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Vol de nuit
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Message(#) Sujet: Vol de nuit Vol de nuit EmptyMar 23 Nov - 1:00




« Le règlement est semblable aux rites d'une religion qui semblent absurdes mais façonnent les hommes.»


Sam n'arrivait pas à dormir. Pourtant, la journée avait été banale, petit-déjeuner, cours, déjeuner, cours, dîner puis, à la nuit tombante, elle s'était installée à une table de la salle commune pour rédiger son devoir de métamorphose, en compagnie de Thalès et d'une boisson chaude qu'elle était passée récupérer aux cuisines. Après quoi elle était montée se coucher.

Le sommeil l'avait soigneusement ignorée cependant. Elle ne se sentait pas beaucoup plus préoccupée que d'habitude, ni stressée, pourtant, impossible de fermer l’œil, de faire le vide dans sa tête, et elle avait tourné dans son lit tandis que les heures défilaient. Avec un soupir las, elle finit par abandonner et se redressa. Rejeta les couvertures puis ouvrit précautionneusement les rideaux de son baldaquin.

Tout le monde dormait dans le dortoir. Elle attrapa sa montre sur sa table de chevet, y jeta un coup d’œil : celle-ci indiquait trois heures du matin. Elle soupira de nouveau – elle allait maudire son insomnie tout à l'heure – puis porta son regard à la fenêtre. La Lune brillait haut dans un ciel empli d'étoiles ; Sam y perçut un appel.

Silencieusement, elle se déplaça jusqu'à sa malle, se saisit de ses deux pulls les plus chauds et les passa tour à tour par dessus son pyjama. Elle enfila ensuite ses chaussettes de laine épaisse, ses bottes en cuir, cueillit ses gants et sa baguette sous son oreiller puis se dirigea vers la porte, qu'elle ouvrit. Après un dernier regard derrière elle, et toujours sans un bruit, elle s'engagea dans le couloir. Une fois franchit le mur qui marquait l'entrée de la salle commune, elle tendit l'oreille, guettant les pas d'un préfet faisant une ronde très tardive. Rien. Elle se mit à marcher.

A mesure qu'elle avançait, Sam sentait l'excitation de l'interdit la gagner, sa peau frissonner d'adrénaline. Le château ne lui avait jamais paru aussi désert, aussi offert tout entier à son unique petite personne. Elle était seule au monde, et Poudlard était son royaume d'une nuit. Même les tableaux qu'elle croisa sur son chemin – rares, il faut l'admettre, à cet endroit – dormaient eux aussi, préservant son illusion.

Elle atteignit le hall d'entrée, se glissa entre les grandes portes entrouvertes. Une fois au dehors, elle se mit à courir. Le froid de fin d'automne la saisit de plein fouet, la frappait au visage tout au long de sa course presque désespérée mais libératrice jusqu'au terrain de Quidditch. Elle s'arrêta, haletante, déjà épuisée, au niveau des vestiaires. Ses poumons lui lançaient, mais elle les ignora et s'avança vers les portes de la réserve de balais de l'école, dont elle déverrouilla la serrure. Elle saisit un manche au hasard et emporta sa prise jusque sur l'herbe sous l'un des gigantesques anneaux. Il avait plu plus tôt dans la journée, il pleuvait tout le temps ces temps-ci, aussi le sol du terrain était-il complètement boueux et elle sentit avec irritation ses bottes s'enfoncer dans la gadoue.

Elle se désintéressa cependant bien vite du sort de ses chaussures et leva la tête, observant l'immense structure de métal qui luisait sous les rayons de lune. Elle sourit. Puis elle baissa le regard, enfourcha son balai d'emprunt, tapa du pied, et décolla.


« C'est beau de partir la nuit. On tire sur la manette des gaz, face au Sud, et dix secondes plus tard on renverse le paysage face au Nord. »


Elle fila vers le ciel, toujours plus haut, toujours plus vite, le vent hurlant dans ses oreilles comme si elle avait bu un plein flacon de pimentine, ses yeux rivés sur l'astre de nuit. Elle monta, encore et encore, jusqu'à en avoir mal aux poumons, après quoi elle redescendit en piqué, son cœur s'emballant dans sa poitrine, pulsant à ses lèvres comme s'il avait décidé d'abandonner le navire.

Elle redressa sa trajectoire au-dessus du terrain, opéra un ample virage pour commencer à longer les gradins en un interminable tour. Accéléra, laissant libre à la puissance certes modeste de son balai. Puis elle ferma les yeux, et laissa échapper un rire. Un rire franc, joyeux, débarrassé de tous les tracas et de toutes les inquiétudes.

Voilà ce qu'elle aimait plus que tout dans le fait d'être une sorcière. Voler, et cette sensation indescriptible sensation de légèreté et d'absolue liberté que cela lui procurait. Dans les airs, rien n'avait d'importance, si ce n'était l'équilibre. Mais les basses considérations du sol n'avaient aucun poids, elles ne pouvaient pas l'écraser comme elles le faisaient trop souvent quand elle était à terre.

Elle poursuivit son parcours, décrivant des cercles autour du terrain puis traversant les anneaux l'un après l'autre aussi vite que possible. Elle aurait pu rester là pendant des heures. Elle aurait aimé rester là pour toujours, et peu importait les cours, peu importait la punition qu'elle se prendrait si on la découvrait là.

Elle redressa sa manche, entama une nouvelle ascension effrénée Le vent ne l'avait pas quittée, chantonnait à présent une mélopée qu'il lui semblait ne pouvoir comprendre qu'en cet instant, à plusieurs dizaines de kilomètres/heure. Le message universel des insomniaques et des mélancoliques, qu'elle n'arrivait à décoder qu'en filant vers les étoiles. Elle prit une grande inspiration, et ferma de nouveau les yeux quand elle s'estima avoir pris suffisamment de hauteur.

Le temps parut suspendre son cours. Un instant d'éternité où elle ne fit qu'un avec le ciel.

Puis la gravité se rappela à elle. Sam dut bien malgré elle interrompre sa trajectoire et amorcer sa descente. Mais elle avait pris trop vitesse, et le changement de direction ne l'avait pas suffisamment ralentie.


« Il n' y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure: vient une minute où l'on se découvre vulnérable; alors les fautes vous attirent comme un vertige. »


Son balai s'emballa, filant droit vers le sol comme une comète. Sam frissonna. Elle sentait le contrôle lui échapper, la perspective de s'écraser par terre la paralysant presque, rendant tout de même ses gestes maladroits, sa prise malhabile. Elle empoigna le manche de toutes ses forces, parvint à le redresser tant bien que mal et par à-coup plusieurs fois, pas assez pour réellement interrompre sa chute impossible mais suffisamment pour la ralentir.

L'impact resta plus que brutal, mais la gadoue recouvrant le terrain amortit la réception et elle glissa sur plusieurs mètres tandis que son balai était envoyé au loin. Une fois immobile, elle écarta les bras qu'elle avait refermés autour de sa tête pour se protéger, et s'allongea de tout son long dans cette espèce de marmelade boueuse, visage offert à la Lune.

Alors elle se mit à rire. Un rire pur d'adrénaline et de soulagement.

Elle resta là longtemps, à rire et contempler les étoiles, sans bouger, sans se formaliser de ses vêtements dégoûtants. Elle finit par se redresser et s'asseoir pour observer autour d'elle, se demandant ce qu'elle faire à présent.

Un sourire espiègle naquit bientôt sur ses lèvres tandis qu'elle releva le regard. Elle devrait absolument prendre une douche avant le début des cours. D'ici là, elle avait bien le temps d'attendre l'aube dans les gradins. Alors elle s'offrirait un autre vol, plus tranquille peut-être, pour voir le Soleil se lever.

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Vol de nuit
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