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« Le poète est semblable au prince des nuées » ♠ HARRIET & THADDEUS [tw : violence animale]
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Message(#) Sujet: « Le poète est semblable au prince des nuées » ♠ HARRIET & THADDEUS [tw : violence animale] « Le poète est semblable au prince des nuées » ♠ HARRIET & THADDEUS [tw : violence animale] EmptyDim 13 Mar - 20:51

ses ailes de géant l'empêchent de marcher


Je sentais déjà le retour du printemps, non pas dans mes os ni dans mon corps ou grâce à toutes autres capacités à déceler un changement de température, mais dans mon envie de paresser plus que d’ordinaire. La période sombre de l’hiver me pousser à désirer rester sous mes couvertures, bien sûr, puisque qu’un château – avec ou sans magie – restait un endroit plus froid qu’une maison londonienne chauffée par une cheminée fonctionnelle, mais la période claire me poussait à la déambulation, à l’oisiveté et aux fastes. Je n’avais jamais autant apprécié mes privilèges que sous un soleil d’été. Tout donnait l’impression de… plus que de briller : de produire sa propre lumière. Rien ne me faisait plus plaisir que de n’avoir rien à faire, avec une telle météo, et le parc devenait alors mon repère favori. Je savais qu’un certain couple prenait un malin à venir roucouler sur cette verdure également, mais j’espérais pour une fois qu’ils auraient choisi un autre endroit que celui-ci pour ne pas avoir l’horreur de tomber sur eux pendant ma promenade… J’avais évité le parc pendant une bonne partie de l’automne – puisque je n’aimais guère être trop mouillé – et pendant tout l’hiver – et les saints de ce monde savaient combien l’hiver durait longtemps ! –, aussi comptais-je bien y retourner maintenant que les éléments revenaient de mon côté et me permettaient de flâner en toute sérénité. Je n’avais eu personne pour me tenir chaud même à l’extérieur, moi, et même le manteau que mon cher ami m’avait offert n’aurait suffit à réchauffer une âme qui… Et bien. Pouvais-je faire dans le mélodrame sans avoir à surjouer, pour une fois ? À plus de la moitié de l’année scolaire, ma toile n’était pas aussi étendue que je l’aurais voulue, les seules personnes qui m’importaient étaient détournées par d’autres que j’exécrais beaucoup plus et l’unique trophée que j’avais eu tant de mal à m’accaparer m’était repris par un autre beaucoup moins bien classé que moi. L’avenir était moins lumineux que le tableau que j’en avais peint dans ma tête.

Et ma pauvre tête, par ailleurs… Le retour de températures plus élevées que 15° avait le don de provoquer également le retour de migraines. Celles que j’avais au printemps étaient généralement les plus violentes, juste derrière celles que je pouvais avoir en été si je ne faisais pas attention à prendre mes médicaments. Comme un rappel que mon accoutumance ne faisait qu’augmenter, et je ne faisais rien pour faire pencher la balance de l’autre côté. J’aimais bien trop cette sensation de bien-être absolu lorsque je prenais au minimum… deux ou trois cachets d’un seul coup. Or, je n’en avais plus un seul. J’avais retourné absolument tout le dortoir pour en retrouver ne serait-ce qu’un seul, la nuit dernière, mais il n’y avait plus aucune trace de reine des près, aucun cacheton tombé sous le lit par mégarde… Rien, nada. Juste un petit flacon vide qui roulait dans le tiroir de la table de nuit chaque que je l’ouvrais ou le refermais. Je m’étais empressé d’envoyer un hibou à mon médecin de famille pour en recevoir une petite dizaine le plus vite possible, avant le retour permanent des beaux jours et de la chaleur qui m’oppressait tant les tempes… Car il s’agissait de la seule chose que je pouvais prévoir. La colère, elle, je ne pouvais guère la prédire ni même la sentir arriver, et c’était généralement cette dernière qui ouvrait les vannes aux vagues de douleur prolongées. Or, j’avais toutes les raisons du monde de ressentir une telle émotion en mon for intérieur. Absolument toutes les raisons du monde. Si les beaux jours ramenaient le soleil de l’oisiveté par excellence, ils ramenaient également les guêpes de l’ire irrémédiable. Rien n’empêcherait que je me fasse piquer aujourd’hui.

Je m’étais décidé à faire une promenade digestive après le déjeuner car rester enfermé entre les quatre murs de la Grande Salle commençaient à m’empoisonner l’air : trop de sang-de-bourbes, trop de crasse partout, trop de microbes dans l’oxygène, trop de trop. Je n’avais pas encore pris le temps de revoir ma stratégie avec la plupart de mes compagnons d'infortune dans une école si misérable. Il me fallait faire mine de pardonner à ma Reine des Prés, de devenir plus aimable à l’autre Reine avec une bague au doigt que j’avais moi-même aidé à choisir afin de récupérer son prince au bout du compte. Je cherchais toujours un service digne de ce nom pour profiter du privilège que j’avais accordé au petit peintre. Et ne pas faiblir. Ne surtout pas faiblir. Effectuer le changement en douceur. Ne pas être trop brusque au risque de les voir tous se braquer. Avoir l’air, somme toute, le plus sincère possible. Et mon sang pulsait dans mes tempes. J’avais l’impression d’avoir loupé le coche quelque part : au lieu de faire de cette école ma boîte en verre grandeur nature, j’avais trouvé le moyen de m’inclure dedans. Quelle belle maladresse !

L’air de l’extérieur avait au moins le mérite d’apaiser le sang échauffé dans mon crâne. J’avais de nouveau l’impression de pouvoir respirer à plein poumon et la température, effectivement, était excellente. Peut-être parviendrais-je à survivre à une journée sans reine des prés. Et quitte à y arriver ou non, mes cachets pouvaient bien prendre leur temps pour arriver ; cela me donnerait au moins une excuse pour louper les cours et me reposer à l’infirmerie… Mais non, je ne pouvais pas attendre ! Il me fallait ces cachets dans ma main, de suite, dans ma gorge, dans la seconde ! Plus que les migraines et l’accoutumance, c’était le manque que je redoutais. Les symptômes se confondront avec ceux de mes maux de tête, me rendant incapable de faire la différence entre l’un ou l’autre… Déjà je commençais à suer et mon souffle se faisait plus erratique si bien que je ne pris pas le temps de choisir l’arbre au ramage le plus grand pour y faire une sieste de qualité ; je pris le premier qui se tint sur ma route. Le sol parut vaciller un instant, le temps que je me penche pour m’adosser au tronc. Mais une fois mon équilibre interne tranquillisée, ce fut ma vision qui se troubla. L’image du château, de là où j’étais, se fit plus floue ; les lignes se déformèrent et commencèrent à trembler ; le tout se brouilla comme lorsque l’on tente de regarder par-dessus des flammes. Et cet incendiaire dont je n’avais toujours pas trouver l’identité…

Mes oreilles se mirent à siffler. Je fermai les yeux pour ralentir l’arrivée du pire : me concentrer sur un sens et plus sur les autres, maintenir un statu quo, m’habituer aux sensations pour mieux les maîtriser… Retrouver un contrôle de mon propre corps. Je sentais ma main trembler, mais je me mordis la joue. Je sentis ma lèvre trembler à son tour, mais je serrai les dents encore un peu plus. J’entendis un oiseau piailler dans mon oreille, mais… J’entendis un oiseau. Un misérable petit oiseau qui continuait de piailler et piailler et piailler et piailler et… Le bruit me donnait envie de pleurer. Si seulement le volatile pouvait se taire l’espace de cinq minutes ! J’ouvris les yeux pour repérer cette bestiole infernale qui n’arrêtait pas de me tourner autour. Mais qu’il se taise ! Qu’il la ferme ! « Deprimo ! »

Lancé de dé*
1 & 2 : touche l'oiseau
3 : l'effleure
4, 5 & 6 : la migraine est trop forte, laisse tomber sa baguette
(c) DΛNDELION


Dernière édition par Thaddeus C. Rowle le Dim 5 Juin - 5:27, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: « Le poète est semblable au prince des nuées » ♠ HARRIET & THADDEUS [tw : violence animale] « Le poète est semblable au prince des nuées » ♠ HARRIET & THADDEUS [tw : violence animale] EmptyLun 14 Mar - 0:20



( le poète est semblable au prince des nuées | THADDEUS ☉ HARRIET )
Un regard autour de moi pour m’assurer de ne croiser personne susceptible de vouloir me parler et je quitte la Grande Salle d’un pas souple que j’ai appris à rendre invisible avec les années. Ne pas trop longer les murs pour ne pas attirer l’attention mais ne pas non plus marcher au centre de la pièce. Le mieux, pour que personne ne vous remarque, reste encore de profiter de l’inertie d’un groupe pour que votre silence, à leurs côtés, passe inaperçu. Depuis ce matin, je suis en colère et j’ai envie d’être seule. C’est un besoin que je ressens naturellement, à intervalles réguliers. Trop de bruit, de sollicitations, de disponibilité émotionnelle à fournir et, quand ça déborde, la nécessité de recharger mon énergie en passant plusieurs heures sans parler à personne. Cette semaine, ça allait. Jusqu’à la lettre de Maman. Elle parle d’un homme, un collègue d’un autre département, qui lui aurait parlé d’un endroit charmant pour passer les vacances, pas très loin de Londres. J’ai relu ces mots plusieurs fois. Peut-être cinq, ou six, afin d’être sûre de ce que je décelais derrière les phrases creuses. Premièrement, n’allais-je pas pouvoir passer toutes mes vacances avec ma famille, comme je le pensais ? Passer de Rio à Entebbe, ou d’Entebbe à Rio ? Étais-je censée perdre ces précieuses semaines à Londres alors qu’ils me manquaient tant ? Et deuxièmement, qui était cet homme dont elle parlait comme si de rien n’était et qui semblait suffisamment proche d’elle pour qu’ils parlent de lieux de vacances ? Je ne le sentais pas. Et ça me trotte dans la tête depuis ce matin, me rendant plus taciturne que jamais. Alors, aussitôt le déjeuner terminé, je file. Je redoute de croiser Lilith ou Sidney et de devoir écourter une discussion qui m’aurait fait plaisir en temps normal. Qu’est-ce qu’ils vont se dire, si ça arrive ? Que je suis bien de mauvaise humeur, probablement, et même s’ils sont particulièrement délicats, je n’ai pas envie de lire de questionnements muets dans leurs regards.

L’air frais est agréable. Les températures sont de plus en plus douces, la neige n’est plus qu’un lointain souvenir, et les arbres commencent à fleurir. J’aime les odeurs qui éclosent un peu partout dans le parc, à l’unisson avec les bourgeons qui parsèment le tapis d’herbe. C’est là où je me sens le mieux, je crois. J’aimerais dire que j’ai laissé dans le château ma rancune et cette colère sourde qui bouillonnent, mais ce serait mentir. Elle accompagne chacun de mes pas et gâche un peu l’ambiance. Je marche un petit moment, comme pour atténuer les mauvaises pensées, les fatiguer en même temps que mes pieds, et je finis par me poser contre un arbre, d’où j’ai une vue agréable sur un bout du lac et sur l’horizon tout entier. Je tiens deux ou trois minutes, à peine, avant de sortir mon carnet et mes craies. Rien de tel pour apaiser l’esprit que de recouvrir une page blanche de couleurs éclatantes. Un peu de bleu ici, un peu de blanc là. Rajouter quelques touches d’un jaune lumineux et flouter les reflets renvoyés par l’étendue d’eau. Quand j’ai terminé de reproduire ce que je vois, à ma maison, je me sens déjà un peu plus apaisée. Rien n’est résolu, loin de là, il faudra bien que je réponde à Maman et que j’affronte la vérité, quelle qu’elle soit, mais pour aujourd’hui je peux profiter d’un petit répit.

Mes yeux noirs se perdent dans les branches de l’arbre contre lequel je suis adossée, puis dans son feuillage et, enfin, dans le ciel au-delà. C’est un temps idéal pour se laisser porter par la brise légère, les ailes grandes ouvertes et le corps si léger. J’hésite, une seconde ou deux, perdue entre cette envie qui se fait pressante et la crainte d’être surprise. Je me suis déjà transformée dans l’enceinte de Poudlard, mais j’ai toujours un doute, avec ces statues qui semblent veiller sur l’extérieur comme les gardiennes d’une terre oubliée. Et puis finalement, je cède. La tentation est trop forte, le besoin, irrépressible. Je dénoue le foulard autour de mes boucles noires, ôte les plaques en métal qui appartenaient à Papa, range le tout dans mon sac que je ferme précautionneusement. D’un geste habitué, je grimpe sur la première branche à ma hauteur et m’élève aussi rapidement que possible sur les branches un peu plus hautes. Ce n’est pas très loin du soleil, les arbres ne sont pas si grands dans cette partie-là du parc, mais suffisant pour qu’il soit complexe de repérer le sac que j’accroche fermement à une branche. Je vérifie une nouvelle fois qu’il n’y a personne et j’enlève rapidement mon pull ainsi que mon pantalon pour les plier et les fourrer avec le reste de mes affaires. Si je parviens presque toujours à ne pas user de ma baguette pour me transformer, je ne suis pas encore capable de revenir avec les vêtements que je porte à ce moment-là. Et je ne tiens pas à devoir rentrer nue au château. Je n’ose imaginer une telle scène se produire. L’idée se fraie néanmoins un chemin dans mon esprit, comme à chaque fois, et je sens mon cœur palpiter de crainte. Tout ira bien.

Je ferme les yeux, lève le visage pour mieux sentir le vent qui souffle, l’imagine porter mes ailes teintées de bleu. Il ne faut pas longtemps avant que la sensation familière ne me fasse frissonner, coulant le long de ma colonne vertébrale avant de se propager à chacun de mes os, chacun de mes muscles. Et dire que les premières fois étaient douloureuses. Je trouve ça étonnement satisfaisant maintenant. Agréable. Quand je rouvre les yeux, tout semble différent mais parfaitement familier. Je m’ébroue, secoue mes plumes, étend mes ailes pour en vérifier la moindre plume et laisse échapper un piaillement de satisfaction. Une note aiguë, mélodieuse, qui me donne rapidement envie d’en entonner plusieurs autres. Quelque part, au loin, un oiseau me répond. J’ai envie de rire mais c’est le même son qui s’échappe de mon bec. Encore quelques notes et puis j’observe le ciel, je me familiarise avec la brise et je plonge. Je suis presque au niveau du sol quand j’étends finalement mes ailes, grandes ouvertes, avant de battre une ou deux fois pour m’envoler. Toute la joie de cet instant se transforme en ces piaillements si caractéristiques des oiseaux. J’ai l’impression d’être libre, plus libre que je ne le serais jamais. Souvent, l’idée me caresse l’esprit : je pourrais rester un oiseau. L’être pour toujours, ne plus subir la moindre contrainte, ni la plus petite contrariété. Je longe la rive du lac, dans un sens puis dans l’autre, sans but précis, juste pour me laisser porter. Néanmoins, par prudence, je ne m’éloigne pas trop de là où sont mes affaires et c’est une centaine de mètres plus loin que je me pose après plusieurs minutes d’un vol délicieux. Sur la branche à mes côtés, un autre oiseau. Rapidement, nos petits cris se font entendre, ode à la nature. C’est là que j’entends une voix. Sans être certaine de ce qu’elle dit, je me penche, curieuse de découvrir quel camarade est dans le coin. Et peut-être un brin paniquée à l’idée d’être découverte. Je peux être tranquille, je sais que je ressemble parfaitement à un oiseau, mais l’angoisse n’est jamais loin.

Je suis surprise de reconnaître le Serpentard avec lequel j’ai déjà eu l’occasion d’échanger quelques fois. Cultivé et habillé d’une prestance rare, je sais qu’il aime la poésie et que c’est ce qui nous relie. Il dégage quelque chose d’à la fois mystérieux et un je-ne-sais-quoi inabordable, sans que je ne sois en mesure d’expliquer cette intuition. Jusqu’à preuve du contraire, il a toujours été des plus charmants avec moi, et je crois que c’est simplement toute cette aristocratie anglaise, dont il fait partie, qui le pare d’une aura supplémentaire. De mon perchoir, on dirait qu’il s’est évanoui. Sa baguette gît au sol, ses yeux fermés sont plissés, et sa position est penchée, maladroite. Inquiète, je bats des ailes jusqu’à sa position, et me pose sur le sol, tout proche de lui, sans plus me poser de question. Je secoue mes plumes, détaillant ses traits délicats, avant de piailler quelques fois pour m’assurer de son état. S’il est vraiment évanoui, je ferais mieux de reprendre forme humaine et de lui porter secours.

( Pando )
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ses ailes de géant l'empêchent de marcher


Je ne sais si l’été est arrivé plus vite que prévu, mais je sens ma gorge sèche. Chaque respiration rappelle à mon corps qu’un peu d’eau ne serait pas de refus. De l’eau… Il fait si chaud. Une douche ne serait pas de refus également. Un bon bain peut-être ? Ou une baignade dans les eaux glacées des pays nordiques. J’en viens à regretter de ne pas m’être baigné pendant les vacances d’été… Mais quelle idée. Qu’est-ce que je m’imagine là ? C’est absolument ridicule ! Ces vacances n’ont eu que le mérite de m’éloigner de mon misérable petit frère. Ça mis à part, tout le reste n’était qu’un mauvais souvenir. J’ai détesté, de bout en bout, cette mascarade. Durmstrang doit être une école formidable, mais je ne puis plus y penser sans l’associer au nom des Sørensen. Ressaisis-toi Thaddeus ! Par tous les saints… Je perdais la tête. Je sentais mon sang pulser dans mes tempes. Chaque battement que mon cœur faisait venait se répercuter dans ma boîte crânienne, prête à exploser. J’étais trop conscient de mon propre corps : mes jambes commençaient à s’ankyloser, mes lèvres se desséchaient par le passage répété de l’air à chaque inspiration, mes yeux rejetaient le moindre rayon de lumière, et cette goutte de sueur coulant le long de l’arête de mon nez… Même mon cou me tirait de plus en plus à cause de ma tête baissée, véritable poids mort qui aurait préféré tomber que d’être maintenu de cette façon. Et cette main… Mon bras donnait l’impression d’avoir voulu s’étirer et mes doigts étaient à moitié enfoncés dans le sol. Pourquoi étaient-ils enfoncés de cette façon ? Mes ongles allaient être pleins de terre, c’était dégoûtant. Je ne me souvenais… Oh. L’oiseau. Le piaillement de l’oiseau. Ma baguette. Elle m’était tombée des mains. N’était pas si loin. Et pourtant… L’idée de tendre d’un millimètre de plus mes doigts dans sa direction pour la traîner jusqu’à moi me faisait véritablement souffrir. Mais je ne supportais pas ne pas l’avoir à ma portée…

Pendant ce qu’il me sembla être de longues minutes, je ne parvins à ne rien faire d’autre que de regarder cet outil en bois parmi les brins d’herbe. Peut-être espérais-je parvenir à la ramener vers moi par la simple force de mon esprit, sans articuler la moindre formule. Que sais-je ? J’aurais aimé posséder ce pouvoir, mais ce n’était pas le cas. De toute façon, dans mon état, j’étais vraisemblablement incapable de lancer de simple sorts. J’étais méprisable. L’idée qu’une connaissance puisse me voir ainsi… Mais fallait-il encore pouvoir articuler une idée. Mon corps entier était d’une lourdeur assommante. La gravité elle-même pesait sur ma tête à la façon du deprimo que j’avais tenté de lancer. Je me souvenais avoir raté. Et après ça ? Trou noir. Pendant combien de temps ? Impossible à dire. Si seulement j’avais la force de lever la tête pour observer la position du soleil… Cette position est inconfortable, et pourtant, je serais prêt à sombrer une nouvelle fois… Mes draps me manquent. Quelle idée d’avoir voulu se promener en absence de reine des prés. Me suis-je pris pour un saint ? Capable d’affronter les premières températures agréables en ce début de mars ? Laissez-moi rire de ma personne ! Moi seul le peux. Méprisable, méprisable, méprisable. Si ce n’est pas la migraine qui m’achèvera, ce sera la sensation de manque et la déshydratation toutes deux mêlées. Quel sombre idiot.

Et tout de suite j’en viens à regretter tant de choses. Mais principalement le fait de ne pas avoir étendu mon empire comme je l’aurais souhaité. Ne même pas avoir financé mon entreprise, mon projet d’avenir… Toutes ces œuvres d’art qui demandent encore à être peintes. Tous ces objets de luxe qui n’attendent qu’une deuxième vie. Ma vision des choses, je n’ai pas encore réussi à l’imposer. Ma vision. Ma vision… Et je refermai les yeux.

Pour les rouvrir. À nouveau, ce piaillement. Le même oiseau que tout à l’heure ? Je ne saurais le dire. Je doute avoir même réussi à l’effrayer à défaut d’avoir pu creuser un trou dans son petit corps. Pourtant, ça piaille juste à côté de moi. Je sens l’air remuer. À vrai dire, c’en est même… rafraîchissant. Ma tête tourna dans la direction du mouvement, forçant mes yeux à suivre le mouvement. Et ces derniers se posèrent sur un petit oiseau qui s’était approché de moi. J’étais étonné d’en voir aussi prêt sans le moindre sort, mais incapable de réagir. D’une certaine façon, il semblait me fixer. Alors je me redressai comme je le pus. Certes, ce n’était pas un regard d’une grande estime, mais cela restait un regard malgré tout. Et qui pouvait m’assurer, même, qu’il n’y ait pas une statue du parc en train de m’observer depuis tout ce temps ? Impossible. Mais dans le doute, il me fallait rester digne. S’il est évident qu’être allongé dans mon lit – voire dans le canapé de la Salle Commune – m’aurait fait bien plus de bien qu’être adossé à un arbre, ma volonté commençait à revenir. Mon esprit restait brumeux et mon corps lourd, mais mon cerveau acceptait à nouveau de recevoir des commandes au prix de nombreux efforts : tendre le doigt vers l’oiseau ; attendre qu’il s’y perche ; l’approcher plus près. « Salut toi… » tentai-je d’articuler, mais seul un filet d’air sorti de ma bouche, les sons restant bloqués au fond de ma gorge tant que je n’aurais pas bu quelque chose. L’oiseau se montrait étrangement docile…

C’était énervant. On ne pouvait même plus succomber en paix ! Ou se reposer en silence ! Était-ce le même oiseau que tout à l’heure ? Impossible à dire. Mais il paierait de la même façon, que ce soit pour mon échec ou pour leurs piaillements incessants… insupportables… Ça me vrillait les oreilles, résonnait jusque dans mon crâne… Quelle beauté pouvait-il y avoir dans le chant d’un oiseau ? Ces choses-là n’étaient belles qu’une fois mises en poème. Il n’y avait que le poète pour faire ressortir le beau dans la banalité des choses. N’était-ce pas vrai ? N’avais-je pas raison ? Bien sûr que j’ai raison.

À l’énième piaillement de sa part, je lui cassai la patte sans crier gare. Contrairement à ses jacassements, le craquement que j’entendis fut une bien meilleure musique à mes oreilles : sec, franc et en une seule note. Le son de la réussite. J’allais enfin cesser de les entendre ! Et si tous ses petits copains pouvaient y comprendre là l’avertissement… Je balançai l’oiseau un peu plus loin pour retourner à mon semi-coma, en paix. Encore quelques instants, et la douleur s'atténuera… Ou je m’y habituerais… Juste quelques instants de silence, je vous en prie.
(c) DΛNDELION


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