S

euls les plus assidus, ou les plus chanceux connaissaient l'immense honneur de finir dans les Livres d'Histoire. Cette phrase s'appliquait aussi pour ceux qui parvenaient à obtenir une autre note qu'un "T" à leurs examens d'Histoire... Alors que mes yeux parcouraient le programme de cours, je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un furtif sourire. Comment ces malheureux élèves allaient-ils survivre à un bourrage de crâne aussi fort ? En effet, les cinquièmes commençaient avec une révision globale du programme très condensée, ce qui faisait que beaucoup d'informations étaient à réapprendre, à retenir et à en connaître les subtilités. J'imaginais déjà leur stress d'ici quelques mois, lorsqu'il serait temps de préparer leurs BUSEs, avec des thèmes aussi pénibles à savoir par coeur. Les pauvres petits.

Enfin cette pensée ne m'apitoyait pas, au contraire, elle me faisait sourire.

Je disposais le livre d'Histoire de la Magie, obèse comme pas possible, daté de 1947, et croisais les bras en attendant que mes petits prodiges arrivent. Je ne savais pas s'ils seraient tous présents sur le front, ou si j'avais déjà perdu des combattants avant même l'affrontement historique culturel, mais ce que j'avais hâte de le découvrir...

Et je n'eus pas beaucoup à attendre.

A peine avais-je eu l'idée de mettre mes pieds sur le pupitre pour les croiser qu'une tête parfaitement coiffée et remplie de gel pénétra dans la salle, me forçant à ne pas me la couler douce. C'était Franz.

Franz Clewstone.

Un nom qu'on entendait beaucoup susurrer dans les couloirs du château, et qui avait la capacité d'occasionner différentes réactions selon les personnes qui parlaient de lui. C'était indéniablement le beau gosse de ma maison, Serpentard, et celui qui effrayait le plus. Je savais qu'Aniek, ma "nièce adoptive" le connaissait assez bien, et que des rumeurs circulaient sur son sujet. Autrement de lui je ne savais que très peu de choses vérifiées... Que des murmures...

Après m'avoir salué, salut que je lui rendis, il était parti vers le fond de la salle, la place d'habitude destinée aux élèves qui appréciaient un bon somme durant les cours. Je me demandais durant un instant si cela allait être son cas, mais j'avais comme un pressentiment que non.

J'esquissais un faible sourire...

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J'

observais le jeune garçon qui se trouvait devant moi, d'une mine réjouie.

"Oh, pas de problème, Mister Clewstone. Les révisions sont votre affaire, pas la mienne. J'ai bien d'autres sujets sur lesquels vous rabâcher les oreilles ô bien plus passionnants que les BUSEs..."

A ce moment précis, une silhouette était apparue dans la classe, dérobant mon intention de Franz lorsqu'elle vint me saluer d'un ton qui était taquin. Je sus immédiatement pourquoi...

Aniek. Ma chère Aniek. Je l'observais prendre place, alors qu'elle me lançait une habituelle pique qui me fit sourire, mais à laquelle je ne répondis pas.

J'étais perdu à regarder la jeune noiraude alors qu'elle communiquait avec son camarade de Serpentard... Et je réalisai qu'elle allait dans l'année de ses seize ans, ce qui me fit prendre un coup de vieux fulgurant. Je revoyais le petit bout de chose qu'elle était, il y avait six ans, et faisais le comparatif avec aujourd'hui... C'était indéniable... Elle avait bien grandi. Elle restait toutefois à mes yeux une jeune fille, une enfant même, qui débutait dans la vie et qui, malgré les enseignements de Tobias, avait toujours beaucoup à apprendre....
J'eus quand même un pincement au coeur en me disant qu'il était fini le temps où j'avais toutes mes chances de gagner aux parties d'échecs que nous faisions... l'époque à laquelle je me surprenais à aimer lui enseigner tous les coups foireux qu'on pouvait faire à ce jeu intellectuel... L'époque où j'apprenais que... j'adorais partager mon savoir. C'était grâce à l'enfant Frowein que j'avais su que l'enseignement était un métier fait pour moi. Et c'était ainsi en partie grâce à elle que je me tenais désormais devant ce bureau, debout, les bras croisés, écoutant vaguement d'une oreille étourdie ce que les deux jeunes adolescents avaient à se dire.


Je les laissais parloter ainsi pendant quelques minutes, alors que d'autres élèves arrivaient, observant sans cesse l'horloge se trouvant au-dessus de la porte d'entrée. Dans cinq minutes le cours commencerait. Je constatais que les élèves de cinquième n'étaient de loin pas aussi assidus que ceux de septième, et que seuls Franz et Aniek étaient venus avec une légère avance. Une partie des autres élèves vinrent pile à l'heure, et d'autres... n'étaient toujours pas là, alors qu'il restait que trente secondes...

J'espérais qu'il ne s'agirait pas de Serpentard. J'avais horreur de punir des élèves de ma propre maison, mais j'avais plus horreur encore quand on dérogeait à mes règles.

*CLOOOOONG*

L'horloge sonnait dix heures. Le début du cours. Aussi, sans me préoccuper si quelqu'un allait arriver ou non dans la classe, je sortis ma baguette magique et claquais la porte, quitte à y coincer des jeunes nez, faisant ainsi sursauter quelques rêveurs et interrompant de ce fait les bavardages.

Ca y était...

J'étais là, devant toutes ces petites têtes... à gaver, passionner, endormir, irriter. J'avais beau adopter une mine sérieuse et pour le moins amicale, je jubilais intérieurement. J'allais pouvoir enseigner, pour la première fois avec ces cinquièmes années. Aussi, car il fallait faire les choses en ordre, je commençais par une brève présentation.

"Bienvenue à tous et à toutes ! Vous êtes ici car vous avez "choisi", plus ou moins, d'étudier l'Histoire de la Magie, et c'est moi, Aygaus Lyard, mais appelez moi Professeur, qui ai été assigné pour vous enseigner cette matière."

Tout en parlant je marchais, faisant des aller-retours devant les élèves du premier rang. Mon regard se promenait parfois sur le sol, parfois sur l'ensemble de la classe, jugeant chacun de mes nouveaux étudiants, leur attribuant des qualités selon la tête qu'ils avaient, et surtout, la tête qu'ils tiraient... Je m'attardais devant quelqu'un dont les yeux peinaient à trouver pleine concentration, et continuais mon monologue.

"Je vous le dis de suite, pour certains, ce cours sera passionnant et passera aussi rapidement qu'une souris ayant MacGonagall aux fesses. Mais pour d'autres....... ce cours sera infernal. Que vous aimiez ou non ce que j'enseigne, ça m'est égal. Mais si vous daignez m'interrompre inutilement, ou nuire au bon déroulement de mon cours... Je peux vous assurer que votre punition sera... m é m o r a b l e.

Je laissais un silence planer, quelque peu perturbé par quelques chuchotements furtifs, puis je me frottais les mains, prêt à débuter réellement le cours.

"Prenez vos livres en page 12. Aujourd'hui, nous voyons le Haut Moyen-Âge. Et contenez votre joie, je vous prie...

Un thème tellement lourd que moi-même j'avais dû quelque peu me booster pour me relancer dans l'étude de ses vieux grimoires moyen-âgesques mais qui consituaient le début-même de l'ère des sorciers. Et qui étaient de ce fait des éléments vitaux pour comprendre correctement l'évolution du monde magique... Nos origines, en fait.

Je parcourais les bancs, n'hésitant pas à me saisir du livre de ceux qui peinaient à arriver à la bonne page pour les faire léviter en haut de la classe. Navré, mais mon seuil de tolérance en cours, et de manière générale, était plutôt faible... Mais je ne fis pas cas et ne commentais pas mon geste, car déjà j'expliquais la matière.

"Avante toute chose, qu'est-ce que la période Haut-Moyen-Âge ? Pour les Moldus, c'est officiellement la période de transition entre la chute de Flavius Romulus Augustus et l'an 1'000. Les personnes ne connaissant pas notre Monde de magie s'imaginent qu'il s'agit de l'époque après Rome, l'époque à laquelle la langue latine connaissait un essor particulier tandis que l'Empire des Ottoniens dirigeait le Monde.

Je m'arrêtais de marcher, et fis redescendre d'un mouvement de baguettes tous les livres lévitant qui atterrirent dans un bruit sourd sur les pupitres des inattentifs.

Nous, sorciers et sorcières, nous allons voir des choses moins barbantes. Est-ce que quelqu'un, n'importe qui, aurait une idée de ce que peuvent être ces choses moins barbantes ?...."

J'attendais, aux aguets d'une quelconque main se levant ou d'un comportement trahissant une envie forte de répondre, ou de se faire punir...

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C

e fut avec une certaine déception que je constatais que ma question restait un bon moment sans réponse. Mon regard passait d'élève en élève. J'osbservais la jeune fille blonde qui m'avait complimenté sur mon élégance, alors qu'à vrai dire j'avais plutôt des habits typiques et sans réelle originalité. Je n'avais pas répondu au compliment autrement que par un sourire courtois, c'était délicat ce genre de situation, surtout avec des élèves. Néanmoins, Miss Dunstman ne semblait pas réceptive à mon regard, et ne paraissait pas prête à combler ma question. Aussi, mes yeux allèrent se pencher sur une autre personne, ce jeune Serdaigle, un des rares à être arrivé dans les temps. Le noiraud toutefois ne répondit pas à ma question, bien qu'il paraissait y avoir été attentif.

Je m'attardais alors sur mes trois autres Serpentards adorés. Je croisais les bras et observais Miss McDell, celle qui se présumait être mon élève favorite. Elle non plus ne paraissait pas prête à élever sa voix pour venir mettre fin à cette interrogation qui restait en suspens depuis voilà une bonne minute. Je finis alors par m'attarder sur les deux Serpentards restants, fixant Aniek avec un peu plus d'insistance que Franz. Je ne sus jamais si l'un des deux fut prêt à enfin répondre, car des légers grattements se firent entendre contre la porte. Je levais un doigt, suspendu en l'air, comme pour interrompre quelconque tentative de réponse, qui m'aurait de toute façon étonné, puis marchais tranquillement entre les bancs en direction de l'immense porte en bois.

Qu'est-ce qui pouvait bien gratter contre cette porte ?

Ce n'était quand même pas la vieille MacGonagall qui voulait assister à mon cours sous son apparence de croqueuse de rongeurs, quand même ?

Avec une mine quelque peu intriguée je sortis ma baguette et ouvris la porte, laissant ainsi apparaître une toute jeune élève, accroupie derrière la porte, ses parchemins plus ou moins éparpillés, et qui semblait suivre le cours... dans le couloir. J'arquais mes sourcis dubitativement alors que je la fixais, avec une certaine pointe d'amusement pas du tout dissimulée.

"... Vous savez, si l'école a investi dans des bancs, c'est pour les utiliser, Miss... Serdaigle...

Je ne connaissais pas la jeune fille, comme je ne connaissais pas tous les élèves présents dans la classe, mais je ne m'attardais pas à lui demander son prénom, car déjà je faisais léviter l'ensemble de ses affaires. J'eus un sourire, me demandant quel serait le plus amusant. Les lancer par la fenêtre, ou les laisser suspendus juste au-dessus de la tête de l'étudiante, telle une épée de Damoclès prête à s'abattre si elle commettait un seul autre faux pas ?
J'hésitais.

Mais une chose était sûre.

"Vous êtes... En retard. Cinq points de moins pour Serdaigle. Allez, à votre place."

Je décidais de prendre l'option de Damoclès. Aussi, je choisis la place à côté du jeune Serdaigle silencieux, le petit noiraud, et fit léviter ses affaires au-dessus du pupitre, à environ deux mètres. Suffisamment pour qu'elles soient inatteignables. Puis, sans confronter le regard de la demoiselle, je m'expliquais brièvement à ce sujet.

"Je laisserais vos affaires suspendues. J'ai toutefois la bonté extrême de vous remettre votre plume et quelques parchemins, afin que vous puissiez prendre note."

Peu importait la frustration ou les protestations qui purent me gicler à la figure, je restais indifférent à toute forme d'apitoiement. Ma classe, mes lois. Un point et c'était tout.
Quitte à ce que la Directrice des Serdaigle vienne me faire des remontrances par la suite....

Aussi, ce fut comme si rien ne s'était passé que je repris là où j'en étais resté.

"Pour répondre à ma question qui a sans doute suscité TOUTE votre curiosité et attention, nous allons voir de notre côté la Guerre des Géants. La période du Moyen-Âge et Moyen-Âge central furent l'éloge du domptage des dragons et la conquête de terres appartenant à des clans de Loups-Garous. Mais celle du Haut Moyen-Âge est particulièrement marquée par le schisme et l'éclatement des relations entre sorciers et géants. En effet, tout au long des siècles précédents, aussi fous que cela puisse paraître, nos éminents ancêtres et les géants vivaient en bons termes..."

Je continuais, expliquant qu'un événement spécifique avait marqué le schisme entre l'entente soricère et les géants : la mort d'un bébé géant, apparemment due à un sorcier malfaisant, qui en fait avait été mandaté par le Ministère de l'époque pour trouver un prétexte à la guerre. Le Gouvernement primitif savait en effet que la mort d'un bébé géant créerait la fureur de ces derniers, et déclencherait ainsi une guerre. Ce qui ferait que des sorciers seraient tués par des géants. Et ainsi le Gouvernement aurait eu une raison d'allait chasser les Géants de leur terre, pour en récupérer les ressources naturelles.
Je ne faisais que peu de pose durant mes explications pour laisser le temps de noter, plus concentré à mon récit qu'à l'attention des élèves. Néanmoins, je restais attentif à toute sorte de bavardage...

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A

lors que je faisais les cent pas, continuant le récit de ce que furent les grandes guerres de l’époque avec les géants, et détaillais leurs enjeux et intérêts, j’entendais le bruit délicat des plumes qui frottaient contre les parchemins, s’activant du mieux qu’elles le pouvaient. J’offris un bref regard circulaire, pour constater que j’avais l’entière attention de ma nièce d’adoption, ce qui me fit plutôt plaisir et me rendit fier. Elle poursuivait dans la lignée de son vrai oncle, un homme intelligent, assidu et travailleur, et qui savait que la connaissance, c’était le pouvoir. Je lui offris un rapide coup d’œil plutôt complice en constatant que malgré la présence forte de ses camarades de Serpentard, elle n’avait pipé mot depuis le début de cours.

Ce n’était pas le cas de Franz que j’entendis vaguement murmurer quelque chose à Miss McDell mais je laissais faire, comme à mon habitude. Que voulez-vous… j’étais Directeur des Serpentards, j’étais bien obligé de les chouchouter un tantinet. Et Franz figurait parmi mes élèves « spéciaux ». Ceux qui m’intriguaient, ou que j’appréciais grandement. Je le regardais d’ailleurs un moment, marquant la première pause orale depuis le début réel de la leçon, permettant à certains de souffler de leur prise de note assidue.
J’observais rapidement le noiraud aux yeux clairs, sans me faire trop insistant. J’avais entendu des rumeurs à son sujet, mais les rumeurs restaient des rumeurs… Il était réputé pour ne pas mener la vie facile à ceux qui ne figuraient pas parmi ses relations privilégiées, et je me demandais brièvement s’il figurait parmi ceux qui … préféraient le sombre Lord à L’Elu. S’il était de ceux qui accordaient une importance à la pureté du sang. Oh, beaucoup de jeunes, principalement des Serpentards, se proclamaient « Néo-mangemorts », utilisaient leur vocabulaire spécifique, et n’hésitaient pas à malmener les « impurs ». Il y avait toutefois une différence notoire entre des adolescents en quête de défouloir et ceux qui croyaient vraiment en ce qu’ils disaient. Ceux qui aspiraient à devenir... des grands sorciers. Ceux qui se savaient capables de lancer des sortilèges impardonnables. Ceux qui pouvaient, ou souhaitaient le pouvoir, faire apparaître la fameuse tête de mort à serpent dans le ciel… Comme moi. Ces jeunes, ces « vrais » étaient… peu nombreux.

Franz pouvait en être un, tant il se distinguait de tous ses nouveaux Mangemorts en herbe qui iraient se cacher dans le jupon de leur mère, souvent moldue ou Née-Moldue, à la première difficulté ou frayeur venue. Il dégageait quelque chose de… spécial… L’était-il ?

Peut-être. En tout cas, il suscitait ma curiosité.

Je repris soudainement pied avec la réalité et rentamais le tour de la salle de classe, ce qui provoqua la reprise des frottements de plumes contre les parchemins. Je regardais successivement les dalles qui couvraient le sol puis mes élèves, constatant qu’Aniek n’était pas l’unique élève modèle.

C’était également le cas du jeune Serdaigle, ce noiraud muet comme un troll sourd depuis le début du cours et qui était assis à côté de sa camarade de Serdaigle. Il paraissait attentif, mais était peu impliqué. Quelle importance, du moment qu’il ne me perturbait pas. Sa petite voisine l’imitait également, s’étant muée dans un silence total depuis son « Merci Monsieur » qui reflétait toute la peur du monde. Quoi de plus normal, elle avait son livre d’Histoire, plutôt charnu et lourd, qui survolait sa petite tête et menaçait de tomber à n’importe quel instant.

Alors que je passais vers leur banc, j’offris à la demoiselle un regard plutôt sévère, sans qu’il eût réellement raison d’être, à part celui du simple plaisir de voir la petite fille effrayée, pour la dissuader de jamais revenir en retard en cours.

Je continuais alors mes pas ainsi que ma leçon et me retrouvais devant McDell qui mimait à la perfection la fille attentive. Elle avait le regard fixe, la mine apparemment concentrée, mais n’avait que peu pris de note et son regard était dénué de l’intérêt en l’histoire que j’aimais susciter. Je savais qu’elle avait dû s’enfermer dans une autre réalité depuis le début du cours mais Je fis semblant de croire à son petit jeu, sachant qu’elle ne retiendrait rien de la leçon et finirait probablement avec une note plutôt minable au futur examen. Mais ça, c’était son choix. Et les Serpentard assumaient toujours, leurs choix, n’était-il point ? Du moment qu’elle faisait honneur à la maison… et ne troublait pas mon heure…. Je ne la dérangerais pas.

Ce qui ne serait pas le cas de Miss Dunstman dont je me rapprochais avec un léger sourire malicieux. Oh, ce n’était point un sourire froid et sournois d’un professeur prêt à mettre dans l’embarras un de ses élèves, non. Plutôt d’un qui espérait pouvoir rétribuer quelques points en positif à Serpentard…

Je me plantais alors devant la jeune femme, l’observant.

Je remarquai alors qu’elle s’était coiffée d’une tresse pour maintenir à la discipline sa chevelure soignée. Je souriais.

« Saviez-vous Miss Dunstman que les cheveux tressés chez une femme était un symbole de richesse et de noblesse à l’époque que nous étudions actuellement ? »

Je marquais une légère pause, et souriais d’avantage.

Du moins, chez les sorciers. Chez les géants, saviez-vous comment ils distinguaient les éléments riches de leur société ? »

Je ne savais pas vraiment si la demoiselle avait été suffisamment attentive au cours, mais j’adressais la question de manière générale, quiconque pouvant y répondre abruptement. Néanmoins, je soutenais suffisamment mon regard pour faire en sorte que la jeune femme se sente visée par cette question. Et puis, si elle ne répondait pas, j’osais espérer qu’un de mes chers élèves de Serpentard y répondraient, après tout, c’était des points gagnés pour Serpentard… OU Serdaigle. C’était aussi peut-être l’occasion à la petite Aiglonne de rattraper les points perdus par son fulgurant retard… si elle n’était pas trop traumatisée pour oser lever la main ou prendre la parole…. Ou à son homonyme mâle de se manifester un tantinet…

Alors…

Serpentard, ou Serdaigle ?

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L

es iris de la jeune femme m’observaient, quelque peu de manière évasive. J’attendais pour ma part patiemment qu’une réponse autre que de charmeurs mots sortent de sa bouche… Toutefois, en vain. La serpentard me fit un beau sourire, avant d’affirmer avec quelque peu d’hésitation que c’était la force, qui déterminait le niveau hiérarchique. Je souris, quelque peu fièrement, je devais l’avouer. C’était bien mes élèves Serpentards. Quand bien même ils ignoraient la réponse exacte, ils savaient faire travailler leurs méninges pour ne pas répondre la plus grosse des absurdités.

Néanmoins j’étais au regret de soupirer, un tantinet déçu que la réponse attendue ne vint pas, et, de ce fait, je ne pouvais lui attribuer des points. Je croisais les bras, dépité, secouant doucement la tête de droite à gauche pour montrer que la réponse était fausse, puis me retourner.

« Ce que vous avancez n’est pas tout à fait faux, Miss Pearlman. Mais les Géants du Moyen-Age, aussi surprenant que cela puisse paraître, étaient plus… civilisés que ça. »

Tout en parlant, je fixais les yeux bleus du jeune Serdaigle qui me fixait, la main bien tendue dans les airs. Je laissais toutefois un petit laps de temps léger se faire, espérant qu’Aniek, ou Franz - pas Miss Dunstman, je savais qu’elle ne suivait rien de ce qui se passait – viendrait au secours du blason vert et argent.

Aussi, je soupirais, regardant vite la fille qui était arrivée en retard – et dont les livres lui pendaient au-dessus de la tête, menaçant - , lui intimant mentalement de remercier son petit camarade, car je n’avais aucun doute que lui saurait me répondre, ce qui, dans un élan de gratitude de ma part, rendrait tous les points perdus à Serdaigle depuis le début du cours.

Mais… cela n’arriva pas.

Au moment où ma voix allait s’élever pour donner la parole au noiraud, la porte s’ouvrit, abruptement, le bois massif dont elle était faite venant claquer contre le mur de pierre de la salle.

Je me retournais vivement, comme tous les élèves présents, une poussée d’adrénaline me montant tellement que j’avais déjà sorti ma baguette, calée entre mon pantalon et mon dos.

Toutefois, lorsque je reconnus la silhouette, habillée d’un chemisier et d’un pantalon, et dont les talons résonnaient durement contre la pierre, je la rangeais aussitôt, et affichais une mine certes surprise, mais avec un certain sourire.

« Idiya, que me vaut cett -»
« Bonjour cher frère. Pourrais tu s'il te plais avoir l’amabilité de m'indiquer la date et l'heure ? »
Peu décidée à me répondre, elle me coupa la parole pour me poser une glaciale question. Là, mes traits se raidirent, et je ne pus m’empêcher de déglutir. Je savais où elle voulait en venir… Et j’en avais un peu honte. La paperasse et la fatigue m’avaient avorté toute possibilité de la retrouver hier, et mes missives s’étaient faites rares ces derniers temps, à cause d’horaires qui me convenaient que trop peu…

Elle fronçait les sourcils, et même les muscles autour de son nez étaient crispés par la colère. Ses bras étaient croisés, fortement croisés contre son torse, et il me semblait que même ses iris seraient capables de lancer un Avada kedavra tant ils étaient froids.

Bref, ma sœur était en pêtard.

Toutefois, accordant un bref regard circulaire à l’ensemble de mes élèves, je me ressaisis, et tentai de calmer le jeu.

« Petite sœur, je passerai te voir dès la f-»

dès la fin du cours… Du moins, c’était ce que je voulus dire, car elle me coupa à nouveau par un assaut auquel je m’attendais que très peu. Sa voix, pourtant d’habitude si douce et calme, se transforma en un véritable typhon, ravageant toute quiétude, détruisant toute sérénité, et tellement fort, qu’il en faisait presque écho contre les murs de la classe.

Ma bouche était entrouverte, tant la surprise était grande. Il me fallut attendre la fin de son récit pour comprendre la raison d’une telle colère.

En effet, lorsqu’elle évoqua l’accident de magie, toute la colère, ou la frustration ressentie à cet instant s’envola. Elle avait débarqué dans mon cours, m’avait hurlé dessus, cela m’avait agacé. Mais désormais que j’en savais les raisons, je m’adoucis, cette fois parce que … j’étais désolé…
Certainement que les élèves présents la catalogueraient au rang de paranoïaque instable, mais seuls elle et moi savions que sa réaction était justifiée.

Lorsqu’on avait perdu sa mère dans des circonstances de la sorte, qu’on avait un père à Azkhaban, et un frère qui faisait d’obscures choses, et qu’il ne restait que nous deux, et que l’autre ne donnait plus de nouvelles, chose inhabituelle, et qu’en même temps on déplorait des morts …

Cela avait de quoi rendre hystérique d’inquiétude n’importe qui.

Je voulus alors me rapprocher d’elle, la serrer dans mes bras, mais je me retins. Déjà, il y avait l’ensemble de mes élèves.

Ensuite, Idiya n’était sûrement pas d’humeur, parce que ses yeux étaient quelque peu rougis par la rage, ou la tristesse, je ne saurais le dire, et qu’elle m’affirmait que si je ne voulais pas la voir – ce qui diantre n’était pas le cas – je n’avais qu’à l’en informer.

Je voulus alors protester, lui montrer que là elle faisait de stupides raccourcis dans sa tête, et que c’était sérieusement qu’une affaire de circonstances qui m’avait rendu muet et absent ces derniers temps, mais encore, ma tentative fut avortée.

Elle me tendit mon journal, ce qui empêcha quelconque son de sortir de ma bouche. Je fus…

Horriblement… honteux.

Elle avait dû le consulter, c’était certain.

Ce qui expliquait d’avantage sa colère. Je me saisis du manuscrit, l’air interdit, inquiet à l’idée de ce que pouvait bien penser désormais ma petite sœur de moi. Pensais-je que j’étais comme Jyson ? Ou… pire. Comme… Naël ? Me détestait-elle ? Je savais qu’elle n’avait jamais approuvé les idéologies que je partageais, avec Tobias, et que Jyson avait aussi, toutefois, elle ne nous avait jamais détestés pour ça, même en ce qui concernait l’oncle d’Aniek.

Mais je remarquais à la vue de son visage crispé que ce n’était pas pour lui plaire. Je m’avançais, cassant la distance physique qu’il y avait entre nous, pour tenter de briser celle psychologique s’étant créée.

En vain.

Sa main rencontra ma joue, produisant un son abrupt, vif, et rougissant de ce fait grandement mon visage, qui resta toutefois immobile, malgré la violence de l’impact. Mes muscles masséters se crispèrent, peu satisfaits de l’issue de notre dispute, et je dus me retenir de ne pas empoigner de force Idiya pour quand même la serrer dans mes bras et la rassurer, histoire d’évaporer toute la haine qu’elle ressentait à l’instant présent. Mais je ne le fis pas, il y avait des élèves, et de plus, elle ne m’en laissa pas réellement le temps, car voilà déjà qu’elle tournait les talons, me reprochant de lui avoir fait le « pire » des cauchemars de toute sa vie. Je la regardais partir, sous son injonction que je devrais tarder, avant de claquer la porte, provoquant son tout dernier vacarme.

Comme une tempête, après son passage, la classe était… silencieuse, presque morbide… Et moi… dévasté.


J’accordais un regard en coin au jeune Serdaigle, et souris d’un sourire qui n’en était pas réellement un.

« Vous pouvez baisser votre main, Mister »

Ma voix s’était faite lasse, et je m’avouais… soudainement empli d’un grand vide, comme si la venue de ma petite sœur avait enlevé toute envie de partager ce cours, et de le poursuivre. J’allais d’ailleurs très certainement y mettre un terme… Quitte à m’acquitter de la colère de la vieille McGonagall, ou des élèves – bien que je doutais plus qu’ils sauteraient intérieurement de joie qu’ils râleraient à ce sujet.

« La réponse était : selon leurs parures. Plus un géant revêtait de couleurs, plus il était riche et influent. Révisez – bien pour le prochain cours. Vous risquez d’avoir un test, selon mon humeur. »

Et, au vu des circonstances, il était clair que le test, ils allaient probablement l’avoir.

Alors que je les priais de prendre congé et que mes élèves s’affairaient à ranger leurs affaires, je ne pus m’empêcher de glisser ces dernières paroles, avant de m’éclipser par la porte, m’apprêtant à me rendre au bureau.

« Au passage, j’ai été ravi de vous présenter ma petite sœur, Idiya. »

Précisions !:

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