Aujourd’hui, Emily avait rendez-vous dans un endroit sombre et humide, les couloirs des cachots avec Damoclès, son fidèle ami. Cet endroit, où pourtant elle aimait se balader autrefois avec son amie, Ruby, lui flanquait maintenant la chair de poule. Elle attendait Dam en fixant le mur noir qui se tenait devant elle.  Elle voyait de nombreux élèves passé par là, mais aucun ne ressemblaient à Dam. Son regard vide intrigua quelques élèves de première année mais Emily s'en fichait totalement. Elle fit un léger signe de tête aux quelques Serpentards qu'elle connaissait, simplement par politesse. Mais le sujet qui préoccupait Emily c'était le rendez-vous avec Dam. Il fallait qu'ils soient seuls, et pour l'instant avec ces Serpentards qui passaient par là, ce n'était pas très intime. Mais il était bientôt l'heure de manger, il était midi et les élèves seront bientôt dans la Grande Salle pour déjeuner.

«  Qu’est-ce qu’il peut bien faire… Si ça se trouve, il a oublié le rendez-vous. »

Elle regarda sa montre magique que Rosalie lui avait offerte, le jour de ses 12 ans, car elle était souvent en retard, avant. Aujourd'hui, elle était venue en avance, beaucoup trop en avance. Ça lui apprendra de venir vingt minutes en avance. La pauvre, attendre était un supplice pour elle. Mais au moins elle pourrait préparer son discours. Elle regarda d'un regard vide le sombre mur qui se tenait devant elle. Elle réfléchissait et s’appuya contre le mur et continua à saluer les Serpentards qui passaient et qu’elle connaissait, en attendant son ami. Mais au fait, pourquoi l’attend-elle ? Pour lui annoncer que leur relation va devoir devenir secrète. On ne devra en aucun cas savoir qu’une Serpentarde nommée Emily Sparkes est amie avec un Poufsouffle. En aucun cas celui doit arriver. En effet, la Serpentarde s’est inscrite à la Brigade de Surveillance Privée Blackman, pour que si elle est acceptée, elle soit considérée pleinement comme une Pro Sang-Pur, et si jamais on la voyait avec Damoclès, ce serait la fin. La fin de son existence de soit disant Pro Sang-Pur. La fin de son amitié avec Ruby.  

« Pfff…  Mais pourquoi je suis venue autant en avance…. ? »

Elle remarqua une grosse flaque d’eau à ses pieds et remarqua son reflet dedans. Elle avait des cheveux noirs de jai, des yeux bleus comme du cristal, et une peau de porcelaine. Elle sourit en voyant le doux reflet d’une jolie jeune fille qui ressemblait énormément à la mère d'Emily. Elle effleura l’eau nauséabonde du bout des doigts puis regarda autour d’elle.
Elle remarqua deux petits, un Serpentard qu’elle connaissait. Il s’appellait Scorpius, le fils du célèbre Drago Malefoy et une petite Poufsouffle blonde dont le nom échappait à Emily.

« Salut Scorpius. »

Elle le salua d’un geste de la main puis leva les yeux. Elle fit Damoclès courir avec dans la main une lettre. Celle où Emily avait marqué quelques mots pour lui donner rendez-vous ici. Mais maintenant, comment Emily allait-elle lui dire ça ? Elle soupira et chercha comment lui annoncer que leur relation deviendra secrète. Doucement ? Oui, mais comment ? Elle se mordilla l’intérieur de la joue en voyant Dam s’approcher de plus en plus d’elle. Enfin, il fallait qu’elle lui dise. Elle vérifia qu'il n'y avait personne aux alentours, et remarqua que les deux petits avaient disparus. Tant mieux. Elle embrassa son ami sur les deux joues et le regarda dans les yeux. Si jamais quelqu'un les auraient vu, elle aurait horriblement honte.

« Salut Dam ! »

Elle lui fit son plus joli sourire, en espérant qu’il comprenne ce qu’elle allait lui dire. Mais comment lui dire... ?

Spoiler:

Damoclès se hâtait de traverser les couloirs, tentant du mieux qu’il pouvait d’éviter les autres élèves. Leur contact, leur voix, leur rire le dégoutaient. Il avait plus que jamais envie de rester seul, loin de toute cette joie écœurante, avec pour unique compagnie son carnet de dessin et ses crayons.  Il ne parvenait pas à comprendre comment ils pouvaient continuer à sourire de toutes leurs dents, à glousser pour des choses futiles, ou à parler des inutilités de la vie, alors que lui, Damoclès, élève de quatrième année à Poufsouffle, sentait chaque jour une violente vague de douleur le submerger. Il les haïssait, il les jalousait, et il aurait de tout son cœur voulu être comme eux.

Tandis que le troupeau des élèves se dirigeait vers la Grande Salle afin de déjeuner, lui traversait la foule à contre-courant. Pas pour se réfugier dans le silence, non, bien qu’il l’aurait souhaité. Il soupira, sortant de sa poche un parchemin tout froissé, tant il l’avait lu et relu.

« Dam,

Il faut que je te parle. Je ne peux pas te dire ça par lettre, j'ai bien trop peur que quelqu'un intercepte mon hibou. Rendez-vous dans les couloirs des cachots, on ne pourra pas nous voir. Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est assez important.
Bisous,
Emily. »

Il ne pouvait empêcher la panique de monter en lui. Le ton pressant de la lettre lui déplaisait au plus haut point, d’autant plus qu’Emily ne lui donnait aucune information susceptible de l’éclairer sur le sujet de cette conversation. Il s’imaginait tous les scenarios possibles, persuadé que ce rendez-vous avait un  rapport, plus ou moins lointain, avec leur amitié. Après tout, sang-purs et nés-moldus n’étaient pas fait pour se côtoyer, tout au moins aux yeux de certains. Ou peut-être qu’elle ne supportait plus sa maladie, et ne voulait plus avoir à faire à lui, tout simplement. Si c’était le cas, Damoclès le prendrait certainement très mal, plus mal encore que tout autre chose. A vrai dire, quoiqu’il se passe, il se doutait que ce n’était pas très bon, et l’état actuel de son moral l’empêcherait sans doute de prendre bien les choses.

Il jeta un rapide coup d’œil à la montre, moldue, que lui avait offert Ophelia à son entrée à Poudlard pour lui permettre d’avoir toujours une attache à son monde. Elle l’accompagnait partout, toujours accrochée à son poignet, et le tic-tac régulier de la trotteuse parvenait chaque fois à l’apaiser. Le rendez-vous fixé par Emily était censé commencer dans cinq minutes. Il soupira, puis se mit à courir, la lettre à la main. Il détestait être en retard. Pourtant, il craignait d’arriver aux cachots, malgré ou peut-être à cause de- sa profonde affection pour Emily, car il avait la certitude que ce qu’elle allait lui dire allait lui déplaire. Il joua des coudes pour traverser le flot des élèves le plus rapidement possible, recevant en réponse de regards noirs ou méprisants de ceux qui n’appréciaient guère être renversés. Les yeux des autres le blessaient, comme autant de coup de poignards. Il était persuadé qu’on le jugeait, à chaque moment, qu’on se moquait de lui, et haïssait l’image de lui que les autres lui renvoyaient. Assourdi par les rires et les voix, il s’engouffra comme un ouragan dans l’escalier menant aux cachots, et descendit les marches quatre à quatre. Un autre regard vers sa montre, il lui restait moins d’une minute.

La lettre à la main, toujours courant, il atteignit enfin le couloir où il devait rejoindre Emily, qui, déjà, était là et l’attendait. Elle semblait légèrement gênée, et l’angoisse de Damoclès augmenta encore. Il n’avait plus qu’une chose en tête, savoir pourquoi elle l’avait fait venir ici, à un moment où personne ne risquait de les déranger. Tandis qu’il s’approchait de son amie, celle-ci surveilla les alentours, s’assurant qu’ils étaient bien seuls, et lui fit la bise en guise de salut.

« Salut Dam ! »

Plongeant ses yeux dans ceux, vides, du jeune homme, elle afficha un large sourire, ne sachant visiblement pas comment commencer. Ne prenant même pas la peine de lui rendre les politesses, Damoclès agita le parchemin sous les yeux de son amie, et sa voix morne s’éleva dans le couloir :
« Qu’est-ce-que tu as à me dire ? »