Le dortoir des filles était plongé dans une obscurité totale. Lorsque Yasha poussa la porte, la pièce fut remplie d’une forte luminosité qui laissait entrevoir toutes les affaires de ses occupantes.

Yasha pénétra dans le dortoir, alluma la lumière et repoussa doucement la porte. En s’avançant, elle manqua de tomber en se prenant les pieds dans le tapis.
*Rrrrr, je ne m’y ferai jamais à ce tapis ! Un jour, il m’aura*
Depuis toutes ces années où elle était à Poudlard, la carpette avait toujours eu raison d’elle… mais ce n’était qu’un détail parmi tant d’autres. En levant la tête, Yasha se prit à rire.
*Une porcherie, une réelle porcherie !*

Des vêtements, des parchemins, des plumes, des sacs, etc. ; tout et n’importe quoi jonchait le sol. Partout ?! Oh non, loin de là ! Il y avait un lit qui était parfaitement fait, au carré. Les chaussons bien rangés à côté, les livres organisés de A à Z sur l’étagère… cette organisation ne pouvait être que celle d’Astride, c’était la preuve qu’elle était passée au dortoir il y avait peu de temps. En effet, en quittant la pièce ce matin, c’était un véritable chantier. Il faut avouer que Yasha était loin d’être organisée. Même si ce n’était pas ordonné, elle retrouvait toujours ses affaires… sauf une exception ! Ca faisait maintenant plusieurs jours qu’elle avait perdu sa bague, une bague qui lui tenait beaucoup à cœur, et elle était sure de l’avoir perdu ici mais impossible de remettre la main dessus. Un jour, elle le sait, elle la retrouvera !

*Faisons place à un peu de rangement*
Elle parcourut la pièce du regard puis s’assit sur son lit en soufflant, totalement démotivée en voyant l’ampleur des dégâts.
*Ou peut-être demain, j’ai le temps de toute façon !*

Elle s’allongea donc sur son lit, prit le livre « Liens et différences entre les animaux moldus et les créatures magiques » qui se trouvait sur sa table de chevet et l’ouvrit à la page 44 au chapitre 3 « Les chevaux peuvent-ils devenir des licornes ? ». Elle adorait ce livre, elle l’avait déjà lu une bonne dizaine de fois mais ne s’en lassait pas. Il faut avouer que ces petites bêtes la passionnaient, alors pourquoi s'en passer ?!

Il neigeait depuis un moment maintenant à Poudlard et Astride ne s'y faisait toujours pas. Elle ne comprenait pas ce que les gens pouvaient bien aimer là-dedans. C'était froid, mouillé, glissant. Elle avait toujours peur de se casser quelque chose, ou pire, de faire tomber un de ses précieux bouquins de sorte qu'il devienne totalement impossible de le lire. Sauf que les autres élèves semblaient s'en donner à cœur joie, en revenant de son cours de soin au créatures magiques, emmitouflée jusqu'aux oreilles dans l'écharpe aux couleurs de sa maison, elle avait croisé bon nombre de garçons et de filles qui s'adonnaient à des jeux puériles auxquels elle ne voulait surtout pas participer. Mais la vue de toute cette bonne humeur lui avait tout de même arraché un sourire derrière son écharpe, et elle avait finalement détourné les yeux et accéléré le pas pour rentrer au plus vite dans l'imposant château. Ses doigts de pieds avaient eu le temps de se transformer en glaçon durant cette courte marche et elle avait bien hâte de se mettre au chaud. Sauf qu'en se détournant elle avait bêtement baissé sa garde, une boule de neige la frappa de plein fouet suivi d'un « Prends ça l'intello. » et de plusieurs éclats de rire très prononcés. La poufsouffle choisit de les ignorer et accéléra encore davantage le pas, pressée d'un seul coup d'échapper aux regards. Elle n'avait jamais beaucoup aimé être le centre d'attention, et encore moins la cible des moqueries. Astride savait par expérience qu'elle n'était pas douée pour garder le contrôle quand elle se savait menacée, il était bien trop difficile pour elle de se savoir humiliée. Elle savait malheureusement qu'elle n'était pas mauvaise lorsqu'il s'agissait de pratiquer la magie, et lorsque la pression devenait trop importante pour elle, la jeune fille ne pouvait pas s'empêcher d'en faire usage afin de mettre fin à la situation embarrassante dans laquelle elle se trouvait.

Cette fois-ci, elle avait réussi, elle était dans le château, les rires des élèves amusés résonnaient encore dans sa tête, mais ils étaient loin derrière elle maintenant, totalement hors de sa portée. Elle fila rapidement jusqu'à la salle commune et après avoir prononcé le mot de passe, monta quatre à quatre jusqu'à son dortoir. C'était bien le seul endroit où elle se sentait en sécurité Certes, il y avait Anabela qui n'avait jamais vraiment été pour elle ce qu'on peut appeler une amie, mais il n'y avait pas non plus d'ennemis à l'intérieur de sa chambre. Elle pouvait être elle-même, laisser libre cours à ses côtés maniaques et profiter de la présence de Yasha à ses côtés. Contrairement à Anabela, elle était une très gentille fille, très ouverte et de très bonne compagnie. C'est pourquoi Astride fut ravie de constater qu'elle était déjà là lorsqu'elle fit irruption dans la pièce. Évidemment, elle n'avait pas commencé à ranger ses affaires, mais été allongé sur son lit, ce qui arraché un grand sourire à la poufsouffle. Elle n'était absolument pas étonnée et pas non plus en colère. Elle connaissait le côté désordonnée de son amie et s'y était faite avec le temps. La vie en communauté impliquait des sacrifices et avec le temps, elle avait apprit à en faire.

« Qu'est-ce que tu lis ? » Demanda-t-elle en se débarrassant de ses affaires.

Après avoir posé ses chaussures encore trempées au pied de son lit, elle plia soigneusement sa cape et son écharpe pour les placer sur son lit. Elles n'étaient pas encore sèches, et elles rejoindraient le fond de sa valise lorsqu'elles le seraient totalement. Astride avait bien conscience d'avoir des manies qui auraient pu faire rire certaines personnes, mais Yasha, bien que très différente d'elle n'était pas le genre de personne qui aimait se moquer d'elle. La poufsouffle savait parfaitement à qui elle avait à faire, aussi se sentait-elle parfaitement détendue.

« Je me suis fait attaquer à coup de boules de neiges et traitée d'intello tout à l'heure, c'était sympathique. » Déclara la poufsouffle en s'asseyant sur le bord de son lit. « Et toi, t'as passé une bonne journée ? »

Astride écouta son amie en remontant minutieusement ses collants qui avaient tendance à glisser depuis qu'elle avait demandé à sa mère d'acheter des jupes de la taille au-dessus puisque les autres devenaient un peu petite pour elle. La poufsouffle était contente de pouvoir passer un peu de temps avec Yasha, ça faisait bien longtemps qu'elle n'en avait pas eu l'occasion.

Yasha était totalement plongée dans son livre. Même si elle le connaissait par cœur, elle avait toujours l’impression d’en apprendre un peu plus à chaque lecture, des petits détails.
Yasha n’était pas vraiment une bonne élève, ce n’était pas un cancre non plus mais elle prenait plus plaisir à rêvasser et à discuter avec ses camarades qu’à suivre tranquillement un cours. Elle appréciait tout de même les cours auxquels elle assistait et les écoutait la plupart du temps, mais malheureusement elle était vite distraite. C’était rare de la trouver en train de bouquiner un livre sur les Potions ou encore sur l’Astronomie… elle préférait largement la pratique ! Cependant, dès qu’il s’agissait d’un domaine qui lui tenait à cœur, elle s’y mettait sans s’en lacer.

Elle venait de commencer le chapitre 4 lorsqu’elle entendit la porte du dortoir s’ouvrir. Elle se pencha légèrement pour voir s’il s’agissait d’Anabela ou d’Astride. Yasha sourit en voyant cette dernière et ferma son livre avant de se redresser sur son lit.

Cela faisait longtemps que Yasha ne s’était pas retrouvée seule en compagnie d’Astride, et il fallait avouer que ça lui manquait ! C’est pourquoi elle était vraiment ravie de la voir. Astride était une amie sur qui elle pouvait compter, elle avait toujours été là pour elle et savait qu’elle pouvait être tout à fait naturelle, ce n’était pas quelqu’un qui jugeait et critiquait. Elle appréciait énormément d’être avec elle, elle pouvait se confier, rire, échanger… c’était une amie qui avait une grande ouverture d’esprit. De plus, elle était très intelligente, elle épatait toujours Yasha, sa culture était telle qu’elle en apprenait beaucoup avec elle.

Il faut avouer qu’au tout début de sa scolarité à Poudlard, Yasha avait été surprise de la « maniaquerie » d’Astride, elle ne savait pas vraiment comment l’appréhender. Pour dire vrai, ça l’effrayait un peu de voir toutes ces choses bien à leur place, surtout qu’elle était elle-même plutôt désordonnée. Mais au final, il n’y avait aucuns soucis. Chacune avait son espace et respectait celui de l’autre, et cela ne posait pas de problème à Anabela non plus.

- Qu’est-ce que tu lis ? Demanda Astride en se débarrassant de ses affaires.
Yasha se réinstalla sur son lit, s’adossant au mur. Elle prit son livre et le lui montra avec un petit sourire en coin. Elle se doutait un peu de la réaction d’Astride, elle lisait tellement ce bouquin que tout le monde savait qu’elle l’avait dans sa « bibliothèque ».
- Encore et toujours… Liens et différences entre les animaux moldus et les créatures magiques. Dit Yasha en le jetant sur le bas de son lit. Mais je t’assure que j’apprends encore des choses, s’empressa-t-elle d’ajouter avec un petit rire.

Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant Astride plier sa cape et son écharpe méticuleusement. Elle ne trouvait pas ses manies ridicules, c’étaient des habitudes comme tout le monde pouvait en avoir.
- Je me suis fait attaquer à coup de boules de neiges et traitée d'intello tout à l'heure, c'était sympathique. Déclara la poufsouffle en s'asseyant sur le bord de son lit. Et toi, t'as passé une bonne journée ?
A la première partie de la phrase de son amie, Yasha leva les yeux au ciel. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait… pourquoi ?! Aucune idée ! Astride n’était pas quelqu’un qui se moquait des autres, c’était peut-être la raison pour laquelle ils le faisaient. C’est tellement plus simple de s’attaquer à quelqu’un qui reste calme.
- Encore ?! C’est pas possible, ils doivent être jaloux de toi ! Dit-elle en souriant de manière à la rassurer. Ils n’ont rien d’autre à faire, tu leur offres de quoi s’amuser, tu es une âme charitable.
Elle se leva de son lit, prit son sac qui se trouvait près de la porte et farfouilla à l’intérieur. Elle l’avait mis dedans, elle le savait !
*Rrrr, un réel bazar encore, il faudrait quand même que je pense à le ranger*
Elle en sortit la Gazette du Sorcier et alla s’assoir au pied du lit d’Astride.
- La journée… bof, pas très intéressante. S’exclama Yasha tout en haussant les épaules.
Mais par contre j’ai reçu la Gazette du Sorcier et regarde ! Dit-elle tout en ouvrant la page sur une photo mouvante qui représentait un arbre fruitier. On pouvait voir qu’il produisait aussi bien des pommes, que des poires, que des cerises, et bien d’autres fruits encore.
C’est pas mal ça quand même, ils en ont trouvé un en Ecosse et ils disent que c’est une espèce rare… je trouve ça magnifique. Dit-elle de façon rêveuse.
Pourtant, Yasha n’était pas surprise du monde des sorciers, elle avait grandi dedans. Mais elle avait tout de même la conscience d’une moldue. En réalité, sa mère était une sorcière mais son père était un né-moldu, ce qui fait qu’elle avait une certaine notion des objets moldus.
Mais là, elle en était ébahit. Un arbre tel que celui-là était juste MAGIQUE !
- J’en verrai bien un à Poudlard, ce serait chouette tu ne trouves pas ? Demanda-t-elle à son amie comme une enfant demanderait un gâteau à sa maman.

« Encore et toujours… Liens et différences entre les animaux moldus et les créatures magiques. Mais je t’assure que j’apprends encore des choses. »

Astride leva les yeux au ciel, amusée. Il aurait été trop beau que sa camarade ait choisi de travailler un peu en lisant un de ses bouquins de cours, non, elle avait plutôt choisi de lire et relire le même ouvrage que d’habitude. La poufsouffle trouvait franchement amusant de la voir aussi attachée à un livre. Il ne lui arrivait pas souvent de relire deux fois la même histoire, notamment parce qu’elle s’en souvenait toujours relativement bien, même des mois plus tard, mais aussi parce qu’elle avait pour but de terminer la bibliothèque de l’école avant la fin de sa scolarité. Le professeur Londubat avait eu le malheur de lui donner un jour accès à la réserve et elle nourrissait le secret espoir d’y retourner un jour pour y découvrir d’autres trésors. Rien de tel pour cela que de montrer son assiduité pour la lecture.

« Tu dois le connaitre par cœur à force, j’en suis sûre. » Affirma la poufsouffle en attrapant le fameux bouquin. « Alors, alors, récite-moi la page vingt-trois. »

Feignant l’attitude un peu froide d’un professeur en plein examen, elle ouvrit le livre à ladite page, attendant la réponse de sa camarade. Bien sûr, elle n’avait pas du tout l’intention de vraiment la coller, elle trouvait juste rigolo de voir combien de fois Yasha pouvait lire un même livre sans réussir à retenir son contenu. Et puis, elle avait bien le droit de la taquiner un peu, il n’y avait rien de méchant là-dedans, ce n’était pas son genre de se moquer dans le but de faire mal aux autres. Il lui était certainement arrivé d’en vouloir à quelqu’un et de vouloir se venger, mais elle laissait la méchanceté gratuite aux idiots de serpentard.

« Encore ?! C’est pas possible, ils doivent être jaloux de toi ! Ils n’ont rien d’autre à faire, tu leur offres de quoi s’amuser, tu es une âme charitable. »

Yasha était vraiment une très gentille fille. Quoi qu’il puisse lui arriver, elle prenait sa défense, mais malheureusement, elle ne pouvait pas toujours être là quand Astride avait besoin d’elle. En dehors des moments qu’elles passaient ensemble dans leur dortoir, elles ne se voyaient que rarement. De loin en cours, puisque la sixième année se retrouvait souvent avec sa meilleure amie et parfois dans les couloirs. L’explication était bien simple. Elles avaient lié des amitiés totalement différentes, et elles n’avaient pas grand-chose en commun en dehors de ces quatre murs. Cette chambre leur permettait de se retrouver et Astride aimait beaucoup ce concept. Elle avait appris à connaitre Yasha, même si aux yeux des autres, elles n’étaient pas en contact permanent, elles l’étaient en fait bien plus qu’ils ne pourraient jamais l’imaginer.

« Jaloux ?! Je ne vois pas de quoi ils seraient jaloux, ils n’ont pas grand-chose à m’envier. » Déclara la jeune fille, convaincue par ce qu’elle disait. « Toujours est-il que je n’aurais pas eu ce problème si je n’étais pas revenue seule de mon cours, mais j’ai pas réussi à trouver Hecate, c’est un peu bizarre. »

La poufsouffle avait déjà dû parler en long en large et en travers de sa meilleure amie à sa camarade de chambre. Il était étonnant qu’elle se soit autant liée avec une serdaigle alors qu’elle avait une amie formidable avec qui elle partageait toutes ses soirées ou presque. Mais avec Yasha, les choses étaient un peu différentes, elles étaient proches sans l’être, elles pouvaient aborder n’importe quel sujet ensemble, et Astride était persuadée que ses secrets étaient en sécurité avec la jeune fille, cependant, elle n’avait pas cette impression d’extrême proximité comme avec sa meilleure amie. Elle ne savait pas trop d’où ça venait, mais elle ne s’en formalisait pas plus que ça. Yasha restait une amie formidable pour elle et ça lui suffisait.

« La journée… bof, pas très intéressante. »

Pas très intéressante ?! Astride considérait chaque journée comme une nouvelle chance d’en apprendre toujours plus sur le monde magique. Certes, elle avait comme tout le monde des coups de mous, mais elle avait toujours été un peu hyper active et ne supportait pas de passer toute une journée sans rien faire. Même si c’était simplement lire tranquillement dans son lit, il fallait qu’elle s’occupe. Regarder le plafond pendant cent cinquante ans ne l’avait jamais intéressé. Elle ne comprenait d’ailleurs pas comment les autres élèves pouvaient aimer faire la grasse matinée, quel gâchis de temps ! Enfin, c’était sûrement elle qui était anormale et pas les autres, elle en avait totalement conscience. Etre différente ne la dérangeait pas, mais c’était dans ces moments-là qu’elle constatait le gouffre qui pouvait apparaitre entre les autres et elle.

« Ah bon ? T’as fait quoi ? »

Autant lui accorder le bénéfice du doute. Il était totalement possible qu’elle ait eu à faire quelque chose de très peu enthousiasmant, même si la poufsouffle n’arrivait pas s’imaginer ce que ça pouvait être. En réalité, l’enfance d’Astride avait été un peu compliquée. Elle avait été seule assez longtemps, même si c’était totalement involontaire de la part de ses parents, du coup, elle avait un peu l’impression de rattraper le temps perdu. Chacun avait son histoire et elle n’avait rien contre la sienne. La jeune fille n’avait jamais été malheureuse même si elle était consciente de n’avoir trouvé le bonheur qu’en venant au château. Son passé lui servait uniquement à comprendre pourquoi parfois, elle se sentait si différente, rien de plus.

« Mais par contre j’ai reçu la Gazette du Sorcier et regarde ! C’est pas mal ça quand même, ils en ont trouvé un en Ecosse et ils disent que c’est une espèce rare… je trouve ça magnifique. »

La Gazette du sorcier. La jeune fille ne pouvait plus la voir en peinture. Celle du mois dernier n’avait pas été spécialement triste, mais celle de ce mois-ci… Quelle horreur, elle aurait préféré ne jamais l’avoir ouverte. Si Yasha ne l’avait pas encore lu totalement, elle ne pouvait évidemment pas comprendre de quoi elle parlait et il était tout à fait normal qu’elle lui en parle. Sauf que c’était quelque chose que la poufsouffle essayait vainement d’oublier depuis quelques jours et ressasser inlassablement de sombres évènements qu’elle ne pouvait pas changer ne l’aidait pas à tourner la page, bien au contraire.

« Oh moi aussi j’ai lu la gazette. » Répondit-elle alors que son sourire s’estompait légèrement. « Et je trouve qu’elle craint. »

Son professeur préféré, son mentor, celui qui avait le plus compté pour elle… Comment avait-il pu donner sa démission ? Comment avait-il pu l’abandonner sans même la prévenir ? Astride avait beau essayer de comprendre, elle n’y arrivait pas. A quoi pouvait-il bien lui servir d’avoir lu des tonnes de livres, d’avoir plus de connaissances que la plupart des autres élèves, si elle ne pouvait même pas s’en servir quand elle en avait vraiment besoin. C’était le cas aujourd’hui et elle ne savait vraiment pas vers qui se tourner. Les autres enseignants lui auraient certainement dit que ça ne la regardait pas et elle n’arrivait pas, de toute façon, à vaincre sa timidité pour aller demander conseil autour d’elle.

« J’en verrai bien un à Poudlard, ce serait chouette tu ne trouves pas ? »

Cette constatation redonna un peu le sourire à la poufsouffle. Son professeur était peut-être parti, mais la botanique restait sa matière favorite. Alors forcément, lorsque Yasha lui proposait ce genre de challenge, elle était totalement partante. A moins que ce ne soit que des paroles en l’air ? Un doux rêve qu’elle pensait inaccessible ? Astride préférait ne pas y croire. Il suffisait d’établir un protocole expérimental, de chercher un peu plus d’informations sur le sujet de sélectionner les bons sortilèges. Ça leur prendrait sans doute un peu de temps, mais la poufsouffle avait envie d’y arriver.

« Oui, ça serait vraiment super, on pourrait essayer d’en faire pousser un nous-même, tu ne crois pas ? Si seulement le professeur Londubat était encore là… »

Il avait toujours été là pour elle, il savait la rassurer quand elle doutait, la remotiver quand elle avait une baisse de morale. Son professeur de botanique était la personne avec laquelle elle avait toujours pu parler librement lorsqu’elle était au château et il lui manquait affreusement. Il était parti sans préavis, lorsqu’elle avait lu la gazette, elle avait cru que son cœur s’arrachait de sa poitrine. Ce n’était qu’un enseignant, peut-être, mais elle aurait au moins aimé lui dire en revoir.

« Tu dois le connaitre par cœur à force, j’en suis sûre. » Affirma Astride en attrapant le fameux bouquin. « Alors, alors, récite-moi la page vingt-trois. »

Yasha réfléchit quelques secondes. Même si elle savait que son amie faisait ça pour la charrier, elle aurait bien aimé tout de même la coller en montrant qu’elle savait. Malheureusement ce n’était pas le cas. La poufsouffle n’avait pas une mémoire débordante pour ce genre de chose, elle retenait très bien le contexte mais réciter ce qui était noté à une page précise lui était totalement impossible. Elle la regarda alors avec un petit sourire.

« Page vingt-trois… page vingt-trois … hum voyons voir… ah oui ! Trop compliqué, tu ne pourras pas comprendre. » S’amusa-t-elle à lui répondre tout en lui prenant le livre des mains et regardant hâtivement ce dont il était réellement question.

Yasha savait que, contrairement à elle, Astride avait une très bonne mémoire de ce qu’elle pouvait lire ou encore entendre. C’était une très bonne élève et aussi une passionnée de lecture. Elle passait de nombreuses heures à la bibliothèque, ce que Yasha détestait faire… ce silence, toutes ces personnes te disant « chut ! » dès que tu ouvres la bouche ou fais tomber un livre… très peu pour elle ! Mais en ce qui concernait sa colocataire, elle s’y trouvait chez elle. Ceci avait été renforcé par le lien qu’elle avait tissé avec le professeur Londubat, très bon professeur ceci dit en passant. A chaque fois qu’elle en parlait, on sentait qu’il y avait une certaine admiration. Il lui avait confié des livres lui permettant de s’épanouir dans les domaines qui l’intéressaient, notamment la botanique.

« Jaloux ?! Je ne vois pas de quoi ils seraient jaloux, ils n’ont pas grand-chose à m’envier. » Déclara Astride, convaincue par ce qu’elle disait. « Toujours est-il que je n’aurais pas eu ce problème si je n’étais pas revenue seule de mon cours, mais j’ai pas réussi à trouver Hecate, c’est un peu bizarre. »

Yasha leva les yeux au ciel en entendant ce que la jeune poufsouffle lui affirma. Elle manquait de confiance en elle et se dévalorisait la plupart du temps. Elle ne voyait comme elle était, ou comme Yasha pouvait la voir. C’était une jeune fille avec un cœur en or, dont les gens pouvaient lui envier bien des choses dont sa culture, sa gentillesse, son calme, etc. Et elle ne manquerait pas de lui rappeler !

«Tu as raison, je ne vois pas de quoi ils pourraient être jaloux ! S’exclama-t-elle d’un air moqueur. Tout le monde le sait, on n’a absolu rien à t’envier. »
Après un court silence, Yasha la regarda droit dans les yeux avec un sourire sincère.
« Tu le sais, je te le dis toujours et je le pense vraiment… les gens ont beaucoup de choses à t’envier, tout ce qui fait que tu es toi. Regarde, même moi je t’envie sur beaucoup de points. » Lui dit-elle en lui donnant un léger coup de coude complice.

C’est vrai que Yasha lui enviait beaucoup ses connaissances. Elle avait toujours été présente le soir pour l’aider à travailler ses cours. Il faut avouer qu’il n’y avait que dans le dortoir qu’elle se retrouvait, en dehors c’était très rare, et de plus elles n’avaient pas du tout les mêmes fréquentations. Beaucoup d’élèves ne pensaient pas qu’elles étaient si proches. Elles se connaissaient très bien mais leurs activités étaient vraiment très différentes. Il n’est pas impossible que si les deux poufsouffles ne s’étaient pas retrouver dans le même dortoir, elles ne se seraient jamais vraiment parler ; leurs intérêts n’étaient pas du tout les même.
Cependant, elles avaient tout de même tissé un lien fort et elles prenaient plaisir à se retrouver le soir pour discuter de tout comme de rien.

« Hecate ?! Je me demande si je ne l’ai pas croisé tout à l’heure… c’était peut-être avant ton cours, je ne sais plus. Elle devait surement se dépêcher. » Affirma la jeune fille, elle connaissait que très peu la serdaigle mais elle savait que ce n’était pas le genre à faire faux bon à sa meilleure amie. Elles étaient vraiment très soudées toutes les deux, c’était assez rare de voir l’une sans l’autre la journée. Yasha en entendait beaucoup parlé par Astride, en réalité elle avait l’impression de bien la connaître alors que ce n’était pas du tout le cas.

« Ah bon ? T’as fait quoi ? »

Yasha se mit à rire, ces questions ne la surprirent que très peu. Astride était quelqu’un de très active, elle ne voyait surement pas ce que pouvait être une journée « peu intéressante ».

« On va dire moins intéressante que d’autres, la routine en fait ! Entre les cours, les repas et les petites sorties… ben rien d’extraordinaire, c’était une journée banale d’une poufsouffle »Dit-elle d’un ton très décontracté.

Cela ne la gênait pas. Passer des journées ordinaires mais en voyant ses amis, en se promenant dans le château et le parc, et profitant de tous les instants lui convenait. C’était quelqu’un très souvent de bonne humeur qui profitait toujours du moment présent.
D’un coup, elle vit le sourire de sa colocataire disparaître. Elle regarda le papier qu’elle venait de lui mettre sous le nez et releva les yeux vers elle.

« Oh moi aussi j’ai lu la gazette. » Répondit alors Astride « Et je trouve qu’elle craint. »

Yasha ne l’avait pas lu entièrement. Quand elle la recevait, elle avait la fâcheuse habitude de lire le sommaire et d’aller directement aux pages qui l’intéressaient, et sachant qu’elle l’avait reçu ce matin, elle n’avait eu le temps que de lire l’article qu’elle venait de montrer à la poufsouffle. A ces mots, elle prit la Gazette dans les mains et commença à la feuilleter en cherchant ce qui avait bien pu mettre Astride dans cet état. C’est vrai que les dires de ce journal n’étaient pas toujours exact, ou alors il était très tourné sur certaines idées… en bref ce quotidien était à prendre ou à laisser, il fallait garder une certaine distance face aux dires qu’on pouvait y trouver. Elle le feuilleta encore et encore, il y avait tellement de choses que ce pouvait être tout et n’importe quoi !
Elle tomba sur divers articles qui auraient pu agacer Astride mais pas à ce point là… Qu’était-ce ?!

« Oui, ça serait vraiment super, on pourrait essayer d’en faire pousser un nous-même, tu ne crois pas ? Si seulement le professeur Londubat était encore là… »

A peine avait-elle prononcée les derniers mots de sa phrase que Yasha leva d’un coup la tête vers Astride. C’était certain, elle voyait désormais de quoi son amie voulait parler…
Elle avait cru voir quelque chose dans le genre dans le sommaire.
*Un professeur en moins à Poudlard… non, Poudlard réorganisé… non plus ! Ah ça y est… Poudlard se dépeuple*

En effet, c’était le titre de l’article qui avait pour sujet le professeur Londubat. Yasha alla à la page où celui-ci se trouvait et lu avec hâte quelques parties de l’article. Ceci parlait d’une démission sans vraiment en dire plus. Un article qui avait du en apprendre beaucoup à Astride mais en même si peu ! Aucun détail, aucune information que le pourquoi du comment.
Yasha comprenait maintenant pourquoi Astride semblait frustrée d’avoir lu cela.

« On peut s’en charger nous-mêmes, le professeur Londubat t’a transmis beaucoup de connaissances et, si mes souvenirs sont bons, tu as en ta possession la clé d’un endroit qui peut nous être bien utile. » S’exclama Yasha avec un petit sourire rusé, pensant à la Réserve de la bibliothèque.
« Après, en ce qui concerne le professeur et ce foutu article, tu sais comme quoi qu’il faut prendre du recul par rapport à ce qui est dit là-dedans… on peut mener notre petite enquête et voir ce qu’il en est réellement, qu’en penses-tu ? »

La poufsouffle se doutait que le départ du professeur Londubat touchait beaucoup Astride, l’attristait même. C’est pourquoi elle était prête à tout pour redonner un peu plus le sourire à son ami et, en même temps, sa curiosité ne demandait que ça. Sa ruse et sa logique était une parfaite alliance pour mener ce genre de « missions », autant concernant l’arbre fruitier que la raison pour laquelle le professeur avait déserté l’école.

« Page vingt-trois… page vingt-trois … hum voyons voir… ah oui ! Trop compliqué, tu ne pourras pas comprendre. »

La jeune fille afficha sur son visage une expression outrée, alors qu’intérieurement elle rigolait. Yasha ne savait plus quoi inventer pour la taquiner, quoi que pour le coup, elle avait peut-être raison. Astride détestait les animaux plus que tout, et elle n’y connaissait vraiment rien mis à part qu’ils pouvaient potentiellement la blesser. Les chiens pouvaient mordre, les chats pouvaient griffer, les chevaux pouvaient lui exploser le crâne à coup de sabots… Ou pas d’ailleurs, mais la poufsouffle n’avait jamais fait d’équitation, ce qui lui permettait de laisser son imagination délirer en toutes circonstances à ce sujet. Une fois, sa mère avait essayé de l’emmener faire son baptême poney que la petite fille avait vécu comme un véritable traumatisme. Il était hors de question qu’elle recommence.

« Ah vraiment ? » Rétorqua-t-elle, feignant d’être vexée. « Je te rappelle que j’ai passé onze à croire que je n’étais qu’une simple moldue. »

Contrairement à beaucoup d’autres élèves, Astride ne se souvenait pas avoir vu ses pouvoirs faire des leurs pendant son enfance. Oh, bien sûr, avec le recul, elle arrivait à réaliser à présent que certains événements étranges pouvaient être dus à ses capacités, mais sur le moment, elle avait toujours trouvé une explication rationnelle, même très peu convaincante. Son bol changeait de couleur ? Elle s’était trompée et avait pris le mauvais. La lumière s’éteignait ? Un faux-contact tout simplement. Comme ses parents validaient toujours ses théories, elle n’avait jamais douté de ses interprétations, ce n’était quand entrant à l’école qu’elle avait pu faire fonctionner sa mémoire pour repenser à tout ça.

« Tu as raison, je ne vois pas de quoi ils pourraient être jaloux ! Tout le monde le sait, on n’a absolu rien à t’envier. Tu le sais, je te le dis toujours et je le pense vraiment… les gens ont beaucoup de choses à t’envier, tout ce qui fait que tu es toi. Regarde, même moi je t’envie sur beaucoup de points. »

La première partie de la phrase, lui avait quand même semblé être plus réaliste que la fin. Et pour cause, elle n’avait pas l’impression d’avoir quoi que ce soit d’enviable. Bien sûr, elle adorait sa vie, mais ne connaissait pas d’autre élève, à part peut-être Bonnie et Hecate, qui voulaient se dévouer corps et âmes à leur travail. Yasha elle-même aurait certainement fait la grimace si elle lui avait proposé ne serait-ce qu’une seule fois de prendre sa place. Pourtant, ça pourrait être une expérience intéressante… Astride avait toujours rêvé de pouvoir tester du polynectar. Fort heureusement, elle se retint de proposer cette idée farfelue, sa camarade aurait sûrement été tentée de la mettre en application.

« La mémoire ? » Plaisanta-t-elle. « Je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir d’autre, tu es bien meilleure que moi dans la plupart des autres domaines. »

La jeune fille ne parlait plus du tout du domaine scolaire pour le coup. Elle savait qu’elle était une des meilleures élèves de sa promotion et elle en était vraiment très fière puisqu’elle avait tout fait pour y parvenir. Cependant, elle savait aussi que quand on lui enlevait toute cette réussite, on ne trouvait pas grand-chose en-dessous. Elle avait des amis, en tout cas quelques-uns, mais ils se comptaient sur les doigts des deux mains, elle n’était pas franchement une fille populaire. A seize ans, elle n’avait encore jamais eu de copain, même si Gabriel était ce qui s’en rapprochait le plus, après les vacances qu’ils venaient de passer. Au niveau des études, elle surpassait peut-être la plupart de ses camarades, mais sur tous les autres plans, elle restait loin, très loin derrière eux.

« Hecate ?! Je me demande si je ne l’ai pas croisé tout à l’heure… c’était peut-être avant ton cours, je ne sais plus. Elle devait surement se dépêcher. »

Astride haussa les épaules sans vraiment s’attarder sur la question. Hecate avait fort à faire, c’était évident. Il ne lui restait que quelques mois pour préparer ses ASPICs et la connaissant, elle devait être particulièrement anxieuse. Quoi de plus normal, la serdaigle était comme elle, sa scolarité lui importait plus que n’importe quoi d’autre. Alors forcément, à l’approche de la fin de sa dernière année, elle devait être sur le pied de guerre comme jamais. La poufsouffle faisait donc en sorte de ne pas devenir un fardeau pour elle. Cependant, elles n’avaient pas discuté depuis des lustres, il était peut-être temps d’aller la bousculer un peu.

« On va dire moins intéressante que d’autres, la routine en fait ! Entre les cours, les repas et les petites sorties… ben rien d’extraordinaire, c’était une journée banale d’une poufsouffle »

Un éclat de rire s’échappa de la bouche de la jeune fille. Yasha avait un petit quelque chose en plus qui faisait qu’elle avait toujours une impression de légèreté quand elle parlait, quel que soit le sujet abordé. Ce n’était pas vraiment facile à expliquer, mais la poufsouffle aimait cette évidente insouciance qui se dégageait de chez son amie. Encore un point sur lequel elles n’étaient pas franchement d’accord. La sixième année se posait toujours un tas de questions sur tout et n’importe quoi, cherchant les réponses comme si sa vie en dépendant. C’était source d’angoisse, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Yasha quant à elle, semblait prendre les choses comme elle venait, et Astride aurait vraiment aimé pouvoir faire la même chose.

« On peut s’en charger nous-mêmes, le professeur Londubat t’a transmis beaucoup de connaissances et, si mes souvenirs sont bons, tu as en ta possession la clé d’un endroit qui peut nous être bien utile. »

Yasha était vraiment une gentille fille. Elle aurait pu ne pas du tout comprendre ce qu’elle ressentait. Après tout, quel élève normalement constitué irait regretter le départ d’un de ses professeurs. Il n’y avait pas vraiment de relation élève-enseignant, ils n’étaient là que pour leur transmettre un savoir et faire en sorte qu’ils ne se ramassent pas lamentablement à leurs examens. Mais après tout ce qu’avait fait le professeur Londubat pour elle, la jeune fille avait l’impression d’avoir perdu son protecteur. Il méritait nettement plus le titre d’ami que la plupart des camarades de sa classe et elle savait qu’elle ne pourrait pas s’attacher autant à quelqu’un d’autre. Elle allait mettre du temps à s’habituer à son absence, c’était une évidence.

« J’ai bien peur que non. » Soupira la jeune fille. « Il est parti, il n’a donc plus d’autorité, ça m’étonnerait qu’on me laisse l’utiliser de nouveau. »

Astride se sentait libre de parler avec Yasha, elle savait qu’elle n’irait pas imaginer qu’elle regrettait, non pas son professeur en tant que tel, mais plus les passe-droits auxquels elle avait eu accès tant qu’il était son enseignant. Certes, elle avait eu des cours particuliers, et des avantages qui l’avaient grandement aidé, mais il n’avait pas du tout fait ça parce qu’il l’aimait bien, simplement parce qu’elle lui avait montré qu’elle était passionné et qu’elle voulait en apprendre plus. Il lui donnait beaucoup plus de travail qu’à un élève lambda et elle ne s’en plaignait pas. Si grâce à ça, elle pouvait accéder à son rêve, ça en valait la peine. Sauf que le remplaçant ne verrait peut-être pas la jeune fille volontaire que son prédécesseur avait pris sous son aile. Elle ne s’inquiétait pas pour ses notes, elle travaillait toujours autant alors il était évident, pour elle, qu’elles ne changeraient pas. Elle avait surtout peur de se sentir abandonnée.

« Après, en ce qui concerne le professeur et ce foutu article, tu sais comme quoi qu’il faut prendre du recul par rapport à ce qui est dit là-dedans… on peut mener notre petite enquête et voir ce qu’il en est réellement, qu’en penses-tu ? »

La poufsouffle soupira. Elle avait tellement de chance d’avoir une amie telle que Yasha à ses côtés. Sauf qu’elle ne connaissait visiblement pas l’histoire entre Sarah et le professeur Londubat. Tant mieux, ça prouvait une fois de plus qu’elle ne faisait pas partie de ces filles méchantes et opportunistes qui se montraient cruelles envers leurs camarades en divulguant de fausses informations. Sauf que jusqu’ici, leurs mensonges n’avaient pas fait de trop gros dégâts à part pour l’élève concerné, mais là, c’était différent. La réputation d’un enseignant avait été souillée par une petite peste incapable de savoir où se trouvaient ses limites. Tout paraissait très clair aux yeux d’Astride, elle savait exactement qui blâmer dans cette histoire et ne s’en privait pas.

« Oh oui, je sais. Il n’avait rien fait, absolument rien, j’en suis sûre. » Affirma la jeune fille. « Je ne crois même pas qu’une enquête soit nécessaire tellement l’affaire est simple : On a une préfète qui voulait que tout le monde croit qu’elle était une gourde sans cervelle et qui a détruit la réputation d’un des meilleurs enseignants de l’école. C’est elle qui aurait dû partir, pas lui. »

Astride s’en voulait un peu de parler de cette façon de celle qui avait été son amie. Sarah n’avait pas un mauvais fond, elle en était convaincue. Elle avait supporté ses sarcasmes, son ironie mordante et ses critiques parce qu’elle voulait être proche d’elle, parce qu’elle l’aimait bien. Sauf que visiblement, la préfète avait préféré mordre à pleine dents cette main tendue plutôt que la saisir. Il était hors de question qu’elle lui pardonne. Ou peut-être que si… Un jour. La volonté de la poufsouffle flanchait lorsqu’elle repensait à la lettre qu’elle lui avait envoyée.

Spoiler:

« Oh non ! Loin de là très chère… Il n’y a pas de mauvaise ou de meilleure, je dirai que nous sommes différentes et que tu as des atouts formidables ! »

Astride se contenta de hocher la tête alors que ses joues rosissaient légèrement. Elle aimait bien l’explication de Yasha. Elles étaient différentes, il n’y en avait pas une meilleure que l’autre, voilà une bien belle façon de penser. La poufsouffle n’était pas sûre d’être capable de faire preuve d’autant de maturité. Mais une chose était sûre, elle aurait bien aimé réussir à penser exactement de la même façon. Astride avait toujours eu l’esprit de compétition. Enfin, toujours, c’était vite dit. Ce n’était pas du tout le cas lorsqu’il s’agissait de ses amies. Pour Bonnie et Hecate, elle avait toujours été très fière lorsqu’elles réussissaient bien et même s’il lui arrivait d’être jalouse d’un de leur résultat elle était globalement plus ravie pour elles qu’autre chose. Pour les personnes qu’elle aimait moins en revanche, elle n’était pas aussi clémente. Elle voulait à tout prix surpasser chacun de ses petits camarades dès qu’elle le pouvait et se faisait un plaisir de travailler dans le but de leur mettre une raclée au prochain examen. Malheureusement pour eux, c’était vraiment un domaine dans lequel elle était douée et il lui arrivait bien souvent d’être en tête du classement. Cependant, elle aurait parfois aimé pouvoir penser comme Yasha, ça lui aurait fait vraiment plaisir.

« Tu sais ce qu’on dit : quand on veut, on peut… et nous, nous le voulons vraiment ! Alors je suis sure qu’on trouvera le moyen d’obtenir des informations. »

Yasha était vraiment adorable. Elle essayait vraiment de lui remonter le moral et de faire en sorte qu’elles vivent la meilleure année possible. Elle avait eu de la chance de ne pas se retrouver dans le dortoir uniquement avec Anabela, elle en avait parfaitement conscience. Cette fille était une vraie pierre tombale, froide et muette. Ça ne la dérangeait pas plus que ça, après tout, personne ne pouvait être aussi bavard qu’elle ou en tout cas, elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer quelqu’un qui possédait ce défaut de façon aussi prononcée qu’elle. Cependant, elle pensait qu’elles pourraient partager plus de choses qu’une chambre pendant les sept années qu’elles auraient à passer ensemble. Avec Yasha, ça avait été possible, même au-delà de ses espérances. En revanche, avec leur petite colocataire, les choses s’étaient avérées plus compliquées. Tant pis, on ne pouvait pas plaire à tout le monde. La poufsouffle s’était souvent demandée si entre les deux filles qui partageaient la même chambre qu’elle, les choses étaient moins tendues. Non pas que ça la dérangerait, mais elle aurait trouvé étrange qu’Ana’ accorde sa confiance à une fille qui lui ressemblait quand même beaucoup.

« Ça serait vraiment bien qu’on le plante cet arbre. » Avoua-t-elle. « Ça serait le moyen de lui rendre hommage et puis, c’est vraiment amusant. »

Et oui, ce n’était pas parce que le professeur Londubat été parti que la jeune fille souhaitait délaisser sa matière favorite, bien au contraire. Elle avait toujours comme but de devenir médicomage, et elle voulait vraiment se spécialiser dans la médecine des plantes. D’accord, la perte de celui qui l’avait toujours épaulée et encouragée dans ce projet était une tragédie pour la jeune fille, mais elle avait été capable de quitter toute sa famille à l’âge de onze ans pour plonger dans un monde qu’elle ne connaissait pas sans aucune appréhension si ce n’était la grosse boule dans le ventre qui lui rappelait qu’elle allait vers quelque chose de totalement nouveau et inconnu. Alors ce n’était pas parce qu’un de ses professeurs partait que sa vie allait changer. Elle était capable de se débrouiller par elle-même, elle n’avait besoin de personne pour l’épauler, elle pouvait s’aider toute seule. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à mettre cette belle théorie en pratique.

« Que veux-tu dire ?! Cette accusation est basée sur quoi alors ? Quelque chose de concret ou que du vent ? »

Astride hésita un instant avant de parler. Elle avait beau en vouloir à mort à Sarah, elle n’avait aucune envie de la juger et de dire des méchancetés sur son compte. Sauf que dans le cas présent, elle le méritait et puis, elle n’avait encore eu l’occasion de parler à personne de ce qu’il s’était réellement passé et à quel point cette situation l’avait fait souffrir. Yasha était la personne la mieux placée pour ce genre de conversation, elle se montrait toujours compréhensive, et elle n’hésitait pas à donner de son temps pour venir en aide aux personnes qu’elle aimait. Comme Astride, elle avait eu de mauvaises expériences à cause de ça, car lorsqu’on accorde sa confiance à des personnes qui ne le méritent pas forcément, on s’en mord vite les doigts. Là-dessus, et sur beaucoup d’autres choses, les deux poufsouffles se ressemblaient énormément et la sixième année la comprendrait mieux que quiconque. Cependant, elle n’était pas du genre à divulguer des informations pouvant servir ensuite de ragots pour l’ensemble de l’école. Elle en avait été trop souvent la cible et elle ne voulait pas reproduire cette lourde erreur une deuxième fois. Aussi, elle se leva pour aller fermer la porte du dortoir correctement, non sans avoir vérifié que personne n’écoutait leur conversation.

« Je ne dirais pas ça si je n’en étais pas persuadée, les accusations mensongères, c’est pas trop mon truc. » Déclara-t-elle avec sérieux. « En fait, Sarah a fait croire à tout le monde qu’elle couchait avec ses professeurs pour avoir de bonnes notes lorsqu’elle est arrivée à Poudlard. Bien sûr, c’était faux et elle l’a elle-même révélé il y a peu de temps. Sauf que notre professeur de botanique était un de nos seuls professeurs vraiment jeune alors forcément, les « fantasmes » des élèves sont allés vers lui et beaucoup ne parlaient plus que de la relation Londubat/Sarah dans les couloirs. Elle suscitait souvent l’admiration mais aussi l’indignation. »

Son côté bavarde l’aidait bien dans ce genre de situation. Bien sûr, elle aurait pu répondre aux questions de Yasha avec une simple phrase, mais ça ne lui aurait pas du tout expliqué correctement le déroulement de l’histoire et sur quoi était basé son raisonnement. Au moins, là, elle aurait toutes les données pour bien comprendre le problème qui se posait, si toutefois, comme elle, elle arrivait à comprendre quel était le problème. Parce qu’en vérité, les autres élèves ne semblaient pas plus perturbés que ça par la disparition de leur charmant professeur. Et pour cause, il n’était qu’un professeur comme les autres qui allait être remplacé rapidement. Sauf pour Astride ce départ était lourd de conséquences. A un moment donné, elle avait jubilé intérieurement en imaginant toute l’école se retourner contre la préfète en la traitant de tous les noms. Sauf que ça ne s’était pas passé comme ça et la poufsouffle n’avait pas mis longtemps à culpabiliser. Elle n’était pas le genre de personne qui souhaitait le malheur aux autres sous prétexte de vouloir se venger. Elle avait eu tort de le faire et elle le regrettait amèrement.

« Quand j’ai vu l’article dans la gazette, je me suis dit que ça ne pouvait pas être une coïncidence. L’information a dû se propager un peu plus haut, peut-être même y a-t-il eu des lettres des parents ? A ce sujet, je n’ai aucune certitude, mais je sais que tout ça est de la faute de Sarah. Elle croyait peut-être ne causer de tort à personne, elle voulait simplement préserver sa, si belle, réputation de poufiasse, mais elle a fait beaucoup de mal à cet enseignant et à moi par la même occasion. »

La jeune fille se tut, légèrement essoufflée par cette longue tirade. La fin de celle-ci avait d’ailleurs été d’une ironie mordante. Elle ne comprenait pas comment une personne saine de corps et d’esprit pouvait avoir envie de se trainer une telle réputation et très franchement, elle n’avait pas du tout envie de comprendre. Cependant, elle ne voulait toujours pas haïr Sarah, son côté « gentil » lui interdisait de se comporter de cette façon. Et puis, il était certainement plus difficile de pardonner à quelqu’un que de le détester et elle voulait faire cet effort.

« Ça serait vraiment bien qu’on le plante cet arbre. » Avoua-t-elle. « Ça serait le moyen de lui rendre hommage et puis, c’est vraiment amusant. »

Yasha savait qu’en insistant un petit peu, Astride craquerait. Sa colocataire était d’un naturel plutôt calme, mais lorsque quelque chose lui tenait à cœur, elle s’y donnait corps et âme, ce qui était le cas pour ce sujet. Maintenant, il ne restait plus qu’à agir. Mais avant ça, Yasha voulait en savoir plus. Toute cette histoire lui semblait familière mais à la fois très lointaine, comme si tout ça ne s’était pas déroulée à l’école de sorcellerie. Il faut avouer que tous les petits cancans de l’école n’étaient pas le passe-temps principal de la Poufsouffle, bien au contraire, elle n’aimait pas tous ces commérages ; quand il se passait quelque chose elle préférait se faire son propre avis. Et si par hasard le sujet ne la concernait pas, elle laissait couler, elle trouvait tout ça malsain et tenait à être écartée de tous ces « on dit ». Elle avait entendu tellement de choses sur tout le monde qu’elle savait désormais qu’il ne fallait croire que ce que l’on voyait, ou alors écouter les sources sures, ce qu’Astride était selon elle ; ce n’était pas le genre à colporter n’importe quelle information. C’est pourquoi elle l’écouta se confier attentivement.

« Je ne dirais pas ça si je n’en étais pas persuadée, les accusations mensongères, c’est pas trop mon truc. » Déclara Astride avec sérieux. « En fait, Sarah a fait croire à tout le monde qu’elle couchait avec ses professeurs pour avoir de bonnes notes lorsqu’elle est arrivée à Poudlard. Bien sûr, c’était faux et elle l’a elle-même révélé il y a peu de temps. Sauf que notre professeur de botanique était un de nos seuls professeurs vraiment jeune alors forcément, les « fantasmes » des élèves sont allés vers lui et beaucoup ne parlaient plus que de la relation Londubat/Sarah dans les couloirs. Elle suscitait souvent l’admiration mais aussi l’indignation. »

Plus Astride en racontait, plus Yasha était surprise. En effet, elle constatait qu’elle ne savait absolument rien de cette histoire ! A chaque mot que prononçait son amie, elle tombait des nus. Lorsqu’elle eut fini de lui expliquer, la jeune Poufsouffle regarda sa colocataire avec de grands yeux interrogatifs, elle était totalement abasourdie. Comment pouvait-on inventer de pareilles horreurs ?! Juste pour briser la carrière d’un homme ?! C’en était écœurant. Yasha connaissait plus ou moins Sarah, mais le peu qu’elle savait d’elle n’était pas très positif, tout du moins ce n’était pas le genre de personne vers qui elle allait naturellement. Mais quand même ! En arriver à ça ! Yasha se conforta dans l’idée qu’elle détestait ça, que les ragots étaient bien présents pour descendre n’importe qui, c’en était la preuve ici, et elle comprenait maintenant pourquoi elle n’avait rien su de tout cela : elle n’avait pas écouté les gens chuchoter dans les couloirs… bon pressentiment apparemment ! Et dire que des élèves avaient lancé ces rumeurs… quel gâchis, et surtout quelle honte ! Bref, elle n’était pas là pour juger mais pour être à l’écoute et aider son amie, c’était son objectif principal !

« Quand j’ai vu l’article dans la gazette, je me suis dit que ça ne pouvait pas être une coïncidence. L’information a dû se propager un peu plus haut, peut-être même y a-t-il eu des lettres des parents ? A ce sujet, je n’ai aucune certitude, mais je sais que tout ça est de la faute de Sarah. Elle croyait peut-être ne causer de tort à personne, elle voulait simplement préserver sa, si belle, réputation de poufiasse, mais elle a fait beaucoup de mal à cet enseignant et à moi par la même occasion. »

Une fois qu’Astride eut fini sa longue tirade, il y eut un léger silence. Yasha essayait de tout remettre bout à bout et de comprendre comment tout ça avait pu en arriver à un tel problème. Elle regarda la jeune Poufsouffle à côté d’elle. Elle semblait quelque peu perdue, comme si ce qu’elle disait ne lui allait pas, qu’elle aurait préféré que tout ça n’ait pas lieu, ce qui était évident. En y réfléchissant, elle se rappela avoir déjà vu Sarah et Astride ensemble, mais il y a de ça un an ? Deux ans ? Elle ne se souvenait plus, mais ce qui était sur c’est que les deux élèves avaient un lien et que c’était ce dernier qui avait l’air de déranger Astride. Après avoir réussi à remettre ses idées en place, Yasha se leva et se mit à faire les cents pas à travers le dortoir, en pleine réflexion. Elle prit une voix sérieuse et réfléchie, ce qui lui était assez rare, et se mit à penser tout haut.

« Récapitulons… On sait que le professeur Londubat est parti comme ça, du jour en lendemain, sans prévenir quiconque. On sait qu’avant il y avait des rumeurs, aussi fausses qu’elles soient, sur une relation entre le professeur et Sarah. Sarah qui elle-même faisait courir des rumeurs sur des liens particuliers avec d’autres professeurs… »

Elle s’arrêta un instant, immobile. C’était clair qu’il était impossible que Monsieur Londubat ait eu ce genre de relation, c’était quelqu’un de très consciencieux et qui adorait Poudlard. Mais il y avait quand même quelque chose qui la gênait, qu’elle ne comprenait pas. Elle leva la tête vers Astride, d’un air interrogateur.

« Je ne comprends pas ! Pourquoi lancer ce genre de rumeur ? Est-ce que tu crois qu’il y aurait pu y avoir un conflit entre Sarah et le professeur Londubat ? Tu ne lances pas ce genre de rumeur sans te soucier de ce qui va se passer par la suite, c’est impossible ! Sincèrement je pense qu’il a du se passer quelque chose… en tout cas quelque chose de grave pour que le professeur parte sans même prévenir ! Je reste sceptique Astride… il y a un truc qui ne colle pas, c’est évident »

Elle ne voulait pas accuser le professeur, ni Sarah d’ailleurs, mais toute cette histoire n’était pas claire, il y avait autre chose. Voyant son amie soucieuse, elle s’assit à côté d’elle et lui serra le bras tendrement.

« La seule chose que je peux te dire, c’est qu’on va faire pousser cet arbre à Poudlard, et que je t’assure que le professeur Londubat le verra et te dira que tu as fait du bon boulot ! » Dit-elle à son amie en lui souriant, comme pour la rassurer et lui faire comprendre qu’elles trouveraient une solution.

« Récapitulons… On sait que le professeur Londubat est parti comme ça, du jour en lendemain, sans prévenir quiconque. On sait qu’avant il y avait des rumeurs, aussi fausses qu’elles soient, sur une relation entre le professeur et Sarah. Sarah qui elle-même faisait courir des rumeurs sur des liens particuliers avec d’autres professeurs… »

En gros, elle n’était pas loin de la vérité. Le professeur Londubat était bien parti du jour au lendemain, comme ça, tout simplement, sans vraiment donner d’explication si ce n’était l’article de la gazette. Cependant, il n’avait même pas cherché à donner la moindre information à Astride, pas un message, rien. La jeune fille avait imaginé qu’il n’avait pas eu le temps, que son départ était simplement un peu précipité et qu’il lui enverrait un hibou lorsqu’il serait enfin retombé sur ses pieds. Mais ça faisait relativement longtemps maintenant, et elle n’avait toujours pas reçu le moindre signe de vie. Peut-être y avait-il une enquête en cours qui l’empêchait de la contacte ? Après tout, s’il était accusé d’abus sur mineur, envoyer une lettre à l’une de ses élèves ne risquait pas de jouer en sa faveur. Ce n’était peut-être pas une solution extrêmement réjouissante, mais au moins elle lui donnait une explication plausible et elle aimait croire qu’il y en avait vraiment une. Peut-être avait-elle tort, mais personne ne le savait et ne pourrait le lui dire avec certitude, elle s’en fichait donc royalement.

« Il a sûrement prévenu la direction, il n’a juste pas jugé bon d’informer ses élèves. » Déclara la jeune fille avec amertume. « Mais sinon c’est ça, tu as tout compris. Il n’est pas trop difficile de se rendre compte du rôle important de notre préfète là-dedans, de toute façon, tout est toujours de sa faute. »

Rien à faire, avec tout ce qu’elle avait vécu, l’absence de nouvelles, les maigres informations qu’elle avait pu rassembler, la poufsouffle refusait catégoriquement de faire descendre son ancien professeur de botanique de son piédestal. Il méritait d’avoir son adulation, il avait été l’un des meilleurs professeurs qu’elle avait eu et jamais elle n’oublierait ce qu’il avait fait pour elle. Astride aimait se souvenir qu’elle avait été une privilégiée. Elle n’avait certainement pas eu une place plus grande que les autres élèves dans le cœur du professeur Londubat, il n’était pas censé préférer un élève plutôt qu’un autre, mais elle savait au moins qu’il avait cru en ses capacités et ça lui suffisait amplement. Un jour peut-être, elle le retrouverait dans la rue et pourrait le remercier. Elle lui dirait à quel point elle avait été déstabilisée par son départ, elle le remercierait pour tout ce qu’elle lui avait apporté et lui avouerait qu’elle se sentait infiniment redevable. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à prier pour que ce jour arrive vite.

« Je ne comprends pas ! Pourquoi lancer ce genre de rumeur ? Est-ce que tu crois qu’il y aurait pu y avoir un conflit entre Sarah et le professeur Londubat ? Tu ne lances pas ce genre de rumeur sans te soucier de ce qui va se passer par la suite, c’est impossible ! Sincèrement je pense qu’il a du se passer quelque chose… en tout cas quelque chose de grave pour que le professeur parte sans même prévenir ! Je reste sceptique Astride… il y a un truc qui ne colle pas, c’est évident »

Sceptique pour quoi ? L’implication de Sarah dans cette histoire. Astride ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, elle était leur préfète, elle ne méritait peut-être pas qu’on l’accuse de tous les mots. Cependant, pour l’avoir connu et apprécié sa présence, la jeune fille ne pouvait que reconnaitre qu’elle collait très bien avec l’image que cet article de journal donnait d’elle. C’était une peste en mal de reconnaissance. Elle voulait simplement faire parler d’elle et elle n’avait probablement pas tenu compte des conséquences potentielles de ses actes. Elle la revoyait encore glousser de contentement en entendant pour la première fois cette horrible rumeur. Est-ce qu’elle s’en voulait à présent ? Astride espérait secrètement qu’elle était aussi malheureuse qu’elle. Sarah devait savoir ce que ça faisait de se sentir brusquement déracinée et livrée à elle-même. Mais la suffisance et l’arrogance de la préfète lui avaient probablement permis de retomber facilement sur ses pattes. Elle ne devait certainement pas s’en vouloir, considérant, probablement que tout ceci venait des idiots qui lançaient les rumeurs et non pas d’elle. Astride ne voyait pas les choses de la même façon. Ces stupides rumeurs, elle aurait dû les démentir des années avant. Maintenant il était trop tard et tout était de sa faute.

« Bien sûr que non ! Il n’y avait aucun conflit, Sarah n’est juste pas le genre de personne à se soucier du mal qu’elle peut faire autour d’elle. Et tu la connais, elle aime séduire, montrer qu’elle a du charme et qu’elle sait s’en servir, voire en abuser. Alors évidemment, cette rumeur lui offrait une gloire à laquelle elle ne voulait certainement pas renoncer. Elle devait se sentir super fière d’elle, quelle idiote, vraiment ! Tu ne devrais pas accorder la moindre importance à cette fille, elle ne le mérite pas. »

Peut-être y allait-elle un peu fort ? Elle avait bien conscience de s’emporter pour la préfète, mais vu ce qu’elle lui avait fait, elle avait plutôt l’impression que c’était normal… Cependant, elle n’était pas du genre à détester quelqu’un et elle trouvait bizarre d’éprouver un tel ressentiment à son égard. Sa passerait, probablement, elle ne risquait pas de la haïr à vie. Parfois, dans de brusques sursauts de compassion, il lui arrivait presque de plaindre Sarah au lieu de lui en vouloir, mais toute sa rancune venait vite lui rappeler qu’elle n’était pas la victime mais plutôt la coupable dans cette sombre histoire. Elle ne voulait pas qu’une fille aussi gentille que Yasha donne sa confiance à une telle peste. Elle n’avait jamais rien eu à faire à poufsouffle, c’était à serpentard qu’elle appartenait. Elle n’était pas mieux que les vipères de la pire espèce, trop lâche pour reconnaitre ses torts, trop fière pour rester dans l’anonymat. Au moins, elle avait atteint son objectif, mais à quel prix. Difficile de savoir où elle en était maintenant. Heureuse ? Malheureuse ? Astride n’en savait rien et à moins qu’elle brise le silence radio qu’elle avait instauré, elle n’en saurait pas plus.

« La seule chose que je peux te dire, c’est qu’on va faire pousser cet arbre à Poudlard, et que je t’assure que le professeur Londubat le verra et te dira que tu as fait du bon boulot ! »

L’émotive Astride sentait presque les larmes lui monter aux yeux. Elle avait de la chance d’avoir une amie aussi attentionnée. Certes, c’était elle qui, dès le début, avait émis l’hypothèse de planter l’arbre dans le parc du château, mais jamais elle avait pu imaginer qu’elle prendrait cette mission autant à cœur devant son propre désarroi. Comme quoi, elle était bien tombée, elle avait rencontré des personnes merveilleuses dans ce dortoir, elle pouvait partager beaucoup de choses avec elle en se sachant comprise et écoutée. Yasha venait une fois de plus de lui prouver qu’elle pouvait avoir en elle une confiance des plus totales. Rapidement, la poufsouffle franchit la courte distance qui la séparait de son amie pour la serrer fort dans ses bras avant de s’asseoir à ses côtés. Elle n’était pas spécialement tactile, en général, mais cette occasion était particulière et elle ne voyait pas d’autre moyen de lui prouver sa gratitude. Elles allaient certainement beaucoup s’amuser en essayant de trouver comment planter cet arbre.

« Tu es géniale ! Je savais que je pouvais compter sur toi. »

Elle le pensait vraiment. Pour beaucoup, ça n’aurait été qu’un stupide d’arbre, mais d’un seul coup il venait de prendre une importance considérable aux yeux de la poufsouffle. Si comme ça, elle pouvait rendre hommage à son professeur, elle était prête à remuer ciel et terre pour y parvenir. Cependant, elle ne voulait pas le faire seule et sa camarade de dortoir était sans doute la seule personne susceptible d’accepter cette corvée de bon cœur.

« Il a sûrement prévenu la direction, il n’a juste pas jugé bon d’informer ses élèves. » Déclara Astride avec amertume. « Mais sinon c’est ça, tu as tout compris. Il n’est pas trop difficile de se rendre compte du rôle important de notre préfète là-dedans, de toute façon, tout est toujours de sa faute. »

Yasha ne pouvait s’empêcher de penser que cette rumeur, seule, n’avait pu entraînée un départ aussi précipité, sans aucune justification. Mais bon, étant donné qu’elle n’en savait pas plus et que surtout elle n’en avait jamais entendu parler avant, elle n’était qu’à moitié surprise. Quelque chose lui trottait tout de même dans la tête : comment une telle histoire avait pu prendre de pareilles ampleurs ?! Elles en sauraient surement plus plus tard… très certainement, vu qu’elles voulaient en apprendre plus ! Quelle curiosité ! Et oui… un grand défaut pour Yasha mais en même temps c’était aussi pour aider son amie qui était très affectée par ce qui se passait.

« Bien sûr que non ! Il n’y avait aucun conflit, Sarah n’est juste pas le genre de personne à se soucier du mal qu’elle peut faire autour d’elle. Et tu la connais, elle aime séduire, montrer qu’elle a du charme et qu’elle sait s’en servir, voire en abuser. Alors évidemment, cette rumeur lui offrait une gloire à laquelle elle ne voulait certainement pas renoncer. Elle devait se sentir super fière d’elle, quelle idiote, vraiment ! Tu ne devrais pas accorder la moindre importance à cette fille, elle ne le mérite pas. »

A la réaction de sa colocataire, Yasha comprit qu’elle n’avait aucun intérêt à défendre, ne serait-ce qu’un minimum, la cause de Sarah. Elle connaissait cette dernière, bien évidemment, et ce n’était pas forcément un cadeau. Yasha n’avait pas de relation particulière avec la préfète, mais elle savait comment elle était et comment elle paraissait. Elle avait eu plusieurs discussions avec elle, souvent en désaccord d’ailleurs, mais elles avaient toujours réussi à s’expliquer. Sarah n’avait jamais fait quelque chose contre Yasha et inversement ; elles se côtoyaient plus ou moins et se respectaient mutuellement, c’est tout. Néanmoins elle savait que la réputation de la jeune fille la précédait, elle était assez prétentieuse et savait attirer l’attention sur elle, totalement le contraire de Yasha. Mais elle ne jugeait pas, tout le monde était différent et il fallait de tout pour faire un monde. Elle ne comprenait cependant pas pourquoi une préfète, avec autant de responsabilité et une réputation à tenir, pouvait avoir lancé une telle rumeur juste par plaisir. Ce n’était pas pour la défendre mais elle n’y croyait pas, elle s’y tenait, elle pensait réellement qu’il y avait quelque chose de plus profond. Elle ne voulait tout de même pas insister car elle sentait que la moindre défense envers Sarah blessait son amie, et elle ne voulait pas lui laisser croire qu’elle pourrait être du côté de la Poufsouffle, ce qui était loin, très loin d’être le cas ! Elle avait une grande admiration pour le professeur Londubat, et même si elle avait un fort doute sur toute cette histoire, il faut l’avouer, elle n’offrirait pas sa confiance à la préfère, jamais ! Elle préférait défendre corps et âme le professeur, rien que pour qu’Astride se sente soulagée.

Soudain, suite aux mots de Yasha pour réconforter son amie, elle perçut que ceci toucha cette dernière. Pourtant, ce qu’elle faisait lui semblait naturel ; quand quelqu’un comptait pour elle, elle était prête à tout pour que cette personne soit heureuse. Ici même, elle serait prête à faire n’importe quoi pour voir Astride mieux, plus détendue et avec moins de rancœur !
Elle fut d’ailleurs légèrement surprise de la voir se diriger vers elle d’un pas décidé et de la prendre dans ses bras. Ce n’était pas le genre de son amie, elle n’était pas d’un naturel tactile, c’est pourquoi Yasha fut étonnée… mais agréablement, cette attention la toucha. Lorsqu’elle s’assit à côté d’elle, elle lui sourit de manière à lui montrer que quoiqu’il arrive, elle serait toujours là.

« Tu es géniale ! Je savais que je pouvais compter sur toi. »

Yasha se mit à rire et lui lança d’un air amusé.

« Je sais je sais… je suis tellement géniale ! » Puis elle afficha de nouveau un sourire franc. « Sincèrement, tu le sais, je serai toujours présente ! Et puis on se comprend, ‘y a que nous pour avoir une telle mission » Lui dit-elle prenant un petit air moqueur.

Toutefois, ce n’était pas faux. Les deux amies se ressemblaient sur un point : quand quelque chose leur tenait à cœur, elles faisaient tout pour arriver à leur fin. Et de plus, si ça permettait d’avoir un projet en commun, c’était encore mieux. Yasha se doutait que les amies prendraient beaucoup de plaisir à faire ce qu’elles avaient dit, c’était une certitude. Et puis, être dans le secret avait quelque chose de motivant, de distrayant, elle adorait être dans la confidence, surtout sur un sujet qui lui semblait si important. Ce serait aussi une excuse pour passer plus de temps ensemble, car il faut l’avouer, ça faisait tout de même pas mal de temps qu’elles ne s’étaient pas autant parler… et ça faisait un bien fou à la Poufsouffle !
Yasha se leva et retourna prendre le journal qui se trouvait sur le lit d’Astride. Elle revint s’assoir à ses côtés tout en lisant, une nouvelle fois, l’article concernant le professeur puis l’arbre ‘merveilleux’. Elle se tourna vers son amie, lui tendant la Gazette, et lui demanda plus sérieusement mais toujours avec cette pointe de malice qui lui était propre.

« Alors très chère, par quoi commençons-nous ?! »

« Je sais je sais… je suis tellement géniale ! Sincèrement, tu le sais, je serai toujours présente ! Et puis on se comprend, ‘y a que nous pour avoir une telle mission »

Si toutefois elle n’en avait pas eu la certitude auparavant, c’était le cas maintenant. Elle ne savait pas vraiment si Yasha était d’accord avec elle ou si elle comprenait totalement ce qu’elle avait voulu dire par rapport à Sarah et à toute cette histoire de rumeur, mais au moins elle la soutenait et c’était le principal. Astride savait qu’elle avait beaucoup de chance, lorsqu’elle déroulait la liste de ses amis, il était aisé pour la jeune fille de se rendre compte que tous, ou presque, avaient un grand cœur et faisaient bien souvent preuve d’une grande loyauté envers elle. On ne pouvait pas rencontrer des personnes comme ça tous les jours, elle en avait pris conscience récemment. C’était assez simple, lorsqu’on se rendait compte à quel point il était aisé de tomber sur les personnes. Elle y avait eu droit, surtout l’année dernière, encaissant jour après jour différents coups qu’elle n’avait pas pour habitude de rendre, mais c’était probablement Sarah qui lui avait porté le coup de grâce, lui permettant par la même occasion de réaliser qu’elle aurait tort de passer à côté de ceux, qui pourraient être ses vrais amis.

« C’est sûr, tout le monde nous regarda trop bizarrement en apprenant ce qu’on a fait, mais je m’en fiche, j’ai l’habitude, ça va être drôle. »

Oh oui, elle avait l’habitude. On la regardait bizarrement lorsqu’elle levait la main en cours pour réciter par cœur une page d’un des bouquins qu’elle avait lu plus ou moins récemment. Elle avait une mémoire visuelle et alors ? Mais c’était aussi le cas lorsque par malheur, elle décidait de délaisser l’uniforme des poufsouffles pour enfiler des vêtements de son choix. Elle n’avait jamais compris pourquoi le pull fluo taille XXL ne faisait pas sensation parmi les autres élèves, pourtant c’était pratique et confortable, il n’y avait donc elle pour le remarquer ? Les regards se tournaient instantanément vers elle dans la grande salle, lorsqu’elle prenait une troisième part de gâteaux. Est-ce qu’ils arrivaient à la voir grossir à vue d’œil simplement parce qu’elle était gourmande ? Et encore, ce n’était que les raisons principales de l’intérêt déplacé que lui portaient ses camarades, plein de détails pouvaient encore la placer sur le podium de la fille la plus moquée de tout Poudlard. Au départ, elle avait essayé d’y échapper mais s’était vite rendue compte que c’était impossible, maintenant, elle vivait comme bon lui semblait, elle se fichait de ce qu’on pouvait en dire, elle était heureuse comme ça, tout simplement.

« Alors très chère, par quoi commençons-nous ?! »

C’était la grande question du jour… Elles s’apprêtaient à se lancer dans une aventure à laquelle elles ne connaissaient rien. Il leur faudrait des jours, voire des semaines, même des mois pour réussir un tel exploit. Si encore, elles s’étaient contenté de faire pousser une plante commune à laquelle elles auraient donné une valeur hautement symbolique, mais non, elles préféraient se compliquer la tâche et réaliser l’irréalisable. La jeune fille n’était pas du tout sûre que leur travail puisse aboutir, même avec les meilleures recherches et la meilleure formation du monde. Elle avait appris des tonnes de choses pendant ses cours particuliers avec le professeur Londubat, il restait maintenant à découvrir si elle pourrait réussir avec les connaissances qu’il lui avait fournies. Heureusement, il leur restait encore les livres, véritables mines d’informations qui ne leur feraient jamais faux bond. Malheureusement, ce n’était pas eux qui les arrêteraient si jamais elles faisaient quelque chose de travers, c’était à elles seules de réussir à travailler assez pour ne pas avoir la moindre petite hésitation, qui pourrait à tout moment être fatale à leur nouveau projet.

« A ta place, je ne le prendrais pas trop à la rigolade, on a du pain sur la planche. » Déclara-t-elle avec un grand sérieux. « Je crois que j’ai ce qu’il nous faut. »

La jeune fille se leva pour aller ouvrir sa valise, dont elle vida à moitié le contenu sur son lit avant de trouver ce qu’elle cherchait. Sa couverture était presque invisible derrière les livres qui s’y trouvaient, mais elle en avait l’habitude. Sa mère s’était toujours moquée d’elle à ce sujet. Elle avait toujours emporté plus de bouquins que de vêtements à Poudlard et sa famille était la première à lui demander s’il ne lui arrivait pas de se rendre compte qu’elle n’avait plus rien de propre à se mettre sur le dos. Non, ce n’était pas le cas, elle passait le plus clair de son temps en uniforme, ce qui lui épargnait de devoir farfouiller dans sa valise pour trouver un truc potable. Les elfes se chargeaient de lui rendre ses affaires propres, chose qu’elle ne voulait pas révéler à sa famille. Elle devait déjà avoir beaucoup trop de choses à reprocher à cette école, comme le fait d’avoir été exclue totalement de la scolarité de leur fille ainée, sous prétexte qu’ils ne possédaient pas de pouvoirs, alors si elle leur disait qu’ils pratiquaient encore l’esclavage, il y avait de fortes chances pour qu’elle se retrouve déscolarisée. Ce n’était pas un vrai mensonge de sa part en plus, mais plutôt une simple omission plus que nécessaire. En tout cas, elle tâchait de s’en convaincre pour ne pas culpabiliser et jusqu’ici ça avait plutôt bien marché. A l’issue de sa recherche, la jeune fille sortit victorieusement un énième livre et retourna aussitôt auprès de son amie.

« Tu devrais commencer par regarder ça. » Dit-elle en posant l’énorme bouquin sur les genoux de son amie. « C’est une encyclopédie, « La botanique à travers les âges », je l’ai eu pour mon anniversaire. »

Le livre toujours posé sur les genoux de son amie, elle commença à le feuilleter à l’envers pour trouver la page qu’elle cherchait. Lorsqu’enfin elle la trouva, elle pointa son doigt sur le titre, affichant un sourire victorieux. « Plantes rares », pouvait-on lire en haut du texte. Il ne restait maintenant plus qu’à trouver le bon arbre à l’aide des photos, ce que fit la poufsouffle en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Elle avait lu se livre des dizaines de fois depuis qu’elle l’avait, Astride avait bien trop peur de décevoir un jour son professeur de botanique pour se permettre de venir à l’un de ses cours particuliers sans avoir travaillé. Elle se préparait donc à chaque fois, comme si elle avait eu un examen d’une extrême importance, elle apprenait des informations qu’elle connaissait pourtant déjà par cœur, en ayant la certitude d’avancer et de valider des connaissances qui auraient pu éventuellement devenir un peu trop floues dans son esprit. Elle se savait un peu trop perfectionniste de ce côté-là, mais d’après elle c’était loin d’être un défaut. Au moins, elle ne se laissait jamais dépasser par les événements, enfin, presque.

« Je vais prendre de quoi écrire, tu vas me dire ce dont on a besoin et on verra si c’est faisable ou pas. » Dit-elle en étalant son parchemin à même le sol avant de s’y allonger, une plume à la main.

Il ne restait plus qu’à croiser les doigts pour que ça le soit. Astride avait conservé l’accès à plusieurs serres, il était donc possible qu’elle ne se retrouve pas dans le pétrin si elle avait quelque chose à chercher là-bas, en revanche s’il leur fallait une potion, ou quelque chose du même genre, elles risquaient d’être nettement plus embêté. Il leur faudrait demander à leur professeur les ingrédients pour, ou alors passer en douce dans la salle de cours pour les dérober. La poufsouffle n’étant pas une grande admiratrice des infractions au règlement préférait de loin la première option, mais rien ne lui disait qu’elle aurait le choix.

« C’est sûr, tout le monde nous regardera trop bizarrement en apprenant ce qu’on a fait, mais je m’en fiche, j’ai l’habitude, ça va être drôle. »

A ces mots, Yasha sourit. Effectivement, ce serait amusant, elles prendraient plaisir à réaliser cette tâche. Même si, bien évidemment, il ne fallait pas prendre ceci trop à la légère, il ne fallait pas oublier que c’était avant tout quelque chose qui devait être agréable et non une corvée.
Concernant Sarah, le professeur Londubat et toute cette histoire farfelue, la Poufsouffle gardait ses doutes. Elle était certaine que le professeur n’avait rien à se reprocher dans ces péripéties mais elle s’interrogeait sur le commencement de tout ceci. Bref, au final cela ne la regardait pas vraiment, ce qui l’embêtait le plus était que ça touchait énormément son amie et que des personnes innocentes pouvaient être accusées à tort. Une chose était sure : elles sauraient la vérité un jour ou l’autre, et à ce moment-là elle se permettra de juger sur de réels aveux et non sur des « on-dit ». Néanmoins, pour ne pas blesser Astride, elle allait éviter de trop en parler. Non pas parce qu’elle n’était pas d’accord avec elle, non pas du tout ! Mais juste du fait qu’elle n’était pas certaine que cette histoire soit entièrement de la faute de Sarah… et comme sa camarade ne semblait pas de cet avis, elle ne voulait rien envenimer ; elle resterait donc, pour l’instant, en retrait sur ce sujet, ne voulant pas provoquer ou faire du mal à quiconque.

Elle ne voulait actuellement qu’une seule chose, et comme depuis le début de la conversation : redonner le sourire à son amie et s’investir avec elle dans quelque chose qui leur tenait à cœur !
Elle avait conscience qu’Astride était sensible, elle voulait donc la préserver. Elle tenait beaucoup à elle et elle savait qu’elle faisait partie des amis sur lesquels elle pouvait compter quoiqu’il arrive… et il fallait avouer que ces derniers étaient rares, Yasha savait exactement qui étaient ces vrais amis et qui étaient les copains/copines/connaissances. En y pensant, si Crystal apprenait ce qu’elles étaient en train de préparer, elle lui dirait clairement de ne pas tenter le diable… elle attendra donc la fin de cette mission pour se confier à sa meilleure amie sur cela. En ce qui concerne la Poufsouffle, même si les deux ne se voyaient habituellement que le soir, elle la considérait comme quelqu’un digne de confiance.
Certes, il arrivait quelque fois à Astride de faire des choses plutôt étranges, mais Yasha ne la jugeait pas, au contraire, elle trouvait qu’elle restait fidèle à elle-même et qu’elle se moquait du regard des autres ; un point de vue que la brunette approuvait, personne n’a le droit de te dire ce que tu dois faire ou penser, tu es le seul maître de tes choix. En l’occurrence, la jeune fille se sentait mieux en compagnie de gens que d’autres pouvaient trouver « bizarres » et qui étaient très différents les uns des autres… En ce qui concernait Yasha, elle était assez simple. Ni extravagante ni totalement effacée, elle aimait s’habiller comme bon lui semble, elle n’avait pas de style particulier et adorait changer, elle avait horreur du conformisme. C’est pourquoi elle était plutôt ouverte d’esprit, elle aimait partager et découvrir des choses qui lui étaient inconnues, des lieux ou encore des tenues, etc. Tout ce qui était différent l’attirait.

« A ta place, je ne le prendrais pas trop à la rigolade, on a du pain sur la planche. » Déclara-t-elle avec un grand sérieux. « Je crois que j’ai ce qu’il nous faut. »

Au ton sérieux d’Astride, Yasha approuva d’un signe de tête. Bien sur que ceci était important et qu’il ne fallait pas le faire dans l’unique but de s’amuser, mais il fallait tout de même relativiser, c’était avant tout pour prendre du bon temps, et ceci était essentiel selon la jeune fille !

« C’est évident… mais ne prend pas ça trop sérieusement non plus Astride. N’oublie pas que c’est surtout pour être ensemble, rendre hommage au professeur et aussi pour s’amuser… » Elle marqua un petit temps d’arrêt. « Surtout pour s’amuser » Insista-t-elle une nouvelle fois.

Elle voulait bien faire comprendre à son amie que ça ne servait à rien d’être trop sérieuse, c’était son côté décontractée qui ressortait. Mais étant donné qu’elle ne stressait que très rarement, elle abordait les choses avec plus de légèreté que d’autres… et ça lui réussissait pas mal en général. Mais il faut tout de même avouer que sa désinvolture en exaspérait plus d’un, mais elle s’en moquait, ce n’était pas pour cela qu’elle entretenait de mauvaises relations avec les personnes en question. Ici, elle ne voulait pas que ce soit prise de tête, alors elle insistait beaucoup sur cela auprès d’Astride.

Yasha regarda sa colocataire vider sa valise et ne put s’empêcher de sourire, amusée, en la voyant y retirer principalement de gros bouquins qui n’en finissaient pas de s’entasser sur son lit. Une vraie Marry Poppins ! Il était vrai qu’elle lui parlait plus facilement des livres qu’elle avait pu lire plutôt que des tenues qu’elle avait achetées. C’est pourquoi cette lubie la faisait toujours sourire, sur ce point elles étaient vraiment très différentes. Yasha, elle, avait sa valise remplie de magazines, vêtements et objets de tous genres, très curieux d’ailleurs, dont beaucoup s’amusait à découvrir quelle en était leur utilité.
Bref, elle vit son amie dénicher un énorme bouquin. Une fois qu’elle lui avait déposé sur ses genoux et qu’elle eut trouvé la page qu’elle cherchait, Yasha se pencha attentivement sur ce qu’il pouvait y avoir d’inscrit.

« Tu devrais commencer par regarder ça. C’est une encyclopédie, « La botanique à travers les âges », je l’ai eu pour mon anniversaire. »

Ce commentaire ne surprit que très peu Yasha, Astride recevait beaucoup des livres pour ses anniversaires ou fêtes quelconques. On peut dire que c’était une valeur sure comme cadeau. Elle parcourut rapidement des yeux l’ensemble de la page et leva les yeux vers son amie.

« Je vais prendre de quoi écrire, tu vas me dire ce dont on a besoin et on verra si c’est faisable ou pas. » Lui dit-elle en étalant son parchemin à même le sol avant de s’y allonger, une plume à la main.

En replongea son regard et se mit à lire les informations que pouvaient contenir l’encyclopédie.

« Bien… voyons voir. Il nous faut tout d’abord de l’engrais, du fumier de dragon plus précisément. Quelques épines et une fiole d’empestine de Mimbulus Mimbletonia âgé de 2 à 4 ans, pas plus pas moins. Ensuite… hum… une douzaine de prunes dirigeables bien mûres, trois tiges de snargalouf cueillies au milieu de la nuit sous la pleine lune. Et enfin, 5 gouttes d’une potion mystérieuse, connue sous le nom de Teint-de-suie, une potion dont les ingrédients restent secrets pour les sorciers inexpérimentés mais dont il est possible de trouver la composition dans deux livres : « Les potions et leurs miracles » et « Comment créer sans nuire ? » Yasha leva lentement la tête vers sa colocataire et lui lança, avec un sourire en coin. « Je crois qu’on va pouvoir voir si tu as toujours accès à la réserve… Ca ne sert à rien de se lancer dans cette aventure si nous ne trouvons pas les ingrédients de cette potion »

Elle se doutait bien que son amie serait plutôt réticente à cette idée mais, étant donné le contexte, elles n’avaient pas vraiment le choix. C’est pourquoi, si Astride hésitait, Yasha serait là pour la pousser à le faire et, bien sur, elle serait avec elle… elle ne lâchera pas tout maintenant !

« C’est évident… mais ne prend pas ça trop sérieusement non plus Astride. N’oublie pas que c’est surtout pour être ensemble, rendre hommage au professeur et aussi pour s’amuser…  Surtout pour s’amuser. »

Yasha avait raison, comme toujours, finalement. Elle s’investissait peut-être un peu trop dans cette histoire, le professeur Londubat n’était pas un des membres de sa famille, ni même son ami. Il avait été un enseignant formidable, quelqu’un sur qui elle avait pu compter pendant une bonne partie de sa scolarité. Mais que croyait-elle ? Qu’il resterait à l’épauler toute sa vie, délaissant sa propre famille uniquement pour la réussite de son élève ? C’était totalement stupide, et elle en avait totalement conscience. Ce départ avait sans doute été un choc, mais elle devait se reprendre en main, accueillir le nouveau professeur en essayant au maximum de ne pas trop le comparer à l’ancien pour ne pas être déçue. De toute façon, elle aurait dû changer de professeur une fois à l’université, elle ne faisait que modifier ses habitudes deux ans avant y être obligé, ça lui permettrait de s’habituer aux nouveautés avant d’être immergée totalement dedans sans possibilité de s’en extirper. Quoi qu’il en soit, que cette situation lui paraisse positive ou négative n’avait aucune importance, elle devait faire avec et elle y arriverait.

« Oui, je ne l’oublierais pas. » Promit solennellement la poufsouffle. « Je crois que j’ai un peu tendance à prendre un peu trop à cœur cette histoire, ce n’est pas la fin du monde non plus. »

Enfin, elle parvenait à relativiser un minimum, ce n’était pas trop tôt. Elle avait eu l’impression depuis plusieurs jours maintenant que son monde s’était écroulé. Elle avait reproché à Sarah d’avoir voulu lui nuire volontairement alors que les deux jeunes filles ne s’étaient jamais adressé la parole lorsque cette stupide rumeur avait été lancée. Il y avait fort à parier qu’elle n’avait jamais eu la moindre intention de provoquer le renvoi de cet enseignant, peut-être même avait-elle un peu culpabilisé en apprenant ce qu’il s’était passé. Qui plus était, le journal disait bien que l’élève en question avait démenti les accusations, certainement dans le but d’éviter une humiliation au professeur Londubat. Astride avait peut-être vu uniquement ce qu’elle avait envie de voir, elle avait voulu à tout prix chercher un coupable et elle l’avait trouvé. Bien sûr, toute la rancœur qu’elle éprouvait à l’égard de la jeune fille n’allait pas s’évanouir en dix secondes, simplement parce qu’elle venait de réaliser qu’elle n’était peut-être pas totalement dans le vrai, mais elle commençait à relativiser un peu, et c’était déjà un grand pas en avant.

« Bien… voyons voir. Il nous faut tout d’abord de l’engrais, du fumier de dragon plus précisément. Quelques épines et une fiole d’empestine de Mimbulus Mimbletonia âgé de 2 à 4 ans, pas plus pas moins. Ensuite… hum… une douzaine de prunes dirigeables bien mûres, trois tiges de snargalouf cueillies au milieu de la nuit sous la pleine lune. Et enfin, 5 gouttes d’une potion mystérieuse, connue sous le nom de Teint-de-suie, une potion dont les ingrédients restent secrets pour les sorciers inexpérimentés mais dont il est possible de trouver la composition dans deux livres : « Les potions et leurs miracles » et « Comment créer sans nuire ? Je crois qu’on va pouvoir voir si tu as toujours accès à la réserve… Ça ne sert à rien de se lancer dans cette aventure si nous ne trouvons pas les ingrédients de cette potion »

Astride notait frénétiquement toutes les informations, formant une colonne d’ingrédients divers et variés à trouver, de livres ou encore de choses à préparer. Devant chacune des lignes, elle dessina soigneusement des petites cases, s’aidant des lignes de sa feuille pour faire en sorte que les traits soient les plus droits possibles. La jaune  et noire désespérait en ajoutant chacune des lignes, réalisant sans mal la complexité de ce qu’elles s’apprêtaient à entreprendre. En même temps, pour que cet arbre spectaculaire apparaisse dans un des articles de l’école, il paraissait évident que ce ne serait pas une partie de plaisir, atteindre leur but demanderait un travail colossal et un certain nombre d’efforts. Cependant, ça ne faisait pas peur à la jeune fille, elle était convaincue de pouvoir y arriver avec un peu de bonne volonté et surtout une motivation indestructible. Pour Yasha, c’était différent, elle ne pouvait pas savoir ce qu’il se passait dans la tête de son amie et elle n’était pas la mieux placée pour jauger son degré d’implication dans leur projet. Mais après tout, c’était elle qui avait proposé son idée, elle avait donc envie d’aller au bout de son idée, ça paraissait on ne pouvait plus logique.

« Je crois aussi…. » Avoua-t-elle sur un ton mal assuré. « La bibliothécaire me connait bien, je ne pense pas que ça posera un problème. J’irais voir ça dès demain. »

Sa décision était prise, elle allait tout faire pour mener à bien leur projet, si possible sans enfreindre le règlement. Seulement, elle savait pertinemment que si la bibliothécaire lui refusait l’entrée de la réserve, elle trouverait le moyen de s’y rendre quand même, que ce soit en plein jour ou en pleine nuit, avec ou sans une clé. Elle n’avait jamais été nulle en cours de sortilèges, et elle savait plutôt bien se servir de sa baguette. Enfreindre le règlement n’avait beau pas être sa tasse de thé, elle n’hésiterait pas à le faire si ça lui paraissait devenir une vraie nécessité. Et dire qu’elle s’était jurée en début d’année de tout faire pour rester loin de tous les problèmes, ce n’était pas vraiment ce qu’elle était en train de faire à l’heure actuelle. Tant pis, elle savait que cette fois-ci, c’était pour la bonne cause, elle n’avait aucune envie de renoncer à ce projet plutôt sympa, simplement parce que sa conscience lui envoyait d’énormes signaux d’alerte. Elle avait totalement conscience en Yasha et savait que sa camarade de dortoir ne lui attirerait pas des ennuis simplement pour le plaisir. En plus, si jamais elles se retrouvaient devant la directrice, il serait plutôt aisé de lui expliquer de quoi il s’agissait et avec un peu de chance, elle se montrerait compréhensive. De toute façon, il était inutile d’imaginer le pire pour l’instant, elles n’avaient même pas encore commencé.

« Ca fait une sacré quantité de choses à trouver quand même, je pense qu’on en a facilement pour… Un mois ? Deux peut-être ? Il y a des trucs qui me paraissent vachement compliqués à avoir. On a qu’à se répartir les tâches ? A deux ça ira plus vite que si on fait tout ensemble. »

Non pas qu’elle n’avait pas envie de chercher chacun des ingrédients avec Yasha, mais avec tous les cours auxquels participait Astride, il y avait de fortes chances pour qu’il lui soit plus simple de se débrouiller toute seule quand elle aura un trou, plutôt que devoir organiser les choses de façon à ce qu’elles se retrouvent toutes les deux à chaque fois. Elle était persuadée que la poufsouffle comprendrait, elle était la première à être témoin de son emploi du temps surchargé, et elle ne pouvait pas ignorer le peu de temps libre présent dans celui-ci. Cette solution lui paraissait être de loin la meilleure, mais elle préférait tout de même attendre la confirmation de Yasha.

Spoiler:

« Oui, je ne l’oublierais pas. » Promit solennellement la poufsouffle. « Je crois que j’ai un peu tendance à prendre un peu trop à cœur cette histoire, ce n’est pas la fin du monde non plus. »

Yasha lui sourit afin de la rassurer. Elle comprenait tout à fait qu’Astride prenne tout ceci à cœur, ça la touchait énormément. Mais il était important aussi qu’elle prenne du recule car cette histoire ne devait pas l’atteindre personnellement. Elle ne voulait pas non plus qu’elle culpabilise, que ce soit par rapport au professeur Londubat ou par rapport à Sarah, elle devait juste se dire que quoi qu’il pouvait se passer elle n’aurait pas à se sentir coupable.
Suite à l’énumération de Yasha pour mettre à exécution leur mission, elle fut plutôt surprise de voir que sa colocataire, sans aucune hésitation, approuva le fait d’aller chercher quelques informations au sein de la réserve. Ceci la ravit. Ce serait beaucoup plus simple ainsi, sinon elles se seraient mis des bâtons dans les roues inutilement. Même si Astride lui avait répondu du tac au tac, elle avait quand même perçu dans sa voix une légère inquiétude, ce que Yasha essaierait d’effacer en la rassurant du mieux qu’elle peut.

« Je crois aussi…. » Avoua-t-elle sur un ton mal assuré. « La bibliothécaire me connait bien, je ne pense pas que ça posera un problème. J’irais voir ça dès demain. »

La poufsouffle était soulagée, elles allaient vraiment pouvoir mettre en pratique ce qu’elles voulaient faire. Il faut avouer qu’elle doutait un peu du fait qu’Astride serait si facile à convaincre pour être légèrement hors règlement. Vraiment légèrement, et il faut dire que ce n’était pas bien méchant et que c’est pour une bonne cause. Tout du moins, Yasha s’en convainquait. Ce n’était pas le genre d’élève à vouloir détourner les règles inconsciemment. Certes, elle était impulsive mais tout de même, pas idiote ! Elle prenait plaisir à « partir à l’aventure », à découvrir et réaliser de nouvelles choses, et si quelques fois il fallait passer outre les petites règles de l’école, elle y était prête.

« Je suis sure que tu pourras… la bibliothécaire te fait confiance et sait que tu es consciencieuse. Je ne me fais aucun souci sur ça ! » Affirma Yasha, très sure d’elle sur ce point.

S’il y avait bien une chose que la brunette avait comme qualité, c’était son optimisme. Elle voyait le pire d’une situation mais toujours le meilleur. Il arrivait que cela devienne un défaut car, dans un sens, elle n’était pas très objective sur de nombreux points ; mais elle préférait voir les choses comme ça : du bon côté. Selon elle, ça ne servait à rien de toujours voir le mal, il fallait relativiser et se dire que même si nos choix étaient quelques fois mauvais, ils nous construisaient et faisaient que nous étions ainsi à ce moment précis. C’est pourquoi Yasha voulait montrer à son ami que leur idée était bonne et ne pourrait apporter que du bonheur, autant pour elles, que pour les élèves, les professeurs… etc. Si elles arrivaient à leurs fins sans trop de soucis (et même si elles en avaient quelques uns, ce seraient pour al bonne cause !), elle serait satisfaite d’avoir accomplie cette tâche seules et par elles-mêmes. C’était ça le bon côté de la chose !

« Tout sera parfait… ce qu’on va faire sera parfait, ce que ça va donner sera parfait… nous sommes parfaites » Dit-elle à sa camarade, d’un ton amusé en la prenant par l’épaule. « Quoi de mieux que notre binôme pour réaliser de grandes choses ?! » Lâcha Yasha en prenant un air convaincu.

« Ca fait une sacré quantité de choses à trouver quand même, je pense qu’on en a facilement pour… Un mois ? Deux peut-être ? Il y a des trucs qui me paraissent vachement compliqués à avoir. On a qu’à se répartir les tâches ? A deux ça ira plus vite que si on fait tout ensemble. »

Astride avait raison. Cette petite expérience leur prendrait pas mal de temps mais l’enjeu était de taille. Mais elle était prête à écouter son amie. Yasha savait qu’elle avait beaucoup plus de connaissances qu’elle et que son calme et son sens de déduction les aideraient énormément. De plus, tout ceci se marierait très bien avec la logique et la ruse de la poufsouffle. A elles deux, elles pourraient faire quelque chose de magique, c’est le cas de le dire ! Et le fait de la faire séparément était surement une idée bien aboutie, ce serait plus facile de mener à bien cette expérience, sachant que les deux amies n’avaient pas les mêmes fréquentations, le même savoir, les mêmes lieux de prédilection, les mêmes atouts… chacune de leur côté elles pourraient recueillir des informations bien différentes, c’était certain.

« Je suis totalement d’accord. En plus, les autres n’ont pas l’habitude de nous voir ensemble, ça ne pourrait que les laisser sceptiques sur nos agissements… Et puis on trouvera mieux avec chacune nos propres moyens » Avoua-t-elle avec un petit sourire malicieux. Elle avait conscience que chacune avait des méthodes bien à elles, très différentes l’une de l’autre. « Comment nous organisons-nous ? On se laisse combien de temps pour trouver à peu près tout ? »

Elles entraient ainsi dans le vif du sujet, il fallait qu’elle se donne chacune une liste d’actions à accomplir dans un temps donné puis de se retrouver afin de réaliser la potion grâce aux ingrédients qu’elles auraient pu recueillir. Yasha avait hâte… tout ceci la motivait énormément, un peu de piment dans la vie bien calme de Poudlard.

Spoiler:

« Je suis sure que tu pourras… la bibliothécaire te fait confiance et sait que tu es consciencieuse. Je ne me fais aucun souci sur ça ! »

Astride ne savait pas trop quoi répondre à cette avalanche de compliments mais son sourire parlait pour elle. La jeune fille était tout simplement ravie d’avoir la confiance de son amie et elle savait déjà qu’elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter de la décevoir. Elle irait à la réserve avec ou sans l’accord de la bibliothécaire. Certes, elle ne doutait pas de réussir à l’obtenir, sachant qu’elle y avait déjà mis les pieds un certain nombre de fois, mais dans le doute, elle préférait réussir à se convaincre que quoi qu’il arrive, elle ferait tout pour que ça fonctionne, tant pis si elle devait enfreindre une bébé clause du règlement. Hecate ne serait certainement pas d’accord avec elle, et c’était la raison pour laquelle elle savait qu’elle ne lui en parlerait probablement pas. Qui plus était, elle ne voulait pas avoir à lui dire de ne pas participer au projet, si elle montrait qu’elle aurait envie d’en faire partie aussi. C’était quelque chose qu’elle voulait faire toutes les deux, sans ajouter d’autres personnes et même si Astride se sentait un peu égoïste sur ce coup-là, elle ne voulait vraiment pas que quelqu’un d’autre mette son nez là-dedans.

« Tout sera parfait… ce qu’on va faire sera parfait, ce que ça va donner sera parfait… nous sommes parfaites. Quoi de mieux que notre binôme pour réaliser de grandes choses ?! »

Yasha semblait être follement optimiste sur ce coup-là et ça faisait plaisir à voir. Elle pensait certainement qu’aucun obstacle ne viendrait se mettre en travers de leur route, qu’elles allaient arriver parfaitement à réunir tous les ingrédients nécessaires à la réalisation de cette potion farfelue, ou encore que tout ce qu’elles avaient à trouver se révélerait être aussi simple à obtenir qu’une bonne note en classe. Enfin, simple, c’était une façon de parler. La poufsouffle avait toujours travaillé nettement plus que les autres pour obtenir de bons résultats et elle avait beaucoup de mal à l’accepter lorsqu’elle échouait. Bien sûr, elle était humaine, il lui arrivait de mal saisir un devoir ou d’oublier la feuille dans son dortoir, en bonne étourdie. Voir des points en moins sur sa copie était un véritable crève-cœur pour la jeune fille qui détestait l’échec, alors forcément, elle s’était toujours donné les moyens d’obtenir les meilleurs résultats dans toutes les disciplines et ses BUSEs lui avaient prouvé qu’elle en était visiblement capable. Cependant, Astride savait que ce n’était pas une raison pour se sentir supérieure, l’année dernière, elle s’était montrée un peu trop arrogante lorsqu’elle parlait avec ses amis et heureusement, elle s’en était rendue compte à temps. Désormais, elle faisait bien attention à ne pas prendre la grosse-tête, cherchant à tout prix à rester la fille simple, peut-être un peu trop gentille qui était arrivée à Poudlard, il y a maintenant six ans.

« Avec un peu de chance, l’école nous décernera même un prix pour notre travail exceptionnel. » Plaisanta-t-elle. « Enfin, si on la fait pas sauter en se trompant dans les proportions de la potion. »

Astride savait que pour son futur cursus universitaire, elle devait maitriser la botanique aussi bien que les potions. Pour ce qui était de cette première discipline, elle n’avait aucun problème, le professeur Londubat avait été adorable avec elle, il lui avait appris beaucoup plus que ce qu’elle aurait pu imaginer un jour et il avait très largement dépassé le programme pour lui apporter un enseignement spécialisée. Avide de savoir, elle avait emmagasiné tout ce qu’il avait bien voulu lui apprendre et maintenant, elle était globalement capable de se débrouiller sur n’importe quel sujet. Par contre, pour les potions, c’était une autre histoire. En théorie, tout allait très bien, elle apprenait des recettes de potions par cœur, savait décrire tous les ingrédients possibles et imaginables, connaissait les secrets de fabrication enseignés par les professeurs mais lorsqu’il s’agissait de préparer elle-même quelque chose, c’était une toute autre histoire. Elle se souvenait fort bien du dernier cours de l’année passée où elle avait complètement raté sa potion. Fort heureusement, Flynn, assis à côté d’elle avait fait exploser son chaudron, détournant momentanément l’attention de son professeur. Elle s’était tout de même sentie stupide en voyant tous les autres élèves réussir leur potion alors qu’elle-même avait totalement raté sa préparation. Avec un peu de chance, ça ne serait pas le cas cette fois-ci.

« Je suis totalement d’accord. En plus, les autres n’ont pas l’habitude de nous voir ensemble, ça ne pourrait que les laisser sceptiques sur nos agissements… Et puis on trouvera mieux avec chacune nos propres moyens. Comment nous organisons-nous ? On se laisse combien de temps pour trouver à peu près tout ? »

Yasha avait raison, presque comme d’habitude, d’ailleurs, en tout cas, lorsqu’elle ne parlait pas de rangement. La jeune fille savait que son amie était particulièrement désordonnée. En même temps, elle partageait son dortoir avec une tête en l’air maniaque, elles faisaient donc parfaitement la paire. Autant Astride tenait à ce que tout soit particulièrement bien rangé, allant même jusqu’à classer ses bouquins par ordre alphabétique, autant elle était incapable de sortir de son dortoir sans avoir oublié quelque chose. Pourtant, son sac avait été soumis à un sortilège permettant presque d’emporter tout son dortoir avec elle, mais dans tout le foutoir qu’elle trainait un peu partout, elle n’était pas fichue de prendre tout ce dont elle avait besoin en une seule fois. Dans une seule et même journée ses passages dans le dortoir se faisaient assez nombreux et c’était bien souvent au pas de course que la poufsouffle passait d’une salle de cours à l’autre, luttant contre le temps qui filait à une vitesse folle. Lorsqu’elle regagnait enfin son lit pour la nuit, elle s’écroulait généralement comme une masse, épuisée par le rythme qu’elle avait subi  pendant les sept ou huit heures de sa journée de cours. Evidemment, c’était pour recommencer le lendemain, mais Astride était bien incapable de se sortir de ce cercle vicieux, malheureusement.

« Bon, je pense que le plus simple serait que je m’occupe de tout ce qui est potion. Je vais aller chercher les livres à la réserve et je m’occuperais de trouver les ingrédients nécessaires pour la réaliser. Pendant ce temps, tu cherches tout le reste des ingrédients ? Pour ce qui est du mimbulus mimbletonia, les tiges de snargalouf et les prunes dirigeables, je pense que tu pourras te procurer tout ça dans les serres, je les connais par cœur, donc si tu trouves pas je pourrais t’aider, mais il n’y a pas de raison pour que tu n’y arrives pas. Le reste je ne sais pas trop… Demande peut-être au professeur de potion ? Ou alors, à Pré-au-Lard, mais comme je n’y mets jamais les pieds, je ne connais absolument pas, donc tu seras certainement la mieux placée pour mener cette action à bien. » Expliqua la jeune fille tout en écrivant leurs prénoms à la suite des tâches à accomplir. « Mais si tu veux procéder autrement, il y a pas de souci, je t’écoute. »

La jeune fille s’arrêta de parler pratiquement à bout de souffle. L’organisation, c’était son truc, elle le savait. Il suffisait de regarder l’état de la valise de Yasha pour s’en rendre compte, cependant, elle savait que son amie avait son mot à dire dans cette histoire, elle n’avait pas la moindre envie de lui refiler des tâches ingrates dont elle n’avait pas envie de se charger, son but était surtout de réussir à faire en sorte qu’elles s’amusent toutes les deux le plus possible. Après tout, si leurs professeurs ne voyaient aucune objection à leur idée, elles allaient faire tout ça dans la légalité et ce serait plus un espèce de jeu avec une réponse à la clé qu’autre chose. La jeune fille était convaincue qu’elle finirait par ne plus prendre cette histoire d’arbre au sérieux mais plutôt comme un jeu qu’elles devaient absolument réussir. Enfin, si elles échouaient ce ne serait probablement pas la fin du monde, mais la jeune fille aimait pouvoir se dire qu’elles allaient parvenir à elles deux à accomplir quelque chose au sein de cette école. Elle se fichait d’être reconnue, ce n’était pas important, mais elle voulait laisser une trace de sa présence, comme si elle craignait bêtement qu’elle puisse oublier tout ce qu’elle avait vécu entre ces murs.

« Pour ce qui est du temps, je ne sais pas, on se voit tous les soirs, donc quand Ana n’est pas là, on pourra faire un compte-rendu de notre avancement ? Ça évite de se donner une date précise, on ne peut pas vraiment savoir combien de temps ça nous prendra puisque ce n’est pas possible d’évaluer l’ampleur de la tâche. »

De toute façon, se donner une véritable date ne risquait pas de les aider à avancer, Astride savait qu’elle ferait tout pour la respecter, délaissant par la même occasion ses études. Or, elle ne devait surtout pas privilégier cette recherche au reste de la scolarité et elle savait que le meilleur moyen de ne pas l’oublier était de minimiser l’importance de leur projet. S’y consacrer tous les soirs au lieu de lire et relire des livres de cours qu’elle connaissait par cœur ? Pourquoi pas, mais elle devait continuer à consacrer ses journées  à ses heures d’études intensives à la bibliothèque ou elle allait vite perdre pied, ou en tout cas, obtenir des résultats loin d’être à la hauteur de ses espérances, ce qui n’était pas du tout envisageable. Evidemment, il fallait que Yasha donne son accord, mais elle ne doutait pas que la poufsouffle penserait de la même façon qu’elle. Certes, elles ne passaient pas beaucoup de temps ensemble en dehors de leur dortoir, mais elles se voyaient tout de même tous les jours et ça devrait suffire à faire des rapports complets de leur progression assez régulièrement. Et puis, au pire, elles pourraient toujours s’envoyer un hibou, s’il n’avait pas la sotte idée de tomber entre de mauvaises mains, bien sûr.

« En tout cas, je crois qu’on a tout. » Déclara la poufsouffle avant de sortir sa baguette. « Gemino ! »

Le parchemin se dupliqua instantanément entre les mains de la jeune fille qui s’empressa de tendre la copie à Yasha. Elle aurait également besoin de la liste de choses à faire si elles ne voulaient pas se retrouver avec un ingrédient manquant le jour J. Elles n’auraient franchement pas l’air malin si ça venait à se produire alors qu’elles avaient tout minutieusement orchestrée pour réussir leur expérience. En attendant, Astride était bien loin de s’en préoccuper, elle était excitée comme une puce et avait hâte de commencer.

« Avec un peu de chance, l’école nous décernera même un prix pour notre travail exceptionnel. » Plaisanta Astride « Enfin, si on la fait pas sauter en se trompant dans les proportions de la potion. »

Yasha laissa échapper un petit rire. En réalité, Astride n’avait pas tort. Si elles arrivent à mener leur mission à bien, la plantation de l’arbre sera un réel atout pour l’école. Imaginez tout ce qui poaiurrait être fait… en y pensant, la jeune Poufsouffle ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle avait tellement hâte de voir ce que tout ceci donnera ! Mais d’un autre côté, si elles échouent et qu’elles créent des petits problèmes, elles risquent de le regretter fort longtemps. Yasha ne souhaita pas aborder ce « petit » détail avec son amie, elle risquerait de vouloir faire machine arrière. Elle garda donc son optimisme permanent tout en assurant en permanence que tout se passera bien et que, mieux, elles seront félicitées une fois l’aventure terminée.
A cet instant, elle eut une petite pensée pour Joshua… ce qu’il aurait aimé voir ça, y participer. Lui si téméraire, si casse-cou, il aurait foncé tête baissée… oh non ! Ce n’aurait peut être pas été une bonne idée qu’il s’en occupe avec elles pour dire vrai ! Ah, ce que son frère lui manquait depuis la rentrée ! Il faudrait qu’elle lui écrive ce soir, elle avait pleins de choses à lui raconter.

Maintenant, elle attendait les consignes de sa camarade. Il fallait être sincère, Astride avait beaucoup plus le sens des responsabilités et de l’organisation que Yasha, il n’y avait pas photo ! C’est pourquoi la brunette avait une confiance aveugle en son amie, elle savait que ce qu’elle lui donnerait à faire ne serait pas pour la diriger mais au contraire pour que tout se passe pour le mieux ; elle savait aussi qu’elle la connaissait très bien et qu’elle ferait en sorte que ça convienne à Yasha. Oh non, elle ne s’en faisait pas le moins du monde pour ça, Yasha était très sure d’Astride, ça la rassurait même de la laisser prendre de telles décisions… le manque de confiance en elle se faisait malheureusement ressentir dans ces moments-là, mais elle arrivait à les dissimuler grâce à sa bonne humeur et son enthousiasme.
Ce fut lorsque sa colocataire prit une voix plus sérieuse et déterminée que Yasha ouvrit grand ses écoutilles et l’écouta très attentivement.

« Bon, je pense que le plus simple serait que je m’occupe de tout ce qui est potion. Je vais aller chercher les livres à la réserve et je m’occuperais de trouver les ingrédients nécessaires pour la réaliser. Pendant ce temps, tu cherches tout le reste des ingrédients ? Pour ce qui est du mimbulus mimbletonia, les tiges de snargalouf et les prunes dirigeables, je pense que tu pourras te procurer tout ça dans les serres, je les connais par cœur, donc si tu trouves pas je pourrais t’aider, mais il n’y a pas de raison pour que tu n’y arrives pas. Le reste je ne sais pas trop… Demande peut-être au professeur de potion ? Ou alors, à Pré-au-Lard, mais comme je n’y mets jamais les pieds, je ne connais absolument pas, donc tu seras certainement la mieux placée pour mener cette action à bien. » Expliqua la jeune fille tout en écrivant leurs prénoms à la suite des tâches à accomplir. « Mais si tu veux procéder autrement, il y a pas de souci, je t’écoute. »

Des listes, toujours des listes… ceci l’amusait beaucoup. Le sens d’organisation d’Astride était tel que cela perturbait légèrement Yasha, elle si impulsive, prenant les choses comme elles lui venaient. Mais elle avait raison dans ce cas-là, rien de mieux que d’avoir chacune un exemplaire de ce que les deux amies feraient, c’était plus sur ainsi.
Yasha apprécia les conseils de son amie, et sa répartition des tâches lui semblaient très correcte. En réalité, elle croisait les doigts pour ne pas avoir à s’occuper des ingrédients de la potion secrète, elle n’était pas très à l’aise dans ce domaine. Même si sa ruse et sa logique l’aidait beaucoup à de nombreux sujets, elle ne lui était pas d’une grande utilité pour manier tous les engrenages de cette matière si particulière qu’elle n’appréciait guerre. Tout du moins, ces deux qualités seraient une force pour trouver le reste des ingrédients, elle n’avait aucun doute là-dessus. Et puis, il faut avouer que même si sa curiosité lui faisait quelques fois défaut, ce serait beaucoup plus simple pour elle de trouver ce qu’elle cherche dans la serre. Elle était d’une nature à tout observer autour d’elle, c’est pourquoi en visionnant les serres dans sa tête, elle avait déjà quelques petites idées sur les endroits où elle pourrait dénicher quelques merveilles.

« Tout est parfait Astride. Comme toujours, ton sens de l’organisation est un bien précieux ! » Lui lança-t-elle avec un petit sourire amusé. « Sincèrement ça me convient très bien, j’ai déjà des petites pistes quant à certaines plantes. Je pense aussi à quelque chose pour les prunes dirigeables, et comme tu viens de le dire, je vais avoir besoin d’aller à Pré-au-Lard… mais ce n’est pas du tout un souci pour moi, je connais cet endroit comme ma poche » S’empressa-t-elle d’ajouter en voyant la mine sceptique de son amie. « On y allait souvent avec Joshua tu sais, et c’est là où on se retrouve depuis qu’il n’est plus à Poudlard… aucun problème pour moi sur ce point. D’ailleurs, en parlant de Pré-Au-Lard, j’ai rencontré une fille la dernière fois… wah, un vrai phénomène. Enfin bref, je m’éparpille !! »

C’est vrai, elle s’éparpillait légèrement là, mais tout fusait dans son esprit. Elle reprit alors d’un ton calme.

« Ne t’inquiète pas, je pense que nous allons réussir, nous formons une super équipe ! Et puis, ça nous prendra le temps qu’il faut. En ce qui concerne les professeurs, je me passerai d’eux ! Tu me connais, je ne leur demanderai pas d’aide, ils pourraient nous dissuader de faire ça… je ferai donc jouer mes relations pour avoir des conseils s’il y a besoin, les professeurs c’est plus ton domaine. » Lui dit-elle avec un large sourire.

Ce n’était pas qu’elle ne faisait pas confiance aux adultes de Poudlard, mais leur besoin de vouloir toujours protéger les élèves faisait qu’ils les enfermaient. Yasha avait horreur de cela, elle préférait qu’ils n’en sachent rien avant l’aboutissement de leur mission. Néanmoins, s’ils se posaient des questions par eux-mêmes, la jeune fille ne leur cacherait rien : selon elle, il ne faut pas qu’il y ait de mensonge mais pas trop de confidences non plus, elles devaient à présent compter principalement l’une sur l’autre !

« Pour ce qui est du temps, je ne sais pas, on se voit tous les soirs, donc quand Ana n’est pas là, on pourra faire un compte-rendu de notre avancement ? Ça évite de se donner une date précise, on ne peut pas vraiment savoir combien de temps ça nous prendra puisque ce n’est pas possible d’évaluer l’ampleur de la tâche. »

Yasha était en totale adéquation avec Astride. Il fallait qu’elle prenne cela comme ça venait, ne pas se prendre la tête et faire le point le soir, quand l’activité le permettait. Ana ne serait pas une barrière pour elles, elle en était certaine, elles arriveraient toujours à communiquer.

« On peut faire ça comme ça, de toute façon Ana rentre souvent tard, elle préfère travailler à la bibliothèque ou dans la salle commune plutôt qu’ici… je pense que ce ne sera pas un problème pour nous. »

Maintenant il n’y avait plus qu’à commencer. Yasha brûlait d’impatience, cette expérience la stimulait, ce qu’elles seraient fières si elles parvenaient à leur fin… l’aventure prenait place, et ce n’était que le début…

« En tout cas, je crois qu’on a tout. » Déclara la poufsouffle avant de sortir sa baguette. « Gemino !»


Yasha prit le parchemin et le rangea soigneusement dans son sac avant de fermer ce dernier et de le glisser sous son lit. Elle releva la tête vers son amie et lui sourit.

« Je crois qu’il va falloir qu’on se repose, cette activité risque de nous prendre pas mal de notre temps libre ! »

Sincèrement ça me convient très bien, j’ai déjà des petites pistes quant à certaines plantes. Je pense aussi à quelque chose pour les prunes dirigeables, et comme tu viens de le dire, je vais avoir besoin d’aller à Pré-au-Lard… mais ce n’est pas du tout un souci pour moi, je connais cet endroit comme ma poche. On y allait souvent avec Joshua tu sais, et c’est là où on se retrouve depuis qu’il n’est plus à Poudlard… aucun problème pour moi sur ce point. D’ailleurs, en parlant de Pré-Au-Lard, j’ai rencontré une fille la dernière fois… wah, un vrai phénomène. Enfin bref, je m’éparpille !! »

C'était plutôt une bonne nouvelle. Astride savait que la poufsouffle était particulièrement attachée à son frère et que ne plus l'avoir avec elle à l'école devait être assez compliqué pour la jeune fille. Elle ne pouvait que comprendre, ses frères et sa petite sœur lui manquaient beaucoup aussi et même si elle savait que son petit frère ne devait pas être admis à Poudlard tout comme elle l'avait été quelques années auparavant, elle n'avait pas pu s'empêcher d'espérer secrètement que ça pourrait être le cas. Évidemment, ça ne l'avait pas été, et elle avait totalement admis que ça ne le serait probablement pas pour sa petite sœur. De toute façon, la poufsouffle ne serait même plus là lorsque ce serait au tour d'Ariane de faire son entrée à l'école, alors mieux valait qu'elle puisse rester bien sagement à Newbury. Toute la famille serait de nouveau réunie lorsqu'elle sortirait enfin. Certes, elle devrait continuer à quitter sa famille pour faire ses études dans l'université sorcière, mais Londres n'était pas loin du tout de chez elle, ça serait nettement plus simple qu'avant. La jeune fille espérait simplement que ce changement aurait plus de points positifs que de points négatifs, ce n'était pas encore pour tout de suite, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une légère appréhension quand elle y pensait.

« Oh c'est génial, ça te donnera l'occasion de le voir et tu pourras peut-être lui demander de l'aide pour tes recherches. » Déclara-t-elle avec enthousiasme. « C'est qui cette fille ? »

Curiosité quand tu nous tiens... La jeune fille ne pouvait s'empêcher de poser des questions même lorsque les réponses ne la regardait pas. Souvent ça la mettait dans des situations qui lui posaient problème, mais elle était incapable d'éviter de demander lorsque quelque chose lui paraissait un peu flou. Comme quoi, il était difficile de changer les gens. Astride s'était jurée pendant tout l'été de ne pas s'attirer des ennuis supplémentaires lorsqu'elle retournerait à Poudlard, mais elle ne pouvait s'empêcher de fourrer son nez dans les affaires des autres. Bon, d'accord, là ce n'était « que » Yasha, la jeune fille la plus adorable du monde, celle qui ne ferait jamais rien de mal et qui ne pourrait pas la mettre dans le pétrin, même involontairement. Enfin, peut-être que sa camarade de dortoir n'était pas aussi blanche que ce qu'elle voulait bien croire, mais ça ne faisait pas d'elle une des pires délinquantes du château bien au contraire, elle était loyale, toujours de bonne humeur, entraînante, joyeuse, c'était des qualités qui ne collaient pas du tout avec un quelconque poste de rebelle qu'elle aurait pu récupérer uniquement par l'opération du Saint-Esprit. Tant mieux, ça voulait dire qu'elle pouvait accumuler un certain nombre de boulettes sans craindre les retombées négatives que ça pourrait avoir sur elle ou sur leur amitié.

« Ne t’inquiète pas, je pense que nous allons réussir, nous formons une super équipe ! Et puis, ça nous prendra le temps qu’il faut. En ce qui concerne les professeurs, je me passerai d’eux ! Tu me connais, je ne leur demanderai pas d’aide, ils pourraient nous dissuader de faire ça… je ferai donc jouer mes relations pour avoir des conseils s’il y a besoin, les professeurs c’est plus ton domaine. »

Astride se contenta de hausser les épaules, laissant échapper un éclat de rire joyeux. Ça ne la dérangeait pas du tout de devoir aller elle-même voir tous ses professeurs pour demander un peu d'aide ou des conseils. Elle le faisait en permanence, à chaque fin de cours, elle relisait intégralement les notes qu'elle avait prises et elle faisait en sorte de poser toutes les questions qu'elle avait à ce sujet pour pouvoir apprendre correctement la totalité de sa leçon. Ils avaient donc tous l'habitude de la voir venir dans leur bureau pour discuter pendant de longues et interminables minutes, cherchant à éclaircir les moindre détails de la leçon qu'elle venait juste d'avoir. Jusqu'ici, aucun ne l'avait fichu à la porte, lui priant d'aller chercher dans d'autres bouquins les réponses qu'elle voulait obtenir, mais c'était sans doute parce qu'elle avait eu la chance de tomber sur des enseignants motivées et passionnés qui étaient heureux de trouver des élèves motivés à qui ils pourraient parler encore et encore de la matière qu'ils prenaient plaisir à enseigner. Pour ce qui était de leur accord, Astride ne se faisait donc pas trop de soucis, mais elle espérait franchement qu'ils accepteraient également de l'aider pour qu'elles puissent réussir plus facilement que si elles étaient totalement livrées à elle-même.

« On peut faire ça comme ça, de toute façon Ana rentre souvent tard, elle préfère travailler à la bibliothèque ou dans la salle commune plutôt qu’ici… je pense que ce ne sera pas un problème pour nous. »

Anabela n'était certainement pas celle dont elles devaient le plus se méfier. Leur camarade de dortoir se fichait éperdument de ce qu'elles pouvaient bien faire de leurs journées ou de leurs soirées, elle leur adressait à peine la parole, c'était bien un signe... Enfin, depuis leur conversation la poufsouffle ne savait pas trop ce qu'elle devait penser d'elle. Certes, elles se connaissaient à peine mais elles avaient réussi à instaurer un minimum de dialogue dernièrement, mais la jeune fille se fichait éperdument qu'elles ne soient pas les meilleures amies du monde du moment qu'elles n'avaient aucun problème à se supporter. Anabela ne l'aimait peut-être pas beaucoup mais elles ne lui menaient pas la vie dure, au moins et elle savait qu'elle devait s'en estimer heureuse. Les élèves qui s'amusaient à se moquer d'elle étaient assez nombreux pour qu'elle soit très heureuse d'y avoir échappé dans son propre dortoir. Un an de plus et elle se serait retrouvé dans la même chambre que Sarah et même si elle avait apprécié la jeune fille pendant un temps, elle se savait incapable de cohabiter avec elle pendant sept ans, elle était donc ravie d'être tombée sur Ana même si la jeune fille ne serait probablement jamais sa meilleure amie. Yasha devait être à peu près dans le même cas qu'elle visiblement, puisque elle non plus n'avait pas droit à de longs discours de sa part mais seulement à deux trois mots lorsqu'elle n'avait pas le choix. Mais ce n'était pas très important pour la jeune fille qui voulait simplement ne pas être embêtée, les choses se déroulaient comme elle l'avait toujours espéré.

« Je ne pense pas non plus, elle est toujours plutôt... effacée. »

C'était le moins qu'on puisse en dire et Astride ne voulait pas employer un autre mot qui puisse paraître insultant. Anabela était sans doute une fille extraordinaire pour ceux qui avaient réussi à percer la coquille et voir au-delà du peu de choses qu'elle voulait bien montrer aux autres, mais ce n'était pas son cas et elle ne pouvait pas se baser sur ce qu'elle avait vu de sa camarade de dortoir pour tirer de vraies conclusions. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était imaginer comment pouvait être la jeune fille sans oser donner un avis sur la question puisque son imagination pouvait la tromper totalement. C'était d'ailleurs ce qu'il s'était passé pour Scipion. Au départ, il avait discuté avec elle comme si elle allait devenir une de ses meilleures amies, il lui avait posé une tonne de questions, s'intéressant à tout ce qu'elle pouvait bien pouvoir raconter. Astride était alors heureuse de voir qu'il semblait s'intéresser à ses connaissances et que peut-être, au contraire des autres élèves, il viendrait lui parler pour le plaisir et non pas pour obtenir de bonnes notes à ses examens. Malheureusement, elle s'était réjouit un peu trop vite et avait bien dû se rendre compte que la réalité était beaucoup moins plaisante. Scipion était comme tous les autres, il voulait se servir de ce qu'elle savait pour son propre compte et il était encore pire que tous ceux qu'elle avait pu croiser jusqu'à maintenant. Ce n'était pas les devoirs qu'il voulait réussir mes plutôt ses plans foireux visant à satisfaire son plaisir au détriment d'autrui. Depuis, elle ne lui avait plus adressé la parole mis à part dans le Poudlard Express où elle avait eu la malchance de le croiser. Fort heureusement, il n'était pas réapparu depuis et elle ne souhaitait absolument pas le revoir.

« Je crois qu’il va falloir qu’on se repose, cette activité risque de nous prendre pas mal de notre temps libre ! »

Qu'on se repose ? Astride n'était pas du tout d'accord avec elle, elle n'avait absolument pas besoin de se reposer, d'ailleurs, elle détestait plus que tout se reposer, elle avait l'impression de perdre du temps lorsqu'elle était dans son lit et elle savait qu'elle ne pourrait pas le récupérer plus tard puisque les nuits blanches n'étaient pas franchement conseillées surtout en semaine. Astride ne s'était encore jamais endormie en cours et elle n'avait pas envie de commencer maintenant. Savoir qu'elle pouvait louper une information cruciale dans un de ses cours la paniquait totalement. Il était parfois difficile de se concentrer pendant de longues minutes lorsque le sujet était un peu moins captivant qu'à l'accoutumée. Astride, comme le commun des mortels, avait ses préférences lorsqu'il s'agissait des journées de cours ou même des cours en eux-même, certains pouvaient être sacrément barbants et si elle les travaillait comme n'importe laquelle de ses leçons, elle ne pouvait s'empêcher deux ou trois fois pendant la durée du cours et savait pertinemment qu'elle louperait deux ou trois trucs parce qu'elle serait en train de rêvasser ou de se demander s'il était possible de faire une avance rapide du cours grâce à un sortilège mais de façon à ce qu'elle retienne tout de même la totalité des informations que lui donneraient son professeur. Mais bon, elle n'allait pas contrarier Yasha pour cette histoire de repos, si elle voulait se coucher, elle n'allait pas l'en empêcher, mais elle avait bien mieux à faire pour le moment. La jeune fille se leva, enfouissant sa liste dans une des immenses poches de son sac.

« Oui, tu as raison. » Dit-elle. « Mais en attendant, tu as du rangement à faire, et moi j'ai un devoir d'arithmancie à terminer, j'espère pour toi que tout sera rangé lorsque je reviendrais. »

Évidemment, la jeune fille plaisantait, elle se fichait que Yasha soit ordonnée ou pas, c'était ses affaires, elle avait le droit d'en faire ce qu'elle voulait tant qu'elle ne finissait pas par utiliser tous les lits du dortoir pour s'éparpiller. Attrapant son sac, Astride prit la direction de la salle commune, adressant un dernier sourire à son amie, elle n'avait pas pour habitude de travailler en bas, mais elle savait qu'elle s'endormirait quasiment instantanément si elle bossait sur son lit, mieux valait qu'elle trouve une vraie table cette fois-ci.

Spoiler:

« Oh c'est génial, ça te donnera l'occasion de le voir et tu pourras peut-être lui demander de l'aide pour tes recherches. » Déclara Astride avec enthousiasme. « C'est qui cette fille ? »

Yasha n’avait pas réellement pensé parler de cette jeune fille, mais étant donné que ça se présentait, elle viderait son sac sur ce qu’elle pensait d’un pareil personnage. Elle avait été une sorte « d’attraction » pour Yasha, jamais elle n’avait rencontré quelqu’un ainsi… elle trouvait même ça triste et légèrement exaspérant. Mais bon, pour dire vrai ce n’était qu’une parenthèse à son escapade à Pré-au-Lard, mais tout de même… elle était de la même maison qu’elle et elle ne l’avait jamais remarqué auparavant, et en y pensant, elle ne savait même pas son nom, ce qui ne la gênait pas vraiment ceci dit en passant !

« Tu dois surement la connaître… mais je ne sais pas son nom. C’est la plus grande insociable que j’ai pu rencontrer. Et étonnamment, depuis que je suis à Poudlard je ne l’ai jamais remarqué alors qu’elle est de Poufsouffle. Je t’assure que c’est un vrai phénomène, à peine je lui ai adressé la parole qu’elle m’envoyer balader ! Y a des gens bizarres quand même »

A ses derniers mots, Yasha leva légèrement les yeux au ciel, Poudlard dévoilait quelques fois de bonnes comme de mauvaises surprises.
Bref, ce genre de personne ne méritait pas qu’on passe du temps à parler d’elle. Le sujet actuel était beaucoup plus important : il fallait mettre en pratique ce que les deux amies avaient construit à cet instant même. Yasha voulait être au meilleur de sa forme afin de mener à bien cette mission, c’est pourquoi elle préférait se reposer plutôt qu’aller faire les 400 coups, car malheureusement si elle ne se posait pas ce n’était pas pour travailler. Elle n’était pas fatiguée mais elle se forçait, elle savait très bien que, sinon, elle mettrait un temps monstre à se réveiller le lendemain.

« Oui, tu as raison. » Dit Astride. « Mais en attendant, tu as du rangement à faire, et moi j'ai un devoir d'arithmancie à terminer, j'espère pour toi que tout sera rangé lorsque je reviendrais. »

Yasha sourit, amusée. Son amie la connaissait vraiment très bien… si bien qu’elle se doutait qu’elle trouverait ses affaires à la même place que lorsqu’elle avait quitté le dortoir. Elle acquiessa d’un petit signe de tête, comme pour lui dire « mais bien sur ! ».

« Travaille bien alors ! Pense à te reposer quand même… » Lui lança-t-elle d’un petit air malicieux. Elle savait que sa camarade ne verrait pas le temps passé, c’est ce qui était le cas quand elle se plongeait dans ses devoirs.

Yasha se coucha sur le ventre sur son lit et reprit le livre qu’elle lisait avant cette longue discussion. Elle pensait s’y replonger quelques temps, c’était une façon comme une autre de se poser avant de démarrer cette belle aventure avec une personne qu’elle appréciait énormément !

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