Les vacances de Noël s’étaient très bien passées pour la Serdaigle qui avait réussi sans aucun problème à convaincre ses parents d’aller passer les vacances de Noël chez sa meilleure amie. En même temps, c’était bien normal puisque les Zuckowski avaient fait l’effort de faire le déplacement l’année précédente et qu’ils avaient tous passé un très bon moment. Enfin, tous, sauf peut-être Jeremiah qui n’avait pas l’air d’être super ravi de la voir la première fois, ni la seconde. En générale, elle échangeait avec lui à peu près autant de mot qu’avec sa frangine, autrement dit, elle l’évitait soigneusement pour ne l’approcher que lorsqu’on ne lui laissait pas d’autre choix. Manifestement, ça leur convenait à tous les deux puisque le garçon ne lui avait fait aucune remarque et n’avait pas non plus cherché à se trouver trop souvent avec elle. Bailee en avait donc profité pour passer le plus de temps possible avec sa meilleure amie et l’éloigner de celui qui, malgré son statut privilégié de frère, était considéré comme un ennemi par la Serdaigle. A dire vrai, elle n’avait même pas conscience du ridicule de sa jalousie envers Jeremiah mais, pour le moment, elle avait l’impression d’avoir le dessus sur le jeune homme qui était de plus en plus effacé dans la vie de Candlynn au fur et à mesure que le temps passait, elle ne se posait donc pas plus de questions que ça, se contentant de savourer une victoire qu’elle pensait entièrement méritée.

Sauf que la rentrée ne s’était pas déroulée aussi bien que ces merveilleuses vacances. Bailee avait cru que ces quelques jours passés en compagnie l’une de l’autre avaient suffi à les rapprocher de nouveau et que tout redeviendrait comme lors de leur première année durant laquelle elles ne faisaient jamais un pas sans l’autre. Elles quittaient le dortoir ensemble le matin, prenaient leur déjeuner toutes les deux, suivaient les mêmes cours, faisaient leur devoirs ensemble, passaient leur temps libre ensemble même si parfois elles n’avaient pas les mêmes activités, et partaient se coucher chacune dans leur lit le soir en rentrant dans leur dortoir. Les choses avaient changé au fil du temps, parfois de leur propre volonté puisque Candlynn avait manifestement souhaité avoir à faire à d’autres personnes qu’elle et s’était attelée à discuter avec toutes les personnes de l’école une par une pour toutes les considérer comme ses amis proches, mais également parce qu’elles n’avaient pas eu le choix puisqu’elles ne suivaient plus les mêmes cours, ou en tout cas, pas tous. Bailee avait abandonné le vol dès la deuxième année, par exemple, pour la bonne raison qu’elle détestait le sport et n’avait aucune envie d’intégrer une équipe quelconque et encore moins de faire chuter sa moyenne scolaire à cause de ses piètres résultats. La Serdaigle avait toujours aimé réussir et au lieu de persévérer pour parvenir à ses fins, elle jetait l’éponge dès qu’elle rencontrait une difficulté.

La jeune fille avait très mal vécu la séparation forcée de sa meilleure amie, même si elle savait qu’il fallait aussi qu’elles mènent chacune leur propre vie parce qu’elles n’étaient pas destiné au même avenir et qu’elles n’allaient pas vivre ensemble toute leur vie, mais quand même, Candlynn était à elle, et Bailee aurait beaucoup aimé pouvoir passer chaque seconde de son année scolaire à ses côtés. Alors franchir les portes de l’école et apprendre qu’elle ne retournait pas dans le dortoir des Serdaigle auprès de celle avec qui elle avait envie d’être en permanence, mais qu’elle irait faire un tour chez les Poufsouffle. Une chose était sûre, tout ça n’évoluait pas du tout en sa faveur. Non seulement elle n’allait pas pouvoir rester avec Candlynn alors qu’elle voulait continuer sur la lancée de leurs superbes vacances à deux mais en plus, elle allait se retrouver bien trop proche de Kaïn alors qu’elle faisait en sorte de l’éviter au maximum depuis qu’elle avait appris qu’il était le petit-ami de Sky et qu’elle ne pourrait donc jamais rien espéré de sa part, bien qu’elle n’ait jamais espéré quoi que ce soit de la part de cet avorton si ce n’est de le faire descendre de son piédestal, évidemment.

Non, il n’y avait aucune chance pour que ce mois de Janvier soit un mois positif et les premiers jours dans son nouveau dortoir avaient été très difficile pour l’adolescente qui espérait ne pas attirer l’attention sur elle et surtout faire en sorte que Kaïn apprenne le plus tard possible qu’elle était parmi eux. Non pas qu’elle pensait qu’il viendrait forcément lui parler, mais elle avait déjà reçu deux lettres de sa part depuis le début de l’année, lettres qu’elle n’arrivait malheureusement pas à occulter, il était donc un peu compliqué pour la Serdaigle de se retrouver face au garçon. Pour se changer les idées, Bailee s’était mise en tête de revoir sa meilleure amie déjà parce qu’elle lui manquait, c’était la première fois qu’elle n’était pas dans le même dortoir que Candy, mais aussi parce qu’il lui paraissait primordial de continuer sur sa lancée. Le matin-même, elle avait écrit une lettre à son amatrice de cookies préférée lui donnant rendez-vous pour le dîner dans la Grande Salle à une heure relativement tardive pour être certaine qu’elles auraient largement la place de s’installer et ne seraient pas coincées entre deux élèves bruyants et malpolis ce qui aurait le don de l’énerver. Elle n’avait pas reçu de réponse de la part de sa meilleure amie mais elle était certaine qu’elle ne la laisserait pas tomber, elle était donc restée dans son nouveau dortoir pour bouquiner en attendant l’heure du rendez-vous. Elle s’était ensuite rendue dans la Grande Salle et s’était assise à sa place fétiche où elle s’était mise à jouer avec une serviette en papier en attendant que Candlynn la rejoigne, ce qu’elle ne manquerait certainement pas de faire. Sa meilleure amie avait toujours été un peu distraite et pas très sérieuse, mais elle n’était pas du genre à lui poser un lapin, elle comptait pour elle et jamais elle ne commettrait l’énorme faute de l’oublier. N’est-ce pas ?

Ces vacances avaient été les meilleures vacances de son existence. Elle avait eu l'occasion de montrer enfin sa chambre à sa meilleure amie, et notamment le portrait qu'elle avait fait d'elles sur son mur lorsqu'elle était revenue chez elle pendant les Grandes Vacances en première année. Sa chambre n'était pas grandiose, mais c'était vraiment chez elle, et elle avait été plus qu'heureuse de pouvoir la lui montrer, et plus encore qu'elles puissent la partager pendant quelques jours. Manque de chance, elle avait rapidement déchanté en retournant à Poudlard. Sans qu'elle ne puisse comprendre ni comment ni pourquoi, Bailee avait été envoyée à Poufsouffle, la laissant seule dans l'immense dortoir qu'elles occupaient depuis toujours. C'était la pire rentrée du monde, elle se retrouvait complètement abandonnée, incapable de trouver ses marques dans une chambre qu'elle connaissait par cœur, simplement parce que son principal repère s'était fait la belle... Heureusement, elles avaient une majorité de cours en commun et pouvaient se retrouver régulièrement mais rentrer à Serdaigle le soir devenait une véritable corvée...

Le matin-même, Candlynn avait eu la bonne surprise de recevoir un mot de sa meilleure amie lui proposant de la retrouver un peu plus tard dans la journée. Sa matinée était illuminée, et elle, de bonne humeur, avala d'un trait son jus d'orange au goût un peu bizarre et partit en direction de son cours de Soins aux Créatures Magiques avec une bonne humeur exceptionnelle. La journée allait être longue mais ça ne faisait rien puisqu'elle allait retrouver Bailee après les cours. Avec un peu de chance, elle la ferait entrer à Poufsouffle et elles reprendraient leur cohabitation ailleurs, comme si de rien n'était. Si la journée se passa le plus normalement du monde, il se passa quelque chose d'un peu bizarre. Ses cheveux, déjà relativement longs de base, n'avaient eu de cesse de s'allonger à chaque seconde qui passaient. Elle ne l'avait pas remarqué tout de suite, ce n'était qu'en les coinçant dans la porte en voulant sortir des toilettes qu'elle avait compris qu'un truc clochait. Loin de paniquer en voyant tous ces cheveux qui traînaient au sol sur un bon mètre derrière elle, elle afficha un sourire ravi et les attrapa avant de prendre le chemin de son dortoir. Elle essaya vainement de comprendre d'où ça pouvait venir mais ne voyant pas d'explication plausible, elle laissa tomber et se prépara à aller retrouver Bailee.

En courant un peu vite dans les escaliers, ses cheveux se mettaient à voler derrière elle, et la Serdaigle se mettait à rire comme une idiote, sous les regards aussi moqueurs qu'étonnés de ses camarades. Les escaliers se terminèrent bien rapidement et la jeune fille fit son entrée dans la Grande Salle, cherchant son amie des yeux. Son visage s'illumina en la voyant en train de jouer avec une serviette en papier, à la place qu'elle occupait d'habitude. Toute sautillante, elle la rejoignit sans rien perdre de sa bonne humeur et s'assit en face d'elle, rejetant son impressionnante chevelure derrière elle, la laissant négligemment traîner sur le sol au beau milieu de l'allée entre les deux tables.

« Bonsoiiiiiiir ! » s'enthousiasma t-elle en s'avachissant sur son bout de banc. « C'était long comme journée ! J'avais jamais remarqué qu'on avait toutes nos options le même jour, ça craint... Du coup on s'est pas vues du tout, c'est nul. Quelle idée de te mettre à Poufsouffle aussi, non mais ils auraient pu nous y envoyer toutes les deux tant qu'à faire, ça aurait été mieux. Si j'pouvais leur faire bouffer leurs baguettes pour qu'ils comprennent que c'était pas un truc à faire... Tu veux pas m'emmener avec toi, par hasard ? Je serais discrète, et tout... ? Je veux même bien dormir dans un canapé de la salle commune s'il faut, j'm'en fiche. J'ai pas envie de rester toute seule, ça craint... Ca va, toi, sans quoi ? T'as passé une bonne journée ? »

Les derniers élèves quittaient la Grande Salle, il n'y avait plus qu'une petite dizaine de personnes en train de terminer leur dîner, plus elles qui ne l'avaient pas encore commencé. La Serdaigle n'attendit pas que son estomac ne la supplie davantage et attrapa de quoi remplir son assiette. Ce soir, sa vie était à peu près normale, elle dînait comme tous les soirs avec sa meilleure amie et pouvait lui raconter ce qui lui passait par la tête, comme d'habitude. Normale ou presque puisqu'elle sentit quelque chose et se retourna avec lassitude. Deux élèves étaient en train de discuter, juste derrière elle, l'air de rien.

« Tu veux bien bouger, s'il te plait ? T'es en train de marcher sur mes cheveux, là... »

Évidemment...

Absorbée par l’assiette qui se trouvait maintenant devant elle, la Serdaigle essayait d’identifier ce qui semblait être un morceau de viande avec de la sauce. Elle tournait et tournait le morceau dans son assiette en essayant d’éviter les éclaboussures et sans prêter attention aux quelques personnes qui se trouvaient encore dans la Grande Salle. Avec un peu de chance, elle éviterait ainsi que d’autres élèves cherchent à engager la conversation avec elle, puisqu’ils auraient du mal à trouver un moyen d’engager la conversation en étant incapable de trouver son regard ou de trouver un sujet qui ne soit pas en relation avec le morceau de viande qui se trouvait toujours dans son assiette. Bailee avait toujours eu le chic pour s’intéresser à ce que tout le monde trouvait peu digne d’attention, elle aimait se creuser la tête, réfléchir, même si ça devait être sur un sujet aussi banal que ça. Elle était très mauvaise cuisinière et ne risquait pas de devenir meilleure puisque son ignorance l’agaçait tellement qu’elle ne parvenait pas à s’entrainer sans s’énerver, surtout quand c’était avec sa mère qui se sentait toujours obligée de lui donner des conseils. Réussir à identifier ce qui se trouvait sous sa fourchette serait donc une petite victoire pour la bleue et bronze qui ne se rendait pas compte à quel point tout ceci était ridicule.

« Bonsoiiiiiiir ! C'était long comme journée ! J'avais jamais remarqué qu'on avait toutes nos options le même jour, ça craint... Du coup on s'est pas vues du tout, c'est nul. Quelle idée de te mettre à Poufsouffle aussi, non mais ils auraient pu nous y envoyer toutes les deux tant qu'à faire, ça aurait été mieux. Si j'pouvais leur faire bouffer leurs baguettes pour qu'ils comprennent que c'était pas un truc à faire... Tu veux pas m'emmener avec toi, par hasard ? Je serais discrète, et tout... ? Je veux même bien dormir dans un canapé de la salle commune s'il faut, j'm'en fiche. J'ai pas envie de rester toute seule, ça craint... Ca va, toi, sans quoi ? T'as passé une bonne journée ? »

Candlynn venait d’arriver et en général, ça s’entendait, elle au moins n’avait aucun mal à la tirer de ses pensées, qu’elle soit prise dans un bouquin, dans ses devoirs ou dans l’écriture d’une lettre destiné à Kaïn ou à sa famille, la Serdaigle prenait la parole comme si de rien n’était et c’était quelque chose qui plaisait à Bailee. Elle n’aimait pas les faibles, elle préférait de très loin les personnes capables de s’imposer qui attiraient l’attention sur eux à chaque fois qu’ils entraient dans une pièce, sûrement parce qu’elle n’était pas capable d’en faire autant. Candlynn était de ces personnes, elle était à l’aise partout où elle allait, était capable de prendre la parole en public sans problème, sûrement parce qu’elle se fichait de ce que tout le monde pouvait penser de son comportement. Bailee avait du mal à agir de même, en apparence, elle envoyait paitre tout le monde et ne prenait pas en compte les conseils et les critiques qu’elle pouvait entendre, mais ça ne l’empêchait pas d’être marquée par certaines paroles et pas aussi sereine qu’elle ne paraissait l’être.

« Salut. » Répondit la jeune fille avec un léger sourire. « Plutôt que de t’emmener avec moi, je préférerais revenir chez nous, rien ne vaut notre super dortoir, on a eu le temps de le customiser au fil des années et celui des Poufsouffle n’est franchement pas aussi chouette. »

C’était la pure vérité, Bailee était totalement malheureuse chez les Poufsouffle, elle adorait sa maison et l’avait toujours supporté avec un grand plaisir, alors partir loin de ce qu’elle considérait comme sa deuxième maison n’était pas très simple à vivre, même si elle savait pertinemment que ce n’était que provisoire. Encore heureux d’ailleurs, elle aurait préféré se retrouver pendue au bout d’une corde plutôt qu’avoir à passer tout le reste de sa scolarité chez les jaunes. Evidemment, elle ne haïssait pas cette maison plus qu’une autre, elle aurait été tout aussi déçue si elle avait dû se retrouver à Serpentard ou à Gryffondor, elle considérait simplement qu’elle devait être fière de ce qu’elle mentionnait comme étant ses origines. Après tout, c’était le Choixpeau qui avait décidé de l’envoyer ici en premier lieu, c’était donc là que se trouvait sa place et nulle part ailleurs. Toutefois, elle n’avait pas eu son mot à dire vis-à-vis de cette décision, elle se contentait donc de prendre son mal en patience sans pouvoir s’empêcher de se demander d’où venait un tel changement et qui avait bien pu vouloir lui faire ça. Ca resterait probablement un mystère, à moins que l’élève en question ne choisisse de s’en vanter.

« Bah ouais, ça va, j’ai eu un optimal pour mon exposé d’Arithmancie alors que j’ai oublié deux ou trois trucs que je voulais absolument dire, du coup je suis contente. » Expliqua-t-elle à son amie. « Par contre, j’ai eu une retenue, la première depuis que je suis à Poudlard… A cause de Ryan, en plus, ce garçon se croit tout permis, c’est totalement injuste ! Et toi, tout va bien ? »

Est-ce que ces révélations allaient intéresser sa meilleure amie ? Elle en doutait fortement, mais c’était des sujets qui l’intéressaient et mis à part les cours, ses notes, ses essais d’écriture, son désir de perfection et les bouquins qu’elle réussissait à retenir par cœur, la Serdaigle n’avait pas vraiment d’autre préoccupation. Bien sûr, il y avait toujours sa visite à l’hôpital dont elle n’avait pas reparlé à la jeune fille de vive voix, mais elle ne comptait pas le faire en plein milieu de la Grande Salle de peur d’être écoutée par une oreille indiscrète et elle n’avait pas non plus envie de mentir à propos de Sky et elle savait qu’elle n’avait pas le droit de mentionner le nom de la jeune fille parce qu’elle lui avait fait une promesse. La meilleure solution était donc d’éviter d’en parler, elle n’avait donc pas à s’obliger à mentir et avait à peu près la conscience tranquille. Pour le moment, Candy avait eu la gentillesse de respecter son silence et elle espérait fortement qu’il en serait ainsi pendant encore longtemps. Pour le coup, ses parents également avaient été exemplaires, ils n’avaient rien dit à ceux de sa meilleure amie, ou en tout cas, pas en sa présence et elle leur en était étrangement reconnaissante.

« Tu veux bien bouger, s'il te plait ? T'es en train de marcher sur mes cheveux, là... »

Au départ, la réflexion de la Serdaigle ne la fit absolument pas réagir, elle replongea son attention dans son assiette qu’elle n’avait toujours pas entamée et mit quelques secondes à assimiler la phrase de sa meilleure amie. Elle fronça les sourcils et ne put s’empêcher de tourner la tête pour voir exactement de quoi il retournait. Ce n’est qu’à ce moment précis que la bizarrerie de la situation lui sauta aux yeux. Candlynn avait des cheveux nettement plus longs que la dernière fois qu’elle l’avait vu. Pourtant, ce n’était pas il y a si longtemps que ça, elles avaient tout de même passé toutes les vacances de Noël ensemble, étaient revenues ensemble et même si elles n’avaient eu beaucoup l’occasion de se voir, elles avaient été bien obligées de se croiser pendant quelques cours. Bailee était sûre et certaine qu’elle aurait remarqué s’il s’était opéré un tel changement en aussi peu de temps et elle ne pouvait envisager que Candlynn ait utilisé une potion, un sortilège ou n’importe quoi d’autre pour en arriver à un tel résultat. Il fallait bien le reconnaitre, c’était affreux et certainement pas très pratique.

« Mon Dieu… Mais t’as fait quoi à tes cheveux Candy ? » Demanda-t-elle alors que ses sourcils étaient tellement levés qu’ils manquaient de se détacher de son crâne pour aller se coller au plafond. « Rassure-moi, ce n’est pas permanent au moins ? »

Il fallait espérer que la réponse serait celle qu’elle attendait. Voire Candlynn toute sa vie avec une telle chevelure avait quelque chose d’étonnant, mais c’était un étonnement absolument pas positif. La Serdaigle n’avait déjà pas son pareil pour sortir de l’ordinaire, alors si en plus elle devait se faire remarquer à cause de ça, ce serait la fin du monde, elles ne pourraient jamais sortir de leur dortoir sans être le centre d’attention.

« Salut. Plutôt que de t’emmener avec moi, je préférerais revenir chez nous, rien ne vaut notre super dortoir, on a eu le temps de le customiser au fil des années et celui des Poufsouffle n’est franchement pas aussi chouette. »

Candlynn soupira. Ce n'était pas faux, mieux valait qu'elle retourne à Serdaigle plutôt que de l'emmener visiter les coins méconnus du château, mais si elle ne pouvait pas, c'était toujours une solution envisageable. Elle pourrait même mettre un uniforme Poufsouffle s'il fallait et elle passerait totalement inaperçu, elle en était certaine. A part Kaïn qu'elle n'aimait pas par principe, elle ne connaissait personne chez les blaireaux, ce qui faciliterait la tâche. Après, ce n'était certainement pas le moment d'insister, c'était suffisamment dur pour sa meilleure amie de se trouver toute seule loin de leur tour, alors s'il fallait en plus qu'elle s'amuse à refuser ses supplications idiotes, la pauvre n'en aurait pas fini. Pour une fois qu'elle agissait en jeune fille grande et responsable... C'est vrai qu'il était beau leur dortoir. Elle revoyait sans mal tous les dessins qu'elle avait accroché au mur au dessus de son lit, et les photos qu'elle avait patafixées sur la porte de son armoire... Ce n'était pas du grand art, mais c'était chez elle, peut-être même plus chez elle que son vrai chez elle enfin de compte... Elle joua un instant à faire dévaler la montagne de purée par le bout de viande puis finit par le mettre dans sa bouche avec appétit. C'était long un après-midi sans manger...

« Bah ouais, ça va, j’ai eu un optimal pour mon exposé d’Arithmancie alors que j’ai oublié deux ou trois trucs que je voulais absolument dire, du coup je suis contente. Par contre, j’ai eu une retenue, la première depuis que je suis à Poudlard… A cause de Ryan, en plus, ce garçon se croit tout permis, c’est totalement injuste ! Et toi, tout va bien ? »

C'était bien un Optimal en Arithmancie ! Ca n'était pas étonnant, en même temps, Bailee avait quasiment toujours des excellentes notes. Rares étaient les fois où elle se retrouvait avec moins qu'un E. Beaucoup d'élèves devait l'envier, c'était certain. Cependant, elle ne voyait pas du tout ce qu'était le dit-exposé étant donné qu'elle ne faisait pas Arithmancie elle-même, mais elle ne le fit pas remarquer. Elle adorait sa meilleure amie, mais elle n'avait aucune envie qu'elle lui fasse un cours de rattrapage improvisé sur les bases élémentaires qu'elle n'avait pas dans cette matière. Elle venait de sortir d'une journée entière de cours et ça lui suffisait largement comme ça, inutile d'en rajouter davantage. Elle se contenta de hocher la tête avec enthousiasme avant de mettre un peu de purée sur sa fourchette, puis sa fourchette dans sa bouche.

« C'est dur d'avoir un O en exposé en plus ! C'est trop bien ! Pour Ryan, je crois que c'est normal... J'ai lu un truc dans un Sorcière Hebdo abandonné... Ca disait qu'il y avait des garçons qui voulaient prouver qu'ils existaient au reste du monde, parce que leurs parents ne leur prêtaient pas assez d'attention ou ce genre de trucs, et que du coup, ils faisaient des choix extrêmes pour qu'on les remarque... Je pense que détester l'ensemble de l'humanité fait partie de ces choix-là. Il a essayé de me tuer durant le bal d'Halloween, tu sais ? » rappela t-elle comme si c'était la chose la plus normale de l'univers. « Oui, ça va. J'ai perdu Kolia ce matin, mais je l'ai retrouvé dans ma boîte à cookies à l'heure de la pause. Je sais pas comment il est rentré dedans... Ou alors j'étais vraiment pas réveillée quand j'ai préparé mon sac de cours avant de partir du dortoir... »

Suite à cette révélation, la jeune Zuckowski continua d'avaler tranquillement son repas. Elle ne savait pas bien ce qui était au menu ce soir, mais c'était bon, alors ne pas savoir ne la dérangeait pas le moins du monde. Elle finit par poser sa fourchette et avala son verre d'eau d'un trait avant de le reposer. C'était chouette de passer une soirée comme toutes les autres soirées de ces trois dernières années, ça lui avait manqué. Finalement, le calme apparent de cette fin de repas se fit rapidement la malle lorsqu'elle eut le malheur de demander aux bavards derrière elle de se décaler légèrement. Le dit garçon posa un regard surpris sur elle, puis baissa les yeux vers ses pieds avant de disparaître avec un air mi-horrifié mi-désespéré.

« Mon Dieu… Mais t’as fait quoi à tes cheveux Candy ? Rassure-moi, ce n’est pas permanent au moins ? »

La brune se contenta de hausser les épaules sans trop savoir quoi répondre. Elle n'avait rien fait du tout, elle, elle n'avait même pas remarqué tout de suite qu'il s'était passé un truc, alors de là à savoir si c'était permanent ou pas... Elle n'en savait fichtrement rien, et dans le fond, elle s'en fichait un peu. C'était amusant d'avoir des cheveux super longs dans lesquels on pouvait s'enrouler... Elle était même sûre qu'elle pouvait s'en servir pour s'assurer lorsqu'elle grimpait aux arbres. Mais visiblement, Bailee n'était pas aussi enthousiaste qu'elle. Comme toujours en fait... C'était bien dommage.

« J'ai rien fait ! J'me suis rendue compte que c'était comme ça quand ils se sont coincés dans la porte des toilettes. C'est pas de ma faute, je te promets ! Mais je trouve ça cool. Quand je descends vite les marches, ils volent derrière moi, comme dans les dessins animés. T'aimes pas ? Je peux me faire une couette de cheveux, tu veux voir ? Tu crois que ça peut être permanent ? Comment on sait ? »

« C'est dur d'avoir un O en exposé en plus ! C'est trop bien ! Pour Ryan, je crois que c'est normal... J'ai lu un truc dans un Sorcière Hebdo abandonné... Ca disait qu'il y avait des garçons qui voulaient prouver qu'ils existaient au reste du monde, parce que leurs parents ne leur prêtaient pas assez d'attention ou ce genre de trucs, et que du coup, ils faisaient des choix extrêmes pour qu'on les remarque... Je pense que détester l'ensemble de l'humanité fait partie de ces choix-là. Il a essayé de me tuer durant le bal d'Halloween, tu sais ? Oui, ça va. J'ai perdu Kolia ce matin, mais je l'ai retrouvé dans ma boîte à cookies à l'heure de la pause. Je sais pas comment il est rentré dedans... Ou alors j'étais vraiment pas réveillée quand j'ai préparé mon sac de cours avant de partir du dortoir... »

En temps normal, la jeune fille se serait simplement réjoui du compliment sur sa note d’exposé, son égo surdimensionné gonflant tranquillement alors qu’elle écoutait attentivement les trucs sympas qui allaient avec. Sauf que pour le coup, c’est à peine si elle remarqua les félicitations de son amie tant elle était choquée par ce qui suivait. Elle ne se souvenait pas franchement être allée au bal d’Halloween, d’ailleurs elle croyait bien ne pas y être allée du tout et avoir préféré passer la soirée dans son dortoir avec des devoirs inachevés, un bouquin et un dessin qu’elle était censée terminer pour Candy mais qu’elle n’arrivait pas du tout à faire comme elle voulait. Toutefois, même si elle n’aimait pas mettre les pieds à ce genre d’événement, elle était bien la première à récolter des informations sur ce qu’il s’était passé, juste pour avoir une petite idée de ce qu’elle avait raté. Sauf que personne ne lui avait parlé d’une éventuelle tentative de meurtre et elle ne se souvenait absolument pas que Candlynn elle-même ait évoqué une telle chose. Il était certainement un peu tard pour s’en inquiéter maintenant mais la Serdaigle ne pouvait pas s’en empêcher. Imaginer un seul instant que quelqu’un ait pu vouloir s’en prendre à sa meilleure amie la rendait malade.

« Il a essayé de quoi ?! » S’exclama la jeune fille si bien que la moitié des personnes encore présente se retourna intriguée. « Comment il a pu faire ça ? Tu ne m’en avais pas parlé avant. » Continua-t-elle en baissant un peu la voix. « C’est totalement invraisemblable. »

Que Ryan ait de sacré problèmes mentaux ne faisait aucun doute pour la jeune fille qui avait malheureusement eu l’occasion de le voir à l’œuvre. Il avait un instinct dominateur complètement foireux associé à une rage contre les mauvaises personnes qui lui faisait faire un véritable carnage à chaque fois qu’il entrait dans une pièce. Le pire était qu’il ne se rendait pas compte que, désormais, la moitié des élèves de l’école le fuyait comme la peste et c’était bien compréhensible sachant qu’il était sérieusement atteint. Mais en soit qu’il veuille dominer le monde, fasse des démonstrations de forces et de grands discours pour affirmer sa supériorité passait encore, ce que Bailee ne supportait pas en revanche était qu’il commence à s’en prendre directement à des élèves innocents pour imposer sa présence et montrer qu’il était le meilleur. Malheureusement, ces événements semblaient être de plus en plus fréquents désormais et personne n’avait l’air de vouloir bouger ne serait-ce que le petit doigt pour l’arrêter. Les choses prenaient une tournure relativement désagréable pour tout le monde et la Serdaigle se demandait si elle était la seule à se poser des questions sur ce qui allait se passer ensuite.

« Je pense que son problème est un peu plus compliqué que ça tout de même. Attirer l’attention parentale ne lui demande certainement pas de tyranniser la moitié des élèves du château, il a l’air d’avoir ses propres convictions et très sincèrement je doute qu’elles soient louables. »

Est-ce que Candlynn était apte à comprendre une telle chose ? Rien n’était moins sûr. Sa meilleure amie avait beau posséder de nombreuses qualité qui faisaient qu’elle l’adorait comme elle, elle avait également un certain nombre de défauts qui pouvaient largement la desservir. Dans le cas présent, c’était sa capacité à voir le bon côté de chacun et à considérer qu’une personne ne pouvait pas être méchante ou foncièrement mauvaise qui risquait de lui porter préjudice. Alors que tout le monde tentait d’éviter Ryan, elle était capable de se confronter à lui sans se rendre compte du danger que ça représentait et Bailee n’était pas certaine que sa mise en garde soit suffisante. Toutefois, en sachant qu’elles ne partageaient plus le même dortoir, et ce, pour un petit moment, il fallait absolument qu’elle lui fasse entrer dans le crâne des règles basiques de sécurité puisque malheureusement, elle ne serait plus là pour la protéger après ça. Bailee était sans doute un peu paranoïaque, le château n’était pas l’endroit le plus dangereux du monde, loin de là, mais pour une fille aussi naïve et insouciante que Candlynn, elle était certaine qu’il pouvait aisément le devenir et elle ne laisserait pas une telle chose se produire.

« J'ai rien fait ! J'me suis rendue compte que c'était comme ça quand ils se sont coincés dans la porte des toilettes. C'est pas de ma faute, je te promets ! Mais je trouve ça cool. Quand je descends vite les marches, ils volent derrière moi, comme dans les dessins animés. T'aimes pas ? Je peux me faire une couette de cheveux, tu veux voir ? Tu crois que ça peut être permanent ? Comment on sait ? »

En soit, c’était amusant et la jeune fille ne put vraiment s’empêcher de sourire lorsqu’elle regarda de nouveau l’énorme masse de cheveux qui descendait sur les épaules de la jeune fille. En soit, ce n’était pas très dérangeant si ce n’est pour se laver, s’habiller, se coiffer, ce genre de choses, mais pour le coup, c’était Candlynn que ça devait déranger, pas elle et si elle s’accommodait de cette situation, tant mieux. Mais bon, ce n’était pas non plus la coupe de cheveux la plus hygiénique du monde, il fallait bien le reconnaitre. Même si les elfes de maison du château récuraient l’intégralité des pièces quasiment en permanence, les élèves étaient doués pour mettre la pagaille et les cheveux de Candlynn devaient ramasser toutes les saletés comme une vulgaire serpillère. Non, vraiment, dans l’idéal, il faudrait qu’elle parvienne à arranger ça. Toutefois, elle se rendait bien compte que ce genre d’événement devait beaucoup plaire à sa meilleure amie et elle n’avait pas la moindre envie d’être, une fois de plus, celle qui jouerait les mamans de substitution rabat-joie. En vérité, elle craignait un peu que Candy se lasse de son comportement et décide de lui tourner le dos parce qu’elle en aurait marre de ses conseils permanents.

« Non… Enfin si, c’est amusant, mais ça doit être dur à laver, à brosser, à coiffer… Tu es allée voir l’infirmière ? Elle aurait sans doute pu t’arranger ça ? » Demanda la Serdaigle, légèrement inquiète de la santé mentale de sa meilleure amie. « Pour le côté permanent, je n’en ai pas la moindre idée, j’imagine que ça peut l’être si tu ne fais rien, mais ce n’est pas l’idée du siècle, tu ne crois pas ? » Expliqua-t-elle avec douceur. « Vas-y, tu peux me la montrer ta super couette, je suis sûre que tu seras ma-gni-fi-que. »

Si elle pouvait faire plaisir à Candlynn et lui donner le droit de lui faire une petite démonstration de coiffure rien que pour la voir sourire et montrer un certain enthousiasme, ça en valait le coup. Bon, en soit, la Serdaigle était la personne la plus enjouée et pleine de vie qu’elle connaissait, mais vu sa façon de voir les choses, elle était sûre et certaine que ce trait de caractère ne s’était pas développé grâce à elle. En tout cas, on était bien loin de la petite bleue et bronze qui pleurait dans le train il y a déjà trois ans, et tant mieux.

« Il a essayé de quoi ?! Comment il a pu faire ça ? Tu ne m’en avais pas parlé avant. C’est totalement invraisemblable. »

Elle ne lui en avait pas parlé ? Vraiment... ? C'était possible, elle ne s'en souvenait plus très bien. Elle avait certainement dû penser sur le moment que ce n'était pas très grave, que ça n'avait pas grande importance et elle était totalement passée à autre chose, comme si sa vie n'avait jamais été mise en danger par le plus grand crétin que l'école ait porté. Et puis, elle allait bien, c'était tout ce qui comptait après tout, non ? Visiblement, à en croire l'étonnement un peu tinté de reproches dont Bailee avait fait preuve, ça ne suffisait pas. D'un autre côté, il fallait un peu savoir ce que les gens voulaient, quand elle parlait tout le temps ça n'allait pas parce qu'elle parlait de trop et que personne ne l'écoutait plus de toute façon, et quand elle omettait involontairement de parler de quelque chose, ça n'allait pas parce que c'était important et il aurait fallu que le monde entier soit au courant. Candlynn haussa négligemment les épaules.

« Bah la salle était bizarre et Scorpius était en haut alors j'ai voulu le rejoindre alors je suis montée sur un lampadaire, tout en haut en haut, pour qu'il m'aide à passer de l'autre côté de la salle mais j'ai pas pu y arriver parce que Ryan a lancé un sortilège sur le truc et qu'il est tombé. Du coup, moi aussi je suis tombée. J'aurais pu me faire vraiment très très mal. Je crois que c'était le but. Mais ça a raté. J'ai juste eu un gros bleu que quand j'appuyais dessus ça faisait bien mal. »

La Serdaigle ne semblait pas traumatisée et continuait d'avaler son dîner le plus normalement du monde. Elle venait d'expliquer comme on avait essayé de la tuer mais ça n'avait pas l'air de la déranger, comme si elle s'était fait à l'idée qu'il puisse y avoir des gens dans cette école qui souhaitait sa mort, et pire encore qui pouvait essayer de la lui donner. En même temps, vu l'état actuel des choses, ça n'avait rien de très étonnant. Tout le monde était près à croire que sa mort pouvait arriver à chaque détour de couloir et voulait bien admettre – ou presque – qu'il n'y avait rien d'anormal à ça. Bien sûr, personne ne s'en était pris directement à eux mais l'ambiance pesante et inquiétante qui régnait à Poudlard laissait croire à qui le voulait que les choses n'allaient pas aller en s'arrangeant. Bien sûr, pour Candy, c'était légèrement différent. Elle ne voyait pas bien ce qui n'allait pas et ne se posait pas trop de questions sur la suite des événements, trop occupée à se poser des questions qui n'intéressaient qu'elle, comme la possibilité de faire des croisements entre les lamas et les poneys pour n'avoir que les avantages de chaque animal...

« Je pense que son problème est un peu plus compliqué que ça tout de même. Attirer l’attention parentale ne lui demande certainement pas de tyranniser la moitié des élèves du château, il a l’air d’avoir ses propres convictions et très sincèrement je doute qu’elles soient louables. »

Le monde entier savait bien que les convictions et intentions de Ryan n'avaient rien de louables mais ça ne l'empêchait pas de n'être qu'un simple élève de l'école, un peu plus stupide que les autres à la limite, mais elle ne voyait pas pourquoi il faudrait s'en méfier davantage. Poudlard était un endroit sûr, elle ne risquait strictement rien ici, à part se faire des bleus douloureux, certes, mais ce n'était pas très important. Elle savait très bien que Bailee aurait souhaité qu'elle soit plus raisonnable et qu'elle se contente de faire comme le commun des mortels ; ignorer parfaitement ce boulet pour préserver sa sécurité, mais dans le monde parfait de Candy, il ne pouvait rien lui faire, ni lui ni personne, si bien que s'il venait l'enquiquiner, elle ne se gênerait pas pour riposter, qu'importe les points en moins et les retenues. Ce n'était pas parce qu'il portait un truc avec écrit 'Préfet' et qu'il avait le droit d'écrire des règles stupides sur des parchemins publics que ça en faisait le roi du monde, et il fallait bien des gens pour le remettre à sa place s'il fallait, et elle, elle voulait bien être ces gens. D'autant plus qu'elle n'avait pas grand chose contre lui, il ne l'aimait pas, elle ne l'appréciait pas particulièrement à cause de ça mais ne le haïssait pas totalement, contrairement à la majorité de l'école.

« Non… Enfin si, c’est amusant, mais ça doit être dur à laver, à brosser, à coiffer… Tu es allée voir l’infirmière ? Elle aurait sans doute pu t’arranger ça ? Pour le côté permanent, je n’en ai pas la moindre idée, j’imagine que ça peut l’être si tu ne fais rien, mais ce n’est pas l’idée du siècle, tu ne crois pas ? »

La jeune Zuckowski sembla réfléchir un instant, la fourchette à mi-chemin entre l'assiette et sa bouche, si bien que le petit morceau de viande qu'elle tenait finit par tomber sur son pantalon... Elle l'attrapa distraitement et le mangea comme si de rien n'était, non sans frotter machinalement la tache avec sa main sans parvenir à la faire partir... Elle n'avait pas encore essayer de se laver ou brosser les cheveux, ni même de se coiffer d'ailleurs, et elle n'avait pas du tout penser à tous ces détails pratiques. C'était amusant, ça volait, c'était pas courant, c'était à peu près tout ce qui comptait. L'idée même d'aller voir l'infirmière ne lui traversa pas l'esprit. Elle risquait de l'engueuler alors qu'elle n'avait rien fait du tout, c'était même pas de sa faute s'il s'était passé un truc comme ça, elle n'avait fait qu'aller en cours le plus normalement possible, elle, c'était tout, pas de trucs bizarres ou d'expériences foireuses, absolument rien...

« Bah j'pourrais travailler dans un cirque, passer à la télé parce que j'aurais les plus longs cheveux du monde, avoir un truc de records et apparaître dans le gros livre, je gagnerai tout plein de sous, je serais riche et célèbre et je pourrais même engager un monsieur pour tuer l'imbécile de chose qui sert de copine à mon frère... » expliqua t-elle les yeux légèrement exorbités sous l'excitation à l'idée de ce que pourrait être sa vie avec des cheveux comme ça. « Ce serait trop chouette... Et puis même pas besoin de les laver et tout toute seule puisqu'il y aura quelqu'un pour le faire à ma place. »

Elle s'étonnait tout de même un peu du fait que Bailee n'ait pas pensé à tout ça toute seule. Elle qui était si intelligente et qui envisageait toutes les éventualités possibles d'habitude était passée à côté d'une évidence... Bien triste histoire. Passer sa vie chez les Poufsouffle n'était pas pour jouer en sa faveur apparemment... Quel dommage ! Peut-être qu'elle allait devenir toute bête et tout, comme si elle avait vraiment sa place là-bas ? Non pas que les Poufsouffle étaient bêtes en temps normal, mais c'était sûr que comparés à Bailee, ils l'étaient !

« Vas-y, tu peux me la montrer ta super couette, je suis sûre que tu seras ma-gni-fi-que. »

La jeune fille ne se le fit pas dire deux fois et abandonna immédiatement son assiette pour se lever. Elle attrapa ses interminables cheveux avant de se mettre à tourner sur elle-même un moment, jusqu'à ce qu'elle soit parfaitement emmitouflée dans sa tignasse. Elle ressemblait à une énorme saucisse capillaire avec une tête, le résultat n'était pas des plus seyants mais elle riait aux éclats, comme un enfant dans un manège.

« Tadaaaaaa ! Une trop bien couette de cheveux ! »

« Bah la salle était bizarre et Scorpius était en haut alors j'ai voulu le rejoindre alors je suis montée sur un lampadaire, tout en haut en haut, pour qu'il m'aide à passer de l'autre côté de la salle mais j'ai pas pu y arriver parce que Ryan a lancé un sortilège sur le truc et qu'il est tombé. Du coup, moi aussi je suis tombée. J'aurais pu me faire vraiment très très mal. Je crois que c'était le but. Mais ça a raté. J'ai juste eu un gros bleu que quand j'appuyais dessus ça faisait bien mal. »

Heureusement qu’elle avait un peu entendu parler de la soirée d’Halloween après coup, sinon elle n’aurait absolument rien compris à ce qu’elle venait de dire. Candlynn avait tendance à croire que ce qui paraissait évident pour elle l’était pour les autres, sauf que dans le cas présent, si elle avait été à table avec son frère, la copine de ce dernier et ses parents, elle n’imaginait même pas la tête qu’ils auraient pu faire avec des yeux plus gros que des planètes. Avec un peu de chance, elle aurait été là pour expliquer tout ça et éclaircir la situation, de toute façon, où la Serdaigle allait, elle y allait souvent également, d’autant plus depuis que leurs deux familles se connaissaient assez bien maintenant pour apprécier passer du temps ensemble. Surtout ses propres parents, à dire vrai, puisqu’elle avait tendance à dissimuler son sale caractère en présence de Candlynn et qu’ils aimaient profiter de cet effet tampon pour profiter de leur sérénité et retrouver un semblant de vie familiale. Tant mieux pour elle, après tout, sa meilleure amie était la seule personne avec qui elle aimait passer du temps sans jamais se lasser.

« Bah j'pourrais travailler dans un cirque, passer à la télé parce que j'aurais les plus longs cheveux du monde, avoir un truc de records et apparaître dans le gros livre, je gagnerai tout plein de sous, je serais riche et célèbre et je pourrais même engager un monsieur pour tuer l'imbécile de chose qui sert de copine à mon frère... Ce serait trop chouette... Et puis même pas besoin de les laver et tout toute seule puisqu'il y aura quelqu'un pour le faire à ma place. »

Travailler dans un cirque… ? Etait-ce vraiment là sa véritable ambition ? Parce que si tel était le cas, c’était un peu triste. Candlynn valait bien mieux que ça, elle avait un cerveau contrairement à beaucoup d’autres personnes du château, voire même à la totalité des élèves. Pour les professeurs, c’était un peu différent, elle les avait toujours estimés parce que c’était eux qui lui dispensaient toutes les connaissances qu’elle pouvait avoir. Certes, elle avait aussi beaucoup appris dans les livres, mais malheureusement, lorsqu’elle ne comprenait pas quelque chose, elle ne pouvait pas franchement leur poser des questions en espérant obtenir les explications qu’elle attendait, alors que ses enseignants étaient en général de véritables puits de science avec lesquels elle aurait aimé pouvoir discuter pendant des heures afin de leur extorquer toutes leurs connaissances. Malheureusement, ils avaient tous une vie et surtout des dizaines et des dizaines d’élèves, même si la grande majorité d’entre eux se fichait de leur existence et les considérait comme des épines dans le pied. Ce n’était pas son cas et elle en profitait au maximum.

« Tu peux déjà apparaitre dans le livre des records sans avoir besoin de les garder comme ça, non ? A la longue, tu te lasseras certainement, ce n’est pas très pratique. Et puis, je ne suis pas certaine que tu aimes beaucoup devoir être dépendante de quelqu’un pour te laver les cheveux. » Déclara-t-elle songeuse. « D’un autre côté, tu pourras m’inviter dans ton palace, ou alors, je vivrais carrément avec toi et j’aurais même pas besoin de travailler pour gagner ma vie, donc je pourrais écrire plein de livres. »

Et puis très franchement, qui voulait vraiment entrer dans le livre des records ? Certains étaient tellement stupides, les ongles les plus longs du monde, le plus gros bébé, il n’y avait aucune fierté à en retirer, c’était un fait divers comme un autre et ça ne méritait même pas d’être écris quelque part. Toutefois, elle n’avait pas envie de briser les rêves de sa meilleure amie aujourd’hui, c’était même mignon ce qu’elle racontait à propos de tout l’argent qu’elle gagnerait en jouant les bêtes de foire, il fallait quand même qu’elle ait une tête particulièrement étrange pour avoir pu envisager tout ça lorsqu’elle avait eu ce petit accident capillaire. Bailee se rendait bien compte que la plupart des filles de l’école aurait eu un tout autre comportement face à ça, elles auraient hurlé, pleuré, crié et se seraient sans doute précipité chez l’infirmière pour qu’elle arrange ça avant que qui que ce soit les voit. Connaissant Candy, elle avait dû s’extasier pendant des heures devant le miroir devant sa toute nouvelle chevelure, se prenant pour l’héroïne du film de Disney, mais c’était cet étrange comportement qui faisait tout son charme. Si sa meilleure amie n’existait pas, sa vie aurait été bien fade.

« Tadaaaaaa ! Une trop bien couette de cheveux ! »

Bailee avait regardé la transformation de sa meilleure amie avec un scepticisme tellement évident que tout le château avait dû le ressentir, même les élèves qui se trouvaient tout en haut de la salle d’astronomie devaient en avoir eu vent. Toutefois, Candlynn semblait y être totalement insensible et lorsqu’elle lui montra la coiffure finale, la jeune fille n’eut d’autre choix que d’afficher un large sourire avant de battre joyeusement des mains, extasiées par un résultat des plus affligeants. Mais en vérité, ce n’était pas si difficile que ça de feindre l’enthousiasme, la petite Serdaigle était assez rigolote à voir et Bailee avait presque peur de parcourir la grande salle du regard tant elle craignait que des dizaines de paires d’yeux soient actuellement braquées sur elles. C’était tout à fait possible, voire même certain, mais elle connaissait assez sa meilleure amie pour savoir qu’elle n’en aurait probablement rien à faire et tant mieux. Peu de gens, elle y compris, avaient le courage d’affirmer leurs convictions et leur personnalité, c’était tout à son honneur.

« Waow, splendide, je n’en attendais pas tant. » Dit-elle en plaisantant. « Par contre, un bon conseil, évite de montrer ça à quelqu’un d’autre qu’à l’un de tes proches, je ne crois pas qu’une autre personne serait susceptible de comprendre ton art. »

Ce n’était pas méchant même si Bailee se moquait un peu de sa meilleure amie, c’était plus de l’ordre de la taquinerie, et à dire vrai, elle ne pensait pas que manger avec la Serdaigle serait aussi amusant. Certes, elle lui avait beaucoup manqué, mais elle avait vraiment oublié à quel point la petite fille était décalée et amusante sans même s’en rendre compte, la plupart du temps. A côté de ça, elle était loin d’être mauvaise lorsqu’il s’agissait de travailler, bref, elle avait tout pour plaire, encore heureux, ce n’était pas pour rien qu’elle était sa meilleure amie.

« Tu peux déjà apparaître dans le livre des records sans avoir besoin de les garder comme ça, non ? A la longue, tu te lasseras certainement, ce n’est pas très pratique. Et puis, je ne suis pas certaine que tu aimes beaucoup devoir être dépendante de quelqu’un pour te laver les cheveux. »

La première partie de sa phrase la laissa interdite un moment. Elle mit de longues minutes à comprendre qu'elle pouvait très bien faire venir quelqu'un ici, à Poudlard, maintenant tout de suite pour attester du record et les couper ensuite. Candlynn hocha tout doucement la tête, plus pour elle-même qu'autre chose. C'était vrai, elle pouvait très bien ne pas les garder comme ça pour toujours. Mais en même temps, c'était marrant... Elle pourrait très certainement les utiliser pour descendre de chez elle par la fenêtre si jamais ses parents n'étaient pas d'accord pour la laisser sortir, ou pour y faire grimper des gens, ou pour sauter à la corde sans corde, ou pour se faire un oreiller en cours ou pour plein d'autres trucs trop bien. D'un autre côté, Bailee n'avait pas tort. Ce n'était pas très pratique. La preuve, les gens marchaient dessus, ça se coinçait dans les portes, ça ramassait un peu toute la poussière du château même si, ça, c'était plutôt rigolo... Quel dilemme tout de même !

« Tu crois que les gens des records, ils peuvent venir dans l'école pour dire que oui, c'est mes cheveux à moi les plus longs du monde ? Ils ont le droit de faire ça, même s'ils connaissent pas la magie ? »

S'ils avaient pas le droit, c'était tout nul, tout de même... Personne ne le saurait jamais et cet exploit tomberait dans le trou noir des choses exceptionnelles dont personne n'avait jamais entendu parler... Ce serait trop triste, elle préférait même ne pas y penser. Tout le monde devrait savoir pour ses cheveux, c'était trop bien ! Toutes les filles seraient jalouses, tous les garçons demanderaient à leurs copines d'avoir les mêmes, mais comme elles pourraient pas, ils les largueraient et essayeraient de la draguer elle mais elle refuserait parce qu'elle ne les connaissait pas et que de toute façon, elle avait pas vraiment besoin de copain parce que ça servait pas à grand chose et que Bailee serait sûrement triste et qu'elle ne voulait pas que sa meilleure amie soit triste parce que c'était nul quand elle l'était et qu'elle boudait un peu et qu'elle aimait pas quand elle boudait... Ce serait une sacrée aventure en fait !

« D’un autre côté, tu pourras m’inviter dans ton palace, ou alors, je vivrais carrément avec toi et j’aurais même pas besoin de travailler pour gagner ma vie, donc je pourrais écrire plein de livres. »

Sous le choc, elle ouvrit grands les yeux et la bouche, laissant tomber le petit morceau de pain qu'elle s'apprêtait à mâcher. Carrément ! Voilà en fait ! Elle avait trouvé le but ultime de sa vie ! Elle ne les couperait plus jamais, comme ça, elle aurait une maison gigantesque dans laquelle Bailee viendrait s'installer et elles seraient ensemble tout le temps et ce serait merveilleusement trop bien ! Elles seraient heureuses, c'était sûr ! Elles s'engueulaient presque jamais en plus alors ça pourrait être que trop bien... Le regard rêveur, elle reprit son repas comme si elle ne s'était jamais arrêtée, un sourire lointain et stupide sur les lèvres. Elle n'avait jamais vraiment imaginé sa vie autrement qu'à faire des voyages avec son frère, mais c'était plutôt bien comme alternative, ça, puisqu'il y avait Dollidiote qui avait fait capoter ses plans. Et puis, en y pensant très fort, Bailee était certainement mieux que Jeremiah. Déjà, elle était plus belle, et elle l'abandonnait pas pour rien. Finalement, elle eut l'occasion de lui montrer sa couette de cheveux, et la réaction de la Serdaigle ne se fit pas attendre, pour le plus grand plaisir de la jeune Zuckowski.

« Waow, splendide, je n’en attendais pas tant. Par contre, un bon conseil, évite de montrer ça à quelqu’un d’autre qu’à l’un de tes proches, je ne crois pas qu’une autre personne serait susceptible de comprendre ton art. »

Elle lança un regard exagérément suspicieux autour d'elle, comme si on risquait de lui piquer l'idée, et se mit à tourner dans l'autre sens pour se libérer. Sur quoi elle attrapa son interminable tignasse qui dépassait de partout dans ses bras et s'assit de nouveau sur le ban avant de poser ses cheveux à côté d'elle. Au moins, personne ne marcherait dessus cette fois. C'était relativement désagréable tout de même de manger en sentant des pieds écrabouiller ses cheveux. Candlynn soupira doucement et reprit sa fourchette, faisant comme s'il n'y avait jamais eu de pause entre sa dernière bouchée et celle qu'elle s'apprêtait à manger.

« T'as raison ! » déclara t-elle avec certitude en pointant machinalement sa meilleure amie avec le morceau de viande piqué sur son couvert avant de le mettre à sa bouche. « Faut que je fasse attention, après, ils vont tous faire pareil et on aura pas notre villa. On mettra une grande piscine. T'aimes bien les piscines ? Et une balançoire accrochée à un gros arbre, c'est bien les balançoires... »

« Tu crois que les gens des records, ils peuvent venir dans l’école pour dire que oui, c’est mes cheveux à moi les plus longs du monde ? Ils ont le droit de faire ça, même s’ils connaissent pas la magie ? »

A croire que Candlynn n’avait pas reçu les mêmes indications qu’elle et tous les sorciers de la planète concernant la dissimulation de la magie aux yeux des moldus. Pourtant, le ministère avait été assez clair à ce sujet, il fallait éviter à tout prix de montrer ou de mentionner l’existence de leur monde à toute personne extérieure. Bon, évidemment, il y avait quelques exceptions notamment en ce qui concernait les parents des élèves de l’école ou encore les maris et femmes des sorciers, mais c’était assez normal sinon la situation aurait été vraiment compliquée à gérer. Bailee se demandait quelles solutions ils auraient pu trouver autre que ces exceptions, peut-être de retirer les enfants à leurs parents si une particularité était découverte ? Ca paraissait complètement invraisemblable, mais c’était pourtant ce qu’envisageaient de faire les sangs-purs qui voulaient créer un monde dans lequel il n’y aurait que des personnes qui leur ressembleraient. Se rendaient-ils compte de l’absurdité de ce qu’ils envisageaient ? Visiblement pas, puisque certains d’entre eux tentaient encore d’imposer leurs convictions, et croyaient dur comme fer en leurs idéaux.

« Non, je ne crois pas Candy, tu sais bien que les moldus ne sont pas autorisés à entrer dans notre école, ils ne sont même pas censés connaitre l’existence du monde magique. » Expliqua-t-elle avec douceur. « Mais ce livre doit bien exister même chez les sorciers, non ? Ou alors, il faut que tu attendes les vacances pour les faire venir chez tes parents et que tu inventes une histoire pour expliquer qu’ils aient autant poussés. »

Bailee ne savait même pas comment elle faisait pour rester aussi calme avec sa meilleure amie alors qu’elle était tellement naïve que ça la rendait presque insupportable. Enfin, pas insupportable dans le sens où elle n’aimait pas avoir une conversation avec elle, mais plutôt parce qu’il fallait sans cesse lui réexpliquer des choses qui devaient sembler totalement évidentes au commun des mortels. En plus, Bailee n’était pas la fille la plus patiente du château. La Serdaigle avait tendance à s’énerver pour un rien, considérant que la plupart des élèves du château ne lui arrivaient pas à la cheville, et pourtant, elle avait choisi d’être proche de la fille qui n’était pas forcément celle avec laquelle elle pourrait avoir une conversation d’un haut niveau intellectuel. Mais ça ne la dérangeait pas, elle avait conscience que sous ses airs de gamines se cachait quelqu’un d’intelligent qui avait simplement un peu de mal à sortir de l’enfance. Elle-même aurait bien aimé y rester plus longtemps mais l’adolescence avait bien fini par la rattraper et son séjour forcé à l’hôpital avait fini de briser sa petite bulle toute rose pour l’emmener dans le monde réel.

« T’as raison ! Faut que je fasse attention, après ils vont tous faire pareil et on aura pas notre villa. On mettra une grande piscine. T’aimes bien les piscines ? Et une balançoire accrochée à un gros arbre, c’est bien les balançoires… »

Ce n’était pas franchement la raison par laquelle elle lui déconseillait de montrer sa coiffure autour d’elle, mais mieux valait qu’elle réagisse de cette façon plutôt qu’elle pense que sa propre meilleure amie se fichait d’elle. Candlynn avait eu bien assez souvent l’occasion de lui reprocher son sérieux et son manque total d’investissement dans des jeux ou des délires qu’elles auraient pu partager. D’un autre côté, ce n’était pas de sa faute si elle avait une nette préférence pour tout ce qui était carré, sérieux, logique, qui avait un véritable sens. Elle ne savait pas vraiment ce que c’était, rire, ça ne l’intéressait pas. Après tout, qu’est-ce que ça changeait aux autres de savoir rigoler et s’amuser ? Ils perdaient juste un temps précieux qu’ils pourraient employer pour développer leur cerveau qui restait désespérément au stade d’embryon. Toutefois, ce n’était pas tout à fait vrai, il lui arrivait quand même de profiter du temps libre qu’elle possédait pour dessiner avec Candlynn qui lui apprenait souvent tout un tas de trucs intéressant, mais elle aimait aussi passer du temps avec Kaïn rien que pour l’embêter, et ce genre d’activité l’amusait beaucoup en fin de compte. Malheureusement, elle avait dû prendre ses distances pour quelques temps et ce n’était pas très agréable.

« Je sais pas trop, je suis jamais vraiment allée dans une piscine, sauf pour prendre des cours de natation, mais le moniteur était vraiment stupide, alors j’arrêtais pas de faire semblant de me noyer juste pour qu’il vienne me repêcher et que je ne sois pas obligée de faire l’exercice. » Répondit-elle comme si son comportement était parfaitement normal et adapté à la situation. « Tu sais, tu peux avoir une balançoire et une piscine même sans avoir une villa, ça dépendra juste de ton salaire. »

Et puis très franchement, c’était mal la connaitre que de penser qu’elle pouvait véritablement s’amuser dans un parc en plein air. Ce n’était pas l’idée de se mettre en maillot de bain qui lui déplaisait, alors que tout le monde aurait pu penser que c’était le cas, tant elle était renfermée en temps normal. Mais non, elle pouvait se comporter comme n’importe comme lambda, ou en tout cas ressembler à madame tout le monde, même si lorsqu’on venait lui parler, le charme se rompait immédiatement. Bailee ne se comportait pas de la même façon que les autres adolescents de son âge et il n’était pas utile d’entretenir une véritable conversation avec elle pour s’en rendre compte. Toutefois, elle avait quand même reçu une éducation même si ses parents avaient eu beaucoup de mal à lui transmettre et elle se sentait capable de se comporter en société sans se faire remarquer, bien sûr, ça lui demanderait un certain nombre d’efforts et elle ne pourrait pas se faire passer pour une personne qu’elle n’était pas dans n’importe quelles circonstances et surtout sur une durée infinie. Et puis, elle n’avait rien à prouver à personne et si elle n’avait pas envie de faire d’efforts, elle ne les ferait pas.

« Tu vas faire quoi cet été ? »

Elle changeait complètement de sujet, mais c’était une question extrêmement importante puisqu’elle espérait bien pouvoir passer un moment avec sa meilleure amie cet été. D’autant plus que, malgré la dispute que Candlynn avait pu avoir à son frère, elle se souvenait toujours de son envie d’arrêter sa scolarité à l’école de sorcellerie pour retourner avec sa famille. Rester avec elle durant l’été lui permettrait d’exercer une surveillance constante sur sa meilleure amie, et même si elle aurait dû lui faire confiance, Bailee préférait savoir qu’elle reviendrait.

« Non, je ne crois pas Candy, tu sais bien que les moldus ne sont pas autorisés à entrer dans notre école, ils ne sont même pas censés connaître l’existence du monde magique. »

Non, mais ça, elle le savait bien, mais elle s'était dit que – peut-être – les gens du livre des records avaient le droit de venir puisqu'il leur fallait bien attester physiquement des records en question, or s'ils ne voulaient pas venir, ils ne pouvaient pas dire que c'était un record puisqu'ils ne pouvaient pas le voir et du coup c'était un peu tout pourri et ça n'avait plus le moindre intérêt de faire des records si personne ne pouvait savoir qu'il s'agissait de record. C'était en tout cas la manière dont elle voyait les choses. Candlynn soupira discrètement, jetant un regard un peu dessus à son abondante tignasse. Bon, bah ce serait probablement jamais inscrit dans le gros livre, c'était bien dommage. Elle aurait pu faire une jolie photo, avec son sweat-shirt Batman par exemple. Et un grand sourire content, en tenant le certificat de record... Ce n'était pas très grave dans le fond, ça l'attristerait probablement ce soir, jusqu'à ce qu'elle aille se coucher, et demain elle trouverait un nouvel objectif irréalisable pour l'occuper quelques jours avant que tout recommence encore. C'était l'avantage d'être Candlynn, les choses n'avaient qu'un bref impact sur elle.

« Mais ce livre doit bien exister même chez les sorciers, non ? Ou alors, il faut que tu attendes les vacances pour les faire venir chez tes parents et que tu inventes une histoire pour expliquer qu’ils aient autant poussés. »

La Serdaigle haussa négligemment les épaules et reposa sa fourchette dans son assiette avant de repousser celle-ci vers le centre de la table. C'était étrange de la voir arrêter de manger sans avoir fini son assiette mais cette histoire d'impossibilité à faire établir son record l'avait suffisamment contrariée pour lui couper l'appétit. Bon, certes, ça ne l'avait pas empêchée de manger plus des trois quarts de son repas mais quand même ! Et elle n'avait même pas envie de dessert, c'était une catastrophe. Le coude posé sur la table et sa tête abandonnée sur sa main, elle affichait une mine vaguement renfrognée. Elle n'aimait pas beaucoup voir des choses lui échapper comme ça alors qu'elle avait tout pour les réussir au mieux.

« Ouais mais chez les sorciers ça compte pas, si j'ai eu des cheveux tout longs tout le monde peut le faire. Chez les moldus, c'est pas la même chose, c'est pas plus d'un mètre quelque chose... » déclara t-elle d'une voix un peu boudeuse. « Et attendre jusqu'aux vacances... On dit bien que 'rien ne sert de courir il faut faire des croche-pattes à tout le monde pour arriver premier' alors j'veux le faire maintenant parce qu'après, tout le monde va me piquer l'idée j'suis sûre. De toute façon, c'est trop pas pratique, il reste encore six mois presque, j'vais pas garder des cheveux tout longs comme ça jusqu'en Juin ! »

C'était un fait, rester comme ça plusieurs mois – même avec toute la bonne volonté du monde – ne lui semblait pas particulièrement faisable. Ca l'amusait beaucoup d'avoir des cheveux qui pouvaient lui servir de couverture et tout et tout mais pas des cheveux qui se coinçaient dans les portes, sur lesquels les gens marchaient et qui ramassaient toute la poussière partout où elle passait. C'était dommage parce que c'était beau, et amusant, et original, et trop bien, mais même si le côté pratique des choses n'était pas la chose la plus intéressante au monde mais elle n'avait aucune envie de rester coincée dans toutes les portes du château jusqu'à la fin de l'année. Ce qui était compréhensible dans le fond. Elle pourrait toujours sortir de Poudlard et de Pré-au-Lard pour pouvoir aller voir les gens du livre maintenant mais elle n'avait pas tellement le droit...

« Je sais pas trop, je suis jamais vraiment allée dans une piscine, sauf pour prendre des cours de natation, mais le moniteur était vraiment stupide, alors j’arrêtais pas de faire semblant de me noyer juste pour qu’il vienne me repêcher et que je ne sois pas obligée de faire l’exercice. Tu sais, tu peux avoir une balançoire et une piscine même sans avoir une villa, ça dépendra juste de ton salaire. »

Candlynn ne put s'empêcher de rire à l'histoire de sa meilleure amie, imaginant sans le moindre mal la tête du moniteur face à cette gamine incapable de flotter deux minutes, et même si le monde entier savait qu'une petite fille normale ne faisait pas ce genre de « blague », elle n'en avait que faire et ne voyait absolument pas le mal dans cette histoire. Elle avait tendance à ne pas remarquer que Bailee ne se comportait pas comme il le fallait dans 90% des cas, probablement parce qu'elle n'était pas elle-même le genre de filles à se comporter « comme il fallait ». Finalement, elles s'étaient plutôt bien trouvées, elles étaient certes bien différentes – un peu trop peut-être ? – mais avaient quelques points communs qui surpassaient tout, et c'était le principal. Bailee, c'était un peu la sœur qu'elle n'avait pas mais qu'elle aurait aimé avoir, même si elle était un peu chiante, autoritaire, pas toujours très sociable ni très drôle... Elle ne regrettait pas de passer autant de temps que possible avec elle.

« C'est toi qui parlais de vivre dans un palace y'a deux minutes. Une villa c'est presque pareil, non ? C'est bien les piscines. J'aime bien faire la bombe dedans pour arroser tous les gens qu'il y a autour, surtout ma mère qui aime pas trop se baigner, au moins, elle en profite un peu. Avec mon frère, on fait souvent des concours d'apnée quand on est en vacances. Mais j'y arrive pas trop, j'ai toujours envie de lui dire un truc alors j'ressors la tête de sous l'eau pour parler, et il gagne. On devrait mettre une clause qui dit que j'ai le droit de faire une pause pour parler quand c'est pour dire un truc important. En même temps, si c'est pas important, j'le dis pas, j'suis pas bête. »

Bien sûr, c'était quelque chose qui restait encore à prouver quand on connaissait le flot intarissable de paroles qu'elle était capable de débiter tout au long de la journée. Pour une personne lambda, la moitié de ce qu'elle racontait n'avait absolument aucun intérêt, et les gens arrêtaient même de l'écouter au bout d'un moment tant ils finissaient par s'ennuyer, mais la conviction avec laquelle elle venait d'admettre l'importance de ses dires laissait presque penser que le problème venait des gens et non d'elle. Enfin, son amie commençait à la connaître et elle ne se laisserait certainement pas duper aussi facilement.

« Tu vas faire quoi cet été ? »

Candlynn resta interdite face à cette question, pour le moins inattendue. Noël venait à peine de passer, comment pourrait-elle bien savoir ce qu'elle allait faire cet été ? Tout dépendait de ce que décidaient ses parents, de ce que faisait son frère, de ce qu'avait prévu la famille Browning également... Il y avait plein de facteurs qui entraient en jeu et elle ne pouvait pas déterminer qu'elle serait le résultat pour l'instant. Peut-être que la Serdaigle savait déjà ce qu'elle allait faire, elle ? Elle avait bien de la chance ! Mais bon, l'été, c'était dans loin, encore, donc elle avait le temps de trouver.

« Aucune idée ! » déclara t-elle vivement. « Je pense que mes parents diront ça bientôt, mais pour l'instant je sais pas. J'aimerais bien aller voir Zadig, ou partir dans les îles, aux Maldives ou un truc comme ça, pour profiter de la mer et bronzer. Tu sais ce que tu vas faire, toi ? Tu veux que je demande si tu peux venir avec nous ? »

Spoiler:

« Ouais mais chez les sorciers ça compte pas, si j'ai eu des cheveux tout longs tout le monde peut le faire. Chez les moldus, c'est pas la même chose, c'est pas plus d'un mètre quelque chose... Et attendre jusqu'aux vacances... On dit bien que 'rien ne sert de courir il faut faire des croche-pattes à tout le monde pour arriver premier' alors j'veux le faire maintenant parce qu'après, tout le monde va me piquer l'idée j'suis sûre. De toute façon, c'est trop pas pratique, il reste encore six mois presque, j'vais pas garder des cheveux tout longs comme ça jusqu'en Juin ! »

Bailee soupira, laissant tomber l’idée de raisonner la petite fille. Elle savait que dans ses instants de bouderie, la Serdaigle pouvait être encore plus têtue qu’elle et pourtant, ce n’était pas facile, Bailee avait un caractère particulièrement exécrable et ne manquait jamais de le faire découvrir aux personnes qui ne la connaissaient pas. Mais Candlynn était bien plus douée pour ça qu’elle n’aurait pu l’imaginer, sauf que les motivations étaient totalement différentes, elle ressemblait plus à une gamine qu’on venait juste de gronder et qui ne voulait pas capituler devant un adulte. Tous ses problèmes semblaient être d’une moindre importance et Bailee avait appris avec le temps que moins elle en parlait, plus elle avait de chance de voir son amie redevenir facilement la fille normale qu’elle connaissait. Alors que lorsqu’elle renchérissait, elle ne faisait qu’aggraver la situation et donc l’état boudeur de Candy. La Serdaigle aurait été presque sûre de se faire beaucoup d’argent en rédigeant le manuel de la parfaite amie de la petite fille si elle en avait eu la possibilité, elle la connaissait sur le bout des ongles à présent et savait que le cerveau de celle qu’elle considérait depuis maintenant presque trois ans comme sa meilleure amie était un peu un énorme morceau de gruyère. Ce n’était pas méchant, au contraire, elle trouvait ça géniale d’être capable d’être aussi peu rancunier envers les gens, mais elle-même n’aurait jamais eu ce genre de réaction, se venger était bien trop important pour elle.

« C'est toi qui parlais de vivre dans un palace y'a deux minutes. Une villa c'est presque pareil, non ? C'est bien les piscines. J'aime bien faire la bombe dedans pour arroser tous les gens qu'il y a autour, surtout ma mère qui aime pas trop se baigner, au moins, elle en profite un peu. Avec mon frère, on fait souvent des concours d'apnée quand on est en vacances. Mais j'y arrive pas trop, j'ai toujours envie de lui dire un truc alors j'ressors la tête de sous l'eau pour parler, et il gagne. On devrait mettre une clause qui dit que j'ai le droit de faire une pause pour parler quand c'est pour dire un truc important. En même temps, si c'est pas important, j'le dis pas, j'suis pas bête. »

Alors là, pour le coup, tout était relatif… La plupart des sujets de conversation abordés par sa meilleure amie semblait être totalement sans importances pour Bailee. A l’inverse, quand elle tentait de lui parler de quelque chose qui semblait primordial à ses yeux, elle avait parfois l’impression de vraiment l’ennuyer alors que ce n’était pas son but, loin de là. Finalement, elles étaient bien mal assorties comme meilleures amies, d’ailleurs, ça devait sauter aux yeux pour la grande majorité des élèves de l’école. Elle était presque le double maléfique de la petite Candlynn, mais bien sûr, elle ne le faisait pas exprès, son caractère était comme ça et elle ne pouvait ni ne voulait rien y changer. Leur amitié fonctionnait très bien comme elle était et la Serdaigle était devenue la personne la plus importante de sa vie, d’une façon totalement inattendue. C’était comme si elle avait claqué tout simplement des doigts pour qu’elle entre dans sa vie. Il n’était pas dans les habitudes de Bailee de prendre quelqu’un sous son aide, elle avait tendance à trouver méprisable la faiblesse d’une personne qui l’entourait et la pitié ne faisait pas partie de son vocabulaire lorsqu’elle n’était pas associée à la moquerie. Elle était une vraie garce quand elle s’y mettait mais assumait pleinement son statut, bien qu’elle n’en soit pas si fière que ça, en fin de compte. C’était juste comme ça qu’elle avait grandi et personne n’avait le droit de lui faire la moindre remarque à ce sujet.

« Oui, mais de toute façon, dans une villa, il y a sûrement autre chose à faire que d’aller à la piscine. Il doit y avoir une immense bibliothèque. » Dit-elle sur un ton rêveur. « J’aurais une bibliothèque avec tous les livres que j’ai lu, et une bibliothèque avec tous les livres que j’ai pas lu. Et une vide au cas où celle avec les livres que j’ai lu deviendrait trop pleine. Comme ça, j’aurais lu tous les livres de la terre et je risquerais pas de tomber deux fois sur le même. Je peux pas lire plusieurs fois le même roman, c’est inutile, je les oublie jamais, même quand ça fait plusieurs années. »

Pour Bailee, retenir un livre dans son intégralité avec le numéro de pages associé paraissait tout à fait normal alors que le commun des mortels aurait trouvé ça ahurissant. Le médecin qu’elle avait vu en primaire lorsqu’elle avait réussi à apprendre à lire et à écrire en moins d’une semaine avait refusé de la qualifier de surdouée, puisque dans les autres disciplines, comme les mathématiques, par exemple, elle n’était absolument pas au niveau, répétant simplement à ses parents qu’elle avait une très bonne mémoire visuelle. Sur le coup, ça avait beaucoup plus à la Serdaigle qui s’en était vantée auprès de tous ses camarades d’école, bien qu’elle ait préféré le terme de surdouée si elle en avait eu la possibilité. Et maintenant, voilà qu’on lui apprenait qu’en fait, elle n’était absolument pas aussi intelligente qu’on avait voulu lui faire croire, elle était simplement atteint d’une maladie qui lui donnait un comportement social totalement inapproprié, mais qui, ô joie, avait eu pour conséquence secondaire de développer de façon astronomique une partie de sa mémoire. Le pire était que ce petit bonus n’avait pas eu l’air de vouloir s’appliquer à toutes les disciplines, elle retenait parfaitement les livres et uniquement les livres, pour ce qui était des conversations orales, des films, des chansons qu’elle écoutait, elle était vraiment nulle, comme pour les images, d’ailleurs, et elle évitait bien souvent de reproduire les schémas donnés par les professeurs en cours pour retranscrire plus précisément leur agencement. Bref, elle n’avait pas été si gâtée que ça, finalement.

« Aucune idée ! Je pense que mes parents diront ça bientôt, mais pour l'instant je sais pas. J'aimerais bien aller voir Zadig, ou partir dans les îles, aux Maldives ou un truc comme ça, pour profiter de la mer et bronzer. Tu sais ce que tu vas faire, toi ? Tu veux que je demande si tu peux venir avec nous ? »

L’entendre prononcer le prénom de Zadig provoqua chez Bailee la création de son habituelle boule au creux de l’estomac. Elle pensait réellement qu’elle l’avait oublié depuis le temps. Comment se faisait-il qu’elle ait encore envie de le voir ? Certes, l’an dernier, la Serdaigle avait été coincée à l’hôpital durant toutes les vacances ce qui les avait empêchées de se voir, mais cette année, Bailee n’avait rien de prévu et elle avait bêtement pensé que ce serait avec elle que la petite fille aurait voulu passer ses vacances. Finalement, rien de tout ça, elle voulait simplement voir encore ce stupide garçon avec lequel elle avait sympathisé. Pourquoi fallait-il que sa meilleure amie soit si compliquée ? Elle prenait un malin plaisir à s’enticher de personnes qui lui faisaient de la concurrence, même si Candy n’avait pas l’air de s’en rendre compte et les écarter de son chemin n’était pas une mince affaire. Pour Jeremiah, même si elle ne le reconnaitrait jamais, ce n’était pas grâce à elle que sa complicité avec sa petite sœur avait un peu disparu. Bailee les avait toujours trouvé trop proches et ne pouvait que se réjouir de cette prise de distance, même involontaire de la part de Candlynn, mais toutes ses tentatives pour éloigner le garçon avaient été vaines. Elle pouvait donc remercier la petite amie barbie pour son intervention divine. Malheureusement, elle n’avait pas eu beaucoup de temps pour souffler, un problème en avait vite engendré un autre.

« Non, je veux pas que tu me demandes si je peux venir avec vous ! » Rétorqua la Serdaigle, piquée au vif. « Te force pas à m’inviter, je trouverais quoi faire. »

Non, mais elle avait du culot, elle ! Que croyait-elle ? Qu’elle était tellement désespérée qu’elle avait besoin de lui faire comprendre qu’elle voulait l’accompagner ? Absolument pas, c’était faux et en plus, ça ne se demandait pas comme ça. Si Candy avait vraiment voulu qu’elle vienne, elle lui aurait fait la proposition directement et pas de cette manière-là. Vexée, Bailee jeta un regard noir à sa meilleure amie avant de regarder fixement le fond de son assiette comme si elle allait pouvoir la faire disparaitre rien que grâce à la force de son regard. Et vu les éclairs que ses yeux lançaient, elle aurait presque pu y parvenir.

« Oui, mais de toute façon, dans une villa, il y a sûrement autre chose à faire que d’aller à la piscine. Il doit y avoir une immense bibliothèque. J’aurais une bibliothèque avec tous les livres que j’ai lu, et une bibliothèque avec tous les livres que j’ai pas lu. Et une vide au cas où celle avec les livres que j’ai lu deviendrait trop pleine. Comme ça, j’aurais lu tous les livres de la terre et je risquerais pas de tomber deux fois sur le même. Je peux pas lire plusieurs fois le même roman, c’est inutile, je les oublie jamais, même quand ça fait plusieurs années. »

Candlynn resta silencieuse un moment. Elle, elle ne trouvait pas qu'une bibliothèque était mieux qu'une piscine, quand bien même elle aimait bien les bibliothèques sauf celle de Poudlard qui était un peu trop remplie de livres pas très intéressants. Mais dans une bibliothèque, on pouvait pas nager, pousser les autres dans l'eau, faire des batailles, plonger et tout et tout. On pouvait juste lire. Ca faisait moins de choix quand même. Ou faire des piles de livres aussi mais c'était pas génial, et ça servait à rien les piles de livres. Il n'empêchait que lire tous les livres de l'univers, ça devait bien vite être lassant, surtout qu'il y en avait qui disaient la même chose, genre un livre d'histoire c'était un livre d'histoire, l'histoire changeait pas en fonction du bouquin malheureusement... D'un autre côté, ça ressemblait quand bien à Bailee de vouloir passer sa vie le nez dans les livres. C'était triste aux yeux de la jeune Zuckowski qui savait plus que bien qu'on ne connaissait pas le monde ce qu'on en lisait, elle avait eu l'occasion de le découvrir tout au long de son enfance. Mais bon...

« Bah on pourra avoir une bibliothèque de livres étanches pour que tu viennes lire dans la piscine, que je reste pas toute seule. C'est nul une piscine toute seule. » déclara la Serdaigle qui trouvait le compromis intéressant.

Malheureusement, cette agréable soirée en compagnie de sa meilleure amie – quoi qu'un peu bizarre il fallait l'avouer – prit rapidement un virage détestable sans qu'elle puisse faire quoi que ce soit. Il avait suffit qu'elles commencent à parler des vacances d'été, qui étaient bien loin pourtant, pour que tout dérape. Elle ne voyait pas bien ce qu'elle avait fait de mal pour le coup, à part émettre des hypothèses bancales sur ce qu'elle ferait dans six mois et proposer à son amie d'y prendre part. Est-ce que ça valait vraiment la peine de faire la tête ? Et puis, si elle avait pas envie d'avoir de réponse, elle n'avait qu'à pas poser la question, aussi. Ce n'était pas de sa faute. Si elle avait bien compris que ça ne plaisait pas à Bailee, la suite ne put toutefois que la surprendre plus qu'elle ne l'aurait imaginé.

« Non, je veux pas que tu me demandes si je peux venir avec vous ! Te force pas à m’inviter, je trouverais quoi faire. »

Candlynn cligna des yeux, un peu abasourdie par un réponse si agressive. Elle n'avait rien dit de méchant, elle avait simplement lâché l'idée de demander à ses parents pour que Bailee vienne. Surtout qu'il y avait peu de chances qu'ils disent non puisqu'ils connaissaient la jeune fille et que toutes les vacances que les deux familles avaient partagées s'étaient toujours très bien passées. Mais visiblement, l'aînée des Browning voyait les choses qu'une autre façon, façon qu'elle ne comprenait pas. Vexée, la brune se leva, ramassa ses affaires et enjamba le banc, laissant ses interminables cheveux traîner sur le sol sans même y prêter la moindre attention. Elle lança un regard aussi déçu qu'attristé sur Bailee et mit son sac sur son épaule.

« Ouais bah t'inquiètes pas, j'ai plus envie de le faire ! Tu passeras tes vacances sans moi et ce sera sûrement vachement mieux pour tout le monde ! T'es vraiment trop nulle parfois. »

Sur ces mots, elle quitta la Grande Salle sans reposer les yeux sur sa meilleure amie et prit hâtivement le chemin de sa salle commune. Une chance que Bailee soit à Poufsouffle, elle n'aurait pas à la supporter pour l'instant. Bon point pour l'autre imbécile de Directeur !