Prendre l’air en regardant l’entrainement de Quidditch c’est amusant en temps normal. Je me délecte de leurs échecs à répétitions et fait semblant de les encourager. J’y vais souvent le vendredi soir, seul, me pencher sur mes erreurs passées en observant le comportement des autres. Ce soir c’est différent. Ma main droite me brûle. C’est une douleur encore vive et que j’ai du mal à canaliser. Frapper dans le mur du cloitre n’a sans doute pas aidé tout à l’heure, mais là je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je me cache presque ce soir. Non pas que j’ai honte de ce qu’il m’est arrivé et je n’ai aucun mal à assumer mes origine, néanmoins je me serais passé de cet affichage net et précis. Depuis le début de la semaine, tous les nez moldus sont convoqués au bureau de Jefferson. La rumeur s’est rapidement propagée et ont a tous su qu’on devrait y passer. Les élèves n’ayant pas de sang sorciers dans leurs veines se voient affligés d’une marque sur la main droite. Si encore ça n’était qu’u tampon à l’encre, ça irait. Non. Là c’est une gravure, nous sommes comme marqués au fer rouge. Du bétail. Depuis une vingtaine de minutes je suis fiché auprès de la direction et aux yeux de tous les gens passant par le château. Les lettres N et M sont gravées et sanguinolent sur le dos de ma main. Si en arrivant au bureau de Jefferson je ne m’étais pas rebellé, j’aurai peut être eut moins mal. D’après ce que j’ai entendu d’un seconde année assez gentil, il n’a pas trop souffert et ça a été rapide. Personnellement, j’ai morflé et je pense que la douleur sera toujours là d’ici lundi. Mes poignets en ont aussi prit un coup comme je me suis acharné contre les liens qui me maintenaient assis. C’est la vie seulement, je l’ai amère. Comment peut on nous traiter comme ça ? Il y a une sérieuse répression à l’école depuis que notre directrice est partie. A la base ça m’importe peu, je veux mon diplôme et faire de l’humanitaire dans le monde. Enfin, tout est relatif. J’ai 15 ans après tout. Pareil je serais punk à chien sous un pont de Londres, avec pour compagnie une sorcière borgne et crasseuse. Qui sait ? Pour le moment, je n’ai qu’à attendre. J’irai voir Flynn ce soir, histoire de continuer à prendre la température de ma maison. Les tensions doivent monter. Puis cette brigade. Ça me rappelle la répression au village, alors que je n’avais même pas cinq ans. Je me souviens juste de mon gardien, de ce qu’il a fait à ma mère et comment les maitres de la ville nous menaient à la baguette. Sous le soleil de fin de journée, je pose mon regard sur la bague qui trône sur mon annulaire gauche. Elle est tout ce qu’il me reste de cette époque et ce qui me fait avancer dans la vie.

Des coups de sifflets retentissent depuis le terrain de Quidditch, ça doit être la fin de l’entrainement. Posé sur un banc à l’entrée des gradins, je vois passé les joueurs au bout de quelques minutes. Je n’en connais pas des masses, pour ne pas dire aucun. L’équipe de Serdaigle d’après les couleurs. Ils sont accompagnés de quelques camarades, de jolies filles et d’amis proches. Le groupe me dépasse sans me porter d’attention. Comme à mon habitude, dès qu’ils sont loin, je m’en vais vers les vestiaires. Ça n’est pas rare qu’un de ces joueurs oublie quelque chose et parfois c’est pas mal pour moi. Dès fois je rends aux têtes en l’air, d’autres fois non. J’ai dû garder une écharpe une fois, et quelques chaussettes. Ce soir, c’est une gourde qui traine là, seule, sur un banc. Pas un vêtement ni un bijou, juste cette flasque de la taille d’une main. Laxiste et je m’en foutiste, je l’ouvre et la porte à mon nez. Ça ne sent strictement rien aussi, je goute. Ma réaction est implacable.

- Puah c’est quoi ce truc !

Je m’essuie rapidement la bouche avec la manche de ma cape de sorcier avant de sentir ma tête tourner. Du coin de l’œil je croise le regard d’un type par le biais de la porte. Je ne le connais pas, et il ne me semble pas qu’il soit joueur. Il ricane pourtant. Si j’avais pu, je lui aurais courut après seulement, mes jambes sont lourdes. Je me sens moyennement bien et prend mon temps pour respirer. La pression retombe dans mon crâne jusqu’à redevenir normale. Je sens mes doigts se décrisper et lâcher la gourde. Tout le liquide se déverse au sol. Ça pourrait être de l’eau...

Mes jambes répondent enfin mais une fois dehors, plus personne. Le type au regard de glace et cheveux blond s’est volatilisé. Au coin du stade, j’aperçois une silhouette. Je crois qu’elle m’a vue.

Avis !:

Mais p’tain pourquoi j’ai touché à cette gourde ? Déjà que j’avais mal à la main, j’ai un putain de mal de crâne maintenant. C’est une mauvaise blague, rien qu’à voir le sourire du type quand je me suis retourné. Mais elle va me faire quoi cette fourberie ? Me faire pousser des oreilles d’âne ? Anéantir mes neurones jusqu’aux dernier ? J’ai moins mal à la tête et le soleil extérieur ne m’aveugle plus. Je peux même voir quelqu’un approcher. Peut être qu’il pourra m’aider, mais à quoi au juste ? Me filer un antidote à une potion dont j’ignore la composition et l’effet ? Chouette, ça nous avance pas mal. Je m’adosse au mur et attend, serrant le poing droit sur ma poitrine. La douleur de l’humiliation est toujours là. Je ne devrai surtout pas en parler aux parents, ils pourraient vouloir que je rentre à la maison. Il va aussi falloir que j’aille voir ma sœur ... même si on ne se voit pas beaucoup Djallil est dans ma maison et devra (ou a déjà) voir Jefferson. Il faudra que je sois là pour elle, même si à treize ans madame est déjà un force de la nature. Je donnerai cher, très cher, pour aller mettre mon poing dans la gueule de ce sale type qui se prend pour le directeur. Il se prend pour notre supérieur, pour mieux que nous les « sang de bourbe » mais il n’en est rien. Je sais que nous, nous avons des valeurs, nous sommes solidaires et fier. Ce type, à qui je vouais une royale indifférence jusqu’à aujourd’hui, mérite tout mon mépris. De même pour les quatre membres de la BSPB. Surtout Quick. C’est bizarre que sa blonde, ou son ex tout dépend, Isis, n’en fasse pas partie. J’me souviens avoir passé une soirée avec elle, et que c’était cool. Ce soir, je sens que je vais tomber un verre du vin que je garde dans ma malle, histoire de digérer la nouvelle marque. Calmé, je lève le nez et remarque que la silhouette que je voyais quelques instants plus tôt arrive vers moi, à grand pas moyennement décidé. A force d’approcher je la reconnais, c’est Eléonore, une fille de ma maison et mon âge. J’l’aime bien même si je pense qu’elle me prend pour un boulet de l’espace. Je souris en la voyant mais déchante vite comme elle se tiens la main. J’ai oublié qu’elle aussi est née moldue, elle doit en avoir bavé chez Jefferson. Je m’éloigne du mur pour lui sourire tristement.

« C’est tellement barbare! C’est tellement humiliant! », chiala-t-elle en s’essuyant le nez avec sa main valide. « Comment osent-ils faire ça? Il faut faire quelque chose... il faut que ce directeur s’en aille! On ne peut pas continuer comme ça, la prochaine fois, ils vont trouver un prétexte pour nous faire rater nos BUSE’s! »

Oulà. Je ne suis pas hyper doué pour gérer les débordements larmoyant aussi je préfère me taire et l’écouter en la serrant rapidement dans mon bras non douloureux. La pauvre est vachement secouée et laisse aller sa crise de nerfs à l’oral alors que moi j’ai rien trouvé de mieux que vouloir frapper le concierge. Le point que je lui accorde c’est que Blackman doit dégager de son trône de merde. Les Buse’s je m’en tamponne un peu pour l’heure mais je comprends que ça la travaille. Je m’éloigne d’elle et la domine d’une bonne tête. J’essaye d’avoir un sourire chaleureux mais je sais bien que mes sourcils franchement tendus montrent ma mauvaise humeur.

- Je trouve ça bien, ça représente bien la différence qu’il y a entre eux et nous, dis-je rapidement avant de faire des yeux de merlan frit. Oulà ça va très bien moi, je dis exactement ce que je pense ...

Je recule d’un pas et plaque ma main marqué au sang sur ma bouche. Je ne comprends pas tout de suite ce qu’il se passe. J’ai dis exactement l’inverse de ce que je pense. C’est absurde que j’approuve tout ça. Je regarde Eléonore d’un air paumé, j’espère qu’elle ne va pas me prendre pour un fou furieux à la botte de Blackman ... Je n'ose plus parler, je ne peux même pas lui dire qu'elle peut compter sur moi si elle veut causer et vider son sac. Je sais maintenant ce qu'il y avait dans la gourde, je sais pourquoi le type riait quand j'ai vidé le flacon. Une potion pour déformer mes propos, ou un truc du genre...

Spoiler:

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