C’est jour d’exposé pour le cours d’Arithmancie, et c’est Clydwyn qui s’y colle. L’arithmancie, les maths, les chiffres… Il adore ça, dès qu’il s’agit de se torturer l’esprit pour comprendre certaines logiques avec des chiffres. Il aime bien les cours ne proposant pas trop de magie, n’étant pas un surdoué des sorts, il essayait d’exceller dans les autres cours.
Le sujet qui va être exposé est sur le chiffre 7, son côté magique. C’est un sujet qui avait inspiré Clydwyn car il avait déjà lu un livre dessus lorsqu’il s’ennuyait dans la bibliothèque. C’était un livre de Bridget Wenlock, qui est une arithmancienne du XIIIème siècle qui a découvert les propriétés magiques du chiffre 7. C’est d’ailleurs en partie grâce à ce livre qu’il a fait cet exposé.

Il est arrivé en cours comme à ses habitudes, à l’heure mais pas en avance, mois de perte de temps possible. Il était aujourd’hui le premier à passer, il eut donc juste le temps de s’asseoir, que le professeur regarde s’il n’y a pas d’absent, puis le professeur l’appela. Il se leva, se sentait regardé et dans la précipitation oublia de prendre ses notes sur le sujet… Heureusement qu’il connaissait un minimum son sujet, il ne voulait en aucun cas faire demi-tour devant tout le monde comme ça.

Il arrive devant le tableau, se retourne et dit :
« Mon exposé est sur les propriétés magiques du chiffre 7. »
dit-il d’une voix plutôt basse, il remarqua que ses camarades n’étaient pas encore très concentré ou pas entendu ce qu’il a dit, il continua d'une voix un peu plus assuré :
« Le chiffre 7 est un chiffre marquant dans notre histoire, il apparaît comme symbole important dans de nombreux endroits, comme les 7 vertus, les 7 couleurs de l’arc en ciel, les 7 jours de la semaine, les 7 âges de la vie, mmmh… il réfléchit un court instant. Les 7 péchés capitaux, les 7 arts…. Et encore pleins d’autres.»

La classe semblait que légèrement plus captive qu’au tout début, mais la différence n'était pas nette. Au lieu d’énoncer encore une liste incroyable, ce qu'il aurait du mal de mémoire, il pensa que montrer un petit exemple marrant avec des chiffres sera un peu plus captivant. Il se retourna et écrit au tableau un nombre : 142 857.

« Voilà, ce nombre est magique, je vais vous le montrer pourquoi. Si on multiplie par deux ce nombre, cela donne 285 714. Il l’écrit au tableau. On remarque que les chiffres sont restés dans le même ordre. Le 2, puis le 8 puis le 5 puis le 7… On appelle ça une permutation circulaire. Maintenant je vais multiplier le chiffre par trois, ce qui donne 428 571. Il l’écrit à la suite des deux premiers nombres. On remarque encore que les mêmes chiffres se suivent de manière identique. »

Il continua ensuite pour les multiplications suivantes, écrivant tout au tableau. Ce qui donna :

« A chaque fois on retrouve le même ordre des chiffres ! Mais si maintenant on multiplie par le chiffre 7 magique, cela nous donne 999 999 ! »

Les élèves semblaient amusés par cette découverte, ce qui fut plaisir à Clydwyn car avec un sujet d’exposé pareil il avait peur d’ennuyer tout le monde.

« Je pourrais essayer d’expliquer le pourquoi du comment cela fait ça, enfin... le début peut être... et j’ai d’autres anecdotes aussi mais… dit-il en regardant le professeur. Je pense que j’ai un tout petit peu dépassé le temps de l’exposé. Il ajouta : Des questions ? »

Comme à son habitude, Astride avait passé son heure de déjeuner à la bibliothèque afin de pouvoir travailler ses cours. Elle avait à peine pris le temps d'avaler un sandwich, chose qui ne lui ressemblait absolument pas d'habitude puisqu'elle avait toujours été gourmande et profitait de l'heure des repas pour faire une pause dans son travail. Sauf qu'elle avait voulu garder presque toutes ses matières pour les ASPICs là où la plupart des élèves lambda en viraient quatre ou cinq. C'était bien joli tout ça, mais dès la sixième année, elle s'était rendu compte que ça allait être dur, qu'il y avait beaucoup de boulot et que chaque professeur donnait une tonne de travail sans se préoccuper le moins du monde des autres matières qu'ils pouvaient avoir à travailler. Ça ne dérangeait pas spécialement Astride, mais elle n'avait plus trop le choix, elle devait sacrifier ses moments de loisirs pour pouvoir avancer ses devoirs et ce n'était pas forcément simple. Elle vivait à deux cent à l'heure, regardant sa montre en permanence pour être certaine de ne rien louper.

Là, par exemple, elle devait se rendre en arithmancie et il était absolument hors de question qu'elle arrive en retard. La jeune fille délaissa donc son devoir d'histoire de la magie qu'elle avait tout de même bien entamé et pris la direction de la salle de cours, un livre à la main. Elle avait pris l'habitude de lire en marchant, chose qui lui jouait parfois des tours puisque si elle-même ne regardait pas franchement où elle allait, les autres ne le faisaient pas forcément non plus, se contentant de l'injurier lorsqu'ils lui rentraient dedans. Qui plus était, Astride avait un sens de l'orientation plus que pitoyable même quand elle regardait où elle allait, alors forcément, elle se perdait encore plus facilement. Il était assez étrange de passer six années complètes dans un établissement scolaire sans parvenir à s'y retrouver, mais la Poufsouffle avait toujours eu l'impression que tous les couloirs se ressemblaient, pas étonnant à ce qu'elles les confondent en permanence. La jaune et noire parvint tout de même à trouver sa salle de classe sans problème et s'assit au premier rang, face à un élève de Poufsouffle qu'elle connaissait seulement vaguement. Un exposé allait vraisemblablement avoir lieu et ce n'était pas pour lui déplaire.

« Mon exposé est sur les propriétés magiques du chiffre 7. »

La jeune fille sortit de quoi écrire et souligna deux fois le titre de l'exposé sur sa feuille. Elle ne savait pas encore si ça allait l'intéresser ou pas, il était assez étrange de traiter un tel sujet en arithmancie, puisqu'elle ne connaissait justement pas de propriétés magiques de ce nombre à proprement parlé. A moins que ce ne soit qu'une façon de parler ? Qu'on ne parle que des propriétés de ce nombre et de ce qu'on pouvait faire avec en dehors du monde magique ? La jeune fille espérait simplement que le jeune homme ne choisirait pas de traiter ce sujet d'un point de vue religieux. Non pas qu'elle ait quelque chose contre la religion, absolument pas, mais tout ça restait une pure théorie, les sept jours, ce genre de choses, ce n'était pas vraiment une réalité, ou en tout cas pas quelque chose de prouvé et ça n'avait pas le moindre intérêt scolairement parlant. D'un autre côté, elle savait bien que beaucoup des matières étudiées ne comprenaient pas que des formules et des théories parfaitement exactes, qu'on en apprenait tous les jours et que dans quelques années, peut-être, elle se rendrait compte qu'on lui avait enseigné quelque chose de totalement faux. Ça ne devait pas l'empêcher d'avoir envie d'apprendre pour autant, et heureusement, c'était loin d'être le cas.

« A chaque fois on retrouve le même ordre des chiffres ! Mais si maintenant on multiplie par le chiffre 7 magique, cela nous donne 999 999 ! »

Là, pour le coup, la jeune fille avait un peu perdu le fil de l'exposé. Heureusement, celui-ci touchait à sa fin et elle allait pouvoir poser toutes les questions qui pouvaient lui passer par la tête. Les élèves ne réfléchissaient pas toujours de la même façon, loin de là. Certains discutaient pendant tout le cours et finissaient par demander des explications sur des termes déjà expliqués pendant la leçon, d'autres ne comprenaient pas forcément tout et n'osaient pas poser des questions à la fin de l'heure, laissant leurs interrogations de côté pour les poser, éventuellement, à leurs camarades juste avant les examens. Astride, elle, faisait en sorte de ne jamais sortir de cours sans avoir tout compris à ce qu'il venait de se passer. Au départ, elle avait tendance à se taire, surtout par peur d'embêter son enseignant, mais elle avait réalisé, au fil du temps, qu'elle ne pouvait pas se permettre d'avoir des lacunes si elle ne voulait pas couler. Ce n'était pas toujours évident, mais elle faisait en sorte de tout comprendre et de tout apprendre correctement. Mine de rien, la Poufsouffle commençait à avoir hâte que cette année se termine, et pourtant, elle venait à peine de commencer. Les études supérieurs ne seraient probablement plus simples, mais elle ne pouvait s'empêcher d'espérer que la pression soit moins importante et la masse de travail légèrement plus faible aussi. Déjà, elle n'aurait pas fait la bêtise de prendre autant de choses à travailler d'un seul coup, et rien que ça lui permettrait d'être un peu plus à l'aise et de retrouver un peu de place pour des loisirs, à défaut d'activités sportives pour lesquelles elle n'était pas très douée.

« Pourquoi tu utilises 142 857 comme nombre et pas un autre ? Tu l'as pris au hasard ? » Demanda-t-elle. « En fait, je n'ai pas trop compris quel était le rapport avec le sujet d'origine. »

Peut-être avait-il une très bonne raison d'avoir traité ce sujet de cette façon, elle ne disait pas le contraire, elle n'était pas du genre à se montrer critique pour le plaisir, elle voulait simplement saisir ce qu'elle n'avait pas été capable de comprendre au début, puisque manifestement, elle avait loupé une étape pour le coup. Astride avait toujours détesté se sentir dépassée et particulièrement scolairement parlant. Elle travaillait dur pour se prouver qu'elle en était capable, alors forcément, se rendre compte qu'elle ne savait pas encore tout sur tout était déstabilisant, mais probablement utile également.

Après avoir effectué son exposé, une élève de la maison de Clydwyn prit la parole. C’était une fille plus âgée qui lui, qu’il ne connaissait pas beaucoup à part qu’elle était préfète, c’était une fille studieuse et étrange en même temps. Elle s’était bien sur assise au premier rang, et Cly’, bien qu’il la connaissait que vaguement, était sûr qu’il aurait une question de sa part à la fin de son exposé. Ce qui n’avait pas loupé. Mais ce n’était finalement pas déplaisant puisque cela faisait vivre l’exposé.

« Pourquoi tu utilises 142 857 comme nombre et pas un autre ? Tu l'as pris au hasard ? »Demanda-t-elle. « En fait, je n'ai pas trop compris quel était le rapport avec le sujet d'origine. »

Finalement, il aurait peut etre été mieux qu’elle se taise cette Pouffy… Tout d’abord parce qu’elle n’a pas compris que le chiffre 142857 ne peut pas être pris au hasard, et donc qu’il y a bien une logiquepar derrière. Et ensuite elle pourrit le sujet de Clydwyn en sous-entendant qu’il est complètement hors sujet. Il est vrai que c’était tiré par les cheveux, et qu’il était rare que Clydwyn fasse un sujet qui n’est pas complet ni structuré. Sur cet exposé, le chiffre 7 n’etait pas magique à proprement parlé, c’est plutôt une façon dont on percevait ce chiffre avec les mythes, la culure, l’histoire, la religion ou autres. L’étude plus approfondie que Clydwyn avait seulement survolée aurait été d’étudier et d’analyser le pourquoi de cette apparition du chiffre 7 dans les domaines énuméré par Clydwyn peu avant.

Mais Clydwyn avait du mal à comprendre l’intérêt de faire ces analyses dans les études. Il était tombé sur ce sujet qui ne lui plaisait guère, ce qu’il aime dans l’arithmancie c’est quand il y a plusieurs chiffres à analyser et de comprendre la logique qu’il peut y avoir derrière et d’en ressortir des comparaisons avec le concret. Ici, c’était sur un chiffre, un seul. Ce qui n’avait aucune logique puisque tout seul il ne représentait presque rien, de plus les éléments liés au chiffre 7 qui est soit disant magique  ne sont pas vérifié, ceux ne sont que des suppositions et donc vraisemblablement des paroles en l’air.

« Le nombre n’est bien sûr pas pris au hasard, sinon là on pourrait dire que le chiffre 7 serait vraiment magique… Le chiffre 7 n’est pas réellement magique comme on l’entend, c’est juste qu’il apparaît un peu partout et que tout pleins d’interprétations ont été faites dessus. Il n’y a rien de concret, mais libre à nous de croire ce que l’on veut. Dit-il avec un petit sourire. Mais dans mon exemple, le nombre est choisi à partir de ce fameux chiffre 7. D’où le rapport avec le sujet, le 7 est le seul chiffre à pouvoir faire ce nombre cyclique, lorsqu’on calcule 1/7 on obtient : 0,142 857 142 857 … On prend donc le développement périodique des décimales de 1/7 pour obtenir un nombre qui rend le chiffre 7 magique. Je pourrais rajouter que le chiffre 7 en arithmancie correspond à une certaine perfection, mais aussi représente un certain coté imaginatif accompagné d’originalité, ce qui correspondait plutôt bien à cet exposé. »