Un dimanche matin paisible. C'est du moins ce qui se profilait alors que la jeune Gryffondor sortait de son lit et enfilait sa robe de sorcier. Elle fit un rapide passage dans la salle de bain pour dompter ses mèches blondes avant de filer direction la Grande Salle. Un coup d’œil aux quatre grandes tables alignées lui apprit que la plupart des élèves dormaient encore. Les quelques étudiants présents n'avaient franchement pas fière allure et le silence était seulement entrecoupé de quelques conversation à voix basse. Avril s'installa à l'écart des griffons déjà présents pour se laisser le temps d'émerger tranquillement. Elle dégustait un croissant tout ce qu'il y a de plus excellent quand des hiboux envahirent la pièce. L'heure du courrier. Un Grand Duc se posa devant elle, une enveloppe attaché à la patte droite.

"Qu'est ce que tu m'apportes de beau ?"

Le regarde perplexe de l'oiseau lui apprit qu'elle n'obtiendrait pas de réponse, bien qu'elle s'en doutait déjà. Elle soupira, le débarrassa de son fardeau et le volatile ne se fit pas prier pour quitter la table. Un sourire fleurit sur ses lèvres quand elle reconnut l'écriture sur l'enveloppe et elle se dit qu'il n'y avait vraiment que sa mère pour confier une lettre à un hiboux alors qu'elle ignorait tout de la magie et allait jusqu'à écrire au stylo bille sur un parchemin comme celui là. Elle ouvrit le paquet tout en se demandant ce qui l'attendait. Un magazine. Elle avait fait tout ça pour lui envoyer un magazine. Si la blonde ne voyait pas l'intérêt d'une telle chose elle ouvrit quand même le mensuel et entama sa lecture. Dix minutes passèrent avant qu'elle ne tombe sur un article qui expliquait enfin le pourquoi de ce colis. Aussitôt, elle laissa de côté le pain au chocolat qu'elle grignotait distraitement et parcouru avidement la page. Dès qu'elle eut fini, elle redressa la tête pour fixer du regard la table des Serpentards. Elle cherchait une personne précise avec qui elle devait avoir une discussion bien précise, elle aussi. Quand elle eut repéré la chevelure rousse, elle se leva et traversa la salle sans prêter attention aux quelques regards tournés vers elle puis s'assit à côté d'une jeune fille qui ne semblait pas très bien réveillée.

"Salut, Arwenn, dit-elle d'un ton joyeux. Regarde ce qu'on vient de m'envoyer !"

Elle brandit le magazine sous le nez de son "amie" à la page traitant du changement de scénariste pour la prochaine saison de la série britannique culte, Doctor Who. Elle espérait juste que sa camarade ne soit pas trop fatiguée car sa mauvaise humeur n'était pas une chose plaisante à affronter, même pour la Gryffondor.

Avril observa la réaction d'Arwenn, un sourire au coin des lèvres. Apparemment, elle n'était pas la seule qui avait la plus grand hâte de voir ce qu'un tel génie pourrait apporter à cette nouvelle saison pour le Docteur. Elle redevint néanmoins perplexe quand la rousse se reprit. La question était clairement un invitation à dégager pour le moment et rejoindre vite fait la table des rouge et or mais la blonde l'ignora et s'assit en face de sa camarade. Elle saisit une pomme et croqua dedans avant de répondre.

"Oh, ne te plains pas ! J'aurais pu te déranger pour te raconter l'horrible matinée où la salle de bain a été monopolisée par je ne sais qui ce qui a eu pour conséquence mon arrivée en cours les cheveux encore emmêlés et sans aucun maquillage. Si jamais je trouve qui est la responsable, elle risque de s'en souvenir, marmonna-t-elle."

Le souvenir la fit rougir de colère. Heureusement pour elle, l'entrée de Lucas en Etude des Moldus avait été encore plus spectaculaire et son petit incident fut donc bien vite oublié. En même temps, quelle idée d'oublier de s'habiller et débarquer en pyjama dans la salle ! Revenant à l'instant présent, la Gryffondor ignora soigneusement les regards des quelques Serpents présents et engloutit le fruit qu'elle tenait encore dans une de ses mains avant de reposer les yeux sur le magazine, l'air rêveuse.

" Mais, reprit la blonde avec plus d'entrain, je pense qui si ça avait été le cas, tu n'aurais pas hésité à m'envoyer paitre. Plus sérieusement... On ne sait même pas quand il compte débuter la diffusion de sa saison ! Je veux bien que le changement soit difficile, et Merlin sait que je regretterait toujours l'ère David Tennant, ça fait déjà neuf mois qu'on n'a pas eut le droit à un épisode."

Un soupir lui échappa et elle releva les yeux vers Arwenn. Elle ne savait pas trop si le moment était bien choisi pour entamer la discussion mais elle se voyait mal l'interpeller en plein cours pour un tel sujet. De plus, elle ne comprenait vraiment pas la vert et argent. Un coup elles discutaient avec entrain de leur série préférée -et Merlin, quelle série !- et la fois suivante, la rouquine semblait se faire un devoir de l'ignorer. Tout à ses réflexions, elle se servit une tasse de thé alors que la moitié des élèves présents fixaient la scène avec curiosité. Une gorgée de la boisson plus tard et la voilà qui observait les cernes de son interlocutrice.

"Mal dormi, questionna-t-elle en toute innocence."

Avril remarqua que la rousse semblait s'énerver aussi jugea-t-elle que la réponse à sa question devait être négative. Pas de chance. Personnellement la blonde avait, pour la première fois depuis deux semaines, passé une nuit sans encombres et aucune de ses camarades n'était venue la déranger. Presque paradisiaque. C'est avec un soulagement certain qu'elle entendit Arwenn reprendre la parole. Elle l'écouta en sirotant sa tasse de thé, ses pensées étaient déjà ailleurs. Un nouveau TARDIS... Il était vrai que le vaisseau actuel semblait assez "bordélique", aussi se demandait elle à quoi ressemblerait le prochain. Aussitôt elle songea au nouveau Docteur. Beaucoup critiquaient le jeune acteur qui reprendrai le rôle mais, étrangement, la Gryffondor avait confiance. Jamais la série ne l'avait déçu -ou alors très peu- et elle se plaisait à croire que jamais ça n'arriverait. Un profond soupir lui échappa.

"De toute façon, ce n'est pas comme si on pouvait voir les épisodes à leurs sorties. Pour nous, qu'il sorte maintenant ou dans trois semaines ça ne change pas grand chose : il faudra attendre les vacances. J'ai beau adoré Poudlard il y a certains petits problèmes que posent ce château, plaisanta-t-elle."

Elle sourit mais la déception était tout de même là. Une question qui revenait souvent la tourmenter était d'ailleurs la cause de cette impossibilité à utiliser des appareils moldus à l'école. La blonde comprenait tout à fait que les cours n'étaient pas endroits pour textoter tout comme les couloirs, mais dans leurs dortoirs ! Ce serait tout de même beaucoup plus simple que d'utiliser des hiboux, pour les Nés Moldus du moins. La blonde reposa la tasse qu'elle avait gardé dans ces mains jusque à pour s'emparer du magazine. Quitte à le lire, autant le faire en entier. Elle tourna donc la page pour s'intéresser aux autres articles sans se soucier des regards, Gryffondors aussi bien que Serpentards, portés sur elle et Arwenn.

" «Notre vie consiste à manger et faire caca, manger et faire caca, manger et faire caca ! Comme les dimanches chez mes parents...», lut-elle à vois haute. Et bien, je crois qu'il y en a qui s'ennuie plus que nous..."

Un soupir lui échappa alors qu'elle continuait à feuilleter son charmant colis, ne pensant pas une seule seconde à retourner retrouver sa table d'attribution. A vrai dire, elle ne songeait même pas à l'éventualité qu'elle dérangeait la rousse alors que cela devait probablement être vrai. Après tout, elles n'étaient pas sensées s'entendre, d'autant plus qu'elle était une Née Moldue. Le déjeuner se poursuivait et de plus en plus d'adolescents arrivaient et, que ce soit à la table des Vert et Argent ou des Rouge et Or, les discussions allaient bon train...

La jeune blonde continuait tranquillement sa lecture, comme si rien d'anormal n'était en train de se passer. C'était d'ailleurs ce qu'elle pensait en ce moment même. Elle n'avait jamais réussi à comprendre la rivalité qui existait toujours entre Gryffondors et Serpentards. Elle admettait volontiers que leur manière d'aborder un problème ou de voir les choses était radicalement opposée et qu'elle même se méfiait des Vert et Argent mais n'arrivait pas à se faire à cette notion d' "ennemi" -rivalité étant décidément un mot trop faible pour décrire la chose. Sans plus se prendre la tête, elle tourna la page pour consulter son horoscope. Elle ne croyait pas en ce genre de choses mais les prédictions la faisaient toujours bien rire. Balance... "Vos rêves ne tarderont pas à se réaliser". Mais bien sur. Comme si le club de Flaquemarre avait encore une chance de gagner cette saison. Quand à l'autre sens du mot rêve... Disons juste qu'Avril se voyait mal débarquer en cours toute vêtue de cuir et affublée de menottes à fourrure. Elle secoua la tête pour chasser les souvenirs de son dernier songe. Elle ne savait pas pourquoi cette idée était venu lui pourrir son sommeil mais n'avait aucune envie qu'elle se réalise. Un raclement de gorge la ramena sur Terre et elle leva les yeux vers Arwenn, surprise.

Le regard menaçant qu'elle croisa ne lui dit rien qui vaille et elle jeta un coup d’œil autour d'elle. La majorité des Serpents chuchotaient en lançant des regards étonnés, dégoutés voir même meurtriers vers elle. Elle se retourna pour avoir une vue des autres tables. Les Serdaigles, égaux à eux mêmes, lisaient tranquillement, discutaient en prenant soin de ne pas faire trop de bruit ou se réveillaient doucement grâce à un bol de café. Les Poufsouffles qui avaient émergés et ne feuilletait pas La Gazette du Sorcier semblaient rire de cette Gryffondor partie seule à la Table des ces prédateurs naturels. Quand à ses camarades de maisons, ils semblaient aussi ravis que les Vert & Argent. Ayant fini son observation, elle refit face à la rousse. La grimace qui déformait ses traits prouvait que la blonde avait finalement compris la situation.

"Je vois, soupira-t-elle. Je suppose que le moment n'est pas idéal pour révéler notre amour au grand jour, plaisanta-t-elle. Réfléchissons, réfléchissons, continua-t-elle en marmonnant."

Elle était persuadée que personne n'avait entendu le sujet de leur discussion. En effet, les rares camarades d'Arwenn présents avaient pris soin de s'installer à une distance respectables d'elles. Comme s'ils craignaient que je ne puisse les contaminer de je ne sais quelle bêtise, songea-t-elle avec humeur. Si, d'ordinaire, ce genre de réactions l'auraient agacées, aujourd'hui elles l'arrangeaient bien. Elle se pencha en peu plus vers la rouquine pour lui chuchoter deux trois trucs.

"J'ai une idée. Pas persuadée que ça marche mais je suppose que ce sera toujours mieux pour toi que les gens ne nous prennent pas pour des amies. Tu as juste à paraitre terriblement énervée, vexée ou hautaine...Enfin comme tu le serais si jamais je t'engueulais, tenta-t-elle d'expliquer en posant les yeux sur le magazine, pensive. Pour ce qui est du journal, je suppose que tu n'as pas fini de le lire.. Oui, je pense que je vais te le laisser..."

Elle arrêta là son monologue pour le moins embrouillé et prit une profonde inspiration. Heureusement pour elle, elle avait très vite appris à jouer la comédie pour attendrir les clients de sa mère afin d'obtenir des bonbons, petites pièces ou tout autre caprice. La colère, elle arrivait bien à simuler. Il ne restait qu'à prier pour que son plan fonctionne : elle n'avait aucune envie de se ridiculiser devant autant de monde. Soudainement, elle se redressa de toute sa hauteur, les mains plaqués sur la table. Ses sourcils étaient froncés et ses yeux jetaient des éclairs alors qu'elle s'efforçait de penser à un tas de chose qui pouvaient l'énerver. Elle haussa la voix.

"Je me fiche de savoir que tu as mal dormi ! Ce n'est pas de ma faute si le prof m'a désignée pour être ton binôme et je n'en suis pas plus contente que toi, seulement, moi, je fais des efforts ! Je ne sais pas à qui tu penses avoir à faire mais il est hors de question que je fasse tout le boulot toute seule. Alors, si tu veux une bonne note tu n'as qu'à bosser un peu de ton côté et te documenter !"

Elle lui jeta le magazine à la figure et parcouru la Grande Salle d'un pas vif pour se laisser tomber sur me banc des Gryffondors, près de ses amis. Le tout sous les yeux éberlués de la moitié de l'école. Elle grommela quelques mots à ses camarades pour répondre à leur question et évita soigneusement le sujet de la matière dans laquelle elles étaient sensées collaborer. La vérité était qu'elle n'avait jamais reçu de travail en commun. Aussi, elle sauta sur l'occasion quand une des filles se mit en tête de critiquer Arwenn et les Serpentars en général pour changer de sujet. Les gens recommencèrent à manger et discuter de sujets divers, oubliant peu à peu l'incident de ce Dimanche matin.