Son aventure chez les poufsouffles touchait à sa fin et la jeune fille était ravie de pouvoir très prochainement rejoindre son dortoir. Non pas qu’elle n’avait pas aimée passer un mois complet en compagnie de sa meilleure amie. Mais elle avait aménagé son petit espace chez les gryffondors, et il avait fini par lui manquer affreusement. La fidélité à sa maison n’était franchement pas son point fort, seulement après plus de six ans passés au même endroit, elle n’avait plus aucune envie d’en partir. C’était un peu bizarre sachant qu’elle avait passé au moins une année si ce n’était pas deux à regretter de n’avoir pas été envoyée dans la même maison que Sarah. En fin de compte, avec son rôle tout neuf de préfète et ses petites habitudes, elle y gagnait au change et voulait à tout prix retrouver le confort qu’elle avait mis si longtemps à instaurer. Alors forcément, cette journée promettait d’être belle, elle se leva heureuse, ravie à l’idée de faire prochainement ses bagages. Le lendemain, elle rentrerait chez elle et sa vie pourrait reprendre son cours le plus normalement du monde. Mais avant cela, elle avait fort à faire, aussi se hâta-t-elle de rejoindre la Grande Salle où l’attendait déjà sa jeune élève, Isis. Depuis le match de quidditch, elles n’avaient pas vraiment eu l’occasion de discuter et elle se sentait presque coupable de l’avoir ainsi délaissée. Il était grand temps qu’elle se rapproche de nouveau d’elle, d’où la raison du hibou qu’elle lui avait envoyé la veille. Elle s’assit en face de la jeune fille un grand sourire aux lèvres et s’empressa de lui raconter tous les nouveaux potins du château, la discussion se termina dans la joie et la bonne humeur, et la rouge et or prit la direction de la sortie, d’un pas bondissant, sans oublier de regarder si les têtes se retournaient vers elle. C’est alors qu’elle le vit, et son sourire se figea instantanément. Il se dirigeait vers elle et aucun échappatoire ne se présentait à la pauvre gryffondor qui s’arrêta net, attendant impuissante le gâchis irrémédiable de cette belle journée.

« Tiens, mais ne serait-ce pas cette chère Scarlett ? J'ai entendu dire que tu avais récemment élu domicile chez les blaireaux. Voilà l'affaire, j'aimerais davantage approfondir les petites recherches que nous avons effectuées l'an dernier dans le bureau de la directrice... et j'ai avec moi de quoi ne pas être vu. »

Cette chère Scarlett ? Sérieusement ? Ils ne s’étaient pas adressé la parole depuis le début de l’année et la rouge et or avait bêtement espéré qu’il avait juste l’intention de la laisser tranquille. Après tout, c’était encore mieux que de feindre la bonne entente. L’indifférence leur permettait de ne pas avoir à se croiser, ni à se parler et encore moins à jouer les hypocrites devant la poufsouffle. De toute façon, Scarlett voyait tout aussi peu sa meilleure amie, bien qu’elles aient été réunies l’espace d’un mois. A croire que la préfète la fuyait, mais elle ne s’en formalisait pas plus que ça. Petit à petit, elle apprenait à vivre sans elle, réalisant non sans mal que leurs chemins allaient quoi qu’elle puisse faire, finir par se séparer. Elle adorait le projet d’avenir qu’elles avaient établi pendant les vacances d’été, elle aimait à se dire qu’elles resteraient proches toute leur vie, amies pour l’éternité en quelques sortes, mais plus le temps passait plus tout ceci lui semblait irréel. Scipion était en train de l’effacer de la mémoire de sa meilleure amie et apparemment, ce lavage de cerveau était particulièrement efficace. Sarah était en train de l’oublier et même si ça l’attristait, elle avait réussi à reconstruire sa carapace, feignant de ne pas être affectée par le comportement de celle qu’elle avait toujours adorée.

« C’est cool pour toi. » Répliqua-t-elle sèchement. « Tu veux peut-être que j’applaudisse ? »

Non, elle n’avait pas envie de replonger dans une de ses magouilles pourries. Tout ce qu’elle avait fait avec lui durant l’année dernière c’était soldé par un cuisant échec. Ses manigances s’étaient toutes retournées contre elle, elle avait mis un certain temps à réussir à s’en sortir et à reprendre le contrôle, alors évidemment, elle ne souhaitait pas plus que ça reproduire de nouveau ces erreurs. Scipion avait l’air sûr de lui… Que voulait-il au juste ? Elle avait envisagé qu’il prévoyait de la trainer quelque part, mais se pouvait-il qu’il souhaite simplement se pavaner devant elle ? Ca y ressemblait bien, il avait l’air affreusement content de lui, comme s’il allait lui annoncer une grande nouvelle. Ou alors, la grande nouvelle venait d’être annoncée et elle n’avait probablement pas réagi avec l’enthousiasme qu’il avait imaginé. Dommage, mais elle n’en avait rien à cirer. Faire plaisir au rouge et or était le cadet de ses soucis, si elle avait pu, elle aurait pris un malin plaisir à essayer de lui pourrir la vie, mais elle était pieds et poings liés de ce côté-là, et elle avait abandonné la partie depuis bien longtemps.

« Voilà le plan, à dix heures précises ce soir tu ouvres le passage de la salle commune de tes hôtes habillés de jaune, je m'y faufile, et je vais regarder ce qu'il y a d'intéressant dans les affaires de Mayfair. En retour... j'écoute ta requête. »

Ah ! C’était donc ça. Il voulait de l’aide pour entrer dans la salle commune à laquelle elle avait désormais accès. Il n’était pas bête ce garçon sur le coup. Et évidemment, il dissimulait ce genre d’information aux yeux de Sarah ce qui l’empêchait de lui demander de l’aide. Si elle s’était écoutée la gryffondor l’aurait planté là et se serait précipitée vers la bibliothèque pour déballer toute la scène à sa meilleure amie. Elle serait certainement fâchée contre Scipion et toutes ses petites cachoteries, tout redeviendrait comme avant et cette dernière année se déroulerait on ne pouvait mieux. Cependant, il était tout aussi possible que Sarah nie ne bloc et pense qu’elle avait tout inventé pour lui nuire, dans ce cas, cette conversation aboutirait à une nouvelle dispute. Scarlett ne pouvait pas prendre ce risque. Après tout ce qu’elles avaient traversé, elle avait enfin réussi à se relever, il était hors de question qu’elle replonge. Elle devait laisser Sarah vivre sa vie et traiter toute cette situation avec détachement. Evidemment, c’était bien plus facile à dire qu’à faire, mais elle faisait de gros efforts pour y parvenir et pour le moment, ça fonctionnait plutôt bien.

« Attends une minute, tu veux que je t’aide ? Mais pourquoi je ferais un truc pareil ? » Demanda-t-elle sincèrement surprise. « Je te déteste, tu m’as piqué ma meilleure amie, sans oublier que tu as pourri ma soirée de fin d’année, détruit mes merveilleuses vacances en tête à tête avec Sarah, tout fait foirer avec Sasha et maintenant tu veux un coup de main ? Mon pauvre ami, tu vas devoir te montrer plus convaincant. »

Si elle ne pouvait pas se moquer un peu du gryffondor et en attendre plus de cette situation, elle ne voyait franchement pas à quoi pourrait bien lui servir cette conversation. Après tout, c’était elle qui avait le dessus pour une fois, il avait besoin de son aide et il allait devoir ramper pour l’obtenir. La rouge et or avait l’occasion de se comporter comme une véritable garce et elle n’avait pas l’intention de cracher dessus. Certes, elle aurait pu accepter sa requête facilement, ça ne lui coutait rien de l’introduire chez les poufsouffles et c’était même plutôt amusant comme opération commando. En plus, le gryffondor lui devrait un service par la suite et c’était encore plus intéressant que le reste. Mais si elle ne pouvait pas faire un peu sa diva, ce n’était pas drôle du tout. Pour le coup, c’était lui qui avait besoin d’elle et pas l’inverse, il n’avait pas hésité à balayer d’un geste toutes les conditions qu’elle avait posé lors de leur dernière expédition, elle ne voyait pas pourquoi elle ne le ferait pas un peu tourner en bourrique lui aussi. Toutefois, l’idée de se servir de lui parce qu’il lui serait redevable était alléchante et même si elle essayait de ne rien laisser paraitre, elle jubilait par avance de ce qu’elle allait bien pouvoir demander.

« Je peux fouiller dans les affaires de Sasha toute seule, je ne vois pas en quoi ta présence me serait indispensable. Pour ce qui est d’une quelconque requête, je n’attends rien de toi si ce n’est que tu disparaisses et je doute que ce soit en ton pouvoir. »

En plus, elle n’avait pas le droit de souhaiter ce genre de chose. Sarah serait probablement dévastée par la perte de son petit-ami, et elle ne pouvait en être responsable. Quel dommage, elle aurait vraiment beaucoup aimé se le permettre. De toute façon, ça faisait certainement partie des requêtes qu’il n’aurait pas voulu accepter, il n’allait pas gâcher son avenir pour fouiller une petite chambre, aussi pitoyable soit son destin. Cependant, la jeune fille n’avait pas vraiment envie qu’il renonce à ce projet, simplement qu’il le développe un peu plus, ça pouvait peut-être devenir intéressant.

« Sasha ? C’est curieux que tu l’appelles par son prénom, d’ordinaire tu as tendance à ne te contenter que du nom de famille pour la basse-cour. Ne me dis pas que tu finis par t’attacher aux orphelines ? Ou alors peut-être êtes-vous devenues amies ? »

Mince, il n'était vraiment pas bête du tout pour le coup, mais il était hors de question qu'elle confirme ce qu'il venait de lui dire. En plus, ce n'était pas totalement la vérité, enfin, elle n'avait pas l'impression qu'un rapprochement stratégique ce soit opéré entre Sasha et elle, mais Scipion avait un peu raison dans le sens où elle cherchait bel et bien à faire de la jeune poufsouffle son amie. Il était de toute façon hors de question qu'elle lui révèle quoi que ce soit à ce sujet, ça ne servait donc pas à grand-chose de réfléchir plus en détail à la véracité de ses propos. Et puis franchement, même s'il avait tapé dans le mile, elle se serait fait un plaisir de briser ses rêves, simplement pour ne pas le voir jubiler. Il n'y avait rien de mal à faire en sorte de détester ses ennemis correctement, elle n'avait aucune envie de faire une fleur au jeune homme. Le rouge et or était certainement très satisfait de sa constatation pourri, mais lui aussi elle l'appelait bien par son prénom alors qu'elle n'avait aucune envie d'en faire son ami. Heureusement d'ailleurs, il ne manquerait plus que ça ! Scarlett, telle une guimauve, renonçant à sa haine, et sympathisant avec n'importe qui... Le monde à l'envers. Ça n'arriverait jamais, et la rouge et or était la première à s'en féliciter. Jusqu'à preuve du contraire, elle était toujours au-dessus de tout le monde, et son camarade devrait certainement ramper à ses pieds pour qu'elle lui accorde un minimum de considération.

« Oui, bien sûr, et j'ai même prévu d'ouvrir l'orphelinat Levinson en collaboration avec cette chère poufsouffle, aider les personnes malheureuses est une vocation et je crois qu'il est de mon devoir de suivre cette voie... » Déclara-t-elle en joignant les mains comme pour faire une prière. « Décidément, tu ne t'arranges pas avec le temps, je suis étonnée que tu saches mettre un pied devant l'autre. »

Elle n'avait pas à se montrer gentille envers lui, elle n'avait pas à faire semblant de l'apprécier même un minimum. Ils étaient tout seuls pour le moment, il n'y avait personne à convaincre de leur lien, personne qui pourrait aller répéter au monde entier que leur relation était totalement feinte. Et encore, si c'était elle qui était venue lui parler, elle aurait peut-être pris des gants, essayé d'user d'un minimum de diplomatie ou encore tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, mais là, c'était lui qui avait commis l'irréparable erreur de venir s'adresser à elle. Il aurait pu trouver n'importe quel crétin de cet école pour combler cette morose journée pendant laquelle, semblait-il, il s'ennuyait à mourir, mais il avait décidé que c'était elle qu'il viendrait enquiquiner aujourd'hui. A croire qu'elle avait gagné le jackpot en faisant un seul minuscule faux-pas. Sa langue trop bien pendu et le secret qu'elle lui avait révélé devant le bureau de la directrice avait eu un effet boule de neige tellement monstrueux qu'elle n'aurait jamais pu imaginer ce qu'il allait se produire. Le petit flocon s'était rapidement transformé en avalanche et elle s'était fait engloutir avant même d'avoir pu prendre le temps de réfléchir à une solution. Tout était allé nettement trop vite pour qu'elle puisse suivre l'évolution des choses. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, Sarah s'était retrouvée dans les bras de son gryffondor et elle avait bannie de la vie de la poufsouffle, pendant un moment, tout du moins. Pour le moment, elle n'avait pas encore trouvé le moyen de réparer son erreur, et aujourd'hui encore, tout cela lui paraissait un peu flou, mais elle y arriverait certainement, il fallait juste qu'elle se montre patiente.

« Je n’attends pas un coup de main, plutôt de la coopération. Je sais que tu en as autant envie que moi... Nous sommes bien loin d’être les meilleurs amis du monde et ce n’est absolument pas par envie que je fais appel à toi, mais n’étant pas résidente à Poufsouffle tu n’es en rien responsable d’une intrusion, n’est-ce pas ? Et il serait risqué pour toi d’aller fouiner de son côté si tu peux être prise sur le fait à tout moment. Qui plus est, je pourrais bien avoir de quoi répondre à ta requête... Je crois qu’il pourrait être en mon pouvoir de disparaître autant de temps qu’il le faudra. »

Elle en avait autant envie que lui ? Ah non, ça certainement pas. Son voyant devait être un sacré charlatant si c'était à lui qu'il était allé demander conseil. Et s'il avait fait confiance à son intuition, il était grand temps d'apprendre à ne plus lui faire confiance, ça le mettrait dans le pétrin tôt ou tard. Toujours était-il que cette certitude absolue n'en était pas du tout une pour la rouge et or. Scarlett ne voulait tout simplement plus le voir. Elle faisait tout pour l'éviter à longueur de journée, ce qui n'était pas simple, sachant qu'ils partageaient, d'habitude la même salle commune. En plus, maintenant que cet idiot de gryffondor avait redoublé son année, ils avaient la chance inouïe de se croiser assez régulièrement en cours, mais généralement, la jeune fille agissait comme s'il était transparent, tout en continuant de s'asseoir au premier rang, histoire de ne pas avoir ne serait-ce qu'à l'apercevoir dans son champ de vision. Bien sûr, cet éloignement forcé n'avait pas du tout effacé les envies de meurtres qu'elle avait depuis de nombreux mois maintenant, à son égard, mais au moins, elle parvenait à y penser seulement brièvement, ses idées ne l'obnubilaient pas comme au tout début. Alors forcément, lorsqu'elle avait dû changer provisoirement de salle commune, elle s'était dit que le seul avantage qu'elle pouvait y voir, mis à part de se rapprocher un peu plus de sa meilleure amie, ce qui n'avait pas été un franc succès, serait de mettre encore plus de distance entre elle et cet espèce de crétin. Et voilà qu'il décidait pile à ce moment-là de venir la voir. La chance l'avait définitivement abandonnée, il n'y avait pas d'autre explication.

« De la coopération, vraiment ? » Demanda-t-elle, vaguement sarcastique. « Je ne suis pas la seule non résidente en ce moment à poufsouffle, alors pourquoi moi ? »

Seulement, elle devait bien avouer que cette histoire de disparition l'intéressait fortement. Elle avait simplement dit ça sur le ton de la conversation, parfaitement conscience qu'il était impossible de le faire s'évanouir dans la nature. Et même si c'était le cas, elle était persuadée d'être soupçonnée assez rapidement, au moins par sa meilleure amie et leur belle amitié finirait inévitablement par voler en éclat. Sachant que le but de la manœuvre était de réussir à les réconcilier une bonne fois pour toute, elle devait bien avouer que ce serait un échec total sur toute la ligne. C'était bien pour ça que l'idée de Scipion la surprenait autant qu'elle l'intéressait. Il lui avait montré un simple bout de tissu pourtant, mais ce n'était pas ça qui l'avait interpellée, pas du tout même. Scipion avait avoué être capable de disparaître, et ça, ça n'avait pas de prix. S'il était capable de s'auto évincer, alors non seulement, elle n'aurait pas à trouver une technique spéciale pour être sûre de ne pas être repérée si elle décidait tout simplement de le supprimer, mais en plus, elle pourrait être libre, totalement libre de dire à Sarah qu'elle n'avait absolument rien fait, sans éprouver la moindre culpabilité. Son seul tort aurait été de souhaiter ardemment que ça se produise, et elle était persuadée que ça ne l'empêcherait pas de soutenir sa meilleure amie du mieux qu'elle pouvait. Pouvoir se réjouir intérieurement lui suffisait, elle avait rêvé ce moment tellement de fois qu'elle pouvait presque savoir au mot près ce qu'elle dirait à la préfète lorsqu'elle apprendrait la nouvelle.

« C'est quoi ce truc ? J'ai aucune envie de jouer à cache-cache. »

Scarlett pointa du doigt le sac-à-dos du jeune homme. Elle ne voyait pas en quoi se cacher sous une couverture pouvait l'aider à disparaître, ils n'étaient pas en maternelle, elle avait largement passé l'âge de jouer à ce genre de jeu puéril. Franchement, elle se demandait à quoi Scipion pouvait bien penser en venant la voir, elle s'attendait à ce qu'elle ait une argumentation bien rodée, ce qui n'était visiblement pas le cas, sauf que la rouge et or n'avait aucunement l'intention de céder dans ses conditions, et elle espérait qu'il en état bien conscient, parce que là, il perdait son temps.

" Oh, comme je suis touché devant de si bonnes intentions, j'en ai la larme à l'œil. Pas plus étonnée que moi… J'ai dû frapper à la mauvaise porte, on dirait bien que ce rôle de préfète te ramollît. Je cherchais la garce que tu es, et il semblerait que je sois tombé sur le défenseur de la veuve et de l'orphelin, c'est embêtant. "

Mais qu’est-ce qu’il pouvait être agaçant quand il s’y mettait. Il la titillait sur sa supposée relation avec Sasha, bien qu’il ait totalement tort puisque la jeune fille ne lui avait pas encore donné le moindre signe de vie, et voilà que maintenant il s’attaquait à son nouveau rôle de préfète. La rouge et or se savait très effacée à ce niveau-là, elle se fichait éperdument des pouvoirs qu’on lui avait octroyé, si ce n’était celui de pouvoir utiliser la salle de bain des préfets. Elle n’avait jamais demandé à représenter l’autorité, considérant que son rôle au sein du château lui suffisait amplement, sans avoir été poussée par la direction de l’école, elle parvenait à faire respecter son avis et ses idées, même si ça façon de faire était certainement moins règlementaire que la bête heure de retenue. Il était plus amusant et intéressant de jouer sur la corde psychologique de chacun pour réussir à le faire craquer plutôt que de dégainer les points en moins. Le rouge et or avait vraisemblablement du mal à le comprendre et elle n’avait pas la moindre intention de gaspiller sa salive pour le lui expliquer.

« La jalousie ne te va pas au teint, mon cher Scipion. »

Après tout, n’était-ce pas ce qu’il était en train de lui faire comprendre ? Il était tout simplement dégouté de ne pas pouvoir agir en toute impunité selon son bon plaisir, simplement parce qu’il n’avait pas eu ce poste tant convoité alors qu’elle, la fille qui se fichait éperdument de ce rôle, l’avait obtenu sans lever le petit doigt. En plus, même si ce n’était pas le cas, la rouge et or aurait presque donné sa main à couper que ce genre de remarque allait l’agacer. Scipion avait toujours été d’un égocentrisme rare, elle ne se souvenait pas avoir rencontré quelqu’un qui soit aussi obsédé par sa propre personne, mis à part peut-être elle-même, mais c’était bien normal elle surpassait de loin le commun des mortels ce qui était loin d’être le cas du jeune homme. Scarlett savait pertinemment qu’elle se trouvait en face d’un manipulateur capable de dissimuler ses émotions, mais elle espérait que son énervement le trahirait, lui permettant alors de jubiler pendant quelques précieuses secondes.

" A ton avis ? Tu as déjà les mains trempées dans cette affaire, souviens-toi. Cela te sera aussi profitable à toi qu'à moi, d'autant plus que nos objectifs diffèrent tout à fait. Tu répands autant de rumeurs que tu le désires de ton côté, et je m'occupe de mes oignons. D'autant plus que rares sont ceux qui sont autant dépourvus de sens moral. "

Elle ne l’admettrait jamais, mais le dernier compliment du jeune homme flattait son égo et faisait flancher par la même occasion les bonnes résolutions qu’elle avait prises au sujet du rouge et or. Ne plus l’approcher, ne plus lui adresser la parole, rester loin de tout ce qui pouvait les conduire à s’allier quelle que soit la cause qu’il veuille défendre. Maintenant, elle n’avait plus autant de réticences. Scipion était l’une des rares personnes qui savait véritablement qui elle était. Aux autres, elle montrait soit la fille facile prête à tout pour mettre n’importe qui dans on lit, soit la petite fille naïve et fragile, désireuse de satisfaire ses professeurs en toute circonstances. Mais Scipion, tout comme sa meilleure amie ne s’était pas laissé berner par ses comédies plus ou moins bien joué, et elle appréciait pouvoir jouer dans la cour des grands. Mais évidemment, ça ne rattrapait en rien les erreurs de Scipion et s’il croyait que le simple souvenir des moments agréables qu’ils avaient pu vivre ensemble allait la faire craquer, il se mettait le doigt dans l’œil, voire même deux.

« Profitable, je n’en suis pas certaine, je n’ai jamais eu besoin de qui que ce soit pour mener à bien mes projets, contrairement à d’autres. » Répondit-elle simplement. « Et dois-je te rappeler que la dernière fois que tu as tenté quelque chose dans cette histoire, tu as tout fait lamentablement planter ? Quand on débute, il faut savoir s’écraser. »

Il était peut-être passé maitre dans l’art de faire des coups en douce mais pour ce qui était de réussir à manipuler les gens avec de simples mots, il était vraiment très nul, voire même le plus nul. Scarlett ne s’était pas attendue à tomber sur un garçon aussi socialement inapte, et pourtant… A croire que le monde entier avait décidé un beau jour de se retourner contre elle pour lui rendre la vie impossible. Avant, tout était très simple pour elle, la rouge et or gérait son temps comme elle l’entendait, faisant certainement plus de mal que de bien autour d’elle, mais sans avoir de comptes à rendre à personne ce qui lui convenait très bien. Ensuite, elle avait rencontré Sarah et avait commencé à développer des sentiments comme tout autre humain normalement constitué. Elle adorait sa meilleure amie et ne regrettait pas de l’avoir connue et de l’avoir aimé presque plus que sa propre famille, ou que sa mère parce que pour ce qui était du reste, ce n’était pas bien compliqué. Seulement, elle aurait aimé être toujours aussi imperméable à ce qu’il pouvait se passer autour d’elle, et malheureusement ce n’était plus le cas depuis un moment.

" Oh, ma pauvre Scarlett, il semblerait que tu sois un cas désespéré. Ce truc, c'est une cape d'invisibilité. Et tu n'as aucune idée de l'étendue des options qu'elle met à notre disposition. "

Une cape d’invisibilité ? Ce truc miteux ? Dans les contes pour enfant qu’elle avait entendu pendant ses courtes visites chez son père, ça semblait être beaucoup plus glamour que ça  en avait l’air. En tout cas, elle pouvait en être sûre, il y avait un complot contre elle, ça ne pouvait pas être possible autrement… La jeune fille se souvenait avoir prié pendant des jours entiers pour que le gryffondor disparaisse, mais elle n’avait pas du tout imaginé que ce serait de cette façon-là, pas du tout. Elle voulait qu’il s’en aille loin, qu’il décide d’un seul coup qu’il n’était pas fait pour les études, quitte le château, aille voyager à l’autre bout du monde, rencontre un phoque et se prenne d’affection pour lui à tel point qu’il ne souhaite jamais retourner en Angleterre. C’était sans doute un peu tiré par les cheveux, mais Scarlett trouvait que cet avenir convenait particulièrement bien au rouge et or, aussi était-elle loin d’imaginer que ce soit totalement impossible. Il était si peu intéressé par les humains en règle générale que seul un animal pourrait réussir un jour à capter son attention, ce n’était peut-être pas très gentil pour Sarah, mais de toute façon, elle trouvait que la poufsouffle avait tort de ce côté-là, et elle ne s’en cachait pas.

« Etonnamment, je ne pensais pas que mes prières seraient exhaussées de cette façon-là, mais j’imagine que c’est mieux que rien. » Rétorqua-t-elle froidement. « Je vais t’aider, non pas parce que ça me fait plaisir mais je n’ai pas envie de t’avoir toute la journée dans mes pattes. Tu me devras un service, tâche de ne pas l’oublier. »

Elle capitulait vite, beaucoup trop vite, mais le rouge et or avait beau être le dernier des imbéciles, il n’en était pas moins dangereux et elle savait qu’il ne valait mieux pas se mettre en travers de sa route, sous peine de lourdes représailles. Elle avait déjà essayé de le faire une ou deux fois et ça s’était toujours retourné contre elle. Il voulait son aide ? Très bien, elle allait la lui donner, si ça pouvait garantir sa tranquillité, elle lui aurait même décroché la lune, mais ça, mieux valait qu’il continue à l’ignorer.

Cette conversation était longue, interminable même et sans aucun intérêt. Scipion ne l’appréciait visiblement pas beaucoup et elle le lui rendait bien. Jamais elle n’avait pu imaginer qu’ils soient encore confrontés l’un à l’autre alors que depuis le début de l’année, ils restaient à une distance règlementaire l’un de l’autre. En même temps, elle ne pouvait même pas se demander ce qu’il avait bien pu lui passer par la tête pour qu’il décide de venir lui adresser la parole, celle-ci était bien trop vide pour qu’il puisse s’y passer quoi que ce soit. Finalement, quand on y réfléchissait bien, le coming out intellectuel de Sarah rendait encore plus ridicule la relation qu’il entretenait avec sa meilleure amie. Non seulement il ne lui arrivait pas à la cheville physiquement parlant, mais comparer leur cerveau était une véritable catastrophe. Non, vraiment, la préfète méritait bien mieux que cette chose insupportable comme petit ami. Un jour, peut-être dans plusieurs mois, elle finirait par ouvrir les yeux et ce jour-là, elle serait aux premières loges pour entamer la descente aux enfers de Sélené.

" Tu m'as démasqué. Je n'arrive pas à trouver le sommeil en me disant que tu as obtenu ce poste à ma place, ça me parait tellement surréaliste, moi qui suis pourtant né avec comme destin de rétablir l'ordre et de faire régner la tranquillité dans le château en envoyant les vilains fauteurs de trouble faire des pompes chez le concierge… Voyons Scarlett, restons sérieux un instant, je te prie. Tu as juste eu de la chance que la directrice tombe sur toi en jouant ce titre à la courte-paille, et, sincèrement, je te le laisse volontiers. "

Un léger sourire s’étira sur le visage de la jeune fille pendant une fraction de seconde, à la suite duquel elle reprit son expression neutre, cherchant à montrer au rouge et or toute l’indifférence et le mépris qu’elle éprouvait à son égard. Si seulement il avait pu disparaitre, maintenant, tout de suite, elle aurait été la plus heureuse des gryffondors, mais malheureusement, elle avait appris depuis bien longtemps et à ses dépens que les vœux ne s’exhaussaient pas ou en tout cas, pas de la manière dont elle l’aurait souhaité. Bien sûr, Scarlett avait appris à faire avec, mais elle ne pouvait s’empêcher de détester toutes les histoires de puits à vœux, de réalisations de souhaits ou tous ces trucs débiles qui ne lui arrivaient jamais. Tout le monde se mettait à y croire généralement et elle trouvait insupportable que deux ou trois privilégiés aient la chance de voir leurs rêves se réaliser sans même bouger le petit doigts alors qu’elle-même faisait tout pour être maitresse de son destin et ne pas se voir quitter le chemin qu’elle s’était imposée de suivre. Contrairement à ce qu’on pouvait croire, ce n’était pas tous les jours faciles d’être la fille la plus merveilleuse de Poudlard et elles efforts qu’elle avait à fournir étaient nombreux. Il était invraisemblable qu’on puisse venir marcher sur son territoire de la sorte et la rouge et or veillait à ce que ça n’arrive jamais.

« Ou alors, j’étais simplement leur meilleur choix, quand on voit ce qu’il reste chez les rouges or, je ne peux que les comprendre. » Déclara la jeune fille avec sincérité. « Mais faut pas pleurer, un jour peut-être tu auras une place importante. Enfin, dans une autre vie, certainement. »

La jeune fille n’était pas une fervente adepte de la réincarnation. Elle n’y croyait pas et ne voulait pas y croire de peur d’imaginer ce qu’elle pourrait devenir plus tard. Rien que de penser qu’elle pourrait potentiellement devenir un insecte ou un animal dégoutant ou alors, au contraire, qu’elle avait pu déjà en être un, la répugnait. Il y avait de beaux animaux, comme son chat, Miss Kitty, mais ils étaient tout de même assez rare et elle avait eu la chance d’être belle dans une de ses vies déjà, elle n’espérait pas avoir cette chance une deuxième fois. Donc non, la réincarnation, ce n’était pas pour elle, mais en revanche, elle pouvait être vraiment bénéfique pour quelqu’un comme Scipion qui avait peu de chance de tomber plus bas qu’il ne l’était déjà. Enfin, de toute façon, ça ne changeait pas son problème du jour. Qu’il pense ou non, qu’elle méritait son insigne de préfète l’importait peu, elle l’avait et pouvait s’en servir à sa guise, c’était le principal. Malheureusement, elle ne pouvait pas l’utiliser pour faire renvoyer le jeune homme et ça, c’était une grosse lacune qu’il faudrait soumettre à la direction avant de partir. Les élèves étaient les plus aptes à jugés leurs congénères et donc à savoir qui avait sa place dans l’école ou non, mais bien sûr, elle était la seule élève assez intelligente pour faire ce constat qui pourtant, sautait aux yeux.

" Très bien, on verra pour les modalités de ce service une fois qu'on en aura fini. Aux alentours de 22 heures, tout le monde devrait se trouver dans les dortoirs, tu pourras donc m'ouvrir étant donné que je serais déjà sous cape. On se retrouve tout à l'heure. "

Mais qu’est-ce qu’il pouvait être bête. Pourquoi voulait-il venir justement à un moment où Sasha risquait de se trouver dans son dortoir ? Aussi tard le soir, il y avait fort à parier que Sarah mais aussi leur victime d’un soir se trouveraient là ce qui allait contrarier fortement les plans du jeune homme. Seulement, Scarlett n’avait pas du tout l’intention de le lui faire remarquer. Tout ce qui l’intéressait dans cette histoire était le service qu’il lui devrait et elle avait déjà une petite idée de la façon dont elle allait pouvoir le mettre en place. S’il arrivait et qu’il se rendait compte que son idée était totalement foireuse, ce n’était vraiment pas son problème, elle n’avait aucunement l’intention de faire plus que ce qu’il lui avait demandé. Après tout, il lui avait simplement fait comprendre qu’il avait besoin de quelqu’un pour lui ouvrir la porte du dortoir, tout simplement et non pas d’une alliée dans sa mission. Si ça avait été ça, il aurait eu beaucoup plus de mal à convaincre la rouge et or. Non pas qu’aller trifouiller dans les affaires de Sasha la dérangeait plus que ça, mais c’était un travail de larbin et quand il fallait faire le sale boulot, elle s’arrangeait généralement pour que ce ne soit pas elle de s’en charger. Scipion ferait très bien ça tout seul comme un grand, elle en était persuadée.

« Parfait. A ce soir. »

Sur ces bonnes paroles, la rouge et or tourna les talons et traversa le couloir sans accorder un seul regard au jeune homme. Cette journée commençait décidément de la pire des façons, savoir qu’elle allait devoir passer l’intégralité de sa soirée avec Scipion, alors qu’elle avait prévu de se faire un masque à l’avocat pour rendre sa peau plus douce, ne l’enthousiasmait que très moyennement. Mais bon, ce n’était qu’un mauvais moment à passer, et après, elle pourrait se servir de lui comme d’une marionnette.

La rouge et or soupira en s’éloignant, pas forcément heureuse d’avoir fait une telle rencontre. D’accord, elle avait accepté pour un service à rendre, mais elle n’avait aucun service à lui demander, ou en tout cas, pas pour le moment. Elle n’imaginait pas une seule seconde qu’elle puisse avoir envie de rester en contact avec lui après la fin de leur scolarité, aussi devait-elle se bouger pour trouver une idée lumineuse à mettre en place pour l’obliger à lui rendre service avant qu’ils ne se séparent pour de bon. Il n’était pas dans l’intérêt de Scarlett de lui autoriser un service gratuit et surtout pas à ce rouge et or en particulier. Elle voulait l’enquiquiner, le balader, lui faire mordre la poussière et ce n’était pas en l’aidant du mieux qu’elle pouvait qu’elle y parviendrait, elle en avait totalement conscience, autant dire qu’elle était très mal partie pour le mettre au tapis, et c’était bien malheureux.

Le reste de la journée ne se passa donc pas au mieux, les cours s’enchainant à une vitesse relative, alors qu’elle n’avait même pas le courage de dissimuler son vernis sous la table pour se peinturlurer les ongles. Elle écouta d’une oreille distraite Isis au diner qui semblait prendre un plaisir manifeste à lui raconter les derniers potins, et n’esquissa qu’un pâle sourire lorsqu’elle réussit on ne pouvait plus brillamment, à faire pleurer une élève en critiquant sa jupe, même si elle devait bien reconnaitre que celle-ci était particulièrement immonde. Non, vraiment, ça ne passait pas. La pilule Scipion lui avait toujours semblé particulièrement indigeste, mais là, c’était pire que tout. D’accord, niveau régime, c’était plus que parfait, mais en dehors de ça, elle était très loin d’apprécier le retour du rouge et or dans sa vie, et commençait de plus en plus à douter d’avoir fait le bon choix. De retour dans son dortoir, ou plutôt, dans son dortoir de substitution, elle s’affala sur son lit, absolument pas motivée à l’idée de devoir bientôt redescendre chercher le jeune homme. Et si elle abandonnait, tout simplement ? La gryffondor savait que ce n’était pas l’idée la plus lumineuse qu’elle puisse à voir, il n’était peut-être pas le garçon le plus intelligent du château mais lorsqu’il s’agissait des vengeances ou ce genre de choses débiles destinées à pourrir l’existence de sa victime, il était plutôt doué, aussi préférait-elle reste bien loin d’un éventuel scandale, surtout à quelques mois de quitter définitivement l’école, auréolée d’une gloire éternelle. Non, elle devait tenir ses engagements, elle n’avait pas le choix.

A quelques minutes de l’heure fatidique, la jeune fille eut tout de même une brillante idée. Certes, elle ne pouvait pas trahir sa promesse, mais rien ne l’obligeait à être ponctuelle, souriante, agréable et à montrer de la bonne volonté dans quelque chose qui la désintéressait au plus haut point. Ravie de cette constatation, elle fit un détour par sa trousse de maquillage, passant de longues et interminables minutes à se refaire une beauté devant son miroir. De peur que Scipion soit lui aussi en retard, elle laissa volontairement passer l’heure d’une bonne dizaine de minutes avant de se décider à sortir de son dortoir avec une nonchalance exagérée. Il y avait encore pas mal d’élèves dans la salle commune, mais pas de trace de Sarah ni de Sasha, elle regrettait d’ailleurs que les deux poufsouffles ne soient pas resté dans leur dortoir ce soir, ça aurait été beaucoup plus drôle de voir le jeune homme démasqué en deux secondes, son plant étant, il fallait bien le reconnaitre, plus que totalement foireux. Tant pis, elle n’aurait pas l’occasion de rire aux éclats, mais elle s’amusait follement de son incapacité totale à se montrer serviable pour le coup. Une fois la porte de la salle commune refermée derrière elle, la rouge et or se retrouva confrontée à un silence pesant. Il n’y avait personne dans le couloir, pas âme qui vive, si ce n’était, peut-être, le rouge et or, dissimulé derrière sa fameuse cape. Elle se racla la gorge avant de parler, un peu hésitante, il n’était pas évident de discuter dans le vide alors qu’il ne semblait y avoir personne pour entendre ce qu’elle avait à dire. Cependant, elle finit tout de même par se lancer, consciente de passer pour une véritable dingue auprès d’un éventuel élève qui passerait par-là.

« C’est trop grillé si je rentre tout de suite, je vais faire, un tour, je reviens. Qui m’aime me suive. »

Au moins, elle était presque sûre qu’il resterait bien gentiment à côté de la porte à attendre qu’elle revienne, ou sinon, elle avait un certain nombre de questions à se poser. La jeune fille s’éloigna donc rapidement d’un pas guilleret, pris un malin plaisir à aller jusqu’à la grande salle, avant de prendre le chemin du retour. Lorsqu’elle pénétra dans la salle commune, elle reprit un peu son sérieux, faisant bien attention à ouvrir la porte assez grand pour que Scipion ait la place de passer sans se la prendre en pleine tronche. Quelle gentille attention… Sans se retourner et en essayant de garder l’air le plus naturel possible, la jeune fille prit la direction du dortoir. Elle put enfin respirer lorsqu’elle se retrouva dans la pièce qu’elle partageait avec Sasha et Sarah. Elle avait beau ne pas se sentir du tout responsable de cette opération foireuse, la rouge et or avait bien conscience que tout pourrait lui retomber facilement dessus si jamais quelqu’un découvrait ce qu’ils avaient préparé. Il était donc obligatoire qu’elle ne se fasse pas prendre, sa merveilleuse réputation en dépendait.

« Par contre, tu te dépêches, hein, on n’a pas toute la nuit. »

Si elle devait le virer de la pièce à coups de pied, ça ne la dérangeait absolument pas, enfin, à part qu’elle avait de toutes nouvelles chaussures qu’elle ne voulait pas abimer, mais il était hors de question qu’il passe sa vie dans ce dortoir. Ou alors, enfermé dans une armoire, ça pouvait être franchement pas mal aussi, mais malheureusement, ceci resterait à l'état de doux rêve inaccessible, enfin, pour le moment...

Le membre 'Scipion N. Sélené' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 1

" Ha ha, très drôle, j'en ris sous cape. Au fait, je te conseillerais de passer en dessous quand tu reviendras. Tu risques de me voir différemment maintenant. "

Mais quel gros lourdingue. Déjà qu'elle avait passé sa journée à regretter de lui avoir donné son accord, ce n'était pas pour qu'en plus, il lui donne des raisons de vouloir s'ouvrir les veines, là, tout de suite, maintenant. En plus, il en fallait beaucoup pour qu'elle en arrive à de telles extrémités. Elle se savait en tout points extraordinaire et son absence aurait l'effet d'une bombe sur l'ensemble de l'école, personne ne pouvant réellement imaginer comment une jeune fille aussi parfaite qu'elle pourrait vouloir se donner la mort. En plus, si jamais elle devait se mutiler, abîmer sa peau plus que parfaite rien que parce qu'un garçon lui avait fait vivre un véritable enfer, c'était véritablement parce qu'elle ne pourrait trouver d'autre alternative. Elle tenait plus que tout à laisser sa beauté intacte et ferait toujours tout ce qui était en son pouvoir pour la conserver. Bien entendu, elle savait que le poids des années se ferait toujours ressentir un jour ou l'autre, mais pour l'instant, elle faisait comme si elle l'ignorait, se contentant de profiter de cet âge parfait et des avantages qu'elle pouvait obtenir grâce à son physique plus que plaisant.

« Plutôt mourir. Déjà que quand tu es à des kilomètre de mois tu réussis quand même à me donner la nausée, je ne veux même pas imaginer le calvaire dans un espace confiné. »

Et comment... Elle n'osait même pas imaginer ce que serait un court trajet en ascenseur d'une trentaine de secondes en compagnie d'un tel crétin. Dans tous les magasines féminins moldus qu'elle avait pu lire, la rouge et or s'était rendue compte que c'était le genre de choses que pouvaient adorer la plupart des filles. Se retrouver avec un beau garçon dans un petit espace, surtout lorsque le dit ascenseur venait à tomber en panne. Sauf que là, pour le coup, ça la rebutait plus qu'autre chose. En revanche avec Slevin comme partenaire, ça pouvait devenir assez intéressant. Le serdaigle avait de bien nombreux atouts qu'elle apprenait à découvrir au fil du temps et elle n'aurait pas dit non à ce genre d'expérience, il aurait même été le garçon idéal pour ça. Évidemment, ce n'était pas pour autant qu'elle s'y attachait, loin de là. S'imaginer dans les bras de ce garçon plus que quelques mois ne la tentait pas du tout, elle savait qu'il n'en avait pas non plus envie et elle en était particulièrement ravie. En plus, elle n'aurait pas le même problème qu'avec Logan qui après quelques semaines, avait semblé s'intéresser plus à ses foutus match de quidditch qu'à sa fausse petite-amie, pourtant plus que merveilleuse.

" Oui oui, chef. J'arrive, de toute façon, comme d'habitude je vais en mettre plein la vue. "

Comme d'habitude ? Parce qu'il se souvenait d'un seul moment dans sa courte vie où il en avait mis plein la vue, comme il le disait si bien. Parce que dans sa mémoire, aussi courte soit-elle, les tentatives foireuses de plans de Scipion avaient toujours été des échecs et pas des moindres. Entre sa lutte contre Sarah qui avait terminé au pays des Bisounours à se faire de bisous innocents en se tenant la main et son fiasco avec Sasha, il ne pouvait passe vanter d'avoir réussi grand-chose, en tout cas, pas récemment. Si encore, il avait tenté le moindre petit truc amusant depuis qu'il était rentré à l'école pour sa deuxième septième année, elle aurait eu tout le loisir de lui mettre une heure de retenue, vengeance bien basse, mais qui lui aurait au moins donné l'illusion d'avoir fait quelque chose de son rôle de préfet. Pour l'instant, elle devait bien reconnaître qu'elle avait brillé par son absence dans la salle qui leur était attribuée. Bien sûr, elle était venue aux réunions, elle devait tout de même soigner son image auprès des professeurs, mais les patrouilles dans les couloirs ou ce genre de choses qui lui faisaient perdre des heures de sommeil ne l'enthousiasmaient pas plus que ça et elle savait pertinemment que Gabriel n'oserait jamais dénoncer son absentéisme permanent. Mais bon, l'année n'était pas encore terminée, son vœu pouvait encore se réaliser.

« Je crois que je préfère quand je ne te vois pas, mais c'est un avis personnel, hein. Malheureusement, cette cape ne t'empêche pas de dire des âneries, il y a pas un bouton pour couper le son ? » Demanda-t-elle feignant un désintérêt total pour tout ce qu'il pouvait avoir à raconter. « D'ailleurs, tu aurais mieux fait de l'ouvrir un peu moins, si quelqu'un t'a entendu en bas, ça va pas le faire du tout, j'ai aucune envie qu'on puisse me reprocher d'avoir introduit un élève dans une salle commune qui n'est même pas la mienne. »

Elle n'avait jamais eu vraiment envie de lui dire qu'une potentielle heure de retenue ou des points en moins lui faisaient peur, mais de toute façon, il ne devait pas avoir envie de se dénoncer lui-même, au risque de passer pour un véritable abruti. Et puis, si jamais il échouait une fois de plus, Sasha ne pourrait jamais résister à l'idée de venir lui rire au nez, et elle aurait bien raison. La poufsouffle ne faisait pas grand-chose pour l'empêcher de mettre son nez dans ses affaires, mais il n'était tout de même pas capable de mener à bien son projet, mais quel nul. De toute façon, il était hors de question qu'elle l'aide, déjà parce qu'elle tenait toujours un peu à l'amitié de la jeune fille et qu'en plus, c'était Scipion et elle préférait se tenir à ses engagement plutôt que faire du zèle. Le contrat stipulait qu'elle devait lui ouvrir la salle commune, mais absolument pas l'aider à réussir et très franchement, elle préférait de loin qu'il échoue. Elle se raccrochait à l'idée qu'il lui serait bientôt possible de lui demander de faire quelque chose pour elle sans qu'il puisse s'y opposer, ça l'aidait légèrement à faire passer la pilule, bien qu'elle soit consciente que cette soirée allait être particulièrement difficile à digérer.

" Voilà, je crois que c'est le lit de notre dérangée mentale préférée. Je ne nomme personne, suivez mon regard… ah non, c'est vrai, vous ne pouvez pas. "

Dérangée mentale, quel magnifique qualificatif, il n'était franchement pas beaucoup mieux. Pour vouloir se cacher sous une cape qu'il avait trouvé, mieux valait ne pas savoir où, et aller dans le dortoir d'une fille qu'il connaissait à peine, il fallait avoir un sérieux grain. Et qu'espérait-il trouver en plus, sa taille de soutien-gorge ? Dans ce cas, elle aurait peut-être pu la lui donner sans qu'il ait à venir jusqu'ici et puis de toute façon, elle ne voyait pas du tout en quoi ce genre de choses pourrait l'avancer. Au pire, il pourrait toujours la menacer de la révéler à l'école toute entière, mais elle doutait fortement que la poufsouffle puisse s'en formaliser plus que ça. Mais connaissant un minimum Sasha, elle ne devait pas avoir gardé beaucoup d'affaires dans son dortoir, considérant qu'elle et Sarah ne pouvaient pas se blairer. Elle avait sans doute pris ses précautions, dissimulant tous ses noirs secrets à l'abri des regards et surtout de sa commère de camarade de chambre qui ne se serait probablement pas gênée pour révéler sa vie privée à l'ensemble de l'école par simple satisfaction personnelle. Alors si Scipion croyait pouvoir trouver quelque chose ici, il avait probablement tort, mais elle préférait le laisser le découvrir par lui-même.

« Mais qu'est-ce que tu peux être lourd, et franchement tes blagues pourries ne font rire que toi. Si je suis là, c'est simplement pour le service que tu auras à me rendre, ne crois pas que ça m'enchante alors si tu pouvais juste la fermer et t'activer, ça serait parfait. »

Cette soirée allait être infiniment longue s'il continuait à lui parler plus qu'il ne cherchait et c'était bien partie pour aller dans ce sens. Elle avait eu de la chance dans son malheur, il n'avait pas semblé vouloir mentionné le nom de Sarah et elle lui en était presque reconnaissante. Elle avait déjà eu du mal à abandonner cette petite guerre même en sachant pertinemment qu'elle l'avait perdue, ce n'était pas pour l'entendre jubiler sur des triomphes passés. La tournure des événements lui paraissait encore incertaine pour le moment, mais elle n'avait pas franchement hâte de savoir de quoi elle serait vraiment faite.