Comme à son habitude, Marlow était arrivée pile poil à l’heure à son cours d’Etude des moldus où elle avait retrouvé la plupart de ses camarades déjà confortablement installés à leur place, prêts à dormir durant tout son exposé ainsi que son professeur qui lui avait jeté un coup d’œil étrange, considérant probablement que le jour où elle devait faire sa présentation devant ses camarades, elle aurait mieux fait d’arriver un petit peu en avance pour préparer ce qu’elle allait dire et faire. Cette constatation eu pour effet de paniquer un peu la rouge et or qui, jusqu’ici, se sentait plutôt bien pour la bonne raison qu’elle était toujours trop en retard et désorganisée pour avoir le temps de se prendre la tête. Maintenant qu’elle était arrivée, la Gryffondor réalisait doucement qu’elle allait devoir faire face à une classe remplie d’élèves pendant un temps qui serait, quoi qu’il arrive, beaucoup trop long et elle se sentait soudainement plus très en forme. Son estomac émit quelques grondements étranges et elle se demanda pendant un moment si elle ne pourrait pas se faire porter pâle avant de réaliser que ça ne ferait que retarder l’échéance. Elle réunit donc ses notes difficilement puisque ses mains commençaient à trembler de manière incontrôlable et se plaça en face de ses camarades sans avoir si elle devait prendre la parole ou non. Ce fut uniquement lorsque son professeur eut la bonne idée de demander le silence à sa place que la jeune fille entreprit de débuter le cauchemar qu’allait forcément être sa matinée.

« Bien… Euh… Bonjour. » Commença Marlow qui se demandait déjà comment elle pourrait fuir le plus rapidement possible. « Je vais vous faire mon exposé sur internet, un outil très pratique utilisé par de nombreux moldus et parfois les sorciers. »

Cette entrée en matière n’était pas du tout celle qu’elle avait prévue à l’origine, elle avait bien sûr rédigé une introduction bien plus complète qui incluait la création d’Internet, quelques chiffres savants pour impressionner son professeur et essayer de divulguer un maximum de ses connaissances. Seulement, c’était sans compter sur le stress qui venait tout juste de pointer le bout de son nez et qui avait suffi à lui faire oublier complètement ne serait-ce que son prénom. Après un début aussi foireux, Marlow choisit donc de lire tout bonnement ses notes et c’est non sans rougir qu’elle attrapa les feuilles de papier qu’elle avait posé à côté d’elle et s’apprêta à continuer de cette façon. Elle savait pertinemment que ce geste lui avait déjà fait perdre un certain nombre de points mais elle espérait que son professeur ne l’interromprait pas pour lui demander de se fier uniquement à sa mémoire qui semblait lui faire cruellement défaut pour le moment. Les choses s’annonçaient particulièrement mal pour la jeune fille qui se surprenait à regretter de ne pas avoir carrément appris ses feuilles par cœur. Elle se connaissait assez pour savoir qu’un rien pouvait la déstabiliser.

« Internet a fait son apparition dans les années 1960. La première application importante a été le courrier électronique créé en 1972 par Ray Thomson, application qui permet aux gens de communiquer plus facilement. En 1990 nait le web qui n’est autre que l’aspect le plus connu d’Internet. » Expliqua la rouge et or en se demandant si elle ne s’était pas trompée dans les dates. « Depuis la fin des années 1990, l’utilisation d’Internet est devenue de plus en plus fréquente, notamment parmi les jeunes ou les entreprises moldues et les innovations dans ce domaine sont de plus en plus nombreuses. »

C’est sûr qu’en lisant bêtement un papier, les choses étaient nettement plus simple. L’avantage d’avoir une feuille entre les mains était qu’elles ne tremblaient plus puisqu’elles étaient occupées par autre chose, mais aussi qu’elle était beaucoup moins paniquée à l’idée de l’assemblée qui se trouvait devant elle parce qu’elle ne la voyait plus. Elle gardait les yeux résolument figés sur les lignes qu’elle avait rédigé un peu à l’arrache la veille au soir. A dire vrai, Marlow n’avait pas été très douée pendant ses vacances d’hiver, elle avait passé tout son temps à visiter la prison pour rattraper le temps perdu avec son père qu’elle n’avait pas pu voir de tout l’été, ce dont elle se sentait toujours coupable à l’heure actuelle. D’un côté, ces vacances avaient été très bénéfiques de ce côté-là, mais elle avait bien conscience de s’être laissée complètement laissée aller au niveau de ses devoirs et elle en payait le lourd prix maintenant que les cours avaient enfin repris et que les devoirs et contrôles s’accumulaient de plus en plus, lui donnant une charge de travail qu’elle peinait à surmonter. En temps normal, Marlow n’avait pas de souci de travail, elle n’en faisait pas des tonnes, mais connaissait toujours assez bien ses cours, elle arrivait à ménager assez de temps libre pour dessiner, bref, les choses lui convenaient parfaitement, mais à l’heure actuelle, c’était malheureusement un peu plus compliqué que ça.

« Seulement cette révolution a eu lieu seulement dans le monde des moldus, les sorciers, quant à eux n’ont pas souhaité se moderniser et continuent à utiliser d’anciennes techniques dans différents domaines alors qu’ils pourraient optimiser différents systèmes qui n’ont pas progressé depuis bien longtemps. En premier lieu, on peut citer la communication. Les sorciers ont toujours eu pour habitude de communiquer à l’aide des hiboux, animaux particulièrement fiables amenant toujours les lettres aux destinataires. Toutefois, il faut bien reconnaitre que ce n’est pas une méthode très moderne. Désormais avec les messageries instantanées, les moldus communiquent facilement et rapidement où qu’ils soient et on ne peut pas franchement en dire autant des sorciers. Certes, les hiboux sont capables de parcourir de longues distances mais ils ne vont pas à la vitesse de la lumière et une lettre peut parfois mettre plusieurs jours voire plusieurs semaines à arriver à destination. Il y a aussi le problème de l’entretient des hiboux puisqu’il faut quand même penser à les nourrir ce qui représente un certain coût. En revanche, avec un hibou on est sûr de pouvoir joindre une personne sans avoir besoin de son adresse ce qui est impensable lorsqu’on utilise un ordinateur et c’est sans doute pour cela que les sorciers ont choisi de conserver cette méthode de communication. Qui plus est, s’il y a vraiment une urgence, nous possédons des moyens de se déplacer qu’ils n’ont pas et on a toujours la possibilité de rejoindre directement la personne en question pour lui délivrer le message de vive voix. »

Cette fois-ci, Marlow était partie et elle ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Il lui restait encore un peu plus d’une page à lire et même si son débit de parole ne correspondait certainement pas à celui qu’il fallait adopter pour un exposé, la jeune fille s’en fichait bien. Elle avait retrouvé un semblant d’assurance, en tout cas, un semblant d’assurance à la Marlow, ce qui signifiait qu’elle n’était pas encore au bord de l’évanouissement, un grand miracle. Encore que, elle n’était pas encore à la fin et la rouge et or se souvenait fort bien de plusieurs exercices auxquels elle avait dû participer et pendant lesquels elle s’était sentie particulièrement mal au point de devoir se précipiter hors de la classe pour ne pas se retrouver dans les vapes ou pire, devoir rejoindre les toilettes pour rendre un déjeuner à peine avalé. Pour ce dernier défaut, la rouge et or avait fini par trouver une parade, elle avait tout simplement arrêté de manger avant de devoir effectuer une présentation orale, elle se sentait toujours aussi mal mais au moins il ne risquait pas de lui arriver grand-chose. Contrairement à bon nombre de ses camarades qui avaient tout de suite été à l’aise, la rouge et or avait dû trouver un certain nombre de trucs et astuces pour, à défaut de se tranquilliser, avoir l’air d’être parfaitement bien où elle se trouvait.

« Cependant, la messagerie instantanée n’est pas le seul avantage de l’utilisation d’Internet, car c’est aussi un outil qui peut s’avérer être une formidable banque de données. Certes, les livres sont très utiles de ce côté-là aussi mais ils ne permettent pas d’avoir la rapidité que l’on voudrait pour nos recherches et ne donnent sans doute pas la même quantité d’information que cet outil révolutionnaire. Là encore, on peut se demander pourquoi les sorciers ont choisi de ne pas utiliser internet, mais le ministère a sans doute une bonne raison de ne pas installer ce système dans le monde des sorciers. » Expliqua la jeune fille sans vraiment savoir si elle mettait les pieds dans le plat ou non. « Ce qui est certain c’est qu’Internet apporte de nombreux avantages et que les moldus partout dans le monde utilise cette nouvelle technologie. De nombreux sondages effectués parmi la population montrent même que beaucoup d’entre eux ne pourraient plus s’en passer à l’heure actuelle. »

La jeune fille ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à son professeur au visage impassible. Pourtant, elle aurait juré qu’il avait froncé les sourcils pour exprimer son désaccord une minute auparavant mais manifestement elle avait fait une erreur. Marlow avait l’habitude que son esprit lui joue des tours à ce sujet et elle ne pouvait pas se permettre de se laisser une nouvelle fois déstabilisée. La rouge et or avait toujours eu tendance d’imaginer tout un tas de trucs lorsqu’il s’agissait de ses camarades de classe ou de ses professeurs et des diverses impressions qu’ils pouvaient avoir à son sujet. Elle avait bien conscience de se faire des films la plupart du temps. Certes, il existait dans le monde des personnes ayant de mauvaises intentions et ces personnes se trouvaient aussi dans l’école, mais elles n’étaient heureusement pas majoritaires. Elle avait bien rencontré Jesse tout à fait récemment et même s’il semblait être le modèle type de personne à qui on ne pouvait pas se fier, elle avait tenté de lui faire confiance et elle avait certainement bien fait puisque maintenant les choses semblaient se dérouler à merveille entre eux. Comme quoi, il fallait qu’elle arrête à se fier à la potentielle impression que les gens pouvaient avoir sur elle, car la plupart des temps, elle était totalement fausse.

« Personnellement, il m’arrive d’utiliser Internet lorsque je suis chez moi pendant les vacances et j’ai toujours beaucoup apprécié pouvoir m’en servir notamment pour pouvoir faire mes achats en ligne ce qui m’évite les longues journées shopping et les essayages dans les boutiques, mais aussi pouvoir lire les actualités très rapidement sans attendre les informations télévisées en soirée. Bien entendu, je suis toujours obligée d’attendre la gazette pour savoir ce qu’il se passe dans notre monde mais j’ai bon espoir qu’un jour, les sorciers arrivent à utiliser eux aussi Internet ce qui aurait, je pense, un impact positif notamment au niveau scolaire. »

Et voilà, elle allait se faire détester par les sangs-purs de l’école. Certes, elle était une sang-mêlée ce qui, en soit, constituait déjà une sacré tare pour la plupart de ceux qui se considéraient les vrais sorciers mais elle aurait au moins pu l’effort de tenir le demi-rang qu’elle possédait et ce n’était pas du tout ce qu’elle faisait. Ses activités en dehors de l’école étaient principalement moldues, au contraire de beaucoup de ses camarades qui aimaient les sports magiques, les jeux magiques et s’amusaient avec leur baguette dès qu’ils en avaient la possibilité. Mais tant pis, depuis le temps que c’était le cas, elle commençait à assumer pleinement ce trait de caractère d’autant plus qu’elle savait pertinemment qu’elle s’était comportée de cette façon étant petite parce qu’elle souhaitait se rapprocher encore plus de son géniteur qui n’était malheureusement pas à ses côtés pour assurer son éducation. Ça n’avait pas vraiment d’importance pour Marlow désormais, elle considérait que ses passe-temps étaient tout aussi louables que ceux de ses camarades et s’il y en avait que ça indisposait, elle se contenterait de les ignorer, tout simplement.

« Voilà. » Termina le rouge et or en rougissant. « J’ai terminé. »

Tout ce qu’elle voulait maintenant, c’était aller s’asseoir au fond de la salle et ne surtout plus jamais se relever. Marlow détestait plus que tout les exposés et elle tentait au maximum d’en avoir le moins possible à préparer. Très souvent, elle y était confrontée bien malgré elle mais la Gryffondor ne parvenait pas à s’habituer à cet exercice qu’elle jugeait bien plus périlleux que tous ceux auxquels elle devait faire face et ne priait que pour poursuivre des études où elle n’aurait pas d’exercices oraux. Finalement, elle trouvait ça presque pire que de devoir utiliser sa baguette.