Ce classement par grade était un enfer depuis le début de l’année scolaire. Peu importe ce que Maxwell faisait ou ne faisait pas, il se retrouvait en bas de l’échelle alimentaire avec les nullos, et ça il en avait ras le choixpeau. En cette belle après-midi, il s’était donc rendu à la bibliothèque. Mais pas pour travailler, non, quelle idée. Il avait pris un bon rouleau de parchemin ainsi que sa plume et son encre. Il était prêt pour commencer sa nouvelle idée, sa future œuvre d’art … Le poufsouffle avait eu l’idée de créer ses propres grades. Et pas n’importe lesquelles. Fini le classement par le sang et par l’excellence, il fallait positionner les élèves par rapport à leur attitude cool ou non. Il avait donc diviser les grades en quatre : BG, fun-passable, relou, psycho –cancel. Maintenant il pouvait se faire plaisir à noter les noms des gens de l’école dans chacune des catégories. Certains, il ne les connaissait pas, alors il faisait au pif. Pour d’autres, il n’avait même pas besoin de réfléchir un instant pour savoir où les mettre. Le garçon était en fou rire pendant tout le long de sa confection – ce qui avait le don d’agacer la bibliothécaire d’ailleurs qui le fusillait du regard en portant son index à ses lèvres.

Mais il s’en fichait. Il était un génie hilarant. Et il avait hâte de voir la réaction de ses camarades à sa super blague. Certains allaient rire, d’autres moins (cf, les Soso ou les Sherwin) mais ça valait grave le coup. Max savait qu’il avait des chances de se faire choper … mais au pire il se prendrait une retenue et on passera à autre chose … rien de très grave. Surtout que pour lui, ce qu’il faisait était plutôt gentillet. Ce n’était pas comme s’il cherchait à faire du mal aux SP ou quoi. Il voulait juste rire, le message derrière n’était pas si important.

Alors une fois son chef d’œuvre accompli, le garçon remballa ses affaires et sortit de la bibliothèque. Il dévala les escaliers pour arriver au rez-de-chaussée. Il placarda son affiche sur le panneau, recula de deux pas pour admirer sa connerie, sourit, fit un clin d’œil, et était prêt à retourner vaquer à ses occupations. Le couloir semblait désert, même s’il n’avait franchement pas fait très attention en regardant autour de lui. Peut être aurait-il dû pour s’assurer de ne pas se faire chopper ? Mais au fond il s’en foutait grandement. On ne pouvait pas lui reprocher de vouloir amuser la galerie, n’est-ce pas ?

Et alors qu’il repartait, il entendit une voix qui l’accostait. Gwen, une meuf de serpentard qui l’avait dragué il y a quelques semaines. Elle voulait le pécho … et même si c’était une jolie nana, maintenant qu’il était de nouveau avec Carla, il ne pouvait pas s’autoriser d’écart de la sorte. Bon … sa relation avec Carla était secrète, peu de personnes au sein de l’école étaient au courant. Peut être qu’elle l’avait mal pris (ne connaissant pas sa relation) qu’il ne veuille pas tenter un truc avec elle alors qu’il était connu au sein de l’école pour draguer tout ce qui avait des seins. Max se retourna donc pour faire face à la jeune fille. Visiblement elle venait de lire son affiche, et n’était pas totalement en accord avec sa place dans le classement.

– Relax beauté, c’est juste pour se fendre la poire ce classement.

Répondit le jeune homme en rigolant. Non clairement ce n’était pas le genre d’annonce qu’il fallait prendre au sérieux. Et Max ne s’était d’ailleurs pas arrêté un seul instant pendant sa fabrication pour imaginer que certaines personnes puissent être vexées d’apparaitre dans des grades un peu plus pourries que les autres.

– Faut pas se vexer pour si peu hein.

Bon la meuf avait l’air de prendre mal son grade. Relou, parce qu’il venait de se fendre la poire pendant deux heures en créant son chef d’œuvre, ce n’était certainement pas pour qu’on vienne le souler directement avec du mécontentement. Il n’avait rien contre la fille en soit. Il ne la connaissait pas, ou pas bien en tout cas. Il avait du lui parler une ou deux fois à tout casser. Elle avait peut être simplement été victime du pif quand il l’avait foutu dans une catégorie. Qu’elle vienne s’en plaindre le faisait légèrement marrer. Parce qu’il s’en foutait, et qu’il n’avait clairement pas l’intention de faire des changements sur ce truc. Mais elle le prenait bien trop au sérieux. Bon c’était une nana, normal, les filles en faisaient toujours des tonnes pour pas grand-chose. Et là mademoiselle semblait avoir été piqué dans son égo. Le poufsouffle essaya de lui faire comprendre que c’était juste pour se marrer et qu’il fallait se détendre, espérant secrètement que cela suffirait pour qu’elle ne lui prenne pas plus la tête sur le sujet. Mais Gwen ne voulait visiblement pas en rester là, estimant qu’elle aurait mieux trouvé sa place dans le grade des Fun, et pas dans celui des relous. Max rit intérieurement en pensant que sa réaction à la minute confirmait quand même un peu sa place gagnée chez les relous. Mieux valait ne pas dire ça à voix haute pour le moment pour ne pas finir de vexer complètement la verte et argent.

Mais soudainement elle passa du coq à l’âne. Genre revirement de situation. Rien à voir. Max eut besoin d’un instant pour essayer de comprendre le rapport entre la discussion et ce qu’elle venait de sortir … Il n’en trouva pas réellement. Elle aurait du choisir d’aller draguer Finn ? Mmmmh donc elle était vraiment très vexée de s’être fait recal’ par Max quelques semaines auparavant ? C’était sympa, dans le sens où ça flattait son égo. Mais elle en faisait un peu trop non ? Tout le monde s’était déjà fait recal à un moment de sa vie, ce n’était pas la fin du monde, si ?

– Le bouffondor, il aime bien les SP qui passe bien en société, tu sais. Pis, il est aussi chaleureux qu’une cellule d’Azkaban. Après si c’est ton délire, go hein.

Répondit le jeune homme. Il n’était pas jaloux loin de là, mais connaissant légèrement, de loin, le cas Sorensen, il valait mieux rester loin de lui. Après il n’était ni son père ni son frère, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait. Quoi qu’il en soit, elle agissait de manière assez étrange, et Max avait du mal à comprendre quelles étaient ses intentions ? Elle voulait le faire réagir ? Elle attendait une réponse ou une attitude bien précise de sa part ? Parce que bon, Max ne voulait pas d’une relation avec elle quand elle l’avait dragué, et aujourd’hui rien n’avait changé. Il était toujours avec Carla, donc toujours pas sur le marché.

– Beau, drôle, charismatique ? C’est clair que c’est pas son fort.

Dit-il en rigolant. Il faut dire qu’il avait un passif avec Finn. Ce bouffon avait quand même touché à Carla l’année dernière, chose que Max avait évidemment très mal pris. Heureusement qu’il avait gagné à l’époque.

– Par contre j’comprends pas, genre t’es toujours vener’ que j’t’ai recal ?

Non, elle avait du passer à autre chose maintenant, n’est-ce pas ? Après tout ça faisait quelques semaines déjà.

Les meufs étaient des êtres bien trop compliqués pour le préfet des poufsouffle. Elles avaient toujours des sentiments incompréhensibles, une volonté de faire dans le compliqué, et un désir de se vexer pour rien. Donc maintenant Max se retrouver face à une nana qui était vexé comme un pou par rapport à son classement. Dommage pour lui. Il aurait du faire plus attention au moment où il avait posé son affiche pour s’assurer qu’il n’y avait personne dans les alentours. Une minute d’attention qui lui aurait évité de se prendre la tête pour rien. Mais chose étant faite, et Gwen l’ayant vu, elle semblait désormais vouloir régler ses comptes. Parce que mademoiselle se croyait trop bien pour être dans le grade des relous. Oh lala, mais où était donc le second degré, l’autodérision dans tout cela ? Et dire qu’elle avait voulu sortir avec lui ? Mauvaise tactique, mauvaise personnalité. Car pour supporter un type comme Max, il ne fallait clairement pas être susceptible, et surtout savoir tout prendre avec humour … ce qui n’était visiblement pas le cas de la demoiselle. Au moins, pas de regrets là-dessus de son côté. Mais on ne pouvait pas en dire autant sur la verte et argent qui semblait bien décidé à avoir une conversation. Max avait fait quelques pas pour s’éloigner du tableau d’affichage, histoire de ne pas non plus crier au monde entier que c’était lui l’auteur de sa connerie. Mais avec Gwen qui l’harcelait sur le sujet, son identité secrète ne risquait pas de rester secrète pendant très longtemps.

Le jeune homme essaya de replacer cette conversation sur le sens de l’humour. Mais Gwen ne semblait pas avoir envie de prendre cette direction. Bien au contraire. Mais comment allait-il s’extirper d’une telle situation ? Surtout qu’il ne comprenait pas ce qu’elle avait. Etait-elle réellement encore vener’ pour cette histoire de recal’ qui datait maintenant de quelques semaines ? Soit, elle l’avait très mal pris, soit elle était trop attachée à lui. Dans tous les cas, ça ne sentait pas bon pour sa tranquillité cette histoire. Elle lui rappela fermement que personne n’aimait être recalé. Certes. Mais bon c’était la vie, c’était des choses qui arrivaient et il fallait faire avec, non ? Elle se rapprocha d’ailleurs un peu de lui pour appuyer ses propos. Mmmmh … dangereux … essayait-elle de faire à nouveau un pas vers lui ?

– Ouais normal. Mais bon … genre … hasta la vista quoi. On s’en remet tous un jour, tu sais. Puis t’auras pas de mal à trouver mieux que moi t’inquiète.

Dit-il histoire de la rassurer un peu, parce qu’au fond il ne voulait pas passer pour le plus méchant des crétins. Même s’il se pensait quand même au dessus de la plupart des bouseux de l’école. Mais ça, ce n’était peut être pas le moment de le dire à voix haute. Le garçon avait un petit sourire gêné. Il ne savait pas vraiment comment mener cette discussion face à une fille aussi déçu dont il ne comprenait pas réellement les motivations. Certes, il avait eu du succès avec certaines filles, mais bon il s’était tout autant, voire plus, planté avec d’autres.

– Nan en vrai garde la pêche. Essaie de chasser quelqu’un de plus libre, et tu te feras sans doute pas recal.

Essaya-t-il de dire. Bon techniquement aux yeux de l’école, il était censé être libre lui aussi, mais ce n’était qu’un détail.

Ce n’était pas forcément dans les habitudes de Max de rejeter des meufs qui s’intéressaient à lui. Surtout que Gwendolyn était loin d’être dégueu. En temps normal, elle aurait donc surement eu toutes ses chances. Mais voilà, Max s’était désormais positionné dans sa relation avec Carla, et il n’était pas assez stupide pour faire un faux pas maintenant. Dommage pour lui, cette meuf semblait avoir assez mal pris de se faire recaler et semblait vouloir avoir des explications. Il essayait tant bien que mal de lui apporter des explications, sans être méchant, mais rien ne semblait la satisfaire. Elle s’approcha ensuite de lui pour remettre son insigne correctement. Max regarda autour de lui pour voir s’il y avait d’autres personnes qui avaient pu voir ce mouvement. Tout allait très vite dans cette école, et il ne voulait clairement pas qu’on aille répéter à Carla qu’il était très proche d’une fille dans le hall alors qu’il n’avait absolument rien fait et rien à se reprocher. Il était légèrement gêné par cette proximité, ne sachant pas comment prendre la jeune fille ni quel allait être son prochain mouvement. Que cherchait-elle à faire ? A avoir une réelle explication ? A continuer dans la séduction pour réussir son défi de l’avoir ? Il n’en savait rien, et elle-même ne lui donnait pas des signaux très clairs. Alors qu’il la regardait avec des yeux ébahis, elle lui expliqua que son insigne allait tomber d’une seconde à une autre, donc qu’elle venait de faire cet action par simple acte de gentillesse. Ok. Max recula d’un pas pour mettre un peu plus de distance entre elle et lui. Elle lui sourit un instant, avant de reprendre ses paroles en les déformant quelque peu. Clairement cette fille était incompréhensible. C’était dans ce genre de moment que Max se disait qu’un manuel pour comprendre la gente féminine serait peut être utile.

– Bah si tu vas très bien cool alors.

Répondit-il en haussant les épaules. Il ne comprenait pas réellement pourquoi cette conversation avait lieu si elle allait bien. Elle lui expliqua qu’elle aimait comprendre. Mais comprendre quoi ? Il ne voulait pas d’une relation ou d’une aventure avec elle, tout simplement. Pourquoi avait-il besoin de se justifier ?

La jeune femme se dirigea à nouveau vers le tableau et prit le papier qu’il venait lui-même d’accrocher. Il leva un sourcil, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle était en train de faire. Elle inspectait maintenant son parchemin avec attention. Et Max se tenait là, gêné, ne sachant pas quoi faire. Etait-ce le moment de partir et de la laisser continuer à faire on-ne-sait-quoi ? Parce qu’il ne tenait pas non plus à ce que toute l’école (et surtout la direction et sa brigade) sache qu’il était l’auteur de ce parchemin censé être anonyme. Cette meuf allait lui faire perdre cet anonymat si elle continuait à faire des manières. Si le poufsouffle avait fait preuve de patience jusque là, il commençait légèrement ç s’agacer par l’attitude de la jeune femme en face de lui.

– Bon t’as fini de scruter le bout de papier, j’tiens pas à me faire coller parce que t’es pas capable de comprendre une blague …

Déjà qu’il était abonné aux retenues depuis quelques semaines, inutile d’en rajouter par-dessus. Mais allait-elle comprendre qu’il était temps de se barrer ?

La jeune fille lui fit remarquer que le mal était déjà fait. Elle attira son attention vers l’un des tableaux, bien présent, les regardant avec dédain. Dommage pour lui. A ce stade il aurait même pu signer son œuvre, cela n’aurait rien changé. Au pire ce n’était pas si grave, si ? Qu’est-ce qu’on pouvait bien lui faire ? Lui coller une retenue ? Il en avait déjà des dizaines qui l’attendaient patiemment. Gwendolyn était compliquée à comprendre, du moins pour Maxwell. Elle disait des choses mais son comportement laisser sous-entendre qu’elle pensait le contraire. Après ils n’étaient pas si proches que cela. C’était peut être la seconde fois qu’ils se parlaient de l’année, alors lui était-il pour proclamer connaitre les réactions ou la personnalité de la jeune femme. S’il avait été célibataire, il l’aurait surement dragué lourdement, et aurait clairement essayé de la mettre dans son lit. Dommage pour la jeune femme, il avait rangé sa cape de Don Juan dans le placard et n’avait pas l’intention de mettre en péril sa relation retrouvée avec Carla. D’ailleurs il espérait que personne ne lui fasse parvenir une fausse rumeur sur cette entrevue. Gwendolyn ne comprenait surement pas le refus du poufsouffle, connu dans toute l’école, pour être facilement détournable … Malheureusement pour elle, elle arrivait tout simplement trop tard. Après, c’était une jolie fille, elle n’avait pas de soucis à se faire, elle aurait surement du succès avec quelqu’un d’autre. Puis elle avait l’air d’avoir un sacré tempérament. Ca aussi ça pouvait plaire chez les mecs.

En attendant, ils avaient l’air d’avoir fait le tour de cette conversation. Et même s’il était quasiment sûr d’être trahis, le jeune homme préférait s’éloigner du lieu du crime. Si on voulait le punir, on n’aurait qu’à le chercher dans toute l’école. Il ne voulait faciliter la tâche à personne. Gwendolyn attacha à nouveau les papiers sur le tableau d’affichage, comme si de rien n’était. Le garçon hocha la tête comme pour valider ce qu’elle venait de faire.

– Faut que j’aille retrouver mes potes. A la prochaine.


Conclu-t-il finalement. Non il n’avait aucun intérêt à rester plus longtemps. Surtout qu’il avait promis à Burkin de le retrouver dans une salle vide du cinquième étage pour tester un nouveau produit. Alors pas de temps à perdre ici. Il tourna les talons et disparut au détour d’un couloir, laissant la jeune femme libre de continuer à vaquer à ses occupations. Il espérait qu’elle allait vite cesser cette obsession qu’elle avait pour lui. Parce qu’il n’était pas du genre à prendre plaisir à rejeter les gens, ou à leur faire du mal, bien au contraire. S’il pouvait ne partager que du fun avec ses camarades, il le faisait. Si Carla apprenait que cette meuf le draguait, elle allait surement péter un câble d’ailleurs. Mais Max n’avait pas réellement l’intention de lui en parler. Car pour lui, cela n’avait pas d’importance, cette conversation avait été totalement innocente, du moins de son côté, et ça n’en valait pas la peine de montrer sa copine contre cette fille qui n’avait au final rien demandé …