(#) Sujet: Mêlons, Coupons. Ft Rosalie Mer 10 Nov - 21:13
"Mêlons, Coupons"
En vain pour éviter les réponses amères, en vain tu mêleras; cela ne sert à rien, les cartes sont sincères et ne mentiront pas. - Bizet, Carmen
Daisy s’oblige à ralentir, l’œil vivace autour d’elle, comme pour mieux capter les remontrances silencieuses qu’on pourrait lui faire. Et quoi ? On n’aurait dont plus le droit de courir et déambuler à sa guise dans les méandres de Poudlard ? Sorensen avait-il donc déjà posé une chape de plomb sur l’école ? Daisy regarde derrière elle puis avance à nouveau, les escaliers mobiles sous ses pas empressés. Ils en avaient connu d’autres et le temps des vikings étaient révolus. Une toux à peine, c’est ce que ceux comme le proviseur Sorensen sont dans les couloirs de l’établissement. Un peu de fièvre qu’on soignerait éventuellement avec quelques puissants remèdes.
Daisy a d’autres chats à fouetter.
Elle a un plan précis, simple, carré et censé ne lui prendre que bien peu de temps, le tout dans un but précis, simple, carré et qu’elle compte bien atteindre : Maxwell Carter doit s’excuser.
Comme ça, sur le papier, ça peut sembler anodin mais Daisy rumine tout ceci depuis plusieurs jours voire semaines maintenant et si, dans son bonheur léger et l’exigence de son égocentrisme chronique à ne s’occuper que d’elle-même elle a délaissé temporairement cette idée fixe, la chose lui est revenue comme un boomerang sur le museau, autant comme une occupation bienheureuse qu’en un vaste terrain d’expérimentation adéquate.
Et Merlin, que le terrain est beau. Pas le plus beau – cet épithète est pour le professeur Aylmer uniquement - mais pas loin. Après tout, si Daisy trouve Maxwell parfaitement insupportable et qu’elle préférait largement mourir que de se retrouver sur une île déserte avec lui, elle ne peut nier que pour bien présenter, le préfet et capitaine de Quidditch Poufsouffle présente assurément très bien. Pourtant, ça ne change en rien le fait qu’elle le juge parfaitement puéril, désinvolte, inconséquent et corruptible à l’excès tandis que Max n’a jamais caché qu’il la trouve difficile, fourbe, machiavélique et l’engeance du démon.
Quelque chose dans ce genre.
Le plan nécessite préparation et doigté mais, surtout, une assurance qu’on ne peut trouver que dans les étoiles, les cartes ou encore les marcs de café. C’est bien pour cette raison que Daisy a envoyé un petit message à Rosalie. Une injonction charmante pour un rendez-vous clandestin dans les hautes tours de Divination.
La petite brune passe sa frimousse dans l’entrebâillement de la trappe. L’heure est au déjeuner, il n’y a personne - rien d’autre que des planètes miniatures tournoyant sagement sur un ciel imaginaire, des jeux de tarot, des boules de cristal bringuebalantes sur des étagères trop encombrées.
Daisy souffle légèrement sur ses mains. Il fait froid ici et sa cape épaisse ne suffit pas complétement à la réchauffer. Rosalie n’est pas encore là et une moue glisse sur ses lèvres, l’impatience palpable dans sur le corps nerveux. Elle déambule entre les rayonnages mirifiques. Et si la Gryffondor ne venait pas ? Non, voyons. L’idée est impossible. Entrapercevant son reflet sur un miroir trouble, Daisy rajuste son nœud dans les cheveux pour la seconde fois consécutive. Il vaut mieux préparer la pièce afin que la jolie blonde puisse être à l’aise. Daisy, parce qu’elle mentait à foison, était certaine de pouvoir toujours savoir quand on lui rendait la pareille à ce sujet. Rosalie a de ses accents de sincérité trop vertigineux pour qu’elle ne prenne pas pour argent comptant ses paroles. « La boule de cristal, les cartes… » Elle ramène ce qui est nécessaire sur une des tables rondes revêtue d’une nappe violette en velours.
Un bruit la tire de sa concentration momentannée. « Rosalie ? » Elle soulève la trappe, un soulagement muet zébrant sa poitrine. « Ah ! J’ai failli attendre ! Vraiment, vous autres Gryffondors, vous êtes systématiquement en retard. Tu connais Eloïse ? Elle avait rendez-vous avec Lucinda la dernière fois, elle a dit qu’elle avait du l’attendre deux heures. Par Sainte Mangouste, il y aurait de quoi se transformer en statue de sel. Tu sais c'est une des raisons pour laquelle j'ai abandonné le cours de Potions: j'ai horreur d'attendre. Encore plus avec le visage au-dessus d'un bouillon de trucs horribles. » La main est tendue vers la blonde. « Personne ne t’a suivi ? Cette brigade ? Brrr. Ils ont tous le nez trop long. Ils suivent du regard comme si les élèves avaient des cheveux chewing-gums, franchement, on voit bien qu'ils n’ont rien d’autre à faire. » L’hôpital qui se fiche de la charité mais personne n’irait la contester en cet instant. N’est-ce pas. « Comme si avoir Mary et Blaze en Préfet n’était pas déjà en soi bien suffisant. » L’adolescente referme la trappe et offre un sourire ravie à l’incandescente invitée. « Regarde, j’ai tout préparé. »
(#) Sujet: Re: Mêlons, Coupons. Ft Rosalie Ven 12 Nov - 14:39
( mêlons, coupons | DAISY ✿ ROSALIE )
Tout le secret était de croire en ce que l’on faisait. Et pour y croire, Rosalie y croyait. Sacrément, même. Oh, elle savait bien que don n’était plus le même et que ce qu’elle inventait n’étaient que des mensonges qui maquillaient une bien triste vérité. Néanmoins, ses visions avaient bel et bien existé. Il y avait un temps où, lorsque ses doigts se posaient sur la peau d’individus au regard vorace, l’avenir lui offrait un bref aperçu de ce qu’il leur réservait. Pas toujours, loin de là, et c’était bien de cette manière que la Gryffondor avait commencé les mensonges. Comment Maman aurait-elle pu comprendre que sa fille unique ne parvenait pas tout le temps à saisir les bribes d’un futur immense ? Après tout, n’avait-elle pas déjà huit ans ? Une catastrophe annoncée, en somme. La mort de son grand-père avait bloqué chaque particule de son don, soigneusement enfermé dans un traumatisme que personne n’avait vraiment pris le temps d’écouter. Venu le temps de Poudlard et de recréer l’attention qu’on lui avait toujours portée, ses prophéties étaient autant de moyen de s’assurer l’intérêt de ses camarades que d’ignorer le temps qui grossissait avec l’absence d’une réelle vision. À ce petit jeu-là, Daisy Miller était l’une de ses clientes favorites. Elle était jolie, plus grande, avec une grande expérience des relations amoureuses, et elle gobait ses infidélités à la vérité avec un plaisir qui accentuait celui de Rosa. Un arrangement parfaitement convenable tant que ni l’une, ni l’autre ne prenait le temps de creuser un peu plus profondément.
Ce jour couvait un rendez-vous secret dans l’une des salles associées à la Divination. Pour cela, encore fallait-il se lever à l’heure, terminer de se préparer à temps, ne pas se noyer dans son bol de chocolat chaud et monter tous les étages jusqu’à la tour dont il était question. C’est avec un brin de retard mais un grand sourire d’excuses informulées que la Gryffondor grimpa un à un les barreaux de l’échelle, la trappe s’ouvrant comme par magie pour la laisser pénétrer dans les lieux qu’elles avaient autoproclamé les leurs. « Oui, c’est moi » fit-elle en se saisissant de la main que lui tendait la Serdaigle. Aussitôt sur pieds, aussitôt abreuvée de paroles qui laissèrent peu de place aux siennes. « Non, je vois pas ? » Daisy n’avait pas attendu sa réponse pour lui conter l’attente interminable de cette Lucinda. Une statue de sel ? C’était étonnant, ça, et sûrement pas très pratique au demeurant. « Il me semble pas, t’façon je suis préfète, ils ont pas trop de raison de me suivre. » Si seulement c’était aussi simple que ça. De toute façon, la blonde n’avait clairement pas pris le temps de regarder par-dessus son épaule : elle ne craignait rien à Poudlard et il ne s’agissait que d’aller tirer les cartes à Daisy pour la flatter comme elle en avait l’habitude. N’étaient ces acouphènes dérangeants qui survenaient de plus en plus fréquemment, tout était comme à l’accoutumée. Aucune raison de craindre qu’on les surprenne, donc. Mais enfin, si la Serdaigle souhaitait ajouter une touche romanesque et mystérieuse à cette entrevue, Rosalie n’était pas contre, loin de là !
À la mention de Blaze, Rosalie sent une sensation familière dans sa poitrine. Elle trouvait toujours le Préfet terriblement charmant mais avait bien évidemment tourné la page durant l’été. Une certitude qu’elle affichait fièrement et que chacun de ses actes démentait avec aplomb. Enfin, ce n’était pas le sujet du jour. Suivant le mouvement et le sourire de la brune, la Gryffondor constata en effet qu’une table était préparée. Cartes et boule n’attendaient plus que les deux adolescentes. « Super, t’es la meilleure ! On s'assoit ? » Tirant l’une des deux chaises, Rosa prit place et étudia d’un œil expert les outils à sa disposition. Elle serait pourtant la plus novice d’entre toutes si les cours du professeur Kendrick ne l’aidaient pas à améliorer ses fumisteries. « Qu’est-ce que tu veux, aujourd’hui ? » lui demanda-t-elle en relevant ses yeux dorés vers elle. La cliente était reine et ses désirs étaient des ordres. C’était, de plus, une manière détournée de grappiller quelques informations sur ce qui préoccupait réellement la jeune femme et donc sur ce qu’elle souhaitait entendre. Dans sa grande carrière de charlatan, Rosalie avait rapidement compris que, pour emporter tous les suffrages, il fallait tisser une histoire que l’auditoire désirait entendre. Sinon, on remettait sa parole en doute.
L’atmosphère est chaude, croustillante, comme un pain dorée que l’on vient de sortir du four. L’odeur du thé lui donne vigueur et elle papillonne autour de l’adorable Gryffondor, mue par une excitation aux couleurs adolescentes.
Quoiqu’elle reconnaisse la beauté mystique de la pièce ou même celle si majestueuse de Poudlard, Daisy n’a jamais pu se résoudre à le considérer comme un foyer, et ce sentiment de non-appartenance devient plus prégnant encore lorsqu’elle s’attarde trop longtemps dans grande salle sans prendre part aux conversations agités et aux coup-de-cœur et poing intempestifs dont la vie étudiante est rythmée. Il lui arrive si souvent de se sentir seule dans cet océan de corps qu’il est plus simple de se noyer alors dans les bavardages et les ressorts anodins tel que la divination. Et puis, qu’à cela ne tienne, le confort et la sécurité ne sont pas exactement ce qu’elle est venue chercher ici après tout.
N’est-ce pas ?
« Il me semble pas, t’façon je suis préfète, ils ont pas trop de raison de me suivre. » Voilà que le statut de préfet de Rosalie lui était complétement sortie de la tête. Daisy cille et regarde la jolie blonde avant d’arquer un sourcil amusé. « L’écusson est une chance et son contraire dans ce cas de figure. » Ajoute-t-elle de façon cryptique. C’est que cette école a toujours été montée sur ressort, les vents capricieux et les pouvoirs versatiles. Hier Blackman, aujourd’hui Sorensen et demain…
Demain, ils seront loin. Dans des ministères ou des universités. Mariées ou indépendantes. L’élite de la sorcellerie aux baguettes inégales, aux chances arlequines. Daisy se doute bien qu’il faudra alors redoubler de persévérance et d’horrible souplesse. Elle n’a pas de parents pour l’épauler, pas de bons mots à glisser dans des soirées mondaines propices aux rencontres fructueuses. Elle se fond pourtant dans la masse, mensonges en bandoulière et assurance émérite en guise de couronne. Les allégeances ne sont que des marches, les amitiés des tapis sur lequel on essuie ses ambitions secrètes. Elle se sent animée rien qu’à y penser, d'une farouche et délicate fièvre. Daisy subordonne volontiers ses impératifs à ses objectifs.
La Serdaigle observe Rosalie tandis qu’elle s’installe, puis prend place à son tour. La Gryffondor ne cherche-t-elle jamais à savoir pour elle-même ce que l’avenir lui réserve ? Puisqu’elle voit ? Il lui semble à elle que si elle pouvait percevoir les murs imposants de destins tout tracés se rapprocher et se refermer sur elle, comme les bras tendres et protecteurs - ah - d’une mère ou les dents implacables d’un piège, elle chercherait à connaitre, comprendre et peut-être même déjouer. « Je ne te vois jamais tirer les cartes pour toi-même Rosalie. Tu n’es donc pas curieuse ? »
Rosalie ne s'attarde pas et elle a raison. Elles ont cours cette après-midi et il ne serait pas heureux d'arriver en retard. Elles n'ont qu'une heure et il vaut mieux l'utiliser à bon escient. Le nez frétille à la vision des cartes. Elle y trouve un réconfort inattendu, une réponse de l’univers à ce qu’elle ne peut expliquer. « Voyons voir, ce que je veux… eh bien. » Daisy fronce le nez avant de répondre, les mots lents, la demande cristalline. « Je veux savoir si le garçon de mes rêves va enfin ramper devant moi. Comme il le devrait. » De ses rêves. Daisy réprime un petit rire. Plutôt de ses cauchemars mais il était inutile de le présenter ainsi. Cela passerait bien plus crème si elle parlait d’un crush éventuel, aussi inexistant soit-il.
En vérité, elle n’a pas besoin de la goguenardise du Fou pour mesurer la terrible ironie de la situation et du choix de ses mots.
Elle n’a pas besoin de la violence aigre de la Maison Dieu pour lui signifier qu’elle pourrait simplement envisager d’aplatir d’un sortilège la tête de Maxwell.
Elle n’a pas besoin du mépris patenté du Monde pour considérer les répercussions possibles avec prudence et réserve.
Elle n’a pas besoin de la défiance de la Papesse pour soupçonner les pièges et les dangereux escarpements qui hérissent la voie sur laquelle elle s’apprête à s’engager.
Elle n’a pas besoin de la sagesse du Jugement pour savoir intimement qu’elle fait malgré tout le bon choix.
À cet instant précis, elle n’a besoin que d’elle-même et entend rester pour jamais son propre refuge.
Tout de même, si Rosalie pouvait lui donner une bonne réponse, ça faciliterait drôlement sa vie.
(#) Sujet: Re: Mêlons, Coupons. Ft Rosalie Mer 8 Déc - 19:41
( mêlons, coupons | DAISY ✿ ROSALIE )
L’atmosphère de la pièce les enveloppa et les isola dès que la trappe se referma dans un bruit étouffé. L’interrogation de Daisy poussa Rosalie à hausser les épaules et à la rassurer : non, personne ne l’avait suivie, du moins elle n’avait remarqué personne, et puis, de toute façon, elle était Préfète, qui s’embêterait à la prendre en filature ? La Serdaigle semblait d’humeur particulièrement mystique aujourd’hui, ce qui était absolument parfait. Plus elle était dans de bonnes dispositions, plus les mensonges de Rosalie feraient leur petit effet. Si Charles l’apprenait… Elle ne savait guère par quel miracle il avait accepté de la pardonner — ce n’étaient certainement pas ses charmes féminins et ses grands yeux larmoyants qui avaient pu avoir un quelconque effet sur le jeune garçon ; mais peut-être que ses excuses lancinantes et ses lamentations répétées avaient eu raison de son ressentiment — mais ils étaient redevenus copains, c’était tout ce qui comptait à ses jolis yeux dorés. Alors, il ne fallait surtout pas qu’il sache qu’elle s’adonnait à d’autres tromperies en compagnie d’autres personnes.
Blonde et brune prirent place autour de la table, l’une étudiant d’un œil qu’elle voulait expert les outils mis à sa disposition par l’autre qui l’observait, perdue dans des pensées inaccessibles. La voix de cette dernière attira toute l’attention de la première qui lui retourna un sourire et haussement d’épaules nonchalant. « Je ne le fais que quand je suis toute seule. » Une affirmation fausse : elle ne se tirait jamais les cartes. Enfin, si, une fois. Elle avait essayé pour voir ce qu’il en sortait. La combinaison lui offrant une réussite et une richesse scolaire s’était heurtée à un Piètre en Défense Contre les Forces du Mal et un Troll en Histoire de la Magie. « Sinon, je suis perturbée par les énergies des gens autour de moi et je finis par mêler les destins, » ajouta-t-elle avec un air entendu. Puis, drapée d’une confiance acquise par l’expérience, Rosalie se sentit prête à débuter cette toute nouvelle fable.
Pour cela, Daisy devait lui fournir un but, une recherche, quelque chose vers laquelle la Gryffondor allait aiguiller ses dires et ses prédictions. Le joli sourire de la Serdaigle cachait, comme chez bien d’autres, l’envie de s’entendre dire ce qu’elle savait déjà, au fond d’elle-même. En fin de compte, Rosalie n’était pas là pour prédire l’avenir — elle en était de toute façon bien incapable — mais pour écouter d’une oreille attentive les griefs de ses camarades et leur offrir une voie pour les résoudre. Ce qui était une bien terrible idée car elle n’était pas la plus qualifiée pour emprunter les bons chemins. Après tout, n’était-elle pas assise en face d’une personne qui sollicitait des services qu’elle ne pouvait sincèrement fournir ? Tout était une question de sémantique. Les mots, justement, coulèrent entre les lèvres de Daisy et posèrent leur question. Une lueur curieuse traversa le regard de miel de la plus jeune des deux. Qui était le garçon en question ? Elle se promettait de le lui demander avant la fin de cette entrevue.
« Bien, tu connais le principe : tiens-toi droite, ancre tes pieds dans le sol et ferme les yeux. Inspire doucement. Expire doucement. Imagine que des racines sortent de la plante de tes pieds et s’enfoncent dans le sol, passent à travers les rochers, effleurent la chaleur des profondeurs. » Rosalie se sentait plus forte que jamais lorsqu’elle guidait Daisy de sa voix dans des contrées mystiques qu’elle-même connaissait bien mal. Un sentiment agréable. « Tu ressens la puissance de la terre, son amour, sa force, sa joie. Puis, pense à ta question, rouvre les yeux et touche une à une toutes les cartes de ce paquet avant d’en tirer dix. » La Serdaigle plongea dans ce faible état de transe, concentrée comme si sa vie en dépendait. Elle arracha les dix cartes du reste du paquet et les tendit à Rosalie qui les révéla, une à une, dans une logique qu’elle maîtrisait à peine.
« Bien, qu’est-ce que nous avons là… » Le nez froncé par la concentration, la blonde pencha la tête pour mieux observer les cartes, ses longues mèches cascadant le long de ses épaules. Si elle faisait mine d’être profondément concentrée, c’était en partie le cas, des fois que son don décide de revenir se promener dans le coin. Un peu comme en cours de Divination, elle essayait d’ouvrir son troisième œil. Avec succès ou échec, elle était incapable de le dire. « Ta position actuelle, c’est le valet. Ici, il agit comme un présage et est porteur de bonnes nouvelles. Ses points forts sont l’habileté et la motivation : donc tu es sur des bases déjà solides pour atteindre ton objectif. Mais, » Elle pointa du doigt la carte qui était placée à l’horizontale sur le valet, barrant ce dernier. « tu te heurtes à un obstacle qui pourrait être résolu grâce au travail d’équipe. C’est de cette manière que tu atteindras la satisfaction et que ta détermination paiera. » La blonde ferma les yeux, comme elle le faisait souvent lors de ces séances pour rajouter une touche plus spirituelle encore à tout cela, ses doigts à quelques millimètres de la carte. « Je vois… des cheveux blonds, et longs. Du rouge, du bleu… du jaune, également. » Rouvrant ses yeux dorés, elle les planta dans ceux de sa tendre victime. « Tu devrais compter sur des filles blondes, et tout ça implique les maisons Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle. » Si elle pouvait faire croire à Daisy qu’elle était, elle, Rosalie, la personne dont elle avait besoin pour réussir à obtenir l’attention de l’être aimé, c’était gagné ! De plus, elle ne prenait pas trop de risque en mentionnant trois des quatre maisons de Poudlard. « Cette carte, le dix des épées, parle des fondations même de ta quête. Il y a eu un échec, terrible, quelque chose qui relève de la catastrophe dans votre histoire. » Les acouphènes étaient revenus, dérangeants. Rosalie s’interrompit, une petite moue agacée agitant son joli minois, frottant son oreille pour essayer de les faire disparaître, sans succès. « Mais maintenant, tu as accepté la dure réalité et tu vas de l’avant. C’est pour ça que ce soleil, » Elle pointa la carte du doigt alors son oreille droite sifflait une mélodie dérangeante. « marque la réussite. Ton travail actuel pour avoir ce garçon a tes pieds, c’est la base d’un triomphe à venir. » Un sourire étira les lèvres de la blonde. « On dirait bien que tu vas réussir ! Le trois de bâton marque ta destinée : on ne peut pas prédire de quoi serait fait l’avenir à long terme, mais en tout cas, au début, ton entreprise sera couronnée de succès. La suite sera entre tes mains. » Rosalie se redressa un peu, observant Daisy pour sonder ses réactions. « Ça va, jusque là, tu te sens bien ? » Restaient encore les cartes représentant le futur, Daisy, son entourage, ses espoirs et ses peurs et la solution finale. Mais avant de s’y engager, Rosalie voulait s’assurer qu’elle ne faisait pas fausse route.
(#) Sujet: Re: Mêlons, Coupons. Ft Rosalie Lun 3 Jan - 13:45
Elle s’y soumet bien volontiers au décorum ambiant. Les genoux se serrent jusqu’à exercer une pression adéquate sur les pieds, la poitrine se gonfle lentement d’un air bardé d’encens. Il y a de la poésie dans les discours de Rosalie, une mélodie connue mais efficace. Les mots sont éculés mais n’en demeure pas moins puissant. Daisy trouve dans les méandres des cartes, un nivellement extraordinaire. C’est le hasard qui prime, la confection d’un tissu vital fait de chaos et de surprises : rien d’autre. Les cartes n’ont que faire du sang, de la richesse, des parents et des noms. Elles sont justes, égales dans leurs prédictions.
Alors Daisy ferme les yeux, se laisse porter par les flux de magie environnant. Les paroles du professeur Aylmer flottent à ses oreilles et elle se love dans la tessiture soyeuse et grave de sa voix. Il dit toujours que la magie est partout, qu'il faut la concentrer. Ce serait plutôt lui l’homme de ses rêves mais il est trop âgé maintenant, il ne voudra pas et c’est si dommage parce qu’il aurait été parfait. Une moue glisse sur la bouche avant qu’elle ne se force à penser à Maxwell. Les boucles blondes, le sourire conquérant et les épaules d’athlète. L’image se cristallise dans un essaim d’or, le même que celui qui recouvre les drapeaux Poufsouffle. Ils sont miels jusque dans leurs représentations chaude et duveteuse.
Une carte, puis une autre… les doigts sont agiles sur le carton vernis. Elle réprime un petit cri d’excitation quand elle termine son ouvrage, croise le regard sage de Rosalie. « Ta position actuelle, c’est le valet. Ici, il agit comme un présage et est porteur de bonnes nouvelles. Ses points forts sont l’habileté et la motivation : donc tu es sur des bases déjà solides pour atteindre ton objectif. Mais, » Daisy ramène quelques mèches brunes de cheveux derrière son épaule dans un mouvement distingué. Bien sûr qu’elle est habile. Bien sur qu’elle est motivée. Elle affiche un sourire entendu, heureuse de l’entendre formulé. Les cartes font office de parents, lui révélant ce qu’elle sait déjà en termes encourageants. « Travail d’équipe ? » Elle répète, la mine soudainement déconfite. Quoi ? Un travail d’équipe pour faire plier Max ? Quelle drôle d’idée. Pour ça il faudrait mettre, entre autre, au courant certains et c’était là chose inenvisageable.
L’adolescente recule légèrement son buste, se plaque sur le dos de la chaise, des pensées en rouages d’horlogerie ancienne dans son cerveau. « Tu es sure pour cette histoire de travail d’équipe ? Je ne vois guère comment on pourrait m’aider dans mon entreprise. » Mais voilà que les choses se précisent. Une fille blonde aux cheveux longs qui pourrait l’assister d'une façon ou d'une autre.
Mais c’est bien sûr !
Hayley. Préfète chez les Pouffsoufles. Evidemment !
Daisy s’illumine et frappe ses paumes entre elles. « Oh je sais précisément de qui tu parles. Elle sera un atout considérable au vu de sa position. Préfète et tout le tralala. » Daisy offre un sourire espiègle, un ravissement certain sur le bout du nez, un soulagement au bord des lèvres « Et elle m’aidera. N’est-ce pas ? » Rosalie n’a pas bien le temps de répondre, elle a la vue qui semble se brouiller et annonce des tempêtes à venir, une catastrophe, des fondations branlantes. L’effroi lui glace quelques secondes les sangs avant que Daisy inspire lentement sous l’annonce. Tout la ramène toujours aux bras de Maxwell et au sang sur ses cuisses. Elle n’aurait pas dû flirter avec lui, encore moins jouer jusqu’à ce point de non-retour. Elle voulait juste s’assurer de son ascendant, se tranquilliser sur le pouvoir naissant de ses charmes. La curiosité et la soif de convaincre et de connaitre…
Tout ça pour ça.
L’angoisse remonte et un gout amer se propage sur sa langue. Lui, il est allée à l’infirmerie, a pu soulager sa blessure par des sortilèges, mais elle ? Elle n’a même pas pu en parler à qui que ce soit, le secret acide et silencieux bloqué dans les remous tumultueux de sa mémoire. Que dirait on si cela se savait, hein ? Pauvre Maxwell déjà. Moqueur oui, c'est sur. Ce ne serait pas agréable pour lui non plus cela dit mais enfin on en rirait pense-t-elle un peu égoïste. Elle n’aurait pas droit au même discours, loin de là. Oh elle sait déjà les refrains que cette histoire engendrerait si elle avait le malheur d’ouvrir son clapet, même si c’est pour chercher un quelconque réconfort. Daisy secoue légèrement la tête, déterminée. Il en est hors de question. Elle veut jouer dans la cour des grands plus tard, se hisser là où en temps normal, seul le népotisme peut vous déposer et c'est le genre de casserole qui fait trop de bruit quand on veut voleter.
L’ambition se hasarde dans la pâleur momentanée des joues. La raison voudrait qu’elle abandonne tout ça, qu’elle ne cherche pas à confronter Maxwell, qu’elle le laisse dans un coin perdu de ses souvenirs déplaisants. Elle en a une tripotée, elle peut bien le rajouter sur une des étagères écœurantes qu’elle s’est construite dans son esprit.
Mais ce n’est pas juste.
L’envie lui dérange les tempes, la colère se fait séduisante. C’est toujours plus simple de détester quelqu’un que d’aimer. Plus agréable aussi. Aimer est épuisant, on se repose sur l’autre, on se laisse user. L’amour et l’amitié ont des exigences, des demandes parfois consternantes, des désirs trop grands qui vous fait perdre le sens commun. Mais abhorrer quelqu’un ? Voilà quelque chose qui génère une énergie formidable, qui tient au ventre et au cœur, qui sculpte et se fait malléable. Daisy préfère l’ivresse d’une vengeance à l’amertume qu’engendre le souvenir.
C'est décidé.
Elle n’a pas fait attention, mais elle s’est levée durant les dernières paroles de Rosalie, les bottines clinquantes d’un ton martial sur le parquet recouvert de tapis mystiques. Elle mordille l’ongle de son pouce, un peu d’ailleurs dans sa mise et sa démarche. L’écho de la question la ramène à une réalité tangible. Elle sourit abruptement, se rendant compte qu'elle vient de faire les cents pas. « Oh comme un charme. » Elle revient vite s’installer, l’excitation feinte. « Tu peux tirer les cartes pour le bal… oh je sais on peut faire moitié moitié non ? J’en tire cinq et toi cinq comme ça on aura l’ambiance générale. Je me demande avec qui j’irai tiens… » Un joueur de quidditch probablement. Ce sont les plus populaires dans cette école après tout. « Tu comptes faire en sorte que Blaze t'invite ? On peut l'obliger d'une façon ou d'une autre. » Il y a toujours moyen, non ?
Les cartes sont brassées puis le sort est jeté, comme autant de figures bien obscures quand on ne sait pas les lire. Rosalie ne savait pas vraiment les lire, mais elle était des plus habiles lorsqu’il s’agissait de tisser de jolis mensonges, flatteurs pour les oreilles qui écoutent, réalistes pour les esprits qui s’y heurtent, enjôleuses pour les égos qui les demandent. Elle admirait Daisy, d’une certaine manière : l’adolescente était jolie, sûre d’elle, populaire, et sûrement plein d’autres choses encore. Alors, ce n’était pas par jalousie ou par envie de lui faire du mal que la blonde inventait toutes ces jolies fables, mais plutôt pour lui faire plaisir, pour recevoir un peu de cette attention brillante que Daisy projetait autour d’elle, pour avoir de l’importance. Une idée se glissa donc aux coins de ses prédictions frauduleuses, juste afin d’en avoir un peu plus. Sa langue dépeignit la silhouette d’une personne capable d’aider la Serdaigle dans sa quête — dont Rosa ne comprenait pas bien tous les tenants et aboutissants, mais soit, elle ferait ce qu’elle pourrait — et lui donna des attributs similaires à ceux de la Gryffondor. « Les cartes sont formelles ! » affirma-t-elle à haute voix, un sourire au coin des lèvres, quand Daisy lui demanda si elle était certaine de ce qu’elle avançait. Le tout était de ne pas se démonter, jamais, sinon le mensonge perdait toute sa crédibilité. Bon, des fois, il la perdait quand même, mais Rosalie n’était pas exactement le genre de personne à apprendre de ses erreurs. La preuve : elle était encore là à clamer haut et fort avoir des visions et prédire l’avenir alors que son don n’avait rien manifesté qu’un silence dédaigneux depuis des années maintenant.
Enfin, la Serdaigle sembla se rallier à ses paroles et son visage, d’abord froncé, s’illumina comme si elle comprenait enfin. Une Préfète, exactement ! Rosalie aurait dû penser à rajouter cette précision, ça aurait aiguillé directement Daisy. Son sourire s’agrandit et sa tête approuva vigoureusement les dires de son interlocutrice. « Maintenant que tu le dis, c’est évident ! » s’exclama-t-elle, les yeux brillants. « Bien sûr, je t’aiderai avec plaisir. » Comme s’il pouvait y avoir une autre blonde dont le rôle était similaire à l’insigne épinglé sur sa robe aux couleurs de Gryffondor. Hazel était sa meilleure amie mais pas une seconde Rosa se figura que Daisy puisse penser à la Poufsouffle plutôt qu’à elle.
Une fois cette étape passée, les cartes continuèrent de dépeindre un avenir auquel Rosa donnait toute la force de sa conviction mensongère. Concentrée comme elle l’était, elle ne remarqua pas tout de suite les ombres qui passaient sur le visage de Daisy mais releva la tête de son tarot lorsqu’elle quitta sa position assise pour se mettre à faire les cents pas dans la pièce. La blonde ne savait pas trop à quoi faisaient écho ses mots, mais ça avait visiblement touché une corde sensible. Bien, il fallait qu’elle retienne cette histoire d’épreuve dure à traverser, parce que ça frôlait visiblement une certaine vérité. C’était ça qui était bien avec les visions et notamment les tirages de cartes : il suffisait d’être à la frontière entre la précision et le vague pour que les gens puissent toujours rattacher des bouts de ce qu’elle racontait avec des éléments réels, dans leur vie actuelle. Et ainsi, elle passait pour une réelle voyante. Un art comme un autre, à défaut de pouvoir vraiment lire le futur.
Daisy semblait quand même bien secouée. Ou peut-être était-elle juste très pensive ? Agitée, en tout cas, c’était clair comme de l’eau de roche. Rosalie lui demanda si tout allait bien, hésitant à poursuivre sa longue tirade qui lui laissait la bouche sèche et l’imagination en feu. La Serdaigle lui assura qu’elle allait très bien et revint s’asseoir, changeant presque aussitôt de sujet pour lui proposer de tirer les cartes pour le bal… avant de tout aussi rapidement lui offrir de tirer cinq cartes chacune. « On peut… » répondit la Préfète avec une légère circonspection. Non pas qu’elle ne veuille pas, mais tirer les cartes pour elle-même ? C’était comme se mentir en se regardant dans le miroir, elle n’était pas sûre d’être à l’aise avec l’idée. « Mais mon troisième œil a dû mal à se concentrer sur moi quand il y a d’autres énergies dans la pièce. Surtout une aura aussi forte que la tienne. » Un mensonge assorti d’un compliment avait toujours plus de chances de fonctionner. « Tu n’as personne en tête ? » l’interrogea-t-elle en récupérant les cartes éparpillées et en les ramenant toutes en une pile unique. Des gestes parfaits pour l’occuper alors que ses joues se rosissaient à la mention de Blaze. « J’aimerais bien y aller avec lui, oui, mais je veux pas l’obliger. » Les souvenirs du dernier bal et du déroulement pas vraiment à la hauteur de ses espérances ne suffisaient pas à la faire reculer. Le Préfet de Serdaigle emportait toujours tous ses suffrages.
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