« Non mais vous vous rendez compte ! Mon propre frère, il m'a trahie ! »

Rhiannon s'époumonait de la sorte depuis déjà de très longues secondes, devant ses deux amies qu'elle avait réuni pour l'occasion. En début de matinée, alors qu'elle allait gentiment se chercher son petit-déjeuner dans la grande salle, elle avait entendu deux pipelettes prononcer son nom de famille. Bien évidemment, elle avait tout de suite tendu l'oreille, pour ne pas perdre une miette de la fausse rumeur qui allait circuler. Sauf que ce qu'elle avait entendu lui avait glacé le sang. Elian, son Elian, le garçon à qui elle tenait le plus au monde, venait de commencer à sortir avec Naïa Rosenberg. Que son grand-frère tombe amoureux ne lui posait en théorie pas le moindre problème, mais là c'était différent. Il était avec la fille qui avait gâché toute son existence, qui faisait de sa vie un enfer depuis qu'elle était enfant, il n'avait absolument pas le droit de lui faire une chose pareille. La serpentard était donc passé par tous les stades possibles et imaginables durant la matinée. Elle avait commencé par exprimer toute sa colère en massacrant littéralement la pauvre tasse qu'elle était censée métamorphoser en cours, puis elle avait continué avec la tristesse, imaginant qu'il lui fallait baisser les bras, enfin elle avait imaginé sa vengeance en inventant tous les moyens de tortures possibles et imaginables pour éliminer de sa vie cette horrible, affreuse et manipulatrice garce. A l'heure du déjeuner, Rhiannon avait regardé son assiette de légume comme s'ils allaient lui donner une réponse à toutes ses questions, puis, n'y tenant plus, elle avait foncé à la volière. Il fallait qu'elle prévienne ses deux supers copines et qu'elle leur annonce la terrible nouvelle qui venait de la frapper de plein fouet, si toutefois elles n'en avaient pas encore eu connaissance. Elle leur avait donc donné rendez-vous au parc, près de l'arbre où elle se retrouvait durant les beaux jours d'été. Il faisait un froid de canard, mais la serpentard voulait pouvoir donner libre court à sa colère, et elle espérait que ses deux super copines comprendraient.

« Elian Wallace et Naïa Rosenberg, heureux et amoureux ! » Hurla-t-elle de plus belle comme si ses amies n'avaient pas bien saisi sa première vague de colère. « Non, mais je rêve ! »

Ses amies savaient à quel point son déménagement avait été difficile. Glasgow n'était pas du tout faite pour elle, Rhiannon avait toujours voulu retourner à ses racines, revoir ses amis, sa vie qu'elle aimait tant. Mais non, ses parents trouvaient qu'être proche des Rosenberg était un plus indéniable, ils voulaient avoir leurs amis à leurs côtés et ne pensaient absolument pas à leur fille. Et pourquoi ce n'était pas eux qui avaient déménagé d'abord ? En plus, Naïa, Seth et Elian rentraient tous les trois à Poudlard à ce moment-là, ils n'en auraient eu rien à faire de leurs copains, de leur école et de tout ce qui comptait tant à ses yeux. Alors qu'elle avait dû se réintégrer dans une autre école primaire, que s'intégrer n'avait pas été très facile et qu'elle n'avait jamais retrouvé sa vie merveilleuse d'avant. Enfin, maintenant qu'elle était à Poudlard, les choses étaient nettement différentes. Elle avait rencontré Aldreda et Hailey et elles étaient toutes les trois devenues inséparables. Elle avait presque l'impression d'avoir retrouvé tout le bonheur que ses parents et son frangin lui avait arraché. Cependant, même maintenant que sa vie était de nouveau reconstruite, elle ne supportait pas de se retrouver en présence des Rosenberg. Elle les haïssait tellement fort qu'elle avait l'impression que c'était écrit sur son visage lorsqu'elle était en présence de l'un ou de l'autre. En plus, cette imbécile de vipère avait atterri dans sa maison... Sa seule consolation était de voir qu'Aldreda aussi était parmi les verts et argents ce qui lui permettait d'avoir un réel soutien. Seulement, elle ne pouvait pas se permettre de laisser sa colère éclater devant la principale intéressée, elle avait bien trop peur de la réaction d'Elian. Et s'il décidait d'arrêter de lui parler pour ce qu'elle avait fait ? Elle ne supporterait pas de perdre le serdaigle maintenant qu'ils étaient enfin réunis. Heureusement, elle savait qu'elle pouvait compter sur ses deux meilleures amies pour trouver une solution à son problème, ou du moins, elle l'espérait.

« Cette espèce de garce répugnante et sans cœur ! Je n'arrive pas à croire qu'il soit tombé dans ses filets, mais quel pauvre crétin ! Il croit peut-être qu'elle l'aime ? Mais c'est n'importe quoi ! Tout ce qu'elle aime, c'est faire souffrir les autres, comme moi, je suis sûre qu'elle a jubilé quand j'ai dû partir. Je la déteste, je la déteste, je la déteste. » Hurla-t-elle en tapant du pied avant de se calmer un petit peu. « D'après vous, je fais quoi ? »

Sa colère s'était estompée aussi vite qu'elle était arrivée, et elle restait tremblante, encore sous le choc de ses propres paroles. Elle s'était peut-être emportée, d'autant plus que ses deux amies ne détestaient peut-être pas autant qu'elle la Rosenberg. Toutefois, elle espérait bien pouvoir compter sur leur soutien. Après tout, elles étaient comme les trois mousquetaires ou les doigts d'une main, quelles que soient les épreuves à traverser, elles resteraient soudées. Rhiannon idéalisait peut-être leur amitié, mais elle n'en avait pas conscience. Tout ce qu'elle voyait, c'était des liens extrêmement solide qui ne pourraient jamais être brisés. Jusqu'ici, rien ni personne ne lui avait jamais donné tort, et elle touchait du bois pour que ça n'arrive jamais. Certes, il y avait eu quelques disputes, mais rien qui n'aurait pu mettre en péril ce qu'elles avaient construit, et même si ça ne faisait que deux ans, la vipère avait bien l'impression d'avoir trouvé ses amies pour la vie. Pour une fois, la serpentard se fichait d'être nunuche, ou cucul, tout ce qu'elle voulait, c'était que les deux jeunes filles qui l'accompagnaient se mettent à dire du mal de Naïa pour la soulager, elle voulait pouvoir se moquer d'elle avec elles et de réussir à rire de cette grotesque situation qu'elle vivait si mal. Elle savait qu'elle avait beaucoup d'influence sur Elian, mais jamais il ne renoncerait à la fille qu'il aimait pour lui faire plaisir, il préférerait certainement bouder pendant un moment avant de lui demander de changer d'avis, ce qu'elle serait obligée de faire pour le conserver. La vie était injuste.

« Je suis désolée, vous êtes hyper sympa et moi je vous hurle dessus comme si vous aviez fait quelque chose de mal. » Déclara-t-elle penaude. « Vous allez bien sinon ? »

Elles avaient beau se voir relativement souvent, Rhiannon avait l'impression de les avoir perdu de vue depuis des mois. Elles avaient l'habitude de se raconter toutes leurs journées ou presque dans le détail, alors forcément, lorsqu'elle en loupait une, la vipère avait la désagréable impression de s'être franchement éloignée de ses deux amies et elle n'aimait vraiment pas ça.

« Non mais vous vous rendez compte ! Mon propre frère, il m'a trahie ! »

Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que Rhiannon ait envie de sortir prendre l’air dans le parc ? Quelle idée stupide ! Est-ce qu’elle était au courant qu’on se les gelait ici ? Je n’arrivais même pas à comprendre pourquoi elle hurlait depuis tout à l’heure. Une histoire de frère si j’avais bien compris.

« Elian Wallace et Naïa Rosenberg, heureux et amoureux ! Non, mais je rêve ! »

Bon, vu la situation, il fallait peut-être que je me mette à l’écouter un peu plus sérieusement parce que je sentais qu’elle allait nous demander conseil à Hailey et à moi. Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Elian et Naïa en couple ? Oui, jusque-là, rien de nouveaux, les commères avaient déjà tout raconté il y a quelques jours. Ou heure, peu importe, ça ne changeait pas grand-chose de toute façon, les rumeurs se répandaient comme une trainée de poudre ici. Plus vite que la lumière, du jamais vu. Mais une chose était nouvelle par contre. Si ma mémoire ne me faisait pas défaut, contrairement à mon corps qui se glaçait sur place à cause du vent, Rhiannon avait l’impression que son frère l’avait… trahie ? Non, ce n’était pas possible. Elian, son frère, celui qu’elle considère limite comme un dieu. J’avais dû mal entendre. Je me tournai vers Hailey pour voir sa réaction mais je ne savais pas trop comment interpréter ses mimiques. Je choisis de penser que j’avais bien entendu même si Hailey ne fit aucune remarque.

« Tu vas un peu loin, tu ne crois pas ? C’est quand même ton frère. »

Normalement c’était plutôt elle la voix de la sagesse. Ou Rhiannon, mais pas moi. Donner des conseils et tout ça, c’est vraiment pas mon truc. Et devoir me mettre à la place d’un conseiller n’était pas aisé du tout. La preuve en image ! Surtout que ça n’arrêtait pas vraiment Rhiannon. Elle continuait sa séquence coup de gueule pour mon plus grand malheur.

« Cette espèce de garce répugnante et sans cœur ! Je n'arrive pas à croire qu'il soit tombé dans ses filets, mais quel pauvre crétin ! Il croit peut-être qu'elle l'aime ? Mais c'est n'importe quoi ! Tout ce qu'elle aime, c'est faire souffrir les autres, comme moi, je suis sûre qu'elle a jubilé quand j'ai dû partir. Je la déteste, je la déteste, je la déteste. D'après vous, je fais quoi ? »

C’était bien possible qu’elle n’ait pas froid, vu comment elle s’époumonait depuis quelques minutes, mais elle devrait peut-être penser à Hailey et moi. Et si elle ne savait pas qui c’était, il fallait peut-être lui rappeler qu’elle ne voudrait peut-être pas voir ses deux meilleures amies se transformer en glaçon. Puisqu’Hailey semblait avoir gelée plus vite que moi et être dénuée de voix – pour une fois – je pris encore une fois l’initiative. Mais j’espérais qu’Hailey ne s’habitue pas à cette situation, je refusais de e retrouver obligé de jouer les conseillères pendant les trois prochaines années.

« Je ne connais pas vraiment Naïa, mais ça m’a l’air un peu exagéré ce que tu dis d’elle. » Commençai-je avec une petite voix. « Bon… c’est vrai que les rumeurs ne sont pas très sympas avec elle, et j’espère vraiment pour toi et ton frère qu’elles se trompent. Mais tu sais Rhiannon, tout le monde change. Et peut-être que ton frère la rend meilleure, qui sait ? »

J’avais vraiment l’impression d’être une idiote là, à parler comme une psychomage ou pire… comme Dumbledore. Enfin, plutôt comme je me l’imaginais dans ma tête. Parce que malheureusement je n’avais pas eu l’immense chance de l’avoir comme prof ou directeur. Quoi que je n’étais pas sûr que ce soit malheureusement. D’un côté, si, j’étais obligé de me coltiner McGo, mais de l’autre, je me dis que ce serait pire si je l’avais comme prof.

« Je pense que la première chose que tu devrais faire, c’est te calmer, et laisser tes émotions décanter un peu. Puis aller parler à ton frère quand tu verras clair dans tout ce que tu ressens. »

Dites-moi une chose. Pourquoi est-ce que je m’entêtai à essayer de la raisonner ? La connaissant, elle n’allait certainement pas m’écouter – tout du moins pas tout de suite – mais au contraire me dire que je ne comprenais rien, ou quelque chose comme ça.

« Je suis désolée, vous êtes hyper sympa et moi je vous hurle dessus comme si vous aviez fait quelque chose de mal. Vous allez bien sinon ? »

Ou pas… D’aussi loin que je me souvienne, je n’avais jamais vu Rhiannon baisser les bras, ou abandonner une cause qui lui est chère. Rien qu’à voir la fougue qu’elle met dans sa cause pour soutenir la nature et ses composants. Bon… ce n’était pas la même chose, là. Elle parlait quand même d’une « trahison » de son frère. Je ne voyais pas trop en quoi. Il était libre de sortir avec qui il voulait, après tout, si ça devait ne pas marcher, ce ne serait pas à Rhiannon de recoller les morceaux de son cœur, mais bien à lui. Alors tant qu’elle n’avait pas à subir les conséquences de ce que son frère faisait, je ne voyais pas trop en quoi ça la concernait. Surtout qu’en général, c’était plutôt les grands frères qui étaient trop protecteur avec leur petite sœur, et non pas l’inverse. Il n’y avait qu’à voir mon frère pour le comprendre. Je ne pouvais pas parler avec un garçon sans qu’il ne soit au courant et arrive dans les trente secondes pour « m’arracher des mains de ce vil maraud qui essaye de me pervertir. » D’après lui…

« Oui, ça va. J'ai eu une journée un peu fatigante, et pour la première fois de ma vie je crois, j'ai eu envie de me taire et me réfugier dans le silence total. Et vous ? »

Tiens, j’avais eu tendance à l’oublier celle-là. Il faut dire aussi que je n’avais pas l’habitude de ne pas l’entendre parler. Hailey parlait tout le temps, c’était limite son oxygène. On dirait qu’elle mourrait si elle ne parlait pas. Un peu comme Rhiannon, même si j’avais quand même l’impression que celle-ci se retenait plus. A moins que ce ne soit que parce que je la voyais moins qu’Hailey.

« On dirait que t’as pas très bien choisi le moment où tu déciderais de te taire Hailey » Me moquai-je gentiment. « Ça peut aller. Si on exclue le fait que ça caille ici. D’ailleurs, en parlant de ça et si tu as fini ta petite crise Rhiannon… on peut peut-être rentrer, non ? »

Le proverbe « l’espoir fait vivre » n’avait jamais eu autant de sens à mes yeux qu’en ce moment.

« Tu vas un peu loin, tu ne crois pas ? C’est quand même ton frère. »

Sans chercher à répondre à Aldreda, Rhiannon continua de casser du sucre sur le dos de Naïa. Elle détestait que son amie tente de se montrer un tant soit peu rationnelle. Si elle avait voulu qu'elle soit là aujourd'hui, c'était pour lui apporter son soutien, pas pour défendre la sale peste qui s'était incrustée dans sa vie. Pourtant, elle était bien placée pour savoir que la vipère était une affreuse garce, Rhiannon avait dû lui raconter en détail ce qu'il s'était passé dans sa vie à cause d'elle et elle ne comprenait franchement pas comment son amie pouvait vouloir prendre sa défense. Elle se sentait presque trahie, mais elle préférait l'ignorer et continuer à se plaindre plutôt que de provoquer une dispute avec l'une de ses meilleures amies. Elle adorait Aldreda et préférait ne pas ouvrir la porte à des conflits potentiels.

« Je ne connais pas vraiment Naïa, mais ça m’a l’air un peu exagéré ce que tu dis d’elle. Bon… c’est vrai que les rumeurs ne sont pas très sympas avec elle, et j’espère vraiment pour toi et ton frère qu’elles se trompent. Mais tu sais Rhiannon, tout le monde change. Et peut-être que ton frère la rend meilleure, qui sait ? »

Non, ce n'était absolument pas exagéré, c'était sans doute la seule personne avec qui les rumeurs ne pouvaient pas être vraiment méchantes, seulement réalistes. Rhiannon avait bien conscience qu'elle ne tolérait pas la moindre petite erreur de la part de cette fille qu'elle avait pourtant côtoyée pendant toute sa vie, mais dans sa tête, ça paraissait être tout à fait normal. Tant pis s'il était difficile pour Aldreda de le comprendre, elle n'avait pas du tout l'intention de se montrer moins méchante ou d'avoir une avis moins tranché sur la questions, elle la détestait un point c'est tout. Personne, même ses plus proches amies, ne pourraient la faire changer d'avis.

« Personne ne la rend meilleure, la moitié des garçons de l'école sont passés dans son lit. Elian en sera juste un de plus. »

Rhiannon n'avait aucunement envie de faire preuve de tolérance envers la vipère. Elle n'était pas du genre à juger trop vite, elle ne détestait presque personne, mais là, pour le coup, elle n'avait aucune envie de prendre des gants. Naïa pourrissait son existence presque depuis sa naissance, elle ne lui avait jamais laissé le moindre instant de répit. Alors forcément, lorsque Rhiannon avait quelque chose à lui reprocher, elle ne pesait pas ses mots. Ses amies auraient dû se rendre compte qu'elle n'était juste pas franchement en état de se calmer au lieu d'essayer à tout prix de la raisonner. Enfin, contrairement à Aldreda, Hailey avait eu l'air de comprendre que ce n'était pas trop le moment d'intervenir et elle lui en était vraiment très reconnaissante.

« Je pense que la première chose que tu devrais faire, c’est te calmer, et laisser tes émotions décanter un peu. Puis aller parler à ton frère quand tu verras clair dans tout ce que tu ressens. »

Là, elle avait raison, et Rhiannon acquiesça avec un léger sourire. Heureusement qu'Aldreda était là parfois, elle l'aidait même si elle commençait par l'énerver avant qu'elle parvienne à lui donner un conseil judicieux. Seulement, la vipère ne voulait pas passer pour la méchante auprès de son frère. Il était hors de question qu'elle lui avoue détester plus que tout Naïa alors qu'il semblait être heureux avec elle. Certes, Elian avait toujours été très protecteur avec elle, il était même le grand-frère idéal, mais si elle devait se montrer jalouse de sa petite amie, il s'en prendrait certainement à elle et non pas à sa crétine de copine. Rhiannon ferait tout pour que ça n'arrive pas.

« Oui, ça va. J'ai eu une journée un peu fatigante, et pour la première fois de ma vie je crois, j'ai eu envie de me taire et me réfugier dans le silence total. Et vous ? »

La vipère retrouvait un peu le sourire, Hailey était une jeune fille drôle, plutôt sympathique qui avait toujours eu le don de lui redonner le sourire. Elle se trompait peut-être en s'imaginant que la rouge et or était en permanence de bonne humeur, la preuve, elle venait de dire que sa journée ne s'était pas si bien déroulée que ça, mais elle avait toujours eu l'impression qu'Hailey était heureuse en toutes circonstances et ça lui faisait vraiment plaisir. Elle trouvait même étrange d'avoir créé une si belle amitié avec deux filles qui ne se ressemblaient pourtant pas du tout. Oh, elles avaient évidemment des points communs, mais elles n'étaient pas franchement semblable, pas du tout même. C'était sans doute ce qui les rapprochait en fin de compte, il y en avait toujours une pour réussir à canaliser les deux autres, et c'était parfois plus que nécessaire.

« Dans le silence total, toi ? Sérieux ? » Plaisanta-la jeune fille, retrouvant un minimum de sang-froid. « On aura tout entendu. »

Hailey était une fille bavarde, presque encore plus qu'elle. Bon, d'accord, aujourd'hui ce n'était pas franchement le cas, mais c'était une situation particulière. Rhiannon n'était pas du genre à monopoliser la conversation à part lorsqu'il s'agissait de parler de sa cause, sujet avec lequel elle évitait de bassiner ses meilleures amies à longueur de journée. Bien sûr, elle était contente lorsqu'elle pouvait leur annoncer une bonne nouvelle à ce sujet, mais c'était un combat qu'elle voulait livrer seule, et de toute façon, les deux quatrièmes années n'étaient probablement pas aussi impliquées qu'elle dans la défense des animaux. Chacun sa façon de voir les choses, elle ne voulait pas les obliger à se rallier à sa cause, c'était bien les seules qui avaient cette chance...

« On dirait que t’as pas très bien choisi le moment où tu déciderais de te taire Hailey. Ça peut aller. Si on exclue le fait que ça caille ici. D’ailleurs, en parlant de ça et si tu as fini ta petite crise Rhiannon… on peut peut-être rentrer, non ? »

La jeune fille ouvrit de grands yeux ronds, dévisageant Aldreda comme si elle la voyait pour la première fois. Comment pouvait-elle se montrer aussi affreuse dans une situation pareille ? Si elle avait été à sa place, Rhiannon l'aurait certainement soutenue, enfin, c'était tout du moins ce qu'elle imaginait, alors pourquoi son amie se comportait-elle de cette façon ? Peut-être pour lui faire comprendre qu'elle était simplement en train d'abuser de son temps ? C'était fort possible, mais dans ce cas, elle n'avait qu'à pas venir du tout, la vipère lui en aurait voulu, certes, mais au moins ça aurait évité une dispute qui n'allait pas tarder à éclater.

« Ma petite crise ? » Singea-t-elle de plus en plus agacée ? « C'est pas une petite crise, c'est une crise majeur et si tu n'en as rien à faire, je ne te retiens pas, tu peux rentrer. »

Elle ne comprenait pas comment Aldreda pouvait être aussi désagréable avec elle aujourd'hui. D'habitude, elle était une personne sur laquelle elle pouvait compter en toute circonstances et voilà qu'aujourd'hui, elle la traitait avec une indifférence proche du mépris. Rhiannon n'était déjà pas de très bonne humeur au début de cette journée, mais elle ne s'était pas attendue à ce que le comportement de son amie ne fasse qu'augmenter cette colère qui commençait à l'aveugler.

Spoiler:

« Personne ne la rend meilleure, la moitié des garçons de l'école sont passés dans son lit. Elian en sera juste un de plus. »

Ok… Visiblement, Rhiannon ne se calmerait pas tant qu’elle n’aurait pas évacué toute sa colère. Elle pestait contre Naïa depuis un bon bout de temps maintenant, et ce n’était pas que ça m’énervait, mais un peu quand même. Je pouvais totalement comprendre ce que ressentait Rhiannon en ce moment. Elle se sentait trahie et tout ça, et elle avait besoin d’Hailey et moi. Mais si nous n’étions là que pour l’écouter se plaindre, je n’en voyais pas grand intérêt. Elle pourrait au moins accorder un peu de valeur à ce que je disais, puisqu’Hailey avait décidé de se taire. D’ailleurs, comment elle osait me laisser seule dans cette posture ? Je n’avais nullement l’intention de me mettre Rhiannon à dos, mais il fallait bien que l’une de nous lui parle, au moins pour montrer que nous l’écoutions. Malheureusement, parler avec les autres pour les conseiller n’était pas mon point fort. En général, je préférais les assommer de question pour les énerver et les voir sortir de leurs gonds. Ça c’était drôle ! Mais parler calmement à des gens en essayant de les raisonner… Au moins, je savais déjà que je ne voudrais pas finir médicomage ou autre métier nécessitant de parler gentiment aux autres et de ne pas les juger.

« Dans le silence total, toi ? Sérieux ? On aura tout entendu. »

Sur ce point, Rhiannon avait raison. Depuis quand Hailey se taisait ? Elle parlait tout le temps, elle bougeait tout le temps. Une vraie pile électrique. Tout à l’heure, j’avais pensé qu’elle se taisait juste pour ne pas énerver Rhiannon – ce que j’aurais dû faire aussi, j’imagine – mais visiblement, il y avait une autre raison.

« Je sais, mais je ne me sens pas en forme ces derniers temps. »

Attendez, pause. Hailey, pas en forme ? Impossible ! Comme je le disais il y a quelques instants, cette fille ne tient pas en place. Toujours obligé d’en placer une quelque part, juste pour le plaisir de parler. Quand on cherchait dans un dictionnaire la définition du mot « Hailey », on tombait sur quelque chose du genre « Incapable de se taire. Synonyme : Pipelette. ». Pourquoi est-ce qu’il avait fallu qu’elle ne se sente pas bien aujourd’hui ? Est-ce que c’était une sorte de mal du pays depuis que nous étions revenu de New York ?

« Ah bon ? Qu’est-ce qui t’arrive Hailey ? »

La discussion n’était pas vraiment censée se tourner vers Hailey et son manque de parole de la journée, mais si ça pouvait empêcher Rhiannon de penser à son frère et à Naïa, je n’en voyais pas le problème au contraire. Puisque cette dernière avait fini de crier et avait enfin retrouvé un timbre de voix à peu près normal, je proposais de rentrer puisque j’étais frigorifiée. Peut-être que j’aurais dû mettre un peu plus de tact dans mon petit discours, mais le fait était que mon cerveau était presque entièrement gelé, et j’avais – légèrement – du mal à préparer ce que j’allais dire avant de le dire. Aussi, j’avais laissé parler mes cordes vocales, sans vraiment réfléchir aux conséquences de ce que j’allais dire. Mais j’aurais peut-être dû, puisque Rhiannon le prit vraiment très mal.

« Ma petite crise ? C'est pas une petite crise, c'est une crise majeur et si tu n'en as rien à faire, je ne te retiens pas, tu peux rentrer. »

J’avais vraiment dit ça ? Non mais quelle idiote ! Ce n’était pas du tout voulu, mais si je lui disais ça, Rhiannon ne me croirait pas. De toute façon, c’était fait, je pourrais m’excuser autant que je le voudrais, elle continuerait à m’en vouloir pendant un petit moment avant d’accepter de me pardonner. En même temps… C’était vrai. Elle était en pleine crise, et peu importe si elle était majeure ou mineure, c’était une crise. Et j’avais eu raison de dire cela. Et non, je n’en avais pas rien à faire, elle pouvait continuer à nous parler à l’intérieur, non ? Et si possible devant un bon thé à la menthe. Je n’eus pas vraiemnt le temps de m’expliquer qu’Hailey prit – enfin – la parole.

« Stop ! On va pas commencer à se disputer, quand même ? On ne va pas régler nos problèmes comme ça, croyez moi... »

D’accord. Si tu veux Hailey. Je devrais peut-être m’expliquer maintenant, non ? Ce serait la meilleure chose faire, là tout de suite, mais bizarrement, je n’en avais pas tellement envie que ça. Je voulais savoir ce qu’Hailey avait envie de dire. Maintenant qu’elle s’était remise à parler…

« Je veux pas jouer la rabat-joie, mais sérieusement, au risque de me répéter, c'est pas en nous disputant qu'on va arranger les choses. Je propose qu'on en parle, et Aldreda, si tu as froid, alors allons dans un endroit où le vent souffle moins, mais je trouve qu'on est plutôt tranquilles ici, et l'air frais aère les idées. Donc, à toi de voir, rentres si tu le souhaite, mais je reste. Et puis je ne me sens pas très bien, je sais pas ce qu'il se passe... »

Totalement d’accord ! De toute façon, je ne comptais pas du tout me disputer avec Rhiannon, et encore moins avec elle. Qu’est-ce que j’y gagnerais ? Me mettre à dos mes meilleures amies ? Je considérais plutôt cela comme une perte et non un gain… J’étais aussi plus que tentée par nous trouver un endroit moins exposé au vent qui soufflait quand même pas mal. Et comme il venait du nord, les rafales étaient extrêmement froides. Bien sûr qu’on était bien ici, mais le parc était grand, et j’étais sûre qu’il y avait des lieux moins… à l’air libre dans ce parc, il fallait juste en chercher un. Je n’osai plus parler de rentrer au château depuis que Rhiannon m’avait clairement fait comprendre que je pouvais disposer, mais je n’en avais aucune envie. Certes, je voulais rentrer, mais je n’étais pas égoïste au point de rentrer sans elles, et surtout de faire passer mes intérêts personnels avant mes amies. Enfin… pas en ce moment en tout cas.

« Je ne comptais pas me disputer avec vous si ça peut te rassurer Hailey. En fait, je comptais m’excuser auprès de Rhiannon. » Dis-je en regardant Hailey. Puis, me tournant vers Rhiannon, j’ajoutai : « Je suis désolée Rhiannon, j’ai pas réfléchi à ce que je disais, c’est juste que… je crève de froid, et depuis le jour où cette sale garce d’Elwana m’a poussée dans le lac, j’ai comme qui dirait de plus en plus de mal à supporter le froid. Ça me remémore toujours ce souvenir, et c’est pas agréable du tout. Je n’en ai pas du tout rien à faire de tes problèmes, t’es une de mes meilleures amies, et tes problèmes sont aussi les miens. Je suis désolée d’avoir réagi comme ça. »

En espérant avoir éviter une autre crise majeure dans la journée, je souris timidement à Rhiannon, comme si j’attendais qu’elle me pardonne pour pouvoir la prendre dans mes bras et oublier tout cela. Mais il avait encore une crise dans notre trio, et c’était Hailey. Elle n’allait pas bien, et je voulais absolument savoir pourquoi. Aussi, je me retournai vers Hailey, et lui dis :

« Tu ne sais pas du tout ce qu’il y a ? Tu… tu veux qu’on t’emmène à l’infirmerie ? »

Je n’avais aucune envie que Rhiannon pense que je veuille encore l’abandonner et que je ne pensais qu’à rentrer au château, parce que c’était totalement faux. Je me sentais relativement coupable de ne pas avoir remarqué qu’Hailey n’allait pas bien ces derniers temps, et j’essayai tant bien que mal d’agir comme une bonne amie, à l’écoute.

« J'dois vous embêter, non ? Je suis désolée, on était là pour parler du problème de Rhiannon, pas des miens... »

Euh… c’était vraiment nécessaire ? Personnellement, je trouvais que la santé d’Hailey passait avant les problèmes de cœur du frère de Rhiannon, mais après, ce n’était que mon humble avis, et les filles m’avaient déjà fait comprendre plusieurs fois qu’il fallait que je revois l’ordre de mes priorités le plus vite possible.

« Je sais, mais je ne me sens pas en forme ces derniers temps. »

Rhiannon fronça les sourcils, soudain inquiète. Elle ne comprenait pas trop ce qui pouvait bien arriver à Hailey, mais il était si rare que son amie se plaigne de quelque chose que ça l’angoissait légèrement. La rouge et or était la pile électrique du groupe, elle était encore pire que la vipère sur ce point, Rhiannon se contentant simplement de s’investir à fond dans sa cause, plus que dans de nombreux autres domaines. Alors forcément, savoir que ce n’était pas la grande forme signifiait vraiment qu’il y avait un truc pas net et elle voulait savoir ce que c’était.

« Ah bon ? Qu’est-ce qui t’arrive Hailey ? »

Au moins, elle avait l’impression de retrouver sa Aldreda, la gentille fille qui s’inquiétait toujours pour ses amis. Enfin, les autres élèves ne pensaient pas tous comme elle. Beaucoup disaient que les serpentards n’étaient pas des personnes très fiables et qu’il fallait s’en méfier comme de la peste. Sauf que Rhiannon n’avait jamais eu l’impression d’être la dernière des garces, bien au contraire et elle n’avait pas non plus l’impression qu’Aldreda rentrait dans ce moule. Elle pouvait être tellement adorable et attentionnée, rien à voir avec une vraie peste, c’était en tout cas l’avis de la jeune fille.

« T’es pas amoureuse quand même ? » Demanda-t-elle pour dédramatiser la situation.

Ca ne la faisait pas rire du tout, au contraire, mais elle voulait éviter de trop paniquer à l’idée qu’il arrive un truc vraiment grave. Elle n’était pas du genre à se moquer des problèmes des autres, bien au contraire, et même si Hailey était vraiment amoureuse, ça pouvait probablement être quand même un problème. Toujours était-il qu’elle avait hâte de savoir ce qui pouvait bien lui retirer l’envie de parler autant qu’elle le faisait d’habitude, il ne devait pas y avoir trente-six mille raisons possibles.

« Stop ! On va pas commencer à se disputer, quand même ? »

Hailey avait raison, elles ne pouvaient pas commencer à se disputer maintenant alors qu’elles venaient simplement de se retrouver. Rhiannon avait surtout envie de passer un bon moment et elle trouvait ça plutôt compréhensible compte tenu de la situation actuelle. Elle n’avait pas mis les pieds au réveillon de sa salle commune, trop déçue de ne pas avoir été envoyée à gryffondor où elle aurait pu retrouver la petite rouge et or. Elle avait cru que ce changement aurait été l’occasion de se réunir et même si elle était restée avec Aldreda, elle aurait aimé avoir ses deux meilleures amies pour une fois. Alors cet après-midi était l’occasion de se réunir et de passer un bon moment entre amies, pas de se crêper le chignon.

« On ne va pas régler nos problèmes comme ça, croyez moi... »

Encore une fois, Hailey avait raison. Au lieu de réussir à régler le problème Naïa, la petite vipère ne parvenait qu’à s’énerver davantage, s’époumonant à la fois contre son ennemie et contre ses propres amies. Elle détestait se comporter comme une gamine capricieuse et elle avait déjà honte de ce qu’elle venait de hurler sur Aldreda. Ses amies étaient venues pour l’écouter, il n’y avait qu’elle qui parlait depuis tout à l’heure et elle se permettait de les remettre à leur place quand elles l’ouvraient un peu trop. Ce n’était pas du tout ce qu’elle avait voulu. Ses amies ne méritaient pas qu’elle ait un tel comportement.

« Je veux pas jouer la rabat-joie, mais sérieusement, au risque de me répéter, c'est pas en nous disputant qu'on va arranger les choses. Je propose qu'on en parle, et Aldreda, si tu as froid, alors allons dans un endroit où le vent souffle moins, mais je trouve qu'on est plutôt tranquilles ici, et l'air frais aère les idées. Donc, à toi de voir, rentres si tu le souhaite, mais je reste. Et puis je ne me sens pas très bien, je sais pas ce qu'il se passe... »

En parler ? Il n’y avait pas grand-chose à dire. Rhiannon venait simplement de e comporter comme la dernière des imbéciles et elle en était désolée. En fait, il n’y avait aucun problème entre les deux vipères, elles avaient simplement du mal à communiquer parfois, mais elles n’en étaient pas moins d’excellentes amies. Enfin, lorsqu’elles n’essayaient pas de se tuer mutuellement… Elles avaient toutes les deux un caractère bien trempé ce qui pouvait expliquer ces quelques clashs pas du tout contrôlés. Mais heureusement, ça ne durait jamais bien longtemps.

« Je ne comptais pas me disputer avec vous si ça peut te rassurer Hailey. En fait, je comptais m’excuser auprès de Rhiannon. Je suis désolée Rhiannon, j’ai pas réfléchi à ce que je disais, c’est juste que… je crève de froid, et depuis le jour où cette sale garce d’Elwana m’a poussée dans le lac, j’ai comme qui dirait de plus en plus de mal à supporter le froid. Ça me remémore toujours ce souvenir, et c’est pas agréable du tout. Je n’en ai pas du tout rien à faire de tes problèmes, t’es une de mes meilleures amies, et tes problèmes sont aussi les miens. Je suis désolée d’avoir réagi comme ça. »

Rhiannon se sentait encore plus cruche maintenant que la vipère lui avait présentée ses excuses. Non seulement elle avait eu tort de s’emporter contre la jeune fille, mais en plus cette dernière regrettait le ton sur lequel elle lui avait parlé. Certes, elle avait eu tort de mentionner une petite crise alors que dans son esprit à elle c’était tout sauf un incident mineur, mais ce n’était pas une raison pour la rembarrer aussi férocement qu’elle l’avait fait, elle en avait totalement conscience. La verte et argent avait simplement envie de saute au cou de sa meilleure amie et de se répandre en excuses. Mais évidemment, elle n’en fit rien, se contentant de rester bien sagement debout à côté d’elle.

« Non, non, c’est toi qui as raison, je me suis laissée emporter trop facilement, je n’aurais pas dû, je suis désolée. Je sais bien que j’ai un peu trop monopolisée la conversation et je ne voulais pas, vraiment. » S’excusa-t-elle, en souriant à Aldreda. « Comment ça Elwana t’a poussée dans le lac ? Je ne le savais pas… Tu veux mon écharpe ? »

Elle ne comprenait pas comment elle avait pu ne pas entendre parler de cette histoire avec Elwana, ou alors ça lui était entré par une oreille et sorti par une autre. La deuxième option lui paraissait assez étrange, elle n’était pas du genre à minimiser l’importance de ce que lui racontait ses interlocuteurs encore moins lorsqu’elle s’adressait à ses deux meilleures amies. Mais peut-être que ça remontait à sa première année à l’école ? Dans ce cas, il était tout à fait normal qu’elle ne soit pas au courant puisqu’elle n’était pas encore arrivée au château à cette époque. Avec un peu de chance, Aldreda ne la blâmerait pas pour son ignorance.

« Tu ne sais pas du tout ce qu’il y a ? Tu… tu veux qu’on t’emmène à l’infirmerie ? »

Hailey n’avait pas l’air malade pourtant, ou alors elle le dissimulait en gardant la même expression que d’habitude. Rhiannon n’était pas douée pour savoir ce genre de choses de toute façon, ce qui expliquait certainement pourquoi elle ne voulait pas soigner les humains mais plutôt les animaux. Elle se savait plus douée pour réussir à les comprendre. Finalement, les mots n’étaient pas forcément nécessaires pour réussir à communiquer et elle était toujours fière lorsqu’elle se rendait compte qu’elle arrivait à se faire entendre ou à écouter sans même avoir besoin de prononcer ou d’entendre un seul mot.

« J'dois vous embêter, non ? Je suis désolée, on était là pour parler du problème de Rhiannon, pas des miens... »

La verte et argent posa sa main sur l’épaule de son amie en un geste protecteur. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu parler pendant aussi longtemps alors que sa meilleure amie n’allait pas bien. Evidemment que le problème de la rouge et or était plus important que celui de son frère. Elles auraient tout le temps de reparler d’Elian ultérieurement, rien ne pressait. Et puis, contrairement à Hailey son frère semblait aller très bien, c’était simplement elle qui gérait très mal la situation, il n’y avait franchement pas de quoi s’alarmer.

« Bien sûr que non Hailey ! Tes problèmes sont plus importants que ceux de mon frère à nos yeux, tu le sais. »

Elle s’était permis de parler à la fois pour Aldreda et pour elle, sachant pertinemment que sa deuxième meilleure amie l’approuverait. Elles se connaissaient assez pour savoir que quand l’une d’entre elle avait un souci, il passait bien évidemment avant tout le reste. Elian pouvait attendre un peu et de toute façon, elle avait eu plus besoin de vider son sac qu’autre chose, elle se sentait bien mieux à présent.

« T’es pas amoureuse quand même ? »

Si la situation n’était pas aussi dramatique, j’aurais certainement éclatée de rire. Je savais que Rhiannon disait cela sans le penser, mais personnellement, il ne me serait jamais venu à l’esprit de demander une telle chose. Comme si Hailey aurait pu nous cacher qu’elle avait quelqu’un en vue. Nan c’était trop stupide pour que ça arrive. Et puis, Hailey ne pouvait rien nous cacher de toute façon, que ce soit Rhiannon ou moi, on découvrait toujours quand elle avait quelque chose à nous dire. J’arrivais la plupart du temps à remarquer quand les gens autour de moi agissaient bizarrement, et c’était d’ailleurs pour cela que, je menais mon enquête personnelle pour savoir ce qu’il se passait.

« Heu... »

Pourquoi Hailey hésitait à répondre tout à coup ? Ce n’était pas comme si ce que venait de dire Rhiannon se révélait exact, si ?

« Nan Hailey, me dis pas ça… » Murmurai-je sans comprendre.

Je trouvais toujours ça stupide, n’allez pas penser pas le contraire. C’était totalement dénué de sens, elle ne pouvait pas être tombée amoureuse sans que je le remarque. Les personnes amoureuses agissaient toujours très bizarrement, surtout en présence de l’objet de leurs pensées. Pourtant, je n’avais rien remarqué d’étrange concernant le caractère d’Hailey en classe, ni pendant les pauses. A moins que… Et si c’était un garçon de sa maison, plus vieux ? Ou pire, plus jeune ? Un garçon que ni Rhiannon, ni moi ne connaissions ? Mais était-ce vraiment possible ?

« Non, non, c’est toi qui as raison, je me suis laissée emporter trop facilement, je n’aurais pas dû, je suis désolée. Je sais bien que j’ai un peu trop monopolisée la conversation et je ne voulais pas, vraiment. Comment ça Elwana t’a poussée dans le lac ? Je ne le savais pas… Tu veux mon écharpe ? »

Il semblerait que je me sois trompée sur la réaction de Rhiannon. Tant mieux en un sens, je n’avais pas envie de me disputer avec elle, j’avais encore trop froid, même si le fait de penser que je n’avais peut-être pas remarqué qu’Hailey pensait en permanence à un garçon m’avait réchauffé les neurones. Pour ce qui était de Rhiannon, j’espérais qu’elle n’attendait pas que je lui dise que non, c’était de ma faute et qu’elle n’y était pour rien, je m’étais déjà excusé une fois pour ce que j’avais dit, il n’était pas question que je prenne la faute de tout cela. Ce n’était pas moi qui avais choisi de me faire mourir de froid quand même… Maintenant qu’elle me le rappelait, c’est vrai que j’avais légèrement oublié de parler à Rhiannon de ce que cette espèce d’idiote m’avait fait subir. Au départ, je n’avais même pas eu envie de le dire à Hailey, mais il se trouvait que je m’ennuyais dans l’avion, et comme nous parlions de tout et de rien, je lui avais dit ce qu’il m’était arrivé. Mais c’est vrai que je n’avais pas encore eu l’occasion de le dire à Rhiannon.

« Je ne te l’avais pas dit ? » Dis-je en prenant un air étonné. « Ah oui, c’est vrai que je l’avais annoncé à Hailey dans l’avion qui nous amenait à New York et comme tu n’étais pas là… Je te raconterais tout après, promis. C’est gentil, mais l’annonce d’Hailey vient de me réchauffer, alors garde ton écharpe ou tu vas toi aussi attraper la crève. »

Je lui souris pour lui montrer que tout allait bien, et que je pouvais parfaitement survivre encore quelques minutes au froid glacial sans avoir besoin de son écharpe qui m’avait l’air toute douce. Même si ce n’était pas vraiment ce que j’aurais dit en temps normal, mais j’avais déjà une écharpe, alors une deuxième ne me servirait pas à grand-chose. Ce qu’il me fallait, c’était plutôt un bain brûlant, et ça, Rhiannon ne pouvait pas me l’obtenir pour l’instant. J’espérais néanmoins qu’Hailey accepterait d’aller à l’infirmerie. Là-bas je pourrais parler de mes mésaventures avec Elwana, et en même temps, je pourrais arrêter de me faire autant de soucis pour Hailey, puisque l’infirmière de l’école était la meilleure.

« Je sais pas, je pense que ça ira... J'ai quelques vertiges, rien de très important, ne vous inquiétez pas. »

Et zut ! Pourquoi fallait-il que le sort s’acharne sur moi ? S’il te plait Hailey, change d’avis et demande à ce qu’on t’emmène à l’infirmerie, s’il te plait, s’il te plait, s’il te plait !

« Bien sûr que non Hailey ! Tes problèmes sont plus importants que ceux de mon frère à nos yeux, tu le sais. »

Alors là, je n’avais rien à ajouter, Rhiannon avait tout dit. Qui allait s’intéresser à son frère quand sa meilleure amie n’était pas bien ? A part le pire des égoïstes je veux dire…

- Ouai, tu as sûrement raison. J'vais tout vous raconter... parce que je ne vous ai pas tout dit. Bon, voilà... Depuis le réveillon, je sors avec Flynn Spencer... »

Hein ? Comment ça elle ne nous avait pas tout dit ? C’est quoi la blague là, Poudlard avait engagé une caméra cachée ou quoi ? Je ne comprenais plus grand-chose là. Pourtant j’avais passé pas mal de temps avec Hailey ces derniers temps. Déjà avec le voyage à New York, puis en cours. Comment elle aurait pu me cacher un truc pareil ? Est-ce qu’elle pensait à lui avant au moins ?

« Tu… quoi ? » Hurlai-je presque.

Je le savais que j’aurais dû aller à Gryffondor. Cette petite avait besoin d’être surveillée. Je suis sûre que ce… comment il s’appelle déjà ? Fynn ? Peu importe, je suis sûre qu’il lui a fait boire un truc pas net et qu’elle n’était pas dans son état normal pendant le réveillon.

« Mais c'est pas ce que vous croyez. En fait, je lui ai dis que je l'aimais, alors que ce n'était pas le cas, et ce ne l'est toujours pas, sauf que... vous imaginez la suite, j'ai pas pu lui dire non... et je ne sais pas pourquoi je lui ai dis ça ! J'ai pensé à rompre, évidemment, mais je sais pas, j'ai pas envie de lui briser le cœur, même si je doute qu'il m'aime réellement... je sais pas trop quoi faire ni penser, j'y ai réfléchit maintes et maintes fois, mais rien n'y fait, j'ai besoin de conseils. En plus, je crois être tombée malade, et ça n'arrange pas mon cas. En tout cas, cela fait peu de temps que je vous cache cela, mais j'en suis quand même désolée, j'aurais du tout vous dire dès le début. »

Wow, on se calme là. Depuis quand Hailey faisait partie de ces gens qui mentent sur leur sentiments ? Surtout pour un Gryffondor. Ce n’était pas comme s’ils servaient à quelque chose… Mais le pire, c’est que lui aussi se servaient d’Hailey pour avoir quelque chose d’elle en retour. Bon, à la limite ça, venant d’un garçon, doublé d’un Gryffondor, ce n’était pas trop compliqué à comprendre, mais venant d’Hailey… J’étais sciée. Je ne pouvais, non je ne voulais pas y croire, même si son petit discours était très convaincant. Et puis je pensais quand même qu’elle avait plus appris en ma compagnie, mais visiblement je me trompais. Pourtant, je pensais vraiment qu’en quatre ans, elle aurait appris de mon caractère, de mes réactions et autre, et qu’elle aurait compris qu’elle était beaucoup trop naïve et que, si elle voulait quelque chose, elle pouvait l’avoir. Je devrais peut-être lui donner des cours d’affirmement de soi pour qu’elle n’ait plus à poser des questions aussi idiote que « qu’est-ce que je fais à votre avis ? ».

« Attends, remettons les choses au clair tu veux bien ? Tu sors avec Flynn Spencer ? Il est en quelle année d’abord celui-là ? Enfin, bon, c’est pas si important que ça en fin de compte. Donc tu sors avec lui, alors que tu ne ressens rien pour lui, et qu’il ne ressent rien pour toi si j’ai bien compris ? Qu’est-ce que tu attends pour rompre ? » Demandai-je comme si j’énonçais une évidence (c’en était une pour moi). « Attends, attends, t’es tombée malade ? Dis-moi que tu n’as rien fait de stupide avec lui, s’il te plait. »

Spoiler:

« Heu... »

Si la rouge et or avait prononcé un vrai « oui », clair et distinct, ça aurait certainement provoqué le même type de réaction sur la vipère. Pour elle, ça ne faisait aucun doute. Hailey était bel et bien amoureuse, sauf qu’elle n’osait pas le leur dire. Si c’était ça son problème, la chose qu’elle n’arrivait pas à leur dire, Rhiannon était convaincue de pouvoir gérer admirablement bien cette révélation. Elle n’avait jamais été une amie incroyablement possessive. Un peu jalouse, oui, parfois mais rien de bien grave. Au contraire, elle serait la première à se réjouir pour sa meilleure amie, elle ne voyait donc pas pourquoi celle-ci semblait hésiter autant avant de leur en parler, mais elle s’abstint de tout commentaire, rien ne lui disait qu’elles n’étaient pas excellentes.

« Nan Hailey, me dis pas ça… »

Rhiannon décrocha un énorme coup de coude absolument pas discret à la vipère, consciente qu’Hailey le remarquerait certainement. Ce n’était pas de sa faute si la serpentard ne savait pas tourner sa langue dans sa bouche avant de parler. Comment pouvait-elle se montrer si dramatique alors que la gryffondor allait peut-être leur annoncer qu’elle avait trouvé quelqu’un et qu’elle était heureuse avec lui ? Son ton dramatique ne risquait pas de la mettre en confiance et elle risquait de se liquéfier avant d’avoir pu prononcer le moindre mot. Une chose était sûre, quoi que puisse dire la rouge et or, Aldreda n’en serait certainement pas ravie, c’était une certitude.

« Je ne te l’avais pas dit ? Ah oui, c’est vrai que je l’avais annoncé à Hailey dans l’avion qui nous amenait à New York et comme tu n’étais pas là… Je te raconterais tout après, promis. C’est gentil, mais l’annonce d’Hailey vient de me réchauffer, alors garde ton écharpe ou tu vas toi aussi attraper la crève. »

Dans l’avion… Parce qu’elle trouvait drôle de remuer le couteau dans la plaie ? Elle n’était pas partie en voyage avec ses deux meilleures amies, alors qu’elle aurait évidemment beaucoup aimé pouvoir le faire, ce n’était pas sympa de la part d’Aldreda de lui confirmer qu’elles partageaient maintenant des secrets et des souvenirs qu’elle n’aurait jamais. Un bon exemple de jalousie, mais elle n’avait pas du tout l’impression que celle-ci était déplacée pour le coup. Ses deux amies auraient probablement réagi de la même façon à sa place, elles devaient certainement savoir ce qu’elle ressentait à ce sujet et peut-être même finiraient-elles par l’accepter.

« T’as plutôt intérêt, sinon je boude. Je comprends même pas que vous ayez pu partir sans moi. » Déclara la jeune fille en croisant fermement les bras. « J’espère au moins que ce voyage en valait la peine. »

Sa curiosité l’emportait de très loin sur son agacement, et même s’il était normal qu’Aldreda ne souhaite pas lui raconter cette histoire de lac devant Hailey, qui la connaissait déjà, alors que celle-ci avait visiblement des problèmes, elle aurait aimé pouvoir poser des questions pour en savoir plus rapidement. Enfin, elle prendrait son mal en patience et attendrait probablement qu’elles soient que toutes les deux pour revenir sur le sujet. Elles partageaient la même salle commune, il leur serait plutôt simple de trouver un moment où elles pourraient être en tête à tête.

« Je sais pas, je pense que ça ira... J'ai quelques vertiges, rien de très important, ne vous inquiétez pas. »

Des vertiges ? Mais n’était-elle pas simplement amoureuse ? Rhiannon avait lancé cette remarque en l’air, sans penser une seule seconde qu’elle ferait mouche, mais finalement, elle avait peut-être eu raison… Peut-être que cette relation naissante n’avait rien à voir avec le malaise dont elle était victime depuis tout à l’heure. C’était deux choses bien différentes et la vipère s’était sans doute réjouie un peu trop vite. Si Hailey choisissait de s’évanouir, là tout de suite, maintenant, elle était bonne pour subir les reproches de son autre meilleure amie jusqu’à la fin de sa vie. Jamais elle ne lui pardonnerait de les avoir obligées à rester dans le froid, mettant ainsi en danger la santé de leur troisième mousquetaire. Mais pour le moment, la rouge et or disait que ça allait et elle choisissait bêtement de s’y fier.

« Ouai, tu as sûrement raison. J'vais tout vous raconter... parce que je ne vous ai pas tout dit. »

C’était une évidence. Rhiannon était un peu perdue depuis tout à l’heure. Quelle était cette histoire d’amour dont Hailey voulait leur parler et pourquoi se sentait-elle soudainement aussi mal ? La jeune fille jeta un coup d’œil vers la vipère qui semblait être aussi perdue qu’elle sur ce coup-là. Tant mieux, au moins elle n’était pas la petite idiote qui n’avait rien compris et en plus, elle n’avait pas la désagréable surprise de voir qu’elle possédait encore une fois une information qu’elle-même n’avait pas eu la chance d’avoir. Cependant, la rouge et or était un peu inquiétante, vivement qu’elle crache le morceau.

« Bon, voilà... Depuis le réveillon, je sors avec Flynn Spencer... »

Flynn ? Son Flynn ? Le garçon super drôle qui faisait les quatre cents coups dans le château dès qu’il en avait l’occasion…. Oui, pourquoi pas ? Rhiannon essaya pendant un moment de visualiser la scène sans pour autant y parvenir. Ils formeraient sans doute un couple assez atypique, mais s’ils étaient heureux, elle ne voyait pas le problème. Cependant, elle trouvait étonnant que Hailey n’ait pas mentionné ce « léger détail » qui n’en était pas vraiment un, auparavant. Après tout, elle devait bien savoir que Flynn était son ami et qu’elle serait heureuse pour eux, ou alors, elle n’avait toujours pas tout dit.

« Tu… quoi ? »

La vipère leva les yeux au ciel, atterrée par un tel manque de tact. Aldreda ne faisait qu’enfoncer un peu plus la rouge et or qui semblait déjà faire des efforts surhumains pour enfin parvenir à leur dire ce qu’elle avait sur le cœur. Bon, d’accord, la jeune fille ne comprenait pas tout pour le moment et elle aurait aimé que sa meilleure amie aille droit au but sans passer par quatre chemins, la laissant imaginer tout un tas de truc invraisemblable. Mais il fallait aussi apprendre à se montrer compréhensif, la laisser parler jusqu’à ce que toutes les pièces du puzzle se retrouvent assemblées. Mais visiblement, Aldreda ne s’en sentait pas capable.

« Ohlala, Al’, mais fais un effort, c’est le moment où tu es censée te réjouir pour ta meilleure amie qui a trouvé l’amour. »

Ou au moins faire semblant ? Il était étrange de constater à quel point les deux vipères étaient différentes. C’était certainement la raison pour laquelle elle passait les trois quarts du temps à s’envoyer des petites pics pas forcément méchantes, mais souvent sacrément enquiquinantes. Rhiannon savait que leur vision des choses n’était jamais la même et qu’elle devait s’attendre en permanence à avoir une réaction différente de la sienne, mais l’une comme l’autre avaient probablement l’habitude de penser que leur façon de réagir était la meilleure, aussi se reprenaient-elles plus que régulièrement. La vipère avait fini par s’y habituer et ne considérait plus ce genre de chose comme une dispute, un simple désaccord de ce genre n’influait en rien sur leur relation.

« Mais c'est pas ce que vous croyez. En fait, je lui ai dit que je l'aimais, alors que ce n'était pas le cas, et ce ne l'est toujours pas, sauf que... vous imaginez la suite, j'ai pas pu lui dire non... et je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça ! J'ai pensé à rompre, évidemment, mais je sais pas, j'ai pas envie de lui briser le cœur, même si je doute qu'il m'aime réellement... je sais pas trop quoi faire ni penser, j'y ai réfléchit maintes et maintes fois, mais rien n'y fait, j'ai besoin de conseils. En plus, je crois être tombée malade, et ça n'arrange pas mon cas. En tout cas, cela fait peu de temps que je vous cache cela, mais j'en suis quand même désolée, j'aurais du tout vous dire dès le début. »

Alors cette fois-ci, Hailey avait bel et bien lâché le morceau. Elle qui semblait si hésitante depuis le début de la conversation devait avoir la nette impression d’être libérée d’un poids. Ou pas… Craignait-elle leur réaction ? C’était hautement possible, mais la vipère n’avait pas la moindre intention de lui faire des reproches, la rouge et or semblait être parfaitement consciente de son erreur, il n’était donc pas nécessaire de l’enfoncer davantage. Pauvre Flynn… Il allait rapidement déchanter… Certes, il valait mieux que ce soit maintenant que dans de nombreux mois, mais Rhiannon ne pouvait s’empêcher d’éprouver tout de même un peu de peine pour lui. C’était un garçon tellement gentil, il ne se rendait certainement pas compte que les sentiments qu’il éprouvait à l’égard de sa meilleure amie n’étaient pas partagés. Cette révélation allait être un vrai choc.

« Attends, remettons les choses au clair tu veux bien ? Tu sors avec Flynn Spencer ? Il est en quelle année d’abord celui-là ? Enfin, bon, c’est pas si important que ça en fin de compte. Donc tu sors avec lui, alors que tu ne ressens rien pour lui, et qu’il ne ressent rien pour toi si j’ai bien compris ? Qu’est-ce que tu attends pour rompre ? » Demandai-je comme si j’énonçais une évidence (c’en était une pour moi). « Attends, attends, t’es tombée malade ? Dis-moi que tu n’as rien fait de stupide avec lui, s’il te plait. »

Ah, beurk, non, dégueulasse. Elle ne voulait absolument pas savoir si Flynn avait oui ou non couché avec Hailey. Imaginer sa meilleure amie avec ce garçon, très gentil au demeurant, mais sans aucun vêtement sur eux ne l’enthousiasmait pas vraiment. Aldreda avait vraisemblablement l’art et la manière d’aborder les sujets qui fâchent avec beaucoup de subtilité. La pauvre Hailey qui n’avait déjà pas l’air follement dans son assiette allait se trouver habiller pour l’hiver en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Cependant, la vipère ne voyait pas trop comment calmer le jeu, la serpentard était désagréablement surprise et ça pouvait très bien se comprendre, il fallait simplement qu’elle apprenne à modérer légèrement ses réactions.

« Flynn est en sixième année, c’est vraiment un gentil garçon Al’, elle aurait pu tomber sur pire. Je le connais bien. » Expliqua-t-elle à la vipère en espérant qu’elle se calme un peu. « Mais je suis d’accord, Hailey tu ne peux pas sortir avec lui si tu n’as pas de sentiment. Je suis sûre que tu n’as pas fait exprès de t’embarquer dans cette histoire, mais plus vite elle sera terminée, moins vous en souffrirez. »

La voix de la sagesse avait parlé. En même temps, Rhiannon n’y connaissait absolument rien en histoires d’amour, elle avait bien eu son premier amoureux en primaire, mais elle était une gamine à l’école et se souvenait simplement lui avoir offert des bonbons en échange d’un bisou pendant les récréations. Mis à part ça, c’était le calme plat à ce niveau-là et elle ne s’en plaignait pas, mais Hailey s’était peut-être adressée aux mauvaises personnes si elle recherchait des conseils.

Suite à ma remarque que Rhiannon devait trouver déplacé, cette dernière m’assena un coup de coude dans l’abdomen. Je n’y étais pas du tout préparé, et le choc me fit reculer d’un bond en criant.

« Aïïïeeeuh ! Pourquoi t’as fait ça ? » M’indignai-je.

Bien sûr, si j’y réfléchissais, un peu plus, je pourrais comprendre pourquoi. Rhiannon avait hâte de savoir ce qu’Hailey avait à nous dire, et elle devait refuser que je l’interrompe à un moment aussi important. Fulminant intérieurement, je me reconcentrais sur la discussion, qui tournait sur cette garce d’Elwana Cartwight qui m’avait jeté dans l’eau.

« T’as plutôt intérêt, sinon je boude. Je comprends même pas que vous ayez pu partir sans moi. J’espère au moins que ce voyage en valait la peine. »

C’était génial ! Le voyage, les gens, Hailey et moi avions passé cinq jours fabuleux loin de Poudlard, loin de tout ce que nous connaissions jusqu’à présent. On pouvait dire qu’on s’était amusée comme des folles, même. Mais ça, Rhiannon n’avait pas besoin de le savoir. Bien sûr, elle se doutait que nous n’avions pas passé notre temps à dormir dans notre chambre d’hôtel, mais je ne me voyais pas trop lui raconter tous les détails de notre voyage. Elle n’avait pas pu venir, et ce serait vraiment trop sadique de lui raconter tout ce que nous avions fait, pendant qu’elle était coincé ici, avec les problèmes de son frère. Délibérément, je ne lui répondis rien, et fis mine de ne pas avoir écouté ce qu’elle avait dit. J’aurais tout le temps de lui parler d’Elwana un autre jour, mais là, je me devais d’écouter les malheurs d’Hailey.

« Ohlala, Al’, mais fais un effort, c’est le moment où tu es censée te réjouir pour ta meilleure amie qui a trouvé l’amour. »

Bon, d’accord, Hailey n’était peut-être pas si malheureuse que cela, puisque, effectivement, elle avait trouvé l’amour, d’après Rhiannon. Mais ce n’était pas du tout ce que je pensais. J’étais sortie avec un garçon plus vieux, et il n’en était rien sorti de bon de cette relation. J’avais fini par rompre amèrement avec lui parce que monsieur préférait passer son temps avec des filles plus âgées et qui adoraient les livres. Je n’avais pas osé lui avoué que j’aimais bien les livres aussi, ce n’était pas un problème, mais personne ou presque ne le savait, alors le dire à Erwan alors que j’allais rompre avec lui sans tarder n’aurait pas été une bonne chose.

« Oui, et bien ça ne me réjouit pas du tout si tu veux tout savoir. Ce n’est pas par rapport à toi Hailey, c’est juste que je pense que… c’est une mauvaise idée que tu sortes avec ce garçon. »

Voilà, c’était dit. Mais elle devait s’en douter vu comment j’avais réagi dès qu’elle l’avait annoncé. Mais elle ne pouvait pas vraiment m’en vouloir vu le peu d’expérience que j’avais eu concernant les relations amoureuses. C’était normal que je réagisse comme ça à mon avis. Pour moi, ce qu’il se passait entre elle et Flynn terminerait aussi mal qu’entre Erwan et moi. Et elle en garderait un souvenir amer. Autant qu’elle arrête cette relation maintenant, avant de trop en souffrir.

« Flynn est en sixième année, c’est vraiment un gentil garçon Al’, elle aurait pu tomber sur pire. Je le connais bien. Mais je suis d’accord, Hailey tu ne peux pas sortir avec lui si tu n’as pas de sentiment. Je suis sûre que tu n’as pas fait exprès de t’embarquer dans cette histoire, mais plus vite elle sera terminée, moins vous en souffrirez. »

En sixième année ? Mais qu’est-ce qu’Hailey fichait avec un sixième année ? Une année d’écart en plus et c’était du détournement de mineur. J’espérais qu’Hailey en était consciente. Mais peu importait pour moi qu’il soit gentil, même si c’était déjà ça de gagné, les deux tourtereaux n’avaient rien à faire ensemble. Au moins Rhiannon était d’accord avec moi sur ce point-là. Hailey devait absolument rompre avant que l’autre se décide de la faire, si jamais il se décidait à le faire un jour.

« J'ai pensé à rompre, évidemment. Je compte lui écrire une lettre, parce qu'il m'évite sans arrêt, enfin vous voyez le genre. Sauf que ça fait très gourde en lettre, mais je vois vraiment pas comment faire autrement. »

J’avais un peu de mal à croire que les paroles de Rhiannon au sujet de Flynn étaient vraies puisqu’il ne faisait que d’éviter Hailey. Il ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait de sortir avec Hailey. C’était une fille géniale, et il pourrait au moins le reconnaître puisqu’il la rendait malheureuse. Et qu’elle ne vienne pas me dire le contraire, elle avait elle-même dit qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle avait des vertiges et tout ça, cela ne pouvait pas signifier beaucoup de choses, elle n’allait pas bien dans cette relation. Mais bon, au moins elle n’était pas si désespérante que ça en fin de compte si elle avait effectivement pensé à en finir avec cette histoire. Ce que je ne comprenais pas, c’est pourquoi elle n’avait toujours pas agi. Son idée n’était pourtant pas si mauvaise que ça. Et puis, c’était elle la Gryffondor courageuse qui faisait ce qu’elle avait à faire avec sang-froid. Elle ne voulait peut-être pas prendre de risques en rompant avec lui, mais ça ne changeait rien à ce qu’elle devait faire, et ce, peu importait comment. Si elle ne décidait pas et vite d’agir, il se pourrait bien que je le fasse à sa place. Bien sûr qu’elle n’avait pas à rompre avec lui en face. Déjà qu’il l’évitait, alors comment voulait-il qu’elle le fasse de toute manière ? Et puis, s’il venait se plaindre, elle aurait une raison valable à lui donner, bien qu’elle ait tous les droits de ne pas lui en donner une.

« J'me casse la tête pour rien, il doit s'en foutre que je lui dise par lettre ou en chanson de toute façon. Ca n'a pas tellement d'importance, en fait. »

« Ça fait pas gourde du tout, ça veut juste dire qu’il ne compte pas assez pour toi pour que tu lui offres une rupture décente. Et t’as bien raison. »

Je ne voyais pas en quoi c’était si difficile à comprendre pour qu’elle mette autant de temps à le faire. Certes, ce n’était pas moi qui sortais avec ce garçon trop vieux en ce moment, mais à moins qu’il ne lui ait fait un lavage de cerveau, il n’y avait aucune raison qu’elle ne sache pas quoi faire dans cette situation. Ravie qu’elle ait enfin compris ce point essentiel dans l’histoire, je m’étais forcée de la rassurer au mieux.

« En fait, j'me sens un peu mieux, maintenant que je vous dis ça. Mais j'ai très faim. »

C’était tant mieux. Je n’aimais pas du tout quand Hailey n’était pas au meilleur de sa forme. Curieusement, ses paroles incessantes me manquaient, alors que je passais beaucoup de temps à la supplier de se taire en général. Mais quand je me retrouvais dans ma salle commune, sans elle, une grande impression de vide se faisait. Le silence m’assourdissait bien plus que le son de sa voix, ce qui était très bizarre d’après certaines personnes. Je trouvais cela plus ou moins normal. Quand on est habitué à être dans le bruit, le silence est bien trop… silencieux pour que ce soit calme. Bref, ce n’était pas important. Ce qui était important, c’était qu’Hailey allait bien mieux, et qu’elle allait rompre avec le sixième année.

« Ah, enfin ! La Hailey que je connais est revenue. On va bouffer alors ? »

Allez, dites-moi qu’on allait enfin rentrer à l’intérieur. On pourrait même aller dans les cuisines si la Grande Salle était fermée, ce n’était pas un problème, tant qu’on rentrait…

« Aïïïeeeuh ! Pourquoi t’as fait ça ? »

C’était une réelle évidence pour la petite vipère qui n’avait pas la moindre envie de lui expliquer son geste. Aldreda était le genre de personne qui se laissait parfois un peu trop emporter par sa spontanéité. Dans le cas présent, elle ne parvenait pas à comprendre comment elle pouvait se montrer aussi peu amicale envers la pauvre Hailey qui peinait visiblement à leur expliquer où se situait son problème. Le mieux à faire dans cette histoire était de se taire et d’écouter la rouge et or. Après, elles verraient s’il y avait de quoi paniquer ou pas, ce genre de réaction était un peu prématuré.

« Parce que tu n’as aucun tact, c’est affligeant. »

Et elle ne se sentait pas le moins du monde coupable d’avoir enfoncé violemment son coude dans le ventre de son amie. Elle méritait que quelqu’un lui fasse sérieusement comprendre qu’elle ne réagissait pas au mieux, et tant pis si Hailey préférait jouer les gentilles et ne rien dire du tout. Pauvre rouge et or d’ailleurs, comme d’habitude, elle peinait à retenir l’attention  sur elle, puisque les deux serpentards passaient autant de temps à l’écouter qu’à se chamailler. Forcément, elles n’étaient pas souvent d’accord, mais il ne devait pas être très agréable pour le gryffondor de se retrouver en permanence tiraillée entre elles deux. Malheureusement, elles étaient bien incapables de s’entendre en permanence.

« Oui, et bien ça ne me réjouit pas du tout si tu veux tout savoir. Ce n’est pas par rapport à toi Hailey, c’est juste que je pense que… c’est une mauvaise idée que tu sortes avec ce garçon. »

Quoi ? Non, mais n’importe quoi ! Et si Hailey voulait réellement être en couple avec le rouge et or ? Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Non seulement, elle se permettait d’avoir une réaction déplacée et totalement inappropriée, mais en plus elle se permettait de donner son avis sur une relation qui était loin de la regarder. Incroyable, tout simplement incroyable. Et en plus, elle était persuadé qu’Hailey ne trouverait rien à répliquer à cela, Aldreda voulait pourtant la transformer en une nonne vieille fille, mais non, elle n’oserait probablement pas ouvrir la bouche pour s’opposer à elle. Tant pis, elle avait bien l’intention de prendre les choses en mains.

« Non, mais je rêve ! Tu ne le connais même pas ! »

Ou peut-être seulement de réputation, mais ce n’était pas ça qui lui permettait de juger le gryffondor de manière aussi catégorique. Elle ne savait pas qu’il était gentil, amusant et plein de bonne volonté. Bon d’accord, il était sans doute un peu gauche, un peu beaucoup, même, mais ce n’était pas pour autant qu’elle devait l’exclure de la vie de Hailey. Tout le monde avait des défauts et la vipère était certainement bien placée pour le savoir, alors il était tout de même hallucinant qu’elle se permette de donner son avis sans même avoir pris un minimum de temps de réflexion. En plus, ça ne semblait pas la déranger plus que ça, elle avait l’air sûre d’elle, comme si sa remarque était tout à fait normale. Non mais franchement, c’était le monde à l’envers.

« J'ai pensé à rompre, évidemment. Je compte lui écrire une lettre, parce qu'il m'évite sans arrêt, enfin vous voyez le genre. Sauf que ça fait très gourde en lettre, mais je vois vraiment pas comment faire autrement. »

Oui, en effet, une lettre ça ne le faisait pas trop. En tout cas, Rhiannon avait l’impression que c’était un peu bâclé, une façon de se débarrasser d’un épineux problème en trois coups de cuillère à pot.  Ca n’était pas la meilleure façon de faire, en tout cas, elle avait l’impression que ça ne ressemblait pas à la Hailey qu’elle connaissait. La rouge et or était du genre à faire toujours très attention aux autres, elle était adorable et pesait, la plupart du temps, ses mots. Alors pourquoi voulait-elle se montrer si peu agréable pour le coup ? Flynn était un être humain comme les autres, il avait droit à un semblant d’explication qu’il soit ou non investi dans cette relation.

« J'me casse la tête pour rien, il doit s'en foutre que je lui dise par lettre ou en chanson de toute façon. Ça n'a pas tellement d'importance, en fait. »

Bien sûr que si ça avait de l’importance, en tout cas, aux yeux de Rhiannon, ça en avait beaucoup. Et si les rôles avaient été inversé et si Hailey avait été amoureuse du jeune homme, mais que lui ne partageait pas se sentiments, aurait-elle était ravie de recevoir une simple lettre au lieu d’avoir une véritable explication en bonne et due forme ? La réponse était assez simple, et la rouge et or allait probablement être assez grande pour se rendre compte toute seule que son raisonnement n’était pas correct du tout. Seulement, avant qu’elle ait eu l’occasion d’ouvrir la bouche pour mettre son amie sur la bonne voie, Aldreda reprit la parole, montrant sans détour, sa totale approbation.

« Ça fait pas gourde du tout, ça veut juste dire qu’il ne compte pas assez pour toi pour que tu lui offres une rupture décente. Et t’as bien raison. »

Nan mais franchement, comment pouvait-elle être aussi sans cœur. Il fallait vraiment qu’elle se calme et retrouve ses esprits. Avait-elle conscience de ce qu’elle disait ? Rhiannon ne pouvait que très fortement espérer que ce n’était pas le cas, même le pire garçon du monde ne méritait pas ça, se montrer aussi peu compatissante à la potentielle douleur de quelqu’un était s’abaisser à un niveau auquel n’aurait jamais été Hailey. Peut-être avaient-elles raison toutes les deux, il était possible que Flynn se fiche totalement de cette relation, voire même qu’il ait envie de s’en sortir le plus vite possible, mais dans le doute, mieux valait se montrer prudent. Etait-elle la seule à savoir se montrer raisonnable ? Visiblement.

« Je te trouve un peu dure sur ce coup-là, peut-être qu’il t’évite parce qu’il ne sait pas comment agir avec toi, c’est quand même plus respectueux de dire les choses en face que par lettre, et t’as moins de chance que l’information soit interceptée, en plus, je doute que tu aies envie d’en entendre parler pendant des semaines. »

C’était un autre problème, mais c’en était un quand même. Grâce aux rumeurs, ou plutôt à cause d’elles, Rhiannon avait appris la relation de Naïa avec son grand-frère, mais ce n’était pas la seule information qui circulait au château malheureusement. N’importe quel élève pouvait être pris pour cible à tout moment et la vipère savait fort bien qu’il était stupide de tendre le bâton pour se faire battre. Alors une lettre… Elle était persuadée que les commères ne se gênaient pas pour lire les courriers qui arrivaient dans la volière ou pour piquer les bouts de papiers dans les sacs ou sur les tables de nuit. Des mots écris pouvaient être facilement interceptés et la jeune fille se doutait bien qu’Hailey préférait ne pas trop ébruiter cette information.

« En fait, j'me sens un peu mieux, maintenant que je vous dis ça. Mais j'ai très faim. »

La jeune fille sourit, heureuse de voir Hailey devenir de nouveau elle-même. La rouge et or avait toujours été un ventre sur pattes et la voir sans appétit était tout de même assez inquiétant même si le problème en question n’était en lien qu’avec sa relation amoureuse foireuse. Certes, le problème n’était pas résolu pour autant et elles auraient sans doute l’occasion d’en reparler plus tard, mais pour le moment, elle avait réussi à dire ce qu’elle avait sur le cœur et c’était probablement suffisant. Rhiannon avait la très nette impression de se sentir impuissante pour le coup, mais si son amie ne souhaitait pas avoir autre chose qu’une oreille attentive, elle était là.

« Ah, enfin ! La Hailey que je connais est revenue. On va bouffer alors ? »

Pas croyable, ses deux amies ne pensaient donc qu’à manger. Et puis Aldreda craignait, sérieusement, elle expédiait les problèmes en deux temps trois mouvements, en donnant n’importe quelle explication vaseuse dans l’espoir que tout cela se termine le plus rapidement possible. Comme tout à l’heure, lorsqu’elle avait eu envie d’aborder le sujet de la nouvelle relation de son frère, la vipère semblait être pressée de mettre fin à une conversation qu’elle n’avait jamais eu envie d’avoir pour se concentrer sur quelque chose qui l’intéresserait plus. Quel égocentrisme tout de même ! Affligeante, sa mère amie était vraiment affligeante.

« T’es pas croyable ! » Se contenta-t-elle de dire en levant les yeux au ciel.

Mais cette fois-ci, elle avait le sourire aux lèvres, elle devait bien reconnaitre qu’elle commençait à avoir un peu froid et le bout de ses doigts commençait à prendre une drôle de couleur un peu bleue, signe qu’il fallait sans doute retourner à l’intérieur du château au plus vite. Cependant, la jeune fille avait l’impression que leur discussion n’était pas terminée, après tout, elles ne s’étaient pas encore tout dit.

« Je te trouve un peu dure sur ce coup-là, peut-être qu’il t’évite parce qu’il ne sait pas comment agir avec toi, c’est quand même plus respectueux de dire les choses en face que par lettre, et t’as moins de chance que l’information soit interceptée, en plus, je doute que tu aies envie d’en entendre parler pendant des semaines. »

D'abord, Aldreda lui disait d'un air plus qu'assuré que son choix était le bon, approuvant son idée d'envoyer une lettre à Flynn pour rompre, lui disant qu'il ne méritait que cela, mais là, Rhiannon les contredisait. Certes, sur quelques points, la jeune Serpentard avait raison, comme par exemple lorsqu'elle disait qu'elle ne voudrait pas que la rumeur se répande au sein du château et que tout le monde en parle. Elle tapait juste : la jeune Gryffondor ne voulait pas que l'on parle d'elle tout un mois, ou même quelques semaines, elle imaginait déjà. Tout le monde se moquerait d'elle, on la regarderait de haut, elle n'aurait plus que ses amies sur qui compter, et même, peut-être qu'elles se lasseraient d'elle, et Hailey se retrouverait toute seule, totalement seule, sans personne sur qui compter ni personne à qui se confier. On l'abandonnerait dans un coin, puis lorsque les élèves l'auront oubliée, elle reviendra et cela recommencera. Non, cela relevait de la folie, elle songeait au pire. Elle s'imaginait souvent des situations critiques et, même si cela ne la bloquait pas plus qu'elle ne l'était déjà, penser sans le faire exprès à des choses impossibles devenait agacant. Revenant à son problème, elle voulut y réfléchir mais le fait que ses deux amies se "chamaillaient" ne l'aidait pas à le résoudre.

« Votre désaccord me déstabilise un peu... mais tant pis, j'y réfléchirais et si je le croise dans la salle commune, je me lancerais. »

Hialey hocha la tête, espérant avoir fait une bonne décision. Et si ce n'était pas le cas, tant pis, de toute façon elle devait bien rompre un jour. Toutefois, puisqu'elle en était prête, elle devait se lancer avant de changer d'avis. Elle se connaissait, si elle se dégonflait, tout le monde en entendrait parler et elle n'aurait pas l'air d'une Gryffondor, et même si elle était déterminée et courageuse, parler à Flynn lui faisait réellement peur. C'était idiot, d'habitude elle n'était pas du genre à avoir peur des garçons, mais lui la faisait trembler de tous ses membres. Qu'est-ce qui lui avait prit d'être aussi stupide en lui disant qu'elle était amoureuse de lui ? Elle se forçait à croire que c'était la joie de la nouvelle année qui l'avait rendue aussi... étrange lors du réveillon. Enfin, elle se forçait vraiment à le croire. En tout cas, c'était chouette de demander conseil à ses amies, mais il fallait aussi qu'elle prenne quelques décisions seule, elle n'était pas dépendante d'Aldreda et Rhiannon non plus – quoique cela ne reniait pas le fait qu'elle les adorait, malgré leurs différences de caractère ou de goûts. Justement, c'étaient ces différences là qui les liaient, tout autant que leurs passions et leurs but dans la vie. Elles savaient si peu de choses sur elles et tellement en même temps... Le voyage à New York qu'avaient fait Aldreda et Hailey les avait sans doute un peu plus rapprochées, même si l'absence de Rhiannon l'avait rendu quelque peu triste. Cependant, lors de leur retour, puisqu'elles lui avaient tout raconté, c'était comme si elle était venue, mais bon, c'était une autre histoire.

« Ah, enfin ! La Hailey que je connais est revenue. On va bouffer alors ? »

Hailey rit aux mots d'Aldreda, contente qu'elle avaient enfin changé de sujet. Parler de Flynn la rendait assez nerveuse et elle perdait ses moyens, sentant une envie de tout casser autour d'elle. C'était un sentiment assez étrange, comme de la haine mais en moins fort ; en résumé, c'était un sentiment inconnu pour elle. D'ailleurs, elle entendait quoi par « la Hailey que je connais » ? Elle avait tellement changé en l'espace de si peu de minutes à force de parler du sixième année, ou bien ? La jeune fille haussa les sourcils et se dit que ce n'était pas important, l'essentiel était qu'elle s'était reprise en main et qu'elle était prête à parler à Flynn. Également, la faim l'avait un peu mise sur les nerfs, et ses pauvres amies ont alors dût la supporter... bah, ce n'avait plus de grande importance, les trois super copines allaient manger un bout et ensuite continuer de discuter à propose de tout et de rien, ce qu'elles faisaient très souvent, quasiment tout le temps, en réalité. Les sujets de conversations venaient tout seuls, et ce n'était pas exclusivement Hailey qui les trouvait, c'était plutôt comique. Certes, elle parlait incontestablement beaucoup, mais ce fait ne semblait pas plus déranger Aldreda et Rhiannon plus que cela. La plus jeune des deux leva alors les yeux au ciel, s'exclamant en riant :

« T’es pas croyable ! »

Et Hailey rit aussi. Après tout, elle disait cela pour s'amuser, il n'y avait rien de méchant dans ces quelques mots. Aldreda ne risquait pas de se vexer non plus. La rouge et or se sentait soulagée, elle avait enfin parlé de ses problèmes à ses amies, et sentait qu'elles pourraient maintenant discuter de choses plus légères et moins sérieuses - sauf si une de ses deux amies se manifestait encore à propos d'une chose qui la dérangeait ou d'un souci divers. Elles étaient entre amies, et il n'y avait pas d'heure pour se confier. Rien de tel que de manger pour se remettre les idées en place, et papoter des derniers ragots autour d'une table n'était pas si déplaisant que cela. De plus, la jeune Rosebury avait très faim ; elle n'était pas extrêmement gourmande mais quand elle avait faim, ce n'était pas pour manger trois feuilles de salade... et Aldreda semblait avoir très froid, alors si elle était partante pour rentrer, autant qu'elles y aillent directement, parce que temps se faisait de plus en plus frais.

« Après tout, qu'est-ce qu'on attend pour y aller ? »

« Parce que tu n’as aucun tact, c’est affligeant. »

Pff… Aucun tact, moi ? Je ne voyais pas du tout de quoi elle parlait. J’avais du tact, même beaucoup parfois, c’est juste que je n’avais pas souhaité l’utiliser dans cette situation. Je connaissais Hailey, et elle était assez forte pour entendre ce que j’avais à lui dire sans que j’aie besoin de recourir à un tel procédé rhétorique pour détourner mes mots de leur contexte. Et puis, depuis le temps, elle aussi me connaissait, et elle devait savoir mieux que personne que je préférais dire les choses comme elles sont plutôt que de faire semblant de ne pas comprendre moi-même ce que j’essayais de lui dire. Et en plus de cela, quand on disait les choses comme cela, même si la plupart des gens trouvait que c’était dit d’une manière trop cru, il n’y avait pas d’autres interprétations possibles. Si la personne à qui on s’adressait n’était pas idiote, elle comprenait tout de suite ce qu’on voulait lui dire et n’avait pas besoin de se casser la tête pendant des heures pour essayer de comprendre le sens caché des mots. Je ne répondis pas à Rhiannon, préférant ignorer sa remarque.

« Non, mais je rêve ! Tu ne le connais même pas ! »

Et qu’est-ce que ça pouvait bien me faire de le connaitre ou pas ? Qu’il soit gentil, attentionné et rieur, ou au contraire, renfermé sur lui, sadique et bâti dans le même moule que Ryan Quick, je n’en avais strictement rien à faire. Peut-être que ça pouvait changer mon point de vue sur lui si j’apprenais à le connaître, mais ça ne changerait pas celui sur la relation qu’il entretenait avec ma meilleure amie. Et puis, qu’il soit gentil ou non, c’était un garçon, et il lui briserait forcément le cœur si elle ne prenait pas les devants. C’était dans ses gènes.

« Et alors ? Je ne vois pas ce que ça change. »

Je savais qu’elle ne comprendrait pas, mais pour moi, tout était clair. Hailey aurait pu au moins nous demander notre avis avant de se lancer dans cette relation vouée à l’échec avant même d’avoir commencé. Enfin, je devrais plutôt dire nos avis, puisque Rhiannon avait l’air tout à fait d’accord pour qu’elle sorte avec ce sixième année. Non, mais franchement ! Elle n’avait aucune conscience du danger que courait Hailey en restant avec ce type ou quoi ? Oui c’était un gentil garçon, mais j’avais bien envie de dire et ? Qu’est-ce que cet argument stupide venait faire dans cette discussion ? Je m’en fichais qu’il soit gentil ou non, il n’avait rien à faire avec Hailey, point à la ligne. Son caractère n’avait rien à faire là-dedans. Et puis, ça pouvait bien être une ruse pour justement attirer Hailey dans ses filets alors qu’elle était si gentille, et si douce et quelque peu naïve aussi, mais ça, je n’y pouvais rien…

« Je te trouve un peu dure sur ce coup-là, peut-être qu’il t’évite parce qu’il ne sait pas comment agir avec toi, c’est quand même plus respectueux de dire les choses en face que par lettre, et t’as moins de chance que l’information soit interceptée, en plus, je doute que tu aies envie d’en entendre parler pendant des semaines. »

Pour le coup, Rhiannon n’avait pas tort… Pas sur le fait qu’il agisse avec Hailey comme ceci parce qu’il ne savait pas quoi faire, mais à propos de la lettre. C’est vrai que vu la vitesse à laquelle se répandaient les informations confidentielles réelles ou non, Hailey pouvait s’inquiéter de sa réputation. Mais qui se préoccupaient de ce que les autres pouvaient bien penser ? De toute façon, dès qu’ils avaient une idée en tête, ils ne la lâchaient plus, et je n’avais rien à dire là-dessus, puisque j’étais pareille. Il me fallait beaucoup de temps pour arriver à changer d’avis sur quelqu’un, et je ne voyais pas le problème. Si on s’était fait une idée sur quelqu’un, c’était bien parce que cette personne nous avait laissé penser cela d’elle. Donc, d’un côté, elle était fautive aussi. Il fallait arrêter de tout le temps rejeter la faute sur les autres.

« Votre désaccord me déstabilise un peu... mais tant pis, j'y réfléchirais et si je le croise dans la salle commune, je me lancerais. »

Pour toute réponse, je fis un grand sourire à Hailey, heureuse qu’elle écoute enfin la voix de la raison. Mais bon, elle ne l’écoutait qu’à moitié puisqu’elle le savait déjà, que de sortir avec ce garçon trop vieux pour elle était une erreur. Mais bon, je ne pouvais pas trop lui en vouloir, tout le monde faisait des erreurs, ce n’était pas exclusivement réservé à Hailey. J’en avais fait, et j’en ferais encore, Rhiannon de même, et tout le monde agissait de la même manière. Mais les erreurs nous aidaient à progresser moralement, à ne plus refaire ses erreurs. C’était à ça que servait la mémoire, à se souvenir de toutes les horreurs qu’on avait pu faire dans notre vie, et à surtout ne pas les reproduire.

« T’es pas croyable ! »

Bah quoi ? Pourquoi Hailey et Rhiannon se mettait à rire comme ça ? Ne me dites pas qu’elle ne l’avait jamais remarqué quand même. Depuis le temps qu’on trainait ensemble toutes les trois, j’osais espérer qu’elle disait cela juste parce que depuis tout ce temps, je n’avais toujours pas oublié que je voulais rentrer bien au chaud. Sinon, je me sentirais vexée.

« C’est vrai. » Admis-je en rigolant. « Heureuse que tu le remarques enfin. »

Bah oui, ce n’était pas trop tôt. Mais bon, maintenant qu’on parlait de rentrer, je ressentais de plus en plus le froid. Là tout de suite, j’aurais bien besoin d’un des sweats qu’Hailey collectionnait en plus, mais le problème, c’est que je n’étais pas certaine que je puisse mettre une autre épaisseur de vêtement sur moi. Avec tout ce que j’avais mis comme vêtement, je n’étais même pas sûre de pouvoir dire exactement à mes amies ce que je portais, c’était bien pour dire…

« Après tout, qu'est-ce qu'on attend pour y aller ? »

Exactement ! Qu’est-ce qu’on faisait encore là ? Au lieu de parler et ensuite de marcher, on devrait plutôt faire l’inverse. A savoir marcher jusqu’à un endroit plus chaud, puis parler de la pluie et du beau temps. Quoique… on pourrait aussi ne faire que de parler du beau temps, parce que ce n’était pas le moment de penser à la pluie, et donc à l’eau, et donc à cette stupide Cartwight.

« Oui, et puis, on peut toujours poursuivre notre conversation dans les cuisines, non ? Après tout, ce ne sont pas les elfes qui vont aller dénoncer ce qu’on complote. »

« Et alors ? Je ne vois pas ce que ça change. »

Vraiment ? Aldreda était définitivement irrécupérable. Ou alors, elle avait oublié son cœur quelque part avant de venir les retrouver, ce qui était une possibilité non négligeable. Elle avait beau être son amie et adorer la jeune fille, malgré son sale caractère, elle trouvait que sur ce coup-là, elle était bien loin d’avoir raison. Non seulement elle se permettait de donner des conseils à propos de quelque chose qu’elle ne connaissait pas, mais en plus elle semblait convaincue qu’elle détenait la voix de la sagesse et que ses paroles n’étaient que vérité. N’importe quoi. Il fallait simplement espérer qu’Hailey se rendrait compte que tout ceci devait rester loin de ses pensées et de ses faits et gestes, elle ne devait absolument pas se comporter de cette manière avec ce pauvre garçon. Flynn était peut-être un peu spécial, mais il ne méritait certainement pas d’être traité comme un moins-que-rien, surtout pas une des filles qu’il appréciait au sein du château. Mais non, normalement la rouge et or était un peu plus douée que la vipère au niveau relationnel, ça devrait aller.

« Tu ne peux pas juger les gens sans les connaitre. »

Bon, d’accord, tout le monde, ou presque, se le permettait. Elle-même se sentait bien incapable de ne pas faire attention aux ragots. C’était grâce à eux qu’elle avait su pour son frère et Naïa et pas une seconde elle n’avait douté de la véracité des propos tenus par elle ne savait trop qui. Alors forcément, lorsqu’elle apprenait que tel élève se droguait, qu’un autre avait révélé un énorme secret ou encore qu’il y avait un mage noir en cavale dans l’école, elle ne se posait pas trop de questions et finissait bien souvent par adhérer à l’opinion publique. Lorsque l’élève pris pour cible par les rumeurs passait dans les couloirs, elle le dévisageait avec des yeux ronds, comme le faisaient tous les autres élèves présents dans ce même couloir au même moment. Ce n’était sans doute pas très gentil, ni très respectueux de sa part, mais c’était un comportement humain qu’elle aurait beaucoup de mal à modifier. Certaines personnes faisaient peut-être en sorte de ne pas afficher ouvertement leur curiosité, mais elle était convaincue que ce vilain défaut touchait tout le monde sans faire d’exception.

« Votre désaccord me déstabilise un peu... mais tant pis, j'y réfléchirais et si je le croise dans la salle commune, je me lancerais. »

C’est sûr que venir demander conseil à deux personnes qui étaient incapable de se mettre d’accord sur la même chose, ça ne devait pas être forcément très simple. Rhiannon avait bien conscience qu’elles n’aidaient pas du tout leur amie, mais il était tout bonnement hors de question qu’elle se range du côté de la vipère sous prétexte qu’il fallait qu’elles parlent d’une seule et même voix. Les deux serpentards étaient trop différentes pour être capable de s’accorder. Parfois, il était plutôt utile d’avoir deux avis différents, ça permettait de peser le pour et le contre pour faire un véritable choix, et de voir tous les côtés positifs et les côtés négatifs de chaque décision possible, mais dans le cas d’Hailey qui était déjà très indécise quant à la marche à suivre, cette conversation ne faisait probablement que l’embrouiller davantage. Rhiannon lui jeta un regard désolée, sans trop savoir quelle était la marche à suivre ni ce qu’elle devait dire. Les problèmes de cœur n’étaient décidément pas son rayon et si elle l’avait toujours su au fond d’elle, désormais elle en avait même la preuve.

« Désolée Hailey, je ne vois pas trop quoi dire de plus. De toute façon, cette décision t’appartient, je suis sûre que tu feras le bon choix et puis, tout le monde a le droit de commettre des erreurs. Heureusement d’ailleurs, j’aurais probablement été déjà exécutée depuis longtemps sinon. »

Après tout c’était son couple, ou en son faux couple, qui était en jeu, elle devait donc choisir elle seule comment se sortir de cette situation. Non pas que Rhiannon était du genre à ne pas du tout se soucier des problèmes des autres, mais elle était convaincue que dans le cas présent, son amie serait bien mieux placée qu’elle pour savoir quel était le bon comportement à adopter. Elle ne pouvait qu’espérer qu’elle ne s’en rendrait pas malade et que cette conversation, à défaut de lui avoir apporté l’éclaircissement nécessaire, lui avait permis de relativiser un peu. Au départ, elle avait cru qu’Hailey était malade ou qu’il était arrivé malheur à l’un de ses proches tant elle avait l’air tendu, maintenant qu’elle s’était déridée, elle aurait sûrement une vision nouvelle des choses puisqu’elle pourrait prendre un peu de recul par rapport à cette étrange situation. Et puis, si jamais ça ne marchait pas et qu’elle blessait Flynn, il serait assez grand pour s’en sortir ou demander de l’aide à ses amis en cas de besoin. La jeune fille ne s’inquiétait pas trop pour lui, elle était simplement pressée qu’Hailey mettre cette histoire derrière elle.

« C’est vrai. Heureuse que tu le remarques enfin. »

Oh ce n’était pas la première fois qu’elle le remarquait, loin de là. Depuis qu’elles se connaissaient les deux jeunes filles passaient leur temps à se voler dans les plumes, contredisant systématiquement ce que disait l’autre, sans pour autant le faire exprès. Il lui arrivait d’être d’accord, parfois, mais c’était rare, et aujourd’hui était un jour sans visiblement, puisqu’il n’y avait pas une seule fois où leurs avis avaient concordé depuis le début de la conversation. C’était sans doute pour ça qu’elles étaient bien mieux à trois qu’à deux. Leur amitié s’était formée comme ça, sans qu’elles cherchent réellement à former un trio, mais la jeune fille était heureuse qu’Hailey soit là. Elle faisait souvent le tampon entre les deux jeunes filles, empêchant qu’elles finissent par se taper dessus en cas de grave désaccord. C’était certainement la plus philosophe d’entre elles, celle qui était capable de peser ses mots pour réussir à modérer ses propos. Rhiannon l’enviait sur de nombreux points, le charisme était une qualité qui comptait beaucoup pour la vipère et elle n’était pas tout à fait certaine d’en être pourvue.

« Après tout, qu'est-ce qu'on attend pour y aller ? »

Si même Hailey commençait à être d’accord avec la vipère, elle allait avoir beaucoup de mal à les convaincre de rester. Bien sûr, ce n’était pas la fin du monde, elle n’allait pas se mettre à bouder parce que ses deux amies préféraient être bien au chaud à l’intérieur, même si elle n’avait pas spécialement froid dans le parc. La majorité l’emportait et elle faisait partie du trio, elle devait donc apprendre à faire des concessions et à se plier à l’avis général. Elle avait choisi des amies chochottes et c’était entièrement de sa faute, tant pis pour elle. Lorsque le printemps reviendrait, elles seraient peut-être plus enthousiastes à l’idée de faire un petit tour dehors et si ce n’était pas le cas, elle trouverait bien des arguments pour les tirer à l’extérieur. Rhiannon avait toujours préféré être dehors. Elle se demandait comment faisaient les personnes qui vivaient en appartement avec même pas un balcon pour profiter de la nature. Quoi qu’il arrive, elle ne s’y enfermerait jamais, c’était hors de question, si jamais elle devait se marier un jour, elle préférerait divorcer que de s’obliger à déménager dans un de ces trucs, c’était vraiment trop déprima   nt.

« Oui, et puis, on peut toujours poursuivre notre conversation dans les cuisines, non ? Après tout, ce ne sont pas les elfes qui vont aller dénoncer ce qu’on complote. »

Certes, mais l’accès des cuisines n’étaient pas forcément autorisé. Cependant, elle avait contredit sa meilleure amie à chaque fois qu’elle prenait la parole depuis le début de cette charmante discussion. Certes, c’était elle qui avait commencé en lui faisant bien comprendre que son histoire de frère l’embêtait et que de toute façon, elle avait tort de considérer Naïa de cette façon, mais ce n’était pas une raison pour vouloir ce type de vengeance. Rhiannon n’avait jamais été spécialement rancunière, et elle détestait l’idée de le devenir. Plus tard, lorsqu’elle deviendrait une femme influente et respectée, elle devrait certainement s’habituer à subir les critiques de ses adversaires jaloux qui voudraient la descendre en public pour détruire sa crédibilité. Elle s’y attendait, elle voulait même faire un stage au ministère pendant l’été pour voir à peu près comment elle allait devoir se comporter lorsqu’elle passerait dans le « monde des grands ». Elle espérait que ses parents accepteraient, mais ils étaient tellement psychorigides en ce moment qu’elle avait peu de chance d’arriver à ses fins.

« Bon, d’accord. » Capitula la jeune fille en souriant. « Mais vous avez tort, rien de tel qu’un petit tour en pleine nature pour se remettre les idées en place. »

Sur ces bonnes paroles, la jeune fille tourna les talons et prit la direction du château, un large sourire aux lèvres. Elle avait quand même pris un bon bol d’air frais, elle n’avait pas envie d’en vouloir à ses amies parce qu’elles voulaient retourner dans l’école. Tout le monde n’était pas aussi accro à la nature qu’elle pouvait l’être, et même si elle trouvait ça malheureux, elle avait plus ou moins réussi à l’accepter au fil des années. Rhiannon se rassurait en se disant que sa future notoriété changerait tout ça.

« Tu ne peux pas juger les gens sans les connaitre. »

Même si depuis tout à l'heure, Rhiannon et moi étions en guerre pour déterminer laquelle de nous deux avait le plus raison dans cette histoire, je ne m'étais pas vraiment attendu à une remarque pareille. D'un côté, j'étais sûre qu'elle allait me sortir un truc dans le même style pour me faire la moral, mais d'un autre côté... je ne savais pas que Rhiannon vivait encore dans le monde des licornes roses où tout était beau et gentil, où tout le monde disait la vérité, et se montrait respectueux envers les autres. C'était bien loin de la vie à Poudlard, où tout le monde parlait de tout et n'importe quoi à n'importe qui, et où tout se savait en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire « Poudlard ». Les commères côtoyaient les beaux parleurs et fouinaient partout à la recherche de rumeurs croustillantes à se mettre sous la main, les intellos se complaisaient dans leur bibliothèque, et les élèves normaux, eux, étaient traités comme des moins que rien. Bon, c'est vrai qu'en même temps, Rhiannon était une fervente défenseure de la nature, et de tout ce qui y touchait, aussi ne vivait-elle pas vraiment dans le même monde que nous, mais de là à croire que tout le monde était gentil et mignon, il y avait des limites à ne pas franchir pour son propre bien.

« Bah... la preuve que si... »

Je me retins de lui faire part de l'exemple de ce château, elle vivait dedans, elle devait savoir ce qu'il s'y passait, même si elle avait choisi de l'omettre en me faisant cette remarque. Hailey était restée en dehors de notre "dispute" et je me demandais si c'était parce qu'elle ne savait pas quoi dire, ou parce qu'elle ne voulait voir si nous étions capable de régler nos problèmes toutes seules Rhiannon et moi. Et puis, elle était déjà intervenue une fois aujourd'hui, et depuis le temps qu'elle nous connaissait, elle avait certainement dû apprendre à ne pas intervenir plus de fois en si peu de temps. Entre Rhiannon et moi, ça avait toujours été explosif. Nos caractère n'était pas vraiment compatible et c'était amusant de voir à quel point nous nous entendions bien mieux avec une Gryffondor qu'entre nous deux, alors qu'on était toutes les deux à Serpentard. C'était bien la preuve que la maison dans laquelle nous atterrissions ne faisait pas de nous de que nous étions.

« Bon, d’accord. Mais vous avez tort, rien de tel qu’un petit tour en pleine nature pour se remettre les idées en place. »

Je n'en croyais pas mes oreilles. Rhiannon voulait bien rentrer finalement. Ce n'était pas trop tôt, je commençais à geler sur place. Non mais quelle idée aussi de vouloir sortir dans le Parc en plein hiver, c'était certainement la pire saison qu'on ait pu inventer. Heureusement qu'à l'intérieur, les feux de cheminées arrivaient à maintenir une température nettement plus élevée que celle qui régnait dehors. Même si elle n'atteindrait jamais la chaleur à Setti-Fatma pendant l'été. D'ailleurs, j'avais pensé plusieurs fois à envoyer une lettre anonyme à la directrice pour me plaindre de la température ambiante du château, qui était selon moi encore trop fraîche. Mais je ne l'avais jamais fait jusqu'à maintenant, trouvant toujours le moyen de me défiler et d'enfiler un pull de plus en ronchonnant dans mon coin. Vu comme ça, je ne m'estimais pas vraiment heureuse d'avoir atterri à Serpentard pendant ma répartition. Ça n'avait rien à voir avec la maison, mais la salle commune était située dans les sous-sols, et on ne pouvait pas dire qu'il y faisait très chaud en hiver. Heureusement peut-être, l'histoire de la cagoule nous avait forcé à quitter notre cher salle commune pendant la période la plus froide, et je partageais à présent la salle commune des Poufsouffle.

« Bah tu vois, quand tu veux... »

C'était sortit tout seul, et avant même d'avoir fini ma phrase, je la regrettai. Bon, un tout petit peu, il ne fallait pas abuser quand même. Surtout que Rhiannon avait l'habitude de m'entendre dire tout ce qu'il me passait par la tête sans réfléchir. J'avais pris pour habitude d'être honnête avec les gens, même si ce que je disais n'était pas sympa. Je n'avais jamais ressenti de remords pour avoir dit ce que je pensais et avoir blessé une personne plutôt que de l'avoir protégé en lui mentant. C'était une attitude totalement stupide et légèrement égoïste. Pourquoi, sous prétexte qu'on ne voulait pas voir une personne souffrir, on devrait lui cacher la vérité ? Enfin bon, apparemment, certaines personnes avaient du mal avec cette attitude, et parmi elles, Rhiannon. La dernière chose que je voulais, c'était me re-disputer avec elle. sachant que je l'avais suffisamment fait comme ça pour la journée. Surtout qu'elle avais accepté de rentrer pour moi. Ça ne se faisait pas en tant qu'amie. Alors que j'avais suivi Rhiannon, et que nous nous rapprochions du château, Hailey nous arrêta.

« Oh, vous savez quoi ? Si vous voulez, on passe aux cuisines chercher un petit truc à manger et on ressort faire une petite balade ? Je sais pas si vous suivez, mais ça pourrait être chouette, non ? Comme ça, vous êtes toutes les deux satisfaites. Et au pire, si tu as froid Aldreda, tu peux chercher un pull ou une écharpe plus chaude, des gants, bref, tu vois. »

Je lançai un coup d’œil vers Rhiannon, puis vers Hailey. Elle semblait aussi congelée que moi, mais elle proposait quand même se revenir dehors après être allée chercher de quoi manger. Sa dévotion envers ses amies m’impressionnait parfois. Comment est-ce qu'elle faisait pour accepter d'avoir froid si une de ses plus proches amies était satisfaite ? J'aimais mes amies, je les aimais même beaucoup, mais pas au point de faire passer leurs intérêts et leurs volontés avant les miens. Et non, je n'étais pas égoïste, j'avais juste du mal à satisfaire les besoins des autres avant les miens, c'est tout. Pour ce qui était de Rhiannon et de cette idée, c'est vrai qu'elle n'était pas mauvaise. Je pourrais la qualifier de bonne si seulement nous étions en plein été. Mais on ne pouvait pas dire que c'était le cas en ce moment, et ma réticence était plus que compréhensible.

« Ça me parait bien comme idée. » Finis-je par dire, hésitante.

Bon... je voulais bien essayer d'être sympa, mais j'espérais que Rhiannon admirerait mes efforts, parce que ce n'était pas quelque chose de facile à faire pour moi. Alors que nous arrivions aux portes du château, ce fut à moi de stopper les filles pour leur demander quelque chose.

« Je vais chercher un pull et on va aux cuisines ensemble ensuite, ou alors l'une de vous sait où elles sont ? Comme ça on se rejoint ici dans une dizaine de minutes ? »

« Bah... la preuve que si... »

Aldreda était affligeante. Bien sûr, avec toutes les rumeurs qui circulaient au château qui en faisaient voir des vertes et des pas mûres aux élèves de l'école, il était normal qu'elle ne croit plus en cette absence de jugement. Sauf que ceux qui véhiculaient ces tissus d'inepties étaient forcément une petite minorité et beaucoup se forçaient à ne pas croire les mensonges qu'on leur faisait avaler. Bien sûr, il ne devait pas être simple de rester extérieur à tout ça et de ne jamais se poser de questions sur la véracité des propos tenus, mais Rhiannon aimait à croire que ce genre de médisance n'influençait pas tant que ça la vie de l'élève concernée. Elle-même avait toujours eu la chance d'échapper à tout ça et elle en était ravie. En même temps, elle ne voyait pas franchement ce que les autres élèves pourraient dire d'elle, ce qui expliquait que son nom ne soit pas encore dans toutes les bouches. Mais si par malheur, quelqu'un de mal intentionné décidait de s'en prendre à elle, la vipère ne savait pas franchement ce qu'elle pourrait dire. Là n'était pas la question, la jeune fille haussa les épaules, mettant fin à une conversation pouvant potentiellement mener à une dispute.

« Bah tu vois, quand tu veux... »

Mais quelle andouille. Rhiannon avait l'impression de faire des efforts pour faire des compromis, pour se monter un minimum gentille avec la jeune fille et voilà que celle-ci l'agressait avec ses remarques ironiques... Franchement, elle avait beau adorer Aldreda, elle trouvait sa meilleure amie plus qu'insupportable aujourd'hui. Déjà, depuis qu'elles s'étaient retrouvées, elle avait l'impression que la serpentard n'avait fait que se plaindre, sans discontinuer. Pourtant, la journée était plutôt chouette, elles avaient eu l'occasion de se retrouver toutes les trois, comme au bon vieux temps et en plus, leur conversation avait prouvé qu'elles avaient certainement plusieurs choses à se dire. Rhiannon avait eu besoin de conseils pour son frère, conseils qu'elle n'avait pas franchement eu puisque sa meilleure amie avait jugé bon de l'envoyer sur les roses le plus rapidement possible, elle avait fait de même pour Hailey peu de temps après, lui prouvait par la même occasion qu'elle se fichait complètement ce qu'elles pouvaient avoir à dire. Mais que voulait-elle alors ? Peut-être désirait-elle simplement parler de quelque chose qui lui tenait à cœur ? Mais dans ce cas, rien ne l'empêchait de le faire, il suffisait qu'elle ouvre la bouche, la vipère était totalement prête à l'écouter.

« Qu'est-ce que tu peux être chiante. » Lâcha la vipère en levant les yeux au ciel.

Et encore, c'était un doux euphémisme... Dans la bouche de la jeune fille, cependant, ce n'était pas vraiment une insulte, juste une façon de faire comprendre à Aldreda qu'elle dépassait les bornes sans pour autant chercher la bagarre. Elle était même presque certaine que venant d'elle, elle pourrait prendre ça pour un compliment, alors que c'était très loin d'en être un. Enfin, il fallait se rendre à l'évidence, son amie avait décidé d’enchaîner les remarques piquantes aujourd'hui et il allait falloir qu'elle prenne son mal en patience pour les supporter. Elle s'en sentait totalement capable, même si ce n'était pas forcément facile pour elle d'avoir l'impression d'être titillée méchamment sans rien pouvoir faire. Rhiannon savait que sa meilleure amie ne faisait pas ça pour provoquer un quelconque conflit. C'était son caractère, voilà tout, elle était franchement, peut-être trop, disait tout ce qui lui passait par la tête sans prendre la peine de peser ses mots et la vipère savait que sur ce plan-là, elle ne parviendrait certainement pas à la changer. Ça n'avait aucune importance, elle adorait Aldreda et ça ne changerait pas, mais pour le moment, elle avait envie de lui donner des claques, elle les méritait amplement.

« Oh, vous savez quoi ? Si vous voulez, on passe aux cuisines chercher un petit truc à manger et on ressort faire une petite balade ? Je sais pas si vous suivez, mais ça pourrait être chouette, non ? Comme ça, vous êtes toutes les deux satisfaites. Et au pire, si tu as froid Aldreda, tu peux chercher un pull ou une écharpe plus chaude, des gants, bref, tu vois. »

L'idée lui paraissait correcte. Ça ne l'étonnait pas d'Hailey et ça la rassurait, même. Cette petite rouge et or avait toujours été particulièrement gourmande, elle la reconnaissait bien là. Au moins, ça prouvait que cette histoire avec Flynn, même si elle la tracassait, ce qui était compréhensible, ne l'handicapait pas autant qu'elle voulait bien le croire. Dans ce genre de situation, son comportement aurait pu être pire. Beaucoup des amis qu'elle connaissait étaient tout simplement obnubilés par leurs histoires d'amour au point d'en oublier tout le reste de leur vie. C'était complètement stupide, et elle ne comprenait pas franchement comment on pouvait se laisser embarquer dans une telle chose. D'un autre côté, elle savait fort bien qu'elle n'avait jamais été amoureuse et qu'elle ne pouvait donc pas comprendre comment les autres réagissaient, mais elle aimait bien Ryan, ou en tout cas, elle avait toujours eu l'impression qu'il comptait pour elle. Seulement, elle n'en faisait pas tout un plat. Il était tout simplement hors de question qu'elle en parle à ses deux copines, elles ne comprendraient pas, et elle vivait pourtant fort bien cette situation.

« Ça me parait bien comme idée. »

Alleluia, la jeune fille commençait à devenir raisonnable. Bon, d'accord, elle avait eu gain de cause, elles s'apprêtaient à rentrer toutes les trois au château, mais elle acceptait au moins de ressortir après et ça plaisait à Rhiannon. Elle avait toujours adoré être dehors, par tous les temps. Quand il y avait un soleil de plomb, un arbre était toujours là pour l'abriter et lui donner l'illusion d'une température légèrement plus fraiche. Quand il pleuvait, elle trouvait toujours un coin où elle pourrait éventuellement s'abriter, et puis de toute façon, se retrouver mouillée ne la dérangeait pas, au contraire, elle aimait sentir ses cheveux ruisseler sur ses épaules. Petite, elle rentrait de l'école en courant sous la pluie alors que ses copines s'empressaient de mettre leur capuche. Le cours laps de temps que durait sa course entre l'école et la maison de ses parents lui permettait de se sentir étrangement libre et elle adorait ça. La neige, c'était encore mieux, elle offrait un nombre infini de possibilités et de jeux en tout genre. Elle avait quatorze ans, d'accord, mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'aimait plus s'amuser et profiter de la poudre blanche pour créer toutes sortes de sculptures de neige était un de ses passe-temps favoris.

« Oh merci ! » S'exclama-t-elle en serrant ses deux meilleures amies dans ses bras.

Elle leur devait beaucoup, ses deux amies s'étaient mises d'accord pour rentrer au château, elles semblaient être en train de mourir de froid toutes les deux et pourtant elles semblaient tenir à lui faire plaisir. La jeune fille ne pouvait que reconnaître qu'elle avait deux amies formidables sur qui elle pourrait toujours compter. Peut-être que des personnes extérieures auraient l'impression que ce n'était pas grand-chose, et c'était sans doute la vérité, mais Rhiannon avait toujours dit que c'était de ce genre de petits détails, insignifiant pour certains, que se formait une belle amitié et la leur était particulièrement exceptionnelle. En sortant de l'école primaire, où elle n'avait pas eu beaucoup d'amis, à cause de son déménagement, la vipère avait imaginé qu'elle aurait eu du mal à trouver d'autres personnes qui puissent autant compter que toutes les copines qu'elle avait eu pendant son enfance. Manifestement, elle s'était montrée très pessimiste puisque dès son entrée à Poudlard, elle était tombée sur deux jeunes filles merveilleuses. Elle avait pu rencontrer d'autres personnes par la suite, mais aucune n'avait égalé ses meilleures amies. Elle leur était très reconnaissante de l'avoir acceptée si facilement.

« Je vais chercher un pull et on va aux cuisines ensemble ensuite, ou alors l'une de vous sait où elles sont ? Comme ça on se rejoint ici dans une dizaine de minutes ? »

Rhiannon savait pertinemment qu'il était interdit de se rendre aux cuisines et certains élèves ignoraient encore leur emplacement. Cependant, au fin des années, ce n'était plus vraiment resté un secret, elle en avait bien conscience. La vipère avait la chance d'avoir un grand-frère qui avait vécu plusieurs années à Poudlard avant qu'elle y arrive, elle avait donc eu des tuyaux faciles à avoir, alors que d'autres élèves auraient dû se plier en quatre pour obtenir ce genre d'informations. Rhiannon n'était pas en admiration pour rien devant son frangin. Elle lui devait beaucoup. Même si parfois, il pouvait se montrer un peu trop envahissant, il était toujours là pour la protéger et pour lui venir en aide lorsqu'elle le lui demandait. A côté de ça, elle était tout à fait capable de lui dire qu'il était trop collant et qu'elle avait besoin d'espace, mais ce n'était que de brèves passades, elle avait besoin d'Elian et en avait totalement conscience, elle espérait simplement qu'il ne finirait pas par se vexer pour de bon de ses reproches et à la laisser se débrouiller par elle-même mais la connaissant, c'était fort peu probable.

« Moi je sais, si vous voulez, vous pouvez aller toutes les deux chercher de quoi vous couvrir, vous avez l'air totalement congelées. Pendant ce temps-là je passe aux cuisines et on se rejoint dans le hall. » Proposa la jeune fille. « Je pense que ça ira plus vite si on se sépare... Non ? »

Ça ne la dérangeait pas d'aller fouiner par elle-même, Rhiannon connaissait très bien cet endroit, elle était capable de s'y rendre en moins de cinq minutes, de prendre ce qu'elle voulait et de ressortir tout aussi vite sans aucun problème. C'était facile, elle l'avait fait des millions de fois. En tant que petites voleuses, elle était capable de faire preuve d'un maximum de discrétion et dans ce cas présent, ça pouvait lui servir. Mais bon, ce n'était pas à elle de décider et quelle que soit la décision de ses amies, ça lui conviendrait tout autant.

« Qu'est-ce que tu peux être chiante. »

Je savais que j’étais allée un peu trop loin en répliquant, mais cela n’avait pas d’importance. Ou en tout cas, pas autant qu’on pourrait le croire. Rhiannon avait l’habitude avec moi, et elle m’avait vu passer par toutes les humeurs possibles et imaginables, même les plus folles, alors une réplique de trop ne devrait pas lui faire perdre son sang-froid. Je savais parfaitement qu’elle n’était pas autant fâchée qu’on pourrait le croire en l’entendant dire cela, elle voulait juste me prévenir qu’elle commençait à en avoir marre de parler avec moi, et honnêtement, je la comprenais parfaitement. A sa place, moi aussi je ne supporterais pas de me parler. J’étais beaucoup trop chiante pour ça. Mais je le savais, et je l’assumais, et c’était bien pour cette unique raison que je n’étais absolument pas vexée de sa remarque. Oui, j’étais chiante, et quiconque me côtoyant ne serait-ce que cinq minutes pouvait s’en apercevoir. D’ailleurs, la plupart des gens était étonnée de voir que je prenais cette remarque comme un compliment. Mais la plupart des gens n’était pas Rhiannon et Hailey, et elles étaient bien les seules avec ma famille à savoir comment je réagissais normalement face à une telle remarque. Aussi, c’était moins drôle de répondre le plus simplement du monde.

« Je prends ça pour un compliment, tu t’en doutes bien. Merci Julietta. »

Julietta. Elle détestait qu’on l’appelle comme ça, et ce depuis… toujours certainement. Je savais que son frère l’appelait encore par ce nom, mais voyez-vous, Rhiannon préférait son deuxième prénom, allez savoir pourquoi. Aussi, elle refusait de répondre quand on l’appelait par ce prénom en J. D’ailleurs, ça faisait bien longtemps que j’avais arrêté d’essayer de l’appeler comme ça. Je n’étais pas suicidaire, même si à première vue, on pourrait le croire. Certes, j’adorais pousser les gens à bout, mais il y avait des limites. Et puis, Rhiannon était une de mes meilleures amies, et je n’avais pas prévue de m’en faire une ennemie d’ici la fin de ma vie, alors je n’avais aucune raison de vouloir lui déclarer la guerre. Mais je ne pouvais pas laisser son crime impuni, et comme elle savait déjà que me dire que j’étais chiante ne m’énerverait pas, je voulais essayer moi de l’énerver un peu plus encore. Non, je voulais juste l’embêter encore un peu, avant d’arrêter. Eh bien oui, il semblerait que je ne l’avais pas suffisamment fait aujourd’hui.

« Voyons, Rhiannon ! »

Hailey faillit me faire exploser de rire en disant cela. Elle aussi me connaissait, et par la même occasion, elle connaissait Rhiannon. De nous trois, c’était certainement celle qui avait le moins de chance dans ce trio. Rhiannon et moi avions des caractères bien trempés, et la plupart du temps – aujourd’hui ne faisait pas exception – nous n’étions d’accord sur rien, et nous nous chamaillions. Au moins, on avait la chance d’avoir Hailey qui n’était pas aussi difficile que nous. Parce que devoir se préoccuper des avis de deux personnes était déjà contraignant, mais si un troisième avis devait prendre parti, jamais nous ne nous en sortirions. Ce qui était bien avec Hailey, c’est qu’elle proposait des trucs tellement bien, qu’on finissait par trouver un compromis. Et tout comme les disputes, aujourd’hui n’en faisait pas exception. Pour tout dire, je serais bien incapable de dire comme tournerait l’amitié que j’avais avec Rhiannon sans Hailey. Très certainement en guerre civile avant qu’on ne s’ne rende compte.

« Oh merci ! »

Avant même que je comprenne ce qui m’arrive, je me retrouvai collé à Rhiannon et Hailey, manquant de m’étouffer de peu. Rhiannon avait osé – et oui, je dis bien osé – me serrer dans ses bras. Elle devrait pourtant savoir que je n’étais pas très câlin et compagnie. Non mais sérieusement, quel était son problème là ? Bon, certes, je l’avais un peu cherché tout à l’heure, et même encore il n’y a pas si longtemps. En fait, je n’avais fait que de la contredire depuis le début de l’après-midi d’après mes souvenirs, mais elle devrait être habituée à mon sale caractère depuis le temps, alors pourquoi venir se venger maintenant avec un câlin groupé ? Malgré tout, je pris difficilement sur moi pour qu’elle ne pense pas que je la repousse encore une fois dans la journée, et une fois qu’elle me lâcha, je m’éclipsai en direction de la salle commune des Poufsouffle pour aller chercher de quoi me tenir un peu plus chaud. Je me dépêchais de monter dans mon dortoir afin d’enfiler le plus de vêtements possible. Je rajoutais un débardeur sous les vêtements que j’avais déjà, puis un deuxième pull par-dessus. Sans oublier une paire de cache oreille par-dessus mon bonnet, et des gants plus chaud mais confortables. Et tout ça sans ressembler à un porte manteau. Franchement, j’étais douée, il n’y avait pas à dire. J’étais certaine que ce « look » n’irait pas aussi bien à d’autres personnes. Mais bien heureusement, ça m’allait bien, alors je sortis du dortoir et rejoignis Rhiannon qui avait eu le temps de passer au cuisine. Hailey n’était pas encore arrivée, aussi je m’assis sur les marches en l’attendant. Mais on aurait dit qu’elle s’était perdue en chemin, parce qu’elle mettait vraiment beaucoup de temps à revenir. Au bout de cinq minutes, je commençais vraiment à m’inquiéter.

« Tu crois que c’est normal qu’elle mette autant de temps à revenir ? » Demandai-je à Rhiannon.

Bon d’accord, la salle commune des Gryffondor n’était pas au deuxième étage, mais quand même, il ne lui fallait pas plus de temps qu’à moi pour monter tous ces escaliers, prendre de quoi s’habiller plus chaudement et repartir. A bien y réfléchir, peut-être qu’elle était tombée sur Flynn, ou qu’elle l’avait vu dans la salle commune, et qu’elle avait décidée d’aller lui parler. Mais qu’est-ce qu’elle avait prévue de faire de nous à ce moment ? Hailey était relativement ponctuelle d’habitude, et ce n’était pas le genre de personne qui oubliait qu’elle avait prévu de sortir avec ses meilleures amies. Si dans cinq minutes, elle n’était toujours pas descendue, alors j’irais la chercher moi-même, ce n’était pas un problème. Mais bien sûr, à peine je pensais cela qu’elle se pointait tel le messie. Enfin, elle n’était pas encore là, mais plus haut, mais elle s’était mise à crier, ou en tout cas à parler très fort, si bien qu’on pouvait facilement l’entendre d’où on se trouvait. Et apparemment, la cause de son retard était un livre.

« Mon dieu, ce n'est juste pas possible ! Qui est le pur idiot qui a dessiné cela dans un livre si passionnant ? J'aimerais bien le savoir moi, histoire de lui donner un coup là où je pense ! »

Pincez-moi je rêve ! Depuis quand Hailey Rosebury parle ainsi ? Il semblerait que sa pseudo-relation avec ce sixième année l’ait légèrement transformé. Je fis mine de l’écouter attentivement alors qu’en fait, je ne l’écoutais que distraitement, en me demandant ce qu’il pouvait d’y avoir de si abominable dans ce bouquin, mais je finis par comprendre. Quelque chose m’interpella dans ce qu’elle dit. Quelque chose comme « petit crétin qui ne sait en plus même pas dessiner correctement. » La première chose qui me vint à l’esprit fut de me demander comment elle pouvait savoir que c’était mal dessiner, mais ensuite, j’eus en tête l’image d’elle et de Flynn faisait des choses pas très catholiques, alors j’oubliais tout de suite cette question. Surtout que pendant que je me remettais de ma vision d’horreur, Hailey avait fini son monologue et était arrivée jusqu’à nous. Je remarquai tout de suite qu’elle n’avait pu le fameux livre contre lequel elle s’insurgeait, et curieuse comme j’étais, je serais bien allée jeter un coup d’œil à l’intérieur pour voir l’étendue des dégâts, mais je préférais m’abstenir en présence d’Hailey qui semblait bouleversé à l’idée que quelqu’un ait pu écrire dans un livre. Si seulement elle voyait l’état de mes bouquins… J’avais la très nette impression que je passerais un sale quart d’heure. Je ne savais pas si elle était au courant que Rhiannon et moi n’avions pas raté une seule partie de son monologue, et je ne savais pas trop quoi dire. En fait, j’avais surtout envie de rigoler, et je savais que si Rhiannon commençait, je ne pourrais pas m’en empêcher. Mais je jugeai préférable de ne pas la lancer sur ce sujet et de faire comme s’il ne s’était rien passé pour l’instant.

« T’es prête à retourner au pôle nord Hailey ? » Demandai-je en espérant que ma voix ne trahirait pas le fou rire que j’avais envie de lâcher. « C’est parti alors ! »

« Je prends ça pour un compliment, tu t’en doutes bien. Merci Julietta. »

La jeune fille grimaça brièvement avant d'esquisser un sourire. Elle n'avait pas douté un seul instant qu'Aldreda trouve plutôt agréable de s'entendre dire qu'elle était agaçante. Évidemment, la vipère n'avait pas spécialement eu envie de blesser son amie. Même si les deux Serpentard passaient un temps fou à se tirer dans les pattes et à se prouver leur désaccord par des remarques cinglantes, elles s'étaient toujours relativement bien entendues toutes les deux et elle n'avait pas la moindre envie que leur amitié soit gâchée à cause d'une stupide dispute. Rhiannon savait à quel point avoir de vrais amis était important dans la vie. Elle avait perdu les piliers de son enfance à cause de son déménagement et bien qu'elle ait été encore une petite fille à l'époque, elle avait eu du mal à s'en remettre. Dans tout ce qu'elle faisait, elle essayait de retrouver ses souvenirs et les moments agréables qu'elle aimait passer en compagnie de ses proches, mais il lui avait été difficile voire impossible de retrouver exactement les mêmes choses. Alors forcément, maintenant qu'elles avait retrouvé de vraies amies, elle tenait à conserver cette relation le plus longtemps possible.

« Rhiannon. » Siffla-t-elle entre ses dents.

Ce n'était un secret pour personne, elle détestait plus que tout qu'on l'appelle par son premier prénom. La jeune fille ne s'était jamais très bien entendue avec sa mère, pensant la plupart du temps que ses idées ne lui correspondaient pas vraiment, mais le coup du prénom pourri, c'était quelque chose qu'elle n'arrivait décidément pas à lui pardonner. Certes, son père était certainement responsable lui aussi, sauf qu'il avait eu la décence de tenter de se rattraper avec le temps et elle avait toujours adoré son géniteur parce qu'il représentait une certaine puissance, un leader qu'elle aurait aimé être plus tard. Sa mère était une femme effacée, trop inquiète pour ses enfants et étroite d'esprit à l'extrême. Bref, elle était désagréable et passait son temps à contrecarrer ses plans ce qui n'était pas pour lui plaire. Dès qu'elle voulait faire preuve d'un peu d'autonomie, un non retentissant résonnait à ses oreilles. C'était bien simple, dès qu'il était question d'indépendance sa chère maman s'opposait toujours à sa volonté, par principe, certainement ou sans doute parce qu'elle imaginait que sa dernière fille chérie risquait de vouloir quitter la maison un peu trop tôt si elle la laissait s'envoler tout de suite. Sauf qu'elle avait tort, c'était surtout à force de lui courir sur le haricot qu'elle risquait de la voir partir.

« Voyons, Rhiannon ! »

Bah quoi ? Elle n'allait pas défendre Aldreda quand même ? Ce n'était tout de même pas de sa faute si la Serpentard était tout bonnement insupportable, elle n'avait rien inventé, c'était les faits et Hailey en avait été témoin au même titre qu'elle. Le pire dans tout ça était justement qu'elle avait essayé de défendre la Gryffondor dans cette histoire. Elle au moins avait voulu se montrer gentille et compréhensive avec tout ce qu'il s'était passé entre Flynn et sa meilleure amie. En réalité, elle aurait pu se montrer particulièrement désagréable, elle en avait la possibilité. Le rouge et or était son ami et il aurait été normal qu'elle cherche à le défendre. Il avait été traité comme un moins que rien par sa soi-disant petite amie, mais elle n'avait jugé personne, ne cherchant pas à trouver de fautif là où il y en avait pas spécialement. Et puis, autant être honnête, elle détestait se retrouver à une contre deux, encore plus quand elle était intimement persuadée d'avoir raison. Et sur ce coup-là, comme très souvent, d'ailleurs, Rhiannon était totalement convaincue d'avoir visé juste.

« Oui, moi en tout cas je suis pour cette idée. »

Parfait, encore une fois, les deux filles adhéraient totalement à sa façon de voir les choses. Rhiannon ne se fit pas prier et prit la direction des cuisines. Elle avait eu la chance d'apprendre assez tôt la façon dont il fallait s'y prendre pour y entrer et depuis, elle n'avait pas hésité à s'y rendre dès qu'elle en avait l'occasion. Ce n'était peut-être pas très autorisé par le règlement, mais il y avait largement pire, et si elle devait faire perdre deux ou trois points pour sa maison pour ça, elle assumait totalement. Avec tout ce que faisaient ses camarades de Serpentard, elle était sûre et certaine que personne ne lui en tiendrait rigueur. Prise par ses pensées, elle couvrit la distance qui la séparait des cuisines en un temps record et attrapa rapidement de quoi nourrir ses deux meilleures amies avant de ressortir. Elle ne voulait pas faire attendre les deux filles, aussi allait-elle le plus vite possible pour qu'elles ne trouvent pas d'autres raisons de lui en vouloir. Elle ne fut pas spécialement surprise de constater qu'elle était arrivée la première. Elle attendit bien sagement que ses copines reviennent, regardant les allées et venues des autres élèves dans le couloir.

« Tu crois que c’est normal qu’elle mette autant de temps à revenir ? »

Aldreda avait fini par la rejoindre mais ce n'était pas le cas d'Hailey qui après de longues minutes étaient encore aux abonnés absents. Que faisait-elle ? Il ne lui fallait pas cent cinquante ans pour récupérer un pull et venir les rejoindre, si ? Visiblement, si, sinon elle aurait été avec ses deux amies actuellement. Rhiannon faisait peut-être un peu attention à son apparence en tant que future leader de son association, mais elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi certaines filles tenaient à rester pendant des heures à choisir leur tenue vestimentaire alors qu'elle avait besoin du tiers voire du quart du temps que prenaient les greluches du château pour se rendre présentable. Elle savait qu'elle devait faire attention à elle puisque la première impression rendue dépendait avant tout de son apparence, mais ce n'était pas une raison pour avoir l'air d'une poupée peinturlurée, ça lui ferait perdre en crédibilité et il était hors de question que ça arrive. Peut-être que la rouge et or reviendrait avec un rouge à lèvre flashy, ce serait vraiment drôle, et si c'était pour ça qu'elle était en retard, ça ne la dérangeait pas du tout d'attendre.

« J'en sais trop rien, elle s'est peut-être perdue en route ? » Demanda-elle en souriant, légèrement amusée par la situation. « J'ai pris du chocolat et du pain, j'espère que ça ira, les elfes avaient l'air trop occupés. »

Aldreda faisait sa chieuse depuis le début de la journée, il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier son comportement, alors il était tout à fait possible qu'elle ne soit pas du tout contente en voyant ce qu'elle avait ramené. Ça n'avait pas vraiment d'importance, si ça ne lui plaisait pas, ça en ferait plus à manger pour elle et même si elle n'était pas une vraie goinfre, elle n'était jamais contre l'idée que quelqu'un lui passe sa part. Quoi que pour ce qui était de la nourriture qu'elle avait choisi pour ses amies, elle ne pouvait pas forcément toujours manger la même chose qu'elles. Rhiannon avait des idées bien précises de ses restrictions alimentaires. Elle ne faisait jamais le moindre écart dans son régime et n faisait pas du tout les choses en fonction de ce que faisaient les végétariens ou les végétaliens. Tout ce qui lui importait était de se sentir bien dans sa peau et peu lui importait que tout le monde la comprenne. Elle s'autorisait donc un certain nombre de choses à base de lait, mais ne buvait de pas de lait tout seul, ça pouvait sans doute paraître étrange, mais elle comprenait pourquoi elle agissait de cette manière et c'était le principal.

« Mon dieu, ce n'est juste pas possible ! Qui est le pur idiot qui a dessiné cela dans un livre si passionnant ? J'aimerais bien le savoir moi, histoire de lui donner un coup là où je pense... »

A peine une phrase et demi plus tard, la jeune fille avait décroché. Hailey avait enfin daigné les rejoindre mais visiblement pour leur servir une tirage aussi impliquée que barbante sur les gens qui écrivaient dans les livres. En théorie, c'était le genre de conversation que Rhiannon appréciait plus que tout. Elle était la première à dire qu'il ne fallait pas gâcher le papier puisque ça avait une influence très négative sur la nature, mais en l’occurrence, elle avait juste envie de sortir du château et elle avait la nette impression d'avoir attendu une éternité que la gryffondor daigne montrer le bout de son nez. Alors oui, la savoir aussi impliquée pour ses précieux livres était assez intéressant, mais la vipère avait laissé tomber depuis longtemps l'idée de la faire intégrer son association et elle savait qu'il était totalement inutile de relancer le débat. Ça n'aurait pas été pour lui déplaire, avoir comme bras droit l'une de ses deux meilleures amies ne pourrait que lui faire vraiment plaisir mais elle savait que ce n'était qu'un rêve qu'elle ne pourrait pas atteindre à moins d'un miracle. Elle avait des amies merveilleuses mais leurs centres d'intérêts n'étaient pas toujours les mêmes et c'était certainement leurs différences qui les rapprochaient.

« T’es prête à retourner au pôle nord Hailey ? C’est parti alors ! »

La vipère haussa les épaules, elle n'avait plus envie de se battre contre ses amies qui préféraient visiblement le confort du château au bon air pur de l'extérieur. Tant pis, elle s'en fichait, elle avait eu gain de cause et c'était tout ce qui comptait à ses yeux. La jeune fille aimait beaucoup être dehors, elle avait toujours adoré ça. A force de rester trop longtemps entre quatre murs, elle finissait par avoir l'impression d'étouffer, c'était particulièrement désagréable. Cette sortie lui faisait du bien et elle n'y pouvait rien si ses amies ne s'en rendaient pas compte.