Cette année, Sunny avait passé les vacances de Noël au château, pour la simple et bonne raison que son père était en déplacement et qu'il était absolument hors de question de passer les réveillons en tête-à-tête avec sa mère. Cette décision n'avait dérangé aucune des deux femmes, ce qui n'étonnait plus personne. Bien sûr, ça n'avait pas été les vacances les plus extraordinaires de son existence : les couloirs de Poudlard s'étaient largement vidés et il ne restait guère de gens qu'elle appréciait réellement entre les murs de l'école. Elle avait fini par mettre à profiter ces interminables journées pour avancer ses devoirs, chose qu'elle n'aurait jamais fait en temps normal et qu'elle regrettait presque d'avoir fait en désespoir de cause. Elle n'avait jamais été le genre de rat de bibliothèque, toujours à plancher sur ses exercices, ni à lire tout et n'importe quoi pour passer le temps... Ça ne lui ressemblait tellement pas et pourtant... Enfin, fort heureusement, les vacances avaient fini par prendre fin et tout le monde avait regagné les salles désertées qui peuplaient les étages. Poudlard revivait pour de bon après deux semaines d'une mort lente et douloureuse.

Ce fut à la rentrée que la princesse trouva intéressant de souhaiter une bonne année à ses géniteurs, après les avoir royalement ignorés pour Noël et le jour de l'an. Ils n'avaient pas fait plus d'efforts pour venir vers elle, si bien qu'elle se sentait presque trop bonne de leur accorder tant de son attention alors qu'eux-même avaient bien mieux à faire que de se plier aux traditions envers leur fille unique. Qu'importe, elle n'en attendait pas moins de leur part. Toujours était-il qu'elle avait pris soin de leur écrire une lettre tout ce qu'il y a de plus basique dans laquelle elle leur expliquait à quel point elle avait passé des vacances extraordinaires – ''les meilleures vacances de sa vie'' même – qu'elle n'avait pas vu le temps passer, qu'elle était désolée de leur écrire si tard et blablabla... Bien sûr, rien de tout cela n'était vrai, mais ce n'était certainement pas eux qui iraient s'amuser à vérifier. Une fois la missive écrite de sa plus belle écriture, et l'enveloppe correctement fermée, il fallait encore la poster...

Ce n'était pas la partie préférée de la blonde... Elle n'était pourtant pas superficielle au point de ne pas vouloir monter à la volière de peur de se salir, mais tous ces piafs qui la fixaient quand elle entrait dans la pièce la mettait mal à l'aise. Ils donnaient l'impression d'attendre le bon moment pour s'envoler en même temps et fondre sur elle dans la plus fourbe des attaques. Certes, ça n'était encore jamais arrivé jusque là, mais elle restait persuadée que c'était possible et que ça arriverait un jour où l'autre. Poussant la porte avec mille et une précautions, la jeune femme entra le plus discrètement du monde dans l'antre des hiboux et tenta de s'approcher de l'un d'entre eux afin de lui accrocher sa lettre à la patte. C'était le seul à sa hauteur, les autres se reposant fourbement sur les plus hautes poutres de la pièce. Manque de chance, ce stupide oiseau prit peur en la voyant arriver près de lui et alla se poser avec les autres. Un soupir agacé s'échappa des lèvres de la Poufsouffle qui sortit sa baguette. Il lui fallait un hibou pour envoyer sa lettre et elle n'avait pas l'intention d'attendre dix ans que l'un d'entre eux daigne lui rendre service...

« Petrificus totalus ! » prononça t-elle distinctement en pointant le hibou qui venait de lui échapper. « Mobilicorpus ! »

Si son premier sortilège fonctionna à la perfection et immobilisa le volatile, le deuxième fut bien moins concluant. En effet, après avoir émis un grésillement étrange, sa baguette se retourna contre elle et lui lança son propre sortilège. Sous l'effet de la surprise, Sunny en lâcha tant le bout de bois que sa lettre et se retrouva rapidement pendue par les chevilles, sous le regard moqueur – elle en était sûre – du hibou pétrifié et de tous ses congénères. Heureusement pour elle, son aversion pour les jupes, robes et autres trucs de filles lui servaient pour une fois ! D'autant plus que des pas se faisaient entendre dans les escaliers qui menaient jusque là... Comme si se retrouver pendue la tête en bas dans la volière ne suffisait pas, il fallait encore que quelqu'un vienne assister au spectacle. Merveilleux...

Les vacances étaient déjà fini, ces vacances étaient toujours quelque peu spécial, surement dû au vide et au silence des couloirs de Poudlard. Clydwyn avait passé beaucoup de temps dans la bibliothèque, pour y travailler bien sûr, il ne fallait surtout pas perdre le rythme, surtout après tout le mal qu’il s’était donné. De plus que ces derniers temps furent plus mitigés au vu des activités qu’il effectuait en plus hors scolaire. Le Quidditch lui prenait un certain temps, il y avait aussi les entrainements à l’Armée de Dumbledore dont il s’efforçait à y aller au moins une fois par semaine, plutôt le mercredi, afin d’améliorer ses sorts de défense. Il en aura surement besoin d’en un avenir proche.

En effet, un réveillon fut organisé pendant ces vacances hivernales. Et les Poufsouffle, inquiet de leur tranquillité dans ce monde des sorciers, s’étaient invités dans le bureau du directeur profitant de son absence. Cette visite improvisée fut forte intéressante, ou plutôt inquiétante… D’une part cela confirmait ce que les Jaunes & Noirs craignait le plus, il y aurait bien une discrimination envers la qualité du sang dans les veines. De plus certains élèves étaient apparemment surveillés, dont le gallois Clydwyn…

Le gallois craignait plus que tout le mois qui allait arriver, surtout avec la toute nouvelle uniforme qu’il portait sur les épaules. Cette couleur verte ne lui allait pas du tout, cela lui stressait de devoir porter cela à longueur de journée, et surtout de devoir côtoyer ces langues de vipères à longueurs de journée, se sachant surveillé en plus… Après tout cela ne sera qu’un mois, le gallois essayera de s’occuper sans trop changer ses habitudes, le temps passera plus vite pensait-il.

C’était d’ailleurs par des lettres qu’il avait commencé à tuer le temps. Il aimait bien écrire, et surtout à sa sœur Eira, qui lui avait écrit une magnifique lettre pour ces fêtes de réveillons. Cela faisait déjà un an et demi qu’ils ne s’étaient pas vus, le temps commençait à être long. Clydwyn profita d’écrire aussi une lettre pour sa mère, Alis, pour lui annoncer que son premier match de Quidditch chez les Poufsouffle allait bientôt débuter. Cela allait surement ravir Alis puisqu’elle aussi fut partie de l’équipe des Poufsouffle, en tant que capitaine la dernière année. Le gallois espérait que son premier match serait couronné de succès, avec de magnifique action ainsi que de buts splendides ! ...

Clydwyn se dirigea donc vers la volière, et emprunta donc les escaliers. En bas, il entendit quelques bruits étranges, il devait surement avoir quelqu’un dans la volière, encore une personne trop petite qui devait lutter pour attraper un de ces hiboux fourbissimes. Une fois toutes les marches gravit, la porte était en effet entrouverte, il la poussa et remarqua par terre un pauvre petit hibou pétrifié.

« Oooh mais qui a bien pu te faire cette saloperie… »

Après avoir ramassé ce pauvre petit hibou, Clydwyn fut à la limite de la crise cardiaque lorsqu’il releva la tete. Il fit un bond en arrière et se cogna le crane contre le mur et laissa tomber cette pauvre et malchanceuse bestiole…

« Ah mais mais… qu’est-ce que tu fous comme ça ? » demanda Clydwyn à Sunny avec encore le cœur qui battait à cent à l’heure.

Il reprit ses esprits un instant, et se releva. En regardant le pauvre hibou par terre il essaya de remettre en place la scène qui avait dû se produire peu de temps avant son arrivé. Il imagina Sunny qui se faisait violemment agressé par le hibou, qui devait être plus intelligent qui ne le pensait puisqu’il aurait réussi à retourner la princesse. Le hibou devait tellement se moquer d’elle que Sunny lui avait balancé par vengeance un sort d’immobilisation… Clydwyn se mit à rire tout en regardant Sunny.

« Excuse-moi... hi hi, j’étais en train d’imaginer la scène épique que tu as du vivre… Tu es vraiment douée en fait ! » et il reparti de plus belle dans un fou rire…

Elle était là, idiotement pendue par les pieds au beau milieu de la volière, et les pas inconnus grimpaient les escaliers. Il n'y avait plus le moindre doute possible, ils venaient jusqu'à elle. Elle espérait de tout son cœur qu'il s'agisse de pas amis, en la personne d'Absolem par exemple ou de la jeune Helen... Ils en riraient ensemble et en moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire, elle serait décrochée d'ici et l'incident serait clos à jamais. Son rythme cardiaque s'accélérait néanmoins, craignant au fond que ça ne soit en rien quelqu'un de sympathique. Elle n'en avait pas peur le moins du monde, mais si c'était Quick qui montait jusqu'ici, il lui faudrait reconnaître sans l'ombre d'un soupçon sa totale infériorité. Après tout, elle était à la merci de qui montait, ridicule et désarmée... Les bruits cessèrent un instant et la porte s'ouvrit. La planche l'empêchait de voir l'identité de son visiteur mal venu mais heureusement pour elle – ou pas – il se décida rapidement à prendre la parole, révélant son nom par la même occasion plus qu'il s'agissait là d'une voix malheureusement familière.

« Oooh mais qui a bien pu te faire cette saloperie… »

Owens. Son sang se glaça dans ses veines tandis qu'elle se débattait silencieusement pour descendre de là sans se faire remarquer. Et en plus, il s'inquiétait de l'état de ce maudit hibou ! Ce n'était pas une 'saloperie' comme il disait si bien, non, c'était simplement mérité, c'était de sa faute à lui. Si seulement il avait accepté sa condition de hibou, de porteur de courrier, rien de tout cela ne serait arrivé. Il aurait tendu sa patte, elle lui aurait donné sa lettre et tout le monde aurait continué sa vie le plus normalement du monde. Mais non ! Il avait fallu qu'il se prenne pour le rebelle des volatiles et remette en cause toute la hiérarchie... Qu'on ne s'étonne pas de le voir pétrifier, gisant sur le sol comme une vieille chaussette. Manque de chance, Clydwyn n'eut pas l'esprit de se contenter du hibou, il se releva et posa les yeux sur elle. Elle ne put s'empêcher de sourire d'un air satisfait en le voyant sursauter et se prendre le mur derrière lui, faisant retomber le traître au passage.

« Ah mais mais… qu’est-ce que tu fous comme ça ? »

Et bien elle passait le temps, quelle question ! Elle pensa tellement fort qu'il avait des questions vraiment stupides qu'il avait dû l'entendre sans qu'elle n'ait besoin d'ouvrir la bouche. Il ne mit pas longtemps avant de se mettre à rire et la pauvre Sunny, toujours la tête en bas, peinait à garder son calme. Non mais pour qui il se prenait, sérieusement ! Au lieu de se payer sa tête, peut-être qu'il pourrait simplement l'aider à retrouver le plancher des vaches, non ? Ca aurait été trop beau... Son visage commençait à prendre des teintes carmins, sans qu'on ne puisse décider si c'était à cause de sa position ou de la honte qui l'assaillait... Elle avait envie de lui faire subir le même sort qu'au hibou, mais elle savait très bien qu'elle n'aurait plus aucune possibilité de descendre de là. Jamais... Elle ne voulait pas mourir comme une chauve-souris dans la volière...

« Excuse-moi... hi hi, j’étais en train d’imaginer la scène épique que tu as du vivre… Tu es vraiment douée en fait ! »

C'est bon, elle avait compris ! Elle se débattit en vain, dans l'espoir de lui faire remarquer que ce n'était pas la plus confortable des positions. Sa robe de sorcier pendait mollement autour d'elle, et le résultat ne devait pas être bien brillant... Il la faisait descendre et se payait sa tête ensuite, ce programme ne lui allait pas ? Visiblement non... Elle ne l'avait jamais porté dans son cœur mais là, ça dépassait tout ce qu'elle avait toujours connu. Elle le supportait de moins en moins. Ce garçon était peut-être gentil, mais il ne servait absolument à rien.

« Je compatissais avec ces imbéciles de volailles, ça se voit pas ? » aboya t-elle, vexée qu'il se moque sans même chercher à se faire discret. « Au lieu de te foutre de moi, fais moi descendre. »

La situation était assez comique, le jeune gallois avait du mal à se retenir de rire. Retrouver Sunny tête à l’envers battu par KO par un hibou avait de quoi rendre la situation cocasse. Ce fut aussi l’effet de surprise qui ne put l’empêcher d’éclater de rire impoliment devant la princesse, ce n’était pas tous les jours qu’on retrouve une personne pendu de la sorte juste devant lui. C’était ainsi que la Poufsouffle se vit accueillir par le gallois, un rire incontrôlé mais fortement moqueur aux yeux de la jeune fille…

« Je compatissais avec ces imbéciles de volailles, ça se voit pas ? Au lieu de te foutre de moi, fais moi descendre. »

Elle se débattait tant bien que mal, pour se défaire de ces maudits liens qui l’a retenait, mais sans grande réussite. Elle semblait bien plus énerver qu’autre chose, les réflexions du gallois n’étaient pas discrètes, et c’était peu dire. Les réprimandes de Sunny fit prendre conscience que Clydwyn n’avait vraiment pas été poli sur le coup, ce n’était d’habitude pas son tempérament, mais la situation était telle que se retenir lui était impossible.

« oui, oui… deux secondes… je cherche comment te sortir de ce pétrin » lui répondit-il alors qu’il venait à peine de visualiser la situation de comment elle était attaché. Visiblement, elle s’était lancé un sortilège de lévitation sur elle-même, vu que rien ne la retenait les pieds en l’air. C’était là que s’ajoutait un léger souci. Les sorts de lévitation sur un corps humain n’étaient pas des sortilèges de débutant… Mais apparemment vu qu’elle était les pieds en l’air, il était bien possible qu’elle avait tenté sans grande réussite le sortilège de levicorpus. Il essaya donc de suite de la libérer. « Liberacorpus ! » prononca-t-il clairement. Il ne se passa rien du tout, à part que les ronchons de Sunny commençaient à se faire entendre. Pourtant cela lui semblait logique, il allait falloir tenter autre chose maintenant avant que la pauvre tête de Sunny devienne complètement rougeâtre...

Il réfléchit donc à d’autres éventuelles possibilités, il en avait bien une en tête, qu’il connaissait bien, pour annuler tout sortilège possible mais la chute risquerait d’être un peu lourde, vu à la hauteur où elle lévitait. Il pourrait se mettre en dessous pour la rattraper mais cela risque d’être périlleux. L’autre solution auquel il avait pensé c’était de faire un mobilicorpus, et de la rapprocher du sol le plus possible. Le hic, c’était que Clydwyn était loin de pouvoir maitriser un tel sort, surtout qu’il n’avait eu rarement à l’utiliser, le sortilège n’étant enseigné que l’année prochaine pour lui. Comme tous les élèves, il en avait entendu parler de ce sort, mais le réaliser était une autre paire de manche.

« Bon, je vais essayer un autre sortilège, mais je ne le maitrise pas encore vraiment… il dirigea la pointe de sa baguette vers Sunny, puis énonça Mobilicorpus »

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'Le Hasard' : 6

Sans la moindre surprise, Sunny eut tout le loisir de remarquer combien ce pauvre Clydwyn était inutile... A part rire comme une baleine en la regardant se débattre vainement, il ne faisait absolument rien. Et là, elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre qu'il se décide à lui venir en aide... Sa baguette gisait par terre, loin d'elle, l'obligeant à se soumettre totalement à son camarade de maison. Elle n'avait jamais beaucoup compter sur sa baguette, c'était vrai, bien plus à l'aise sur un balai qu'en sortilèges, comme elle l'était davantage en sport qu'en anglais ou en mathématiques par exemple, mais là, elle se sentait complètement impuissante et comprenait parfaitement l'attachement qu'éprouvaient nombre de sorciers envers ce morceau de bois.

« oui, oui… deux secondes… je cherche comment te sortir de ce pétrin »

Ah ! Enfin ! Elle commençait à désespérer ! Bien malgré elle, le regard qu'elle posa alors sur le jeune homme n'avait plus rien d'arrogant, il était simplement empli d'un espoir innocent. Elle s'en voulait un peu de lui devoir quelque chose, mais d'un autre côté, elle ne pouvait pas vraiment faire autrement, et elle devait bien avoir qu'il valait mieux que ce soit lui... Bien sûr, dans le meilleur des cas, Absolem serait arrivé là pour lui filer un coup de main, ou même Seth après tout, qui aurait certainement été ravi de la délivrer comme une damoiselle en détresse. Enfin, elle n'allait pas se plaindre non plus, elle aurait très bien pu rester là toute la nuit, jusqu'à ce que quelqu'un remarque qu'elle avait disparu, ce qui risquait de prendre pas mal de temps étant donné qu'elle n'était pas très active en cours, plus occupée à somnoler dans un coin qu'à briller par sa présence. Il avait le mérite d'être là, ce pauvre Clydwyn, c'était vrai. Lorsqu'elle le vit pointer sa baguette sur elle, des étoiles d'espérance se mirent à briller dans ses prunelles claires.

« Liberacorpus ! »

Elle s'attendit à sentir la force qui la maintenant en l'air s'évanouir, quitte à s'écraser au sol, ça ne faisait rien, mais les secondes passèrent lentement sans qu'il ne se passe rien. En même temps, elle aurait dû s'en douter ! S'il était aussi doué en sortilèges qu'au Quidditch, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'il se foire lamentablement sur un simple enchantement ! Ses joues se tintèrent davantage encore, plus seulement à cause de sa position des plus désagréables mais également à cause de la colère qui montait contre le Poufsouffle. Bien sûr, en réalité, il n'y était pour rien, ce n'était pas lui qui l'avait mise dans un tel pétrin, mais c'était bien plus simple d'en avoir après lui que de reconnaître qu'elle était une véritable nouille incapable de vaincre un hibou.

« Géniaaaaal ! » ironisa t-elle. « Pour faire ça, j'étais capable de le faire toute seule... »

Elle était même capable de faire pire mais ça, elle se retint bien de le lui rappeler. Il ne sembla pas forcément tenir rigueur de sa mauvaise humeur, peut-être qu'il se rendait bien compte qu'elle ne vivait pas présentement un conte de fée, si bien qu'il préférait la ménager un minimum le temps qu'elle avait la tête en bas... Il se rattraperait sûrement ensuite, allant peut-être même jusqu'à raconter au château tout entier. Elle espérait que non, mais n'était sûre de rien. A part qu'il ne l'aimait pas vraiment, elle ne savait pas grand chose sur ce garçon, peut-être avait-il l'âme d'un Serpentard après tout... ? Il semblait malgré tout disposé à l'aider, ce qui était rassurant, en fin de compte.

« Bon, je vais essayer un autre sortilège, mais je ne le maîtrise pas encore vraiment… Mobilicorpus »

Parce qu'il y avait des choses qu'il maîtrisait vraiment ? Visiblement oui... Le corps de Clydwyn s'envola doucement mais sûrement pour se retrouver dans la même position qu'elle. La princesse resta silencieuse et interdite quelques secondes, attendant de ce qu'il se passerait par la suite. Peut-être était-ce une simple façon de venir la déloger de là-haut. Mais il ne se passa rien, et le jeune homme lui-même ne sembla pas tout comprendre... La blonde commença à s'agiter, cherchant vainement à frapper le pauvre garçon qui avait la chance de se trouver assez loin d'elle pour éviter les coups. Elle se fatigua comme ça un moment avant de comprendre que ça ne servait à rien et de se laisser lourdement retomber dans le vide, un peu essoufflée.

« Fais chier ! » siffla t-elle en se débattant avec sa cape qui finit par tomber sur le sol, recouvrant sa baguette par la même occasion. « Tu pouvais pas faire un effort et faire un truc bien, pour une fois, non ?! T'es vraiment nul quand tu t'y mets, sérieux ! »

Elle soupira exagérément et coinça son pull dans la ceinture de son pantalon pour éviter qu'il ne remonte, lançant un regard suspect à son camarade. Elle commençait à avoir mal à la tête, et désespérait un peu. Le pauvre tout de même, il s'était mis dans une situation bien moche simplement pour lui venir en aide... Elle ne pouvait pas être aussi vache, tout de même...

« 'Fin... C'sympa d'avoir essayé. »

Une fille à l’envers, un hibou paralysé, et un garçon s’essayant à des sortilèges. Voilà comment était la drôle d’histoire que vivait les deux compères. Clydwyn tenta tant bien que mal un petit sort qui lui paraissait logique dans cette situation, et tout ce qu’il eut en retour c’était des réprimandes de la petite princesse, qui n’avait surement rien à dire sur ses capacités vu dans la situation dans laquelle elle avait réussi à se mettre. Clydwyn lui aurait bien retourné la chose, mais il l’avait déjà assez mis mal à l’aise sa camarade, en pouffant de rire face à cette situation. Il ne répondit donc pas aux commentaires de la jeune fille et réfléchit de plus belle à une autre solution…

Une fille à l’envers, un hibou paralysé, et un garçon à l’envers… Qu’elle était belle l’autre solution ! Le gallois s’était tenté à un sortilège qu’il n’avait que très peu exercé, et le résultat fut immédiat, Sunny devait se sentir trop seule et la baguette du jeune Poufsouffle avait eu pitié d’elle et elle eut la merveilleuse idée d’envoyer Clydwyn au côté de la princesse… Voilà le désavantage de vouloir être trop gentil tout le temps, la baguette s’était habituée à ce genre d’attitude…

Le temps de comprendre dans quel merdier le gallois s’était retrouvé, il releva la tête et vit la pauvre Sunny faire des mouvements dans le vide, son visage rougissant de plus en plus. Elle était maintenant bien énervé, elle en perdit même sa cape dans toutes ses agitations…

« Fais chier ! Tu pouvais pas faire un effort et faire un truc bien, pour une fois, non ?! T'es vraiment nul quand tu t'y mets, sérieux ! »

Pour une fois ? Pour une fois ?!?!?? Bon ok, il n’avait jamais été des plus brillant élève en matière de magie, mais il n’était pas une bouse non plus. Il était sérieux dans ce qu’il faisait à chaque fois, pas comme celle qui lui faisait face… « Merci pour ton compliment, ça me touche vraiment… dit-il avec ironie, j’sais pas si tu es la mieux placé pour me faire ce genre de commentaire… » Il s’emmerdait à essayer de la faire descendre, il s’était foutu lui-même dans une position grotesque à cause d’elle et voilà comment il recevait des remerciements. Ok il n’avait pas été des plus galants au début, mais là il était concentré pour l’aider et c’est lui qui commençait à s’énerver, rien que de repenser au devoir qu’il avait dû faire avec elle et l’investissement qu’elle avait produit… proche du néant…

Elle ne se gênait pas de montrer son mécontentement, certes compréhensible du fait d’être dans une position fort peu agréable, mais râler elle savait y faire apparemment. Son pull commença légèrement à remonter, ce qu’elle empêcha immédiatement en le bloquant dans sa ceinture, et lançant un regard meurtrier envers le gallois qui, décidément, n’était pas son jour… Puis, elle sortit quelques mots de sa bouche qui devait être une torture pour elle à le dire. « 'Fin... C'sympa d'avoir essayé. ». Il ne savait comment le prendre, c’était vraiment sincère ou pas ? De toute façon elle n’avait plus le choix, il avait une baguette, pas elle, lui seul pouvait les sortir de cette fâcheuse position. On pouvait dire qu’il était en position de force et qu’il n’y avait aucun doute qu’elle essaye de faire les yeux doux. Après la question était : devait-il se sortir du merdier avant elle ou pas ? En même temps cela fait un certain temps qu’elle avait les neurones à l’envers, mais qui lui disait qu’elle l’aiderait une fois pied à terre ? Elle en serait bien capable de le laisser pourrir ici…« Mouais, j’voulais pas te laisser là quand même… ‘fin bref, au moins t’es plus toute seule dans la volière ainsi. » Dit-il avec un peu d’humour afin de détendre la situation qui pourrait vite partir en vrille.

Il fallait trouver une idée maintenant, et vite. Des têtes pourraient explosés sinon… Il repensait faire un Mobilicorpus, cela pourrait donner l’effet inverse et retourner pied au sol, cela pourrait être une idée intéressante à exploiter. En tout cas, mieux que d’annuler les sorts, de cette hauteur ça serait vraiment stupide… « Bon vu que je ne vois que ce sort pour nous sortir de là, je vais devoir re-essayer… » Il n’avait pas beaucoup de conviction dans ses paroles, ni dans ses pensées, en espérant qu’il y en ait plus dans ses actes… « J’aurai une autre solution après celle-là, j’espère ne pas à l’utiliser… Mobilicorpus ! »

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'Le Hasard' : 5

« Merci pour ton compliment, ça me touche vraiment… J’sais pas si tu es la mieux placée pour me faire ce genre de commentaire… »

Certes, il n'avait pas tort. Elle n'avait jamais été particulièrement assidue dans ses études, et malheureusement, la situation dans laquelle elle s'était mise aujourd'hui ne faisait que prouver que l'idée n'était pas merveilleuse. Ce n'était pas vraiment une mauvaise élève, elle faisait plus ou moins ses devoirs et avait des notes suffisantes pour passer dans les années supérieures mais elle était souvent à la toute limite de l'échec. Si elle daignait se donner les moyens, elle parviendrait sans trop de mal à avoir des résultats corrects, pas forcément excellents mais très corrects. Elle avait juste d'autres choses à faire, comme s'entraîner au Quidditch ou manger des bonbons en regardant les nuages. Elle ne voyait pas vraiment ce que des matières comme « Histoire de la magie » ou « Botanique » pourraient lui apporter plus tard, aussi elle ne faisait pas le moindre effort et se contentant de A, parce que c'était la plus petite note acceptée pour passer. Sunny soupira et afficha un air boudeur. Ce garçon était un véritable crétin. Il n'avait qu'à réussir son truc et la charrier pendant dix ans si le cœur lui en disait mais certainement pas la laisser galérer comme ça en trouvant le moyen de se plaindre de ses remarques. Mais non, ça aurait été trop simple.

« Mouais, j’voulais pas te laisser là quand même… ‘fin bref, au moins t’es plus toute seule dans la volière ainsi. »

Elle leva les yeux au ciel, même si dans sa position actuelle ça revenait un peu à regarder par terre mais ça ne faisait rien, l'idée était là. Ils étaient dans de beaux draps. Si quelqu'un entrait dans la volière à cet instant, ils étaient bons pour changer de nom et de pays, et de fuir au plus vite. Elle se fichait un peu de ce qu'on pouvait penser d'elle – du moins dans l'ensemble – mais n'avait aucune envie d'être la nouvelle cible des moqueries de l'école toute entière. Que les filles ricanent face à son look de garçon manqué, c'était pas grave, qu'on se fiche d'elle parce qu'elle était incapable d'être autre chose qu'une bonne copine pour un garçon, passe encore ce n'était pas dramatique, mais elle n'avait certainement pas envie qu'on remette en doute ses qualités de sorcière à cause d'un incident comme celui-ci. C'était déjà suffisamment épuisant d'être d'origines moldues en ce moment alors s'il fallait en plus avoir à se coller elle-même une étiquette d'usurpatrice de baguette, elle n'était pas sortie de l'auberge.

Bon vu que je ne vois que ce sort pour nous sortir de là, je vais devoir re-essayer… J’aurai une autre solution après celle-là, j’espère ne pas à l’utiliser… Mobilicorpus ! »

Il ne restait plus à la princesse qu'à faire confiance à son camarade de maison qui avait brillé par son inutilité jusque là. Clydwyn agita de nouveau sa baguette et contre toute attente le sort s'exécuta le plus normalement du monde... sauf que ce fut le pauvre petit hibou déjà bien amoché qui fut touché par le sortilège. Il se retrouva donc, lui aussi, pendu par les pattes au plafond. La blonde ricana nerveusement, voyant ses chances de retrouver la terre ferme s'amoindrir au fur et à mesure que les tentatives infructueuses du jeune homme s'accumulaient. Elle n'avait même plus le courage ni de se moquer, ni de râler, ni d'essayer de le frapper. Ca devenait particulièrement lassant, là, en fait... Pourquoi n'était-elle pas tombée sur un sorcier qui savait manier sa baguette avec brio ? Non, il avait fallu que ce soit ce sombre crétin qui la retrouve et qui aggrave encore plus la situation...

« Au pire, essaye de me faire tomber... » soupira t-elle en désespoir de cause. « Je préfère me casser quelque chose que de rester comme ça. Ou acciote ma baguette, j'serais peut-être pas plus douée, mais on aurait deux fois plus d'chance d'arriver à un truc correct. »

Peut-être auraient-ils dû commencer directement par là...

Il y avait une bonne et une mauvaise nouvelle, la bonne c’était que le gallois arrivait à lancer des sortilèges, la mauvaise était pour la précision nullissime de ses sortilèges… Le but était de déplacer un corps, ce qu’il avait fait à merveille à deux reprises ! Bon certes ce n’était pas les bons corps à déplacer mais il avait réussi… Malgré ces bonnes pensées pleines d’espoir –ou pas- Clydwyn aurait bien voulu ne pas être venu ici, se ridiculiser face à sa camarade de maison. Et c’était surement l’avis de Sunny, se retrouver la tête en bas et voir quelqu’un qui devait soit disant l’aider à retrouver pied sur terre et finalement elle avait le droit à un triste spectacle de qui était le plus ridicule… Certes elle était parvenue à être dans cette situation, mais le gallois avait fait doublement et dramatiquement "mieux".

Dans le désespoir total, il ne lui restait plus qu’à se faire tomber, chose qu’il aurait aimé éviter. Ce que proposa dans un premier temps Sunny, qui devait déprimer devant tant de nullité. « Au pire, essaye de me faire tomber... Je préfère me casser quelque chose que de rester comme ça. Ou acciote ma baguette, j'serais peut-être pas plus douée, mais on aurait deux fois plus d'chance d'arriver à un truc correct. » Sa baguette ? Mais oui ! Il ne l’avait même pas remarqué, jonchant le sol presque caché par une lettre, surement celle qui était la cause de toute cette histoire. Pourquoi il n’y avait pas pensé plut tot ? L’idée de se faire tomber lui était inconcevable, et encore moins de faire tomber Sunny… La solution de la baguette venait donc à point nommé. « Sans façon, je ne te ferai pas tomber de cette hauteur. » Ni lui-même pensait-il, ou du moins s’il pouvait éviter ce probable douloureux moment. Il leva la tete, pointa sa baguette sur celle de la princesse, et puis prononça distinctement : « Accio ! »

Accio:

Si le sort ne fonctionne pas :

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'Le Hasard' : 2, 3

Il était vrai que les résultats des sortilèges de Clydwyn étaient d'une médiocrité à faire peur, mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire que dans le fond, c'était pour lui venir en aide qu'il essayait encore et encore. Ils avaient beau passer leur vie à se chamailler et à essayer de se faire comprendre qu'ils ne se supportaient pas et qu'ils ne se supporteraient jamais, il y avait bien peu de gens dans cette école – même dans ses soi-disant amis – qui se seraient mis dans une telle situation pour lui filer un coup de main. Bien sûr, elle n'aurait de cesse de lui rappeler pendant les deux ans à venir ce qu'il s'était passé ici, sachant pertinemment qu'ils étaient aussi ridicules l'un que l'autre, mais il n'y aurait pas la moindre animosité dans sa voix, simplement un réel amusement au souvenir de cette catastrophe. Le jeune homme arriva finalement à récupérer la baguette de sa camarade. Elle ne sut si elle devait lui faire des bisous tant elle était contente de la retrouver ou la casser en deux pour l'avoir attaqué aussi lâchement. Indécise, elle ne fit rien du tout, mais pensa très fort qu'elle avait intérêt à les sortir de là si elle ne voulait pas servir de petit bois pour le feu de ce soir. Sunny commençait à avoir mal à la tête, et un certain pessimisme commençait à la prendre pour cible. A ce train-là, ils mourraient tous les deux la tête en bas sans que personne ne puisse venir les aider et ils seraient la risée de Poudlard pendant les siècles à venir puisqu'à deux, ils n'étaient parvenus à rien...

« Bon... Allez... Avec un peu de chance... »

Sunny respira un grand coup comme pour se donner un courage qui avait disparu depuis qu'elle avait la tête en bas et leva sa baguette. Ou la baissa, en réalité elle n'en savait plus trop rien, tous ses repères étaient brouillés par cette position étrange et inconfortable qui n'avait de cesse de l'enquiquiner. Un regard en direction de Clydwyn comme pour s'assurer qu'il n'était pas en train de se faire la malle sans elle, peu de chance certes mais on savait jamais, et elle se décida finalement à lancer son sortilège.

« Mobilicorpus ! »

Elle avait souhaité un instant les faire tomber directement, dangereux mais radical, en se disant qu'ils avaient de toute façon connu pire au Quidditch et que Pomfresh les rafistolerait en deux temps trois mouvements, mais le fait que le jeune homme ait essayé depuis le début de faire ça en douceur la fit suffisamment culpabiliser pour revoir ses plans...

Spoiler:

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'Le Hasard' : 5