Ce n’était pas une matinée idéale pour faire cours de Soin aux créatures magiques. Il pleuvait des cordes, et Sam ne pouvait donc pas profiter du parc. En bref, il devait se débrouiller pour faire un autre cours que celui qu’il avait prévu. Néanmoins, il allait tout de même faire sortir les élèves – ce à leur grand désespoir, certainement. La veille, il avait entendu le cri d’un Augurey en passant près de la lisière – il n’avait pas tout de suite identifié le chant, sinon, il aurait su qu’il allait pleuvoir. Ces oiseaux ne sortant que par temps de pluie, Sam s’était dit ce matin « pourquoi pas ? ». Après tout, cela remplirait l’heure de cours qu’il était contraint de passer dans une vieille salle du château, il n’avait rien à perdre, et tout à gagner (surtout une pneumonie).

Ainsi, après avoir poussé les pupitres en rond dans le fond de la salle inutilisée de sorte à ce que les élèves aient la place de rester debout mais puissent également s’asseoir, Sam ouvrit la porte. Avant d’aller prendre une douche froide de bon matin, il avait prévu de se présenter et d’annoncer plus ou moins le déroulement du cours. Il attendit quelques minutes que tous les élèves reviennent de leur cours précédent et écrivit pendant ce temps son nom sur le vieux tableau poussiéreux. Au fur et à mesure que les 3èmes et 4èmes années arrivaient, il précisait de temps à autre qu’il n’était pas nécessaire de s’installer tout de suite. Certains, cela se lisait sur leur visage, redoutaient de devoir supporter une heure dans une vieille pièce sale à écouter de la théorie sur des créatures plus intéressantes au niveau pratique. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’ils allaient devoir sortir sous la pluie et devoir faire l’allée et retour de la salle jusqu’à la forêt, au risque de ne rien voir puisque les bêtes étaient parfois d’humeur changeante.

Bonjour à tous. Mon nom est Willer et je serais voter professeur de soin aux créatures magiques cette année. Pour certains d’entre vous, les 3èmes années en l’occurrence, c’est votre premier cours dans cette matière qui est vous le savez optionnelle. Si elle vous déplait, vous pourrez en changer l’année prochaine ; en tout cas, j’espère ne pas vous ennuyer cette année. Quoiqu’il en soit, vous constaterez que le temps ne se prête pas à une excursion pédagogique dans le parc, nous ferons donc la plus grande partie du cours ici. La créature étudiée se trouve dans la cage derrière moi.

Sam se trouvait en effet à quelques pas d’une cage haute recouverte d’un drap blanc jaunis par la poussière accumulée. On devinait, vu la forme et les marques à travers le tissus, qu’il s’agissait d’une cage à oiseau. Malgré tout, de nombreuses autres créatures auraient pu s’y trouver, même s’il s’agissait effectivement d’une créature de la famille des oiseaux. Ce cours était plus ou moins consacré à l’ornithologie.

Mais avant, nous allons voir un Augurey, ou « phénix irlandais ». Cet animal vit généralement dans les buissons, mais sort lorsqu’il pleut. Son cri, autrefois jugé comme un mauvais présage, annonce en réalité la venue de la pluie ; c’est de cette manière que j’ai su sa présence au bord de la forêt interdite. Nous n’allons pas nous attarder, mais il va vous falloir mettre vos capuches. Nous reviendrons ensuite. Prenez seulement vos baguettes et laissez le reste de vos affaires ici.

Une fois tous les élèves sortis, Sam ferma la porte et se mit en tête de file pour les conduire jusqu’au parc. Il avait pris un grand parapluie, sous lequel quelques élèves (qui n’en avaient pas) s’abritaient discrètement. Le défit était de se faire mouiller le moins possible, ainsi que de ne pas tomber dans l’herbe glissante de boue. Willer vérifia à mi-chemin qu’aucun élève ne leur avait fait faux bon et poursuivit jusqu’à la lisière de la forêt. Il fut soulagé de voir qu’en effet, on pouvait voir d’où ils étaient l’augurey.

Vous voyez, ce phénix irlandais est pour ainsi dire l’opposé du vrai phénix : sa lamentation est désagréable, ses plumes repoussent l’encre, il est disgracieux, a une mauvaise réputation. Il loge probablement dans ce buisson épineux – il en montra un à quelques mètres d’eux où quelques plumes gisaient au sol. Si l’un d’entre vous aimerait se procurer une plume qui repousse l’encre, c’est l’occasion.