Protéger la nature avait toujours été une vocation pour Rhiannon qui estimait qu’il était de son devoir faire entendre la voix de ceux qui n’avaient pas l’usage de la parole. La faune et la flore avaient trop souffert des récents comportements humains pour qu’elle puisse se permettre de baisser les bras. Il n’était pas toujours facile d’affirmer son opinion à ce sujet parce que les adolescents de quatorze ou quinze ans n’étaient pas le meilleur public qu’elle aurait pu demander dans de pareilles circonstances. En règle générale, les élèves de Poudlard avaient tendance à se soucier nettement plus de leur tenue vestimentaire, des personnes qu’ils voulaient séduire et de leurs résultats scolaires que de la préservation de l’environnement. Mais la vipère ne désespérait pas, restant toujours positive avec l’idée qu’un jour, peut-être, son avis sur la question serait entendu et approuvé par ses pairs. En attendant que ça se produise, elle multipliait les campagnes publicitaires pour se faire connaitre, distribuant ses prospectus à toutes les personnes qu’elle croisait lors de moments programmés à l’avance. En tant que Serpentard, elle avait également le droit de faire face aux innombrables clichés qui lui pourrissaient un peu l’existence et ne l’aidait pas à mener à bien sa mission, mais de temps à autres, il lui arrivait d’obtenir gain de cause et c’était ces petits moment, rares mais existants, qui la poussaient à continuer.

Aujourd’hui, elle avait prévu de distribuer des tracts pour rappeler à tout le monde l’importance des dons monétaires, elle avait passé des heures à les mettre en place, il lui avait fallu définir la couleur de l’écriture, les images, ce qu’elle allait écrire dessus, trouver du papier recyclable pour pouvoir les imprimer et surtout obtenir l’autorisation de l’école pour pouvoir les afficher. En plus, Rhiannon avait dû faire en sorte de ne louper aucun cours pendant une semaine pour obtenir l’appui de la direction ce qui avait été très dur pour elle puisque la vipère adorait plus que tout passer des heures dans les couloirs vides de l’école à la recherche d’une énième bêtise à faire. Mais tant pis, elle avait réussi et depuis le début de la journée, elle harcelait les élèves qu’elle croisait pour qu’ils prennent un de ses précieux papiers et en disposait partout dans les couloirs et sur le panneau d’affichage, dans l’espoir qu’ils soient aperçus par tous. La fin de la journée approchait et même s’il faisait encore bien jour dehors, la Serpentard se sentait exténuée. Elle hésita brièvement à renter dans son dortoir pour s’écrouler dans son lit mais finit par opter pour un tour rapide du parc de Poudlard à la recherche d’élèves qui auraient échappé à son investigation journalière. Il lui restait encore quelques papiers à donner et rentrer les mains vite dans sa salle commune aurait été une belle fierté. C’est donc avec motivation qu’elle franchit la lourde porte du hall d’entrée pour se retrouver à l’extérieur.

Elle marchait depuis un moment maintenant et s’était déjà arrêté auprès de trois groupes d’élèves plus ou moins avenants et compréhensifs. Son travail avait porté ses fruits et il était grand temps de rentrer se coucher maintenant, elle était vraiment épuisée et les cours du lendemain matin promettaient d’être difficiles si elle ne faisait pas une sieste, voire inexistants puisqu’après une semaine sans pouvoir sécher un seul cours, Rhiannon commençait à être réellement en manque. Mais alors qu’elle allait rebrousser chemin, son regard fut attiré vers le lac où une silhouette semblait nager dans les eaux sombres. La vipère fronça les sourcils, tout le monde savait que nager par-là était une très mauvaise idée, le lac regorgeait de créatures peu recommandables qu’il valait mieux éviter sous peine de le payer de sa vie et Serpentard ou pas, elle n’allait pas laisser un pauvre innocent se jeter dans la gueule du loup sans réagir. Sans plus réfléchir à ce qu’elle faisait, la vipère se dirigea donc au bord de l’eau, heureuse de constater que l’élève en question semblait être en train de regagner le visage, c’était un garçon au visage juvénile qui ne semblait absolument pas se rendre compte de la dangerosité de son acte. A croire qu’il n’avait pas lu les légendes et ne connaissait rien de Poudlard, pourtant il ne semblait pas être en première année, elle aurait plutôt parié pour cinq, peut-être une de plus ou une de mois mais il était tout de même loin d’être un enfant. Arrivée à portée de voix, Rhiannon s’arrêta, repérant son sac et ses vêtements posés sur l’herbe. Etait-il dans l’eau depuis longtemps ? C’était difficile à dire mais il fallait surtout espérer qu’il en sorte vite.

« Eh ! » L’interpella-t-elle en essayant de se faire entendre. « Tu veux mourir ou quoi ?! Le lac est super dangereux, remonte ou tu vas avoir des problèmes. »

Son avertissement était plus que clair et il fallait réellement espérer que le jeune homme l’ait entendu. Rhiannon n’avait pas forcément le temps d’aller chercher de l’aide et elle ne voulait pas créer d’ennuis à son camarade qui risquait pourtant d’en avoir s’il se faisait prendre par le concierge ou par un préfet. La vipère avait toujours tendance à faire preuve de gentillesse bien qu’elle ne connaisse absolument pas son interlocuteur, il lui semblait normal de tout faire pour essayer de le tirer de ce mauvais pas. Certes, elle n’avait pas pour habitude de mâcher ses mots, mais sa franchise ne faisait pas d’elle une personne méchante, bien au contraire, elle était juste simple et naturelle ou en tout cas, elle essayait de l’être. Sans quitter des yeux le garçon, la Serpentard attendait patiemment qu’il remonte sur la rive pour pouvoir pousser un soupir de soulagement.

« Bonjour. Content de voir que des filles se soucient de moi. Je m’appelle Chris Hummel, je suis à Serdaigle. Et tu es...? »

Le jeune homme venait enfin de regagner le rivage et c’est avec soulagement que Rhiannon s’avança pour aller à sa rencontre, il semblait être un garçon sympathique et il n’avait pas l’air d’être le dernier des imbéciles non plus, ce qui était étonnant puisque les personnes qui tentaient l’aventure en allant dans le lac, étaient en général des élèves inconscients simplement désireux d’impressionner leurs camarades. La Serpentard pouvait totalement comprendre leur envie de s’amuser un peu et de faire quelque chose d’interdit, elle-même était une grande adepte de ce genre de pratique. Son hyperactivité l’empêchait de tenir en place et aller à l’encontre des règles instaurées était un passe-temps dont elle ne parvenait pas à se défaire. En même temps, c’était seulement lorsqu’elle prenait le risque de se faire prendre que la vipère ressentait cette poussée d’adrénaline qui lui donnait brusquement des ailes et l’envie de tout affronter. Bien sûr, ce n’était pas uniquement dans cette situation qu’elle y parvenait puisque le Quidditch avait également toujours été pour elle un moyen d’évasion, elle pouvait se donner à fond, prendre de la vitesse, se mettre volontairement en danger pour connaitre ces grands frissons qu’elle affectionnait tant. Sauf que c’était un danger maitrisé, Rhiannon pratiquait le Quidditch depuis sa plus tendre enfance, elle avait donc toujours été très à l’aise sur un balai et ne commettait pas d’acte inconsidéré et c’était bien ce qu’elle reprochait à bon nombre de ses camarades qui voulaient faire les malins au péril de leur vie et de leur santé, voire au détriment d’autres élèves qui ne leur avaient rien demandé. Elle était peut-être une verte et argent mais elle était loin d’être sans cœur et ce genre de comportement lui paraissait insupportable.

« Jusqu’à preuve du contraire, je ne suis pas des filles, mais une fille, alors il n’y a pas franchement de quoi s’emballer. » Lui répondit-elle avec un grand sourire. « Je suis navrée de te décevoir. »

Il avait eu l’air de plaisanter en parlant de son intérêt soudain pour lui et elle aimait bien ce genre de garçon qui ne se prenait pas la tête et ne pensait pas constamment à impressionner les filles. D’ailleurs, elle ne savait pas vraiment comment ses copines faisaient pour flasher pour l’un ou l’autre des élèves de l’école, elle-même avait l’impression d’être très souvent confronté à de jeunes gamins immatures incapables d’être sérieux et c’était parfois usant à la longue. C’était un peu paradoxal en réalité, puisque Rhiannon avait toujours recherché un certain manque de sérieux, les garçons avec lesquels elle aimait passer du temps étaient principalement ceux qui avaient un goût assez prononcé pour l’aventure, la traitaient comme une vraie copine au lieu de voir un potentiel morceau de viande et donc ceux avec lesquels elle avait l’impression d’être sur le même pied d’égalité. Ça avait été le cas avec Flynn, un Gryffondor vraiment très gentil qui s’amusait à faire bêtise sur bêtise, provoquant le concierge qui ne pouvait plus le voir en peinture, mais il avait terminé sa chaotique scolarité à Poudlard désormais et elle s’était bien rendue compte que garder contact avec son ami n’était pas toujours évident. Ils avaient des vies bien séparées désormais et prendre le temps de se retrouver n’était pas toujours leur priorité. Toutefois, ils restaient quand même en bons termes et Rhiannon espérait encore réussir à le revoir lorsqu’elle entrerait à l’université ou pour les rares vacances scolaires qu’elle aurait à sa disposition. Etre dans un pensionnat avait des avantages, comme celui d’être loin de sa famille, mais aussi des inconvénients et le manque de liberté en faisait partie. Mais ça faisait bien quatre ans qu’elle devait y faire face et la vipère en avait pris l’habitude. De toute façon, sa scolarité était loin d’être terminée, elle en avait encore pour un moment.

« Je m’appelle Rhiannon, je suis à Serpentard. Ravie de faire ta connaissance. »

La politesse aurait voulu qu’elle se présente avant de le taquiner comme elle venait de le faire, mais le fameux Chris semblait être un garçon sympa et elle n’aimait de toute façon pas trop les conventions, préférant largement les éviter lorsqu’elle en avait la possibilité. Et puis, c’était un Serdaigle, il avait donc dû partager un bout de sa salle commune avec son frère lorsqu’il était encore à Poudlard et rien que pour ça, elle l’aimait bien. Bien sûr, Rhiannon se rendait compte à quel point c’était stupide, ce n’était pas parce qu’ils avaient eu la même décision de la part du Choixpeau qu’ils étaient forcément les meilleurs amis du monde, d’autant plus qu’ils avaient vraisemblablement une petite différence d’âge et que les élèves appartenant à Serdaigle étaient assez nombreux pour que tous ne se connaissent pas, mais son grand-frère lui manquait, tous les moyens étaient donc bon pour qu’elle ait quelques souvenirs. Qui plus était, Elian n’avait pas été n’importe qui chez les bleu et bonze puisqu’il était préfet de sa maison et donc forcément connu de tous, elle ne savait pas trop à quel point il avait été apprécié ou pas, par ses camarades, mais il avait eu l’air très heureux de sa dernière année à Poudlard malgré la tyrannie du nouveau directeur qui ne lui avait pas franchement permis d’exploiter ses fonctions au maximum. Mais le jeune homme avait toujours été plein de ressources et elle avait cru comprendre qu’il avait quand même réussi à trouver des alternatives pour faire des élèves qui composaient sa maison, une grande famille soudée face à l’adversité qu’ils étaient obligés de traverser. En tout cas, il pouvait au moins se vanter d’avoir fait quelque chose que les Serpentard n’auraient jamais, l’ambiance de leur maison n’était pas idéale et Rhiannon se demandait toujours aussi souvent pourquoi elle avait atterri là.

« Tu comptes m’expliquer la raison de cette tentative de suicide ? » Demanda-t-elle sur un ton léger. « Et rhabille-toi par pitié, tu me donnes froid. »

Bon, c’était sûrement un peu fort comme mot pour décrire cette petite baignade même si celle-ci était un eu dangereuse, mais elle avait vraiment envie de savoir ce qui avait pu lui passer par la tête pour qu’il décide de faire un petit plongeon, d’autant plus qu’on était tout de même en octobre, et non pas en plein milieu de l’été, alors certes, Rhiannon n’avait pas encore sorti bonnet et écharpe mais elle considérait tout de même qu’il ne faisait pas assez chaud pour profiter de ce genre de distraction. Comme quoi, Poudlard accueillait toujours des élèves aussi bizarres.

Spoiler:

« Tentative de suicide, je ne sais pas. Je voulais juste me baigner un peu. Je sais que c'est dangereux mais je fais attention. Et me voilà rhabillé. »

Elle avait juste voulu plaisanter mais Chris semblait très sérieux et la jeune fille s’en voulait presque. Elle savait pourtant qu’il ne valait mieux pas plaisanter avec ce genre de choses, mais c’était sorti tout seul. Son frère n’avait pas arrêté de lui répéter qu’à partir du moment où elle ne connaissait pas les gens et leur vécu, mieux valait ne pas s’aventurer sur cette pente glissante, rien ne lui disait que le Serdaigle n’avait pas connu un drame familial qui l’empêche de prendre sa phrase à la légère, et même s’il ne semblait pas non plus perturbé par ses mots, elle avait des doutes quant à la pertinence de ce qu’elle venait de sortir. Rhiannon était un peu tout le temps comme ça, elle avait une fâcheuse tendance à réfléchir seulement après avoir parlé ce qui lui jouait bien souvent des tours avec ses petits camarades, elle criait haut et fort qu’elle n’était pas comme les Serpentard qui entretenaient la mauvaise réputation de leur maison par leur méchanceté gratuite et la capacité qu’ils avaient à se défouler sur leurs camarades, mais parfois sans le savoir, la vipère faisait preuve d’un peu trop de franchise et pouvait blesser amis comme camarades. Il y avait quand même une différence entre être direct et naturel et être méchant mais elle reconnaissait sans mal que la barrière pouvait être mince et elle faisait son possible pour réussir à ne pas la franchir. Toutefois, elle se voyait mal s’excuser dans le cas présent, ça mettrait forcément un froid entre eux et Chris avait l’air d’un garçon gentil avec lequel elle pourrait parler le plus normalement du monde, créer une gêne était certainement stupide.

« T’es un peu bizarre quand même… Ce n’est pas comme s’il faisait quarante degré dehors, t’as des lubies un peu étranges. » Lui fit-elle remarquer sans prendre la peine de filtrer ses propos, après tout il n’y avait aucune méchanceté dans ses paroles et elle avait l’habitude d’être franche et directe. « Non, sérieusement, évite de faire ça, si tu étais tombé sur un préfet ou sur le concierge, tu aurais eu de gros problèmes. »

Pour le coup, ce n’était absolument pas méchant mais totalement réaliste. Si on avait été en plein mois d’aout, avec une chaleur écrasante et rien à faire, elle aurait pu comprendre qu’un ou plusieurs élèves aient l’idée d’aller se baigner dans le lac malgré les dangers dont on les prévenait de manière régulière, mais là, il n’y avait rien qui pouvait donner envie. Il ne faisait pas si chaud que ça dehors, les cours avaient repris ce qui leur donnait à tous un certain nombre de devoirs à faire et en parallèle il y avait les entrainements de Quidditch, les amis, les soirées organisées et autres festivités qui ne laissaient pas vraiment le temps de s’ennuyer. En tout cas la jeune fille, même en prenant en compte son affreux manque d’assiduité face au travail scolaire, ne trouvait pas vraiment le temps de glander comme elle aimait parfois le faire. Ecrire à son frère était d’ailleurs assez rare en ce moment et elle le déplorait mais le jeune homme ne lui répondait pas non plus à une vitesse affolante donc elle pouvait bien se permettre de faire trainer et avec un peu de chance Elian croirait qu’elle était absorbée par son travail scolaire. La cinquième année était très importante, c’était le moment des BUSEs et la vipère voyait tous ses petits camarades commencer à stresser parce qu’ils craignaient de pas pouvoir continuer les matières qu’ils voulaient l’année prochaine. Mais en toute honnêteté, la vert et argent s’en fichait complètement, elle aimait aller où le vent la portait sans avoir la moindre petite considération pour son avenir, elle voulait simplement profiter de la vie et y parvenait bien.

« Eh bien, en tout cas, merci de m'avoir tiré de là. Tu sembles être une fille très bien. Je ne connais très peu mais je n'ai entendu que du bien de toi dans les couloirs. Tu sembles être une élève spéciale et unique. Tu es assez engagée, ce qui pourrait faire que je t'aime bien. Tu te préoccupes de la nature et j'aime la nature aussi. Je ne te vois pas de défauts. Enfin pas là, comme ça. Bref tu sembles être une fille bien. »

La surprise lui fit lever les sourcils et ouvrir la bouche pour la refermer aussitôt sans qu’aucun son ne sorte. C’était définitif, ce garçon était particulièrement étrange, elle ne savait pas du tout ce qu’il avait pris comme drogue avant de venir se baigner mais ça devait être particulièrement puissant. Après, elle n’avait pas non plus à se plaindre, Chris s’était montré gentil et presque touchant dans la description qu’il venait de le faire, contrairement à beaucoup d’autres élèves, il n’avait pas uniquement pensé à critiquer sa passion pour la faune et la flore qui la poussait à entretenir l’association qu’elle avait créée et à se lancer dans de longs débats enflammés avec des personnes pour qui l’écologie semblait être loin de devenir une priorité. Tant mieux, elle était au moins sûre de ne pas être tombé sur le dernier des imbéciles ce qui était une chance puisqu’ils étaient tout de même particulièrement nombreux à l’intérieur du château. Mais Rhiannon avait malgré tout beaucoup de mal à comprendre ce qui pouvait bien le pousser à être si démonstratif alors qu’il ne la connaissait pas du tout. La vipère n’était pas une fille timide, loin de là, même, elle n’avait pas la moindre difficulté à aller vers les autres ce qui était une faculté qui l’aidait beaucoup au quotidien mais de-là à parler de cette façon à une simple connaissance, elle ne se le serait pas permis.

« Oulala… C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui m’analyse comme ça au premier coup d’œil… Ça fait presque peur. » Répondit-elle en riant légèrement. « Déjà tu m’apprends quelque chose, je ne savais pas qu’on parlait de moi, mais tant mieux, c’était un peu le but de cette distribution. Pour ce qui est d’être une fille bien, je tente de l’être, ce n’est pas toujours évident de faire les bons choix, et en effet la nature me passionne et j’estime qu’elle devrait être plus préservée… Mais je suppose que tu ne rêves pas d’en entendre parler sinon tu m’aurais déjà demandé de te filer un prospectus. »

Aucune trace de méchanceté dans ses paroles, elle lui faisait comprendre qu’elle trouvait un peu étrange la façon dont il se comportait avec elle sans pour autant lui demander d’arrêter, c’était quand même agréable de rencontrer quelqu’un qui ne se laissait pas enfermer par les tabous imposés par la société et qui osait dire ce qu’il pensait à voix haute, tant que ça restait positif. Toutefois, Rhiannon pressentait qu’elle ne devait pas être la première à se montrer surprise face à un tel comportement pas du tout anodin.

« Déjà merci de me dire que je ne suis le premier à t'analyser du premier coup d'œil. Ensuite bah on m'a parlé de toi donc oui on parle de toi. Pour être une fille bien, on essaye tous d'être des gens biens. Je comprends donc que tu tentes de l'être. Je confirme, ce n'est pas facile de faire les bons choix mais chacun fait de son bien. Pour la nature, même si je ne veux pas de prospectus, je pense que tu fais de bonnes choses. »

La jeune fille l’écouta en souriant, toujours un peu étonnée de la manière dont ce garçon s’adressait à elle. Finalement, lorsqu’elle avait dit qu’il était un peu bizarre, elle avait peut-être un peu atténué la réalité parce qu’en fin de compte, il lui paraissait même carrément étrange. Ce n’était pas tous les jours qu’elle était confrontée à une personne qu’elle ne connaissait absolument pas et qui lui parlait comme s’il la connaissait depuis des années. C’était très perturbant, trop de franchise pouvait parfois être un peu déstabilisant et pourtant Rhiannon n’était pas du tout difficile, elle était sociable, plutôt agréable à vivre et pas très exigeante ce qui lui permettait d’apprécier très facilement les personnes qu’elle rencontrait parce qu’elle ne perdait pas son temps à les juger. C’était aussi sûrement pour cette raison qu’elle appréciait plus facilement la compagnie des filles que celle des garçons. Ses amis dans la gente masculine restaient bien plus simples et plus abordables que ses copines. Les prises de tête n’avaient jamais été le point fort de la Serpentard qui trouvait la plupart du temps qu’elles étaient dénuées d’importance et complètement surréalistes. Un tout petit rien pouvait prendre de folles proportions dans un groupe de filles alors que lorsqu’elle était avec des garçons, il n’y avait quasiment pas de conflits ou alors ils se réglaient relativement facilement et ça ne pouvait que lui faire plaisir puisqu’elle ne les appréciait vraiment pas.

« Qui t’a parlé de moi ? » Demanda-t-elle en fronçant les sourcils. « Je trouve ça étonnant. »

C’était peut-être de la curiosité mal placée mais elle devait avouer que ça la surprenait de savoir que quelqu’un pouvait avoir eu envie de parler d’elle à un garçon de Serdaigle à qui elle n’avait jamais adressé la parole. Elle savait bien qu’il y avait une tonne de rumeurs circulant dans l’école, mais la plupart d’entre elles connaissaient les élèves un minimum populaires et elle n’en faisait pas franchement partie. La plupart du temps, lorsqu’on parlait d’elle, c’était parce qu’elle était lancée dans une de ses campagnes de sensibilisation destinée à sauver la planète et à faire connaitre son association par les autres élèves. Donc si Chris ne l’avait connu que pour ça, elle n’aurait pas été aussi étonnée mais il semblait aussi en savoir long sur son caractère et sa façon d’être et c’était quelque chose qu’elle n’écrivait pas forcément sur les flyers. Rhiannon essayait vraiment de distinguer son association qui n’était qu’une personne morale dénuée de sentiments, une vraie entreprise avec un logo et de la publicité comme on pouvait en voir partout. Elle ne faisait que gérer ce qu’elle avait créé mais elle faisait bien en sorte que chaque chose soit indépendante. La jeune fille aimait ce qu’elle faisait et c’était le principal mais elle aurait aussi aimé que son travail soit reconnu par les autres. Malheureusement, parmi les choses qu’elle aimait, il y avait aussi avoir raison et rétablir la vérité, hors les paroles de Chris ne semblaient pas respirer la véracité et elle n’allait pas pouvoir s’empêcher de le lui faire remarquer.

« Je ne crois pas qu’on essaye tous d’être des gens bien, ce qu’on tente de faire, c’est simplement de suivre nos convictions, bonnes comme mauvaises, d’être fidèles à nous-mêmes si tu préfères… Tu crois vraiment que celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, pour ne citer que lui, tentait de faire le bien ? Il ne voulait que le pouvoir et cherchait à faire le maximum pour l’obtenir, pas à être une bonne personne. Il a plutôt bien réussi d’ailleurs. »

Peut-être ne s’était-elle pas montrée assez convaincante, mais elle avait dit exactement ce qu’elle pensait et de la manière la plus précise possible, exemple à l’appui. Rhiannon avait du mal à croire que tout le monde puisse vouloir faire le bien autour de lui, elle avait atterri parmi les Serpentard et elle avait fait assez de mauvaises rencontres pour savoir que tout le monde n’était pas né pour répandre le bonheur. Il suffisait de croiser quelqu’un comme Ryan, l’ancien préfet qui faisait tout pour tenter d’éradiquer les nés-moldus de la surface de la planète. Il avait tenté toute l’année de leur rendre la vie impossible et il n’avait pas trop mal réussi puisqu’il y avait pratiquement eu une sorte de guerre civile à l’intérieur de l’établissement. Rhiannon doutait qu’une personne comme lui soit convaincue d’agir pour la paix dans le monde, il se contentait de vouloir faire appliquer ses idéaux de façon à ce que tous les événements jouent en sa faveur, évidemment. Chris vivait peut-être un peu trop dans le monde des licornes en peluche pour le coup, et l’idée que quelqu’un puisse vouloir l’en sortir n’allait sûrement pas lui plaire, mais c’était pour son bien, il fallait bien que quelqu’un se charge de le ramener à la réalité.

« Tu excuseras ma franchise, je sais qu’on ne se connait pas très bien, mais je trouve ça très facile de dire que je fais les choses bien pour la nature mais que tu n’es pas prêt à faire de même… Si vraiment tu pensais que mon action pouvait avoir une quelconque utilité, tu ne resterais pas les bras croisés, tu essaierais de te bouger les fesses pour faire avancer les choses, parce que ça te paraitrait important pour ton propre bien et celui des générations futures. Manifestement, c’est loin de te préoccuper puisque tu préfères ton propre confort personnel allant de pair avec une certaine fainéantise. »

Lorsqu’il s’agissait de son association, la jeune vipère pouvait se montrer assez virulente mais elle avait du mal à supporter l’inaction, elle ne demandait à personne de juger ce qu’elle faisait puisque c’était ce qu’elle savait faire de mieux et qu’elle n’avait pas du tout l’intention de s’arrêter mais au lieu de la complimenter aussi gentil que ça puisse être, elle voulait surtout que chacun regarde son nombril et se rende compte qu’il pouvait être utile pour avancer. Mais ce n’était visiblement pas le cas de Chris et elle allait tout tenter pour le faire changer.

« Je ne sais plus. Peut-être que j'ai juste entendu parler de ta campagne. »

La jeune fille fronça les sourcils, toujours aussi étonnée par ses propos. Elle avait un peu de mal à croire que quelqu’un soit venu parler d’elle en bien à propos de ses différentes campagnes. Certes, il lui arrivait très régulièrement de promouvoir son association avec des panneaux d’affichages, tracts et autres joyeuseté, mais de ce qu’elle en savait, ça enquiquinait ses camarades plus qu’autre chose et même si elle trouvait ça dommage, elle ne leur en tenait pas rigueur. Du coup, elle se demandait vraiment qui, parmi tous ses camarades insensibles à ses remontres, pouvait bien avoir eu envie de parler positivement de son travail. Mais en soit, ça n’avait pas beaucoup d’importance, le mieux était surtout que cette information soit réelle. Après tout, Rhiannon ne pouvait pas supprimer l’éventualité qu’il ait tout inventée pour lui faire plaisir. Chris ne semblait pas avare de compliments et même si c’était gentil et flatteur de sa part, la vipère avait totalement conscience qu’elle devait prendre du recul et éviter de le prendre au pied de la lettre, il y avait de fortes chances pour qu’une partie sorte tout droit de son imagination manifestement fertile. S’il voulait lui mentir, c’était son problème, ça n’allait pas changer la vie de la jeune fille pour autant. Bien sûr, elle aurait trouvé plus que dommage qu’il agisse de la sorte en connaissance de cause, mais on ne pouvait pas changer la nature profonde des gens et si la vipère se permettait de conseiller ses proches amis, il ne lui serait tout de même pas venu à l’idée de critiquer le caractère d’une personne qu’elle venait à peine de rencontrer. Chris était un petit nouveau dans sa vie et elle ne le connaissait pas assez pour le juger, mais il était parfois un peu difficile de garder l’esprit ouvert, elle s’en rendait bien compte.

« Tant que tu entends parler en bien, c’est le principal. » Finit-elle par déclarer, laissant aire ses interrogations. « Tu es vraiment un garçon étonnant… Je ne dis pas ça de manière négative, mais c’est un peu déstabilisant. D’ailleurs, je trouve ça étrange de ne pas avoir entendu parler de toi avant, si tu te comportes comme ça avec tout le monde, il y aurait dû y avoir des échos. »

L’excentricité passait rarement inaperçue et Rhiannon était bien placée pour le savoir puisqu’elle en faisait très régulièrement les frais. Les autres élèves ne comprenaient pas tous son côté garçon manqué et beaucoup se moquaient d’elle à ce sujet. Sauf que la vipère ne se souciait que très peu du regard des autres. Bien sûr, elle aimait entendre des compliments à son sujet, elle restait humaine avant tout et trouvait plaisant de voir sa personnalité reconnue tout comme son association, bien entendu. Cependant, elle avait dû apprendre à passer au-dessus des nombreuses critiques qu’elle avait pu entendre tout au long de sa scolarité. De nombreux élèves s’étaient moqués d’elle parce qu’elle avait longtemps désiré changer de maison pour aller à Serdaigle. Ce n’était pas son intelligence qui aurait pu la pousser à aller dans cette maison, elle en avait bien conscience mais la présence de son frère lui avait donné envie de le rejoindre, c’était une question de liens familiaux et non pas de personnalité et peu de personnes avaient semblé le comprendre à l’époque. En plus, maintenant qu’elle s’était définitivement faite à l’idée d’aller chez les verts et argents, Rhiannon se prenait également des remarques à ce sujet, certains disaient qu’elle n’était pas une vraie vipère, d’autres qu’elle s’ignorait et que sa véritable nature n’allait pas tarder à refaire surface. Autant de critiques qu’elle devait occulter pour réussir à être heureuse et épanouie. En écoutant les ragots, elle aurait déjà eu maintes et maintes occasions de tomber en dépression nerveuse. Sa joie de vivre actuelle et sa personnalité affirmée lui permettaient d’aller au-delà des préjugés et elle était plus que fière d’avoir réussi à faire abstraction de tout ça.

« Eh bien, je comprends ta franchise. Quant aux actions, je les fais à ma manière, avec mes amis et avec magie de temps en temps donc oui je me bouge les fesses. Et je ne préfère pas mon propre confort personnel et je ne suis pas fainéant, pas à ma connaissance du moins. »

La justification de Chris était un peu floue et la jeune fille eut la très nette impression de l’avoir piqué au vif. Elle ne s’était pas exprimée pour lui faire de la peine, ni même le juger, mais elle avait cru bon de le pousser à réagir en faisant ressortir les termes de son discours qui lui paraissaient les plus incohérents. Et vraisemblablement, il y en avait plusieurs. Le jeune homme semblait penser que son comportement était idéal mais Rhiannon pensait évidemment le contraire. Les élèves de l’école ne se rendaient pas compte du pouvoir phénoménal qu’ils pourraient acquérir s’ils acceptaient de tous se lier pour une cause juste. Evidemment, ça impliquait des concessions parce qu’il était toujours difficile de s’entendre avec tout le monde et d’être capable de supporter tous ses petits camarades. Toutefois, si réellement une action positive pouvait être menée, ne serait-ce pas normal que chacun y mette un peu du sien ? La réponse pour beaucoup d’êtres humains sorciers comme moldus était non. Trouver parmi la population quelqu’un qui puisse avoir cette même volonté était toujours plus que difficile et Rhiannon souffrait réellement de n’être qu’un cas isolé parmi tant de personnes dont l’avis pourrait avoir de l’importance. Le plus difficile dans tout ça était avant tout de faire évoluer la mentalité des gens et très souvent, la vipère doutait d’y parvenir.

« Des actions ? Quelles actions ? » Demanda-t-elle autant par curiosité que pour vérifier si c’était bien la vérité. « Je ne voudrais pas te blesser, être désagréable ou te juger alors que nous ne connaissons pas, mais tu viens juste de dire que tu ne te sentais pas capable de t’investir pour cette cause… Et là, tu dis que tu mènes quand même tes propres actions ? Ça n’a pas de sens. Une personne seule ne peut pas faire changer les autres, et l’aide de quelques amis est très insuffisante. C’est un travail d’équipe avant tout. Si je pouvais faire bouger le monde par moi-même, il y a longtemps que je l’aurais fait. »

Sa voix était douce et absolument pas sèche, elle voulait simplement débattre d’un sujet qui lui tenait à cœur et non pas provoquer un conflit digne de l’apocalypse, surtout pas avec ce garçon, d’ailleurs, qui avait fait l’effort d’être si agréable avec elle depuis qu’ils s’étaient rencontré. Rhiannon n’était pas méchante mais lorsque la conversation lui tenait à cœur, les mots pouvaient malheureusement dépasser sa pensée bien malgré elle.

« Eh bien, merci de me dire que je suis un garçon étonnant, bien peu de monde me le dit (à part ma meilleure amie et mon petit-ami). Et je pense que tu as dû entendre parler de moi mais peut-être pas sous mon nom mais plutôt avec des surnoms comme par exemple le Magnifique Serdaigle Gay Excentrique et Sang-Mêlé raccourci en MSGES. »

Rhiannon n’en revenait pas de l’entendre parler de la sorte. Ce n’était pas spécialement dérangeant mais quand même vraiment bizarre. Il semblait pourtant être quelqu’un de modeste, timide voire presque un peu mal-à-l’aise dans sa peau mais lorsqu’on creusait un petit peu, il était facile de constater que le jeune garçon avait une plutôt haute opinion de lui-même. Peut-être avait-il eu par le passé beaucoup de mal à s’affirmer ? Ça pourrait assez facilement expliquer son comportement actuel. Généralement, c’était les personnes qui avaient le plus souffert du regard des autres qui devenaient les plus marginales, cherchant sans cesse à attirer l’attention, faisant mine de n’avoir absolument rien à faire de l’opinion publique alors qu’en réalité elle restait extrêmement importante. Rhiannon n’était pas sûre que son raisonnement tienne la route mais elle était certaine qu’un fond de vérité perdurait dans tout ça.

« C’est quand même vachement prétentieux comme surnom. » Remarqua-t-elle avec un sourire. « Et un peu trop intrusif, aussi… Ça ne laisse pas vraiment la possibilité aux gens de te découvrir puisque tu leur donnes déjà beaucoup d’indications sur celui que tu es. En revanche, je suis désolée de te décevoir mais non, je n’ai jamais entendu parler de toi. Non pas que je ne fasse pas attention aux autres, bien au contraire, mais je ne m’intéresse pas aux ragots, c’est souvent très difficile de démêler le vrai du faux et je n’en ai que très rarement le courage. Du coup, je préfère ne pas écouter ce que les gens peuvent bien raconter et me faire ma propre opinion quand je rencontre la personne. »

La jeune fille tenait à justifier son comportement mais ne se sentait en aucun cas coupable d’avoir manqué une telle information. Elle était simplement comme ça, elle ne voyait pas l’intérêt de tout connaitre sur la vie des autres élèves sans même leur avoir adressé la parole au préalable. Rhiannon n’était pas spécialement nombriliste, elle était loin de juger qu’elle était plus importante que le reste du monde et qu’il fallait qu’on parle d’elle et non pas des autres. Qui plus était, elle ne se désintéressait absolument pas de ses camarades, bien au contraire, elle aimait faire de nouvelles rencontres découvrir des passions, partager les siennes, avoir des échanges constructifs avec des personnes de son âge. Sa vie sociale n’était sans doute pas spécialement développée mais elle avait une certaine aisance et en usait autant que possible, elle était à l’aise et ça se voyait.

« Eh bien ce sont des actions plutôt secrète et rares, je te l'avoue. Après je sais qu'une personne seule ne peut pas faire changer les choses, même avec l'aide de quelques amis. Mais je tente tout de même de temps à autre. Toi-même, tu dis que, si tu pouvais faire bouger le monde par toi-même, tu l'aurais fait depuis longtemps, ce que je comprends. Mais, dis-moi, si tu n'y croyais pas un minimum, tu ne continuerais pas, pas vrai ? »

Encore une justification étrange qu’elle voulait approfondir. Chris ne pouvait pas décemment lui faire comprendre qu’il agissait pour préserver la nature comme elle l’avait toujours souhaité sans lui expliquer un peu plus clairement en quoi consistaient ses actions et quel était le but qu’il recherchait. C’était comme inviter des gens pour le diner et leur préciser qu’on allait faire la cuisine lorsqu’ils demandaient le menu. Il fallait préciser un peu le fond de sa pensée, dire s’il y allait avoir une entrée, un plat, un dessert, ou seulement deux sur trois, informer les invités du contenu de ces plats aussi et demander s’ils n’aimaient pas tel ou tel ingrédient ou s’ils avaient des allergies. Pour le jeune Serdaigle c’était un peu la même chose et s’il pensait qu’elle pouvait lâcher si facilement l’affaire, il se trompait fortement, Rhiannon avait envie de savoir et lui poser dix tonnes de questions jusqu’à ce qu’il lui en dise un peu plus ne la perturbait pas outre mesure.

« Et quelles sont-elles ces actions secrètes et rares ? »

On ne pouvait pas faire d’actions secrètes pour préserver la nature à moins qu’il ait trouvé un médicament miracle qui permettaient aux arbres ravagés par les technologies modernes de renaitre de leurs cendres et qu’il souhaite garder la composition pour lui. Mais ça semblait totalement improbable, Chris était certainement un garçon intelligent mais il restait un élève lambda parmi tant d’autres. Beaucoup de scientifiques avaient déjà dû essayer de parvenir à créer une telle potion mais si aucun d’entre eux n’y était encore parvenu, elle se doutait bien que ce ne serait pas non plus le cas du jeune garçon. Cependant, il avait piqué sa curiosité et elle était bien décidée à l’assouvir. Qui plus était, si ces fameuses actions étaient intéressantes et bien menées, un partenariat pouvait être envisagé, fallait-il encore pour cela qu’il veuille bien coopérer.

« Je n’ai jamais dit que je n’y croyais pas ! » Se récria-t-elle avec véhémence. « J’ai dit que je croyais pas qu’une personne seule puisse faire bouger les choses. C’est la raison pour laquelle je tente de rassembler les gens parce que je suis convaincue qu’ensemble on pourrait faire de grandes choses alors que si je m’attelais toute seule à la tâche, je n’y parviendrais pas… Je ne comprends pas que tu puisses préférer agir seul sans rien dire à personne de ce que tu fais au lieu de rejoindre les personnes qui se battent déjà pour cette cause et ont besoin d’une certaine main-d’œuvre pour poursuivre leur action. »

Encore de longues explications mais pour le coup, il l’interrogeait sur un sujet qui se trouvait en plein milieu de son domaine de compétence. Rhiannon avait donc pas mal de choses à dire et à partager et ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin.

« Eh bien des actions comme des ramassages de déchets la nuit, des tentatives de potions pour aider la nature, des réunions secrètes sur la biodiversité sorcière et Moldue, etc. Bref pas de grandes actions mais, si des fois tu veux te joindre à nous, tu seras la bienvenue ! »

Rhiannon ne s’attendait pas franchement à ça. En toute honnêteté, elle s’était attendue à ce que Chris continue à se défiler pour éviter à tout prix de répondre à la question posée, chose qui n’aurait pas été étonnante puisqu’il n’avait pas vraiment fait quelque chose pour préserver la nature mais simplement tenté de l’impressionner. Il fallait bien reconnaitre qu’elle s’était totalement plantée sur ce coup-là et c’était plutôt positif. En rencontrant Chris, la verte et argent n’aurait pas pu s’attendre à découvrir un jeune homme qui se préoccupait du réchauffement climatique et de l’avenir de la planète, chose pas du tout courante parmi les adolescents. C’était facile de se dire que les scientifiques étaient encore à l’heure actuelle à la recherche de nouvelles solutions pour accélérer la préservation de leur environnement et qu’il était donc inutile de chercher à faire quoi que ce soit pour leur venir en aide. Sauf que pour Rhiannon, ce n’était pas du tout comme ça que ça fonctionnait, certes, les professionnels étaient les plus aptes à leur proposer de nouvelles solutions et méthodes pour parvenir à inverser la tendance, mais ce n’était pas pour autant que les petites actions de personnes ou d’associations isolées étaient inutiles. Mais ça, ce n’était pas forcément simple à faire entendre aux autres et la vipère avait longtemps pensé que son association serait une sorte de motivation pour les autres élèves. Elle constatait une fois de plus que ce n’était pas franchement le cas et elle aurait pourtant aimé qu’il y ait une véritable prise de conscience de la part de ses camarades. Un jour, peut-être.

« C’est déjà très bien ! » S’exclama la jeune fille, un peu étonnée malgré tout. « Mais c’est quand même vraiment dommage que vous fassiez ce genre de choses dans l’ombre, ça n’incite pas les autres élèves à suivre vos traces et ça ne vous donne pas non plus beaucoup de reconnaissance, même si je me doute que ça ne doit pas être votre but premier. Je te remercie de m’y inviter, ce sera avec grand plaisir, tu me donneras la date de la prochaine réunion ? »

Rhiannon n’était pas une fille timide et elle n’avait pas l’intention de le devenir prochainement, si Chris l’invitait à sa réunion avec ses camarades, elle n’allait pas cracher sur une opportunité de pouvoir prendre la parole pour essayer d’enrôler de nouvelles personnes et de partager ses convictions. C’était aussi une nouvelle façon de commencer à s’intéresser de plus près à la politique, elle allait devoir envisager un potentiel discours, savoir à l’avance ce qu’elle allait dire pour éviter d’être piégée par un stress potentiel et surtout pour ne rien oublier comme informations importantes. La jeune fille craignait forcément de ne pas être à la hauteur, d’autant plus qu’elle ne connaissait absolument pas les copains et copines de Chris ce qui l’entrainait forcément en terrain inconnu, mais Rhiannon était une fille avenante et courageuse, elle ne laisserait pas passer une telle opportunité et comptait bien rappeler au jeune homme sa proposition. Avec un peu de chance, elle n’aurait pas à le faire parce qu’il se souviendrait d’elle, mais ça, c’était un vœu pieu, elle ne pouvait pas vraiment le prévoir à l’avance, d’autant plus qu’il était tout à fait possible qu’il cherche simplement à se débarrasser d’une personne un peu trop collante, ça aurait été presque compréhensible puisque Rhiannon se montrait un peu pressante voire oppressante depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Toutefois, la jeune fille ne s’en formalisait pas du tout, se contentant simplement d’être ravie de pouvoir tenter une nouvelle action en faveur de la préservation de leur environnement.

« Eh bien tant mieux alors. Je te répète que tu es la bienvenue à nos actions secrètes, même si elles sont rares. Peut-être qu'on pourrait aller s'allier et faire bouger les choses, qui sait ? »

S’allier ? La jeune fille n’était pas sûre de comprendre ce qu’il voulait dire, s’il partait du principe qu’ils pourraient réunir leurs deux mouvements, alors elle était plutôt d’accord, c’était même une idée plus que judicieuse, d’après elle, puisque forcément, un regroupement de personnes assez imposant aurait plus de poids que plusieurs petits mouvements isolés. La prise de parole serait donc plus entendue et peut-être également plus écoutée qu’elle n’aurait pu l’être s’ils s’étaient totalement détachés. Toutefois, Rhiannon n’était pas convaincu que ce soit ce qu’il ait tenté de lui dire, mais plutôt qu’ils pourraient dialoguer échanger leurs idées. Honnêtement, la jeune fille trouvait ça un peu dommage, elle avait proposé des places dans son organisation à un tas d’élèves durant sa scolarité, il y avait plein de postes à pourvoir que ce soit celui de trésorier, de responsable de campagne, de secrétaire ou même encore de vice-président. Certes, Rhiannon tenait à rester à la tête de l’organisation, tout simplement parce que c’était son idée et sa création, mais ce n’était pas pour autant qu’elle n’envisageait pas de laisser d’autres personnes y entrer et apporter leur petite touche personnelle pour la faire vivre et évoluer. La vipère n’avait jamais été fermée aux critiques et ce n’était pas aujourd’hui qu’elle le deviendrait, bien au contraire, il fallait simplement qu’elle réussisse à le faire comprendre et intégrer par Chris et ça, ce serait une toute autre histoire.

« Evidemment, mon association demande toujours l’adhésion de nouveaux membres, pourquoi n’as-tu jamais essayé d’en faire partie ? Au moins, ça te permettrait de ne plus agir dans l’ombre, tu ne trouves pas que ce serait mieux comme ça ? »

Ce n’était qu’une suggestion, mais Rhiannon était vraiment motivée pour le coup. Si lui et ses petits camarades pouvaient devenir des membres officiels de l’association qu’elle défendait, alors ils auraient la possibilité de se bouger encore davantage pour faire parler d’eux et obliger un peu les autres élèves à les écouter ce qui ne serait pas plus mal. La vipère avait souvent l’impression de s’exprimer dans le vide et elle ne pouvait qu’espérer que cette période soit bientôt derrière elle.

« Pour la date, pas de soucis. Je te contacterais dès que possible par n'importe quel moyen pour te la donner. »

Rhiannon dut se retenir de faire la danse de la joie, non seulement il semblait accepter sa proposition mais en plus, il avait l’air réellement très enthousiaste, chose qu’elle avait dû mal à ressentir avec les personnes auxquelles elle parlait de son association. La plupart du temps, elle s’en rendait bien compte, ils vivaient plus qu’une corvée qu’autre chose, la laissant poursuivre son discours par politesse ou simplement par lassitude. C’était quelque chose d’assez difficile à vivre pour la Serpentard qui avait toujours cru qu’elle pourrait sensibiliser les autres et faire de grandes actions en réussissant à unir des personnes pourtant opposées. Elle n’était peut-être pas un élément fédérateur finalement et cette pensée la déprimait bien plus qu’elle n’aurait bien voulu l’admettre. Heureusement, il y avait des élèves comme Chris qui se chargeaient parfois de lui remonter le moral en lui montrant que ses paroles n’étaient pas inutiles et qu’il pouvait lui arriver parfois de toucher quelqu’un, peut-être même au moment où elle s’en douterait le moins.

« Merci, c’est génial ! » Répondit-elle avec enthousiaste. « Ta proposition me fait vraiment très plaisir. »

Bon, d’accord, c’était surtout elle qui avait suggéré l’idée, mais il n’avait pas hésité à franchir la porte qu’elle lui avait ouverte, signe qu’elle avait bien fait de mettre tous ses espoirs en lui. Rhiannon avait d’ailleurs franchement hâte de discuter de ça avec son grand-frère, elle avait l’impression de ne pas lui avoir parlé depuis une éternité et il lui manquait cruellement. L’idée pouvoir lui prouver qu’elle réussissait à avancer par ses propres moyens et sans avoir besoin qu’il l’épaule constamment à chaque petite étape de sa vie lui plaisait beaucoup mais elle savait aussi qu’elle aurait aimé qu’il reste à ses côtés et soit là pour lui donner des conseils lorsqu’elle en éprouvait le besoin. La vipère ne prétendait pas avoir la science infuse, bien au contraire, elle savait qu’il lui restait encore beaucoup de choses à apprendre et à découvrir et parfois, avoir le point de vu d’une personne qui était déjà passée par là pouvait être intéressant. D’autant plus qu’elle savait qu’elle pouvait compter sur Elian pour être vraiment de bon conseil, elle lui faisait totalement confiance.

« Eh bien oui je pourrais rejoindre ton association. Autrefois j'avais peur d'y aller à cause des moqueries. Je n'en prenais déjà sur mon orientation sexuelle alors si je m’engageais dans une association de ce type en plus... Mais maintenant ça va mieux. Alors je vais y réfléchir et peut-être rejoindre ton association avec mes amis. En attendant, tu es la bienvenue pour voir nos actions et parler de ton association à notre prochaine réunion, je te le redis et je te redonnerais la date. »

Est-ce que Rhiannon pouvait vraiment comprendre ce qu’il avait pu ressentir ? Pas vraiment, en réalité, elle n’avait jamais connu ce genre de choses et ignorait pourquoi il pouvait être aussi difficile pour le Serdaigle de passer au-dessus de tels préjugés. Elle-même avait bien sûr subi les moqueries de ses camarades parce qu’elle était un peu loufoque parfois, un peu garçon manqué également et qu’elle ne s’intéressait pas du tout aux mêmes choses que les autres filles de son âge. Beaucoup disaient qu’elle n’avait rien à faire chez les vert et argent, d’autres qu’elle aimait les filles et ne voulait pas l’avouer, ou encore qu’elle se marierait avec des arbres et resterait dans une grande maison vide à élever des chats toute sa vie. Sauf que la vipère était passée très facilement au-dessus de ces commentaires parce qu’elle aimait la vie qu’elle avait, tout simplement et assumait chacun des différents aspects de sa personnalité. S’ils n’étaient pas capables de la comprendre, tant pis pour eux. Cependant, Rhiannon reconnaissait qu’il n’était pas toujours simple de faire abstraction des moqueries et soutenait Chris dans cette douloureuse épreuve.

« Je comprends, ça reste un engagement assez important, mais je te sens motivé et je suis sûre que pouvoir partager ton opinion avec d’autres personnes poursuivant le même but ne pourrait que t’être bénéfique. Et si tu as peur des moqueries, je te rassure tout de suite, il y a une très bonne ambiance, personne n’est là pour juger l’autre et je fais tout pour que ça n’arrive jamais. » Expliqua-t-elle gravement, conscience qu’elle abordait certainement un sujet sensible pour le jeune homme. « On ne peut pas empêcher les gens d’être cons mais on peut éviter que leur connerie se propage. »

Engagement important ? Pas trop, en définitive puisque quiconque entrait dans l’association était bien sûr libre d’en repartir quand bon lui semblait, mais Rhiannon aimait beaucoup donner une dimension plus solennelle au choix qui était fait par le futur membre pour qu’il puisse prendre conscience de son implication. Bien sûr, c’était un peu à double tranchant puisque l’élève pouvait se croire enrôlé dans une sorte de secte et avoir envie de partir en courant, mais ça évitait aussi qu’il se croit dans un club de vacances et choisisse de ne pas venir à la moitié des réunions ou arrive perpétuellement en retard, dénigre ouvertement le groupe et se croit tout permis. Comme elle venait de le dire à Chris, la vipère avait confiance uniquement en la cohésion et l’esprit d’équipe et c’était ça qu’elle voulait tester chez les futurs membres avant de donner son accord. Pour le Serdaigle, il n’y avait aucun doute à avoir, elle le savait totalement préparé à s’investir dans et pour un groupe et c’était une qualité indéniable à côté de laquelle elle ne voulait pas passer.

« On devrait rentrer, tu ne crois pas ? Je commence à avoir froid et je ne voudrais pas que tu te transformes en glaçon, la baignade dans le lac a dû te rafraichir. »

Le temps n’était pas non plus monstrueux mais Rhiannon n’avait pas prévu de passer autant de temps dans le parc et ne s’était pas assez couverte, il était donc grand temps de regagner le château dont la température était tout de même nettement plus agréable. Et puis, désormais, elle savait qu’elle pouvait compter Chris parmi ses amis et qu’ils seraient certainement amenés à se revoir, elle avait d’ailleurs hâte que ce moment arrive.

« Oui, je sais que c'est assez important mais je suis motivé. Quant aux moqueries, j'ai appris à passer outre depuis quelques temps sans problème. Et oui on peut éviter que la connerie des uns et des autres se propage... »

Le jeune homme continuait à aller dans ses sens et Rhiannon ne pouvait qu’en être heureuse, parmi tous les élèves peuplant le château, elle avait toujours eu du mal à trouver un public intéressé par les idées qu’elle avançait, se heurtant toujours à la même fainéantise ou à une très forte voire trop forte incompréhension de la part de ses pairs. Mais la vipère était très contente d’avoir persisté et continué à essayer d’enrôler quelques personnes dans une cause qu’elle pensait juste et totalement défendable, c’était une petite victoire qu’elle n’allait pas bouder. Certes, on ne pouvait pas vraiment parler de victoire totale, elle était plutôt partielle et incertaine, mais lorsque, comme la vert et argent, on patinait depuis plusieurs mois voire plusieurs années, un petit pas en avant pouvait déjà être considéré comme une victoire. Beaucoup lui auraient dit de ne pas s’emballer pour ne pas tomber de haut si ça ne se réalisait pas mais pour la verte et argent, les choses ne marchaient pas comme ça, au contraire, dans sa tête, il fallait profiter à fond de tous les petits moments heureux qu’offrait le quotidien parce que c’était comme cela qu’on avançait dans la vie et qu’il était possible de toucher du doigt le bonheur. Elle était une fille énergique et très naturelle qui n’hésitait pas à exprimer ses ressentis bons comme mauvais que ça plaise ou non. Son désir n’était pas de heurter la sensibilité d’autres élèves mais bien de faire partager son expérience et de ne pas laisser les conventions l’enfermer dans une vie qui ne l’intéresserait pas.

« C’est tout à ton honneur, ce n’est jamais très évident de rester imperméable aux critiques, surtout lorsque notre absence de réaction ne les fait pas taire. Au début, on se dire que si on ne relève pas ça va s’arrêter et en fait, c’est de pire en pire et il faut toujours se lever de nouveau le matin et y faire face, il y a beaucoup d’adolescents qui ont eu des problèmes à cause de ça… Je trouve ça ignoble, ça ne m’est encore jamais arrivé, mais je ne sais pas comment je le vivrais si ça devait être le cas. » Répondit la jeune fille avec vivacité, toujours aussi impliquée dans ce qu’elle racontait. « Tu t’en sors très bien, je trouve, c’est bien qu’il y ait des gens comme toi pour montrer aux autres qu’on peut passer au-dessus de tout ça et être heureux malgré tout. »

Rhiannon avait failli dire que c’était bien pour lui d’avoir réussir à surmonter sa différence mais elle était vite rendu compte que ce n’était pas la chose à dire pour la bonne raison que Chris n’était pas différent des autres, il était au contraire comme tout le monde, un être humain lambda avec ses joies, ses peines, il était capable de haïr, d’aimer, d’apprendre par cœur vingt pages de cahier pour une interrogation d’histoire de la magie et de foirer lamentablement une potion après une nuit blanche passée à discuter avec des amis. C’était le genre de choses qui arriverait tout le monde et le fait qu’il aime les garçons plutôt que les filles ne changeait rien à tout cela, l’amour n’était pas une question de sexe, Rhiannon l’avait toujours pensé et elle se fichait bien de savoir quel genre de personnes ses amis pouvaient bien côtoyer. De son côté, elle laissait ce genre d’histoires aux autres, trop occupée par son envie folle de sauver la planète pour s’intéresser aux beaux yeux d’un garçon et souffrir comme toutes ses copines parce que l’élu de leur cœur ne lui accorderait pas autant d’attention qu’elle pourrait bien le désirer. Rhiannon avait une façon très simple de voir les choses, elle voulait s’éclater et être heureuse, pour le moment, elle n’éprouvait pas le besoin d’avoir une histoire d’amour en plus dans sa vie pour atteindre ce but et c’est donc sans le moindre scrupule qu’elle évitait toute ambiguïté avec ses camarades, préférant de loin les bêtises et les retenues aux flirts d’adolescents.

« Oui, tu as raison, rentrons. »

Il commençait à faire froid et Rhiannon avait eu une grosse journée malgré tout, elle avait passé tout son temps à piétiner dans les couloirs en essayant désespérément d’attirer l’attention de quelques bonnes âmes qui souhaitent récupérer ses tracts. Mine de rien, elle avait réussi à en refiler un certain nombre et elle espérait réussir à en donner encore davantage autour d’elle dans les jours qui viendraient mais pour une première journée, elle était super contente de son travail. Toutefois, une aide serait la bienvenue et elle aurait été très heureuse de pouvoir partager une telle journée avec quelqu’un comme Chris qui, lui aussi, semblait être du genre à s’investir pleinement lorsqu’une mission lui tenait à cœur. Mais il était encore trop tôt pour lui parler de ça, l’idéal était d’attendre que sa réponse pour intégrer l’association lui soit donné avant de lui parler des projets qu’elle avait pour continuer à se développer et à sensibiliser un maximum de monde. Pour le moment, la jeune fille se contenta donc de regagner le château en compagnie de son ami, s’arrêtant dans le hall afin de pouvoir lui souhaiter une bonne nuit. Son lit lui lançait des appels implicites et elle avait hâte d’aller se blottir sous sa couette après une journée aussi bien remplie, avec un peu de chance, ses copines de dortoir ne seraient pas encore là et elle pourrait profiter d’un grand espace pour elle toute seule.

« J’ai été très heureuse de faire ta connaissance, Chris, à une prochaine fois, sûrement, n’oublie pas de me donner ta réponse pour l’association et la date de votre prochaine rencontre, je passerais un tour. » Lui rappela-t-elle, consciente qu’il faudrait peut-être plus que quelques mots échangés auprès du lac pour faire en sorte que les choses changent. « Bonne soirée. »

Sur ces bonnes paroles, la jeune fille tourna les talons afin de regagner les cachots et donc son dortoir, non sans se retourner une dernière fois pour faire un petit signe de la main en direction du jeune homme. Pas de doute, ce Chris était vraiment très sympa et elle n’avait rien contre l’idée de le recroiser au détour d’un couloir, ce serait même vraiment chouette et si ça réponse pouvait être positive ce serait encore mieux.

[center]RP FINI[/centrer]

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