tu peux faire semblant de ne pas avoir entendu ce que je vais te dire, ignorer ou même me contredire …,je m’approchais de lui pour lui souffler : Je pense que tu as vécu des moments difficiles dans ta vie et tout ce que tu me racontes est en quelque sorte une carapace, une très bonne protection pour tout ce qui se rapproche des sentiments. Je haussais les épaules et changeais assez rapidement de sujet : Je constate quand même que tu n’abandonnes pas définitivement l’idée de l’amour. C'est une bonne chose....j'imagine.

Tout ce que j’avais dit concernant sa vie ne me regardait pas et je ne pouvais pas être sûre de mes affirmations. Néanmoins, cela ne serait pas surprenant. Moi-même, j’avais tout de suite appris à détester le père que je n’avais jamais connu pour n’avoir pas eu le courage de rester et d’être fier du bébé qu’il avait engendré. Ce père n’était pas dans ma vie ne savait pas qui j’étais ni ce que je faisais et j’avais pourtant cette envie viscérale de montrer que je n’avais absolument pas besoin de sa présence pour être une jeune femme libre, responsable de mes gestes et un brin provocatrice. Le veritaserum me ferait peut-être dire que j’aurais aimé avoir une vraie famille avec deux parents et des frères et sœurs.
Quoiqu’il en soit, je ne voulais pas insister sur les histoires de Daniel. Le jeune homme avait fait tellement d’efforts pour moi, alors que nous ne nous connaissions pas. S’il était comme moi, cela avait du lui coûter de se dévoiler ainsi.
Je me décidais à ne pas lui dire à haute voix, mais je pensais deux choses : Sa capacité à rester sérieux lui donnait encore plus de charme que lorsqu’il s’efforçait d’entrer dans un petit jeu de drague ; et je n’avais pas envie d’être un nom supplémentaire à ce tableau des « elles » comme il me l’avait dit.

Pour l’aider à alléger un peu l’atmosphère, je décidais de rentrer dans son petit jeu et lui lançais un petit regard profond. Le sérieux n’était pas ce que je préférais, mais avouer certaines choses pouvait aussi faire du bien.
L’allusion à mon parfum me fit sourire de plus belle. Avant de lui répondre, je passais une main dans mes cheveux :

- Hum, ça doit venir du philtre d’amour. Je jetais un œil vers les sandwiches pour lui faire croire que j’y avais glissé un peu d’Amortentia. Qu’est-ce qu’on apprend bien à Beauxbâtons ! Je réussis encore parfaitement ce que l’on m’a appris en 6ème année. Je fis une petite pause, incapable de rester sérieuse bien longtemps. Ca va je plaisante ! Le lilas… c’est ce qu’il y a dans mon parfum. Ca me rappelle des souvenirs d’enfants… Et ça permet d'attirer les beaux garçons, c'est pratique... Petit sourire amusé avant de dire sur un ton léger. Je ne me servirais pas te toi pour assouvir mes.... fantasmes; et tu ne le feras pas non plus... Restait à savoir si c'était une question ou une affirmation. Je ne le savais pas moi-même.

Daniel était encore un mystère pour moi. Mais passer ce premier petit moment en sa compagnie me permettait tout de même de réunir certaines informations. A mon humble avis, notre rencontre express à la soirée d’Halloween avait du lui faire penser que je ne m’intéressais pas vraiment à lui et qu’il n’y avait qu’Asling. Sauf que mon supposé meilleur ami avait d’autres préoccupations, notamment celle portant le nom de Shiver. Je passais tout naturellement au second plan mais j’avais tout de même réussi à écarter Daniel au bout de quelques minutes. Je m’en étais voulu même si les circonstances m’avaient conduite à aider Asling. J’espérais secrètement me rattraper un peu et lui montrer que je regrettais non seulement de l’avoir jugé rapidement, et de l’avoir laissé en plan.
En tout cas, il n’avait pas l’air mécontent de me parler. L’ambiance de la plus belle salle commune de Poudlard ( ! ) était idéale et je me sentais vraiment bien… Une chance que Daniel et moi partagions la même maison.
Je fus surprise lorsque sa main se déposa sur ma cuisse, soudainement. Je n’étais ni contente, ni mécontente de ce geste ; Daniel était assez naturel et je cela ne me dérangeait pas au point de lui demander d’aller « mettre ses pattes ailleurs », chose que j’étais bien sûr capable de dire à n’importe qui ! Depuis le début de notre discussion, Daniel avait pris l’habitude d’avoir des petits gestes à mon égard et je ne les avais jamais trouvés déplacés, bien au contraire.
Je ne commentais pas cela, préférant me centrer sur ce qu’il me disait quant à ma réintégration à Poudlard. Il n’avait sans doute pas idée de la difficulté que je rencontrais et du fait qu’elle n’était due qu’à la distance d’Asling.
J’éclatais de rire lorsqu’il affirma qu’il serait ravi de « pratiquer la langue avec moi ». J’étais certaine que nous avions tous les deux partagé la même image, à ce moment là. Et cette image était sans doute bien éloignée des langues vivantes.

- Je ne pratique plus beaucoup la langue en ce moment… ça pourrait être bien de le faire avec quelqu’un qui sait la pratiquer. Je devais vraiment faire un effort pour ne pas rire et faire comme si je parlais effectivement de la langue française. Promis, je n’hésiterais pas lorsque j’en aurais besoin… !

Je lui adressais alors un petit clin d’œil, certaine qu’il avait compris le petit message dissimulé dans mes paroles.
Ce qui était bien avec Daniel, c’était que nous pouvions allier légèreté et sérieux. Je ne voulais pas entrer dans un sujet délicat, mais j’avais tout de même eu le réflexe de regarder attentivement la réaction du jeune homme après lui avoir dit que je pensais qu’il avait vécu des choses difficiles. Un froncement de sourcils ne passa pas inaperçu, mais Daniel restait quand même très fort dans l’art de masquer ce qu’il pensait réellement. Je m’arrangeais pour ne pas le quitter des yeux une seule seconde pendant que je parlais et même après.
Je ne regrettais absolument pas d’avoir dit cela car je partais du principe que Daniel n’était pas du genre à craindre d’affronter la vérité. Après l’avoir entendu me dire un simple « touché », confirmant ce que j’avais pensé, je l’imitais en m’approchant de son oreille et lui dire une parole que je jugeais assez réconfortante, du moins, elle l’était pour moi car je ne voyais pas meilleur moteur que les perspectives d’avenir.

- Par définition, le passé, c’est ce qu’il y a derrière. Regardons ce qu’il y a devant.

Et ses paroles ne pouvaient pas mieux s’appliquer à ma propre expérience car j’avais ruminé le passé tellement de fois, faisant naître certaines idées de vengeances que penser à ce qui était à venir dans ma vie était libérateur. Cela ne m’empêchait pas d’être celle que j’avais décidée d’être, mais j’avais sans doute une conscience bien meilleure que la plupart des autres personnes de mon âge. Il devait très certainement en être de même pour Daniel.
La touche sérieuse était passée et nous étions tous les deux plus à l’aise dans un sujet plus simple.
Pour être honnête, je n’avais absolument pas cherché à savoir ce que signifiait le Lilas pour la simple et bonne raison que je soupçonnais les fleurs (et pas que le Lilas) d’avoir des significations gniangnian du style amour, gloire, beauté, sentiment, pureté et fidélité. Cela ne me ressemblait pas et je préférais garder la signification que j’avais moi-même créé pour le Lilas, elle me rappelait Asling et de jolis souvenirs que je ne voulais pas laisser dans l’oubli.

- Je ne sais pas du tout quelle est la signification du Lilas, mais j’ai quand même quelques affreux doutes …, je lui offris un immense sourire avant de poursuivre, je t’écoute ! Même si la signification ne me plaît pas, je pense que je continuerai d’aimer l’odeur du Lilas. Contente de savoir que tu l’aimes aussi, et hop, un nouveau petit clin d’œil aguicheur en prime. Je fis une pause avant d’enchérir sur la suite de ses paroles. Par ce que tu penses que tôt ou tard, nous en arriverons là ? Je parlais bien entendu de la question des fantasme, abordée quelques instants auparavant. Prenant son exemple, je décidais de lui sortir quelques mots en français : je peux facilement te retourner ces jolies paroles. Je t’ai jugé trop vite et tu me surprends… Quand au côté attirant, tu te défends très bien, je pense que tu le sais.

Daniel avait conscience de son charme et il avait même raison d’en profiter. Ce qui attirait les filles chez lui ? Ses yeux bleus impressionnants, son sourire à tomber par terre et à coup sûr le petit côté bad boy qui le caractérisait bien. Dans d’autres circonstances et dans un lieu différent de l’école, j’aurais facilement pu aller vers le jeune homme sauf que, malgré les apparences, j’accordais beaucoup d’importance à l’intérêt spécial que me portaient les garçons. Hors de question d’être « le coup d’un soir » sans échanger une seule parole. J’avais fait une exception avec Matthew qui était le type exact de garçon qui pouvait me plaire immédiatement. Et je n’avais pas été déçue du voyage.
Avec Daniel, j’hésitais entre deux choses : me jeter sur lui, profiter et être complètement sans gêne. Ou attendre et être sûre que le garçon s’intéressait un minimum à ma personne. Dans tous les cas, je n’avais que faire des aventures qu’il pouvait avoir à côté et moi-même je ne comptais pas me priver. La seule chose gênante : nous étions à Poudlard et je le partageais avec des visages connus… quelle horreur !
Je lui adressais la parole une nouvelle fois, préférant repartir sur le bon vieil anglais :

- Tu sais, je le prendrais très mal si tu penses que je suis un défi et que tu auras gagné à me séduire. Je grimaçais et lui souriais ensuite. Surprenante et attirante peut-être… mais compliquée, ça c’est certain !

Succomber et me contenter de draguer Daniel pour que nous en arrivions tous les deux à un flirt sans retenues était beaucoup trop facile à mon goût ! Il m'était arrivé de me jeter dans ce genre de situation sans réfléchir, mais les circonstances étaient différentes et surtout, le lieu n'était pas le même. Je me voyais mal jouer le jeu de la petite jeune femme libre à Poudlard. Il était hors de question pour moi d'en faire trop. Mais il fallait avouer que la tentation était extrême.... Daniel était le genre de garçon qui pouvait me taper dans l'oeil et je n'était sûrement pas la seule à avoir ce genre de réflexion. Toutes les filles de Poudlard devaient déjà l'avoir remarqué et, en bonne chiante que j'étais, je n'aimais pas spécialement l'idée de partager même si je ne rencontrais aucun problème sur le fait que Daniel profite de sa jeunesse et de son charme. Depuis mon arrivée ici et mes nombreuses découvertes, cela me faisait un bien fou de voir qu'une personne ne dérogeait pas à ses principes et qu'il n'était pas question d'amour ou de couple.
"Perdre" mon meilleur ami me perturbait au plus haut point même si je faisais toujours tout pour donner l'impression d'être complètement à l'aise avec cette idée. Si seulement j'avais pu penser que l'image magnifique que je m'étais faite de mon retour ici était impossible ! Après tout, j'avais eu une bonne leçon en découvrant que je n'étais pas le centre du monde et cela ne pouvait me faire que du bien, après coup.

Même si j'étais absolument certaine que Daniel n'avouerait rien, je voyais bien que ce dernier avait été affecté par la mince conversation qui le concernait. Loin de moi l'idée de vouloir m'immiscer dans sa vie, mais j'étais plutôt adepte des personnes battantes, qui ne restent pas sur les mauvais moments et qui s'en servent même pour avancer. Pourquoi avoir peur de parler des choses désagréables ? Cette pensée me rappela l'histoire avec le mage noir, décimé par le père Potter que tout le monde appelait à l'époque "vous savez qui". Quoi de pire que d'avoir peur de parler de la réalité ? Pour ma part, j'essayais toujours d'être sincère et de dire les choses, même si cela me posait parfois de gros problèmes.
Je laissais échapper un petit rire aux paroles de Daniel. S'il savait à quel point ce que j'avais MOI sous les yeux était agréable ! Je ne savais franchement pas comment j'avais fait pour me retenir de m'approcher encore plus de lui. Mais dans le fond, j'en étais fière. Notre petite entrevue avait au moins le mérite d'être différente. Je m'approchais de lui pour être sûre d'être bien face à lui et captais son regard en conservant un petit sourire sur le coin de mes lèvres:

- Et c'est agréable à regarder ce que tu as devant, en ce moment ? Je lui fis un petit clin d'oeil avant d'attaquer le sujet concernant le Lilas. Comme je l'avais prévu, la signification ne me collait vraiment pas à la peau. J'adressais un sourire à Daniel avant de lui dire : Hum, je vais donc faire comme toi et décider de ne pas croire à tout ça ! Je grimaçais avant de poursuivre, tu sais que je pourrais en faire un rapprochement très malsain ? Cette fleur me rappelle des choses, y compris Asling, qui est mon meilleur ami... Tu vois où je veux en venir ? Premier amour...amour qu'on ne peut pas oublier.... , je grimaçais de plus belle et fis un petit mouvement de ma main pour chasser ces pensées. Nan, nan, nan... ça ne va pas être possible !
Le destin voulait absolument que je sois déçue avec Asling. Je préférais me centrer sur un autre sujet que celui-là. Me dire que je suis jolie ? On me le dit souvent.... sauf que je n'aime pas spécialement l'entendre. J'ai parfois l'impression de n'attirer que pour cette raison et je n'ai pas du tout envie de cela ! Enfin... , je laissais échapper un petit sourire en coin, ... j'avoue que parfois c'est utile et que je m'en sers...

J'avais juste la crainte ultime de n'être qu'un corps ou qu'une jolie fille pour les garçons. Je voulais être plus, sans pour autant être trop ! C'était peut-être assez incompréhensible, mais moi, je comprenais mon propre point de vue.
Les dernières paroles de Daniel étaient piles dans mes attentes. J'étais une fille surprenante ? Je pense que Daniel n'avait pas tout vu. Si seulement j'avais eu la possibilité de le prendre par la main pour l'emmener faire un petit tour ailleurs, je n'aurais pas hésité une seule seconde et il aurait pu être encore plus surpris. Sauf que Poudlard n'était pas propice à ce genre de folies, nous risquions à tout instant d'être punis et cela ne faisait pas vraiment partie de mes plans.

- Les choses auraient été différentes si nous nous étions rencontrés en dehors de Poudlard. Tu as l'air de ne pas te faire prier pour t'amuser et n'avoir peur de pas grand chose... n'oublie pas de me faire signe si tu es seul pendant les vacances ! Les vacances étaient pour moi la seule occasion de pouvoir profiter et de lâcher le costume de l'étudiante modèle. Je n'étais pas à Serdaigle pour rien car ma conscience en prenait un sacré coup si je n'honorais pas mes études. Je me calais encore un peu plus dans le fauteuil avant de lui dire: Est-ce que je peux me permettre d'avoir le culot de te demander quelles sont les jeunes femmes que tu as.... draguées à Poudlard ? Ou celles que tu comptes faire figurer dans ta liste ? En dehors de la plus belles de toutes bien sûr: moi! Un peu d'humour n'a jamais tué personne, je souriais avant d'ajouter simplement. Je peux même te dire quels sont les miens, si tu veux !

Spoiler:

J’étais à présent certaine que de nombreuses interrogations subsisteraient même après notre petite entrevue. Le point positif était que je voyais Daniel autrement et le préjugé que j’avais eu de lui s’était maintenant estompé. Le jeune homme s’était montré surprenant à bien des égards mais impossible pour moi d’effacer l’image du dragueur invétéré. Daniel ne s’en cachait d’ailleurs pas et avait raison de le faire. Pourquoi mentir et pourquoi ne pas faire ce qu’il avait envie de faire ? Depuis notre rencontre, je voyais en lui une personne qui respecte ses idées, qui n’a pas l’air de se prendre beaucoup la tête pour des histoires de filles. C’était ce dont j’avais besoin en ce moment, pour tenir à bonne distance toutes ces histoires de couples qui me déprimaient plus que tout.
Se faire draguer n’est jamais déplaisant mais moi, je mettais un point d’honneur à toujours maîtriser la situation et même parfois à avoir l’avantage et le bénéfice du choix de tout ce qui se passe. Si Daniel était pareil que moi, l’entente n’allait certainement pas durer très longtemps. Je savais qu’il pouvait trouver certaines filles dociles, faciles (sans que cela ne soit forcément négatif et dégradant) mais je n’étais pas l’une d’elles. L’avancée des choses me laissait comprendre gentiment que Daniel était sûr de lui, qu’il n’avait pas peur et j’avais la certitude qu’une prise de bec pourrait être assez virulente. Hors de question de me laisser faire par qui que ce soit, qu’il/elle ait du caractère ou non.

Un gros problème s’immisçait encore très fortement entre Daniel et moi : ma curiosité. Ne pas en savoir plus sur le jeune homme me dérangeait, d’autant plus que j’arrivais à percevoir quelque chose. Le jeune homme avait une histoire chargée, j’en étais certaine. J’étais culottée, certes, mais pour le moment pas assez pour lui demander clairement de me raconter un épisode de sa vie passée. Je ne savais pas encore combien de temps durerait ma retenue. Le pire était que si je m’y mettais, lâcher la partie serait difficile, quoi que cela puisse me coûter.

Je ne répondis pas à ses premières petites phrases, me contentant de sourire. Il n’avait que trop raison de profiter de son charme ! Le reste de ses paroles attirèrent mon attention. Une fois encore, Daniel me parla franchement et j’en étais ravie. Ses confidences me firent plus que plaisir car certaines choses m’étaient inconnues et j’adorais avoir ce genre d’informations, même si je n’en faisais pas grand-chose… au final.

- Hum je vois, j’avais tellement de choses à commenter sur ses conquêtes, mais je ne savais pas si j’étais censée le faire ou non. Très joli tableau de chasse ! Si je peux appeler ça ainsi. Davina a tellement besoin de s’amuser, bon sang ! Elle mériterait que je lui colle une invitation d’office à passer ses prochaines vacances avec moi… Quant à Hanna, je ne vois pas quelles sont les raisons qui te poussent à ne pas l’aimer ? Je l’aime bien moi…. La seule personne que je ne connais pas encore c’est ton cousin. Laisse-le donc être amoureux, en lui disant cela, j’avais eu un petit sourire moqueur. Après tout, c’était la mode d’être amoureux et niais. Cela me donnait envie de rire car je ne manquais pas une occasion de me moquer des petits couples, mais j’agissais cela uniquement à cause de mes découvertes sur Asling et Matthew. En revanche, j’avais froncé les sourcils pour la dénommée Idiya. Lyard ? C’est une barmaid nan ? Je ne l’ai jamais vue, mais ….., je haussais un sourcil en réfléchissant puis ajoutais toujours sur le ton de la plaisanterie. Tu ne peux pas prendre une vieille !

Pauvre Idiya Lyard, elle n’était sans doute pas si vieille que ça et sûrement adorable, mais est-ce qu’on se gênera pour me traiter de dinosaure quand j’aurais pris de l’âge ?
Daniel me demanda si j’étais satisfaite. Je ne répondis pas, mais il pouvait sans doute trouver la réponse dans mes yeux pétillants.
Son petit rapprochement me fit sourire et je m’obligeais à ne pas bouger d’un millimètre lorsqu’il s’approcha de mon cou et de mon oreille. Bien sûr que c’était plaisant et que ce genre de petits gestes étaient agréables, mais bien sûr que je résisterai ! J’avais toujours su résister à ce genre de choses, sauf une seule fois où la tentation avait été trop forte. Le souvenir de cet instant de plaisir me rappelait toujours à quel point il était important de sentir le respect et la douceur de l’autre.
J’attendis qu’il se recule et le fixais quelques instant, en mordant ma lèvre inférieure. J’approchais finalement de son visage pour lui faire une simple réponse :

- Gagné !

Je me reculais à mon tour, et cherchais une réponse à sa question. Lui m’avait répondu rapidement et très franchement. Pour moi, c’était plus dur ! Je n’avais pas envie de dire à haute voix quels garçons étaient plus susceptibles de me plaire… Les raisons étaient différentes pour chacun …

- Asling est mon meilleur ami…, je devais sans doute être folle de lui quand j’avais 10 ans, mais aujourd’hui j’en ai 17… et le bougre a osé se mettre en couple avec une petite minette trop jeune pour lui. Je haussais les sourcils, surprise par ma propre réponse. January n’était pas si « minette », mais on se défend comme on peut ! Je ne sais pas si tu imagines quelque chose de particulier avec lui mais… ce n’est pas le cas. J’espérais être crédible mais je ne savais pas moi-même si j’étais sûre de mes propos. Ensuite, je peux te citer Matthew Riddell, un Gryffondor de 7ème année. Je ne sais pas ce que je pourrais te dire de lui… Il a succombé à mes charmes et j’ai succombé aux siens sans aucuns problèmes. C’était vrai, et le souvenir était inoubliable. Enfin… Jamie Alexander, de Gryffondor, je pinçais les lèvres pour m’empêcher de sourire. Le sexy… Je ne sais pas s’il l’avouerait mais il a succombé à mes charmes ! J’en suis certaine ! Et en plus, il est lui-même charmant. Bref, tu es satisfait à ton tour ? Je suis ravie de ne pas faire partie de ta liste, j’aime être spéciale ! Je riais.

J’essayais d’être honnête avec Daniel, me préparer à ne pas mentir aux éventuelles questions qu’il me poserait. Au pire, je pouvais très bien éviter les questions sans pour autant mentir. Ce dernier m’avait raconté des choses, peu, certes, mais c’était déjà suffisant à mon goût. J’étais moi-même du genre à éviter les questions dérangeantes ou à répondre en donnant un minimum d’informations. Je ne pouvais donc pas en vouloir à Daniel de refuser de m’en dire plus sur lui, je me contentais de ce que j’avais. L’histoire concernant Hannah m’étonna, je l’avais moi-même rencontrée et, après quelques débuts difficiles, j’avais fini par apprécier la jeune femme qui se montrait simple et très sympathique. Je ne souhaitais pas le dire à Daniel, mais ce dernier manquait peut-être un peu d’objectivité lorsqu’il était question de son cousin. Ses réactions me surprenaient toujours et je ne manquais pas non plus de me demander si Daniel ne réagissait pas un peu trop violemment, après tout, son cousin aurait sa leçon s’il s’entichait d’une fille qui n’était pas pour lui ! C’est comme ça qu’on apprend… Je tentais, à mes risques et périls, d’en faire part à Daniel.

- Peut-être que ton cousin saura se débrouiller s’il croise une fille qui se fiche de lui non ? Je continuais avec une petite pointe d’humour, s’il t’a, toi, pour cousin, j’ai un peu de mal à croire qu’il puisse être faible ! Au contraire. Je lui adressais un grand sourire, pensant que Daniel ne devait compter sur personne pour avancer dans la vie. Bon après tout, je ne connais pas l’histoire qui lie ton cousin à Hannah, je ne peux rien en dire, mais cette fille ne me semble pas avoir de mauvaises intentions, du moins je l’espère !

Je n’en avais surtout rien à faire puisque je ne connaissais pas le cousin en question et je n’étais pas non plus assez proche d’Hannah pour parler d’elle en sa faveur. Daniel avait l’air de gérer la situation à sa sauce.
La question de la barmaid était un peu plus joyeuse que le reste et j’étais heureuse de voir notre conversation bifurquer vers cette question. Daniel riait et j’en fis de même lorsque je l’écoutais me parler de cette …. femme. Toute cette histoire était surprenante et même si tout était possible, je m’imaginais difficilement sortir avec quelqu’un de 10 ans plus âgé que moi…

- J’ai l’habitude de me revendiquer comme étant une jeune fille libre, sans gêne et qui n’a peur de rien, mais tu me bats à plate couture sur ce coup ! J’ai croisé la barmaid une fois, elle a l’air sympa, mais jamais je n’aurais pu imaginer quelque chose comme ça, nouveau sourire, cette histoire me faisait sourire et même si je n’avais pas la moindre envie de connaître ce genre de détails, je ne cessais de me répéter qu’au moins, Daniel respectait sa parole et restait libre et attaché à personne.

Daniel ne fit pas de commentaires sur ma liste. Après tout, qu’aurait-il pu me dire à ce propos ? J’appréciais tous ces garçons pour des raisons différentes, nos histoires ne se ressemblaient pas et surtout : je n’avais pas envie d’entrer dans les détails et dire des choses que je souhaitais garder pour moi. J’avais décidé de laisser ce privilège à une personne : Danni. Je sentis néanmoins une petite pointe de défi lorsqu’il prononça le prénom de Jamie. Était-ce mon imagination ou il n’aimait pas vraiment le jeune homme ?

- Hum, quelque chose me dit que tu ne portes pas Jamie dans ton cœur. Je haussais les épaules. Dommage, il est rigolo et a les mêmes idées que toi. Je suis pénible, et consciente. Pour ce qui est de ma curiosité, tu as visé dans le mille ! J’ai envie de savoir des choses sur toi, mais je ne gagne qu’une seule petite anecdote de ta vie si je suis sage ? Je fronçais les sourcils, montrant mon mécontentement. Je ne suis jamais sage ! L’être me demandera un gros effort, je pourrais peut-être gagner…. Deux anecdotes ? Je lui lançais un regard angélique, tentant de le berner de cette manière.

Ma relation avec Daniel avait évolué depuis notre première rencontre et j’estimais à présent ce garçon. Il l’avait sans doute remarqué très vite, je n’étais absolument pas pour entamer un petit flirt physique tout de suite. Les jeux de séduction qui passaient par la parole et les regards étaient beaucoup plus tentants à mon goût et l’absence d’alchimie de ce côté-là m’empêchait d’être proche de quelqu’un. J’avais besoin de connaître Daniel encore plus et de passer plus de moments en sa compagnie.