Arrivant devant la porte des toilettes des filles peu de temps avant son cours d'Arithmancie, Sarah eut tout le loisir de remarquer qu'une nouvelle inondation avait été provoquée. En l'ouvrant, elle vit le fantôme du lieu, Mimi Geignarde, assise au dessus des lavabos dont les robinets étaient ouverts à fond. Une fois encore, elle chouinait, baragouinant vaguement que personne ne l'aimait, que personne ne s'intéressait à elle et que de toute façon, les élèves ne comprenaient jamais rien, c'était déjà le cas avant qu'elle ne meurt. La Poufsouffle soupira et ne chercha pas à la contredire, fermant simplement la porte.

Elle aurait pu entrer malgré l'eau, mais ses chaussures étaient neuves, elle les avait reçu par le hibou de son père au moment du courrier de la veille, et l'envie de risquer de les abîmer dès la première fois n'était absolument pas présente. Ce fut donc tout naturellement qu'elle continua son chemin et se dirigea vers les toilettes de garçon. Il lui restait un moment avant le début de son cours, suffisamment pour faire le chemin qui la séparait de la salle de classe sans se presser. Si elle le croisait, elle préviendrait également Mr Jefferson de l'inondation, sans quoi, elle irait après et lui proposerait son aide...

La Préfète poussa la porte des toilettes de garçons, passa discrètement la tête à l'intérieur et ne voyant personne, elle y entra rapidement. Le but n'était pas que tout Poudlard soit au courant qu'une fille se baladait ici, elle savait pertinemment qu'elle n'avait aucun droit d'être ici... Mais c'était une question de vie ou de mort pour ses chaussures, pas d'autre option... Elle entra dans une cabine après un dernier regard vers la porte. A peine eut-elle le temps de fermer le verrou que quelqu'un entra dans la pièce. Sarah grimaça. Il ne manquait plus que ça...

Lucas avait à peine eu le temps de sortir de son cours de potions qu'il était déjà en train de courir dans les couloirs, bousculant sans ménagement les gens qui étaient sur son passage. Il sentait le regard amusé des personnes qu'il connaissait peser sur lui, mais peu lui importait, tout ce qu'il souhaitait c'était d'aller aux toilettes. Et vite, de préférence. C'était donc assez pressé et sans douceur qu'il ouvrit la porte des toilettes pour garçons, étant arrivé aussi vite que sa vessie pleine le lui avait permis. Il ne fit pas attention à si il y avait quelqu'un ou pas, de toute façon, entres garçons, c'était pas bien gênant de se croiser dans les toilettes, qu'il sache, c'était encore public et ils étaient pas aussi prudes, en tout cas pas lui.
Peu élégamment, il se retrouva dans une cabine quelconque, baissa son pantalon aussi vite qu'il le pouvait. Un soupire de soulagement passa la barrière de ses lèvres quand il remonta son pantalon. Tout ça était peu élégant, mais il n'empêche que quand on a envie, on a envie, point barre !
Sortant tranquillement de la cabine, il partit se laver les mains, sifflotant légèrement. Maintenant, il était de bonne humeur, si ce n'était pas magnifique ça !
Bref tout ça pour dire qu'il ne se serait pas arrêté de siffler si il n'avait pas entendu un bruit qui semblait vouloir être camouflé. Pourquoi faire, il n'y avait pas à avoir honte d'être aux toilettes, non ? En tout cas, tout cela semblait bizarre au préfet. Quelqu'un préparait-il un mauvais coup ?

"Si c'est pour un mauvais coup, les toilettes de Mimi Geignarde sont là, en général..." marmonna t-il dans sa barbe avant de s'essuyer les mains.

Le jeune homme était prêt à partir quand il entendit une porte de cabine s'ouvrir et la curiosité poussa Lucas à se cacher dans un coin, après avoir fait croire qu'il était parti. C'était de mauvais gout certes, mais il y avait quelque chose qui clochait et il ne savait pas quoi, autant savoir ce qui se passait, non ?

Aucun mot, rien. Elle n'avait aucune idée de qui pouvait se trouver là, à quelques mètres d'elle. Un garçon, c'était certain, mais lequel... Il y en avait tellement... Et une grande majorité qu'elle n'avait pas la moindre envie de croiser ici. Puisqu'elle était de toute manière coincée dans la cabine tant que l'inconnu n'était pas sorti, elle en profita pour soulager l'envie qui l'avait poussé jusqu'ici, gardant l'oreille à l'affût du moindre bruit qui pourrait lui donner une idée de l'identité de la personne présente.

Rien ne vint. L'eau coula, quelques marmonnements trop faibles pour être entendus furent prononcés puis la porte s'ouvrit de nouveau. Sarah fut soulagée. Elle attrapa son sac qu'elle avait laissé près de la porte de la cabine et sortit aussitôt. Elle s'approcha des lavabos, se lava les mains tranquillement, complètement plongée dans ses pensées. Il fallait tout de même se dépêcher un peu, le risque qu'un autre garçon entre était présent. Très très très présent même, après tout, c'était leur antre.

Elle sortit précipitamment brosse à cheveux et poudrier, soit on est une fille soit on ne l'est pas, et avant même qu'elle ait eu le temps de faire quoi que ce soit, elle remarqua une ombre étrange, inquiétante, dans le miroir. Elle resta de longues secondes à chercher ce que c'était, mais ne trouvant pas, elle trouva plus pratique d'aller voir, baguette en main, prête à attaquer s'il fallait. Lorsqu'elle se trouva face à son camarade préfet, elle l'abaissa.

"Qu'est-ce qu..." commença t-elle avant de remarquer que c'était elle qui n'était pas à sa place. 'Oublie."

Elle lui tourna le dos et retourna près de ses affaires, qu'elle avait laissé sur place dans l'empressement de savoir ce qui se cachait, se tapissait dans un coin...

"Mimi Geignarde a fait des siennes ?"

Si seulement il savait à quel point il venait de viser juste... Quoi qu'encore il devait probablement en avoir une vague idée. Ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle en faisait qu'à sa tête. Sarah ne se souvenait même pas d'avoir passé une semaine au château sans y voir de dégâts des eaux. Elle reprit sa brosse et commença à se démêler rapidement les cheveux, fixant le reflet du Gryffondor dans le miroir face à elle.

"Encore une inondation." expliqua t-elle alors qu'elle se retournait en se faisant une tresse. "Mon cours d'Arithmancie commence dans quinze minutes, je n'ai pas le temps d'aller voir Jefferson pour le prévenir."

Ca faisait office d'explication, il comprendrait probablement sans mal qu'elle n'était pas là pour le simple plaisir d'aller contre le règlement, bien loin de là. Mimi n'était pas aussi insupportable que ça lorsqu'elle ne pleurait pas et ne transformait pas les toilettes en véritable piscine. Elle pouvait même être d'une bonne compagnie quand elle faisait des efforts, mais peu d'élèves devaient être au courant de ce côté-là de la personnalité du fantôme. C'était dommage...

"Si t'as pas cours, tu peux le faire, s'il te plait ? Sans quoi c'est pas un problème, j'irais en sortant mais je pense qu'il faudrait que ça s'arrange vite avant qu'une gamine s'y noie..."

Bien sûr c'était une façon de parler, il n'y avait que peu de chances que ça arrive réellement, aucune même. Quoi qu'avec ces idiotes de premières années, on n'était jamais sûr de rien. La Poufsouffle rangea, lâcha serait plus juste, ses affaires dans son sac et referma celui-ci, glissant sa baguette dans la poche intérieure de sa robe. Un coup d'oeil à sa montre la détendit légèrement, elle n'était pour l'instant pas en retard.

"Ah, les inondations..."

Le Gryffondor ne semblait pas en avoir été un jour la victime. Comme pour un grand nombre de garçons, ça ne devait être que des rumeurs, des bruits qui couraient dans les couloirs sans qu'ils ne prennent réellement la peine d'y faire attention. Pourquoi faire puisque de toute façon ils n'avaient aucun droit de se trouver dans les dits-toilettes inondés ? D'ailleurs, même quelques filles n'y croyaient pas. Habituées des autres toilettes pour filles, à un étage bien moins pratique ou à ceux de leur maison, elles n'avaient jamais cherché à savoir si c'était vrai ou non... Ce n'était pas vraiment un tort, c'était vrai.

"Oui, c'est la deuxième fois cette semaine. Lundi, c'était à cause d'une Serdaigle qui avait tenté de faire disparaître un morceau de parchemins dans les canalisations. Mimi n'a pas apprécié. Et la tentative de destruction a été raté. Je n'ai pas vraiment pris le temps de savoir ce qui c'était passé cette fois-ci."

Elle remonta son sac sur son épaule d'un geste négligé et regarda Lucas hocha la tête. Son acte était dénué de tout entrain. Elle ne le forçait à rien et pourtant, il semblait accepter presque sous contrainte. Contrainte de quoi, elle l'ignorait... Peut-être pensait-il que son rôle de Préfet l'obligeait à accepter de le faire ? C'était loin d'être le cas.

"Bien sur, pas de soucis ! C'est vrai que se serait bête qu'un accident arrive... "

Il ne semblait pas convaincu par ses propres paroles. Triste histoire... Sarah finit par laisser tomber l'idée de le lui laisser cette 'corvée' qui pour elle n'en était pas vraiment une. Le concierge était un homme somme toute agréable quand on prenait la peine de chercher à voir autre chose que son rôle dans l'établissement et qu'on ne passait pas sa vie à le faire tourner en bourrique.

"Laisse tomber. Je le ferais. Ca ne me gêne pas d'aller voir Mr Jefferson. Par contre, si tu passes devant la porte des toilettes, lance un sortilège pour empêcher les gens d'entrer, en attendant."

Alors que Lucas allait pour sortir de la pièce, il s'empêtra elle ne savait comment dans sa robe de sorcier et manqua de tomber. Bien que ce ne soit pas l'envie qui manquait, la Poufsouffle eut la décence de ne pas se moquer, ni même de sourire amusée. Rien qui ne pouvait le mettre davantage dans l'embarras. Après tout, c'était pas dans son intérêt de lui trouver une raison de se venger alors qu'il l'avait trouvé là... Elle se contenta de sourire d'un air compatissant, contrastant affreusement avec son comportement habituel...

Bien sur qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'en voir une, Mimi ne s'étant jamais réellement énervée de sa présence le peu de fois qu'il y avait été durant sa scolarité. Il l'écouta dire que c'était déjà arrivé cette semaine et ouvrit ses yeux, étonné. C'était donc si courant que ça ? Quand il en entendit la cause, il roula des yeux... Si les gens n'ont pas de respect non plus, nous n'irons pas loin, c'est sur ! Cette Serdaigle n'avait pas été très futée non plus, surtout quand on connaissait la réputation de Mimi. Et puis jeter quelque chose dans les toilettes, il fallait ne pas réfléchir pour le faire, n'est ce pas ? Mais c'était sans mal qu'il comprit et acquiesça quand la jeune fille lui dit qu'elle n'avait pas chercher à comprendre cette fois-ci. Après tout, si elle était pressée, c'était normal non ? Elle aurait pu, au pire, demander à Mimi plus tard si l'envie était vraiment présente de savoir ce qui avait pu se passer, pas vrai ? Bref, le blond reprit la parole non sans un haussement d'épaule.

"Effectivement, vu comme ça. Mimi doit y tenir, à ses toilettes, non ?"

Le jeune homme n'étais pas contre l'idée d'aller voir le concierge, c'était de toute façon à faire, Préfet ou pas et il avait le temps de le faire. Mr Jefferson paraissait de toute façon froid, Lucas n'oserait jamais lui faire une offense en toute connaissance de cause. Certes il n'était pas parfait et aimait faire des farces, sortir en dehors des couvres-feu et tout ça mais il n'irait jamais faire un coup foireux comme ça, en sachant ce qu'il risquait. Et puis, le pauvre, de part son poste au sein de l'école il devait sans aucun doute être la risée de beaucoup d'élèves et sentir le temps passer. Par contre, Lucas aimait bien son rat, au Concierge. C'était bizarre, mais vrai.

"Non mais je vais le faire, t'en fais pas !"

Finalement il s'était prit dans sa robe de sorcier et fût reconnaissant à la jeune fille de ne pas se moquer de lui, parce que pas mal de personnes à sa place l'aurait fait. Il pensa que sa réputation n'avait pas l'air d'être vrai, du moins en ce moment même, car peut-être était-elle bien lunée ? Ou étais-ce la situation ? Tout ça étant, elle semblait gentille, ce qui n'était pas un mal, au contraire. Le jeune homme lui fit un sourire sincère et finit par avancer de nouveau vers la porte, faisant maintenant attention là où il marchait. Il se retourna vers la jeune fille, souriant toujours autant.

"Soul soul !" fit-il en agitant la main pour lui dire au revoir, comme si ils étaient à des kilomètres l'un de l'autre, ce qui n'était en faite que quelques mètres tout au plus.

En le voyant rouler des yeux de la sorte, Sarah se demanda s'il désapprouvait l'attitude du fantôme ou de la Serdaigle en question... Elle ne trouva pas de réponse. Mimi était vraiment trop susceptible, il était vrai, mais il fallait quand même se mettre à sa place: recevoir des choses sur la tête alors qu'on se reposait tranquillement dans une canalisation donnait des raisons de s'énerver... Quant à la Serdaigle, c'était certes pas très malin de tenter de noyer des preuves accablantes de cette manière, mais beaucoup d'élèves auraient fait la même chose, elle n'était donc pas non plus à blâmer... Personne n'était vraiment en tort dans cette affaire mais personne n'avait vraiment raison non plus. Triste histoire.

"Effectivement, vu comme ça. Mimi doit y tenir, à ses toilettes, non ?"

La Préfète haussa les épaules. Dur de savoir réellement ce que pensait la défunte élève, elle changeait passablement d'avis pour un peu qu'elle avait de la compagnie et quelqu'un à qui raconter ses malheurs. Elle lui avait déjà malencontreusement lancé quelque chose dessus, une fiole de potion lui avait glissé des mains et était tombée dans la cuvette, attaquant ainsi la pauvre fille, mais après s'être excusée et l'avoir écouté parler de tous ces gens qui ne faisaient pas attention à elle, elle n'avait pas trouvé utile de lui en vouloir, ni même de provoquer une catastrophe aquatique...

"Je ne pense pas qu'elle tienne réellement à ses toilettes." expliqua t-elle sérieusement. "Même si c'est la seule chose qui lui reste, je vois surtout une question de manque de confiance en elle. Il faut la comprendre. Des élèves se moquaient d'elle de son vivant, et voilà que d'autres le font maintenant qu'elle est morte. Elle n'a pas d'amis, pas de famille... Chaque personne présente dans ce château lui rappelle ce qu'elle n'aura jamais la chance de connaitre et il faut en plus qu'on lui rappelle qu'elle n'est plus qu'un ectoplasme en faisant en sorte que des objets en tout genre la traverse... Je n'aimerai sincèrement pas être à sa place, et même si je ne cautionne pas les multiples inondations qu'elle nous fait endurer, je les trouve justifiées."

Elle prenait le risque de passer pour une folle en plus d'avoir généralement l'air d'une pimbêche égoïste et prétentieuse, mais elle s'en fichait. Ses nombreuses conversations avec Mimi avait tissé une certaine sympathie envers elle. Bien entendu, ce n'était pas vraiment l'amie que l'on rêverait d'avoir. Elle avait toujours pris sa défense auprès de ses amies quand ces dernières ricanaient pour telle ou telle raison, les faisant généralement rire de plus belle... Elle quitta ses souvenirs lorsque la voix de Lucas résonna de nouveau.

"Non mais je vais le faire, t'en fais pas !"

Elle se contenta de sourire en guise de remerciement, ne voyant pas trop quoi faire d'autre. Elle lui emboîta le pas lorsqu'il sortit de la pièce et après qu'il lui ait dit au revoir, remarqua que le couloir qu'il empruntait était également celui au bout duquel elle devait récupérer l'escalier. Elle commença à marcher doucement, le laissant avancer devant mais accéléré finalement le pas pour le rejoindre.

"Je crois que tu vas devoir me supporter jusqu'au bout du couloir."

Le jeune homme avait haussé les épaules. Mimi, il ne la connaissait que par les ragots qui courraient sur elle, en quelque sorte... Et ils n'étaient que rarement gentils, après tout. Elle était souvent traitée de folle qui ne savait rien faire d'autre que d'hurler, ou encore de quelqu'un qui s'amusait souvent à faire des inondations et de se plaindre tout le temps... Bref, elle n'était pas très aimée parmi le château, rares étaient visiblement les personnes qui voulaient s'attarder à lui parler : Même lui, à vrai dire, n'irait pas la voir de son plein gré, mais ne l'embêterait pas pour autant si jamais il devait l'avoir en face de lui pour X ou Y raison.
Bref il se concentra sur ce qu'était en train de lui dire la préfète de Poufsouffle. Visiblement, elle connaissait pas mal le fantôme, étant donné qu'elle lui en fit une longue tirade qu'il ne trouva pas fausse du tout. Après tout, c'était vrai que pensé comme ça... Elle pouvait en avoir marre. Surtout que ça faisait quelques années qu'elle était mal aimée de tout le monde, car il ne se souvenait pas savoir quand est ce qu'elle était morte, par un basilic si ses souvenirs étaient bons. Mais les élèves de Poudlard, toutes générations confondues, n'était que rarement tendre avec elle et il commença à ressentir un peu de peine envers la jeune fille qui semblait finalement souffrir plus qu'on ne pourrait le croire. Dans un sens, ça ne l'étonnait pas, mais dans l'autre il n'aurait pas pensé s'attarder sur les sentiments du fantôme... Comme il ne s'intéressait que très peu aux fantômes des maisons.
Il ne répondit donc rien mais n'en pensa pas moins, cependant.
Le jeune homme partit donc après avoir jeté un dernier regard à la jeune fille, lui ayant promis d'aller voir le concierge... C'était d'ailleurs ce qu'il partit faire quand il entendit des pas derrière lui et il se retourna, marchant à reculons pour pouvoir l'écouter et lui répondre tant qu'elle ne serait pas à sa hauteur.

"Pas de problèmes. T'aime bien l'Arithmancie ?" demanda t-il en guise de conversation, le temps que la fin du couloir arrive.

Lui n'aimait pas réellement cette matière, n'y comprenant quasiment rien. Il s'efforçait de comprendre mais... C'était peine perdu. Mais Léonor, une fille de Poufsouffle, l'aidait parfois avec ses devoirs quand il n'y arrivait pas, lui servant un peu de professeur quand il ne comprenait. Une fille sympa, par ailleurs.

Elle n'aurait pas été certaine que 'connaitre' était le mot adéquat puisque après tout, elle ne lui parlait pas aussi souvent qu'on pouvait l'imaginer après l'avoir entendu, et leurs conversations se contentaient généralement des ragots des toilettes que les pauvres filles lâchaient, sûres d'être à l'abri, et que Sarah venait sagement récupérer quelques jours après. Mimi avait une mémoire étonnante. Toute sa théorie s'appuyait sur ce que tout le monde savait, puisqu'il était de connaissance publique qu'elle était en larmes dans les toilettes à cause d'Olive Hornby le jour où elle fut tuée, à la seule différence que le commun des mortels ne perdait pas son temps à s'intéresser à la vie d'une morte telle que celle-ci.

C'était tellement plus intéressant de se pencher sur la vie merveilleuse d'Albus Dumbledore... Il y avait tellement plus d'éléments marquants et fantastiques à retracer, à vouloir connaitre et refaire à son tour... Pourtant, là encore la Préfète ne suivait pas l'avis général. Dumbledore n'était qu'un vieux fou bien moins intéressant que pouvait l'être la pauvre Mimi, délaissée et souvent détestée. S'il était aussi grandiose qu'on le laissait entendre, il avait fait des erreurs, aussi énormes qu'elles auraient pu coûter la vie du Monde Magique et même pire, de Poudlard, ou plus probable, ce n'était qu'un escroc, un charlatan qui se faisait passer pour ce qu'il n'était pas et ce qu'il n'aurait jamais pu être...

L'absence de réponse de Lucas ne vexa pas la Poufsouffle. Beaucoup d'élèves n'avaient que faire des fantômes, s'intéressant tout juste aux autres humains avec qui ils vivaient... Et après c'était elle qu'on traitait d'égoïste... Les élèves n'étaient plus ce qu'ils étaient... Triste histoire.

"Pas de problèmes. T'aime bien l'Arithmancie ?"

Sarah hocha la tête et continua à avancer vers l'escalier qui devait la mener au dit-cours. Elle n'était pas spécialement en avance mais pas non plus spécialement en retard... Avec un peu de chance, elle aurait même le temps d'aller interroger son professeur sur les zones d'ombres des cours qui l'attendaient dans quelques mois... Et oui, quand on aime, on s'avance.

"Presque autant que l'étude des runes." répondit-elle vaguement. "En plus, il n'y a pas grand monde dans ces cours-là, c'est agréable. A croire que tout le monde préfère l'étude des moldus ou le soin aux créatures magiques..."

Elle avait volontairement exclu la divination puisque ce n'était pas vraiment une matière à part entière, tout juste une vague plaisanterie qu'il lui arrivait de suivre lorsqu'elle avait un trou dans son emploi du temps... Etonnamment, seulement lors des cours d'oniromancie... Quelle coïncidence, c'était la seule pratique qui trouvait grâce à ses yeux !