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Dernière conquête — ERIN & JUNIOR
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Message(#) Sujet: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyDim 14 Nov - 22:04

Dernière conquête
sur les toits de Poudlard
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Les lueurs verdâtres que les rayons de lune faisaient péniblement danser sur les murs de notre dortoir sous-marin ne suffisaient pas à m’hypnotiser assez pour trouver le sommeil. Tout était silencieux, pourtant. Caleb venait de se retourner dans son lit sans faire plus de bruit que ça et, si je tendais l’oreille, la respiration calme de Thaddeus pouvait me parvenir tant il n’y avait rien d’autre pour briser cette nuit paisible… Je les enviais. Moi, j’avais beau bouger à n’en plus finir, remettre correctement mon oreiller, passer une jambe d’un côté ou de l’autre de mon chat énorme qui prenait toute la place, rien n’y faisait, Morphée semblait m’avoir oublié. Alors je restais là, les yeux grands ouverts, à fixer le tissu qui s’étendait au-dessus de mon baldaquin, rêvassant à moitié, laissant mes pensées fuir où bon leur semblait. Il y avait un peu de mélancolie, peut-être, à penser aux mois à venir, à ceux qui ne passeraient plus. Je ne sais plus comment c’était venu mais nous avions abordé le sujet quelques jours plus tôt, avec Erin. C’était bientôt la fin d’un règne, une page qui allait se tourner. Novembre touchait presque à sa fin et pourtant c’était le dernier que nous aurions à perdre entre ces murs. C’était le dernier tout. La dernière année, les derniers souvenirs. Un soupir passa mes lèvres avant que je ne roule sur le ventre et n’enfonce mon visage dans l’oreiller. Je ne savais pas ce qui nous attendait dehors… Enfin… pas vraiment. Bien sûr, ça commençait à se dessiner un peu, et j’avais hâte, affreusement hâte, autant que j’en étais effrayé… Mais ça n’en était pas moins flou. Ici, il y avait des repères par milliers, des habitudes à la pelle… Nous avions tout vu… tout fait…

Ou presque.

Les toits, avait-elle déclaré au milieu de la liste de toutes ces choses qui étaient devenues nôtres au fil des ans.
Quoi, les toits ?
On ne rrrègne pas encorrre dessus.


Bien sûr, j’avais ricané et repoussé cette idée stupide avec un haussement d’épaules exagérément infantilisant parce que je n’avais aucune envie de risquer ma vie sur les hauteurs de l’école, comme n'importe qui d'un tant soit peu sensé... mais elle n’avait pas tort : les toits ne nous appartenaient pas. Et là, au beau milieu de la nuit, alors que la conversation était terminée depuis une éternité et qu’elle avait peut-être oublié jusqu’à cette idée, ça me revenait comme une évidence. Une évidence brusque et brûlante, une de celles qui font fourmiller membres et esprit, prenaient d’une pulsion un peu folle dont on ne se débarrasse jamais qu’en y cédant tout-à-fait. Même Orpheus qui, pourtant, dormait étendu de tout son long, sa tête reposant au creux de mon genou, dut sentir la bêtise venir, il dut l’entendre vrombir du fond de mon estomac puisqu’avant même que je ne bouge, il s’était redressé et avait posé sur moi un regard emprunt de jugement et de réprobation. L’idée était mauvaise, j’en avais bien conscience… mais depuis quand nous arrêtions-nous à ça ? Combien de fois nous étions-nous dit en arpentant les couloirs qu’un jour Poudlard serait à nous ? Je sentais encore la chaleur de ses doigts contre les miens et la complicité de nos sourires d’enfants. Ça faisait sept ans que nous oeuvrions dans ce sens et, là, à quelques mois du point final, alors qu’il ne nous restait qu’une ligne brève et droite avant que ce monstre de pierres ne nous vomisse sans considération aucune sur les trottoirs du monde des grand, nous avions la possibilité de faire de ces promesses une réalité. C’était stupide, évidemment, mais je repoussai mon chat qui partit se rouler en boule contre mon oreiller et enfilai silencieusement un pull. J’attrapai mes chaussures, tirai mon balai de sous mon lit… Sans un bruit… Pour ne réveiller personne… Disparaître dans l’indifférence la plus totale… Mais c’était sans compter sur le sommeil léger de Thaddeus, qui se redressa et posa un regard endormi sur ma silhouette se découpant dans la nuit. Il bredouilla quelque chose que je ne compris pas et je le repoussai avec douceur sur son matelas. Ça n’était pas le moment d’essayer de comprendre… Je lui expliquerai demain, si seulement il gardait le moindre souvenir de tout ça… Ou alors je feindrais l’innocence et laisserais entendre que ça n’était rien d’autre qu’un rêve… Nous verrions.

Rendors-toi.

Je devais une fière chandelle à sa fatigue qui l’emporta aussitôt. Son corps retomba presque mollement contre les coussins et je remontai la couverture sur lui dans un geste protecteur, effleurant ses boucles brunes et brouillonnes avant de fuir sur la pointe des pieds, mes chaussures à la main et mon balai sous le bras. Cette fille me ferait faire n’importe quoi. Où était mon bon sens ? Ma prudence ? Le vague respect qu’il me restait du règlement ? N’avais-je pas craint, à cette rentrée, que la présence de son Grand-Père puisse mettre à mal l’image correcte qu’il pouvait bien avoir de moi ? C’était certain que là, si on nous surprenait sur les toits, elle ne serait plus si belle ! Pourtant, ça ne m’arrêta pas. L’excitation se faisait presque douloureuse tant elle était présente. C’était sûrement notre dernière bêtise ici, la dernière vraie, avant que nous ne devions nous ranger au rythme des ASPICs et préparer plus sérieusement cet avenir qui nous tendait les bras. J’achevai de me préparer dans la salle commune endormie et disparus dans le grincement métallique des portes de notre antre se refermant derrière moi. Pour la première fois depuis que je m’étais relevé brusquement, je pris pleinement conscience de ma stupidité. Les couloirs regorgeaient de tableaux à la langue bien pendue — tableaux auxquels je prêtais attention pour avoir vent des méfaits du monde mais desquels je ne m’étais jamais méfié rien qu’un instant — le parc avait désormais ses sentinelles… S’il y avait une année pour jouer à ça, ça n’était définitivement pas celle-ci ! Mais tant pis. C’était maintenant ou jamais. Sûrement que nous n’aurions plus mille et une occasions de nous y risquer… alors… Alors je poussai péniblement les portes du Hall en priant pour que personne n’apparaisse à ce moment là et posai le pied sur l’herbe humide du parc étouffé par la nuit. J’enfourchai mon balai et, le coeur battant à tout rompre d’une appréhension grisante, la liberté faisant bourdonner mes oreilles d’une musique pourtant pas nouvelle, je grimpai le long des étages, évitant les fenêtres allumées et tentant tant bien que mal de me repérer au travers des autres. Les braises rougeoyant dans la cheminée éteinte de leur salle commune me mit sur la voie, le reste ne fut qu’une prudence parfaite. Il ne fallait pas me tromper de chambre ni réveiller quelque demoiselle effarouchée qui sonnerait aussitôt l’alerte — et me ferait passer pour le plus gros pervers du coin. Lorsque je fus à peu près sûr qu’il s’agissait bien du dortoir des filles de septième année, je toquai au carreau. Trois petits coups, fermes et forts. Une faible lumière s’alluma de l’autre côté — une chandelle ? une baguette ? peu importe — un rideau bougea. Et, finalement, le visage d’Erin se dessina. Mon sourire se fit immense. Attendri, peut-être aussi. Il devait être trois heures passées, elle ne devait pas avoir la moindre idée de ce que je faisais là. Pourtant, elle ouvrit. Ses cheveux en bataille, ses beaux yeux endormis… Elle était magnifique. Elle me rappelait ces nuits passées à ses côtés et me laissait espérer qu’aucune, un jour, ne soit perdue ailleurs… Je pris appui sur le rebord de sa fenêtre et pressai doucement mes lèvres sur les siennes. Je ne pouvais pas aller beaucoup plus loin sans risquer de déclencher une alarme stupide qui ne manquerait pas d’ameuter tout Poudlard mais je m’offris néanmoins le luxe de jeter un oeil à l’intérieur… L’obscurité me cachait beaucoup mais je me sentais presque privilégié d’entrevoir des formes incertaines et les ombres allongées de ses meubles…

Habille-toi, on a un royaume à finir de conquérir.

C’était idiot, vraiment. C’était risqué. Peut-être même que ça pourrait nous valoir des ennuis… Mais c’était une belle fin à ce que nous avions commencé. Et, cette nuit, les toits, comme le reste, finiraient par nous appartenir.
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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyMar 16 Nov - 21:48



( dernière conquête | JUNIOR ♚ ERIN )
Les couloirs étaient bien silencieux, habités uniquement par quelques courants d’air froid qui sifflaient une mélodie presque hivernale, alors que je quittai le bureau de Grand-Père pour rejoindre mon dortoir. Nous avions partagé une boisson chaude après le dîner et conversé jusque tard, bien que l’heure de mon couvre-feu ne soit pas encore dépassée. J’avais profité de nos vacances à Durmstrang pour noter quelques ouvrages intéressants que je lui avais demandé de me procurer et que nous approfondissions lors de ces entrevues. L’avoir avec nous, à Poudlard, était une source de contentement quotidien. Non seulement il s’employait — avec une habileté parfois frustrante tant elle demandait de la patience — à redonner une place correcte à chaque chose mais nous avions tout le loisir, ou presque, de profiter chaque jour de sa sagesse éclairée. Quelques tableaux silencieux défilèrent sous mes pas tandis que mes pensées songeuses ressassaient une intuition viscérale. Depuis quelques temps, j’avais la sensation que les silences de mon aïeul retenaient des questions muettes qui brillaient d’une lueur incandescente dans son regard opalin. Grand-Père n’avait aucune raison de me ménager en taisant ses interrogations et je le soupçonnais donc d’attendre de moi que je prenne l’initiative de formuler des réponses sans qu’il n’ait besoin de demander quoi que ce soit. Au fond, je savais bien de quoi il retournait. Cette impression tenace s’accrochait à moi depuis mon déjeuner avec Père : ce n’était pas une coïncidence. Aussi forte soit-elle, je refusais d’abandonner ces derniers restes d’adolescence dans lesquels nous nous plaisions encore bien trop avec Junior. Devenir majeure, entrer dans l’âge adulte étaient autant d’étapes que j’avais toujours été impatiente de franchir — pour toutes les perspectives de liberté et d’accomplissement qui allaient avec — et je me retrouvais pourtant à profiter de chacune de nos bêtises comme si cela risquait d’être les dernières.

D’un côté, c’était en partie le cas. Cette année était la dernière entre les murs de Poudlard, chaque jour que nous passions ici était le dernier d’une lignée de sept — si je ne regrettais absolument rien des murs de ce château trop longtemps confié à des mains inaptes à lui rendre toute sa splendeur, ce n’était pas le cas de ce que nous en avions fait. Un royaume qui était le nôtre. Un lieu où nous avions vécu le pire et une grande partie du meilleur. Des terres toutes entières conquises. — ou peu s’en fallait. De l’autre, le futur nous promettait bien des empires sur lesquels régner maintenant que nos adversaires s’étaient inclinés. Les traits sévères de Grand-Père me ramenèrent à cette décision prise et confirmée auprès de Père dont je n’avais toujours pas fait la moindre annonce. Nullement par crainte. Simplement, nous nous plaisions encore trop dans les derniers recoins d’adolescence restants pour que je balaye tout de manière aussi violente. Aussi consciente. Je voulais que tout ceci ne reste qu’à nous, une possession précieuse que je chérissais profondément. Je savais que nous allions devoir nous plier au jeu mondain aussitôt que la nouvelle en serait une et, plus que tout le reste, c’était ce que je repoussais. Le moment fatidique où on nous arracherait ce doux secret pour le donner en pâture à des hypocrites à la langue bien pendue. Décidément, les parfums d’automne me rendaient sensible à une mélancolie de saison à laquelle j’étais d’ordinaire indifférente. Ou bien était-ce la nuit qui était tombée depuis déjà bien longtemps sur les alentours et qui donnait des allures lunaires à ma brève promenade nocturne ?

Ces considérations s’effacèrent dès que je pénétrai ma chambre, allumant quelques chandelles pour chasser les ombres et me glissant sous une eau brûlante pour me délasser. Que ce soit le fait de mon duel matinal avec mon frère adoré, celui du cours de Vol de l’après-midi ou d’autre chose encore, j’étais suffisamment fatiguée pour m’endormir dès que la dernière flamme fut soufflée. Il me sembla que je venais de fermer les yeux quand des bruits extérieurs me tirèrent de mon sommeil. J’ouvris les yeux dans la pénombre de mon dortoir, m’extirpant difficilement des dernières limbes du rêve dans lequel j’étais plongée et dont les couleurs s’effaçaient déjà. Les nuits me tiraient dans un sablier mystique de manière récurrente, depuis ce tête-à-tête avec Yaxley. Pour la première fois peut-être, je comprenais sans réserve la mauvaise humeur qui tirait les traits de mon meilleur ami quand j’avais le malheur de le réveiller à une heure qu’il jugeait inadéquate. À la différence qu’il n’était jamais aussi tôt. Quelle heure était-il, d’ailleurs ? Une, deux, trois heures du matin ? Pas bien plus, à en juger par l’absence de lumière naturelle. Du bout des doigts, j’allumai la bougie posée sur ma table de chevet et abandonnai à contrecœur la chaleur de mon lit. Je ne pouvais imaginer d’autre trouble-fête que Kenaz — qui avait la mauvaise, mais heureusement assez rare, habitude de venir frapper à mes carreaux quand il estimait ne pas avoir été assez choyé — et il ne cessait pas avant que je cède ou que je le réprimande.

Le rideau dévoila, non pas un plumage gris-bleu et deux yeux dorés agacés, mais quelques mèches brunes et des traits parfaits rehaussés par un sourire qui réveilla le mien. Sommeil et mécontentement disparurent sans laisser la moindre trace, mes doigts s’empressant d’ouvrir la fenêtre pour comprendre ce que mon meilleur ami faisait ici, à cette heure-ci. Enfin… Cela pouvait bien attendre encore un peu, quelques secondes, autant que nécessaire, le temps de profiter de ses lèvres qu’il déposa sur les miennes. « Que me vaut cette surrrprrrise ? » Une très belle surprise, au demeurant. Mon timbre encore rauque ne boudait pas mon plaisir. Il me fallut bien une seconde pour comprendre où il voulait en venir, le temps que mon esprit encore embrumé par le récent sommeil dans lequel j’étais plongée ne fasse le lien avec une conversation comme nous en avions tant. Est-ce qu’il parlait vraiment des toits ? Il ne pouvait parler que des toits étant donné que nous étions en plein milieu de la nuit et qu’il attendait de l’autre côté de ma fenêtre, juché sur son balai. Je pouffai devant l'incongruité de la situation et cette inversion des rôles qui lui allait à ravir. « Vos désirrrs sont des orrrdrrres. Je me dépêche. » Derrière l’apparente moquerie que revêtaient ces quelques mots amusés, il n’y en avait pas moins une vérité déposée entre les mains de mon meilleur ami qui n’avait jamais eu l’impudence de s’en servir à mauvais escient. D’aucuns diraient qu’aller se balader sur les toits était pourtant d’une audace dangereuse, je trouvais personnellement l’idée séduisante. Un dernier sourire et je disparaissais dans l’obscurité de ma chambre pour troquer ma chemise de nuit contre une tenue plus adaptée. Ma nuit paisible n’était plus qu’un vague souvenir dénué de tout regret. Je fus rapidement apprêtée comme l’exigeaient les circonstances, m’emparai de mon balai élégamment posé sur son socle, au pied de mon lit, et soufflai sur la chandelle — ma passion pour le feu et les incendies ne s’étendait pas à mes propres appartements — avant de rejoindre le Serpentard dont le profil se découpait sur le ciel d’encre. Grimpant sur le rebord de la fenêtre, que je tirai derrière moi, je savourai le froid nocturne qui acheva de me réveiller complètement et de me rendre tout mon mordant. « Tu as l’air bien inspirrré, mon Prrrince, je te suis. » Prenant un appui précaire, j’enfourchai prestement mon balai, me lançant dans le vide pour mieux m’y élever, et vint me stabiliser aux côtés de mon meilleur ami dont l’idée aussi merveilleuse que complètement inattendue ne cessait de me tirer des sourires heureux.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptySam 11 Déc - 13:32

Dernière conquête
sur les toits de Poudlard
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Je n’étais pas assez inconscient pour ne pas voir la dangerosité de cette entreprise ou la stupidité de cette idée mais, là, voletant d’une fenêtre à l’autre au beau milieu de la nuit dans l’espoir de dénicher celle qui — j’en étais sûr — appartenait à Erin, elle me semblait grisante. Presque évidente. La digne fin d’une conquête qui nous avait pris des années. Poudlard nous appartiendrait enfin totalement avant que nous ayons à le quitter. Cette perspective m’attristait un peu plus que je ne l’aurais cru tout d’abord. N’avais-je pas passé ma vie à demander à en partir, rêvassant à la place à ce que Beauxbâtons aurait à m’offrir ? Il fallait croire qu’on se rendait compte de ce qu’on perdait qu’au moment même où on le perdait… Parce que là, alors que les portes de l’école étaient sur le point de se refermer définitivement sur moi, je crois que je n’aurais pas été totalement contre l’idée de repousser l’inévitable d’un mois ou deux, juste pour être certain d’en avoir profité autant qu’il m’était possible de le faire… C’était sûrement pour ça que, poussé par la témérité habituelle de ma meilleure amie, marchant dans des pas que j’avais toujours suivi avec un plaisir immense, il m’avait semblé naturel d’aller jouer les funambules sur les toits de ce cher château, comme le dernier acte de notre scolarité. Profiter de tout jusqu’au bout. De Poudlard… Des opportunités qu’il nous proposait… De notre adolescence. Ce serait différent une fois à l’extérieur, nous le savions. C’était un monde d’adulte qui nous attendait, des responsabilités de toutes sortes, une pression qu’on commençait déjà à ressentir un peu… Il faudrait nous défaire de nos réflexions enfantines pour nous draper dans un sérieux qui ne m’enchantait guère… Bien sûr, je lui faisais confiance pour ne pas nous laisser nous embourber dans un quotidien morne et sans saveur mais, tout de même, nous ne pourrions plus faire n’importe quoi avec une aussi grande facilité que nous le faisions ici.
De l’autre côté de la vitre, les rideaux bougèrent, dévoilant le visage aussi courroucé qu’endormi de la Poufsouffle. Pourtant, sa mauvaise humeur se dissipa en un rien de temps sitôt son regard ayant rencontré le mien. Mon sourire ne put que s’agrandir en la voyant. C’était à la fois la pire et la meilleure idée que j’aurais pu avoir. Mettre à exécution les envies de Madame tout en sachant combien elles étaient souvent mal venues. Un baiser volé et la voilà qui semblait comprendre enfin que je n’étais sûrement pas là pour rien. Encore que… Si je ne l’avais jamais fait, je n’avais aucun mal à m’imaginer braver quelque interdit seulement pour la voir… Une autre fois, peut-être.

Que me vaut cette surrrprrrise ?

Je lui laissai entrevoir notre programme et ne pus retenir un gloussement étouffé et tendrement moqueur alors qu’elle paraissait se débattre avec les dernières limbes du sommeil qui embrumaient son esprit d’ordinaire acéré. Pour sa défense, si on m’avait dit que je viendrais un jour l’enlever en pleine nuit pour risquer nos vies sur les tuiles, j’aurais eu autant de mal qu’elle à l’intégrer. Un rire finit par lui échapper, signe qu’elle avait envie compris à quoi je faisais référence. Une suggestion parmi tant d’autres, une mauvaise influence qui n’était plus à prouver… mais rien qui sembla la freiner, bien au contraire.

Vos désirrrs sont des orrrdrrres. Je me dépêche.

J’aurais donné cher pour pouvoir passer cette fenêtre et faire mienne cette chambre que je n’avais jamais vraiment vue qu’en rêve comme elle avait fait sienne celle que j’occupais depuis sept ans maintenant. Me poser sur son lit dont devait sûrement émaner son odeur enivrante, me plaindre de sa décoration qui laisserait forcément à désirer, m’imprégner de cette antre que nous ne partagions pas, seul endroit sur Terre qui m’était resté ainsi inaccessible. C’était assez injuste, en soi, mais j’avais fini par me faire à l’idée. En avais-je seulement le choix ? Probablement pas. Enfin… Pour l’instant. Rien ne nous empêcherait, le dernier des derniers jours, de faire tomber cette règle stupide, quand nous saurions de sources sûres que ça n’entacherait en rien ni dossier scolaire ni réputation quelconque mais, en attendant, il me faudrait me contenter des ombres dans lesquelles elle avait disparu et de la faible lumière de sa chandelle qui n’éclairait finalement que les recoins de mon imagination. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour revenir, habillée plus chaudement et armée de sa monture. Mon sourire se fit plus grand, plus tendre sûrement aussi. J’aimais sincèrement chacun de ces instants volés, tous ceux qu’on nous aurait arrachés sans l’ombre d’un doute au nom d’apparences dont je commençais à me défaire également. Ma mère aurait préféré m’enfermer à double-tour plutôt que de prendre le risque qu’on apprenne un jour que son fils chéri, celui qu’elle présentait comme un ange, la perfection incarnée, kidnappait les jeunes filles au coeur de la nuit pour les emmener là où personne ne les retrouverait jamais. Parce que, sincèrement, qui aurait l’idée de venir nous chercher là-haut ? Elle souffla sur la flamme de la bougie,  enjamba le rebord de sa fenêtre et me rejoignit enfin dans l’air frais du parc endormi. Le regard que je posai sur elle voulait tout dire à la fois, d’un « tu m’as manqué » des plus sincères au non moins vrai « tu me fais vraiment faire n’importe quoi ». Est-ce que je m’en plaignais ? Absolument pas. Il n’y avait qu’elle pour me tirer à ce point des sentiers balisés par les miens et de faire de toutes les bêtises risquées du monde des souvenirs délicieux.

Tu as l’air bien inspirrré, mon Prrrince, je te suis.

Inspiré, il fallait le dire vite ! Je n’avais pas beaucoup réfléchi avant de quitter la chaleur de mon lit pour me lancer là-dedans ! Je n’avais pas de plan, pas d’idée précise, rien du tout sinon l’envie de partager ça avec elle… Mais soit. Elle voulait me suivre, qu’elle fasse donc !

Alors viens, soufflai-je dans un rire idiot alors que je reprenais ma route, slalommant entre les fenêtres pour être sûr de rester le plus possible loin de yeux du Tout Poudlard. Mais je n’ai pas la moindre idée de ce que nous allons trouver là-haut !

Je n’étais pas venu en éclaireur pour m’en assurer… Peut-être même ne pourrions-nous pas y poser le pied en raison de sortilèges de protection ou qu’en savais-je encore… Les étages défilaient rapidement, nous offrant une vue toujours plus impressionnante sur le parc et les environs. Je n’avais jamais été un grand fan de la tour d’Astronomie, trouvant — à juste titre — qu’elle souffrait d’une réputation trop romantique pour avoir envie de m’y risquer bien souvent… Mais il fallait reconnaître qu’il n’y avait qu’elle pour donner à ce point l’impression de flotter au milieu du domaine… elle, et bientôt notre nouveau chez nous pour cette fin de nuit. Je contournai son toit trop pointu pour qu’on puisse s’y poser et jetai mon dévolu sur un autre quelques mètres plus loin, vaguement moins haut mais plus abordable. Je posai prudemment le pied dessus, m’assurant que ça n’était pas trop glissant et ne pus m’empêcher d’avoir l’air impressionné par tout ça. Je me sentais à la fois insignifiant au milieu de ces tours immenses plantées au milieu de ce ciel d’encre… et invincible, régnant sur ce monde qui était le nôtre depuis si longtemps. Ça rappelait notre escapade londonienne, bien sûr, mais tout me semblait plus grandiose encore. Il n’y avait pas mille et un immeubles, des centaines de fenêtres derrière lesquelles se découpaient les silhouettes occupées d’habitants quelconques… il n’y avait que ces lances de pierre comme les armes de géants que nous aurions soumis et ce pied-de-nez à une école qui vivait une nouvelle bravade sans même en avoir conscience.

Ça aurait été dommage de louper ça…

Je me risquai à m’approcher du bord, les doigts accrochés au manche de mon balai, prêts à rattraper tout geste maladroit, et jetai un coup d’oeil en bas. On distinguait à peine les arbres… tout n’était qu’un océan obscure et inquiétant, un trou noir ouvrant sur un autre monde… Poudlard semblait bien loin, désormais. Ça n'était peut-être pas tant la fin d'une conquête entamée des années plutôt que nous vivions ce soir que la découverte d'un univers dont nous n'avions pas vraiment conscience. La nuit posait sur ces toits un voile étrange, camouflant sans le moindre mal le collège qui nous avait vu grandir.
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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 30 Déc - 17:36



( dernière conquête | JUNIOR ♚ ERIN )
Quelques battements de cils chassèrent les dernières brumes du sommeil accrochées à mes yeux clairs. Que faisait mon meilleur ami à ma fenêtre au beau milieu de la nuit ? Une question que ses lèvres rendirent muette — de la plus douce et la plus agréable des façons — avant d’y répondre. Tout ce que cette situation avait d’indécent et d’incongru me fit rire, d’un rire qui adhérait totalement à l’idée. Ces sentiments que seul Junior était capable d’éveiller puisaient leur force dans de multiples sources ; l’une d’elle était assurément cet air prétentieux qu’il parvenait à afficher en toute circonstance couplé à cette faculté princière de foncer dans des entreprises infernales sans se départir de son angélisme naturel. Pour le dire en deux mots, il était loin d’être aussi sage que le reste du monde pouvait le penser et je ne boudais pas mon plaisir d’en être la seule témoin. Plus encore : sa complice. En cette qualité unique, je me dépêchai de satisfaire sa demande. Mes gestes rapides eurent vite fait de transformer ma chemise de nuit en une tenue plus adaptée et de me réveiller tout à fait. Fin prête, je me glissai sur le rebord de ma fenêtre — pour la toute première fois en sept longues années passées ici — mon balai comme seul gage de survie si je glissais malencontreusement. Mais je me targuais d’avoir un bien meilleur équilibre que ça, aussi ne prêtai-je guère attention au vide obscur qui s’étendait à l’infini sous nos pieds, plus intéressée par la silhouette du Serpentard qui se découpait sur ce ciel d’encre.

Son regard abritait quelques vérités que le mien lui rendit avec une arrogance dénuée de remords. J’étais ravie qu’il soit venu jusqu’ici me tirer d’un sommeil quelque peu agité — mais je l’aurais été tout autant s’il avait été le plus paisible de tous — et plus enchantée encore que ce soit pour partager une nouvelle conquête. Dans le secret d’un château endormi, dans l’intimité d’une nuit paisible, notre royaume se paraît de ses plus beaux atours. Il y avait peut-être une légère mélancolie qui tachetait les cieux, à la manière des étoiles obscurcies par quelques nuages passants, mais ce n’était qu’une émotion vaguement perceptible. Demain, nous serions des adultes propulsés dans un monde qui en attendrait beaucoup de nous ; d’ici là, nous avions encore des semaines, des mois en réalité, pour profiter d’un château où nous pouvions nous complaire dans les dernières limbes d’une adolescence déjà fortement malmenée. Pour l’heure, c’était l’âge adulte qui allait souffrir de nos bêtises d’enfants. En tant que tel, habillée de la même confiance pleine d’orgueil dont je ne m’étais jamais départie, j’enfourchai ma monture sans plus me préoccuper d’un faux-mouvement malvenu et vins me stabiliser au niveau de mon meilleur ami. Lequel fut titularisé chef de cette expédition puisqu’il était venu jusqu’ici avec une merveilleuse idée derrière la tête. « Peu imporrrte, » soufflai-je en haussant les épaules, désinvolte. Si les toits de Poudlard ne nous offraient rien de bien intéressant, nous aurions toujours profité d’une belle balade nocturne au plus proche de ses tours. Si ce bout de royaume n’égalait pas d’autres déjà maintes fois parcourus, nous n’aurions qu’à retourner nous glisser dans le confort d’habitudes chéries. Je ne me faisais donc pas trop de soucis sur ce que nous pourrions trouver là-haut. Panorama époustouflant ou décevant, au fond, seule la compagnie avait de l’importance, et c’était la plus désirable d’entre toutes.

Sans plus attendre, nous nous mîmes à slalomer entre les fenêtres du château, gagnant de la hauteur à chaque fois. Un œil sur Junior, un autre sur les alentours sombres, je savourais chaque sensation de ce vol impromptu, de la brise froide qui caressait mon visage, aux lueurs rares qui ponctuaient la toile de fond, noire, en passant par le plaisir d’un vol sans contraintes. Nous parvînmes sans difficulté aux plus hauts niveaux de l’édifice, là où les étages laissaient place aux combles et puis aux toits qui s’élevaient encore un peu plus vers le ciel grâce à ces grandes pointes fourchues élancées à la verticale… et terriblement pentues. Je ne savais pas sur laquelle mon meilleur ami allait jeter son dévolu, aussi pris-je un peu plus de hauteur, zigzagant lascivement au-dessus des tuiles grises, attendant qu’il fasse son choix. Il posa finalement son pied sur le toit le plus proche de la tour d’astronomie dont les télescopes braqués dans le vide renvoyaient parfois l’éclat d’une lointaine comète. Légèrement moins haut mais également bien plus praticable. Je l’y rejoignis sans attendre, perdant une brève seconde à me faire la réflexion qu’il avait tous les airs d’un roi au sommet de son royaume.

Ça me ramenait quelques années en arrière, sur ces toits londoniens couverts de neige que nous nous étions appropriés sans en demander l’autorisation à personne. C’était similaire et pourtant tellement différent. Les querelles et les zones d’ombres d’alors semblaient appartenir à un autre monde, comme un rêve dont on peine à se souvenir une fois réveillé. Je n’en avais pourtant pas oublié la moindre seconde, mais c’était un passé qui, s’il avait construit notre présent, en était tellement loin que je ne prenais pas toujours conscience de tout ce qui avait changé. Un pas, puis un autre, dans un équilibre prudent — si tant est que quoi que ce soit puisse être qualifié de prudent à cette hauteur et alors que nous avions bravé tellement d’interdits pour nous rendre ici — je me place à ses côtés et me perds un peu plus dans cette immensité qui avait de quoi nous couper le souffle. Rien que cette perspective différait totalement de notre escapade londonienne : tout ici n’était qu’un gigantesque horizon gorgé d’une nuit parfaite, à l’opposé des immeubles animés qui nous enveloppaient ce soir-là. Ça et nous, juchés sur des géants de pierres et de tuiles que personne — du moins, pas à ma connaissance — n’avait jamais foulés. « C’est magnifique. » Puis, après une petite seconde de silence et un sourire railleur, je rajoutai : « Et dirrre que cerrtains trrrouverrraient ça stupide et dangerrreux alorrrs que c’est une idée merrrveilleuse. » Mon regard appuyé En réalité, si j’étais celle de nous deux qui avait formulé cette possibilité, c’était Junior qui avait choisi de la concrétiser. Néanmoins, je n’allais pas louper une occasion de me couvrir de lauriers, surtout pas après qu’il se soit montré, dans un premier temps, si dédaigneux envers ce projet.

Penché par-dessus le mince rebord qui n’offrait aucune garantie de sécurité, le Serpentard sondait les abysses aussi noires que le reste de ce paysage nocturne. C’était une belle nuit : profonde, vibrante, pleine… de quoi ? J’étais bien en peine de l’expliquer mais le moment semblait particulièrement intense. Peut-être parce que nous vivions-là notre toute dernière découverte sur ces terres ? Que restait-il, maintenant que les toits ne nous étaient plus inconnus ? Hormis profiter de chaque minute pour approfondir notre empire ? Dans un mouvement inverse de celui de mon meilleur ami, je me laissai aller contre les tuiles de la pointe dressée vers le ciel, mes yeux clairs se perdant dans les étoiles que les nuages invisibles ne nous ravissaient pas. « On ne les aurrra jamais obserrrvées d’aussi haut, » commentai-je en m’arrachant à ma contemplation pour revenir sur Junior. « Qu’est-ce que tu admirrres ? » L’espace relativement restreint forçait à un certain immobilisme : pas de danse inconsciente cette fois-ci. Ce n’était pas désagréable pour autant. C’était paisible. Juste lui et moi loin de tout comme nous le recherchions si souvent. Avec une saveur en plus conférée par les hauteurs vertigineuses et les règles enfreintes sans la moindre pudeur.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptySam 1 Jan - 20:13

Dernière conquête
sur les toits de Poudlard
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Il ne fallut qu'un instant pour être nommé chef de file par ma meilleure amie, un rôle qui lui revenait toujours de droit et dont je ne savais finalement que faire. J'avais toujours pris plaisir à marcher dans ses pas, à rester relativement dans son ombre. Je lui laissais l'entière propriété de ses bêtises et les rênes qui allaient avec... Aussi vis-je ma zone de confort un peu plus maltraitée encore en cette surprenante soirée... mais j'acceptai les responsabilités sans broncher. Puisqu'elle voulait me suivre et bien soit ! Je la mis en garde contre toute potentielle déception qui pourrait nous attendre à l'arrivée mais elle n'en fit finalement pas grand cas et notre ascension commença là. Jamais simple vol ne s'était accompagné d'une telle sensation de liberté... Est-ce que c'était l'illégalité totale de notre présence ici ? L'agonie de mon bon sens à la vue de cette bêtise de plus ? Ou l'intimité délicieuse dont nous enveloppait la nuit ? Peut-être les trois à la fois. C'était grisant, en tout cas. Il y avait un petit quelque chose d'adrénaline à chaque fenêtre allumée, des gloussements étouffés face aux quelques silhouettes qui se découpaient de l'autre côté... Si Poudlard semblait endormi, quelques uns – comme nous – veillaient toujours... Mais quelle importance ? Personne n'avait conscience de notre existence, ce soir. Nous étions seuls au monde. Les étages s'évanouirent sous les pentes recouvertes de tuiles, emportant avec eux l'humanité ronflante qu'ils contenaient. Il me fallut quelques instants pour faire mon choix, conscient rien qu'à les voir que certains toits seraient impraticables, mais je finis par me poser enfin. Autour de nous, tout n'était que tours et nuit. Je me sentais minuscule au milieu de ces monstres dressés vers le ciel, sous l'immensité de ce drap sombre... C'était comme irréel, un rêve un peu étrange, quelque chose qu'on peinait à croire... et pourtant, nous y étions bien. J'en restai sans voix, les yeux rivés sur l'horizon qu'on ne voyait pas, les faibles lueurs de Pré-au-Lard brillant à peine au loin comme un feu mourant qu'on aurait oublié de raviver. Ça n'était même plus seulement l'humanité que nous avions quitté, c'était le monde entier. Poudlard, les environs, le pays tout entier... Il n'y avait plus que nous au milieu d'un univers tout droit tiré de quelque roman fantaisiste ou d'une mythologie lointaine. La chaleur d'Erin se fit sentir et, durant une seconde, je m'arrachai à la contemplation de cet étrange paysage pour me perdre tout entier dans celle de son visage. Sa peau pâle sortait des ombres et semblait illuminer la nuit bien mieux que ne le faisaient les étoiles qui brillaient péniblement dans leur écrin. Cette pensée me tira un sourire idiot alors qu'elle découvrait à son tour ce qui nous entourait... Rien, en soi. Pas grand chose du moins. Des arbres à peine esquissés, un village qu'on ne distinguait presque pas, une lune en morceau qui se reflétait maladroitement sur le lac donc l'eau calme avait l'air d'un miroir géant...

C’est magnifique.

Je ne pus que hocher la tête. C'était rien, peut-être, mais c'était magnifique... et j'étais ravi de partager ça avec elle. Une bêtise parmi tant d'autres, peut-être, mais une bêtise qui marquait dignement la fin d'une conquête qui avait duré des années... À moins qu'il ne soit question que d'une page qui se tourne, la promesse de nouvelles terres sur lesquelles régner. J'aimais à croire que ça n'était qu'un début, que la vie nous donnerait mille et une occasions de conquérir un autre monde... que cela ne cesse jamais. N'avait-ce pas été l'une de nos plus belles expériences, sinon même la plus belle ?

Et dirrre que cerrtains trrrouverrraient ça stupide et dangerrreux alorrrs que c’est une idée merrrveilleuse.

Un claquement de langue réprobateur m'échappa alors que je levai le nez d'un air faussement boudeur et tournai la tête – le sourire aux lèvres bien malgré moi – vers cet avenir obscur qui nous tendait les bras.

L'un n'empêche pas l'autre, fis-je remarquer alors qu'un hibou contournait le château pour s'engouffrer dans la volière, quelques centaines de mètres plus loin. C'est une idée merveilleusement stupide et dangereuse.

Mais une idée à laquelle j'étais heureux d'avoir cédé. Elle avait toujours gain de cause, de toute façon ! Ma mère avait passé sa vie à s'en plaindre, à me mettre en garde, à espérer que je me rebelle enfin... Mais pourquoi faire ?! Qu'on me cite rien qu'une autre personne capable d'avoir de si mauvaises idées mais d'en faire de si délicieux souvenirs ! Erin était une magicienne, pour ça. Des pires bêtises elle parvenait à tirer un bonheur réel et durable, des moments auxquels on repensait des années après avec une nostalgie rêveuse et l'envie de recommencer un jour ; la sensation d'être vivant, invincible... C'était toujours inattendu, toujours surprenant, toujours incroyable... Et cette nuit n'échappait pas à la règle. Je m'éloignai de quelques pas, lentement, avec une prudence émoussée. Je ne me sentais pas particulièrement en danger, qu'importe la hauteur. Après tout, mes doigts enroulés autour du manche de mon balai, je me savais en mesure de rattraper quelque maladresse... et puis, c'était là toute l'inconscience de mes escapades en si belle compagnie. Si les risques pris restaient là, bien sûr, présents, tapis dans un coin de mon esprit embrumé par son assurance, ils se faisaient parfois si discrets que je n'avais pas grand mal à faire comme s'ils n'existaient pas...

On ne les aurrra jamais obserrrvées d’aussi haut.

Un regard en arrière m'apprit que les étoiles avaient sa préférence... j'en aurais été presque jaloux si l'étroitesse de notre perchoir ne nous offrait pas une proximité si grande. Je n'avais qu'à tendre le bras pour effleurer sa main, qu'un geste à faire pour l'enlacer à nouveau. Pour ce qui était de sa constatation, je ne pouvais qu'acquiescer. Même lors des cours d'Astronomie, coincés au plus haut palier de la plus haute tour de l'école, nous étions tout de même plus bas que ça... On pouvait apercevoir d'ici les créneaux qui entouraient le plateau où dormaient tout debout quelques télescopes abandonnés et, perdu dans les hauteurs, piquant, presque menaçant, le chapeau de tuiles qui coiffait le tout.

Qu’est-ce que tu admirrres ?
Notre suprématie, ma Reine.

Ce monde qui s'inclinait devant nous, cette terre infinie qui nous appartenait enfin. Mon regard se perdit à nouveau dans les profondeurs de la nuit, dans l'ombre dévorante de cette bête de pierre qui grossissait sous nos pieds. Ce vide, cette obscurité inconnue avait quelque chose d'attirant. Ça ressemblait presque à l'appréhension excitante qu'on pouvait ressentir au milieu d'un match lorsque le jeu nous faisait immanquablement prendre quelques risques maîtrisés... Jouer avec le feu sans jamais craindre de se brûler... Je relevai doucement la tête vers Erin, sondant son regard avec une malice qui lui appartenait d'ordinaire.

Si je saute, tu sautes ?
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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyDim 2 Jan - 19:36



( dernière conquête | JUNIOR ♚ ERIN )
Qu’il était agréable de se laisser guider par les envies folles de Junior. Je me glissai avec grâce dans ce rôle inhabituel qui consistait à suivre plutôt qu’à diriger, sans bouder le plaisir que cela me procurait. La nuit nous enveloppait de toutes parts, comme une cape sous laquelle deux enfants se cacheraient, observant le monde sans que le monde ne puisse en faire de même. Quelques fenêtres éclairées se faisaient les derniers témoins d’une vie qui me semblait déjà lointaine, le froid de novembre contrastant avec la chaleur que quelques flammes entraperçues semblaient promettre. Les nuages inaccessibles nous masquaient la lumière de la lune et celle de la majorité des étoiles, épaississant un peu plus cette impression de parcourir un royaume dénué de toute autre vie que les nôtres. Et, au milieu de cette obscurité grandissante, les traits pâles de mon meilleur ami se découpaient comme la seule lueur, la seule chaleur que j’avais envie de poursuivre. Nous montions, sans nous presser, gravissant les étages de Poudlard par une voie que la bienséance ne recommandait d’aucune façon, échangeant quelques sourires et quelques rires étouffés à chaque fois que nous passions non loin d’une vitre qui ne dormait pas encore. À tout instant, nous pouvions nous faire prendre par un regard insomniaque plus curieux que les autres. Cela ajoutait une touche indécente à notre aventure nocturne sans pour autant briser ce sentiment de toute-puissance invulnérable qui nous enveloppait. Que verrait le regard en question ? Deux spectres flottants dans l’obscurité environnante qui auraient déjà disparu avant qu’il n’ouvre la fenêtre ou qu’il ne cligne des yeux pour assurer sa vision. Nous étions intouchables et nous étions seuls, comme je l’aimais tant.

Il fallait un terme à cette ascension — bien que je n’aie rien contre l’idée de m’envoler avec Junior jusqu’aux étoiles et repousser les frontières de notre royaume — et celui-ci se dessina comme les toits pentus des plus hautes tours du château. Ici, plus la moindre lumière tirée d’une chandelle presque entièrement consumée. Le risque que quelqu’un nous surprenne avait été abandonné aux étages inférieurs, ne laissant que cette sensation grisante de liberté partagée. Le Serpentard jeta soigneusement son dévolu sur des tuiles peut-être moins abruptes que d’autres et je l’y rejoins, retrouvant sa chaleur diffuse et son parfum enivrant en même temps que mon regard clair découvrait cet horizon imprécis, dont les formes et les contours se fondaient, barbouillés au fusain. Les nuages poursuivaient leur course, apportant parfois quelque touche d’une luminosité fantomatique qui contribuait à rendre cette ambiance plus fantastique encore. C’était une contemplation magnifique dans laquelle il était facile de se perdre. Deviner ici les contours d’un village dévoré par la nuit, observer les reflets sur un lac qui semblait figé dans le noir, repérer les éléments qui se faisaient si criants le jour et qui semblaient disparaître en cette heure pour nous laisser seuls maîtres d’un horizon infini. Comme pour mieux nous laisser jouir de cette ultime pied de nez à des règles dont nous nous amusions comme bon nous semblait. Mon ton moqueur perça le silence qui ne perdait pas une seconde pour prendre toute la place dès que nos lèvres se scellaient et Junior afficha une moue que je devinai boudeuse sans même en percevoir les détails les plus infimes. Un gloussement ravi — même si j’étais loin de trouver cette idée stupide ; personnellement elle était tout à fait merveilleuse et rien de plus — et mes doigts se glissèrent contre les siens avec douceur, dans une caresse brève qui ne le retint pas à moi alors qu’il faisait quelques pas en direction du rebord. C’était comme si rien de violent ne pouvait avoir de prise sur ce tableau sombre, les ombres rendant tout plus éthéré.

Je l’observai à la dérobée, quelques secondes, faire un pas prudent, puis deux, pour se rapprocher du vide immense dont le silence soulignait une chute vertigineuse en cas de faux mouvement. Une bouffée de cet amour que j’avais appris à nommer avec le temps me submergea. Il n’était ni le plus aventureux, ni le plus téméraire, ni le plus passionné par les risques dont je me défiais depuis toujours. Il se plaignait autant que possible de mon imprudence et de tout ce que je lui faisais encourir. Pourtant, il était là, debout sur un toit de Poudlard en plein milieu de la nuit alors que toutes les règles de l’école et tous les codes de bienséance nous l’interdisaient, défiant ses propres limites en même temps que celles qui avaient bien failli nous séparer. Mes yeux clairs se levèrent jusqu’aux étoiles qu’un nuage complice me permit d’observer en s’effaçant momentanément. Une décennie passée à les observer régulièrement et jamais nous n’en avions été si proches. Jamais elles n’avaient semblé si rayonnantes et brillantes d’un avenir que nous avions fait nôtre. Aussi scintillantes soient-elles, elles ne pouvaient rivaliser avec la présence de mon meilleur ami sur qui se reposa toute mon attention, accompagnée d’une once de curiosité sur ce qu’il contemplait aussi passionnément. Sa réponse fit danser un sourire sur mes lèvres. Je décollai mon dos de ces tuiles froides et comblait le peu de distance qui subsistait entre nous pour me glisser contre lui, noyant mon regard dans ce royaume des ombres. « Elle non plus, on ne l’avait jamais admirrrée d’aussi haut. » fis-je avec une certaine chaleur dans la voix. Il était de bon ton de prendre de la hauteur sur les choses pour mieux en appréhender les moindres détails.

Le bleu malicieux qui plongea dans mes prunelles claires me tira un sourire anticipé. Toutes les fois où mon meilleur ami me jetait ce regard, c’était pour nous lancer dans une nouvelle bêtise. Autant dire qu’il était rare, au contraire de la fausse innocence qu’il maîtrisait à la perfection et qui était annonciatrice d’une vengeance terrible. À l’instar de cet été, avant qu’il ne tente honteusement de me noyer. Sa demande attira mes pensées vers le sol que l’on ne pouvait que deviner car noyé dans des ombres trop épaisses avant de les reporter sur le Serpentardi. « Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon meilleurrr ami. » soufflai-je avec une ironie palpable. C’était assurément un brin dangereux — même avec nos balais en main — et, de fait, terriblement excitant. L’un comme l’autre, nous n’avions pas le vertige — comment pourrions-nous filer à toute vitesse sur le terrain de Quidditch et prendre des risques nécessaires à la victoire, sinon ? — mais sauter de son plein gré demandait une inconscience supplémentaire qui était déjà en train de supplanter tout le reste dans mon esprit. « Comme si j’allais te laisser tomber. Je saute. » répliquai-je avec une gravité mise à mal par ce sourire qui ne faiblissait pas. Mes doigts se resserrent autour du manche de mon balai tandis que je me penchais un peu plus en direction de ces hauteurs grignotées par la nuit.

« J’espèrrre pourrr toi que tu étais sérrrieux. » Enveloppée de cette assurance naturelle qui me permettait de surmonter les difficultés comme si elles n’existaient pas et de braver les interdits comme s’ils ne s’appliquaient pas à moi, le tout saupoudré d’une arrogance certaine, je fis un pas dans le vide et m’y laissai tomber. Quelle hauteur pouvait bien faire Poudlard ? Du haut de cette tour, nous étions à peut-être cent mètres. Plus, même, qui sait ? C’était, et de loin, une chute plus impressionnante que celle qui était survenue lors de ce vol à dos de Sombrals. Tout aussi imprévisible bien que plus maîtrisée. Le froid me giflait allègrement le visage, mes cheveux dansant autour de celui-ci, les détails du château se brouillant pour ne former qu’une masse noire indistincte. Un cri m’échappa exultant, suivi par un rire qui me secoua toute entière alors que je mettais fin à cette chute libre d’un geste assuré. L’à-coup ponctua ces éclats d’un hoquet éphémère, le plongeon se transformant en un vol paisible à la recherche de la silhouette de Junior parmi les ombres, les joues rosies par le froid et l’excitation. Une touche de fraîcheur sur le bout de mon nez me fit lever les yeux au ciel. La lune avait momentanément repris ses droits, baignant le parc de ses rayons pâles, nous offrant des nuages blancs gorgés à en sembler lourds. Un deuxième flocon se déposa sur ma pommette. « Il neige déjà ? En novembre ? » Mon murmure trouva Junior dont les mèches brunes protestaient vivement contre le traitement qu’il venait de leur infliger. « Alors ? » lui demandai-je avec un sourire renouvelé.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyDim 9 Jan - 16:04

Dernière conquête
sur les toits de Poudlard
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
En grandissant, il y avait une chose dont j'avais pris conscience : il n'y avait rien – absolument rien – dont je n'étais pas capable pour Erin. Peu importaient les risques, les disputes, les révolutions quand elle entrait dans l'équation. J'avais été prêt à tout perdre pour elle, j'avais plus d'une fois flirter avec toutes les limites du monde pour elle, et ce soir, je fermais les yeux sur tous les signes que la prudence aurait pu m'agiter sous le nez seulement pour faire de ses envies la plus inconsciente des réalités. Il m'arrivait, au détour d'une conversation, de me demander jusqu'où ça pourrait aller, parfois... Mais je n'avais jamais eu de réponses claires. Je crois sincèrement que c'était parce qu'il n'y avait aucune fin assez distincte pour pouvoir être comptée comme telle. Quoi qu'elle puisse demander, pour un peu que la situation ne l'exige, lui serait offert avec la même évidence que cette nuit loin du monde. Et si ça m'effrayait un peu, parce que c'était loin d'être dans mes habitudes de m'éloigner de la sécurité des limites imposées, j'y trouvais quelque chose de délicieux en même temps, comme la certitude à jamais tue qu'elle comptait plus que tout le reste. Le silence qui nous enveloppa, une fois posés sur l'une de ces tours infinies, participait à la perfection du spectacle qui s'offrait à nous. Il n'y avait pas grand chose à en dire... Nos commentaires, même les plus railleurs, n'avaient aucune place dans cette étendue sombre, aussi magique qu'inquiétante. Qu'est-ce qui se dessinait sous ce voile obscur ? Quelle horreur, quelle promesse attendait sagement que le jour se lève pour éclater ? J'espérais presque ne jamais le savoir, que la nuit reste ainsi posée sur le monde encore un long moment. C'est qu'ici, rien ne semblait impossible. Il n'y avait pas de monde ayant la moindre prise sur nous, pas de règle ni d'exigence. Nous étions les seuls maîtres à bord, les seuls maîtres de tout. L'humanité endormie s'était soumise enfin toute entière, laissant entre nos mains devenues pâles sur la toile foncée peinte derrière nous un sort qui ne nous intéressait guère. Les doigts d'Erin abandonnèrent une caresse sur les miens, m'arrachant le sourire heureux de celui qui a tout, avant que je ne m'approche du bord avec une prudence tranquille. Si j'avais conscience de la hauteur, je n'en voyais rien. Passé quelques mètres, tout n'était plus qu'un trou sans fond. Nous étions trop hauts, trop loin de tout pour distinguer encore les bas-fonds de notre école, l'herbe grisâtre de ce parc foulé par des pieds qui n'auraient jamais dû s'y poser. Est-ce que quelqu'un, un jour, avait eu le bon sens de venir ici, à notre place ? J'aimais à croire que non, que nous étions les premiers à jouir d'un tel privilège. Poudlard ne nous appartenait que parce que nous l'avions décrété, bien conscients que d'autres – trop – avant nous avaient parcouru les mêmes couloirs, passés les mêmes portes interdites... Mais là, ce soir, pour la première fois depuis que nous nous étions mis en tête de faire nôtre chacune des pierres de l'immense bâtisse, le doute était permis. J'avais presque envie de graver nos prénoms quelque part sur ces tuiles en souvenir de notre passage. Que, si jamais d'autres un jour s'y aventuraient, ils sachent qu'ils arrivaient trop tard. Pourtant je n'en fis rien, me contentant de répondre à la question de ma meilleure amie. Ses pas se firent entendre derrière moi et, rapidement, sa chaleur m'enveloppa tout entier. Je bougeai imperceptiblement, juste assez pour la sentir tout contre moi. Un frisson fit fourmiller tous mes membres. Un soupir passa mes lèvres et se perdit dans la nuit avant que je ne vienne tendrement abandonner un baiser sur sa joue.

Elle non plus, on ne l’avait jamais admirrrée d’aussi haut.

Sa bêtise m'arracha un rire amusé. Ça n'était pas particulièrement faux. Dans le fond, n'était-ce pas notre place ? Tout en haut d'une pyramide sociale que cette tour symbolisait pour le mieux ? Qu'importe le sang, le rang ou les responsabilités de habitants de ce château, nous les surplombions. Tous. Mon regard se perdit à nouveau dans les profondeurs qui s'ouvraient à nos pieds... Ce vide dont je ne voyais rien avait quelque chose d'attirant, d'excitant. Le cœur qui s'emballait un peu, un nœud agréablement douloureux dans le creux de l'estomac. C'était l'envie de voir jusqu'où on pouvait aller tout en sachant que c'était sans danger... Enfin... Presque. Personne n'était à l'abri d'un accident, bien sûr, pas même nous, mais l'invincibilité grisante dont nos bêtises nous gratifiaient à chaque fois rendait un peu floue cette notion pourtant évidente.

Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de mon meilleurrr ami.

Je la poussai doucement du coude dans un rire étouffé.

Demande donc ça à ta mauvaise influence,  mon ange.

Je commençais à me débrouiller assez bien sur les chemins douteux sur lesquels elle m'avait attiré bien des années plus tôt... maintenant, si sa main dans la mienne était toujours un plaisir que je ne boudais jamais, je savais avancer sans son aide... la preuve en était encore aujourd'hui. Ah ! Ma pauvre mère serait tellement déçue si elle apprenait ça ! Elle toujours si prompte à accuser Erin de tous les maux du monde pour un peu que ça puisse m'innocenter, moi, sa progéniture parfaite !

Comme si j’allais te laisser tomber. Je saute.

Et derrière l'apparente bêtise qui nous attendait, cet aveu m'arracha un sourire touché. Dans le fond, je n'en avais jamais douté. La confiance que je lui portais était totale, aveugle, un peu dangereuse sûrement... Offerte à de mauvaises mains, elle aurait sûrement entraîné ma perte mais là, entre celles d'Erin, c'était juste une évidence. Enfin, quoi qu'il en soit, l'heure du grand saut approchait à grands pas. Elle se pencha un peu plus, le regard rivé vers un sol qu'on ne voyait pas et, moi, je ne pus m'empêcher de laisser le mien glisser sur elle, détaillant avec envie chaque centimètre de ce visage que je connaissais par cœur.

J’espèrrre pourrr toi que tu étais sérrrieux.

Oui, je l'étais... enfin je crois... Mais je n'étais pas à la seconde pour autant ! J'eus à peine le temps d'ouvrir la bouche, d'avorter un « attends » amusé qu'elle se laissait déjà tomber dans le vide, disparaissant dans les entrailles du monde obscur  qui s'étendait devant nous. Même si je savais pertinemment ce qu'il en était, je ne pus retenir un gémissement aussi surpris qu'inquiet en la voyant sombrer ainsi. Mon cœur s'emballa et je finis par la suivre... et durant une seconde, je l'ai amèrement regretté. Ce fut comme si mes entrailles étaient restées sur le toit alors que le reste de mon corps chutait à une vitesse impressionnante. Il n'y avait plus rien d'autres qu'un fond noir, quelques traces claires apparaissant par à-coup pour disparaître aussitôt. Ça avait l'air sans fin. Comme dans un rêve. J'étais incapable de lâcher le moindre son, coincé quelque part entre l'effroi de ce qui pourrait m'arriver si je me rattrapais trop tard et le plaisir enivrant de me sentir à ce point vivant. Ce que je ressentais face à cette vie qui nous attendait, en soi, mais en infiniment plus intense. Au bout de ce qui me parut une éternité, j'arrêtai ma chute dans un mouvement brusque. Il me fallut bien une seconde pour reprendre mes esprits, perché sur mon balai, à de nombreux mètres encore du sol... puis je me mis à ricaner sans trop pouvoir me retenir, une vague d'adrénaline et quelques restes de bon sens me percutant sans prévenir. Mon rythme cardiaque refusait de ralentir, mes mains tremblaient encore un peu de ce suicide qui n'en était pas un mais mon regard, lui, était déjà parti à la recherche d'Erin, comme pour s'assurer qu'elle allait bien. Il la trouva un peu plus loin, le nez levé vers les hauteurs que nous venions de quitter. Une goutte me tomba sur la main, rapidement suivie par une deuxième...

Il neige déjà ? En novembre ?

Ainsi donc ça n'était pas de la pluie... quelle différence ? J'assassinai la distance qui nous séparait encore et m'arrêtai à sa hauteur. Je me sentais étrangement bien. Mieux encore qu'avant de la suivre dans cette chute qui n'en finissait plus. Sans crier gare, ma main se posa sur le manche de son balai pour arrêter sa course, l'autre sur sa joue pour l'empêcher de fuir et je plaquai sur ses lèvres un baiser brûlant – presque de retrouvailles – avant de consentir de longues secondes plus tard à lui rendre enfin sa liberté.

Alors ?
Je crois que je ne t'ai jamais aimée autant qu'à cet instant précis, avouai-je dans un gloussement stupide. Mais sache que c'était la pire idée de ta vie.

Comme si c'était vraiment la sienne...! Je me dédouanais sans la moindre culpabilité de cette envie aussi soudaine qu'insensée, sous-entendant éhontément qu'elle en était à l'origine même de manière inconsciente. C'était forcément de sa faute. Les bêtises ne venaient jamais vraiment de moi, tout le monde savait ça ! Allez donc demander à ma mère, vous verrez !

...même si c'était absolument génial !
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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyMer 12 Jan - 3:04



( dernière conquête | JUNIOR ♚ ERIN )
Les étoiles scintillaient comme les joyaux d’une couronne posées sur nos têtes, symboles de toute la suprématie qui était la nôtre et que nous contemplions de haut, de plus haut que jamais. Perchés sur cette tour inviolée, nous dominions le monde endormi. Nous lui imposions notre supériorité sans qu’il ne puisse s’en rendre compte, alliant la majestuosité d’un royaume sous notre joug à l’intimité d’une bêtise volée à la nuit. C’était grisant et entêtant, excitant et apaisant, de se sentir à la fois si petits et pourtant infiniment grands, d’avoir l’impression de n’être rien de plus que perdus au milieu des tuiles et en même temps exactement à la place qui nous convenait. Un trône insoupçonné qui possédait bien des charmes, des plus subtils au plus évident. Un monde de paradoxes étrangement conciliants. Mes bêtises — qui n’en étaient pas vraiment, au demeurant, tant leurs inflexions possédaient des accents de vérité — offrirent l’un de ses rires à la nuit environnante et, peut-être, furent l’origine de sa nouvelle imprudence. Derrière ma moquerie apparente, l’excitation grandissait comme une flamme que l’on vient de nourrir. « Elle me fait savoirrr qu’elle n’y est pourrr rrrien et aimerrrait bien qu’on arrrête de l’accuser de tous tes crrrimes. » répliquai-je après avoir fait mine d’écouter le silence qui nous enveloppait, levant les yeux au ciel dans un agacement parfaitement exagéré. Je pouvais être la coupable de tout les maux du monde, ça n’avait pas d’importance tant qu’il s’en satisfaisait. Le fait que ce soit lui, à l’origine de cette idée des plus dangereuses, ne fit que réchauffer un peu plus cette sensation grandissante au fond de ma poitrine.

Certes, le sérieux de mes propos venait de se faire assassiner par ce sourire insensé, il n’empêche. Hors de question de le laisser tomber : je sautai. De cette tour, d’une autre, littéralement ou symboliquement. Nous avions brûlé les incertitudes et les questions sans réponse : il n’y avait plus de retour en arrière possible. Aussi délirante soit cette idée, aussi dangereuse soit-elle, il était ce qui revêtait le plus d’importance à mes yeux. Le perdre une fois avait été la fois de trop. Si je pouvais vivre sous les regards désapprobateurs de Grand-Père, si je pouvais me rire des remarques agaçantes de mon frère, je ne pouvais certainement pas composer sans lui. Pour autant, je ne m’étais jamais sentie aussi libre que depuis que nous avions remporté la plus belle de toutes les victoires, celle qui concrétisait cet avenir encore trop adulte qui resserrait sur nous des liens que personnes ne serait plus en mesure de défaire. Je n’étais ni stupide, ni sourde, ni aveugle. Notre entourage déplorait — encore que certains ne faisaient que constater — mon influence qui étreignait Junior. Sa mère s’en désolait, nos camarades s’en moquaient, mon propre jumeau me demandait si j’étais prête à tout risquer pour la conserver, sans se rendre compte un seul instant de la puissance de sa réciprocité. Ils ne méritaient même pas que j’en prenne ombrage. Leur ignorance était risible. Leurs jugements étaient le signe de leur puérilité.

Penchée par-dessus les ombres, je fouille l’obscurité, mes prunelles à la recherche de quelque chose sans rien trouver. Tout n’est qu’une déclinaison de nuances de noir. On croirait percevoir les ombres des statues qui ornent le parc, les arbres ou la cabane du garde-chasse : ce n’est que notre esprit qui appose ce que nous connaissons par cœur sur une toile vierge de toute couleur. Sauter dans l’inconnu dont on se figure les détails sans pouvoir en être certains. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite devant l’inconséquence d’une telle imprudence, devant tout ce qu’elle avait de fou et de tellement savoureux. C’était repousser un peu plus les limites qui ceinturaient le commun des mortels, faire fi de la plus élémentaire des sagesses et se draper d’une confiance souveraine, avec toute l’arrogance dont nous étions capables. C’était le faire ensemble, ce qui n’ôtait rien au plaisir qui vibrait déjà en moi, coulant une langue de feu jusque dans mon estomac rongé par l’impatience, bien au contraire. Une seconde, juste une dernière, mon regard clair accroché à celui de mon meilleur ami, accompagné d’un sourire infini et d’une question qui n’en avait pas les accents. Puis, d’un pas, je franchis les quelques centimètres qui me maintenaient encore hors de portée de ce vide vertigineux.

La chute emporta avec elle toutes les pensées qui tentaient encore de résister. Les secondes duraient des heures et je ne discernais plus rien qu’une coulée noire qu’un pinceau malhabile aurait laissé à la place de Poudlard, vaguement teintée de quelques touches dorées, sans que je ne prenne conscience de la vie qu’elles manifestaient. Le cri qui s’échappa d’entre mes lèvres parvint à mes oreilles avec un léger temps de retard et se transforma bien vite en un rire décomplexé. Il y avait quelque chose d’incroyablement jubilatoire à tomber sans craindre la mort. Un sentiment d’absolu auquel je mis fin d’un geste assuré. Pas une seule seconde, la pensée d’un accident n’avait frôlé mon esprit. Bien sûr, je savais qu’un tel plongeon pouvait s’avérer mortel, sans appliquer ce fait à ma propre personne. En revanche, elle se permit de le faire alors que mes yeux opalins cherchaient mon meilleur ami entre les ombres. C’était stupide de concevoir le pire mais la griffe pointue de la peur avait devant elle un boulevard dès lors qu’il s’agissait du Serpentard. Une émotion incontrôlée qui n’avait que faire du bon sens — Junior était un excellent joueur de Quidditch et un sorcier qui volait merveilleusement bien, il ne risquait pas de tomber sans être en mesure de se rattraper — et se nourrissait plutôt de craintes profondément ancrées. Quelques ricanements percèrent le silence environnant, chassant en même temps ces sombres perspectives. Il me fallut encore quelques secondes pour percevoir sa silhouette pâle et ses cheveux bruns ébouriffés mais le son de son rire m’avait suffi. Une goutte glacée sur le bout de mon nez m’arracha de ma contemplation et me fit lever le visage vers le ciel. ll paraissait soudainement blanc a en être éblouissant, les nuages gorgés d’une neige qui était en avance.

Quelques flocons ne pouvaient pas grand-chose face à la présence de mon meilleur ami. Certes, il neigeait, certes, nous n’étions qu’en novembre, mais enfin, il y avait bien plus palpitant, comme ce saut dans le vide que nous venions de partager avec une témérité qui ne m’était pas étrangère mais qui aurait sûrement provoqué une crise d’anxiété à la mère de Junior si elle avait eu le malheur d’en être la témoin. Sans crier gare, les doigts de celui-ci arrêtèrent la lente progression de mon balai et ses lèvres s’emparèrent des miennes, y déposant une chaleur d’autant plus brûlante qu’elle contrastait avec la vive fraîcheur laissée par cette chute et accentuée par les quelques abandons de neige sur ma peau. Je m’y abandonnai toute entière, oubliant tout de ce saut inconscient et de cette promenade nocturne, jusqu’aux sentiments qui n’étaient pas directement avivés par ce baiser sans retenue. Les semaines, les mois passaient et ces désirs adolescents se transformaient, bien moins innocents avec le temps. Il semblait que celui où nos lèvres se pressaient prudemment, avant de s’écarter comme si de rien n’était, appartenait à une autre vie. Ces retrouvailles passèrent trop vite, bien trop vite, laissant derrière elle un étrange goût de frustration qui déposa brièvement un voile boudeur sur mes traits. Une humeur qui s’évapora en un battement de cils, laissant place à un questionnement à peine murmuré, le souffle maltraité par la fougue de cet élan. Sa réponse me priva de réplique moqueuse pendant une longue seconde — ma verve désintéressée de cette mauvaise foi qu’il affichait avec un orgueil princier — et, même lorsque ma langue redevint acérée, mon regard égrenait une toute autre mélodie. « Ah oui ? Alorrrs à quel point m’aimais-tu jusqu’à prrrésent ? » soufflai-je finalement pour toute réponse. S’il connaissait tout de moi et que je connaissais tout de lui, la clairvoyance était teintée de nombreuses zones d’ombre. Certes, elles s’étaient éclaircies avec le temps, mais toutes avaient comme trait commun d’être liées à ces sentiments que nous avions mis une éternité à comprendre, une autre à avouer, et deux ou trois à nommer. Toujours à demi-mot, cela allait sans dire. Plus que des mots, c’étaient des gestes et des preuves par centaines qui épelaient un mot que nous avions rarement prononcé, c’était cette sensation de chaleur dans ma poitrine et ces certitudes ancrées que nul avenir n’existerait sans lui. Ça et un millier d’autres choses encore. Une tempête de neige pouvait bien s’abattre sur nous, cette fièvre-là n’aurait aucun mal à me tenir chaud. « Rrremontons. » fis-je soudainement, amorçant un geste pour enrouler ma main autour de la sienne et ne pas lui laisser le choix de me suivre. Immobile, mes doigts contre les siens, je lui lançai un regard taquin et un sourire goguenard chargés de quelques notes plus sérieuses. « Au vu de tes attentions à l’arrrivée, j’ai bien envie de sauter encorrre quelques fois. Au moins trrrois, ou quatrrre. »

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyDim 16 Jan - 17:33

Dernière conquête
sur les toits de Poudlard
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Derrière une question aux allures de bêtise, presque de plaisanterie, il se cachait quelque chose de beaucoup  plus profond. Quelque chose que nous savions déjà tous les deux, je crois. Si je sautais, il était évident qu'elle sauterait également... Et l'inverse était  tout aussi vrai. N'avions-nous pas eu mille et une occasions de nous le prouver, déjà ? Toutes les guerres menées, main dans la main, tous les risques pris, les obstacles surmontés... Je ne l'aurais pas fait pour une autre qu'elle et j'aimais à croire qu'elle ne l'aurait pas fait pour un autre que moi. Pour beaucoup, ça n'était que des caprices d'adolescents, des restes de l'amitié enfantine qui s'était tissée entre nous dès le premier jour. Pour d'autres, ça n'était que la preuve de l'influence néfaste d'Erin, de mon manque de caractère, de l'inégalité évidente de notre relation... Je me laissais mener par le bout du nez, elle en profitait, nous nous en lasserions tous les deux un jour... Mais ça allait bien au-delà de ça. Ça allait bien au-delà de tout ce que le monde ne serait jamais en mesure d'imaginer, de toutes les intentions qu'il consentirait un jour à nous prêter.

Elle me fait savoirrr qu’elle n’y est pourrr rrrien et aimerrrait bien qu’on arrrête de l’accuser de tous tes crrrimes.
Quels crimes ? Je suis l'innocence incarnée !

L'avais-je seulement été un jour ? Honnêtement, j'en doutais un peu. Il était certain qu'elle avait su réveiller chez moi bien des choses endormies, qu'elle n'en attisait pas toujours que le meilleurs mais je ne l'accusais jamais sérieusement de tous les maux du monde. Je laissais à d'autres le loisir de le faire, de toute façon, personne n'avait attendu mon accord pour ça. Ma mère en tête de liste, évidemment... Thaddeus pas loin derrière... Parfois, je me demandais si ça n'était pas seulement la peur qui brouillait à ce point leur perception ? Ma mère avait vu tous ses rêves et espoirs s'évanouir face aux larmes d'Erin... Thaddeus s'était vu moins indispensable qu'il ne se l'était imaginé et devait avoir conscience que sa place n'était plus aussi acquise qu'elle ne l'avait été un jour... Un brin de jalousie, peut-être aussi...? Après tout, pour l'un comme pour l'autre, je m'émancipais, j'allais voir ailleurs, je me perdais dans d'autres bras... L'exclusivité n'existait plus ou, si elle existait, elle revenait à une autre. Ils restaient là, spectateurs déçus d'un bonheur dont ils n'étaient plus qu'une faible part, impuissants. Je ne sais pas si c'était vraiment ça qui animait mon ami, il y avait des zones d'ombre qu'il ne valait pas mieux éclairer – surtout que ça n'aurait été là qu'une occasion de plus de cracher sur Erin – mais un semblant de fierté mal placée me faisait prendre plaisir à l'imaginer. Comme si, en souvenir du bon vieux temps, j'étais resté le centre de son univers, l'indispensable double auprès duquel il avait grandi. Enfin, ce soir, ça n'avait aucune importance. Un dernier regard plein d'une moquerie tendre qui lui allait à ravir et elle se laissa tomber dans le vide, m'arrachant une inquiétude brûlante, quand bien même je savais pertinemment de quoi il en retournait. Je finis par lui emboîter le pas, laissant la nuit et le vent m'envelopper violemment. La chute me sembla interminable, à peine ponctuée par les éclats colorés qui passaient comme des étoiles filantes devant mes yeux embués. Son rire résonna au loin, étouffé, repère rassurant au milieu des ténèbres de cette nuit un peu folle. Un geste sec, vaguement angoissé, mit fin à cette expérience à la fois effrayante et grisante. Si je ne me sentais jamais aussi vivant qu'en existant aux côtés d'Erin, ce soir dépassait tout ce que j'avais toujours connu. Cette vie qui ne tenait qu'à un fil, et nous qui jouions à lui tourner autour ciseaux en main... Se savoir parfaitement en sécurité mais flirter si fort avec le danger qu'on brouillait les certitudes... Un « sait-on jamais » palpable, bruit de fond d'un vol qui n'en était pas vraiment un. Et seulement là, une fois installé sur ma monture, les jambes pendant dans ce vide qui aurait pu m'engloutir tout entier, je m'autorisai à rire. Un de ces ricanements stupides, à la fois soulagé et incrédule. Un de ceux qu'on ne contrôle pas vraiment, servant de soupape pour évacuer un trop plein d'émotions fortes.

Il ne me fallut qu'une seconde pour remarquer la silhouette parfaite de ma meilleure amie qui se découpait dans le décor sombre. Son visage pâle levé vers le ciel, elle était plus belle que jamais. Je n'ai jamais su si c'était d'avoir joué avec la mort ou d'avoir poussé à la folie le lien incroyable qui nous unissait mais la vague d'amour qui se fracassa littéralement sur moi au moment où mon regard se posa sur elle fut plus forte et évidente qu'elle ne l'avait jamais été. Oh, je commençais à avoir l'habitude de ressentir des choses semblables, à y mettre des mots sans le silence de mes pensées, j'admettais sans mal que je l'aimais puisque tout en moi avait l'air de vouloir l'admettre aussi... Mais ça n'avait jamais été si brutal, si clair, si puissant. Je me posai en obstacle sur sa route et laissai mes lèvres retrouver les siennes dans un baiser presque vital. C'était étrange comment le temps avait bien fait son œuvre, comment de l'incertitude timide des premiers jours nous en arrivions désormais à... tout autre chose. Le piédestal sur lequel ma Reine s'était hissée bien des années plus tôt ne vacillait toujours pas – sûrement qu'il ne vacillerait jamais – mais il devenait plus accessible et elle peut-être plus humaine. La limite que j'avais inconsciemment érigée entre ce que je pouvais espérer d'elle et ce que j'aurais pu espérer d'une autre devenait poreuse. Elle était toujours cet être incroyable, merveilleux, presque divin... mais elle se révélait désirable, faisant naître en moi bien plus que des envies vaguement suicidaires. Ça se faisait plus évident au fur et à mesure que les victoires s'amoncelaient... et là, au milieu de cette nuit qui n'appartenait qu'à nous, alors qu'on pouvait plaquer sur ce grand saut bien des idées implicites, il m'était impossible de feindre l'indifférence. La bouderie qui se posa sur son visage alors que je me reculai m'arracha un sourire satisfait avant qu'elle ne m'interroge sur mes impressions. C'était difficile d'expliquer vraiment ce saut que je n'aurais jamais imaginé faire un jour aussi je me contentai plutôt de mettre des mots sur le reste. Sans réaliser que c'était peut-être plus vrai et plus clair que d'ordinaire. Si nous ne cachions plus les sentiments que nous éprouvions l'un pour l'autre, c'était tout en périphrase, en discrétion, en acte bien plus qu'en mot... Nous savions bien plus que nous le disions... Et là, c'était sorti avec un naturel presque troublant, à deux doigts d'un « je t'aime » souvent pensé mais jamais prononcé tel quel. Je ne pris pas la peine de m'en troubler. Si nous devions passer notre vie ensemble comme nous commencions très sérieusement à le projeter, il était évident qu'elle finirait un jour par l'entendre. Je n'avais aucunement l'intention de verser dans la guimauve collante, lui servant des déclarations à la moindre occasion... mais peut-être ne retiendrais-je pas éternellement l'évidence non plus.

Ah oui ? Alorrrs à quel point m’aimais-tu jusqu’à prrrésent ?
Déjà trop pour mon propre bien, répliquai-je dans un sourire à la fois charmeur et moqueur, et certainement beaucoup plus que tu ne l'imaginais.

Et beaucoup plus que je ne l'aurais jamais imaginé non plus... J'avais toujours pris les histoires d'amour comme une simple question de convenance, une relation tranquille à l'instar de celle de mes parents – du moins, celle que je leur prêtais enfant. Des liens de confiance, un respect évident, une affection sincère... Quelque chose de posé, de mesuré, de convenable... Rien qui poussait dans des retranchements douloureux, rien qui faisait passer du rire aux larmes, rien qui arrachait des cris ou faisait claquer des portes, rien qui tirait de la folie douce ou qui faisait littéralement perdre le sens des réalités... Rien qui ressemblait à ce que nous connaissions et, pourtant, aujourd'hui, si on me posait la question, je serais obligé de reconnaître que je ne voulais rien de moins que cette dépendance peut-être un brin dangereuse. La main d'Erin se saisit finalement de la mienne et je la lui abandonnai sans opposer la moindre résistance.

Rrremontons.  Au vu de tes attentions à l’arrrivée, j’ai bien envie de sauter encorrre quelques fois. Au moins trrrois, ou quatrrre.

Sa bêtise m'arracha un rire amusé, un rien gêné...? Comme si elle venait de me reprocher la fièvre qui m'avait emporté... qu'importe si j'avais bien conscience qu'il ne s'agissait d'aucun reproche en réalité.

Aucun besoin de sauter pour en profiter... Je veux bien te les offrir même sans avoir vu ma dernière heure arriver juste avant.

Mais, quoi qu'il en soit, je lui obéis avec une sagesse exemplaire et remontai enfin, sa main toujours dans la mienne. Notre ascension, après une telle descente, me parut d'une lenteur affolante. Je n'étais pas pressé, conscient que pour filer à vive allure, il nous faudrait nous séparer. Si nous savions l'un comme l'autre voler sans grande prise sur le manche de nos balais, le faire ainsi attachés ensemble s'avérait bien plus compliqué...

Quand est-ce que le jour se lève, déjà ?

Sûrement qu'il nous resterait encore de longues heures à tuer mais j'aimais assez l'idée de regarder le soleil se réveiller. Ça avait fait partie des choses habituelles de notre enfance : observer les étoiles, refaire le monde, ignorant Morphée avec une insouciance adorable ; mais aujourd'hui, Poudlard avait fait un peu changé la donne... Mais puisque nous étions là...?
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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyMer 2 Fév - 3:56



( dernière conquête | JUNIOR ♚ ERIN )
Derrière cette bêtise insensée se dissimulait une vérité, encore toute nouvelle à l’échelle de cette décennie passée aux côtés de Junior. Cela ne faisait même pas un an que nous avions soulevé le pan de tissu lourd qui recouvrait des non-dits pourtant criants. Il nous avait fallu bien peu de temps pour nous en accommoder. En prendre possession, la faire nôtre, savourer tout ce qu’elle apportait de passionnant et remettre à plus tard tout les détails plus effrayants. Nous nous étions battus une fois l’un contre l’autre, une seule. Les querelles par centaines qui ne heurtaient que nos fiertés ne comptaient pas : elles n’étaient pas de ces guerres qui menacent de tout faire brûler. Une fois de trop, suffisante pour me rendre compte que je détestais prendre les armes contre lui. Chacune de ses blessures faisait saigner les miennes et nous plonger dans une telle douleur relevait purement et simplement du masochisme. Est-ce que c’était ça, grandir ? Acquérir une certaine maturité qui repoussait au loin les disputes les plus violentes parce qu’on connaissait maintenant le goût de la perte, la vraie, celle que l’on pense irrémédiable ? Les répudier pour ne conserver que les chamailleries innocentes qui tirent des sourires autant que des soupirs ? Plus je me perdais dans son regard bleu, plus les jours nous rapprochaient de la fin de notre scolarité à Poudlard, plus ce futur se teintait de certitudes et moins je parvenais à imaginer un sens à un monde dont il ne faisait pas partie. C’était déjà le cas, bien avant que l’ombre funeste du fiancée lointaine ne mette en péril ce lien précieux, mais ça avait grandi, en même temps que nous. Et, maintenant que mon orgueil ne risquait plus de souffrir d’un abandon qui dépassait, de loin, les simples limites d’une fierté abîmée, je n’avais plus à cacher cette réalité. Ainsi, derrière sa question qui jetait les contours d’une nouvelle bêtise, il y avait une évidence immuable. S’il sautait, je sautais. S’il fallait sauter pour lui, je sautais. Et juste après que nos mauvaises fois respectives refusèrent de s’accorder sur qui était réellement le criminel et qui était la victime innocente, je sautai. Comme la preuve — dont nous n’avions pas besoin —, jetée à l’attention olympienne de la nuit matinale, d’un équilibre un peu fou et qui échappait à bien des regards.

La chute se révéla à la hauteur de la proposition : déraisonnable, démesurée et fantastique. C’était quelque chose de tomber d’un Sombral en plein vol et de s’écraser, après quelques secondes comme suspendues entre l’éternité et la fin de tout, dans les eaux sombres du lac ; c’en était une toute autre de sauter volontairement dans les ombres qui régnaient en maîtres sur le château et son domaine. La vague inquiétude face à l’absence de mon meilleur ami vola en éclats que celui de son rire perça la nuit. Un sourire aux lèvres, je me laissai aller à la contemplation de cette neige qui venait de me chatouiller le bout du nez et qu’on apercevait pour l’instant qu’à grand renfort d’une observation minutieuse. Dans laquelle je n’eus pas le temps de pleinement me perdre, arrachée à elle par un baiser qui pouvait bien s’arroger tout ce qu’il désirait si cela lui chantait. Ses lèvres brûlantes après le froid glacial de la chute libre avaient une saveur bien particulière. Et ce n’était pas lié uniquement à leur chaleur. Elles réveillèrent un feu brûlant au fond de ma poitrine dont les flammes se répandaient jusqu’au bout de mes doigts, attisant sentiments et désirs mêlés dans un éclatant brasier. L’innocence pudique des premières fois avait laissé sa place à une version plus enflammée qui n’était pas pour me déplaire. Les voilà, le criminel et l’innocence incarnée, si indistinctement entrelacés qu’ils ne faisaient plus qu’un. Des bêtises et des baisers qui soufflaient, les unes après les autres, cette même vérité, celle qui dépassait les paroles, trop simples, et les écrits, trop primitifs. Un jour, elle viendrait briller à mon doigt — je le savais sans le savoir —, non pas pour nous rassurer mais parce qu’il fallait l’afficher au monde qui ne comprendrait jamais rien d’autre que les alliances teintées d’or et d’argent. Une concession futile, encore plus présentement. Tout ce que je voulais, je l’avais déjà. C’était Junior et ce baiser auquel il mit fin, déployant mon mécontentement.

Comme tous les autres — depuis… depuis trop longtemps déjà, c’en était devenu une habitude —, il ne dura pas, assassiné par des émotions qui prenaient systématiquement le dessus. Un plaisir incomparable, des taquineries aux saveurs d’antan, des promesses qui n’auraient pas de fin, des limites qu’on ne cessait de repousser, avec une facilité déconcertante et une évidence aveuglante. Les mots nous avaient souvent fait défaut — combien de querelles débutées sur une incompréhension et achevées sur un acte qui en disait long ? — alors nous nous prouvions les choses plus que nous nous les déclarions. La plus flagrante concernait sans aucun doute ces sentiments dont nous ne nous cachions plus mais qui n’avaient jamais franchi nos lèvres tels quels. Je lui avais déjà demandé ce que cela ferait, si j’étais tombée amoureuse, et la suite de cette conversation n’avait laissé planer aucun doute sur l’identité de la personne. Il y avait eu ça et probablement bien d’autres fois. Aucune n’avait si vaillamment déchiré toute la pudeur de ces déclarations pour s’approcher plus véritablement que jamais d’un aveu sans fard. Si cela me laissa sans voix, une seconde ou deux, je n’en retrouvai pas moins toute ma moquerie, quoique teintée d’une douceur qu’il était le seul capable d’éveiller. « Je te trrrouve pourrrtant en parrrfaite santé. » répliquai-je dans un sourire, avant de rajouter : « Et tu sous-estimes mon imagination. » En réalité, cela avait demandé du temps avant que je ne me questionne sur cet amour qui ne convenait plus à une amitié traditionnelle. Nous ne l’avions jamais été, traditionnels, dépassant toutes les limites qu’on tentait de nous imposer. Mais il avait toujours été mon ami, mon meilleur ami, jusqu’à ce qu’il me soit impossible de me passer de lui, jusqu’à ce que l’enfance laisse place à des âges plus hardis et que l’affection grandisse, encore et encore, implosant parce qu’on ne lui permettait pas de s’exprimer, trouvant sa voie dans des disputes aux relents de jalousie et d’incompréhension adolescente.

Sauter en chute libre semblait rendre Junior plus démonstratif qu’à l’accoutumée et j’étais, pour ma part, tout à fait disposée à l’écouter. Alors pourquoi ne pas sauter encore une fois, deux, trois ou quatre ? Mes doigts se glissèrent contre les siens avant que ma moquerie ne l’enveloppe, lui tout entier. C’était une façon — peut-être pas la plus adroite mais depuis quand étions-nous devenus parfaits au petit jeu des mots sensés ? — de lui faire comprendre que ses paroles étaient charmantes et loin de me déplaire. Que ce qu’elles couvaient de trop romantiques pour nous n’avait peut-être rien de trop. « Me voilà rrrassurrrée. Il y aurrrait eu un conflit d’intérrrêts entrrre prrrofiter d’une aussi douce confession et devoirrr te fairrre rrrisquer ta vie à chaque fois pourrr l’obtenirrr. » Je laissai sans trop de regrets notre saut derrière nous mais repris quand même la voie de ces tours immenses dressées en direction du ciel, maniant mon balai à une main, l’autre bien trop à sa place pour que je pense à l’en retirer. C’était bien moins aisé que de voler avec toute la stabilité offerte par une prise assurée, mais ça m’était égal, c’était très bien ainsi. Nous étions descendus à toute allure, pris dans une folie inconsciente, nous pouvions prendre le temps de remonter aussi lentement que cela nous chanterait. « L’as-tu seulement su un jour ? » ricanai-je en portant mon regard clair jusqu’à lui. Pour quelqu’un qui avait la fâcheuse habitude de se réveiller à midi dès que cela lui était possible, j’en doutais. « Je dirrrais sept ou huit heurrres ? » Je n’en savais pas beaucoup plus que lui, en réalité, tout au plus avais-je une vague notion des lueurs de l’aube qui perçaient enfin la morosité de la nuit lorsqu’il fallait se lever particulièrement tôt pour suivre un cours qui avait eu la mauvaise idée de se placer aux premières heures de la journée. Enfin, derrière son interrogation, j’avais envie d’y déceler une invitation à ne pas rentrer tout de suite. Ne pas rentrer du tout de la nuit, même. Mes yeux opalins jetèrent leur dévolu sur des saillies qui ceignaient le haut d’une tour, avant que le toit ne s’élève, comme le faisaient les fraises des courtisans il y a fort longtemps, et sans nous presser plus, nous en prîmes la direction. Elles offraient un espace bien plus confortable, tout en surplombant une bonne partie du reste du château et l’entièreté du parc encore plongé dans les ombres. Quelques flocons de neige têtus accompagnèrent notre cheminement jusqu’aux pierres où nous posâmes finalement le pied. « Je ne m’étais pas trrrompée : tu es bien inspirrré ce soirrr. » soufflai-je à l’attention de mon meilleur ami quand nos balais redevinrent des objets inertes entre nos doigts. « Que dirrrais-tu de ce trrrône pourrr le rrreste de la nuit ? » Un geste ample engloba les pierres, celles sous nos pieds, celles qui s’avançaient au-dessus de nous et qui marquaient le début d’un toit élancé, celles qui se fondaient dans un mur poli par les âges. Pour le reste de la nuit ou jusqu’à ce que le froid nous chasse de notre royaume.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyDim 27 Fév - 15:44

Dernière conquête
sur les toits de Poudlard
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault
Peut-être que nos rires arrachés par la chute avaient réveillé le château tout entier, peut-être qu'ils étaient là, tous, accrochés aux fenêtres à la recherche des troubles-fêtes qui les avaient tirés de leurs songes... mais je n'en avais que faire. Nous étions trop bien enveloppés par l'obscurité pour qu'on nous aperçoive rien qu'un instant... C'était étrange comme, même ça, ça avait changé au  contact d'Erin... J'avais grandi en marchant dans les traces de mon père, j'avais pris de lui bien des mauvais côtés comme l'envie de me montrer à la moindre occasion, d'évoluer sous les yeux d'un monde que j'aimais à imaginer jaloux et envieux. Faire l'étalage de connaissances volontairement grossies, de biens souvent mal acquis, d'un entourage qui filerait au moindre souci... Je voulais mon nom sur toutes les lèvres, qu'on enrage, qu'on s'extasie... mais auprès d'elle, j'avais appris à voir les choses autrement. J'avais appris à garder pour moi tout ce qu'il y avait d'important, à ôter aux regards profanes ce à quoi je tenais vraiment. Il n'était pas question de me vanter d'avoir à mes côtés la femme la plus extraordinaire qui soit, seulement de laisser flotter un doute assez immense pour qu'on suppose qu'elle n'était plus à prendre sans pour autant l'avouer rien qu'un instant. Qui savait, réellement, à part mes parents et les siens ? Et encore, parce que personne ne nous en avait laissé le choix... Le combat que nous avions mené contre les miens avaient nécessité ce sacrifice et, si je ne le regrettais en rien puisque nous avions remporté la bataille, je n'étais pas prêt à le faire à nouveau. Les liens qui nous unissaient, ceux sur lesquels beaucoup avaient tant craché, n'appartenaient qu'à nous. Et ce soir, alors que mes mots se faisaient moins implicites qu'ils n'en avaient l'habitude, ça me parut plus vrai que jamais. Nous évoluions dans un monde où l'humanité n'avait aucune prise, où elle n'existait pas, vagues ombres auxquelles nous n'accordions pas la moindre attention. Il n'y avait qu'elle, éblouissante. Plus merveilleuse encore chaque jour que je passais à ses côtés. J'avais envie de croire que ça ne cesserait jamais, que dans cinquante ou soixante ans, je poserais encore sur elle le regard un peu émerveillé que j'avais aujourd'hui.

Je te trrrouve pourrrtant en parrrfaite santé. Et tu sous-estimes mon imagination.

Mon sourire ne put que s'agrandir en l'entendant alors que je haussai un sourcil dubitatif, un brin arrogant peut-être.  

Je ne sous-estime rien du tout, mon ange, bien au contraire.

Le ton se voulait sérieux mais la lueur taquine qui brillait au fond de mon regard laissait entrevoir le contraire... Pourtant, ça n'était pas totalement faux, j'étais tout-à-fait prêt à admettre que son imagination pouvait faire des miracles mais je savais avec certitude que les sentiments que j'éprouvais pour elle dépassaient tout entendement. Rien que moi, souvent, je m'étonnais de voir combien ils pouvaient être forts et présents, toujours davantage, toujours plus évidents. On ne m'avait jamais préparé à quoi que ce soit de tout ça. Loin de là... Il avait toujours été question d'être régi par la raison, de ne pas se laisser aveugler par des choses aussi subjectives et fragiles, garder la tête froide. On me voulait aussi indifférent que mon géniteur, aussi calculateur. Penser pratique avant tout, voir loin. Au lieu de quoi je me laissais guider par les envies de ma Reine, j'enchaînais les compromis, j'étais prêt à jouer ma vie pour elle... Littéralement, comme ce soir, ou plus métaphoriquement, comme ces derniers mois. Renoncer à tout pour l'assurance de la garder, elle... Sans l'ombre d'une certitude... Mais qu'importe. C'était un échec lamentable mais un échec dans lequel je me complaisais sans rougir. Je m'émancipais de la plus douce des manières et je devais bien admettre que je n'en étais pas peu fier. La main d'Erin finit par se saisir de la mienne et l'entraîna à sa suite sans que je n'oppose la moindre résistance. Je ne savais pas ce que nous réservait cette nuit mais je me savais prêt à y plonger sans hésitation.

Me voilà rrrassurrrée. Il y aurrrait eu un conflit d’intérrrêts entrrre prrrofiter d’une aussi douce confession et devoirrr te fairrre rrrisquer ta vie à chaque fois pourrr l’obtenirrr.
Je ne vois pas de quelle confession tu veux parler, soufflai-je avec une innocence bien mal en point. C'était le choc, sûrement, j'ai dû délirer.

Notre remontée était plus longue et moins aisée que la descente. Une main sur le manche de mon balai, l'autre accrochée à celle de ma meilleure amie comme si ma vie en dépendait, mes gestes étaient moins précis, mon cap plus incertain... Mais qui s'y intéressait ? Certainement pas moi ! Je préférais avoir du mal à maîtriser ma monture plutôt que d'avoir à rompre le lien physique qui nous unissait désormais.

L’as-tu seulement su un jour ?

Je pris grand soin de m'offusquer d'un « eh » spontané avant de ricaner avec elle. C'était horriblement bas, ça ! Je n'avais jamais hésité à renoncer à mes grasses matinées pour la suivre Merlin seul savait où, à abandonner Morphée pour me glisser entre ses bras à elle ! Combien de fois avions-nous vu le jour se lever parce que la nuit avait filé avant que nous daignions le remarquer ? Combien de bêtises avaient pris fin au petit matin ? Combien de jours s'étaient levés sur les mondes que nous avions refaits ? C'était petit, même pour elle. Mais elle avait de la chance, j'étais peu disposé à bouder pour de vrai.

Je dirrrais sept ou huit heurrres ?
Parfait.

C'était assez loin pour que nous puissions profiter de la tranquillité que nous offraient les hauteurs et la nuit. Madame prit la direction d'un endroit plus confortable, là où il nous serait vraiment possible de nous poser un instant. Je ne doutais pas qu'elle finirait par se lasser et que nous reprendrions notre exploration à un moment ou à un autre mais je ne disais pas non à un moment tranquille après le grand saut. La neige continuait de tomber doucement, quelques flocons flottant ici ou là, brillants au clair de Lune. Ça n'était pas vraiment un temps à rester dehors... et pourtant... Que risquions-nous sinon quelques gorgées de pimentine demain ?

Je ne m’étais pas trrrompée : tu es bien inspirrré ce soirrr.
« Tout le temps », tu veux dire.

Je me drapai d'une prétention qui m'était habituelle et je finis par étouffer un rire un peu idiot en abandonnant mon balai sur les tuiles humides. Mes doigts vinrent chasser quelques flocons téméraires et accrochés aux cheveux de la Poufsouffle.

Que dirrrais-tu de ce trrrône pourrr le rrreste de la nuit ?

Mon regard se fit tendrement las avant que je ne hoche la tête, de nouvelles taquineries étirant mes lèvres.

Je ne sais pas qui te l'a soufflée mais c'est une excellente idée.

J'hésitai une seconde face aux taches sombres qui maculaient notre morceau de toit mais je finis par m'installer à même les tuiles malgré tout, face à l'immensité obscure qui nous entourait toujours. Je récupérai la main d'Erin et tirai doucement sur son bras pour l'attirer jusqu'à moi. Je l'enlaçai enfin pour de vrai, débarrassés de l'obstacle de nos balais, et lâchai un soupir heureux. Au loin, une chouette se fit entendre, le vent fit brièvement danser les ombres des arbres de la forêt... Et nous, nous étions au-dessus de tout ça, dans tous les sens du terme. Les rois du monde, pour la première et sûrement la dernière fois.

J'ai hâte qu'on raconte à nos enfants comment Poudlard est devenu « notre » château. Qu'ils arrivent ici en terrain conquis.

Du coin de l’œil, j'observais ses réactions, attendant avec une impatience presque enfantine ce que j'allais pouvoir en tirer... Mais derrière l'envie de l'embêter une fois encore se cachait quelque chose de plus sérieux, d'autres sujets qu'on abordait jamais...
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Message(#) Sujet: Re: Dernière conquête — ERIN & JUNIOR Dernière conquête — ERIN & JUNIOR EmptyJeu 3 Mar - 3:22



( dernière conquête | JUNIOR ♚ ERIN )
« Je crrrois… » Ce n’était qu’un murmure, à peine un souffle plus léger que les flocons qui tombaient à une lenteur affolante de ce ciel d’encre, ralentissant tout autour d’eux. Un murmure rapidement balayé par un sourire profond, comme seul Junior savait en faire naître. L’expression d’une pensée diffuse qui venait d’éclore, projetant quelques étincelles dans les recoins de mon esprit. J’avais beau considérer que je comprenais ces sentiments à la perfection, chaque nouveau jour me prouvait le contraire. Des offenses que je pensais être le fruit d’une possessivité amicale portaient finalement le nom de jalousie ; nos étreintes innocentes étaient devenues vitales ; ces baisers timides, par le passé, ne traçaient aujourd’hui les contours d’envies brûlantes. Dès les premières entorses à la bienséance, il était devenu évident que le Serpentard était plus. Jusqu’à ce qu’il devienne tout, au point que je sois prête à toutes les extrémités imaginables pour qu’il ne m’abandonne pas. Et même maintenant que ces émotions étaient une habitude, il restait encore des zones inexplorées sur lesquelles nous levions, petit à petit, un voile qui semblait infini. Je crois que ça m’allait. De ne jamais cesser de m’étonner de cette chaleur diffuse dans ma poitrine à chaque fois que Junior utiliserait des mots nouveaux ou qu’il les assemblerait différemment. De découvrir que les limites de ces sentiments étaient encore plus immenses que je ne le soupçonnais. Et qu’il n’était pas le moins du monde risible, finalement, d’entendre ces douces paroles. Bien sûr, tout cela n’était vrai que parce qu’il s’agissait de mon meilleur ami : venant de n’importe qui d’autre, le ridicule serait immense. Mais comment pouvait-il seulement y avoir qui que ce soit d’autre ? « … que je ne me lasserrrai jamais de rrrepousser les limites de notrrre imagination. » J’en étais même plutôt certaine. Rares étaient les fois où le doute avait pu faire entendre sa voix — elles se comptaient sur les doigts d’une main et n’étaient que des mauvais souvenirs qui appartenaient au passé — et il était des plus muets ce soir, alors que nous semblions plus seuls au monde que jamais, maîtres d’un royaume dont nous définissions les contours comme bon nous semblait.

Nous finîmes par entamer une seconde ascension, mes doigts glissés entre les siens. La chute avait été terrible et parfaite, complètement folle et excitante, mais c’était la perspective de pouvoir trouver un perchoir sur lequel nous réfugier qui m’animait, plus que celle de sauter dans le vide une nouvelle fois. Le besoin irrépressible d’être toujours en mouvement et l’impatience face à l’inaction s’effaçaient aussi simplement que cela en présence du Serpentard. Passer des heures dans ses bras était finalement aussi divertissant que de se lancer dans une nouvelle aventure, quand bien même je ne disais jamais non à l’une d’entre elles, particulièrement quand elles promettaient d’être aussi douces et délicieuses que celle de ce soir. Heureusement pour nous deux — même si j’avais adoré l’expérience — Junior consentit à m’offrir toutes ses attentions sans qu’il ne faille se laisser tomber de plusieurs dizaines de mètres à chaque fois pour cela. Comme toute reddition de sa part s’accompagnait forcément d’une dose de mauvaise foi, il affirma n’avoir rien confessé du tout. « J’étais pourrrtant sûrrre d’avoirrr entendu quelque chose. » soufflai-je en secouant lentement la tête, avec une innocence au moins aussi soignée que celle de mon meilleur ami. « Il va falloirrr que je prrrovoque un nouveau choc pour le vérrrifier. » Mais ça pourrait bien attendre demain, ou après-demain. Je risquerai nos vies d’ici quelques jours, pour l’instant, l’envie de profiter de cette quiétude ambiante était la plus forte. Nous avions encore toute la nuit devant nous, jusqu’à ce que le jour se lève et que le quotidien de notre scolarité à Poudlard ne nous rattrape. Cela faisait au moins quelques heures à oublier le reste du monde, insipide.

La question de Junior perça l’obscurité, comme un écho à mes pensées. Un ricanement me secoua la poitrine. Comme s’il avait déjà assisté à un seul lever du soleil ! Lui qui dormait jusqu’à midi et ne considérait pas cela comme une grasse matinée ! J’usais de mauvaise foi et il le savait aussi bien que moi — car combien de fois n’avions-nous pas laissé les nuits nous filer entre les doigts pour constater que les lueurs du jour apparaissaient sous nos yeux à peine fatiguées ? — mais n’en profita pas pour autant. C’est qu’il perdait doucement cette mauvaise habitude de vouloir absolument avoir le dernier mot en chaque occasion. Je n’allais pas m’en plaindre, surtout qu’il le faisait encore suffisamment souvent pour m’arracher des roulements d’yeux parfois agacés, plus souvent amusés. Quoi qu’il en soit, nos projets semblaient prendre le même chemin : celui de perdre ces heures — dont le nombre était incertain — qui nous séparait du petit matin à ne rien faire d’autre que de profiter de ce nous si précieux. J’avisai un recoin plus étendu sur lequel nous pourrions nous asseoir sans manquer de tomber au moindre mouvement et, quelques secondes plus tard, nous y posions le pied, les balais rapidement relégués dans les ombres de l’indifférence. « Ce serrrait trrrop prrrétentieux, même pourrr toi. » répliquai-je alors que mes yeux clairs accrochés à ces mouvements suivirent ces doigts jusqu’à ce que ceux-ci disparaissent le long de ma chevelure. « Disons… souvent. » concédai-je malgré tout. C’était lui qui avait eu cette idée improbable, lui également qui avait trouvé l’endroit parfait pour nos vacances, cet été, et lui encore qui avait proposé que nous sautions. Était-ce mon influence qui le rendait si téméraire ? J’aimais à croire que oui, de la même manière que la sienne adoucissait mon caractère volcanique et faisait émerger des émotions dont il était l’unique témoin.

Sa prétention n’ayant pas d’égale, il n’abandonna pas le combat, mais je me contentai de lever les yeux au ciel face à ce nouvel élan de suffisance. Tout ce que nous ferions ce soir lui reviendrait, de toute façon, comme des lauriers déposés sur le crâne d’un empereur. Toute envie de le contredire fut chassée par son étreinte et par son souffle qui me chatouilla la joue alors que je me laissai aller contre lui, profitant de cette chaleur qu’il dégageait ainsi que de ce parfum qui m’enveloppait déjà. Les yeux mi-clos, le sommeil que j’avais brutalement quitté, réveillée en sursaut par les coups frappés à ma fenêtre, se rappela à moi. Entre les bras de Junior, il était si facile de se détendre et de se laisser bercer par les caresses machinales que j’égarais sur sa peau sans même y penser. Je soulevai ma main libre et l’agitai dans les airs pour nous entourer du confort de quelques degrés supplémentaires. Nous n’étions pas de ces cloportes qui ne pouvaient même pas se réchauffer sous un peu de neige. Une nouvelle fois, alors que seuls les flocons bougeaient autour de nous, ce fut comme si le temps ralentissait, juste pour nous. N’ayant aucune envie de m’assoupir, je gardai les yeux grands ouverts sur les ombres qui n’avaient rien de plus à offrir, détaillant la neige qui maculait ce tableau de petits points blancs. Nous étions au sommet de tout, au-dessus de tous, sans personne pour s’en apercevoir, ce qui rendait l’effet plus agréable encore. Le monde n’avait pas à se rendre compte de notre supériorité, mais celle-ci existait bel et bien. Seuls sur les toits de Poudlard, installés sur un trône sommaire, j’avais la sensation que nous étions, plus que jamais, ce Roi et cette Reine que nous évoquions si souvent.

L’éclat de rire provoqué par les mots de Junior qui brisèrent soudainement le silence s’étrangla à mi-chemin. « Nos enfants ? » Tournant la tête, je plongeai mon regard dans le sien. La descendance était une donnée vague, associée à d’autres, toutes aussi floues… de moins en moins floues. Elle était la suite logique à un mariage qui n’existait pas sans des fiançailles, toutes ces choses qui se précisaient malgré le voile que nous refusions de soulever. Un éclat rieur sur son visage me confirma qu’il se moquait de moi — ou que c’était tout ce que j’étais disposée à constater pour l’instant. « J’ai toujourrrs dit que j’appellerrrai mon fils Finnbjörrrn. Une prrromesse aussi vieille que nous. À moins qu’il ne faille rrrespecter une quelconque trrradition frrrançaise ? Juniorrr Juniorrr, si c’est un garrrçon ? » Le ton empreint d’une ironie palpable, j’eus un petit sourire avant de me replacer contre lui. Néanmoins, parce qu’il me semblait avoir vu une once de sérieux au fond de ses yeux bleus, je rajoutai, après quelques secondes de silence, mes doigts levés pour tenter d’attraper quelques flocons insaisissables : « Enfin, il y a sûrrrement d’autrrres… étapes à considérrrer avant de penser à des prénoms, non ? » Tous ces sujets que nous n’abordions jamais. Ces considérations trop adultes qui flottaient au-dessus de nous, patientes car inéluctables. Il allait bien falloir qu’on les tire de l’ombre. Qu’on affronte le monde et qu’on se plie à ce qu’il attendait de nous, une fois au moins, pour prendre possession de tous nos droits et mieux n’en faire que selon nos envies. Mais pas ce soir. Ce soir, je n’avais guère envie d’épousseter non-dits sur ces sujets qui n’attendaient que nous. Je voulais profiter de ce sentiment de toute puissance et laisser les autres, tous les autres, qu’ils soient nés ou à naître, inexistants. De manière inattendue, je n’étais pas aussi rebutée par cette évocation d’enfants que j’aurais pensé l’être. C’était comme si elle dessinait un futur certain, un futur où nous n’aurions plus à craindre qu’on nous arrache l’un à l’autre, un futur comme nous le voulions. « Ils ne connaîtrrront jamais la saveurrr de tout conquérrrirrr. » fis-je dans un souffle, laissant retomber mes doigts tout près de ceux de mon meilleur ami, admettant pour une dernière seconde de concevoir des probabilités qui n’avaient rien d’enthousiasmantes pour l’heure et qui ne sauraient jamais ce que cela faisait de s’emparer de chaque recoin de ce château et d’en faire un royaume ignoré de la plèbe. C’était quelque chose de vraiment particulier. Des souvenirs qui seraient à jamais parmi les plus précieux.

@C. Junior d'Archambault

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