C'était enfin le grand jour, après des semaines entières de recherches et de préparation. Arrivé un peu en avance dans la salle d'Histoire de la Magie, sous le regard intrigué de son professeur, Jesse s'installa à une table du premier rang et sortit ses affaires, prenant soin de bien aligner tout ce qui était alignable et faisant attention à ce que rien ne dépasse jamais de la petite table. C'était à son tour, aujourd'hui, de présenter son exposé. Il s'était longtemps demandé pourquoi il avait choisi cet intitulé là alors qu'il y en avait tant d'autres qui auraient pu être bien plus simples à traiter, avant de se rendre finalement compte que le problème était là : ils étaient bien plus simples à traiter. Il n'aimait pas faire les choses à moitié et se contenter de recopier ses cours ou de faire uniquement appel aux souvenirs de légendes qu'on lui avait contées étaient hors de question. Rapidement, les élèves entrèrent un à un en classe, ignorant parfaitement le Serpentard qui gardait le nez plongé dans ses notes, et s'installèrent à leur tour. La classe finit par se remplir. Lorsque tout le monde fut là, l'enseignant fit un bref discours qu'il n'écouta pas. Rares étaient les fois où il n'écoutait pas ce que disaient les professeurs mais l'appréhension, cette fois-ci, refusant de lui rendre sa concentration.

« A présent, je vais laisser la parole à Monsieur McDermott, qui va nous présenter son exposé. »

Et il retourna s'asseoir à son bureau. C'était à son tour, désormais, et il n'y avait aucune possibilité de fuite. Son cœur se mit à battre la chamade tandis que ses mains devenaient moites. Il n'avait jamais vraiment apprécié être le centre de l'attention, comme ça... Parler de sujets intéressants, il n'y avait pas de soucis, bien au contraire, mais sagement assis à sa place, certainement pas sur la petite estrade de la salle, sous les yeux endormis et inattentifs de toute une classe. Le jeune homme prit une grande respiration, remonta ses lunettes et se leva enfin, allant se placer silencieusement face au tableau. Il parcourut la salle du regard, cherchant un visage rassurant, mais dans la masse il peinait à  y faire attention, ne voyant là qu'une marée humaine prête à papoter sans même écouter ce qu'il pouvait avoir à dire. Ses yeux finirent par se fixer sur l'affiche tout au fond de la classe, nommant tous les Ministres de la Magie, et refusèrent d'en bouger. Au moins, on avait l'impression qu'il regardait le 'public', même si ce n'était pas exactement le cas.

« Bonjour à tous. » commença t-il d'une voix neutre, qui ne montrait ni stress ni excitation, comme s'il se fichait un peu d'être là. « J'ai décidé de faire mon exposé sur l'évolution de la magie en Angleterre depuis la création de Poudlard. Mais notre école étant en Ecosse, j'ai pris la liberté d'étendre mon étude à tout le Royaume, ce qui me semblait plus juste. »

Il torturait discrètement sa feuille, élargissant les trous qu'elle comportait à sa gauche, déchirant par endroit des petits morceaux de papier mais c'était là le seul, et peu visible, indice qui trahissait son anxiété, extérieurement, il était d'un calme olympien, donnant presque l'impression qu'il avait fait ça toute sa vie et qu'il ne vivait que pour les exposés du genre. Une aberration quand on le connaissait, bien entendu, mais tout le monde n'avait pas cette chance dans la salle. Une chance... Il fallait le dire vite ! Quelque soit l'apparence qu'il pouvait revêtir, il était en rien l'ami idéal, mais qu'importe, le sujet n'était pas là. Un bref coup d'oeil à son professeur afin de vérifier que sa modification ne le dérangeait pas puis il reprit.

« La date exacte de la création de Poudlard reste encore indéterminée de nos jours, mais les magicohistoriens la situe le plus souvent durant la fin du Xème siècle, dans les années 990. Il faut savoir qu'avant cela, la magie était une tradition de quelques rares familles de privilégiés qui se transmettaient oralement leur savoir, tandis que les autres, les nés-moldus notamment, étaient amenés à rester toute leur vie avec des pouvoirs qu'ils ne parvenaient pas à contrôler. Les accidents dus à cette absence totale de maîtrise étaient nombreux. On les estime à environs trois mille par mois. Pour que vous ayez un élément de comparaison, on en a moins d'une dizaine aujourd'hui. » expliqua t-il avant de se taire un instant et de trier rapidement les feuilles qu'il avait apporté avec lui. Il était presque convaincu que la bonne majorité de la classe était en train de somnoler devant lui, mais ça ne faisait rien, il faisait de son mieux pour ne pas chercher à en avoir confirmation. « Voilà pour les petites informations importantes d'avant la création de l'école, voyons maintenant l'évolution de la magie depuis. Donc, comme je vous l'ai dit, avant seuls les sorciers ayant l'honneur de descendre d'une grande lignée avaient la chance de recevoir un enseignement, et encore il variait d'une famille à une autre si bien qu'on ne pouvait pas parler d'une communauté sorcière éduquée. Les choses ont rapidement changé dès l'ouverture de l'école, très rapidement même. Les enseignements que Poudlard proposaient aux sorciers de tous âges et de toutes descendances étaient d'un niveau tout à fait correct. On y restait le temps que l'on voulait, on suivait les matières qui nous intéressaient... Il faut dire aussi que beaucoup d'élèves devaient travailler à côté, ce qui limitait le temps passer dans les salles de classe. On peut néanmoins voir une nette différence dans l'éducation sorcière. Je vous ai amené un graphique pour que vous puissiez en juger par vous même. C'est en centaine de sorciers ayant reçu un enseignement magique. »

D'un coup de baguette magique, sa feuille* s'accrocha au tableau. Il ne savait pas si elle était assez grande pour que tout le monde puisse voir mais au pire, s'il y avait des gens intéressés, il pourrait toujours la faire passer, ce n'était pas dramatique. Il reposa finalement son regard sur la salle, plus détendu qu'il ne l'avait été depuis le début. Pour l'instant, ça allait, il n'avait pas bafouillé ni rien, c'était une bonne chose ! Ce fut seulement maintenant qu'il remarqua le visage de Marlow, puis celui de Judith, un peu plus loin. Il ne s'attarda pas sur la deuxième mais adressa un sourire aussi discret qu'absent à la première avant de continuer son exposé comme si de rien n'était.

« Comme je vous le disais tout à l'heure, les accidents dus aux pouvoirs non-contrôlés de certains sorciers étaient nombreux, mais grâce à l'ouverture de Poudlard et à la mise en place d'un système éducatif fiable et relativement accessible au plus grand nombre, puisque n'oublions pas que les déplacements des gens et des informations n'étaient pas comme aujourd'hui ce qui a rendu malaisés les débuts de l'école, ces accidents ont considérablement baissé, ne serait-ce qu'en l'espace de cent ans ! Des sorciers plus expérimentés, donc une magie mieux maîtrisée, donc une sécurité accrue. »


Il agita sa baguette derechef et une deuxième feuille* vient s'accrocher à côté de la première, comme si elle avait toujours connu sa place. C'était un peu le cas, dans le fond, vu le nombre de fois où il s'était entraîné dans une salle déserte, devant un tableau similaire à celui-ci et une armée de coussins souriants pour toute salle de classe.

« C'est toujours par centaine. Donc, la magie étant de mieux en mieux maîtrisée, son niveau s'est amélioré de lui-même. Il y avait de plus en plus de sorciers aptes à inventer sortilèges, potions et compagnie. On peut d'ailleurs noter une nette progression dans le nombre de sortilèges existants, mais surtout fonctionnant correctement. Alors qu'ils n'étaient qu'une petite trentaine officiellement répertoriés en 980, ils sont passés à plus de quatre-vingt-dix en 1080 et son aujourd'hui plusieurs centaines, voire même quelques milliers. Il en va de même pour toutes les autres spécialités magiques, le nombre de potions a triplé en cent ans, tandis qu'on ne voyait plus le bout des nouvelles plantes magiques découvertes. De nos jours, ces découvertes et inventions se sont relativement calmées, nous ne pouvons pas parler de limites de la magie puisque celle-ci est en perpétuel mouvement, mais il semblerait qu'elles soient de plus en plus difficiles à repousser... » reconnut-il alors qu'il pliait la feuille d'antisèches qui lui avait à peine servi jusque là, n'étant juste là que pour le rassurer, la mettait dans la poche arrière de son pantalon. « Même si j'ai volontairement axé mon exposé sur la magie en tant que tel, c'est à dire celle que l'on apprend à l'école depuis toujours, il ne faut pas oublier l'évolution des objets qui  y sont liés, à l'instar de nos chères baguettes. Rares étaient, à la création de Poudlard, les sorciers qui en possédaient une. Comment faisait-il pour lancer des sortilèges sans ce prolongement vital d'un bras sorcier ? Vu la faible intensité des sortilèges utilisés, et la réussite toute relative qu'on en attendait, il n'était pas nécessaire d'avoir à canaliser ses pouvoirs pour y parvenir. J'en ai parlé avec notre professeur de sortilèges, et il est tout à fait prêt à approfondir le sujet avec ceux qui le désirent. On remarque donc une hausse impressionnante du nombre de baguettes magiques en circulation... »

Une fois encore, d'un coup de baguette magique, son dessin* vint s'accrocher au tableau, à côté de la deuxième feuille. Ca faisait joli, tous ces parchemins sagement alignés les uns à côté des autres sur le tableau sombre. L'encre qu'il avait utilisé n'était probablement pas la plus appropriée pour l'occasion mais il l'avait trouvée abandonnée sur une table de la bibliothèque et plutôt que d'utiliser les siennes dont les couleurs, plus communes, lui étaient bien utiles en cours, il avait préféré se contenter de cette encre providentielle.

« Bien sûr, toutes ces données sont à nuancer puisque les registres tenus à l'époque n'étaient pas toujours fiables et que les écarts pouvaient varier d'une région à une autre... Donc voilà... Si vous avez des questions... »

Dans ces recherches, il avait dégoté tout un tas d'informations qu'il avait préféré ne pas utiliser là, puisqu'il fallait que son exposé ne prenne pas trois heures... Et tant mieux, au moins, c'était terminé et il était définitivement débarrassé de ça !


Les mots suivis d'une '*' sont en réalité des liens, libre à vous de cliquer dessus. – Et puis bien sûr, le RP est libre, ouvert à toute personne suivant le cours d'Histoire de la Magie.

Les cours d'histoire de la magie avaient pris une toute autre saveur depuis que la jeune fille avait appris que certains élèves avaient eu l'occasion de voyager dans le temps pendant les vacances scolaires. C'était assez étrange parce qu'ils en entendaient parler sans entendre parler, que tout le monde savait plus ou moins qui était parti pour ce fameux voyage mais que personne ne semblait vouloir dresser la liste officiel, même la direction de l'école semblait vouloir dissimuler leurs noms ce qui était tout bonnement aberrant. Le meilleur moyen de faire naitre des rumeurs et d'enclencher un mécanisme impossible à arrêter était de rendre un sujet tabou. S'il y avait eu une véritable annonce, avec des questions de la part des élèves, et que le sujet avait été éclairci dès le départ, cette histoire aurait été enfouie quelque part et n'aurait plus jamais refait surface. Malheureusement, ce n'était pas le cas, et Astride comme les autres, faisait preuve de beaucoup de curiosité à ce sujet, espérant que quelqu'un ait la bonne idée d'éclairer sa lanterne et ce, sans qu'elle soit obligée de poser des questions.

Le gros avantage de cette histoire était que le cours d'histoire de la magie était quand même plus populaire que d'habitude grâce à ça. Même Astride, qui était pourtant une élève studieuse et qui ne rechignait jamais à l'idée d'aller en cours, ressentait plus de motivation à l'idée de se rendre à celui-ci. En fait, elle espérait simplement, sûrement comme beaucoup de ses camarades, que le professeur finirait par aborder le sujet en question, voire même à appeler certains élèves à témoigner si toutefois c'était possible. Comme ses camarades, la Poufsouffle avait également l'impression que ce cours parlait vraiment de faits réels et était non pas basé sur des déductions pas toujours fiables. Certes, certains écrits restaient, mais personne n'avait jamais eu la preuve que tout ça avait eu lieu exactement comme c'était écrit dans les livres. Maintenant, les choses étaient différentes, des personnes bien vivantes avaient expérimenté différentes époques et pouvaient témoigner de ce qu'ils avaient vu, mais encore fallait-il qu'ils s'en donnent réellement la peine. Astride restait assez confiante sur ce point, un jour, elle aurait le fin mot de cette histoire. Mais pour le moment, elle se retrouvait assise, droite comme un I dans une salle qu'elle connaissait par cœur à entendre parler son professeur.

« A présent, je vais laisser la parole à Monsieur McDermott, qui va nous présenter son exposé. »

La jeune fille fronça les sourcils, réfléchissant à toute vitesse aux noms des personnes qui avaient fait partie de ces fameux voyages. Elle ne mit pas longtemps à se rendre compte que son nom lui était totalement inconnu et donc que ce ne serait pas ce garçon qui allait lui expliquer quoi que ce soit à ce sujet. Mais bon, ce n'était pas pour autant qu'il ne ferait pas un exposé intéressant. Astride restait globalement confiante, même si elle ne savait pas encore le sujet du dit exposé. En vérité, la jeune fille commençait toujours par être positive avant de déchanter, elle était comme ça tout le temps que ce soit avec les cours, avec les autres élèves ou avec sa famille. Les surprises, elle n'aimait pas forcément ça, mais elle commençait inévitablement par se montrer enthousiaste, encaissant les coups du sort en temps voulu lorsqu'ils se présentaient. C'était probablement une façon un peu naïve de voir les choses, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Au moins, elle ne se comportait pas comme toutes ces personnes qui se lamentaient sur leur sort à longueur journée alors que les événements négatifs dont ils parlaient ne s'étaient pas encore produits et ne se reproduiraient peut-être plus jamais.

« Bonjour à tous. J'ai décidé de faire mon exposé sur l'évolution de la magie en Angleterre depuis la création de Poudlard. Mais notre école étant en Écosse, j'ai pris la liberté d'étendre mon étude à tout le Royaume, ce qui me semblait plus juste. »

Maintenant qu'elle connaissait le sujet, Astride savait qu'elle n'allait pas être déçue. Jesse traitait un sujet particulièrement intéressant mais aussi légèrement complexe car assez vaste, avec beaucoup de possibilités. La jeune fille ne pouvait s'empêcher de se demander comment il allait faire pour caser toute cette masse d'informations plus qu'imposante, mais c'était probablement son côté scolaire et trop carré qui parlait. La Poufsouffle était quelqu'un d'organisé qui avait une nette tendance à vouloir, dès qu'elle devait présenter un exposé, ranger toutes les informations qu'elle possédait sur le sujet dans de grandes cases qui lui permettaient ensuite de tout orienter au mieux pour faire quelque chose de cohérent. Sauf que dans ce cas-là, avant même que Jesse commence sa présentation, elle savait que, si elle avait dû se mettre à sa place, elle aurait probablement eu beaucoup de mal à agir de cette façon. Ce n'était pas quelque chose d'évident, loin de là. Restait donc à savoir si elle allait être admirative ou pas de la façon dont le jeune homme allait gérer son truc. Astride savait qu'elle n'avait pas à juger son camarade et elle n'avait pas spécialement envie de le faire, mais c'était plus fort qu'elle, la Poufsouffle ne pouvait s'empêcher à la suite d'une présentation, d'avoir un avis bien tranché et parfois pas forcément très agréable. Elle ne doutait pas une seule seconde que ses camarades fassent de même lorsque c'était elle qui était confrontée à ce périlleux exercice, elle ne voyait donc pas pourquoi elle devrait se priver de ce petit plaisir.

« Bien sûr, toutes ces données sont à nuancer puisque les registres tenus à l'époque n'étaient pas toujours fiables et que les écarts pouvaient varier d'une région à une autre... Donc voilà... Si vous avez des questions... »

Des questions ? Astride ne voyait pas comment elle pourrait en avoir, elle n'avait pas encore assimilé toutes les informations qu'elle venait d'ingurgiter. Pour un exposé compact et complexe, c'en était un. Contrairement à ce qu'elle avait pu entendre auparavant, la jeune fille avait l'impression de crouler un peu sous le poids des informations importante et de ne pas avoir réussi à prendre le temps de tout noter. Retracer, même brièvement, les époques traversées par leur école n'était visiblement pas simple et la Poufsouffle se sentait un peu dépassée. Toutefois, ça n'avait pas été déplaisant, mais quelque chose lui disait qu'elle allait faire les yeux doux à ce garçon pour récupérer l'exemplaire papier de ce qu'il venait dire, histoire de récupérer ce qu'elle avait laissé échapper. Encore fallait-il qu'il accepte.

Élé assistait aujourd'hui à son deuxième exposé en Histoire de la magie. Il faut dire que le premier exposé avait été donné par Faust J. Churchill, un élève de Serdaigle en sixième année, l'avait particulièrement déçu. Le jeune homme n'avait pas apporté de fait en tant que tel et c'était contenté d'énoncer ce que tout le monde savait: qu'il y avait les sangs-pur, les sangs-mêlés et les nés-moldus, qu'il y avait des tensions entre eux, etc. En plus de rien lui apprendre de nouveau, le jeune homme avait osé affirmer que les sangs-purs avait plus de magie en eux que les nés-moldus. Non seulement l'insultait-il (ainsi, probablement, que d'autres élèves dans la classe) mais il était tout aussi incapable de prouver ce qu'il venait de dire. Effectivement, quand Élé lui avait demandé comment prouver la quantité de magie dans une personne, il avait simplement dit que c'était ce que tout le monde disait et pensait depuis toujours et avait ignoré sa question quand elle lui avait dit que scientifiquement, la pureté du sang était plus souvent attribuée à la nutrition et aux maladies qu'à une quelconque descendance magique. Bref, elle n'avait pas aimé son exposé et elle ne l'avait pas aimé lui. En marchant dans les cours en direction de la classe d'histoire de la magie, elle espérait qu'aujourd'hui ils auraient un exposé plus digne de ce nom et que la personne qui le ferait ne serait pas aussi... pleins de préjugés. Non mais, après tout, l'histoire, c'est des faits concrets, pas des suppositions! Elle arriva à la classe et s'installa proche de la fenêtre, à son habitude. Effectivement, quand le professeur l'endormait trop, elle avait la chance de regarder à l'extérieur et d'essayer de se distraire comme elle le pouvait. Elle sortit ses notes et se prépara à un exposé qu'elle espérait intéressant. Une fois que tout le monde fut arrivé, le professeur demanda à un certain monsieur McDermott de se lever et de faire son exposé. Elle ignorait qui c'était, mais lorsqu'elle vit un Serpentard se lever, elle se dit avec horreur qu'elle ferait à nouveau les frais d'un discours sur la supériorité des sangs-purs. Le jeune homme semblait confiant mais, observatrice, elle nota qu'il jouait après ses feuilles de papier, trouble démontrant qu'il était nerveux malgré tout.

Elle fut agréablement surprise par ce qu'elle entendit par la suite et eut la chance de prendre plusieurs notes. Enfin, des faits!! De la vraie histoire! Il avait même des éléments visuels. Et il ne faisait preuve d'aucune arrogance qui était pourtant bien connue dans sa maison. Ce qu'elle apprenait aujourd'hui venait bien compléter ce qu'elle avait vécu cet été, au Moyen-Âge. Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai que "Les choses ont rapidement changé dès l'ouverture de l'école, très rapidement même. Les enseignements que Poudlard proposaient aux sorciers de tous âges et de toutes descendances étaient d'un niveau tout à fait correct." Ayant eu la chance de faire un saut au Moyen-Âge, elle avait pu observer que l'enseignement proposé était en fait plutôt des expérimentations et que les enseignants semblaient aussi ignorants que les élèves. Enfin, c'est pas comme s'il pouvait le savoir avec exactitude. Son exposé achevait et la période de questions débutait. Élé leva sa main puis, lorsqu'elle eut le droit de parole, s'exprima:

" Tout d'abord, félicitations pour ton exposé, je l'ai trouvé très complet. " Elle lui sourit brièvement, puis posa sa question: "Dans le premier graphique que tu nous as montré, j'ai remarqué un soudain "boom" vers 1880 dans le nombre de sorciers ayant reçu une éducation magique. Est-ce que tu sais pourquoi il y a eu une soudaine accélération à ce moment là? "

Le cours d’histoire de la magie, Clydwyn appréciait cette matière car on y retrouvait toujours des anecdotes sympathiques, des petites historiettes sur certains évènements connus ou pas. Et de l’histoire, Cly en a assez souvent puisque son père en connait des tas là-dessus, mais tellement que le jeune Poufsouffle avait du mal à tout assimiler. Mais depuis l’évènement de cet été, le sujet des voyages arrivaient rapidement dans les conversations, « tu étais où ? Comment c’était ? Pas trop dur ? »  et encore plein d’autres questions. Il faudrait dire que l’on ne connait pas grand-chose de la préhistoire et encore moins du futur, et donc la curiosité attise de nombreuses personnes.

Si cela se trouvait, des élèves pourrait passer pour parler un peu de leur voyage, cela rendrait encore plus captivant les cours d’histoire de la magie, mais vu comment passe la communication sur ces fameux voyages, Cly’ doutait fortement que le professeur aborderait ce sujet. Quoiqu’il en soit, c’était un jour d’exposé, et le sujet pourrait être très intéressant si l’élève qui a travaillé dessus l’a fait correctement.

« A présent, je vais laisser la parole à Monsieur McDermott, qui va nous présenter son exposé. »

Cly vit se lever quelques instants plus tard un jeune homme à lunettes habillé de vert… un serpentard. C’était le grand silence jusqu’à ce qu’il prit la parole, il avait l’air plutôt sur de lui regardant fixement les élèves, parlant d’une voix clair et sans hésitation. Puis s’enchaina l’exposé, et quel exposé ! Il était long sans être ennuyant, complet sans trop survoler certains détails, bref il était très bien traité. Pendant tout l’exposé, le jeune Poufsouffle avait noté pas mal d’informations, comme le passage sur le début de Poudlard en 990, lorsque seuls rares familles transmettaient leur savoir. Ou encore les débuts des cours, ou n’importe quels élèves, quelques soit leurs âges, participaient aux cours. L’information donnée par Jesse à la fin sur les baguettes avaient particulièrement intéressé Clydwyn, il ne s’était pas posé la question du comment ils faisaient et comment ils ont inventés cela. Il nota donc sur sa feuille de note les quelques dernières anecdotes que le jeune Serpentard avait expliqué.

" Bien sûr, toutes ces données sont à nuancer puisque les registres tenus à l'époque n'étaient pas toujours fiables et que les écarts pouvaient varier d'une région à une autre... Donc voilà... Si vous avez des questions... "

L’histoire est souvent variable, cela dépend aussi de la vision de la personne qui a décrit comment c’était à ce moment-là, les chiffres ne disent pas forcément tout. C’est pour cela que Cly’ aurait aimé pour ce sujet une participation d’une élève ayant vécu le Moyen-Age pour compléter légèrement ce sujet qui a été réalisé avec brio.

Éléonore avait levé la main la première, et a posé une question très pertinente

"Dans le premier graphique que tu nous as montré, j'ai remarqué un soudain "boom" vers 1880 dans le nombre de sorciers ayant reçu une éducation magique. Est-ce que tu sais pourquoi il y a eu une soudaine accélération à ce moment-là? "

Il avait aussi en effet remarqué sur le graphique une sorte de courbe exponentielle, la croissance était vraiment impressionnante durant leur période. Cly’ n’en avait aucune idée aussi, peut etre que l’école s’est fait connaitre dans cette période, ou il y a eu la création de d’autre école dans le monde et cela a fait un boom général.

Ayant déjà une question, et avec un sujet aussi complet, CLy’ s’est retenu de poser une question, en attendant une réponse de la part du Serpentard.

Finalement, son exposé s'était plutôt bien passé. Ce n'était pas du grand art, c'était un fait, mais ça aurait pu être bien pire. Les heures de recherches passées enfermé dans la bibliothèque avaient porté  leurs fruits. A la fin de sa dernière phrase, il y eut un moment de flottement qu'il mit sur le compte d'un réveil quelque peu difficile. Visiblement, certains l'avaient écouté d'un bout à l'autre, une prouesse, ça allait sans dire ! Il n'était pas lui-même convaincu de sa capacité à s'auto-écouter dans une situation comme celle-ci, alors que de parfaits inconnus y parviennent lui semblait incroyable. Une main finit enfin par se lever. Une Gryffondor. Il ne se souvenait plus de son nom mais se rappelait avoir vu son visage l'an dernier, alors qu'il n'avait eu d'autre choix que de déménager chez les Rouge et Or... Il ne lui avait, croyait-il, absolument jamais parlé, probablement à cause du fâcheux épisode 'Judith'. Mieux valait s'abstenir de faire la conversation aux gens qu'il ne connaissait pas plutôt que de se retrouver à sympathiser avec des Sangs-de-Bourbe.

" Tout d'abord, félicitations pour ton exposé, je l'ai trouvé très complet. Dans le premier graphique que tu nous as montré, j'ai remarqué un soudain "boom" vers 1880 dans le nombre de sorciers ayant reçu une éducation magique. Est-ce que tu sais pourquoi il y a eu une soudaine accélération à ce moment là? "

La première phrase de la demoiselle lui tira un sourire suffisant, presque prétentieux tandis que, silencieux, il écoutait le reste de son intervention. Bien sûr que son exposé était complet, c'était le but ! S'il avait pris un tel sujet pour s'amuser à dire trois mots qui n'avaient que peu de rapport avec ce qu'on lui demandait, ça n'avait aucun intérêt. Enfin, ça ne servait à rien de s'étendre sur le sujet, chacun était libre de mener son étude comme il lui plaisait. A sa question, Jesse hocha distraitement la tête et jeta un bref regard à la feuille en question.

« En réalité, ce ''boom'' comme tu l'appelles à lieu dans toute la seconde moitié du XIXème siècle. Tu n'es sûrement pas sans savoir que le train a été inventé par les moldus au début des années 1800, 1804 si je ne m'abuse. Une fois qu'il s'est démocratisé un minimum, il a été beaucoup plus simple pour les sorciers venant de tout le pays de rejoindre Londres pour emprunter le Poudlard Express et ainsi se rendre à Poudlard. Après tout, il n'était pas rare de voir des sorciers adultes dans l'incapacité de transplaner, et le réseau de cheminette n'était pas aussi développé qu'il l'est actuellement. Une plus grande facilité pour se rendre au château a permis à un plus grand nombre de profiter de cette éducation magique, d'où le 'boom' de cette fin de siècle. Ca répond à ta question ? »

Il lui adressa un sourire absent, plus par courtoisie qu'autre chose, et attendit la suite. Peut-être ne serait-elle pas satisfaite ou peut-être que d'autres auraient des questions... Pour l'instant ils avaient l'air de peiner à sortir de leur léthargie mais ça ne durerait, espérait-il, pas indéfiniment...