L’heure avait sonné. Rhiannon avait retardé l’échéance du mieux qu’elle pouvait, quitte à s’enfermer des heures durant à la bibliothèque pour que le prétexte d’un énorme devoir à rendre semble à peu près valide, mais elle avait fini par craquer. Elle n’était pas hyperactive et faire semblant d’être super occupée pendant un mois tout entier lui paraissait difficile à surmonter. Elle n’avait donc pas vraiment le choix, elle s’était engagée à veiller sur Naïa pendant toute la durée de sa convalescence et il était difficile d’y couper. Toutefois, la jeune fille avait fait bien attention à choisir son moment. Elle s’était dit qu’elle se rendrait à l’infirmerie juste après un déjeuner avalé en vitesse et peu de temps avant son prochain cours qui lui permettrait d’avoir un motif tout à fait légitime de s’éclipser lorsque la situation commencerait à s’envenimer car il était évident que ça serait le cas. Naïa devait être une boule de nerf à l’heure actuelle, déjà parce qu’elle avait été défigurée par un autre élève qui cherchait à faire de la peine à son ex, mais surtout parce qu’elle avait perdu la première partie contre Rhiannon et que la vipère n’était pas du tout habituée à l’échec. A coup sûr, elle allait la chercher, la titiller, l’agacer jusqu’à ce qu’elle finisse par craquer et devienne beaucoup moins gentille qu’elle l’était d’habitude. Enfin, il allait bien falloir qu’elle contrôle ses nerfs, puisque dans cette histoire, c’était elle le larbin.

C’est tout de même un peu à reculons que la jeune fille prit la direction de l’infirmerie une fois un déjeuner très light avalé. Elle aurait presque souhaité tomber dans les escaliers en chemin et être incapable d’aller retrouver la vipère, sauf que le souci, c’est qu’un os brisé risquait de la mener directement à son ennemi puisqu’il y avait peu de chance qu’elle parvienne à convaincre ses enseignants de la transférer un Sainte-Mangouste juste pour une jambe cassée. L’infirmière de l’école avait toujours fait des miracles avec les élèves même les plus malchanceux et elle ne se souvenait pas avoir déjà assisté ou entendu parler d’un transfert vers l’hôpital. En soi, ça n’avait rien d’anormal, les sorciers avaient toujours utilisé des remèdes stupéfiants pour ce qui était des blessures physiques, voire mentales, parfois, lorsqu’un moldu avait besoin de trois ou quatre mois de convalescence, eux ne nécessitaient qu’une semaine ou deux, et Rhiannon les plaignait sincèrement. Toutefois, là, tout de suite, maintenant, elle avait l’impression de se retrouver au pied du mur à cause de ces médicaments sophistiqués. Bien sûr, elle pouvait toujours compter sur une apparition miracle d’un de ses professeurs qui lui demanderait un service et donc la dispenserait de sa visite, mais là encore, elle avait des doutes. Avec la nouvelle année, ils avaient tendance à être de meilleure humeur et bien plus clément, en tout cas, pour les trois premières suivant les vacances scolaires, mais pour le coup, ça ne l’arrangeait absolument pas.

La porte de l’infirmerie arriva beaucoup plus tôt qu’elle ne l’aurait voulu. La jeune fille jeta un bref coup d’œil à la montre qu’elle avait pris soin d’accrocher à son poignet avant de quitter sa salle commune, en sachant que ce serait peut-être sa seule bouée de sauvetage au moment où elle croirait que tout était perdu. Il était inutile de se mentir, Rhiannon n’avait aucune envie de pénétrer à l’intérieur de cette pièce, elle avait l’impression de se jeter dans la gueule du loup et elle détestait l’idée. Avec déjà Slevin qui lui courait après, la vipère n’avait pas en plus besoin d’aller discuter amicalement avec son ennemie jurée. Elle n’était pas du genre à chercher les ennuis et elle avait pris soin depuis sa rupture avec son frangin d’éviter sa camarade de maison. Il n’y avait aucun doute quant à l’issue de cette conversation, Naïa allait chercher à se venger, elle allait faire en sorte de garder son calme mais n’y parviendrait pas et les choses dégénéreraient. La Serpentard n’était pas du genre à jubiler et c’était la raison pour laquelle elle était restée à bonne distance après avoir réussi à faire pencher son frère de son côté, mais elle était sûre que poussée à bout, elle ne pourrait s’empêcher de ce vanter. Toutefois, la jeune fille finit tout de même par franchir la porte et parcourir la brève distance qui la séparerait dut lit de celle qu’elle n’avait absolument pas vouloir.

« Bonjour la grande blessée. » Déclara-t-elle avec un sourire improvisé en arrivant auprès de la vipère. « Oulala, en effet, il ne t’a pas loupé. »

La première chose que la jeune fille verrait était probablement son uniforme de Poufsouffle mais il était possible qu’elle n’ait pas pris encore connaissance du changement de maison de son frère et donc du fait qu’elle aurait le champ libre pour le draguer de nouveau dès qu’elle serait sortie de cet endroit. Avec un peu de chance, elle aurait donc un moyen de moins de la narguer, mais c’était une simple hypothèse, la gazette du sorcier avait parlé de ces changements de maison et les rumeurs circulaient vite dans le château, elle avait pu avoir envie de se renseigner à ce sujet, c’était même tout à fait probable. Cependant, Naïa était le genre de personne qui ne pensait qu’à elle-même et absolument pas aux autres, en sachant qu’elle-même devait être restée à Serpentard puisque l’école n’était probablement pas allée l’enquiquiner du fin fond de son lit pour lui donner un nouvel uniforme, il était fort possible qu’elle ne se soucie pas du sort de ses camarades et tant mieux. De toute façon, quoi qu’il en soit, elle n’allait probablement pas tarder à le savoir.

« Alors, on passe du bon temps ? Tu ne t’ennuies pas trop ? » Demanda la jeune fille. « Je t’ai ramené tes devoirs, et des bouquins, c’est les profs qui me les ont donné et certaines personnes de ta classe. »

Elle n’avait pas du tout envie d’être là mais quitte à y être obligée, elle avait tenu à faire les choses à peu près correctement et à remplir le rôle qui lui était assigné. Si jamais elle ne remplissait pas ses obligations, elle risquait de se farcir un nouveau mois tout aussi désagréable et il était hors de question que ça se produise. On lui avait demandé de remplir ce rôle durant la convalescence de la jeune fille qui devait, d’après ses renseignements, s’achever très prochainement, mais avec un peu de malchance, la vipère serait bien capable de prolonger son séjour pour l’embêter.

Aujourd'hui était un jour comme un autre dans ma prison, enfin c'est ce que je crus jusqu'à ce qu'on m'apprenne que Rhiannon Wallace devait venir me tenir compagnie. De l'Enfer, je venais de basculer tout droit au Purgatoire, endroit bien pire à mes yeux que toutes les tortures du monde. L'éternelle attente, un endroit où jamais rien ne se passe, où l'ennui règne en maître et nous accompagne au quotidien. Tous les jours se ressemblent et se suivent, tu n'es ni vraiment vivant, ni tout à fait mort, bref, l'angoisse. Finalement c'était un peu la sensation que j'avais depuis que j'étais enfermée dans cette infirmerie. J'avais ordre de rester dans mon lit, de me reposer au maximum et de laisser la nature et la magie faire leur travail. Je trouvais que tout cela n'allait pas assez vite à mon goût, j'avais entendu dire que les os pouvaient se réparer bien plus vite que ça. J'avais presque fini par me persuader qu'ils me gardaient exprès ici, soit pour me protéger des autres, soit pour protéger les autres de moi. Dans un sens ou dans l'autre, je me disais qu'ils ne pourraient pas me laisser pourrir éternellement dans ma tour d'ivoire et qu'il faudra bien un moment où j'en sorte. Mais étais-je prête psychologiquement à faire mon grand retour dans le monde des vivants ? Assise dans mon lit, je me persuadais que je l'étais, que je ne craignais rien, que j'étais Naïa Rosenberg et qu'en tant que Rosenberg, je n'avais peur de rien, mais la vérité est toute autre. J'avais peur, c'était inévitable et tout à fait naturel. J'ignorais qui m'avait attaqué et pourquoi il l'avait fait. J'avais causé trop de torts à beaucoup trop de personnes pour savoir d'où provenait le coup et d'une certaine façon c'était bien joué de la part de mon ennemi. S'il avait protégé ses arrières, je risquais d'avoir du mal à retrouver sa trace, mais je ne perdais pas espoir pour autant, tout le monde fait des erreurs, il suffit juste que j'attende qu'il en fasse une ou que je découvre s'il en a fait une quand il m'a attaqué. Pour le moment tout est flou, j'ai déjà bien dû mal à me souvenir exactement de ce qu'il s'est passé, mais j'y parviendrais, foi de Rosenberg. Je me dis que peut-être il était là à m'observer le jour où je me suis fait attaquer, pour voir si son plan a fonctionné. Il faudrait donc regarder de ce côté là, interroger les gens qui étaient présents autour du stade à cette heure-ci, afin de vérifier leurs dires, peut-être que ça pourra nous mettre sur une piste. J'ai dû mal à croire que la personne qui a voulu me faire du mal n'a pas voulu assister à ça, ce serait tellement stupide. Cela dit il ne faut pas écarter la possibilité que son plan était de m'attaquer durant un match, là où il pouvait assister à ma déchéance et où presque l'école entière pouvait également y assister ...

« Bonjour la grande blessée. Oulala, en effet, il ne t’a pas loupé. »

J'avais espéré que cette histoire de visite de la dernière des Wallace n'était qu'une rumeur infondée ou une mauvaise blague et pourtant quand je levais mon regard, je ne pus que constater qu'il n'en était rien. La voir déjà me donnais de l'allergie, l'entendre me donnais des nausées, rien d'encourageant pour la suite de cette journée en somme. Pourquoi moi ? Pourquoi elle ? Le directeur n'avait pas l'impression que j'avais assez souffert comme ça, pour me coller dans les pattes cette fille. Etait-il au courant du fait qu'on ne pouvait pas se voir en peinture ou avait-il réellement cru qu'une fille de ma maison et pourquoi pas Rhiannon pourrait me faire plaisir ? Si c'était le cas je serais ravie de lui faire comprendre que la prochaine fois je préférais qu'il me laisse croupir au fond de l'infirmerie, seule, plutôt qu'il prenne ce genre d'initiative. Evidemment je savais qu'il risquait de prendre très mal mes remarques et qu'il pourrait me faire payer mon impertinence mais quand je voyais Rhiannon en face de moi, je me disais que ça ne pouvait pas être pire que cette mauvaise blague. Je laissais glisser mon regard sur l'uniforme de la nouvelle venue et au lieu des couleurs Verte & Argent de notre maison, je voyais s'afficher sous mes yeux celles de la maison des Poufsouffle. D'abord étonnée, je finis par me souvenir que la gazette avait parlé de certains changements de maison. Je ne m'y étais pas plus intéressée que ça, étant coincée ici jusqu'à une durée indéterminée, je me moquais bien de savoir qui de ma maison serait envoyé ailleurs et qui des autres maisons serait envoyé chez nous. Mais maintenant que je voyais Rhiannon sous l'étendard d'une autre maison, j'en étais plutôt satisfait. - Charmante remarque pour commencer la journée ! Tes parents t'ont jamais appris qu'on évitait de dire à une personne qu'elle avait une sale gueule ... même si ça sautait aux yeux ?! Commençais-je par lui dire, légèrement vexée de l'entendre dire qu'il ne m'avait pas loupé. Il était connue de tous que j'étais narcissique et que je tenais particulièrement à mon visage que je trouvais très beau, alors entendre Rhiannon dire qu'il ne m'avait pas loupé signifiait à mes yeux que j'avais une tête à faire peur et qu'il était largement préférable que je reste loin des autres histoire de ne pas trop les effrayer. Finalement ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée que ça que je reste cloitrée à l'infirmerie, au moins ma réputation n'en prenait pas un coup ... encore que selon les rumeurs, elle avait quand même pris cher ! - Cela dit ces couleurs te vont à ravir, aurais-tu enfin trouver ta place parmi les tiens ? Pour moi il était évident que Rhiannon n'avait pas sa place chez les Serpentard, plus parce que je ne l'aimais pas qu'autre chose d'ailleurs. J'aurais tellement aimé qu'elle soit envoyé ailleurs, histoire que je ne la croise pas aussi souvent, même si nous nous évertuions à nous éviter le plus possible. Le fait déjà de ne pas être de la même année aidait beaucoup et de n'avoir aucun ami en commun - ou peu s'en fallait - nous permettait de nous croiser qu'une fois par jour, en coup de vent.

« Alors, on passe du bon temps ? Tu ne t’ennuies pas trop ? Je t’ai ramené tes devoirs, et des bouquins, c’est les profs qui me les ont donné et certaines personnes de ta classe. »

Maintenant que je la voyais avec un autre uniforme, je me demandais qui avais hérité du même sort qu'elle. J'attrapais la gazette qui se trouvait sur la table de chevet et je commençais à la parcourir rapidement. Il n'y avait pas grand chose qui m'intéressais dans ce torchon, les disparus me passaient en général bien au dessus, leurs noms ne me disaient pas grand chose ou alors vaguement et les raisons de leur départ m'importaient bien peu. J'allais donc directement dans la partie des changements ce mois-ci et je trouvais ceux qui avaient hérité d'une nouvelle maison durant ce mois de janvier. Il n'y avait pas mon nom, ce qui m'allais à ravir, je n'avais aucune envie de quitter ce trou pour aller dans un autre, je risquais de ne pas spécialement apprécier. Le nom de Seth non plus ne figurait pas dans les changements, mais rien de bien étrange sinon il me l'aurait dit. Livy n'y figurait pas non plus, ce qui signifiait que si je retournais dans mon dortoir ce mois-ci, je pourrais profiter de sa présence. C'est fou comme le temps passé ici m'a fait relativiser sur certaines choses. Certes j'en voulais toujours à Livy de s'être tapé Seth, mais je savais que j'allais arriver à passer au dessus parce que j'avais besoin d'elle dans ma vie, nous nous connaissions depuis sept ans maintenant et j'avais dû mal à imaginer ma vie sans elle. J'avais pensé la même chose avec June, mais je savais que Livy n'était pas June et qu'elle ne m'abandonnerait pas comme la jeune Clyde avait pu le faire. Un nom par contre m'interpela plus que les autres - ce qui n'était pas franchement difficile -, Elian faisait parti des changements et à mon plus grand plaisir, il avait rejoins nos rangs. Les yeux pétillants de malice et de plaisir, je relevais mon regard pour affronter ceux de Rhiannon. - Tu déconnes, je m'éclate comme une petite folle ici, être cloitrée entre quatre mur avec un geôlier qui a oublié ce que c'était l'humour et une réelle compétence dans son domaine, j'adore ! Je venais de prononcer ces mots relativement fort pour que l'infirmière puisse les entendre si elle était dans le coin. Je rêvais de la pousser à travers la fenêtre pour en être définitivement débarrassée, de toute façon pour ce qu'elle me servait, sa disparition ne serait pas une grande perte dans ma vie. - Oh chouette, mes devoirs et mes cours ... moi qui avait peur de m'ennuyer et d'être à la ramasse, me voilà rassurée ... Ce n'était que de la pure mauvaise foi de ma part puisque je n'ignorais pas que j'avais mes ASPICs à la fin de l'année et qu'il était hors de question que je les loupe pour rester une année de plus ici. J'étais déterminée à finir mon année en beauté, avec des notes tout à fait correctes, afin de m'envoler vers l'université ou une nouvelle vie m'attendait. J'attrapais ce que venait de m'apporter Rhiannon et je les posais à côté de moi sur mon lit. Je m'y pencherais plus tard ou durant la conversation si elle m'ennuyait. Je fixais un instant Rhiannon, ne comprenant vraiment pas pourquoi on l'avait choisi elle. - Pourquoi tu es là ? J'veux dire, ils auraient pu prendre n'importe qui, pourquoi toi en particulier ? Et d'ailleurs pourquoi avoir chargé quelqu'un de venir me tenir compagnie ? Ils ont eu vent de mon projet de m'évader ? dis-je en plaisantant.

« Charmante remarque pour commencer la journée ! Tes parents t'ont jamais appris qu'on évitait de dire à une personne qu'elle avait une sale gueule ... même si ça sautait aux yeux ?! »

La douce voix de Naïa venait de résonner pour la première fois de la journée à ses oreilles et déjà, elle avait envie de repartir dans sa salle commune de substitution et ne plus jamais revenir. Sauf qu’elle n’avait pas le choix, elle était obligée de mener à bien cette mission qu’elle s’était confiée bien qu’elle ait été forcée à le faire. Elle n’aurait pas de deuxième chance et elle ignorait ce qu’il se passerait si elle ne respectait pas ses engagements. Quoi qu’il puisse se passer, elle n’avait aucune envie de le découvrir, elle voulait juste que cette douloureuse épreuve passe le plus vite possible.

« Oui, mais c’est toi donc ça me fait plaisir. » Répondit la jeune fille avec un grand sourire. « Je trouve que j’ai été plutôt sympa compte tenu des circonstances. »

Elle aurait pu lui déverser tout son venin à la figure mais elle s’était abstenue de le faire, pourtant, après toutes les histoires qu’il y avait eu à cause de la vipère et de ses mensonges Rhiannon aurait pu lui en vouloir à mort et chercher à se venger maintenant que son ennemie jurée était totalement affaiblie et donc pas du tout en état de se battre. Mais non, elle s’était simplement contentée de faire une remarque sur son physique désastreux, lié non pas à sa naissance mais à une baston dont elle avait été la victime, c’était encore assez gentil. Elle n’avait aucune envie de s’excuser et elle ne le ferait pas, Naïa ne lui avait pas présenté ses excuses, elle, pour tout ce qu’elle lui avait fait subir.

« Cela dit ces couleurs te vont à ravir, aurais-tu enfin trouver ta place parmi les tiens ? »

Elle en était sûre, il ne fallait pas être Einstein pour savoir sur quel terrain cette fille stupide allait attaquer. Certes, elle avait changé de maison, mais ce n’était pas une raison pour lui dire que le jaune n’allait pas avec ses cheveux, qu’elle avait plus sa place parmi les Poufsouffle que parmi les Serpentard, qu’elle devait être super heureuse de son nouvel uniforme, et ce genre de choses… Lorsque c’était de la part de ses amis, elle souriait mais les faisait taire assez rapidement parce que ça avait tendance à l’agacer bien plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre, mais lorsque c’était de la part d’une personne qu’elle n’aimait pas trop, elle trouvait ça tout simplement affligeant.

« Ma place est à Serpentard. »

Elle espérait que cette réponse claire nette et précise lui ferait passer l’envie de s’attaquer à son changement de maison. D’autant plus que c’était un changement qui était tout sauf permanent, elle comptait bien retrouver ses amis, son dortoir et ses habitudes dès la fin du mois, et c’était ce qui était normalement prévu si elle respectait les règles à la lettre. Il n’y avait pas de raison pour qu’elle se retrouver coincée ici, mais Rhiannon craignait qu’un rebondissement de très mauvais goût ait lieu et qu’elle ait à subir de telles moqueries pendant bien plus longtemps que ce qu’elle avait imaginé. Avec la nouvelle direction et les idées farfelues des membres de la BSPB, on pouvait s’attendre à tout.

« Tu déconnes, je m'éclate comme une petite folle ici, être cloitrée entre quatre mur avec un geôlier qui a oublié ce que c'était l'humour et une réelle compétence dans son domaine, j'adore ! »

La vipère ne put s’empêcher de ricaner, pas vraiment méchamment mais parce qu’elle appréciait l’ironie de la jeune fille qui semblait prendre plutôt bien la chose au final. Rhiannon avait eu beau dire à Elian qu’elle aurait préféré la voir mourir plutôt que d’être gravement blessée, ce n’était pas la vérité, elle avait surtout dit ça parce qu’elle avait eu peur qu’il retombe dans ses bras en se rendant compte qu’il était passé à deux doigts de la perdre, ce genre de blabla stupide et elle avait voulu lui montrer qu’elle ne cautionnait toujours pas un tel comportement et ne pardonnait pas si facilement. La vipère voulait durcir son frère à travers son propre caractère, mais finalement, elle n’était peut-être pas aussi forte qu’elle voulait le faire paraître, même lorsqu’il s’agissait de cette fille qu’elle n’aimait pas et qu’elle n’aimerait jamais.

« Oh chouette, mes devoirs et mes cours ... moi qui avait peur de m'ennuyer et d'être à la ramasse, me voilà rassurée ... »

Et encore, elle avait été gentille, elle aurait pu avoir envie de mettre des petits mots doux à l’intérieur pour lui faire plaisir mais elle s’était abstenue, comme quoi, elle pouvait être une fille bien quand elle le voulait. Bon, ce n’était pas évident, à première vue, elle avait tendance à faire un peu ce qui lui plaisait quand ça lui plaisait et surtout lorsque ça servait son intérêt. Mais ce n’était pas parce qu’elle était un peu ambitieuse et la plupart du temps dénuée de tout scrupule lorsqu’il s’agissait de gagner de l’argent pour son association qu’elle était uns sans-cœur. Bien au contraire, elle adorait pouvoir venir en aide à ses amis et se rendre utile dans la mesure de ses moyens, elle voulait juste réussir dans ce qu’elle entreprenait, ce n’était pas un crime.

« Pourquoi tu es là ? J'veux dire, ils auraient pu prendre n'importe qui, pourquoi toi en particulier ? Et d'ailleurs pourquoi avoir chargé quelqu'un de venir me tenir compagnie ? Ils ont eu vent de mon projet de m'évader ? »

Mince, la question qu’il ne fallait pas. Rhiannon ne pouvait pas décemment lui expliquer exactement pourquoi elle était là, ça ne ferait qu’envenimer la situation. Bien sûr, ce n’était pas très grave en soit, mais si elle lui avouait véritablement quel choix elle avait dû faire, elle était quasiment certaine qu’elle le prendrait mal et que la journée serait encore plus désastreuse qu’elle ne l’était déjà entre elles deux. La vipère n’espérait pas que la journée se passe bien et qu’elles se réconcilient, elle n’en avait d’ailleurs pas la moindre envie, mais elle voulait éviter de se retrouver sur un lit d’infirmerie aux côtés de la Serpentard jusqu’à la fin de l’année scolaire. C’était déjà assez pénible comme ça de devoir passer un moment en sa compagnie, si ça devait être toute la journée, tout le temps, ça allait être franchement difficile.

« Je suis là parce que je l’ai décidé, à contrecoeur, certes, mais j’ai préféré ça à un autre truc moins cool… Enfin bref, longue histoire. » Raconta-t-elle en restant extrêmement évasive. « Tu veux t’évader ? Tes deux jambes peuvent te porter ou tu risques de t’écrouler si tu mets le petit doigt de pied dehors ? »

La jeune fille se demanda si elle ne pouvait pas se dissimuler derrière un oreiller là, tout de suite, maintenant et faire semblant d’avoir disparu. Avec un peu de chance, Naïa avait eu aussi les yeux amochés par le choc et elle croirait qu’elle avait pris la fuite. Bon, d’accord, ce n’était pas réaliste, mais c’était quand même plaisant à imaginer.

« Oui, mais c’est toi donc ça me fait plaisir. Je trouve que j’ai été plutôt sympa compte tenu des circonstances. »

C’est amusant de constater que rien que sa présence me porte sur les nerfs, j’ai déjà envie de lui sauter dessus pour lui crever les yeux. Evidemment ce ne serait pas vraiment raisonnable, mais qu’aurais-je à perdre finalement ? Ce n’est pas comme si je pouvais mettre mon couple en péril, c’était déjà fait et bien fait même et même si Elian était passé me voir dans ma prison dorée, il y avait peu de chance qu’il me pardonne. Lui en voulais-je de m’en garder rancune ? Un peu, égoïstement j’aurais aimé qu’il se rende compte que la vie sans moi était impossible et qu’il me revienne, mais je sais aussi que malgré le fait que je n’éprouve aucun regret quant à se que j’ai fais, je peux comprendre qu’il m’en veuille, même si cela me déplais au plus haut point. Bon après j’étais consciente qu’ils ne me laisseront jamais sortir si je lui crève les yeux et Seth risque de fortement être contre ce geste, ce qui est bien dommage. Mais s’il n’y avait que sa présence encore qui était désagréable, je pourrais passer au dessus, ne pas la regarder, mais même quand elle parle, elle m’agace. Avec son faux sourire, son ton faussement sympathique et ses propos qui me donnent envie de lui sauter dessus. « J’ai plutôt été sympa »… mais d’où ? Je n’avais aucune envie qu’elle vienne, elle s’en serait abstenue, là j’aurais trouvé ça sympa, mais m’imposer sa présence alors que je n’ai rien demandé, j’avoue que ça me dépasse. - Tu veux dire compte tenu du fait que tu as attenté à mes jours et que tu as bien failli y arriver ? Oui c’était une hypothèse qui me trottait dans la tête, comme beaucoup d’autres et ça me faisais plaisir de la lui exposer. Y croyais-je vraiment ? Même si du fond de mon cœur ça me ferais plaisir d’apprendre que c’est de sa faute, je n’arrivais malheureusement pas à me dire qu’elle aurait été capable d’arriver à ce niveau là à son âge. Non il était évident que c’était soit une personne de mon année, soit un membre du personnel, soit quelqu’un de franchement doué. Il fallait de l’entraînement et un minimum de compétences en ensorcèlement pour parvenir à ce genre de mauvais tours et même si je haïssais Rhiannon, je savais qu’elle n’avait ni les capacités, ni l’âme aussi noire pour en avoir l’idée. Je ne doutais pas un instant qu’elle me détestait, mais pas au point de mettre elle-même fin à mes jours. Le sujet dériva sur sa nouvelle affectation, personnellement j’approuvais à 100% ce choix, non pas que je la voyais dans cette maison en particulier mais parce qu’elle n’était plus dans la mienne et que ça me suffisait largement. Elle n’était pas du même avis, ce qui ne m’étonna pas, mais moi ça m’amusa beaucoup, surtout en sachant que c’était Elian qui avait pris sa place. - Si tu le dis … Lui répondis-je d’un air aussi désintéressé, qu’incrédule. Je crois si elle était tombée dans une autre maison que la mienne, notre relation actuelle ne serait pas aussi tendue. Je ne prétends pas qu’on aurait pu merveilleusement bien s’entendre, il ne faut pas pousser non plus, mais je ne serais peut-être pas arrivée à la détester autant. C’était ma maison, la mienne, pourquoi elle y était venue ? Seth est allé à Gryffondor et Elian à Serdaigle, il aurait été naturel qu’elle rejoigne les rangs des Poufsouffle !

« Je suis là parce que je l’ai décidé, à contrecoeur, certes, mais j’ai préféré ça à un autre truc moins cool… Enfin bref, longue histoire. Tu veux t’évader ? Tes deux jambes peuvent te porter ou tu risques de t’écrouler si tu mets le petit doigt de pied dehors ? »

Comment ça elle a choisi ça plutôt qu’autre chose ? Qu’est-ce qui aurait pu être pire que me tenir compagnie ? Moi qui pensais – à tort visiblement – que l’Enfer serait largement préférable à ses yeux qu’une seconde en ma présence. Je suis désolée, réellement déçue. Je ne pense aucunement que c’est mon état actuel qui la rend plus gentille, je n’ai pas dû faire mon travail correctement. Au moins elle était ici à contre cœur, c’était toujours ça de pris, si en plus elle était de plein gré et heureuse, autant que je saute tout de suite par la fenêtre, ça irait aussi vite. Cela dit je reste intriguée par ses propos. J’aimerais bien savoir le choix cornélien qu’elle a eu, histoire de me rassurer ou de m’inquiéter. - Un autre truc moins cool ? Qu’est-ce qui aurait pu être moins cool que de passer du temps en ma compagnie ? M’évader, j’avais dis cela sur le ton de la plaisanterie, même si l’idée était plaisante. Mais où irais-je ? Chez moi ? Ou dans ma maison ? Mais y serais-je en sécurité ? Cette question me taraudait depuis un moment. Qui m’avait attaqué ? Qui m’en voulait au point d’attenter à mes jours ? Beaucoup de suspects, mais à l’heure actuelle, aucun coupable. L’idée que je ne sois pas visée, que c’était accidentelle ou que j’étais la mauvaise cible m’a effleuré l’esprit, mais je doute quand même d’un simple manque de chance. Je n'étais pas un ange, il fallait se faire une raison. Durant mes sept années ici, je m'étais fait certes des alliés mais également des ennemis, et en plus grand nombre. Cela dit je n'en voyais sincèrement aucun qui aurait pu passer à l'acte, tous des gamins lâches et enfantins, aucun n'a la carrure d'un tueur et pourtant ... - A l'heure actuelle ? Je peux me lever et marcher ... mais je suis rapidement fatiguer, c'est d'ailleurs pour cette raison là qu'ils veulent encore me garder un peu !

« Tu veux dire compte tenu du fait que tu as attenté à mes jours et que tu as bien failli y arriver ? »

Dans un premier temps, Rhiannon ouvrit de grands yeux étonnée, tant elle ne s’attendait pas à un tel rebondissement. Il était vraiment surprenant de la part de Naïa d’entendre une telle hypothèse. Pourquoi diable aurait-elle fait une chose pareille alors que la balle se trouvait dans son camp à l’heure actuelle ? Elle avait tout gagné, son frère lui faisait de nouveau confiance, elle avait retrouvé sa place de privilégiée et une crédibilité que l’autre vipère n’aurait plus jamais, et le mieux du mieux était que son frère et sa stupide petite-amie avaient fini par rompre et qu’ils ne semblaient pas du tout sur le point de se remettre ensemble. En essayant de s’en prendre à Naïa, la jeune fille savait qu’elle aurait retourné la situation d’une façon qui ne la mettrait absolument pas en valeur. Tout d’abord, c’était prendre le risque de se faire repérer et donc d’être expulsée de l’école, voire même d’aller faire un petit tour en prison, et qui plus était, voir la vipère dans cet état lamentable aurait pu donner une illumination divine à son frère qui se serait rendu compte qu’il était sur le point de laisser s’échapper l’amour de sa vie. Non, vraiment, elle n’avait aucun intérêt là-dedans et si la Serpentard avait eu un petit plus de jugeote elle ne l’aurait même pas soupçonnée.

« J’aurais tellement aimé, t’imagines même pas, mais la prison c’est pas trop mon truc et quelqu’un a eu la gentillesse de me rendre ce service sans que j’ai à bouger le petit doigt pour trouver moi-même un moyen de te faire disparaitre, quoi que c’est bien dommage, il a raté son coup. »

Il y avait un fond de vérité dans tout ça, mais elle ne pouvait pas sérieusement admettre avoir été totalement honnête pour le coup. Non, elle n’aurait pas forcément aimé que Naïa disparaisse, bien sûr, elle voudrait dans l’idéal que la vipère ne soit plus dans sa vie parce qu’elle n’était pas forcément la personne qui illuminait le plus ses journées, mais de là à l’effacer totalement de la surface du globe, non, ce n’était pas comme ça que ça devait se passer, elle n’avait pas un aussi mauvais fond. Toutefois, elle devait bien reconnaitre qu’il n’était pas désagréable d’avouer totalement le contraire à la jeune fille, elle aurait même beaucoup aimé en rajouter une couche en avouant que lorsqu’elle serait sur pieds, elle aurait beaucoup de plaisir à la renvoyer ici. Sauf que ça aurait été un peu pousser le bouchon, d’autant plus qu’il aurait fallu qu’elle prouve ses dires par des actes et qu’elle ne sentait pas capable d’attenter à la vie d’une personne aussi détestable soit-elle. De toute façon, la septième année avait probablement tout un tas d’ennemis à l’intérieur du château susceptible de faire ce qu’elle n’aurait jamais le courage de tenter.

« Si tu le dis … »

Rhiannon n’avait pas envie de chercher la petite bête, raison pour laquelle elle fit simplement semblant de ne pas avoir entendu la remarque de la jeune fille. Bien sûr qu’elle n’avouerait jamais qu’elle avait autant que leurs autres camarades sa place à Serpentard, elle préférerait certainement se crever un œil plutôt que de reconnaitre une telle chose, il était donc inutile d’insister. D’autant plus que pour le coup, la vipère n’était pas certaine de gagner cette petite guerre-là, certes, elle avait de nombreux traits de caractères qui la faisaient idéalement correspondre avec cette maison, mais ils n’étaient pas si affirmés que ça et Naïa trouverait rapidement des failles qu’elle serait bien incapable d’expliquer. Tout ce qu’elle pouvait dire était que le Choixpeau avait choisi de l’envoyer ici et qu’il ne se trompait jamais, il était donc parfaitement normal qu’elle se trouve chez les verts et argents, c’était sa maison au même titre que n’importe quel autre vert et argent et elle ne supporte pas qu’on dénigre son appartenance à la maison dans laquelle on l’avait envoyé alors même qu’elle n’en avait pas la moindre envie. Les choses s’étaient déroulées de cette façon et elle n’y pouvait strictement rien, elle s’était habituée avec le temps et en était même fière désormais, elle était l’une des leurs et ce n’était pas cette stupide septième année qui y changerait quoi que ce soit.

« Un autre truc moins cool ? Qu’est-ce qui aurait pu être moins cool que de passer du temps en ma compagnie ? »

Pour le coup, elle n’avait pas tort, passer du temps en compagnie de la seule fille du château qu’elle avait envie d’étrangler lorsqu’elle apparaissait dans son champ de vision relevait du masochisme. Rhiannon n’avait jamais envisagé que qui que ce soit puisse la pousser à faire un tel choix, et pourtant, c’était arrivé. Voilà, elle se retrouvait devant la Serpentard pour une durée indéterminée et elle savait qu’elle était censée exhausser les moindres de ses caprices et faire en sorte que tous ses désirs deviennent réalité. Pour le moment, elle avait eu de la chance, la vipère avait eu l’extrême gentillesse de lui laisser le temps d’arriver, elle n’avait pas fait la moindre remarque ni demandé le moindre petit service, c’était déjà une bonne chose mais Rhiannon supposait fort bien que ça ne durerait pas. C’était Naïa Rosenberg qui se trouvait allongée dans ce lit d’infirmerie pas un Bisounours rose prêt à l’emmener au pays des arc-en-ciel pour qu’elle retrouve son âme d’enfant et s’amuse comme une petite fille. A un moment ou à un autre, la vipère réaliserait qu’elle avait les moyens de lui faire payer et elle le ferait.

« Là, tu marques un points, je dois reconnaitre que ce n’est pas franchement simple de faire pire, mais le papa Noël avait plein de surprises dans sa hotte cette année. »

Il était hors de question qu’elle lui avoue le choix qu’elle avait dû faire, et ce pour de multiples raisons. Il y avait déjà la possibilité qu’elle répète à Elian ce qu’elle allait entendre et donc qu’elle passe pour la gamine jalouse et possessive qui ne voulait partager son frère avec personne, alors qu’en réalité, elle se fichait bien qu’il ait une petite amie, c’était juste la petite amie en question qui la dérangeait. Et puis, il y avait aussi la possibilité de faire enrager Naïa parce qu’elle était sûrement en train de se demander ce que ça pouvait bien être et qu’elle allait bientôt comprendre qu’elle n’avait pas le contrôle sur tout et tout le monde et qu’il y avait certaines choses qu’elle n’était pas en mesure de découvrir. Pour quelqu’un aussi imbu de sa personne que la Rosenberg, les choses ne se passaient pas de façon idéale ces temps-ci et son piédestal semblait bien loin désormais, c’était juste une façon supplémentaire de le lui faire réaliser. Mais la raison qui surpassait toutes les autres était bien sûr la volonté de Rhiannon de ne pas révéler ses faiblesses. Elle refusait que Naïa se rende compte de tous les sacrifices qu’elle était capable de faire pour son frangin car il était évident qu’elle s’en servirait contre elle tôt ou tard.

« A l'heure actuelle ? Je peux me lever et marcher ... mais je suis rapidement fatiguée, c'est d'ailleurs pour cette raison là qu'ils veulent encore me garder un peu ! »

En voilà une bonne nouvelle, malgré une petite fatiguée, la vipère se portait très bien et serait prochainement capable de quitter l’infirmerie. Rhiannon y voyait bien sûr un grand intérêt. Non, ce n’était pas la super fête organisée pour le retour de la fille prodigue qui l’enthousiasmait, d’autant plus qu’elle n’y serait pas puisqu’elle était envoyée à Poufsouffle pour un mois, mais en sachant qu’elle s’était engagée à faire des visites régulières à l’infirmerie pour tenir compagnie à la jeune fille, si celle-ci n’y était plus, son obligation n’aurait plus lieu d’être et elle ne serait plus obligée de la voir. Il fallait donc que ce petit miracle se produise le plus rapidement possible. Bien entendu, Rhiannon était un peu partagée car elle savait qu’en sortant de là, Naïa irait bien gentiment retrouver son frère qui avait voulu être tout mignon en passant le mois de Serpentard à ses côtés, mais bon, ce n’était pas parce qu’il était dans la même maison qu’il allait retomber dans ses bras aussi facilement, rien à voir avec le superbe diner aux chandelles qu’elle avait réussi à éviter.

« Je peux t’aider à t’évader si tu veux, au moins pour l’après-midi, tu dois avoir des personnes à voir, non ? Ou éventuellement des choses plus intéressantes à faire que de croupir ici… ? »

Naïa allait certainement être surprise par une telle proposition et elle allait probablement avoir du mal à comprendre ses motivations, mais Rhiannon n’avait pas besoin qu’elle comprenne, juste qu’elle accepte et qu’elles se tirent d’ici le plus rapidement possible. Au moins, elles pourraient passer une journée totalement normale loin de l’infirmerie et surtout de l’infirmière qui avait tendance à être un peu collante.

« J’aurais tellement aimé, t’imagines même pas, mais la prison c’est pas trop mon truc et quelqu’un a eu la gentillesse de me rendre ce service sans que j’ai à bouger le petit doigt pour trouver moi-même un moyen de te faire disparaitre, quoi que c’est bien dommage, il a raté son coup. »

Je ne doute pas un instant qu’elle aurait adoré me voir morte. Encore que, même morte j’aurais été capable de lui pourrir l’existence, sa famille aurait dû porter le deuil, même si certains membres ne m’apprécient que moyennement. Elian aurait certainement eu du mal à digérer ma disparition, même s’il n’est plus avec moi, cela ne veut pas dire qu’il ne tient plus du tout à moi. Il a trop bon cœur pour être insensible à ma disparition. Personnellement, si je devais mourir et elle finir en prison, dans un sens ça me va. Au moins je serais que je lui aurais gâché la vie jusqu’au bout. Mais en dehors de ça, je ne la croyais pas spécialement. Peut-être qu’une part d’elle voudrait me voir disparaitre, c’était certain même, mais ça ne voulait pas dire qu’elle aspirait véritablement à ma mort. Peut-être que dans quelques années, je ne serais pas aussi affirmative, mais pour l’instant, je ne pense pas sincèrement qu’elle est arrivée à ce point là. Elle me déteste, aimerait ne plus me voir dans sa vie, mais au-delà de ça, elle reste encore un être humain, avec des valeurs, typiquement le truc des Wallace.

- Hé oui, ce n’est plus ce que c’était que les hommes de main, trop d’incapables dans la branche, il vaut mieux parfois faire soit même le travail pour être sûre d’obtenir le résultat escompté !

Je ne pense pas qu’elle soit derrière tout cela, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas le prétendre. J’aurais aimé pourtant que ça soit elle, ça m’aurais tellement fais plaisir de lui gâcher le reste de sa longue existence, mais je sais que ce serait trop utopiste, même pour moi. De toute façon elle n’est pas la seule à être sur ma liste de suspects. J’ai une longue liste noire de personnes que j’aimerais voir disparaitre, d’une façon ou d’une autre. Certes aucune des personnes que je haïs n’aurait réellement pu attenter à ma vie, mais j’aimais caresser le doux rêve que peut-être les rêves pouvaient devenir réalité. En dehors de Julietta, il y avait Lashlabasket, que je ne pouvais pas encadrer, elle était sur la scène de crime, mais elle m’a … non je ne pouvais le dire, je dirais plutôt qu’elle a arrêté les cognards, c’est déjà largement suffisant. Alors peut-être qu’elle voulait me donner une leçon, me montrer qu’elle pouvait m’atteindre si elle le voulait … cela dit je doutais qu’elle est les compétences nécessaires pour faire ça. Ancienne serpentard peut-être, mais dans une autre vie alors, car déjà je doute de ses compétences en tant que professeur et en tant que sorcière, alors être capable d’orchestrer mon meurtre … grosse blague. Et puis il y avait Freyja, elle est bien incapable de se servir de sa baguette, trop sotte pour faire ce genre de chose, mais j’aimais l’idée que j’allais la défoncer de cette façon. Cette garce a couché avec Elian, il fallait qu’elle le paie, d’une façon ou d’une autre.

- Il avait quoi d’autre ?

Je voulais savoir pourquoi elle était ici, en dehors de me porter sur les nerfs. Ce n’était pas normal, elle me détestait tout autant que je ne pouvais pas l’encadrer, il n’y avait donc aucune raison qu’elle soit ici. Elle m’avoua qu’elle n’avait pas eu le choix, qu’on lui avait proposé plusieurs possibilités et que visiblement c’était celle-ci qui était la plus acceptable. C’est quand j’appris ça que je voulus en savoir plus, qu’est-ce qui pouvait être pire que passer une journée avec moi ? Quand j’en serais plus sur ses autres choix, je lui demanderais quels étaient les termes exacts de la proposition qu’elle avait choisi, histoire que je sache très exactement ce qu’elle était censée faire ici, en dehors de me faire chier. Du temps à perdre, j’en avais à revendre, je l’avoue bien volontiers, mais pas avec elle, je suis bien sympathique – de temps en temps et avec certaines personnes seulement – mais il ne fallait pas pousser Dumbledore à travers le balcon …. Oups c’est déjà fait !

« Je peux t’aider à t’évader si tu veux, au moins pour l’après-midi, tu dois avoir des personnes à voir, non ? Ou éventuellement des choses plus intéressantes à faire que de croupir ici… ? »

M’évader pour l’après-midi ? M’aider ? Mon dieu mais où était le traquenard ? Je ne me sentais pas franchement à l’aise, surtout pas avec elle dans le coin. Cela dit, partir d’ici, ne serait-ce que quelques heures me feraient un bien fou. J’étais prête à aller n’importe où, tant que je n’étais plus dans ce lit. Je la fixais, suspicieuse, durant un instant. Qu’est-ce qu’elle voulait au juste ? S’il y avait une contrepartie, il allait falloir qu’elle se rende compte que je ne serais pas indéfiniment dans ce lit et que depuis que je n’étais plus avec Elian, je pouvais aisément l’attaquer sans avoir peur de le perdre, vu que c’était déjà fait.

- Pourquoi t’es si gentille ? C’quoi l’arnaque ? Si tu t’attends une contrepartie, tu peux te brosser, je ne te donnerais strictement rien !

J’ignorais les termes du contrat mais je ne tarderais pas à les connaitre. Je préférais mettre les choses au clair tout de suite, histoire qu’elle ne se fasse pas de fausses illusions. Si elle était gentille pour obtenir quelque chose de ma part, elle allait pouvoir se brosser, il était hors de question que je lui rende un quelconque service. Cela dit, j’aimais vraiment l’idée de partir d’ici et maintenant qu’elle s’était proposée, elle n’allait avoir plus le choix, plus de possibilité de s’enfuir ou de changer d’avis.

- Passes moi mes affaires qui sont là bas et fermes le rideau, j’aimerais me changer en paix !

« Hé oui, ce n’est plus ce que c’était que les hommes de main, trop d’incapables dans la branche, il vaut mieux parfois faire soit même le travail pour être sûre d’obtenir le résultat escompté ! »

Rhiannon sourit, ravie de voir que la vipère prenait bien la situation. D’un autre côté, elle n’avait pas trop le choix, elle savait certainement que la quatrième année serait la première à jubiler si elle venait à apprendre qu’elle vivait très mal cette situation et qu’elle mourrait de peur à l’idée de voir une telle chose se reproduire. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai, Rhiannon n’était pas le genre de fille qui jubilait devant ce genre d’événement dramatique, mais bien sûr, elle ne le lui avouerait jamais et préférerait certainement lui faire croire qu’elle se réjouissait de son malheur à tel point qu’elle ne se sentait jamais aussi heureuse et épanouie que lorsque sa pseudo ennemie se sentait affreusement mal. Bon, il fallait aussi qu’elle lui montre qu’elle ne lui attachait pas beaucoup d’importance sinon ça lui ferait trop plaisir, mais ça faisait beaucoup à gérer pour une seule personne alors qu’en plus elle n’avait absolument pas l’habitude de se montrer méchante, loin de là, et c’était ce trait de caractère absent qui entrainait une grande réticence à son égard de la part de ses camarades Serpentard.

« Il avait quoi d’autre ? »

Comme elle avait pu s’y attendre, Naïa ne lâchait pas le morceau. Ce n’était pas franchement étonnant, Rhiannon avait fait exprès de rester évasive en sachant très bien que ça allait l’énerver de ne pas savoir et qu’en plus elle parviendrait de cette façon à attiser sa curiosité. Cependant, elle s’était tout de même attendue à ce qu’elle finisse par lâcher l’affaire, se contentant de se demander seulement intérieurement de quoi il pouvait s’agir sans vouloir lui faire le plaisir de lui montrer qu’elle avait envie de savoir pour ne pas lui faire trop plaisir. Malheureusement, pour ça, elle s’était trompée, Naïa semblait vouloir à tout prix avoir une réponse à ce sujet et la vipère n’avait aucunement l’intention de lui en fournir. Trouver des parades, des façons de contourner le sujet et donc de passer à autre chose était totalement possible mais Rhiannon avait bien conscience du problème que ça risquait de poser à long terme, elle finirait par se retrouver au pied du mur à force de divulguer des bribes d’informations au compte-goutte et Naïa aurait le plaisir de voir que ses efforts portaient enfin leur fruit. Ca ne devait absolument pas se passer comme ça et la Serpentard espérait qu’elle aurait le choix.

« Je devais faire un cadeau à quelqu’un que je n’aime pas. » Déclara Rhiannon en restant très évasive. « Et puis, ça me faisait tellement plaisir de venir te voir agoniser de mes propres yeux, je n’aurais voulu louper ça pour rien au monde. »

Avec un peu de chance, Naïa se contenterait de sourire face à l’ironie de sa réponse et en oublierait sûrement le sujet qui l’intéressait à l’origine. Mais elle n’était pas stupide, elle savait que la jeune fille n’était pas née de la dernière pluie et c’était bien ça qui faisait d’elle un adversaire aussi coriace. Elle avait essayé de l’évincer de nombreuses fois par tous les moyens sans jamais y parvenir. Naïa déjouait ses plans avec une facilité déconcertante et parvenait toujours à faire en sorte que les personnes auxquelles elle tenait le plus se retrouvent attachées à elle. De cette façon, il lui était impossible de couper les ponts avec la Serpentard sans tourner le dos à la plupart de ses proches, chose qui ne pouvait en aucun cas se produire puisque Rhiannon était du genre à aimer être très entourée et elle ne lâchait pas facilement les personnes qui comptaient sur elle et sur qui elle savait qu’elle pouvait compter. Savoir qu’il était si facile pour la Rosenberg de s’immiscer dans sa vie et de lui prendre une partie de son espace vital avait toujours été un sujet douloureux que la vipère essayait d’éviter tant qu’elle pouvait.

« Pourquoi t’es si gentille ? C’quoi l’arnaque ? Si tu t’attends une contrepartie, tu peux te brosser, je ne te donnerais strictement rien ! »

Tout de suite il fallait qu’elle dramatise la situation ! Pourquoi ne pouvait-elle pas imaginer ne serait-ce que deux minutes qu’elle puisse avoir envie d’être gentille avec elle pour une fois et peut-être se racheter un peu pour tous les mauvais moments qu’elle lui avait fait passer ? Bon d’accord, Rhiannon devait bien reconnaitre que ça paraissait tiré par les cheveux et que même elle n’aurait pas pu envisager une telle chose malgré toute sa bonne volonté. Si elle faisait ce choix, c’était bien évidemment par intérêt et elle n’avait pas l’intention de la cacher à Naïa qui se doutait bien qu’il y avait quelque chose qui se cachait là-dessous, elle n’était pas complètement stupide même si parfois elle agissait comme tel. Rhiannon se demandait encore pourquoi elle avait mis en péril sa relation avec Elian simplement pour pouvoir tenter de l’évincer mais ce n’était probablement pas le sujet qu’il fallait aborder maintenant si elle ne voulait pas que la Rosenberg l’égorge sur place. Elles ne seraient jamais les meilleures amies du monde, mais elles pouvaient essayer de s’entendre au moins pendant un après-midi.

« Oh, ne t’inquiètes pas, ma contrepartie je l’ai déjà. » Répondit-elle avec un grand sourire. « Ça nous arrange toutes les deux, tu vas pouvoir sortir de l’infirmerie pendant quelques heures, et peut-être revenir de meilleure humeur, et moi je ne vais pas être obligée à rester assise à tes côtés tout l’après-midi en t’écoutant te plaindre. Crois-moi, ça me suffit largement pour me donner envie d’être gentille. »

Autant être honnête dès le début, ça les aiderait pour la suite, la jeune fille en était convaincue. De toute façon, ce n’était pas le genre de chose qu’elle aurait pu dissimuler bien longtemps et ça ne risquai pas de changer l’avis de Naïa qui avait l’air d’avoir plus que hâte de sortir de cette chambre. Pour le coup, Rhiannon comprenait parfaitement sa réaction, elle aussi aurait eu l’impression de devenir complètement cinglée si elle avait dû rester coincée entre quatre murs durant de longues journées sans recevoir beaucoup de visites. Car qui pouvait avoir sérieusement envie de venir voir une telle peste ? Bon d’accord, il y avait certainement eu son frère qui semblait être complètement gaga de sa sœur chérie alors qu’il n’y avait aucune raison pour ça, il y avait également elle-même puisqu’elle n’avait pas le choix, de toute façon et potentiellement Elian, même si elle espérait vivement qu’il n’avait pas fait une telle bêtise. Le connaissant, son espoir était très faible, voire inexistant mais là encore, elle préférait ne pas poser la question.

« Passes moi mes affaires qui sont là-bas et fermes le rideau, j’aimerais me changer en paix ! »

Parfait, son plan avait fonctionné à la perfection, il ne lui restait plus qu’à franchir cette porte et elles seraient libre de faire ce que bon leur semblerait durant toute la fin de la journée. Bien entendu, elles seraient forcément obligées de rester ensemble, mais peu importait, elles pourraient éventuellement retrouver d’autres personnes ou aller récupérer des cours pour Naïa ou n’importe quoi d’autre qui ferait qu’elles ne seraient absolument pas obligées de discuter ensemble en permanence. Pour le coup, la vipère se précipita donc sur les fameuses affaires demandées par la jeune fille et les lui apporta avec un grand sourire. Elle qui était venue ici à reculons, et même plus, commençait doucement à croire que la situation puisse être moins pire que ce qu’elle avait pu envisager. Bon, d’accord, il fallait encore qu’elles puissent vraiment sortir d’ici sans problème et ce n’était pas encore gagné d’autant plus que Naïa ne semblait pas du tout se préoccuper des éventuelles difficultés qu’elles pouvaient rencontrer, mais Rhiannon avait envie d’y croire.

« A vos ordres Capitaine. » Dit-elle avant de refermer le rideau derrière elle. « Mais essaie de te dépêcher un peu, quand même, si l’infirmière arrive, j’aurais pas l’air très crédible si je lui explique que tu veux être belle pour moi et que c’est la raison pour laquelle tu te changes. »

Au moins, le point positif de cette histoire était qu’elles allaient bientôt sortir de l’infirmerie et retrouver un semblant de liberté. Pour Naïa comme pour Rhiannon, cette sortie allait avoir du bon puisqu’elle allait leur permettre d’être un peu moins ensemble qu’elles l’auraient été si elles avaient dû rester là à se tourner les pouces pendant des heures. Mais la vipère avait conscience de s’exposer également à de sévères réprimandes de la part de l’infirmière si celle-ci venait à apprendre qu’elles avaient décidé de partir sans son autorisation.

« Je devais faire un cadeau à quelqu’un que je n’aime pas. Et puis, ça me faisait tellement plaisir de venir te voir agoniser de mes propres yeux, je n’aurais voulu louper ça pour rien au monde. »

Faire un cadeau qu'elle n'aime pas ? Insinue-t-elle qu'il existe quelqu'un qu'elle aime encore moins que moi ? Ce serait m'insulter là, pourtant dieu sait que cela fait une dizaine d'années que je m'évertue à lui gâcher la vie et je pensais m'en être pas trop mal sortie jusqu'à présent. Bon évidemment j'exagère, je n'ai absolument pas passé ma vie à tenter de gâcher la sienne, on a juste été obligé par la force des choses à se voir régulièrement. Je passais beaucoup plus de temps avec son frère Elian qui était notre meilleur ami à Seth & moi et j'avoue m'être complètement désintéressée assez rapidement du reste de la famille. Je crois que personne ne s'en est jamais vraiment plein, Seth & moi avons un caractère un peu particulier qui ne passe pas avec tout le monde, surtout moi et ses soeurs n'ont pas l'air de franchement m'adorer. Je crois que son père n'a strictement rien contre moi, je doute que sa mère m'apprécie mais ça ce n'est qu'une supposition et dans la fratrie Wallace, en dehors d'Elian, les autres ne doivent pas particulièrement m'apprécier. Mais je pense que c'est Rhiannon qui remporte la palme de la personne qui me tient le moins dans son coeur et je le lui rends bien. En fait, en dehors d'Elian & Rhiannon par la force des choses, les autres ne m'intéressent pas et n'existent pas spécialement à mes yeux. Je crois que ça convient à tout le monde.
Je ne pense pas pouvoir prétendre que je connais parfaitement bien Rhiannon, il y a beaucoup de traits de sa personnalité que j'ignore et dont sincèrement je m'en moque. Je pense pouvoir dire que l'inverse est tout aussi vrai, même si elle connait les grandes lignes de ma personnalité, il y a certains traits de mon caractère dont elle ignore et c'est très bien comme ça. Quand je l'entend me dire qu'elle avait envie de me voir agoniser et que ça lui faisait plaisir, dans un sens j'avais envie d'y croire parce que j'aime la diaboliser. Pourtant je sais qu'elle n'est pas comme ça, elle est loin d'être aussi cruelle que j'aimerais bien le croire. Elle fait semblant quand nous sommes ensemble, mais au fond de moi, je sais qu'elle ment, que ce n'est que du cinéma. Mais voilà, j'aime me voiler la face, j'aime croire que mes désirs sont des réalités, ça me facilite grandement la vie de me dire qu'elle ne vaut pas mieux que moi.

- T'aurais dû venir plus tôt pour me voir agoniser, là c'est un peu tard ... dommage ! Par contre je suis vexée de me rendre compte que tu détestes quelqu'un plus que moi et du coup je suis curieuse de savoir qui c'est.

Mon ton était léger, tout comme le sien. C'est assez rare de nous voir ainsi, on ne va pas aller jusqu'à dire qu'on est sympa l'une envers l'autre, ce serait un peu abusé, mais disons qu'on reste neutre, ce qui est quand même un exploit. On arrive à dialoguer, même si on se lance continuellement des petits pics, cela reste bon enfant. Je ne vais pas non plus aller jusqu'à dire que je suis contente qu'elle soit là, parce que d'une part je me serais bien passée de sa présence et d'autre part, je préfère encore rester seule que devoir la supporter toute une journée, même si je m'ennuie ferme coincée dans ce lit. Mais bon elle est là, nous sommes obligées de devoir nous supporter mutuellement, alors tentons de faire bonne figure. Ce n'est pas facile, j'ai les nerfs à fleur de peau et j'en ai marre d'être ici, mais au moins on ne pourra pas dire qu'elle ne me change pas mon triste quotidien. Et puis quelque chose que je ne dirais jamais et qui est pourtant une dure réalité, sa présence me rassure. Non pas qu'elle serait capable d'arrêter à elle toute seule une attaque, j'ai pris des coups mais je reste encore lucide. Mais je pense qu'avec quelqu'un à mes côtés, personne ne tenterait de nouveau de s'en prendre à moi. Alors c'est con à dire mais même si c'est Rhiannon qui me sert de bouée de sauvetage, ben je ne vais pas y cracher dessus.

« Oh, ne t’inquiètes pas, ma contrepartie je l’ai déjà. Ça nous arrange toutes les deux, tu vas pouvoir sortir de l’infirmerie pendant quelques heures, et peut-être revenir de meilleure humeur, et moi je ne vais pas être obligée à rester assise à tes côtés tout l’après-midi en t’écoutant te plaindre. Crois-moi, ça me suffit largement pour me donner envie d’être gentille. »

Je me demandais ce qu'on allait bien pouvoir faire toute les deux aujourd'hui. Pour le moment on arrivait à se supporter mais il fallait se rendre à l'évidence, ça n'allait pas durer très longtemps. Alors quoi ? On allait se mettre à faire nos devoirs pour éviter de se parler et de se regarder, oubliant ainsi la présence de l'autre ? Si je l'ai fais maintenant, que vais-je bien pouvoir faire le soir ? On va jouer aux cartes ? On serait encore capable de s'arracher les yeux parce qu'on soupçonne l'autre de tricher, moi surtout vu que je suis très mauvaise perdante. Quand Rhiannon propose de sortir de l'infirmerie, je trouve l'idée intéressante. D'une part je vais enfin pouvoir prendre la tangente, ne serait-ce que pour quelques heures et c'était déjà très bien et d'autre part on allait pouvoir trouver mille et une alternative pour ne pas à avoir à se parler durant toute l'après-midi. Mais je n'étais pas forcément à l'aise avec l'idée, j'avais peur que cela me coûte cher au final. Je ne compte certainement pas lui être redevable de me faire sortir de cet enfer, il en était hors de question et je lui fis par de mon avis. Mais visiblement ce n'était pas dans l'idée de Rahan, elle était aussi soulagée que moi de partir d'ici. L'idée de passer ma journée à me plaindre avait tout de même un certain charme maintenant qu'elle me le disait. Je pris un instant pour y réfléchir, trouvant l'idée alléchante de la pousser jusqu'à l'envie de m'étouffer avec un oreiller ou de sauter par la fenêtre pour ne plus m'entendre. Cela dit ça avait quand même une limite, ma patience n'était pas aussi développée pour que moi même je puisse supporter de faire ça toute la journée, même si la récompense pouvait être intéressante. Je finis par accepter son offre, après tout, on y gagnait toutes les deux et même si lui faire plaisir ne me rendais pas particulièrement heureuse, j'y gagnais aussi et ce n'était pas négligeable.

« A vos ordres Capitaine. Mais essaie de te dépêcher un peu, quand même, si l’infirmière arrive, j’aurais pas l’air très crédible si je lui explique que tu veux être belle pour moi et que c’est la raison pour laquelle tu te changes. »

Je lui ai demandé de me donner mes habits et de fermer le rideau pour que je puisse me changer tranquillement. Rien que de changer de vêtements me redonnait un peu le sourire, c'était agréable de ne plus être avec cette chemise informe et moche. Mes habits me manquaient mais l'infirmière ne voyait pour le moment pas de raison que je les porte alors je restais avec son vieux torchons. En fait j'avais l'impression d'être un elfe de maison et c'était franchement insultant. Pendant que je me changeais, Rhiannon me dit de me dépêcher et pour une fois, elle marqua un point. Si l'infirmière nous surprend, elle ne va pas être d'accord avec notre idée de sortir quelques heures et elle va tout faire pour m'en empêcher et pour le coup, ça va rapidement me gonfler. Je ne suis pas une prisonnière, j'ai quand même le droit de sortir quand j'en ai envie.

- J'lui dirais que tu veux me kidnapper et que tu m'as forcé à me changer pour que l'on passe inaperçu au milieu des élèves ...

Mon chemisier était fermé, ma jupe était enfilée, mes collants aussi, il ne me manquait plus que mon pull, ma cape et mes chaussures. J'ouvrais le rideau pour laisser entrer Rhiannon. Le plus difficile pour moi fut de mettre mes chaussures, tout mon corps me lançait rien qu'à cet effort, ce qui n'augurait rien de bon pour la suite de la journée. Mais je ne voulais pas que la douleur m'empêche de profiter de cette belle occasion de m'en aller, c'était hors de question. - Tiens, passes moi la potion qui se trouve sur la table là bas, c'est un anti-douleur N'en faire qu'à sa tête était une chose, mais il fallait prendre ses précautions et cette potion allait pouvoir m'aider à tenir. Le temps qu'elle fasse effet, je vais certainement vivre un calvaire, mais une fois qu'elle agira, je vais me sentir beaucoup mieux. Mes chaussures mises, ma cape enfilée, j'avalais d'une traite la potion infâme et la jetée sur le lit défait. Quand l'infirmière allait voir ça, elle allait à coup sûr faire une crise. Mais ça je m'en moquais, je ferais comme d'hab', je ne l'écouterais pas.

- C'est bon je suis prête, on peut y aller.

« T'aurais dû venir plus tôt pour me voir agoniser, là c'est un peu tard ... dommage ! Par contre je suis vexée de me rendre compte que tu détestes quelqu'un plus que moi et du coup je suis curieuse de savoir qui c'est. »

Elle était agaçante à insister ainsi, mais c’était aussi tellement tentant de dire la vérité. Rhiannon avait vraiment beaucoup de mal à se faire violence. Pour le coup, elle était bien chez les Serpentard, elle avait des facilités lorsqu’il s’agissait d’être une langue de vipère, de pouvoir critiquer un peu tout le monde, de donner son avis surtout, et également de faire des choix susceptibles de blesser des gens. Bref, elle était douée pour ça et la perspective d’enquiquiner Naïa en lui racontant ce qu’elle avait fait était tout simplement trop difficile à écarter. Alors bien sûr, elle était lucide, elle savait très bien que la Rosenberg ne lui montrerait pas sa colère si c’était ce qu’elle éprouverait, elle ne lui montrerait absolument rien d’ailleurs et se contenterait de la narguer encore et toujours en lui envoyant des pics comme elles le faisaient depuis le début de leur conversation. Toutefois, au fond d’elle, Rhiannon savait pertinemment que c’était le genre de réflexion qui allait l’énerver parce que c’était à elle d’avoir le pouvoir cette fois et non pas l’inverse, comme d’habitude. Elle n’était plus une petite fille qu’on pouvait maltraiter et écarter de toutes les conversations, il faudrait simplement qu’elle s’y fasse.

« Non, si j’étais venue plus tôt, je n’aurais pas pu résister à l’idée de t’achever, alors que là, tu es assez forte pour te défendre, donc j’ai plus de scrupules. » Répondit-elle avec un grand sourire. « Ah non, ça aucun risque, c’est bien de toi dont il s’agit, mais entre te faire un cadeau et t’imposer ma présence, j’ai largement préféré la deuxième option. »

Rien à faire, elle ne dévoilerait pas la totalité du dilemme qui lui avait été proposé, ça serait trop facile et elle ne voulait pas donner de telles armes à Naïa. Qui plus était, vu qu’elle n’avait pas du tout reparlé à son frère de sa relation avec la jeune fille, de peur d’avoir l’air de jubiler sans s’en rendre compte, elle ne connaissait pas vraiment la nature des liens qui les unissaient maintenant et elle ne pouvait pas le laisser se mettre en colère vis-à-vis du choix qu’il avait pu faire. Les choses étaient très bien comme elles étaient, Naïa serait certainement ravie d’apprendre qu’il n’y avait personne d’autre au monde qu’elle détestait plus qu’elle, en même temps, elle semblait quasiment imbattable sur ce plan-là, elle avait le privilège de l’expérience qi se comptait malheureusement en années. Rhiannon avait conscience qu’elle avait accumulé beaucoup trop de rancœur au cours de ces dernières années et que celle-ci avait tendance à obscurcir son jugement. Quoi que puisse faire la Serpentard, elle le prenait mal, elle finissait par voir le côté négatif de chaque chose, dès lors qu’elle y était liée. Mais même si elle commençait doucement à en prendre conscience, il était hors de question qu’elle change son comportement.

« Tiens, passes moi la potion qui se trouve sur la table là-bas, c'est un antidouleur. C'est bon je suis prête, on peut y aller. »

Rhiannon s’exécuta, apportant les antidouleurs à la vipère et la regardant les ingurgiter et se préparer à sortir. Elle avait la nette impression qu’elle avait attendu cinq heures d’affilées que Naïa soit prête. Il fallait que quelqu’un lui explique qu’elle n’avait pas besoin de ressembler à une gravure de mode pour sortir d’une chambre d’infirmerie, que tout le monde pouvait comprendre que sa mise en beauté soit un peu moins réussie que d’habitude. De toute façon, quels que soient les efforts qu’elle ait pu faire pour montrer qu’elle allait parfaitement bien et qu’elle était sublime, sa récente expérience était quand même visible et ça ne s’effacerait pas comme ça. Rhiannon commençait à craindre que ses plans pour leur sortie à deux ne soient pas possibles mais de toute façon, elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire d’autre, elles n’avaient pas beaucoup de points communs, voire même un seul et unique qu’elle comptait bien exploiter. Quoi qu’il en soit, elle n’était pas une garce et savait pertinemment qu’il lui faudrait préserver la vipère pour qu’elle se remette de ses blessures. Elle ne voyait pas encore comment elles pourraient pratiquer une activité sportive en toute sécurité et sans se donner à deux cent pour cent, mais Rhiannon espérait encore trouver une parade et elle avait bien conscience que même si la théorie était un peu moins drôle que la pratique, elles seraient sans doute obligées de se cantonner à ça. Aucune importance tant qu’elles restaient loin de cette infirmerie et qu’elle n’était pas traitée comme le larbin qu’elle aurait pu être. Rhiannon restait relativement confiante ce qui, compte tenu des circonstances, relevait de l’exploit.

« Eh bien, ce n’est pas trop tôt. J’espère que tu es assez en forme pour aller jusqu’au terrain de Quidditch ? En plus, tu as la tenue idéale pour ça ? » Dit-elle à demi moqueuse en contemplant la tenue vestimentaire de la vipère. « Au moins, c’est un endroit où on peut réussir à s’entendre et si tu n’arrives pas à un terrain sur un balai, on reverra les différentes techniques qu’on peut avoir à utiliser. Pour être douées, il faut aussi qu’on ait une bonne cohésion, entre nous. »

Pour le coup, Rhiannon était très sérieuse, elle ne l’avait même jamais été autant. On ne plaisantait pas avec le Quidditch et même si la jeune fille avait un peu de mal à supporter sa coéquipière, c’était sur le terrain à l’entrainement comme pendant un match qu’elle faisait le plus d’efforts pour la supporter. Si elles devaient passer tout l’après-midi ensemble histoire qu’elle ne se fasse pas gronder par l’infirmière s’il arrivait quelque chose, mieux valait que ce soit sur un terrain où elles pourraient s’entendre et il n’y avait que celui-ci.

Spoiler:

« Non, si j’étais venue plus tôt, je n’aurais pas pu résister à l’idée de t’achever, alors que là, tu es assez forte pour te défendre, donc j’ai plus de scrupules. Ah non, ça aucun risque, c’est bien de toi dont il s’agit, mais entre te faire un cadeau et t’imposer ma présence, j’ai largement préféré la deuxième option. »

M'achever ? J'avais un doute sur la capacité de la jeune fille a pouvoir faire une chose pareille, mais soit si elle le disait. Même si j'avais envie de la rendre diabolique, j'étais presque sûre que la jeune Wallace était incapable de faire du mal à quelqu'un, du moins physiquement, même si je ne doutais pas un seul instant qu'elle puisse prendre plaisir de mon état actuel. Par contre, si on me demandait de mettre fin à ses jours, je le ferais avec grand plaisir, c'était ce qui nous différencier elle et moi, je n'avais aucune âme ou vendue au diable depuis fort longtemps, tandis qu'elle avait une conscience et c'était ce qui la rendait plus humaine et plus sociale. J'étais une garce, doublait d'une psychopathe et cela m'allais à merveille, même si je pouvais comprendre que beaucoup de gens avaient peur de moi. Je me moquais de savoir si on m'aimait ou me détestait, le plus important c'était qu'on sache qui j'étais voilà tout.
J'étais toujours autant intriguée quant à cette histoire de cadeau. J'étais rassurée et ravie de savoir que j'étais celle qu'elle aimait le moins, au moins j'avais fais mon taff comme il faut et je n'allais pas devoir éliminer quelqu'un qui me faisait de l'ombre. Cela dit je me demandais pourquoi on lui avait demandé de me faire un cadeau ? Le directeur avait-il tant pitié de moi pour lui demander ça ? Etait-ce pour calmer les foudres de mes parents ? Qu'est-ce que je m'en foutais de son cadeau ? En dehors de sa vie offerte sur un plateau, je ne vois pas trop ce qu'elle pourrait m'offrir qui pourrait me faire réellement plaisir, alors pourquoi demander un truc si ridicule. Cela dit sa présence à mes côtés est tout aussi ridicule et je me demande ce qu'a suiffé le dirlo pour avoir une idée aussi stupide.

- Un cadeau ? C'est quoi encore ces conneries, pourquoi on voudrait que tu m'offres un cadeau ? Et puis quel genre de cadeau d'abord ?

Je restais incrédule et suspicieuse, il devait y avoir quelque chose derrière tout ça, on ne demande pas d'offrir un cadeau à une personne pour une tierce personne sans raison. Cela devait être un cadeau spécifique ou un type de cadeau spécifique. Genre quelque chose que j'aime vraiment ... mais en même temps qu'est-ce qu'ils en savent de ce que j'aime ou détestent ? Ils ne me connaissent même pas. Non je trouvais ça vraiment étrange et j'étais fin prête à la harceler pour en savoir plus, que cela lui plaise ou non. De toute façon on ne pouvait pas se voir en peinture alors en rajouter un peu plus ou un peu moins ne changerait pas grand chose à notre relation, elle ne pouvait pas être pire et qu'elle soit mieux n'était même pas envisageable.
Rahan, contre toute attente, me proposa de sortir prendre l'air et je ne pouvais pas rater l'occasion de sortir de cette prison, j'acceptais donc. Il fallait que je me change, ne pouvant décemment pas me balader en tenue d'infirmerie, ça ne le ferait pas trop et il était hors de question qu'on me voit ainsi. J'optais donc pour l'uniforme de l'école. Je mis plus de temps que prévu pour enfiler mes habits, non pas par soucis d'être coquette mais à cause de la douleur. Ce n'était pas facile de se mouvoir quand son corps en entier nous lançait constamment. Je prenais pourtant sur moi, envieuse de me barrer le plus loin possible de ce taudis, même si l'envie de pourrir la journée à Rhiannon me plaisait beaucoup. De toute façon si on se faisait arrêter par l'infirmière, je lui dirais ma façon de penser et il était peu probable qu'elle arrive à m'empêcher de sortir, c'était en tout cas ce que je pensais.

« Eh bien, ce n’est pas trop tôt. J’espère que tu es assez en forme pour aller jusqu’au terrain de Quidditch ? En plus, tu as la tenue idéale pour ça ? Au moins, c’est un endroit où on peut réussir à s’entendre et si tu n’arrives pas à un terrain sur un balai, on reverra les différentes techniques qu’on peut avoir à utiliser. Pour être douées, il faut aussi qu’on ait une bonne cohésion, entre nous. »

Ce n'est pas trop tôt ... j'avais envie de lui en coller une à cette gamine. Je vais lui broyer l'ensemble de son squelette et je lui demanderais ensuite de changer de vêtements, on verra si elle va vite pour enfiler ses vêtements. Et qu'est-ce qu'elle a ma tenue ? Elle ne lui convient pas ? Je sais que je ne devrais pas m'énerver, mais c'est quand même plus fort que moi, elle m'agace quand elle s'y met. « Fais toi agresser par des cognards fous qui te broient les os et après on verra si tu enfiles rapidement des vêtements ... Et c'est quoi le problème avec ma tenue ? C'est l'uniforme de l'école j'te signale ... Bon certes un peu modifié, mais en même temps la longueur de la jupe était parfaitement immonde. » Le hic vint quand elle parla du terrain de Quidditch. C'était l'endroit où j'avais subi mon attaque et je n'étais pas franchement prête à y retourner. Je blanchie soudainement, sans vraiment m'en rendre compte. Mon coeur battait beaucoup plus vite qu'au début et je sentais la peur m'envahir lentement mais surement. Non ce n'était même pas envisageable, je n'avais aucune envie d'y aller. Je fis un pas en arrière, instinctivement, prête à retourner dans ma prison plutôt que de la suivre. C'était quoi son problème à cette fille ? Pourquoi elle faisait ça ? Pourquoi elle voulait que je retourne là bas ? - Le terrain de quidditch ? C'est une blague ? Tu veux que je retourne là où on m'a agressé ... Oh mais quelle brillante idée que voilà ... Hors de question, j'préfère encore rester ici. C'était bien tenté mais c'est mort, j'sors pas.

********

Finalement après quelques heures passées dehors, nous rentrâmes enfin à l'infirmerie. Rhiannon avait réussi à me convaincre qu'il était important pour moi que je retourne sur le terrain. D'une part, parce que plus tôt j'irais, plus tôt j'extérioriserais ma peur et d'autre part, j'étais une joueuse de Quidditch, j'allais forcément devoir y remettre les pieds un jour pour reprendre les entrainements, alors à moins que je ne quitte l'équipe, il était évident que tôt ou tard, je devrais affronter ma peur. Vexée, je lui affirmais que je n'avais pas peur et je crois que par défi, j'acceptais d'y retourner, afin de lui prouver que tout allait très bien et qu'une Rosenberg n'avait peur de rien. Mais nous n'étions pas dupe, toutes deux savions que j'étais mortifiée à l'idée de devoir revenir sur les lieux du drame. Si j'y étais allée seule, je crois que j'aurais pleuré, c'est con mais j'ai tellement eu peur ce jour là que le trop plein d'émotions devrait sortir tôt ou tard. Mais je n'étais pas seule et Rhiannon était avec moi du coup il était hors de question que je craque devant elle, je fis donc bonne figure. Je n'étais absolument pas en état de monter sur un balai et je n'avais de toute façon pas la force de le faire, nous nous installâmes donc simplement dans l'herbe pour parler un peu Quidditch. Au départ, je n'étais pas à l'aise, à l'affut du moindre bruit, telle une bête traquée et affolée. Puis lentement, je repris confiance et à la fin de la journée, j'étais revenue comme j'étais avant. Oh bien entendu j'étais consciente que la peur n'allait pas me quitter aussi facilement, mais j'allais devoir la dompter, vivre avec afin de la noyer sous le reste de mes émotions. On parla stratégies, revenant sur les différents matchs et entrainements, pointant les défauts de chacune et tentant de trouver de nouvelles tactiques. On avait aucun mal à trouver les défauts et fautes de l'autres, parfois on pouvait même nous soupçonner de les inventer rien que pour faire chier l'autre. Mais rester dehors me fis vraiment du bien et quoi qu'en dise l'infirmière, j'ai apprécié d'être loin de l'infirmerie, même si c'était pour supporter la présence de Rhiannon.

- Pas mécontente d'être revenue, je n'en peux plus ... cette marche m'a exténué C'est fou comme le moindre effort peut me fatiguer en ce moment. Mon corps est au pied levé pour se réparer, du coup le moindre effort à côté à tendance à me vider rapidement de mes forces. Heureusement je n'ai rien d'autre à faire que de dormir donc je vais pouvoir en profiter un peu. - Je me demande si l'autre dragon a remarqué mon absence ...

« Un cadeau ? C'est quoi encore ces conneries, pourquoi on voudrait que tu m'offres un cadeau ? Et puis quel genre de cadeau d'abord ? »

Mais c’est qu’elle insistait encore la garce ! Comme si c’était réellement important de lui révéler une telle information. Oui, elle avait refusé sans même prendre le temps de réfléchir que la vipère passe un moment en tête à tête avec son frère parce qu’elle avait trop peur qu’elle parvienne à le reconquérir malgré tout ce qu’elle avait pu lui faire subir, mais bien sûr que non elle ne voulait pas le lui révéler, elle s’exposait à bien trop d’ennuis et n’était pas prête à endosser une telle responsabilité. En l’apprenant, Elian risquait de se mettre du côté de Naïa mais en plus de lui dire qu’il était assez grand pour choisir la façon dont il devait mener sa vie sans qu’elle ait à intervenir. Et c’était la vérité, la vipère le savait, raison pour laquelle elle ne voulait pas être confrontée à de tels reproches. La jeune fille n’avait rien contre l’idée de s’excuser lorsqu’elle faisait des erreurs, mais depuis l’été dernier, elle avait pris l’habitude que ce soit son grand-frère qui ait des choses à se faire pardonner et elle n’était pas encore prête à voir un vrai retournement de situation s’opérer.

« Aucune importance. »

Voilà, le sujet était écarté pour de bon à présent et elles pouvaient passer réellement à autre chose et éviter de rester croupir ici pendant les deux prochaines heures. Rhiannon avait une idée très précise de ce qu’elle voulait faire avec l’ancienne copine de son frère et heureusement parce que les idées d’activités qu’elles pouvaient pratiquer en binôme ne se bousculaient pas non plus au portillon et elles risquaient fort de s’ennuyer comme des rats morts si aucune d’entre elles ne parvenait à trouver quelque chose d’intéressant. Rhiannon aurait pu aussi bien lui proposer une partie d’échecs, mais le souci était certainement qu’elles auraient probablement eu un esprit de compétition décuplé par la rivalité qui existait entre elles depuis déjà des années et ça aurait pu se terminer en véritable massacre, dispute voire éventuellement tentative de meurtre à coup de pièce sur la tête, chose que la vipère tenait à tout prix à éviter. Ce n’était pas déjà évident d’être dans la même pièce que la Rosenberg, alors mieux valait faire en sorte qu’elle soit assez vaste pour qu’elles ne soient pas obligées d’être trop proches l’une de l’autre, ça évitait les malencontreux accidents.

« Fais toi agresser par des cognards fous qui te broient les os et après on verra si tu enfiles rapidement des vêtements ... Et c'est quoi le problème avec ma tenue ? C'est l'uniforme de l'école j'te signale ... Bon certes un peu modifié, mais en même temps la longueur de la jupe était parfaitement immonde. »

Pour le coup, la jeune fille ne prit même pas la peine de répondre, se contentant de lui indiquer le chemin de la sortie pour éviter de s’embarquer dans un conflit qu’elle ne maitriserait pas, de toute façon. Il était plus que primordial qu’elles passent un peu de temps loin de l’infirmerie et tout ce qu’elle représentait, au moins, en se retrouvant avec Naïa dans le monde réel, elle n’aurait pas l’impression d’être avec une fille qui venait de se faire agresser et qu’elle devait absolument prendre ne pitié, et elle n’avait aucune envie de prendre Naïa Rosenberg en pitié, ce n’était pas quelqu’un qui le méritait.


Finalement, elles avaient vraiment bien fait de sortir, certes, les sujets de conversations qu’elles pouvaient bien trouver n’étaient pas nombreux, mis à part lorsqu’il s’agissait de se voler dans les plumes et se critiquer mutuellement, alors sortir, marcher un peu, se retrouver au milieu d’autres élèves, c’était certainement la meilleure solution qu’elle aurait pu trouver. En plus, ça lui permettait de détourner Naïa de son but premier, puisque normalement elle était censée la traiter un peu comme son esclave aujourd’hui, détail que Rhiannon avait volontairement omis de mentionner, il n’était vraiment pas utile qu’elle le sache.

« Pas mécontente d'être revenue, je n'en peux plus ... cette marche m'a exténué C'est fou comme le moindre effort peut me fatiguer en ce moment. Mon corps est au pied levé pour se réparer, du coup le moindre effort à côté à tendance à me vider rapidement de mes forces. Heureusement je n'ai rien d'autre à faire que de dormir donc je vais pouvoir en profiter un peu. - Je me demande si l'autre dragon a remarqué mon absence ... »

Encore une fois, elles étaient en parfait désaccord, si Rhiannon s’était écoutée et si elle n’avait pas remarqué l’immense fatigue de la jeune fille qui se trouvait à ses côtés, elle serait probablement restée dehors encore plusieurs heures à profiter des petits bonheurs que la nature avait la gentillesse de leur offrir. Mais elle n’était pas étonnée de savoir que Naïa ne voyait pas les choses de la même façon qu’elle, c’était même impossible qu’elle soit réellement touchée par quelque chose comme la vipère pouvait l’être, cette garce n’était pas capable de faire preuve de la moindre humanité et c’était d’une tristesse à pleurer, elle avait donc conservé toutes ses émotions pour elle et s’était fait violence pour reprendre à contrecœur le chemin du château. Ce n’était pas très grave en soit, ce n’était pas comme si le parc était un lieu qui leur était totalement interdit, elle pourrait revenir lorsqu’elle le voudrait, mais l’idée de devoir retourner à l’infirmerie toujours en compagnie de la vipère ne l’enchantait pas vraiment. Maintenant qu’elle y était, elle n’avait qu’une hâte, repartir en vitesse et rentrer chez elle.

« Je pense pas, tout le monde ne fait pas attention qu’à toi, ma chère, tu devrais pourtant le savoir. » Répondit-elle avec un sourire narquois. « Mais si cette balade t’a fait du bien, alors ça me fait plaisir, j’ai rempli ma mission d’accompagnatrice de malade, et j’ai par la même occasion fait ma bonne action des trois prochains mois, on est toutes les deux gagnantes. »

Et ça voulait donc dire que son devoir était accompli maintenant et qu’elle avait la possibilité de repartir dans sa salle commune ou alors dehors, enfin ça n’avait pas d’importance tant qu’elle pouvait rester loin, bien loin de la Serpentard. Elle n’avait déjà pas eu envie de la retrouver dès le départ, et elle n’avait aucune envie de rester avec elle plus longtemps. Malheureusement, ce n’était pas à elle de décider si elle pouvait prendre congé mais bien à la Rosenberg qui devait certainement se délecter de ce moment.

« Je pense pas, tout le monde ne fait pas attention qu’à toi, ma chère, tu devrais pourtant le savoir. Mais si cette balade t’a fait du bien, alors ça me fait plaisir, j’ai rempli ma mission d’accompagnatrice de malade, et j’ai par la même occasion fait ma bonne action des trois prochains mois, on est toutes les deux gagnantes. »

Elle avait de la chance que j'étais crevée sinon je lui collerais bien ma main dans la figure à cette petite effrontée. Ce n'est pas parce qu'elle pouvait errer dans le château sans qu'on fasse attention à elle que cela voulait dire que tout le monde était aussi invisible qu'elle. J'avais une réputation et au vu de ce qu'il m'était arrivé, il aurait été normal que l'infirmière soit au pied levé pour moi, mais évidemment, cette petit pouf' ne voudrait jamais l'admettre, ça lui arracherait la gueule ... pauvre fille. Parce qu'elle avait l'attention de son frère, elle se croyait importante, mon dieu quelle crédulité, ça me faisait mal au coeur de voir ça et ça me donnais aussi la nausée. Bon c'était bien joli cette petite plaisanterie mais au vu de mon taux de fatigue j'avais juste envie qu'elle se barre loin de moi et qu'elle ne revienne jamais. Sa présence m'a suffisamment tapé sur le système, je pense qu'on peut s'en arrêter là.

- Prends pas tes rêves pour des réalités, il n'y a que toi qu'on ignore royalement ...

Elle méritait qu'on la remette à sa place et si je ratais l'occasion aujourd'hui, elle serait capable de croire qu'elle peut continuer à me manquer de respect comme bon lui semblait parce qu'elle était au dessus des autres. C'était qu'une moins que rien et si Elian n'était pas capable de s'en rendre compte alors je ne pouvais plus rien pour lui. Evidemment c'était triste de voir une personne comme lui s'attacher à des gens comme elle mais il était évident que s'ils n'étaient pas de la même famille, il n'aurait jamais fais attention à elle. Bercée d'illusions, je me dirigeais vers mon lit, prête à y reprendre place pour récupérer un peu de force. C'était bien joli tout ça, mais entre supporter la présence de Rahan et le grand air, j'étais épuisée. Mais mine de rien, ça m'a fait du bien, j'avais besoin de me changer les idées, changer de décors et surtout changer mes habitudes prises ici. Evidemment je ne lui dirais jamais merci, puisque je ne lui étais pas reconnaissante. Elle avait été obligé de faire ça, du coup ni elle, ni moi avions envie de cette journée à la base. J'aurais très bien pu demander à Livy ou Seth de me faire sortir, ça aurait été beaucoup plus sympa et beaucoup moins humiliant. Avoir été attaqué été une chose, sortir en compagnie de la fille que je peux le moins supporter, c'était pire encore.

Super, je suis ravie pour ton Karma. Lui dis-je d'un ton ironique. Je retournais derrière les rideaux pour me changer et sans même prendre la peine de la regarder, je lui lançais derrière le rideau Tu peux te barrer maintenant, je crois qu'on s'est suffisamment vu pour les 15 prochaines années ! C'était ma façon à moi de lui dire au revoir, je ne pouvais pas être plus charmante. J'avais eu presque envie de lui dire qu'elle garde cette journée pour elle, que personne n'était obligé de savoir ce qu'on avait fait ensemble, mais je me ravisais, consciente qu'elle n'avait aucune envie que ça se sache elle non plus et qu'on avait un intérêt commun pour une fois, enterrer profondément cette journée pour ne plus jamais y repenser. Que nos familles soient amies était une chose, mais je n'avais aucune obligation envers elle ou envers quiconque. Une fois changée, je gardais les rideaux fermés et je m'allongeais dans mon lit. J'ignorais si Rhiannon était toujours là ou pas et je m'en fichais, tout ce que je voulais, c'était dormir et je ne mis pas longtemps à sombrer ...