Les jours avaient beau passer, Kryštof ne parvenait pas toujours pas trouver un bon point à Poudlard. L’école était immensément grande inutilement, parcourue de détours et recoins toujours autant sans intérêt si ce n’était de faire perdre du temps aux pauvres âmes qui avaient le malheur de résider en son sein. Quelle idée de construire un tel bâtiment à quatre personnes aux personnalités si différentes ? Chacun avait dû y aller de son grain de sel, rajoutant chacun une portion personnelle au château. Il était peut-être imposant mais il était incapable d’aller droit au but, d’une complexité ridicule. Durmstrang était bien mieux. Franche. Et d’une austérité efficace. Au moins, pas d’escaliers qui bougent sans qu’on leur demande, pas d’étages à descendre puis à regrimper, de ponts de singe au-dessus d’un abîme vertigineux à traverser par toutes les météos, même les plus terribles. Il préférait largement les hivers très rudes de son ancienne école. Les dortoirs n’étaient pas chauffés mais au moins, cela les entraînait à devenir des hommes. Ici, les élèves étaient bien trop choyés, c’était déplorable. Sans parler de cette exécrable idéologie naïve et progressiste qui mettait Kryštof dans un état de nausée quasiment constant. Non, il n’aimait vraiment pas ici.

Ses pérégrinations à travers Poudlard, essayant tant bien que mal de se familiariser avec les lieux, le guidèrent jusqu’à la bibliothèque. Il avait déjà fait les devoirs demandés par ses professeurs. Malgré son comportement volcanique, il demeurait un élève studieux, désireux de se faire bien voir et surtout mieux que son indiscipliné de frère. Cela ne changeait pas le point de vue qu’il avait sur l’éducation laxiste de Poudlard, mais faire semblant était quelque chose dans ses cordes. Il était facile de se jouer de tous ses imbéciles heureux. Et son ego exacerbé ne se tarirait pas de sitôt tandis qu’il aperçut un visage désagréablement familier, assis studieusement à une table contre une fenêtre. Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres. Agacé, de mauvaise humeur, il eut le déplaisant désir d’aller embêter son petit monde. Il s’approcha alors de la pauvre élève de Poufsouffle qui n’avait rien demandé et s’assit en face d’elle, un large sourire barrant son visage. Les uniformes écarlates de Durmstrang avaient été abandonnés et tous deux revêtaient désormais les capes noires de Poudlard. À des milliers de kilomètres de leur précédente école, il semblait que le destin soit décidément un sacré farceur. D’un ton qui transpirait le sarcasme, il dit :

— Tiens, tiens, tiens, regardez qui voilà.

Le regard vissé sur son visage, une lueur mauvaise brillait dans ses yeux pourtant encore jeunes. Il n’y avait pas besoin de ressasser l’opinion que Kryštof avait de Darina. Malgré ce qu’elle pouvait prétendre, ce n’était qu’une Sang-de-Bourbe à ses yeux. Sa présence à Durmstrang avait été une honte à l’école et il en avait fait une affaire personnelle. Si elle avait oublié tout ceci, il se ferait une joie de le lui rappeler.

— Le monde est petit et sacrément ironique, tu ne trouves pas ?

Continuant de la titiller inlassablement, il ne comptait pas lâcher le morceau. C’était comme retrouver un vieux jouet oublié au fin fond du grenier. Dépourvu de compassion ou d’empathie, il n’aurait aucune honte à déverser son fiel sur elle. La frustration qu’il accumulait depuis qu’il était à Poudlard ne l’aidait en rien non plus.

— On s’est exilée à Poudlard ? Il est vrai que cette école répugnante doit plus convenir aux gens comme toi.

Il n’avait pas pu retenir le dégoût profond qu’il éprouvait en fin de phrase. Il savait qu’elle allait sûrement répliquer, arguant qu’il était désormais l’intrus ici et qu’il se trouvait dans le même bateau qu’elle, à patauger dans la fange impie de Poudlard. Et il n’en était pas ravi. Continuant de sourire méchamment, ne lâchant pas son regard, l’envie de violence grimpant lui, il n’allait certainement pas retenir son venin envers elle. Darina paierait pour toute la frustration et la colère qu’il emmagasinait depuis ces dernières semaines.