Potter, what a damned name.

Tic, tac.

Tic, tac.

Devant moi se trouvaient deux encriers remplis, autant de plumes prêtes à l'emploi ainsi qu'une grosse paperasse de parchemins prêts à être traités. Je n'y prêtais toutefois aucune attention, étant trop concentré à fixer avec obstination la vieille horloge au-dessus de la porte de ma salle de classe. J'avais les mains jointes, qui soutenaient mon menton, alors que mes pupilles suivaient le mouvement long et constant de l'aiguille des secondes qui avançait inéluctablement vers vingt-et-une heure. Ce soir, était un soir qui composait souvent un fardeau pour n'importe quel enseignant. C'était... un soir de colle.

En effet, quel professeur irait se réjouir de gaspiller sa soirée en compagnie d'un élève qui était retenu pour cause de mauvais comportement ? Sans doute personne, ou du moins, personne de sain d'esprit. Je savais qu'il y avait peu de chances pour que je le fûs, sain d'esprit, aussi, je me permis ce sourire alors que j'entendais des pas s'approcher. Je me redressais quelque peu sans toutefois décrocher mon attention de l'horloge, attentif à ne serait-ce qu'un mililème de secondes de retard.

Les pas se rapprochaient.

S'il s'agissait de n'importe quel élève, même des élèves que je détestais amèrement ou au contraire avec qui j'appréciais passer du temps, j'aurais déjà commencé la correction des examens des cinquième années, et n'aurais daigné accorder qu'un vague regard à l'élève qui arriverait.

Mais voilà, ce soir, ce n'était pas n'importe quel élève qui débarquait en retenue, dans mon territoire...

Cet élève était le fruit de ce que j'appelais des éléments aléatoires d'une histoire rocambolesque, qui chamboula l'Histoire, celle avec un "H" majuscule, celle qui s'inscrivait dans la durée, celle que j'apprenais, et enseignais... Quelqu'un qui représentait rien que par le nom qu'il portait toute une époque, et les idéaux qui allaient avec.

Cette partie de l'Histoire fut celle que j'étudiais avec le plus d'assiduité, et qui me marqua le plus fortement. Quoi de plus normal, contrairement à ce quelqu'un, j'étais né durant les événements de la Dernière Grande Guerre. Et, de mon point de vue, les enfants de l'Elu représentaient... tout ce que je ne tolérais pas, tout ce que j'aborrais.

Aussi, quoi de plus normal que je me fûs porté volontaire pour lui administrer sa colle... qui, je le promettais, allait être spectaculaire. J'aurais préféré avoir à faire au paternel, ma foi, je me contenterais de ce qui était à ma portée, ce qui serait certainement suffisant...

Tandis que je continuais de soutenir la vue de l'horloge, mon sourire s'agrandit, les pas ayant désormais résonné dans la salle de classe.

"En retard, Potter."

Effectivement, le jeune garçon avait franchi la salle de classe deux secondes après que l'aiguille fût passée sur l'heure pile de neuf heures.

Avec la plus grande des satisfactions, je pus finalement détacher mon attention de l'indicateur de temps pour la porter exclusivement sur le noiraud fraîchement arrivé. Un sourire espiègle et moqueur restait affiché sur mon visage, mais j'en eus cure. A vrai dire, je ne faisais aucun effort pour le cacher.

"Cinq points par seconde de retard. Donc, dix points en moins pour Gryffondor. Installez-vous, Potter."

J'insistais sur le nom de ce dernier, évidemment par simple moquerie, tout en l'invitant d'un geste amical à rejoindre le banc où il allait travailler pour la prochaine heure. Je sentais que cette heure de colle serait mon Paradis, parce qu'elle serait son Enfer. J'avais grandement hâte...
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Potter, what a damned name.

Je la sentais, cette retenue, cette tension dans l’atmosphère… On pouvait presque sentir un climat électrique prendre possession de la pièce alors que le jeune homme s’installait à son banc de colle. J’avais bien conscience que chacune des fibres du jeune homme était crispée, prête à répondre, prête à se défendre, mais que l’amour du jeune Potter pour sa maison, et sa trop grande fierté, avortaient toute tentative de répliquer à mes moqueries ou mes abus de pouvoir.

Et j’en profitais clairement.

Il me demandait ce qu’il allait devoir faire d’un ton plutôt poli, qui concordait avec son attitude de départ. Il s’était après tout excusé pour son retard, bien qu’il ne fût que de deux secondes. Cela m’avait octroyé un sourire de victoire qui n’était pas prêt de quitter mes lèvres. Je le regardais, silencieux, dans cette attitude de complaisance, puis soupirais.

Je ne sais pas Potter. Vous voudriez que je vous tresse les cheveux autour d’une soupe à la citrouille ?

Le ton de ma voix était, comme à son habitude, sarcastique, et mes yeux rieurs. Vous l’aurez compris, c’était un piège. James était entouré de pièges, quand il lui arrivait le malheur d’avoir à dialoguer avec moi. Il savait qu’il ne pourrait répondre à ma blague, ou se fichtre de moi sans risquer des points en moins.

Néanmoins, j’étais suffisamment de bonne humeur pour l’autoriser à me répondre quelque chose de cinglant. Et puis, quel était l’intérêt d’avoir un martyr qui ne pouvait exprimer son désespoir ? En l’occurrence, le désespoir d’avoir à partager cette heure de colle, imméritée, je l’admettais, avec la personne qu’il devait le plus mépriser ?

Je n’étais pas ce que Rogue avait été pour le paternel de James, un prof de l’ombre, qui préférait ne pas avoir à faire avec le fils de celle qu’il avait aimée, et qui préférait le plonger dans son indifférence plutôt que de l’agacer. J’étais bien plus interactif dans ma façon de tourmenter les Potter, et aimais en fait leur faire la conversation. Enfin, je doutais bien que James n’emploierait pas ce terme pour qualifier nos échanges, peut-être plutôt « bavardage ennuyeux à sens unique et à grand risque de se conclure par des colles » pour lui.

Enfin, qu’importait, moi j’y prenais plaisir… Aussi, je croisais les doigts et poursuivais.

Il me fut plutôt difficile de vous trouver une tache qui soit à la hauteur de votre arrogance… J’avais d’abord pensé vous forcer à écrire avec une plume enchantée qui ferait apparaître la cicatrice ensanglantée de votre père sur votre front… Mais je me suis dit que je valais quand même bien mieux qu’Ombrage.

Je lui souriais toujours, me demandant quel fut l’effet de mes paroles.

Ô, il ne devait point être surpris que je connaissais cette histoire… Harry Potter, et sa clique d’amis, étant vus comme les sauveurs de ce monde, beaucoup d’histoires de leurs mésaventures à Poudlard furent contées. Notamment celles relatant leur cinquième année. Mais… ce que je voulais savoir… c’était si, dans les yeux du jeune homme, il y eut cette petite lueur d’interrogation. Celle qui se demandait si oui ou non, j’aurais été vraiment capable d’offrir une telle punition à un élève, pour la simple raison qu’il partageait le sang de l’Elu… Avait-il peur ? Était-il dégoûté ? Craignait-il pour son jeune frère et sa jeune sœur ?

J’espérais que oui…
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Potter, what a damned name.

Décidément, James faisait de sacrés efforts. Il me surprit, même. Il demanda, sur un ton qui trahissait un certain agacement, ce que nous allions faire par son "Et donc ?". Je confrontais mes yeux aux siens pendant un court instant, jugeant son insolence. Puis, d'un bref regard, je lui désignais la plume et le parchemin qui se trouvaient sous ses yeux.

"J'aurais pu vous faire copier bêtement la même phrase pendant une heure de temps, ou vous obliger à me faire des résumés de différents chapitres en Histoire de la Magie... Mais... je pense que nous pourrions utiliser cette colle à une fin autrement plus constructive..."

Je me retins de sourire d'avantage, et optais pour conserver une mine neutre, bien que mes lèvres dessinaient un léger rictus.

"Vous allez faire une dissertation, Potter. Vous allez m'argumenter la problématique. Je la lirai, puis vous offrirai des contre-arguements. Nous allons faire un magnifique débat, ensemble...

Je pris une copies d'examen d'un de mes élèves des cinquièmes et me saisis de ma propre plume, prêt à entamer mes corrections de mon côté.

Et le thème de cette dissertation est...

J'entreprenais mes corrections, ayant délaissé totalement James à son pupitre.

"Pourquoi est-ce que mon père est un héros ?"

Je n'avais pas besoin de relever le regard pour attester de la couleur de peau du jeune homme. Sans doute était-elle devenue un tantinet blanchâtre. Il devait marmonner, serrer les poings, et souhaiter pouvoir me lancer un Petrificus totalus...

Après tout, je lui offrais une occasion en or de dire tout ce qu'il pensait de son père... De mettre sur papier toutes les qualités et l'affection qu'il lui attribuait.

Tout ça pour que je puisse analyser chaque phrase, démanteler et rationnaliser chaque action héroïque qui lui serait attribuée. Pour que je puisse faire moquerie de ce que représentait Harry Potter... J'allais insulter son sang, et ça, il devait le sentir. Cette punition n'avait rien de banale, car elle s'attaquait à ce que le jeune garçon tenait le plus : sa famille.

Autant dire que je trépignais d'impatience de lire sa rédaction...


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Potter, what a damned name.

A ma grande surprise, le jeune adolescent ne s'offusqua pas du thème, et se mit tout de suite au travail. A croire qu'il était grandement inspiré,ce que je n'en doutais pas. Très bien, il me serait d'autant plus amusant de démanteler toutes les actions héroïques attribuées à son Elu de Père.

Ce fut donc dans un silence froid, avec une ambiance particulièrement glaciale, que j'entendais les griffonnements de la plume de Potter marteler son parchemin, alors que de mon côté je souriais de temps à autre, voire soupirer, au vu des corrections que j'avais à faire. Je secouais discrètement la tête, désemparé. En effet, c'était le cinquième "T" que j'attribuais comme note au devoir sur la Guerre des Géants, et en étais dépité. J'en arrivais à une fiche d'une jeune élève dont le contenu me fut tellement désopilant, tant il était gavé d'anachronisme et de fautes majeures de compréhension de l'Histoire, que je lui fis une remarque. "Un T pour Troll, Miss. Même si un "A" pour "ANALPHABETE" vous aurait mieux correspondu". Je griffonnais la feuille de ma signature, et pris ma je-ne-savais-plus-combientième-copie. Au même instant, la voix de James s'éleva.

Je posais tranquillement ma plume, et confrontais son regard au sien.

Il fixait son parchemin, et même si son visage demeurait hermétique, je pus déceler une once de fierté. Je tendis la main, afin de récupérer la dissertation, m'avouant surpris. Je n'aurais pas pensé que ma punition fût exécutée aussi docilement, mais je me doutais bien que le contenu de ce devoir devait relever du... piquant. Je souriais, j'avais hâte...

La prenant entre mes doigts, je m'adossais un peu plus contre le dossier de mon fauteuil, concentré. J'entrepris la lecture.

Comme j'aurais pu le penser, le texte descriptif était jonché d'adjectifs amélioratifs, pour ce qui concernait Harry Potter, et l'Ordre du Phénix. Il en allait de même pour les Mangemorts, sauf avec des adjectifs péjoratifs, même s'ils demeuraient discrets. Je ne fis pas de commentaires, au fil de la lecture, laissant James plongé dans un profond silence.

Il avait décrit différents actes qui avaient marqué l'Histoire, notamment le sacrifice de Lily Potter. Et la conclusion me sauta rapidement aux yeux avant même que j'eus fini de la lire.

Harry Potter avait gagné car sa petite maman chérie l'aimait, parce qu'il avait des amis supers, et que le pouvoir de l'amour et de l'amitié était parvenu à mettre un terme au plus Grand Sorcier de tous les temps, dont le pouvoir relevait presque de l'infini car il fut jusqu'alors un des seuls à s'enfoncer aussi loin dans la Magie Noire.

Je relevais le regard, en direction du noiraud.

"Bien, Potter. Vous avez été parfaitement formaté par votre famille. Félicitations."

J'allais m'expliquer sur ma façon de penser quand soudainement, l'once de malice que je décelais derrière les yeux devant moi me perturba. J'observais encore le parchemin, puis le retournais. Là, je remarquais qu'à la fin de la conclusion, l'étudiant s'était amusé à lancer une autre problématique.

"Pourquoi l'armée des Ténèbres a-t-elle perdu... ?"

Cette fois - ci, le regard que je relevais vers le jeune homme avait perdu de sa bonne humeur. Néanmoins, je n'en fis rien, et déposais tranquillement le parchemin sur mes copies, croisant les bras.

"Pour la même raison qu'un des plus grands bandits moldus ayant jamais existé s'est retrouvé derrière les barreaux, Potter."

Le surprenais-je, en avouant que je n'étais pas dénué d'intérêt pour la culture moldue ? J'en avais cure, je voulais faire comprendre une seule chose à cette tête de mule de Potter, et cette comparaison me semblait judicieuse.

"Al Capone a établi un Empire de trafic parallèle, était à la tête d'une armée de truands, effrayait les autres gangs de par son génie tactique, et sa violence, et avait même le peuple banal de son côté pour ces gestes humanitaires. La police, même, était engrenée par son réseau. Il était intouchable. Malgré quelques petites différences, je suppose que vous pouvez aisément faire le parallèle."

Je me penchais alors sur mon bureau, me rapprochant de ce fait du visage du jeune sorcier.

"Mais c'est ce même bandit qui a fini derrière les barreaux car il avait oublié de payer ses impôts...

Je marquais une courte pause, ne détachant mes iris clairs de ceux plus foncés de James.

L'orgueil, Potter. L'orgueil, qui a amené à sous-estimer la volonté d'un orphelin, c'est ça qui a perdu Voldemort. Si le Lord n'avait pas pris pour acquis sa victoire sur Harry Potter, aujourd'hui serait une toute autre époque."

Je me redressais sur mon fauteuil, décroisant mes bras pour saisir à nouveau le parchemin. J'ignorais quel avait été l'effet de mes paroles sur le garçon, mais je ne doutais nullement que s'il avait une remarque à faire, elle ne saurait tarder de venir... Aussi, je le regardais, silencieusement, observant sa réaction, avant d'entamer la contre-argumentation de son récit.






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J'observais le jeune homme devant moi, mon mépris ayant désormais fait place à l'intrigue. Quelque chose avait changé dans sa façon de se comporter, ô, ce n'était pas flagrant, non. Une aura imperceptible, plus froide, plus indifférente, qui sembla s'abattre sur l'aîné Potter, qui venait de m'affirmer qu'il... comprenait.
J'aurais pensé qu'il m'aurait ri au nez, ou aurait ri - non pas au nez - mais au visage de ce qu'était Lord Voldemort : un puissant mage, qui s'était fait démantelé par un adolescent, à cause de sa trop grande confiance en lui-même. Mais il n'en fut rien, James n'évoqua pas ce sujet, n'approfondit pas les défauts que j'avais soulignés. Il se contentait d'être là, silencieux devant moi...

Il comprenait...

Il comprenait...

Qu'est-ce qu'un gamin né après ces événements pouvait bien comprendre ?
Je me le demandais, mais gardais cette interrogation à plus tard...
Car voilà qu'il penchait légèrement la tête, je sentais alors le défi venir. Il allait dire quelque chose, quelque chose qui n'allait pas me plaire.
Je n'aurais pas eu besoin d'entendre la suite pour en avoir la certitude.

« Je pense que vous êtes d'accord avec moi vis-à-vis du fait que nous ne sommes pas à cette "toute autre époque", professeur. C'est là tout un art de sous-estimer. »

Mes iris bleus relevaient d'une froideur qui était à la hauteur de la sienne. Nos pupilles, légèrement différents, ne se détachaient pas l'une de l'autre, et pendant un instant ce fut comme si je m'étais arrêté de respirer.

Non pas par outrage, ou parce que je ne savais quoi répliquer.
Au contraire. Mais parce que derrière cette pique, se dissimulait, petite, camouflée, une menace.

Je l'avais pressenti. Potter me faisait savoir que mon courant n'était pas celui "général" dans cette époque que nous vivions, aussi, que le marginal c'était moi-même... et qu'il était en le pouvoir du jeune homme de déchaîner la colère de cette époque si libérale et ouverte contre les idéaux rétroactives que j'avais.

Soit, il fallait que je m'adapte à cette nouvelle ère, ou... disparaisse avec l'ancienne.

Je restais encore réservé pendant un moment, prenant conscience d'une chose que j'avais sous-estimée jusqu'alors : le côté vicieux des Potter. Je les savais impulsifs, francs, féroces. Pas... dignes d'une menace. James venait de me prouver le contraire.

Sauf...

Que je ne me sentis pas menacé.

D'ailleurs, je n'en puis plus, et un sourire commençait gentiment, mais sûrement, à se dessiner au coin de mes lèvres, après au moins deux bonnes minutes de silence total.

Puis, je me levais.

Je posais mes mains devant le bureau de James, paumes contre pupitre, yeux plantés dans les siens, et m'avançais, toujours ce sourire sournois accroché au visage, qui ne faisait que de s'agrandir.

Puis, au bout d'un moment, je laissais échapper ce qui provoquait ma soudaine hilarité retenue.

".... Vraiment, Potter ?"

Je marquais une pause, repensant à tous les changements qui s'effectuaient au Ministère de la Magie, tous ces noms qui remplaçaient d'autres, des noms que je connaissais... car c'était des noms d'enfants de fidèles, voire parfois, de fidèles. On murmurait la libération de certains des plus proches serviteurs du Lord, alors que partout dans le pays s'élevait des mouvements de jeunesse Néo-Mangemort de plus en plus sérieuse, et de plus en plus radicale... Avec de plus en plus de moyens. Ce n'était plus les gamins colériques, comme j'étais à l'époque, qui faisaient du ravage en prétextant le faire pour le Lord déchu. Non, c'était désormais des groupes poiltiques, organisés, qui peu à peu s'enfilaient dans les sphères de l'Etat magique, ce qui avait conduit, irrémédiablement, à la situation que nous vivions actuellement....

Une situation tendue, où même la Directrice de Poudlard, plus grande figure vivante de la lutte contre lord Voldemort, était attaquée personnellement, dans l'enceinte du château réputé être le plus sûr au Monde.

"Vous... êtes touchant de naïveté, Potter."

Je me retirais, à présent, m'éloignant physiquement de l'espace personnel du garçon que j'avais envahi, mais cette fois mon sourire avait disparu. Peut-être que je me rendais compte... que... se trouvait devant moi.... certainement une des premières victimes de l'ère qui s'annonçait....

Mais ça, il était loin d'en avoir conscience.



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Lorsque l'immense porte de bois se referma, dissmulant le jeune Potter à ma vue, j'esquissai un sourire, quelque peu las, toutefois... satisfait.

Ô, je n'étais point un abruti. Je savais que le noiraud m'avait donné raison pour tout simplement éviter de s'attirer les foudres sur sa maison et pour pouvoir écourter au plus tôt sa retenue, mais... ce qui m'apportait toute la satisfaction du monde, fût l'air qu'il me renvoya, après que je lui aie posé la question de savoir si le monde dans lequel il évoluait était aussi... éloigné des Mangmorts. Il y avait dans ses iris un air de doute, ou d'une soudaine méfiance, je ne saurais vraiment le déterminer. Mais en tous les cas, j'avais apprécié avoir ébranlé un semblant de la légendaire suffisance et confiance de l'aîné Potter.

Aussi, je n'en avais pas rajouté. J'avais conservé sa copie, que je relisais d'un oeil distrait alors qu'il avait rangé ses affaires. Il était parti sans mot supplémentaire, et moi de même, n'ayant agréé que physiquement de la tête lorsqu'il annonça que Suzanelle l'attendait. Je n'avais pas de raison de le retenir, et le rendre en retard à un rendez-vous avec sa Directrice me vaudrait des remontrances que je n'avais pas envie d'avoir.

Bien sûr, peu de choses empêchaient James de tout raconter à la Professeur aux yeux bleus, mais je savais qu'il ne le ferait pas. Il était trop fier, pour vouloir chercher de l'aide dans les jupons d'un professeur, et surtout, il redoutait les retombées que cela pourrait avoir sur son frère et sa soeur. C'était ainsi que fonctionnait notre relation, sur une base de peur et de retenues, James avait du pouvoir sur moi, et moi j'avais du pouvoir sur lui. Sauf que lui, ne pouvait pas en profiter, alors que moi me gênais nullement.

Je pourrais cependant être plus atroce dans mes punitions, mais m'y refusais. Déjà, je ne souhaitais pas finir renvoyé à cause de l'un des Potter, et de deux, je n'y voyais pas d'intérêt. Ma plus belle récompense, c'était d'apporter de l'insécurité dans les yeux bleus de l'aîné Potter, pas de le blesser.

Et j'y étais parvenu.

Je me levais alors de mon bureau, observant un court instant l'endroit où s'était assis l'adolescent, repensant à cette heure de colle, puis m'approchais de ma cheminée, où un feu faible commençait à mourir.

Je jetais alors le devoir rendu de James dans la cheminée, donnant ainsi subsistance à ce feu mourant, puis observais doucement la chaleur et les faibles flammes dévorer ce devoir...

... Comme les Mangemots dévoraient le Ministère de la Magie.

Faiblement, bout par bout, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de l'ancien système en place, comme il ne restait désormais que des cendres de l'héroïsme d'Harry Potter, couché sur papier.

Mon sourire s'agrandit.



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