Le départ de Candlynn avait été un véritable coup de massue. Elle ne s’y était pas attendue et elle réalisait à peine que ça venait vraiment de se produire, que ce n’était pas simplement un cauchemar, mais les jours passaient et sa meilleure amie ne revenait pas, signe que l’événement était réel et qu’elle ne pouvait plus espérer un retournement de situation qui lui serait favorable. Un accident de camping-car… Comment pouvait-on tout abandonner pour ça ? Ses amis ? Ses études ? Un univers qui avait changé une vie ? Bailee était partagée, elle avait la nette impression d’avoir été trahie et abandonnée par la petite fille qui n’avait pensé qu’à elle dans cette histoire. Le vide qu’elle laissait dans sa vie était sans fin et reprendre pieds lui semblait encore difficile à l’heure actuelle. Elles avaient passé trois longues années ensemble, à partager leurs découvertes, leurs coups de cœurs, leurs coups de gueule, mais également leur dortoir, leurs cours, leurs repas à la grande salle… Autant de choses qu’elles ne pourraient plus jamais faire à deux. Alors oui, bien sûr, elle était en colère contre la Serdaigle, elle était incapable de comprendre qu’elle puisse avoir préféré sa famille à elle parce que de son côté, jamais elle n’aurait pu faire ce choix. Mais sa colère était largement dépassée par la peur, celle de la solitude dont elle avait affirmé être si fière jusque-là, parce qu’elle savait que même en repoussant constamment ses camarades, elle aurait toujours une personne sur qui compter à ses côtés. Maintenant, ce n’était plus le cas, elle se retrouvait livrée à elle-même, son univers s’était effondré et elle allait devoir apprendre à rebondir, mais ça semblait bien trop difficile pour le moment.

Les journées de cours semblaient passer comme dans un épais brouillard, Bailee subissait les choses plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre et accumulait un retard phénoménal dans son travail scolaire. Sa régularité habituelle et sa bonne mémoire lui permettait de ne pas être trop dépassée par les événements, mais la jeune fille savait que ça ne durerait pas et que sans travail, ses résultats allaient baisser de manière affligeante. La Serdaigle avait toujours été ambitieuse et l’idée même de se ramasser à un examen la rendait malade, c’était la raison pour laquelle elle avait fini par prendre sur elle et s’attabler dans sa salle commune, ses bouquins devant elle, pour essayer de bosser un peu. Mais c’était peine perdue, après une demi-heure à relire dix fois la même ligne sans parvenir à la comprendre, la jeune fille jeta l’éponge, fourrant d’un geste rageur ses affaires dans son sac avant de quitter la salle commune le plus rapidement possible. Etre dans une maison d’intellos avait du bon, mais la culpabilité qu’elle ressentait constamment en regardant les autres élèves qui eux, parvenaient parfaitement bien à travailler, lui était insupportable et elle préférait fuir cette atmosphère studieuse le plus possible. Et puis, tout lui rappelait sa meilleure amie chez les Serdaigle et très régulièrement, les larmes lui montaient aux yeux lorsqu’elle réalisait que ce n’était plus que des souvenirs. Elle refusait catégoriquement de jouer les chochottes, elle était une fille forte et indépendante et ses yeux rouges ne voulaient rien dire, elle avait peut-être simplement attrapé un virus quelque part, rien à voir avec une possible tristesse. Le seul sentiment qu’elle voulait s’autoriser à ressentir était la colère et elle était un peu déstabilisée par le fait que ce n’était malheureusement pas celui qui dominait malgré tous ses efforts.

Après quelques minutes d’errance dans les couloirs de l’école, la jeune fille prit la direction du parc, en ce milieu d’après-midi, il restait d’y avoir quelques élèves dehors, mais la superficie du lieu permettait en général de ne pas faire trop de rencontres. Bailee n’avait pas le courage d’affronter ses camarades, lorsqu’elle leur parlait, elle avait l’impression de voir une lueur victorieuse dans leurs yeux et elle avait du mal à le supporter. Une fois dehors, elle traversa le parc à grandes enjambées, ignorant volontairement les regards qui se posaient sur elle, ou en tout cas, les regards qu’elle croyait voir se poser sur elle. Peut-être était-ce simplement dans sa tête, mais elle ne parvenait pas vraiment à faire la distinction entre réel et fictif ces derniers temps. Une fois éloignée de la foule d’élèves, elle se mit en quête d’un banc et se laissa tomber dessus, ses jambes se balançant dans le vide malgré les centimètres acquis au cours des deux étés précédents. Sans trop savoir pourquoi, elle ressortit son bouquin de son sac de cours et se mit à le feuilleter sans but. Elle n’avait pour habitude de travailler dehors, peut-être que ce changement lui serait bénéfique ? La Serdaigle en doutait très fortement mais ces derniers temps, elle ne parvenait pas à trouver un semblant de motivation pour quoi que ce soit, alors autant tenter quelque chose. Elle voulait à tous prix retrouver du poil de la bête, seulement elle peinait à trouver une véritable solution pour inverser la tendance. Elle allait lâcher l’affaire et ranger son livre lorsqu’un bruit la fit relever la tête, une personne connue se trouvait non loin d’elle. Sans trop savoir quelle était la réaction à adopter, Bailee sourit faiblement à la nouvelle venue.

« Ah c’est toi… Salut. Tu veux quelque chose ? »

Elle n’avait même pas le courage d’être désagréable et de l’envoyer paître, de toute façon, Knoxlay était une jeune fille qu’elle appréciait plus ou moins, en théorie et elle savait qu’elle ne pouvait pas se permettre de continue à être une vraie garce avec tout le monde si elle ne voulait pas finir complètement seule. Toutefois, son ancienne personnalité lui manquait déjà, elle venait de passer seulement trois jours à jouer les fantômes et elle trouvait déjà l’idée quasiment insupportable. S’il y avait une véritable solution à trouver, il fallait qu’elle mette très rapidement la main dessus ou elle allait dépérir. Sa vie au château avait toujours été bien plus merveilleuse que celle qu’elle avait chez ses parents, elle voulait retrouver ce sentiment d’être à la maison.

Le temps passait lentement à Poudlard, cela avait toujours été le cas, mais au moins l'année dernière, les choses étaient plus mouvementées. Le directeur était totalement cintré, entrainant avec lui tous les Sangs-purs qui pissaient plus haut que leur cul. Knoxslay les méprisait, mais c'était de l'ordre de l'habitude, rien de bien extraordinaire, en dehors du fait qu'on l'approuvait quand elle pensait tout haut. Ca, il fallait l'avouer c'était assez étrange, mais loin d'être déplaisant. En général, on la regardait offusqué, désapprouvant sa verve un peu trop vive et ses pensées un peu trop arrêtées. Mais durant une année, ses propos mesquins et parfois puérils n'étaient pas rejetés, pas tous du moins. Certains en profitaient même pour renchérir, donner leur avis, critiquer. Knox avait adoré cette période, elle avait certainement été la seule dans ce cas là, mais au moins ça bougeait un peu. Aujourd'hui, les choses avaient repris leur place, McGonnagall était de retour à son poste, leur ancien directeur avait disparu et tout le monde faisait comme si rien ne s'était passé. Beaucoup devaient être content de ce retour au calme, beaucoup sauf la jeune Baxter qui s'ennuyait ferme.

La rentrée c'était déroulée sans accroc, les premières années avaient été réparti, les gens étaient contents de se retrouver pour une nouvelle année, pleurant les septièmes années qui s'en étaient allés mais accueillant avec joie les premières années qui débarquaient. Mais tout cela coulait sur Knox, qui se moquait et des septièmes années et des premières. Certes les nouveaux venus ne la connaissaient pas encore, elle pouvait donc en profiter durant quelques semaines ou mois, mais en dehors de cet avantage, elle n'y gagnait pas grand chose. Elle n'avait pas plus d'amis cette année que les années précédents, consciente bien évidemment que c'était de sa faute, que son comportement n'aidait en rien à la socialisation, mais refusant de changer pour autant. Soit on l'acceptait telle qu'elle était soit on allait se faire voir. Les gens étaient de toute façon des crétins, elle était géniale et s'ils n'étaient pas capable de s'en rendre compte, qu'ils aillent au diable. Il fallait être patient avec elle, savoir adoucir ses humeurs, laisser passer ses sautes d'humeurs, ne pas prendre pour soit ses critiques, garder le sourire et tout se passerait bien. Mais peu en étaient capable et peu en avaient envie. Tant pis, Knox était très bien toute seule ou c'était du moins ce qu'elle voulait se persuader. Le fait qu'elle suive les gens ne démontrait pas qu'elle recherchait au fond des amis, des gens pour l'occuper pendant qu'elle s'ennuyait, pas pour elle en tout cas. Elle faisait tout cela pour apaiser sa curiosité, rien de plus.

En parlant de suivre quelqu'un, une jeune fille passa devant elle et Knox la reconnue assez facilement. Bailee se dirigeait dehors, sans que Knox puisse déterminer si c'était pour se rendre au parc, vers les serres ou la forêt, le lac ou Pré-au-Lard. Si cette dernière se rendait au village, Knox pourrait la dénoncer, car elle n'avait pas l'autorisation de s'y rendre maintenant et faire le mur était interdit. Evidemment, ça ne lui ferait pas gagner des points auprès de la brunette, mais elle n'était pas obligée de savoir que c'était elle qui l'avait balancé, après tout. Knox décida d'en avoir le coeur net et emboita le pas à Bailee. Depuis le temps qu'elle suivait les gens, elle était devenue une professionnelle de la filature. Elle gardait une bonne distance entre la personne qu'elle suivait et elle, le plus important était de l'avoir en visuelle, elle n'était pas obligée d'être derrière son dos pour la suivre. Knox avait toujours un livre avec elle, ainsi, si on se retournait vers elle, on pourrait croire que la jeune Baxter était en train de se balader, tout en lisant. Elle était une Serdaigle, il n'était donc pas étonnant de la voir avec un livre, ce qui était bien pratique. Mais Bailee ne faisait pas attention à ce qui l'entourait, comme si les autres n'avaient aucune importance, Knoxslay n'avait donc pas à faire semblant de quoi que ce soit. La brunette s'arrêta sur un banc et sortie un livre pour étudier, tout du moins c'était ce que supposa Knox. La jeune Baxter s'arrêta à quelques mètres d'elle et sans aucune discrétion, fixa Bailee. Cette dernière, n'arrivant visiblement pas à se concentrer, referma son ouvrage et le rangea dans son sac. Leurs regards se croisèrent et Bailee s'adressa à elle. Knox aurait pu paraître gênée d'être ainsi repérée, même si, placée où elle était, elle n'était pas très discrète. Mais ce ne fut pas le cas et comme à son habitude, ne passa pas par 4 chemins pour exprimer le fond de sa pensée.

"Pourquoi t'es triste ?"

Knox avait employé le terme de "triste", mais elle aurait pu tout aussi dire "bizarre", "étrange" ou un tout autre synonyme. Tout ce qu'elle savait, c'était que la jeune Browning n'était pas comme d'ordinaire et ça, elle trouvait ça très étrange et elle voulait savoir pourquoi.

Cette saison était définitivement triste. Il n’y avait pas d’intérêt à rester assise là à regarder le paysage morne qui l’entourait et lui donnait encore plus envie de déprimer. Pourtant Bailee n’avait pas non plus le courage de se remettre debout sur ses pieds et de rentrer au château, elle savait qu’elle n’avait pas grand-chose à faire de plus dans sa salle commune, alors forcément, l’envie de rentrer pour voir des tas d’élèves discuter ensemble ou s’adonner à diverses activités sans craindre que l’ennui vienne les assaillir n’était pas bien présente. C’était lorsqu’on était malheureux que le bonheur des autres nous éclatait le plus à la figure et Bailee avait eu bien trop d’occasions de le constater. Par exemple, lors de son retour de l’hôpital alors qu’elle avait passé un été en enfer, ayant tout bonnement l’impression d’avoir été enfermée en prison, elle avait retrouvé sa famille qui semblait plus unie et heureuse que jamais. Sa petite sœur se pavanait dans la maison, souriante, enthousiaste alors que la Serdaigle se trainait comme une âme en peine d’une pièce à l’autre, incapable de retrouver ses repères. Alors forcément, elle n’avait pas envie de croiser le moindre élève dans ce moment un peu douloureux, mais malheureusement, c’était généralement lorsqu’on voulait trouver la solitude qu’on peinait à y avoir droit.

"Pourquoi t'es triste ?"

La question résonna à ses oreilles sans véritablement qu’elle l’entendre. Bailee avait quitté la réalité pour s’envoler provisoirement à des kilomètres de là, totalement dans ses pensées. Elle avait d’ailleurs complètement oublié la présence de la jeune fille à ses côtés et ne cherchait pas spécialement à lui faire comprendre qu’elle avait conscience qu’elle se trouvait toujours debout devant elle. Mais elle finit tout de même par l’entendre et par lui accorder un peu de l’attention, posant enfin ses yeux sur elle ne serait-ce que par respect pour son interlocutrice. D’autant plus qu’elle ne détestait pas Knoxslay, au contraire. La brunette avait un caractère bien trempé qui ressemblait un peu au sien et s’il créait des frictions assez régulières, il leur permettait peut-être aussi de mieux comprendre leur façon d’agir. Aussi savait-elle pertinemment que la Serdaigle était du genre à se vexer facilement et à partir au quart de tour, raison pour laquelle il valait mieux qu’elle réponde à sa question sans l’envoyer se faire voir ou elle risquait de subir un lourd retour de bâton qu’elle n’avait pas forcément le courage d’encaisser à l’heure actuelle. Toutefois, elle n’avait pas non plus envie de dire la vérité, jouer les Calimero n’avait jamais été son point fort, elle détestait particulièrement avoir l’air faible et encore plus devant des personnes qui pourraient s’en servir contre elle par la suite.

« Je ne suis pas triste, je suis songeuse. » Répondit-elle vivement peut-être même un peu trop. « Je suis venue travailler, c’est tout. »

Ou pas d’ailleurs puisqu’elle n’avait pas été fichue de tenir son bouquin dans les mains plus de cinq minutes sans ressentir le besoin impérieux d’aller chercher une corde et de venir s’accrocher aux arbres pas loin pour rejoindre définitivement le ciel. C’était assez étonnant puisque Bailee avait toujours aimé travailler et s’instruire, elle était souvent très concentrée sur son travail et avait une excellente mémoire qui lui permettait de s’en sortir plutôt bien dans toutes ses matières scolaires sans avoir besoin d’abattre un travail astronomique. Certes, elle avait des facilités dans certains domaines et pas dans d’autres, comme tout être humain constitué, mais pour ce qui était de ses performances globales, elle était plutôt pas mal. Ce talent apparent pour les disciplines intellectuelles était, à son sens, largement compensé par tout un tas d’autres problèmes et elle pouvait très certainement remettre en doute ses compétences relationnelles, par exemple, ses capacités à travailler en équipe également ou encore son tact allant de pair avec ses problèmes de vie en société. Elle faisait des efforts mais ils ne payaient pas toujours, loin de là. Bailee ne désespérait pas d’y parvenir un jour mais il lui faudrait du temps pour parvenir à se comporter comme une élève lambda dans ce genre de situation auquel elle n’avait pas l’habitude d’avoir à faire face.

« Et toi ? Qu’est-ce que tu fais-là ? » Demanda la jeune fille en haussant un sourcil. « On dirait une vache qui regarde passer un train. »

Délicatesse était son deuxième prénom, ça ne faisait plus aucun doute. Mais en même temps, il y avait de quoi s’interroger. Knoxslay était plantée debout devant elle sans aucune raison apparente et elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle faisait là. Peut-être lui avait-elle tout simplement piqué son super banc de lecture et elle venait le récupérer ? Si c’était le cas, elle avait fait une erreur sur la personne, Bailee n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et même si son état psychologique actuel n’était pas franchement au meilleur de sa forme, elle ne se voyait clairement pas se rabaisser devant qui que ce soit et encore moins devant quelqu’un comme Knoxslay. Non pas qu’elle n’ait pas en haute estime la jeune fille, mais justement, leurs caractères se ressemblaient tellement qu’elle ne pouvait pas supporter de lui laisser avoir l’ascendant sur elle. Bailee ne voulait pas être vue comme une pâle copie de sa rivale, ça ne pouvait pas arriver et personne n’aurait jamais la possibilité de la percevoir de cette façon. Cette manière de voir les choses était sans doute un peu stupide, la Serdaigle était plus une amie qu’une rivale, en théorie mais il était dans le caractère de la jeune fille que de rester constamment sur ses gardes, s’attendant quasiment constamment à une attaque bien que cette peur soit infondée.

« Tu sais pourquoi les feuilles des arbres deviennent oranges et rouges en automne ? »

La question était inutile, c’était bien histoire de pouvoir faire la conversation et d’étaler sa science dans le cas où Knoxslay se montrerait ignorante à ce sujet. En vérité, la couleur actuelle des arbres était bien le cadet des soucis de la jeune fille, mais c’était la seule chose qui lui était venue à l’esprit sur le moment. Il ne lui restait plus qu’à espérer que la pigmentation des plantes ne soit pas le sujet préféré de sa camarade, elle allait passer un bien mauvais moment dans ce cas.

Songeuse ? Knoxslay n'était pas complètement en accord avec ce terme. Certes, Bailee avait l'air d'être un peu à côté de la plaque, elle aurait du remarquer un peu plus tôt que la jeune Baxter la suivait mais ce ne serait pas ce terme là qu'elle aurait employé pour décrire la brunette. Songeuse ... non décidément, il ne lui convenait pas ou pas totalement. Elle l'était peut-être mais pas que, cela ne suffisait pas pour satisfaire la curiosité de la jeune quatrième année. Triste, ça correspondait déjà plus à ce que voyait Knox. Bailee n'était pas la joie incarnée d'ordinaire, mais elle n'avait pas cette tête d'enterrement. En général, elle était même plus vive que ça, réagissant un peu plus vite, étant plus réactive. Elle n'avait réagit à sa présence que bien tard au goût de la jeune Baxter et ça, ce n'était pas normal. Beaucoup trouvaient qu'elles étaient semblables toutes les deux. Insupportables, caractérielle, lunatique, capricieuse, de vraies petits anges ambulant. Knoxslay ne pouvait pas objectivement dire le contraire mais elle savait qu'elle n'était pas la copie conforme de Bailee et ça, ça lui suffisait. Elle qui pourtant tentait constamment de ressembler aux autres ne voulait pas être une copie d'une autre fille naturellement, un comble non ? Ne voulant pas être elle même, il était logique pour la jeune Baxter qu'elle ne pouvait pas accepter de trop ressembler naturellement à une autre fille.

"Sans parchemin ? Encre ? Plume ? ou manuel ? T'as de drôle de façon de travailler."

Ca non plus, Knox n'était pas vraiment emballée par cette excuse. D'abord elle avait été dite un peu trop vivement pour qu'elle soit vraie, tout comme le terme "songeuse", et en plus rien ne pouvait corroborer ses dires. Non vraiment, Knox voyait très clairement que Bailee mentait et ça ne lui plaisait pas du tout. Elle aurait certes pu l'envoyer paître comme elle en avait l'habitude, ce qui aurait été même mieux que ce piètre mensonge. Non quitte à vouloir mentir, autant le faire bien, sinon il n'y avait pas d'intérêt, on passait pour un naze et ça n'allait pas plus loin. Tout cela ne regardait certes pas la jeune fille, mais ça Knoxslay s'en moquait, elle passait un peu au dessus de ce qui étaient ses affaires de ce qui ne l'étaient pas.

"Je fais ce que je veux ici, c'est pas ton espace personnel à ce que je sache, le parc ne t'appartient pas, tout comme ce banc ou cet oxygène. Et je regarde ce qui me plais. Pourquoi t'es toute seule ? "

Knox croisait les bras, boudeuse. Elle n'aimait pas qu'on la compare à une vache ou qu'on ose lui faire ce genre de réflexion, même si en soit elle était légitime puisqu'elle empiétait très clairement sur la vie privée de la jeune Browning. Son ton était sans appel, Knox était vexée, un brin en colère, mais pas encore suffisamment pour partir. Ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'on l'accusait d'être trop envahissante ou étrange. Cela ne la touchait pas en soit, elle n'aimait juste pas qu'on l'accueille mal ou qu'on la traite de fille bizarre, même si c'était exactement ce qu'elle était. De toute façon, dans le côté étrange, Bailee n'avait rien à lui envoyer puisqu'elle agissait bizarrement depuis la rentrée, sans pour autant que Knox comprenne pourquoi. Il aurait fallu pour cela qu'elle se souvienne qu'à la rentrée, Candlynn n'était pas revenue et qu'elle était la meilleure amie de Bailee. Elle connaissait évidemment son existence et n'ignorait pas que les deux filles se connaissaient, mais de là à être au courant qu'elles étaient meilleure amie, il y avait encore un pas.

"Parce qu'elles meurent ?"

Le ton changea, sans réellement d'explication. Elles étaient en train de se renvoyer la balle quand Bailee changea tout d'un coup de sujet et de ton en posant une question bien étrange. Pourquoi les feuilles des arbres deviennent oranges et rouges ? Etait-ce un sujet intéressant ? Pas vraiment, pourtant Knox y répondit sans même vraiment y songer. Elle alla même jusqu'à regarder les arbres autour d'elle, plus par réflexe que par réelle envie de les admirer. Elle finit par faire quelques pas pour venir s'asseoir près de Bailee. Cette dernière voulait peut-être être toute seule mais ça, Knox l'ignorait et s'en fichait. Elle était ici et comptait bien y rester, en tout cas tant que la conversation ne soit pas trop agressive à son encontre.

"Sans parchemin ? Encre ? Plume ? ou manuel ? T'as de drôle de façon de travailler."

Sérieusement ? C’était quoi cette petite fouine ? Est-ce qu’elle venait lui demander si elle faisait bien ses devoirs, si elle était sage ou si elle avait de bonnes notes à l’école ? Non ! Pour la simple raison qu’elle n’en avait strictement rien à faire mais quand bien même ça aurait pu l’intéresser, elle n’aurait pas joué le tribunal de l’inquisition pour avoir ses réponses au moment le moins opportun. Question d’inadaptabilité sociale finalement, ce n’était probablement pas elle qu’il fallait interner et si ses parents venaient à exprimer l’idée de la renvoyer faire un séjour à l’hôpital peut-être serait-il une idée judicieuse de leur présenter Knoxlay afin qu’ils se rendent compte que sa situation n’était ni catastrophique, ni désespérée en fin de compte. Bon, c’était un peu méchant pour la Serdaigle qui voulait simplement bien faire en lui posant toutes ces questions mais Bailee n’avait jamais eu une patience folle et surtout pas lorsqu’elle trouvait qu’une personne se montrait beaucoup trop intrusive envers elle. Malheureusement pour Knoxlay, elle tombait mal.

« Tu travailles pour la police ? » Demanda-t-elle légèrement plus hargneuse qu’elle n’aurait voulu l’être. « J’ai bien le droit de réciter mes leçons dans ma tête, non ? Et si tu veux vérifier, j’ai mes livres dans mon sac. »

En plus, ce n’était presque pas totalement faux puisqu’il y a encore quelques minutes, elle avait failli se mettre au travail avant de renoncer parce qu’elle était trop préoccupée par le départ de sa meilleure amie. Mais ça, Knoxlay n’était pas censé le savoir et susciter la compassion ou les moqueries de ses petits camarades n’étaient pas quelque chose dont rêvait Bailee. En revanche, elle n’avait pas spécialement envie que la jeune fille mette réellement son nez dans son sac pour vérifier ses activités, non pas qu’elle ait quelque chose à cacher, ce n’était d’ailleurs pas du tout le cas, Bailee passait un temps fou à lire et à écrire mais également à travailler alors ce n’était pas ces activités palpitantes qui allaient pouvoir constituer des rumeurs de choix pour les élèves de l’école et de toute façon, elle ne pensait pas que la jeune fille avec qui elle était en train de dialoguer à l’heure actuelle puisse avoir envie de divulguer des informations compromettantes à ce sujet. Toutefois, Bailee n’était pas vraiment fan de l’idée de laisser une personne en qui elle n’avait pas spécialement confiance, fouiller ses affaires personnelles dans le simple but de prouver sa justification et de satisfaire sa petite curiosité déplacée.

"Je fais ce que je veux ici, c'est pas ton espace personnel à ce que je sache, le parc ne t'appartient pas, tout comme ce banc ou cet oxygène. Et je regarde ce qui me plais. Pourquoi t'es toute seule ? "

Non, effectivement on ne pouvait pas dire que le parc de Poudlard était son espace personnel mais il était assez grand pour qu’elle ne soit pas obligée de se mettre juste sous son nez et encore moins de lui parler. En bref, sa justification était totalement foireuse et la question qu’elle n’avait pas manqué de lui poser après l’avoir à moitié agressé, visiblement pas très contente de se faire remettre à sa place de cette façon, Bailee ne pouvait que confirmer sa théorie. Encore une question bien trop personnelle à son goût et la jeune fille commençait à en avoir assez d’être gentille avec cette fille qui venait tout simplement envahir son espace vital sans la moindre gêne. Il n’aurait pas dû être normal qu’un élève ayant reçu aussi peu d’éducation ait la possibilité de se promener dans les couloirs du château. Beaucoup d’adolescents avaient dû se retrouver dans un centre de redressement pour mineur pour moins que ça… Bon, d’accord, c’était peut-être un tout petit peu exagéré comme façon de voir les choses, mais elle ne devait pas être aussi éloignée que ça de la réalité, il fallait se rendre à l’évidence, de nombreux parents étaient totalement irresponsables et donnaient donc naissances à des bambins qui devenaient sans nul doute encore pire qu’eux.

« Parce que je n’aime pas les gens. » Répondit-il du tac au tac en sachant pertinemment que ce n’était pas vrai. « Et toi ? Parce que techniquement, tu es toute seule aussi. »

Si ce n’était pas clair pour le coup, elle ne voyait pas ce qui aurait pu l’être davantage, elle n’avait pas la moindre envie d’être là avec elle ou en tout cas, pas comme ça alors qu’elle la harcelait de questions toutes plus désagréables les unes les autres. Ce qui dérangeait le plus Bailee dans tout ça était tout de même que la Serdaigle parvenait à viser juste à chacune des questions qu’elle posait et la jeune fille craignait plus que tout de ne plus réussir à s’en sortir et de se retrouver noyée, incapable de faire autre chose que de donner les véritables justifications de son exil au fin fond du parc alors qu’il ne faisait pas un temps idéal pour ce genre de sortie. Bailee n’avait aucune envie qu’une telle chose arrive principalement parce qu’elle détestait perdre le contrôle d’une conversation et que ce serait le cas si Knoxlay parvenait à l’interroger comme l’aurait fait le plus normalement du monde un policier au sein d’un commissariat mais également parce que raconter le départ de Candlynn en l’exprimant à voix haute lui semblait encore bien trop douloureux et réel à l’heure actuel.

"Parce qu'elles meurent ?"

Est-ce que les feuilles mourraient ? Oui, éventuellement, elles pouvaient puisque lorsqu’elles tombaient de l’arbre, elles ne pouvaient pas se déplacer pour remonter sur un autre et finissaient inévitablement par être balayée et jetée ou par se désintégrer tout simplement. L’histoire de Knoxlay tenait donc parfaitement la route et pourrait même paraitre très poétique si elle était bien exprimé dans un roman mais la réalité était bien plus enquiquinante et beaucoup moins jolie qu’il n’y paraissait. Bailee ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi les explications scientifiques incluaient perpétuellement tout un tas de mots complexes et abstraits que toutes les personnes lambda n’étaient pas capables de comprendre. A quoi ça pouvait bien servir alors ? A tuer l’imaginaire ? A montrer à de nombreux êtres humains qu’ils ne disposaient pas de capacités intellectuelles assez importantes pour pouvoir saisir les notions contemporaines ? Tout ceci la dépassait et c’était un bon moyen de changer de sujet de conversation.

« En quelques sortes… J’avais lu que c’était une histoire de taux de chlorophylle qui était plus sécrété pendant l’été que pendant l’hiver et était indispensable à la croissance de la feuille… » Expliqua-t-elle vaguement. « Tu ne trouves pas ça dommage qu’on soit obligé de donner des explications scientifiques à tout ? Qu’il ne puisse pas y avoir quelque chose qui permette de s’émerveiller sans qu’on soit obligé d’en chercher la raison ? »

Est-ce que Knoxlay allait trouver ça intéressant ? Probablement pas, elle allait même en avoir rapidement marre de jouer à ce petit jeu beaucoup moins intéressant que celui de ses questions qui visaient juste à chaque fois. Mais tant mieux en un sens car même si la Serdaigle venait combler une solitude pesante, elle l’empêchait de repenser à ces dernières années et à ressasser son chagrin dans une fois. Un mal pour un bien et inversement, il aurait été difficile de pouvoir véritablement affirmer que la présence de la jeune fille avait un effet positif ou non sur l’humeur et l’état d’esprit de Bailee.

Travailler pour la police ? A son âge ? C'était bien stupide comme propos. On ne pouvait pas travailler si jeune pour la police, c'était illégal, même dans le monde magique. Non, Knoxslay ne comprenait pas pourquoi Bailee lui disait cela, le font de ses propos la dépassait totalement et pour cause, il aurait fallu déjà qu'elle remarque que cette réflexion était dite d'une voix un brin agacée et sarcastique. Une sorte de trait d'humour pour appuyer le fait que Knox posait beaucoup trop de questions et que cela ne la regardait pas. Mais voilà, tout cela dépassait Knox, qui n'avait pas franchement beaucoup d'humour et qui ne voyait pas ce qu'il y avait d'amusant de dire ce genre de remarque. Beaucoup auraient au moins fait l'effort de sourire, mais pas Knox, non elle resta impassible, comme toujours. Elle prétendit ensuite réciter ses leçons dans sa tête mais Knox ne la crut pas, c'était trop gros pour être vrai. Même si elle avait effectivement ses cours dans son sac, il n'y avait aucune preuve qui tendait à prouver ses dires. Elle n'avait pas l'air de réciter quoi que ce soit et n'avait fait aucun mouvement en direction de son sac pour regarder si ce qu'elle récitait était juste ou pas. Non, décidément Knox voyait très clairement que Bailee lui mentait et cela ne lui plaisait pas. Après savoir pourquoi elle lui mentait était encore autre chose et Knoxslay ne comptait pas aller aussi loin.

"Qu'est-ce que la police à avoir dans cette histoire ? T'as quelque chose à te reprocher ? Et tes parents ne t'ont jamais appris que c'était mal de mentir ?"

Et c'était Knox qui disait cela ? Le comble. Elle qui mentait à longueur de journée, qui volait, qui critiquait et boudait pour un rien, c'était elle qui allait donner des leçons de savoir vivre ... Sans se départir de son envie d'en savoir un peu plus sur les raisons qui poussaient Bailee à être si triste, la jeune Baxter ne s'en alla pas, préférant supporter la mauvaise humeur de la jeune fille, sans sourciller. Knox demanda à Bailee pourquoi elle était toute seule, comme si c'était un crime d'être seule ou comme si c'était réellement inhabituel. Cela ne devait pas être la première fois que la jeune Browning était seule et même si c'était la première fois, elle était libre d'errer seule dans le parc sans avoir à passer un interrogatoire pour en savoir les raisons. Mais c'était Knox et elle ne pensait pas comme tout le monde. Aujourd'hui, elle avait décidé de s'intéresser à Bailee et cette dernière allait devoir en payer les conséquences. Bailee lui répondit et retourna la question à Knox qui garda le silence un instant.

"Ben non, techniquement parlant je suis avec toi, alors non je ne suis pas toute seule."

Paie ta logique. Bailee devait se considérer comme seule mais Knox avait le droit de se considérer comme accompagner de Bailee ... normal. La jeune Baxter ne trouvait pas sa logique anormale, pour elle il n'y avait aucun problème, elle était accompagnée même si sa compagne n'était pas au courant ou ne désirait pas sa présence. Cela relevait d'une autre discussion qu'elles n'auront pas ou plutôt que Knox ne désire pas avoir. Elle a décidé de suivre Bailee, point final. Cette dernière ne veut pas ? C'est bien dommage parce que Knox s'en moque totalement. S'installant tranquillement sur le banc, elle ne se départit pas de son calme, répondant même à la question fort étrange de Bailee. Pourquoi les feuilles tombent-elles ? Quel intérêt ? Qui cela intéresse-t-il ? Pas Knoxslay en tout cas. Surtout que visiblement, Bailee pose la question mais elle connait déjà la réponse. Quel intérêt de poser une question alors qu'on connait déjà la réponse ?

"Moi ce que je ne comprends pas c'est pourquoi tu poses la question alors que tu connais déjà la réponse ?" Knoxslay disait les choses comme elle lui venait et vu qu'elle ne comprenait pas pourquoi Bailee posait une question dont elle connaissait la réponse, elle le lui disait. Ensuite, cette histoire d'émerveillement la dépassait totalement, elle ne voyait pas l'intérêt de s'émerveiller pour un rien. Il y avait des gens qui avaient l'art de s'émerveiller à la moindre petite chose, comme sa soeur, Aurora ou ses parents et cela lui sortait par les yeux. Qu'est-ce que cela pouvait être agaçant et non constructif. On s'en foutait que ce soit beau, il fallait en comprendre le mécanisme pour savoir d'où cela venait. Le fait d'ouvrir la bouche pour sortir un son agaçant ne faisait pas avancer les choses et n'apportait aucun intérêt en plus. "J'aime pas m'émerveiller, ça ne sert à rien. J'aime bien tout comprendre, je laisse l'air stupide et les sons horripilants aux autres, ceux qui se satisfont d'un rien." Knoxslay ou la capacité d'être psychorigide et froide. Un véritable glaçon, même si au fond ce n'était pas totalement vrai, mais la jeune fille préférait qu'on pense qu'elle n'était capable d'avoir aucun sentiment humain, ça la protéger du monde extérieur et des souffrances qu'elle pourrait subir à cause des autres.

La réponse de Knoxslay laissa la jeune fille complètement perplexe, était-elle réellement sérieuse ? Elle semblait l’être puisque sa remarque précédente destinée à être d’une ironie mordante aurait dû soit la faire sourire, soit l’agacer, la deuxième option étant tout de même nettement plus probable. Sauf qu’il n’en était rien, la Serdaigle était restée de marbre, à croire que si elle se faisait rouler dessus par un tracteur de trois tonnes, elle se relèverait indemne, sans une égratignure et la même expression de robot figé sur le visage. Bailee se trouvait déjà assez peu douée pour les relations humaines et tout ce qui s’y apparentait, ne sachant pas où mettre les filtres et comment s’exprimer dans une conversation banale, mais alors pour le coup, elle touchait le fond. Elle devait se rendre à l’évidence son interlocutrice avait un petit-pois à la place du cerveau et celui-ci devait tourner au ralenti pour qu’elle s’exprime de cette façon ou alors elle avait un gros problème mental et serait la bienvenue lors de sa prochaine consultation médicale.

« Mais t’es idiote ou tu le fais exprès ? » S’exclama la jeune fille, non sans une certaine surprise. « Bien sûr que non, je n’ai rien à me reprocher, et puis c’est quoi ton problème ? Qu’est-ce que ça peut te faire que je reste là si j’en ai envie, t’es pas ma mère, je n’ai pas à me justifier. »

Tact, diplomatie et délicatesse étaient les mots d’ordre de Bailee. Elle n’arrivait pas à mettre les formes et se sentait obligée de parler comme elle le désirait sans chercher à disposer au mieux les filtres pour atténuer légèrement le poids que ses mots pouvaient parfois avoir. Elle avait l’habitude de s’en prendre plein la tronche et ne voyait pas pourquoi elle épargnerait ses pairs, tout le monde devait se retrouver un jour au pied du mur, c’était une expérience formatrice qui contribuait à éviter que le monde entier soit peuplé uniquement de personnes faibles incapables de s’assumer. Heureusement que Bailee n’avait pas pour ambition de devenir professeur, ses élèves auraient probablement eu du fil à retordre et elle-même se demandait très honnêtement si elle se serait supporté si elle avait dû se côtoyer. Mais elle n’avait pas l’intention de changer pour autant, dans la vie, c’était manger les autres ou se faire manger et la jeune fille avait choisi son camp depuis longtemps, tant pis pour les pauvres victimes qui croisaient sa route.

« Toi, t’as vraiment un problème, je t’ai jamais demandé de venir, donc tu n’es pas avec moi, non. » Lui répondit-elle un peu méchamment sans véritablement le vouloir. « Et puis d’abord, si tu voulais être avec moi, comme tu dis, comment tu savais que je serais ici ? »

L’information venait juste de parvenir au cerveau de la jeune fille et elle se demandait comment elle avait pu faire pour ne pas se poser la question un peu plus tôt. Elle était toute seule dans un parc désert et Knoxslay avait visiblement de nombreuses questions à lui poser, comme si sa présence n’était finalement pas le fruit du hasard. Faisait-elle ça avec tout le monde ? Personne ne lui avait dit qu’elle avait l’air d’une vraie psychopathe ? Non parce que venir se planter devant une simple connaissance dans le simple but de se montrer extrêmement intrusif voire un tantinet désagréable n’avait pas le moindre sens et la Serdaigle aurait dû s’en rendre compte avant le temps. Mais heureusement pour elle, Knoxslay était tombée sur une camarade digne de ce nom et elle n’avait pas l’intention de se priver pour lui faire remarquer le côté déplacé de son comportement, mais avant cela, il fallait au moins que la jeune fille confirme ses dires, elle ne voulait pas passer pour une paranoïaque on avait déjà voulu l’internet pour moins que ça et retourner à l’hôpital ne faisait absolument pas partie de ses plans.

« Pour savoir si tu es une interlocutrice digne de mon intérêt. » Expliqua posément la Serdaigle comme si c’était une évidence. « Je suis pas convaincue. »

Parler avec les élèves de Poudlard n’était pas une chose évidente parce que les préoccupations de la plupart de ses camarades n’étaient pas follement palpitantes pour la jeune fille qui se posait des questions totalement différentes de ses petits camarades. Elle aimait beaucoup apprendre et élargir son domaine de connaissances et donc de compétences alors que les autres adolescents de quatorze ou quinze ans pensaient majoritairement à s’amuser, profiter de leurs amis, trouver leurs premières relations amoureuses et vivre leur vie à fond pour ne rien regretter. En soit, c’était quelque chose que Bailee pouvait comprendre… Ou pas d’ailleurs, elle ne comprenait absolument pas le besoin d’attention et d’affection que pouvaient bien ressentir ses camarades de classe et même tous les autres élèves de l’école en règle générale. Malheureusement, elle ne pouvait rien y faire, raison pour laquelle elle avait simplement choisi de ses détacher de toutes les autres personnes qu’elle aurait pu côtoyer pour emprunter un chemin légèrement différent et cette solution lui allait parfaitement bien, tant pis si beaucoup n’étaient pas apte à comprendre son choix de vie.

« Aimer tout comprendre ne fera jamais de toi une fille intelligente et si tu penses que tu dois trouver de la logique partout, tu vas vite être frustrée parce que certaines choses restent inexplicables et c’est aussi ça qui permet de créer l’imaginaire. » Affirma-t-elle avec beaucoup de conviction. « D’ailleurs, avoir de l’imagination est un signe d’intelligence. »

Elle avait failli ajouter que visiblement, Knoxslay en était, pour sa part, totalement dépourvue mais l’idée de manquer à ce point d’éducation et de retenue lui déplaisait fortement. Certes, la jeune fille lui tapait vraiment sur les nerfs et l’envoyer paitre n’aurait pu que lui faire plaisir, mais ce n’était pas pour autant qu’elle devait renier tous les principes qu’on lui avait enseigné lorsqu’elle était encore une enfant. Ses nerfs n’avaient pas encore lâché et tant qu’elle gardait le contrôle, il lui paraissait nécessaire de se conformer aux valeurs prônées par les Browning.

Spoiler:

Il y avait des limites à ne pas dépasser quand même et la traiter d'idiote en faisait partie. Non mais pour qui se prenait cette fille pour parler de cette famille à Knoxslay ? L'avait-elle insulté elle ? Lui avait-elle dit des mots grossiers ? Jamais, alors ce serait bien qu'à l'avenir elle garde un peu plus contenance et reste poli. Si elle n'était pas jolie, qu'elle soit au moins polie, c'était ce qu'elle avait souvent entendu dire, pas pour elle bien évidemment, mais pour les autres. Enfin, peut-être que ça lui était destinée mais Knox avait pris le parti de ne rien prendre pour elle quand il s'agissait de ce genre de remarque, pour ne pas mal le prendre, c'était mieux pour tout le monde. Tournant son visage vers elle, Knoxslay sentit la colère l'envahir et ses cheveux prirent une teinte rouge. Cela lui arrivait souvent quand elle était en colère ou qu'elle était submergée par une émotion - souvent négative soit dit en passant - son don se manifestait sans que Knox le veuille.

"A l'heure actuelle mon problème c'est ta grossièreté. Si ta pas envie de me répondre tu te tais mais tu ne me parles pas comme ça. Non mais c'est un monde d'insulter les gens dès qu'on a un pet de travers." Lâcha Knox vexée, avant de reprendre sur le même ton "Et heureusement que je ne suis pas ta mère parce que tu ne m'aurais jamais parlé comme ça !"

Bailee était pourtant dans son bon droit à prendre mal toutes ces questions, Knoxslay pouvait, si elle faisait un peu d'effort, le comprendre, mais ce que la jeune Baxter n'acceptait pas, c'était qu'on lui parle de cette façon, usant de ce ton cassant et lâchant des mots aussi peu sympathique qu'idiote. Elle était peut-être idiote mais au moins elle était polie, ça ne lui ferait pas de mal d'essayer un peu. Vexée mais un peu calmée par sa réplique, Knox reprit sa couleur de cheveux naturelle. Malheureusement, Bailee n'avait pas décidé d'être sympathique aujourd'hui. Cela dit, en y réfléchissant bien, Bailee n'était pas vraiment la personne la plus sympa du château. Soupe au lait, capricieuse, méchante, elle avait le don de refroidir une ambiance quand elle le voulait. Mais n'était-ce pas à cause de ça ou en partie du moins que Knoxslay l'appréciait ? Enfin l'appréciait, le mot était assez fort, peut-être trop pour ce qu'elle ressentait pour cette fille mais disons qu'au moins elle ne jouait pas les fausses gentilles et Knox pouvait également être elle même et rien que ça, ça plaisait à Knox.

"Que tu m'es demandée de venir ou pas ne change pas le fait que tu es là et moi aussi, du coup techniquement parlant, je suis accompagnée ... puisqu'on est deux." Oui, Knox prenait vraiment Bailee pour une débile, mais vu que l'inverse était tout aussi vrai, ça passait. "Et vu que j'ai aucun pouvoir de voyance, que je ne fais pas parti de ton fan club, je dirais que je t'ai vu passé et que du coup je savais où tu allais ... Tu vas m'engueuler parce que j'ai osé te regarder traverser le hall ?"

Toujours sur la défensive, Knoxslay était déjà prête à essuyer une nouvelle attaque de la brunette. Bailee allait certainement mal prendre le fait que Knox l'est vu passée et ait décidé de la suivre. Evidemment quand la vérité éclatera, elle va encore plus être en colère, mais cela ne dérangeait finalement pas vraiment Knoxslay qui était déjà prête à répliquer et à ne pas se laisser faire. C'était dans sa nature de faire chier son monde, volontairement ou non, alors pourquoi lutter ? Installée sur son banc, on pouvait presque croire que rien ne pouvait atteindre la jeune Baxter. C'était bien entendu faux, Knox était quelqu'un de très sensible et de très susceptible, mais se lâcher sur Bailee avait le don de faire passer la pilule. Il fallait croire qu'elles étaient capable que de ça, se hurler dessus pour communiquer ... ou alors s'envoyer des vannes.

"T'es pas non plus d'une compagnie rêvée. T'es agressive, vulgaire et hautaine, j'ai vu mieux ..."

Qui suit qui déjà ? Knox avait déjà oublié que si Bailee lui parlait c'était parce qu'elle n'avait pas le choix, la jeune Baxter avait imposé sa présence et maintenant c'était elle qui critiquait la compagnie de Bailee. Mais pour Knoxslay c'était normal, Bailee se lâchait sur elle alors elle se vengeait. Assez enfantin certes mais ça lui passait au dessus de notre quatrième année.

"Et parce que tu le dis c'est forcément une vérité absolue ? C'est ce que tu crois ? Je te laisse ton imaginaire si ça peut te faire plaisir, je préfère la logique. Je suis une fille rationnelle et ça me conviens parfaitement. "

Knoxslay n'était pas totalement dénuée d'imaginaire, il lui arrivait aussi parfois de rêver, mais elle ne tenait pas particulièrement à ce que les autres le sachent. Mais il était vrai qu'au fond, elle était plus rationnelle que rêveuse, préférant pouvoir mettre un nom à ce qu'elle voyait et comprendre le procédé plutôt que de laisser son imaginaire l'emmener un peu trop loin dans son délire et être à des années lumières de la vérité. C'est bien joli de rêver mais il faut parfois se réveiller.

HJ:

Non mais elle était sérieuse, cette gourde ?! Non seulement elle venait la chercher pour rien, mais en plus il fallait qu’elle fasse sa loi et lui dise comment elle devait s’adresser à elle. Mais il était totalement inconcevable qu’elle se laisse faire, Bailee n’avait pas pour habitude qu’on vienne lui marcher sur les pieds, les autres élèves la fuyaient comme la peste, en règle générale et elle n’était pas souvent inquiétée par les petits plaisantins qui peuplaient le château. Sauf qu’il avait fallu que l’exception pour confirmer la règle lui tombe dessus au moment où elle avait le plus besoin de calme et de solitude. Apprendre le départ précipité de sa meilleure amie avait été un choc pour la petite Serdaigle qui n’avait jamais le château sans la présence rassurante de Candlynn, c’est donc pour ressasser sa peine et sa colère que la jeune fille avait décidé de se soustraire à la vigilance des enseignants et des préfets pour se retrouver dans un coin tranquille où personne ne viendrait la déranger. Personne ? Manifestement, c’était sans compter sur Knoxslay et sa délicatesse de phacochère en obésité morbide.

« Ma grossièreté ?! Franchement, tu peux parler… » Répondit-elle en levant les yeux au ciel. « Et ce n’est pas de ma faute, tu es particulièrement irritante, je n’arrive pas à croire que tu sois encore capable de te supporter. »

Ça avait le mérite d’être clair et si Knoxslay appréciait autant la franchise et l’honnêteté qu’elle le disait, elle apprécierait au moins le geste à défaut d’aimer ne serait-ce qu’un minimum les quelques mots qu’elle venait de prononcer. Mais ce n’était pas de sa faute, de toute façon, Bailee était excédée par le comportement de sa camarade. Comment pouvait-elle avoir un tel culot et un tel aplomb dans une situation dans laquelle elle était clairement en tort ? Le problème était que la Serdaigle avait tendance à faire exactement la même chose. Bailee était la première à aimer prouver qu’elle avait raison en toutes circonstances sans se préoccuper le moins du monde de la véracité de ses propos, c’était d’ailleurs sans doute pour ça que leur relation faisait de telles étincelles, elles voyaient les choses de la même façon et avaient un comportement quasiment similaire qui donnait souvent lieu à des tensions. Sauf qu’évidemment, ce que la bleu et bronze supportait avec elle-même différait complètement de ce qu’elle était capable de supporter pour les autres et en l’occurrence le comportement de sa camarade de maison lui hérissait le poil et si elle avait pu lui mettre une tarte, elle l’aurait fait sans hésiter.

« Que ça te fasse plaisir de me reluquer, passe encore, de toute façon, tu ne pourras pas te rendre plus bizarre à mes yeux que tu ne l’es déjà, mais le fait que tu m’aies suivi me perturbe déjà sacrément plus. » Avoua la jeune fille sur un ton cinglant, sans prendre la peine de chercher à ménager la Serdaigle. « Si tu comptes sortir un couteau, m’égorger et m’enterrer au fond du parc, dis-le tout de suite, on gagnera du temps. En tout cas, je pense qu’un petit séjour à Sainte Mangouste ne serait pas superflu. »

Le fait que son amie, ou en tout cas camarade, lui avoue sans sourciller l’avoir regardée passer dans le hall d’entrée du château était déjà assez flippant en soit, quand on croisait un ami ou une connaissance à qui on voulait adresser la parole, le plus simple était encore de venir vers la personne en question et d’engager la conversation. Mais non, Knoxslay avait une vision des choses bien plus étrange et perturbante et semblait trouver parfaitement normal son comportement, ce qui en soit, faisait encore plus peur. Mais Bailee n’avait absolument aucune envie de lui expliquer que ce qu’elle venait de faire et d’avouer n’avait aucunement sa place dans les conventions sociales, elle préférait simplement l’orienter vers un bon psychiatre qui serait plus apte à l’orienter vers la guérison. Mais c’était toujours en rencontrant des personnes comme Knoxslay que la jeune fille se demandait pourquoi ses parents avaient tenus à lui faire suivre une thérapie alors qu’elle était pourtant très équilibre surtout comparée à certains de ses camarades. Malheureusement, aucun retour en arrière n’était possible et elle devrait bien faire avec.

« Je n’ai jamais prétendu le contraire, sauf que toi tu m’imposes ta présence alors que moi je ne t’ai jamais demandé de rester, si je t’indispose autant dégage, tu feras deux heureuses en une seule bonne action. »

Là, pour le coup, elle devenait réellement méchante et agressive comme le disait si bien sa camarade mais c’était plus que recherché. Jamais elle ne lui avait demandé de venir lui parler et elle n’avait pas non plus voulu obtenir son avis sur son caractère. Si elle ne se plaisait pas en sa compagnie et bien elle n’avait qu’à la planter là et partir ! En plus, Knoxslay ressentirait probablement l’intense satisfaction d’être celle qui mettrait fin au carnage qu’était devenu leur conversation. La Serdaigle savait à l’avance qu’il était vraiment une mauvaise idée qu’elle adresse la parole à qui que ce soit aujourd’hui mais cette possibilité venait de devenir une réelle certitude grâce à sa camarade qui semblait chercher les problèmes. Mettre les pieds dans le plat semblait lui procurer beaucoup de plaisir mais Bailee n’était absolument pas ravie d’être la source de cette satisfaction et comptait bien y mettre un terme. Le pire dans tout ça restait qu’elle ne semblait même pas réaliser la succession d’erreurs grosses comme une maison qu’elle était en train de commère. La Serdaigle ignorait où elle avait été éduquée mais ses parents n’avaient pas dû se montrer bien vigilant parce que leur fille était sacrément étrange et qu’elle ne risquait pas de bien tourner à l’avenir si elle continuait à se comporter de cette façon.

« Bien sûr, c’est aussi simple que ça. » Admit la Serdaigle aucunement perturbée de laisser entrevoir toute la prétention dont elle savait faire preuve. « Ton comportement explique au moins pourquoi tu es aussi désagréable, ta vie doit être bien triste. »

Si elle ne laissait place à aucune fantaisie dans son piètre quotidien d’adolescente, il était normal qu’elle se montre aussi odieuse peut-être qu’un week-end sur une plage paradisiaque ou dans un parc d’attraction pour enfant afin de réussir à s’émerveiller de quelque chose. Si rien ne la surprenait dans la vie, elle devait sacrément s’ennuyer la pauvre petite. Mais encore une fois, Bailee ne faisait pas dans le social, elle voulait juste qu’elle lui fiche la paix, l’aider n’était pas dans ses attributions.

La situation s'aggravait de seconde en seconde, plus Knoxslay répondait à Bailee et plus les choses empiraient. Il n'y en avait aucune pour rattraper l'autre, les deux étaient des boulets. Seulement même si Bailee n'aidait en rien à arranger les choses elle n'était pas la coupable dans cette histoire, seule Knox l'était. Pourquoi cherchait-elle constamment la petite bête ? Pourquoi prendre plaisir à ruiner la journée des gens ? Etait-ce parce qu'elle s'ennuyait qu'elle souhaitait que les autres ne profites pas non plus d'un moment de tranquillité ? Il y avait de la jalousie dans son comportement, c'était évident, mais pas seulement. Son mal-être devait se sentir également, même si Knox ne l'avouerait jamais, préférant nier tout en bloc et prétendre être la fille la plus heureuse du monde, satisfaite par sa vie et préférant ignorer les remarques des autres, les traitant d'abrutis et d'êtres inférieurs.

"Je ne vois pas quand j'ai pu être grossière et non, pour ta gouverne je me supporte sans aucun problème, c'est juste toi qui manque de patience."

Knoxslay ou l'incarnation de la mauvaise foi, c'était incroyable. Bailee n'était pas la première à lui faire la remarque et au fond, Knox était au courant, pourtant, malgré tout, ça ne l'empêchait pas de continuer, au contraire, ça l'encourageait. Tant que les gens ne l'aimeront pas comme ils aimaient sa soeur Aurora, elle continuera à être irritante. La question qu'on pouvait se poser était sera-t-elle capable de ne plus l'être si un jour tout le monde tombait sur la tête et l'appréciait ? Il y avait peu de chance, mais il fallait continuer à espérer. Il arrivait de temps en temps à la jeune Baxter de ne pas se supporter elle-même, ça lui arrivait même souvent mais jamais, au grand jamais, elle ne l'avouerait à Bailee. D'ailleurs jamais elle ne l'avouerait tout cours. Elle ne s'aimait pas, n'aimait pas se qu'elle dégageait et s'enfonçait inexorablement vers une route qui l'éloignait de plus en plus de son but. A constamment vouloir blesser les gens autour d'elle, Knox se faisait des ennemis, des gens qui ne seraient pas prêt de tourner la page si elle changeait un jour. En même temps il fallait les comprendre, Knox pouvait vraiment être ignoble quant elle le voulait, sans même s'en rendre compte par moment.

"Te reluquer ? Ne te prends pas pour une reine de beauté non plus, t'as rien d'un canon. J'ai dis que je t'ai vu passer, descends de ton piédestal la chute sera moins violente." Expliqua Knoslay un brin vexé qu'une fille puisse prétendre que Knoxslay était intéressée par les autres filles. Même si Noel avait certains traits relativement féminin c'était bien un garçon et à l'heure actuelle il était le seul garçon - et la seule personne - qui attirait son attention. "Et puis je ne veux pas te tuer, j'voulais juste te dénoncer. J'avais un vain espoir que tu fasses le mur pour te rendre à Pré-au-lard ou dans la forêt interdite, je t'ai suivi pour récolter un max d'infos, rien de plus, mais t'es venu ici ... c'est naze !"

Bailee avait bien de drôle d'idées parfois, pourquoi Knoxslay voudrait la tuer ? Quel serait son motif ? Ce n'est pas parce qu'elles se prenaient souvent la tête toutes les deux quand elles s'adressaient la parole que cela voulait dire que Knox la détestait. Même si le contact était très difficile entre elles, au moins Bailee n'était pas une de ses filles ennuyantes comme la pluie qui ne savaient que parler d'elles. Certes elle délirait souvent, comme cette histoire d'être soit disant attirée par elle ou d'avoir envie de la tuer, mais elle restait plutôt cool. Enfin cool, tout était une question de point de vue, bien entendu. Knox n'aimait pas les filles, elle n'était déjà pas particulièrement intéressée par les garçons alors les filles ... Certes il y avait Noel qui ne la laissait pas indifférente mais pour le moment elle n'était pas au stade d'avoir envie d'être avec lui, elle était juste au stade de ne pas comprendre pourquoi il l'avait invité elle au bal et pourquoi il se montrait gentil avec elle. Pour le moment l'un des triplés Shiver se faisait plutôt discret, mais la question restait toujours d'actualité.

"Non merci mais j'aime pas faire de bonnes actions et j'ai pas envie de partir, je suis bien ici. Mais tu peux t'en aller si tu veux, je ne te retiens pas non plus et maintenant que je sais que tu ne comptes pas faire de bêtises, je ne vais pas non plus te suivre, si ça peut te rassurer."

Si Knoxslay était douée d'humour, elle aurait certainement rajouté au début de sa phrase qu'elle n'aimait pas faire de bonnes actions car cela risquait de jouer sur son karma. Certains aimaient avoir un bon karma et d'autres, comme Knox, entretenait leur côté enfoiré. Mais voilà, Knox n'avait pas beaucoup d'humour, elle ne pensait donc pas à tout cela. Elle n'aimait pas faire de bonnes actions gratuitement, surtout pour faire plaisir à quelqu'un en particulier. Elle n'avait rien contre Bailee, elle l'appréciait plus ou moins, mais ce n'était pas suffisant pour lui donnait envie de faire un geste pour elle. Si elle voulait partir, elle était libre de le faire, mais Knox ne serait pas la première à prendre la tangente, ce serait montrer que Bailee avait gagné cette manche et il en était hors de question. Bien entendu c'était stupide de penser de cette façon, mais ça Knox ne s'en rendait pas vraiment compte.

"Certainement bien mieux que la tienne, moi au moins j'ai pas besoin d'aller me cacher au parc pour déprimer. "

Knoxslay ne savait pas pourquoi Bailee était venue se réfugier au parc mais il était évident qu'à la gueule qu'elle tirait qu'elle n'était pas au top de sa forme. Alors peut-être avait-elle vraiment eu l'intention de réviser, mais Knox sentait qu'il y avait quelque chose en plus à tout ça. Pourquoi n'allait-elle pas bien ? La jeune Baxter l'ignorait et au final s'en moquait un peu, mais elle ne démordrait pas de cette idée. Si ce n'était pas vrai et bien tant pis, elle resterait sur ses positions, peut-être qu'à force de le répéter à Bailee, elle finirait par déprimer quand même. D'une façon ou d'une autre, elle aurait raison, Knox a toujours raison, surtout quand elle a tort.

Cette fille était tout bonnement incroyable, elle ne réalisait même pas à quel point elle était désagréable ? Elle avait dû être particulièrement mal entourée durant sa jeunesse pour se comporter de cette façon, elle agissait comme si le monde tournait autour d’elle, comme si elle pouvait parler de la manière dont elle voulait à qui elle voulait sans que ça puisse avoir la moindre conséquence. Sauf que Bailee était loin d’adorer le ton qu’elle prenait avec elle et il était hors de question qu’elle la laisse adopter ses habitudes de princesse tout simplement parce qu’elle agissait comme ça avec tout le monde. La Serdaigle n’était pas comme les autres élèves, elle refusait catégoriquement de se laisser marcher sur les pieds par une personne qu’elle ne connaissait même pas et à qui elle ne portait pas la moindre affection. Malheureusement quoi qu’elle puisse dire ou faire, rien ne semblait atteindre Knoxslay qui vivait dans son petit monde dans lequel elle était au sommet et le reste du monde était à ses pieds, sauf que cet univers se heurtait à celui de Bailee qui elle aussi adorait être tout en haut de la pyramide.

« Je manque de patience avec des gens comme toi, n’en fais pas une généralité. » Répondit Bailee sans la moindre politesse. « A ce stade, c’est toute ton éducation qu’il faut revoir et je n’ai pas le courage de jouer les mamans de substitution. »

Elle n’avait pas eu de parents cette petite ? Ils ne lui avaient pas dit qu’agresser les gens sans raison n’était pas forcément bien vue dans la société ? Qu’elle n’était pas censée se mêler de la vie de parfaits inconnus simplement parce qu’elle s’ennuyait avec la sienne ? Visiblement non et Bailee n’avait plus le courage de le lui expliquer. Elle avait essayé, vraiment essayé et s’était heurté à un mur non pas en brique mais en béton, voire à cinq murs différents. La Serdaigle était douée pour se mettre des barrières et ne rien voir de ce qui l’entourait, c’était affreusement irritant pour Bailee de se rendre compte qu’aucune de ses pics ne faisait mouche, que tout lui passait au-dessus et que ça ne risquait probablement pas de changer. Pourtant, elle persévérait, elle ne parvenait pas à laisser passer toutes les paroles que lui balançait la bleue et bronze, il était invraisemblable qu’elle puisse se croire tout permis de cette façon, ça n’avait pas le moindre sens. Elle savait qu’elle aurait dû la laisser dire et ne pas lui accorder tant d’importance mais c’était plus fort qu’elle.

« Et quand tu vois passer quelqu’un tu le suis systématiquement ? Faudrait peut-être penser à consulter parce que dans le genre psychopathe, je pense que t’es plutôt pas trop mal placée là. » Reprit-elle pas gênée le moins du monde par la tournure désagréable de la conversation. « Je suis désolée de te décevoir mais je n’avais pas du tout l’intention d’aller à l’encontre du règlement, mais si un jour ça me prend, je te ferais signe comme ça tu pourras avoir l’immense joie de m’envoyer en retenue. »

Elle l’avait vraiment suivi pour ça ? Elle n’avait pas l’œil pour repérer les petits délinquants du château dans ce cas, des élèves qui faisaient constamment des bêtises, il y en avait des centaines et elle ne voyait franchement pas pourquoi elle l’avait prise pour cible. Elle avait la tête de la bonne élève, celle qui se promenait constamment avec un bouquin, qui ne raccourcissait jamais sa jupe d’uniforme, qui apprenait toutes ses leçons en temps et en heure et n’avait jamais eu de mauvaise note à un contrôle pour absence totale de révisions. Knoxslay était d’ailleurs bien placée pour le savoir, elles étaient dans la même maison et même si elles ne se parlaient quasiment jamais, elles se connaissaient au moins de vue… Son excuse semblait donc affreusement bidon mais la Serdaigle avait tout simplement choisi de ne pas relever, ça n’avait pas la moindre importance de toute façon, tout ce qui importait était qu’elle l’avait suivie et qu’elle était complètement dingue. Il fallait qu’elle se méfie de cette fille.

« Sérieusement ? Non seulement tu viens me faire chier mais en plus c’est à moi de me bouger si je veux retrouver un minimum de tranquillité ? » S’exclama-t-elle outrée par le comportement de la Serdaigle. « Ça n’arrivera pas, crois-moi. »

Visiblement, elle n’était pas encore sur le point de se débarrasser de la Serdaigle qui semblait avoir trouvé sa distraction de la journée. Bailee bouillonnait de l’intérieur, elle aurait aimé pouvoir rester un peu seule, profiter de sa tranquillité retrouvée pour réfléchir à tout ce qui s’était passé dans sa vie ces derniers temps. Le départ de Candlynn l’affectait bien plus qu’elle ne le montrait et elle avait besoin de faire le vide et de retrouver un objectif pour avancer dans sa vie. Après tout, ce qu’elle faisait d’habitude avait toujours un rapport avec le bonheur de sa meilleure amie, elle voulait lui plaire, avancer avec elle et faire en sorte qu’elle soit toujours heureuse. Ce n’était pas de l’amour, bien sûr que non mais Bailee avait toujours eu l’habitude d’être très exclusive en amitié et l’idée que la petite fille ait pu préférer retourner auprès de sa famille plutôt que de rester avec elle la rendait vraiment malade. Alors tout ce dont elle n’avait pas besoin c’était de se retrouver coincée avec une fille un peu psychopathe qui refusait de se décoller d’elle. Le parc était grand, il y avait largement assez de place pour deux et elle n’était pas venue la chercher, alors pourquoi ne voulait-elle pas mettre les voiles pendant qu’il était encore temps ? Un grand mystère qu’elle tenait à élucider.

« Je ne déprime pas ! Arrête un peu, tu ne me connais pas, ne fais pas comme si tu savais tout de moi. »

Qu’est-ce qu’elle voulait à la fin ? Lui tendre une boite de mouchoirs et la regarder pleurer en lui tapotant l’épaule ? Il était absolument hors de question que ça arrive, jamais elle ne se laisserait aller devant cette fille qui pouvait lui planter un couteau dans le dos à tout moment, prétendre que tout allait bien était nettement plus facile. Bailee était certainement trop bornée et trop fière mais son opinion ne changerait pas.