Cassi avait proposé à Sarah de la rejoindre dans la tour d'astronomie, pour profiter ensemble de la passion qu'elles partageaient.

Les élèves gardant l'astronomie après les BUSES étaient très peu nombreux, et il leur était possible d'accéder librement à la bibliothèque de la tour d'astronomie et aux télescopes, tant qu'ils en prenaient le plus grand soin. En tout cas, c'était le cas avec le Professeur O'Neill, et la Serdaigle n'avait reçu aucune information contradictoire depuis la rentrée.

Il n'y avait aucun mal à ce qu'elle y emmène une deuxième année, tant que c'était sous sa responsabilité afin qu'elle s'assure qu'elle manipule le matériel correctement. Et en plus, elles avaient convenu d'y aller juste après le dîner. Bien avant le couvre-feu donc - mais il devrait déjà faire assez sombre pour observer les étoiles.

Elle avait attendu cette soirée avec impatience, et le moment était enfin venu. Elle terminait tout juste ses réglages lorsqu'elle entendit les pas de sa cousine.

Elle s'élança elle aussi vers la fillette, et la serra dans ses bras. Elle ne put s'empêcher de constater, comme au chemin de traverse quelques jours plus tôt, que Sarah avait grandi ces derniers mois.

Elle l'avait vue, de loin, sourire avec ses copines, manger sans paraître différente de d'habitude. Mais une simple étreinte suffit à la Serdaigle pour comprendre l'état de sa petite sœur de coeur. Sarah tenait d'elle, et pas (enfin, pas seulement) dans le sens qu'elle aurait espéré.

Sarah finit par la saluer, et lui demanda comment elle allait, comment s'était passée la journée, la rentrée.
- Ça va. répondit Cassi en souriant.
Sourire avait été si difficile un an plus tôt, si contraint. Aujourd'hui, elle pouvait répondre cela en toute honnêteté. Cassi allait bien. Bon, elle n'était pas franchement satisfaite du discours de rentrée du directeur et des dispositions qu'il avait prises... Mais si elle se concentrait sur ses études et ses proches, tout irait bien.

Ça, évidemment, c'était sans compter sur les idées lumineuses que les préfets de Serdaigle étaient en train de concocter à l'insu de la jeune fille.

- J'ai vu Leo ce matin... On va à Pré-au-Lard ensemble le week-end prochain. ajouta-t-elle pour convaincre Sarah qu'aujourd'hui, elle disait bien la vérité.

Son regard se fit tout doux.
- Et toi ? Qu'est-ce qui te tracasse ?

Cassi étreignit affectueusement sa petite soeur de coeur, et réalisa aussitôt, à sa manière de se blottir contre elle sans mot dire, que quelque chose n’allait pas - vraiment pas. Alors, Cassi se contenta de la serrer contre elle sans rompre le silence dont elle semblait avoir besoin.

La fillette finit néanmoins par prendre la parole, lui demandant si elle allait bien. La Serdaigle répondit par l’affirmative. Elle ne mettrait pas longtemps, grâce à la bêtise de ses préfets, à être d’une bien moins bonne humeur, mais ce soir, elle allait bien. Elle ajouta, voulant rassurer la jeune fille et partager cela avec elle, qu’elle avait vu Leo le matin même, et avait un rencart avec lui à Pré-au-Lard le week-end prochain. Celle-ci lui répondit d’en profiter, approuvant visiblement. Mais son sourire, aussi tendre soit-il, était dénué de joie - et de la vivacité qui animait autrefois la petite fille.

Cassi lui demanda alors ce qui la tracassait. Sarah répondit simplement qu’elle lui avait manqué. Cassi se demanda s’il avait été aussi dur pour les gens qu’elle aimait, comme Opal, par exemple - ou Sam, qui le lui avait tant reproché à une époque - de l’atteindre à travers ses sourires et ses détours - ces masques qu’elle avait jetés, voire même brûlés, au cours de l’été, décidant d’être elle-même quoi qu’il advienne.

Elle lui adressa un sourire encourageant.
- Toi aussi, tu m’as manqué. répondit-elle.
C’était la vérité la plus sincère, et Cassi en resta là, lui répondant simplement même si elles avaient déjà échangé ces propos-là au Chemin de Traverse. Il ne servait à rien d’insister, elle ne ferait que la braquer. Cassi le savait, car Sarah lui donnait parfois l’impression de se regarder dans un miroir. Pas physiquement - après tout, elles n’étaient pas liées par le sang - mais sur un autre plan.

Sarah répondit que tout ça se passait bien - la journée, la rentrée. Et qu’elle attendait les sélections de Quidditch avec impatience. Cassi s’y était essayée, l’année passée, par besoin peut-être de faire à nouveau partie de quelque chose - mais ce n’était pas pour elle. Mais elles n’étaient pas non plus des clones, et elle avait hâte de voir de quoi Sarah serait capable !
- Je crois en toi. Tu sais déjà quel poste te plairait ?

Et Sarah glissa, à voix basse, qu’il y avait néanmoins quelque chose qui ne lui convenait pas : la décoration du château, du parc, et le discours du directeur. Cassi hocha sombrement la tête. Bien sûr que tout cela n’était pas des plus rassurant. Oh, le directeur était doué, il fallait l’admettre. Bien plus démagogue que Blackmann. Mérite, exigence et excellence étaient des attentes que, sur papier, et tant qu’elles demeuraient restreintes aux domaines magiques et académique, un esprit comme celui de la Serdaigle ne pouvait qu’approuver. Et bien sûr, personne dans cette école n’était contre le fait d’avoir droit à sa baguette, Cassi la première. Mais ce système d’élèves chargés de surveiller leurs camarades suffisait à rappeler aux élèves de ne pas baisser leur garde. Des jeunesses Sørensiennes, rien que ça - et dès le mois de septembre ! Cela ne présageait rien de bon…

Jusqu’à présent, cela dit, pour les quelques jours qu’ils avaient été là, les choses n’avaient de loin pas été aussi terribles qu’à l’époque.
- Ca va aller. répondit-elle, à voix basse, elle aussi. Je sais que c’est un peu angoissant, mais concentre-toi sur tes cours et tout va bien ce passer.
C’était ce qu’elle s’était répété à elle-même. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de se demander quels seraient les critères de cette méritocratie, et si le statut de sang en feraient partie. Être dans l’élite uniquement parce qu’on était assidue et passionnée par ses cours ? Ca semblait trop facile, et quand quelque chose semblait trop facile… C’était généralement un piège. Mais il fallait bien avouer qu’elles n’avaient rien à perdre à réviser et à faire leurs devoirs.

Et finalement, après avoir parlé de ce directeur qui inquiétait bon nombre d’entre eux, Sarah raconta qu’elle avait vu les créatures qui tiraient la calèche. Les Sombrals. Cassi ne les avait jamais vu, mais elle les avait étudiés et côtoyés en cours de soins aux créatures magiques. Mais apparemment, Kath avait pu les nommer à Sarah, et ça, ça avait beaucoup inquiété la petite fille. Cassi comprenait pourquoi, mais prenait aussi la situation avec du recul.
- Est-ce que tu sais si elle les a vus ? Ou elle a seulement pu t’expliquer de quoi il s’agissait ? lui demanda-t-elle doucement.
Si Kathleen les voyait, cela signifiait en effet qu’elle avait vu la mort. Mais si elle était simplement capable de dire que les chevaux squelettique aux ailes de chauve-souris étaient des Sombrals, elle pouvait l’avoir lu dans un livre - et Kath lisait pas mal de livres. Ou encore avoir entendu dire que des Sombrals tiraient les carosses. Autant dire qu’il fallait plus d’informations avant de lancer une intervention.

Et finalement, Sarah répondit à la question, ce qui la tracassait. Parce que tout ça, ça la tracassait, oui, mais ce n’était pas ce qui la tracassait. Et bien sûr, elle hésita avant de se lancer finalement. Elle situa le contexte avant la rentrée, après les courses qu’elles avaient faites ensemble, au cours desquelles Cassi lui avait raconté son stage à Oxford et montré son nouveau tatouage, et Sarah lui avait également raconté ses vacances.

Son père avait donc des invités ce soir-là - et bien sûr, Sarah devait rester à l’étage. Mais elle avait eu besoin de quelque chose au rez-de-chaussée. Quoi ? Peu importait, mais Cassi était certaine que ça avait dû être important pour la convaincre de descendre. Sarah n’était pas irresponsable et n’avait pas besoin qu’on lui fasse la morale - même avec les meilleures intentions du monde, ç’aurait été une erreur. Et elle lui confia ce que Cassi avait senti venir depuis qu’elle avait prononcé le mot “Père” : qu’elle s’était trouvée au mauvais endroit et au mauvais moment et avait assisté à l’une de ces scènes dont il avait l’art. Cassi savait exactement à quoi elle faisait référence - et même si elle ne l’avait pas compris à se sous-entendu, sa voix blanche et ses tremblements auraient suffi.

La fillette se blottit contre elle, et Cassi la serra dans ses bras en lui caressant les cheveux. Que faire d’autre pour la rassurer ? Que dire ? Lui assurer qu’elle la protègerait quoi qu’il arrive ? Cassi ne pouvait pas mentir à Sarah. Elle ferait de son mieux, elle ne la laisserait pas tomber, mais face à Damoclès Davenport ? Elle n’était même pas certaine de ne pas trembler devant lui, encore moins de faire le poids. Elle ignorait encore que, quelques semaines plus tard, un ridikkulus lancé en cours de défense contre les forces du mal allait l’aider à surmonter ces craintes. Mais pour l’heure ? Elle ne pouvait pas promettre à Sarah de la garder en sécurité - juste se promettre de tout faire pour y arriver.

Mais Sarah avait une requête très précise, et ce n’était pas directement la protection de la Serdaigle… Mais plutôt sa tutelle, rien que ça ! Et plus d’une fois, Cassi avait voulu la prendre - elle et d’autre, d’ailleurs - partir avec elle très loin, et ne jamais revenir… Mais ça ne marchait pas comme ça. Il y avait des lois à respecter, pour ne pas être accusée de kidnapping.
- Tu sais, ma puce… Si je pouvais, je l’aurais fait depuis longtemps. Mais, majeure ou pas ? Personne ne me confierait ta garde, encore moins face à ton père. Pas tant que je suis élève à Poudlard, et surtout pas après mon renvoi.

Quant à Orion ? Il faudrait déjà qu’il revienne en Angleterre. Mais c’était encore Matthew qui aurait les meilleures chances, après tout, c’était le grand frère de Sarah. Restait à voir comment ça marchait. Et qui saurait ce genre de choses ? Cassi ne voyait qu’une seule personne.
- Tu sais quoi ? Je vais demander à Aurora. S’il y a une personne qui saura, c’est bien elle.
Dire que Cassi ne s’entendait pas avec sa demi-soeur était un euphémisme, et qu’elle l’évitait l’était encore davantage. Mais pour Sarah ? Elle aurait fait n’importe quoi. Même ravaler son orgueuil pour aller poser des question à sa demi-soeur passionnée de droit magique, qui redoublait sa septième année à Poudlard, courtoisie des cours d’EDM obligatoire. Pouvait-elle lui faire confiance ? En règle générale, non. Mais pour ça - et s’il s’agissait de confier la garde de Sarah à Matthew, et pas de chercher à l’obtenir elle-même - Aurora ne dirait rien. Enfin, Cassi le pensait. Elle allait demander à Leo avant, pour être sûre. Personne ne connaissait l’aînée des filles Borealis mieux que le Serpentard.

Sarah finit par rappeler qu’elles étaient venues regarder les étoiles ensemble, et Cassi sourit.
- Tu as raison. Par ici !
Et elle la guida dans la salle où elle avait déjà préparé deux télescopes, les pointant dans la bonne direction. Il ne resterait plus qu’à ajuster celui de la Gryffondor pour sa taille.
- Je ne sais pas si tu le sais, mais ce soir, c’est l’Apogée des Perséides.

Une fois Sarah installée sur sa chaise, devant le téléscope, Cassi l’ajusta à hauteur de ses yeux, fit quelques ajustements et s’écarta pour lui rendre la place. Puis elle incanta :
- Nox.
Et la pièce se retrouva plongée dans l’obscurité, permettant enfin à Sarah de voir les Perséides. Qu’étaient les Perséides, d’ailleurs ? Un essaim de météores. Et en langage courant ? Une pluie d’étoiles filantes.
Et elle alla s’installer à côté d’elle pour les admirer par son propre téléscope.

Nox:

Cassi sourit.
- Je suis sûre que tu le seras, y a pas de raison. Avoir regardé plus de match ne rend pas plus qualifié à en jouer. Et puis... Même si ce n'est qu'en troisième année, je n'en serais pas moins fière de toi.


Elle hocha la tête.
- Tu ferais une chouette petite attrappeuse.
Elle aussi la voyait plus avec un vif d'or, ou un souaffle, qu'avec un cognard. Sa petite sœur de cœur était une battante, la Serdaigle aurait eu tord de l'oublier... Mais ça n'empêchait pas que ce poste était le plus dangereux, le plus violent, et qu'il ne correspondait pas vraiment à la personnalité de celle que l'on ne pourrait bientôt plus qualifier de "petite fille".


En tout cas, elle la tiendrait au courant après les sélections.

A discuter de choses aussi communes que le Quidditch, on aurait presque pu croire que c’était une année normale, oublier le fait que le directeur avait fait un discours inquétant, que le château et le parc avaient été redécorés… Mais au fond, jamais Cassi n’avait revu une année aussi tranquille que celle où elle était arrivée à Poudlard. Peut-être que, finalement, c’étaient les directeurs aux idées farfelues et les ambiances inquiétantes qui était la norme, à Poudlard ?

Franchement, les choses auraient pu être pires. Cassi réservait son jugement, était toujours sur le qui-vive. Mais pour l’instant, il semblait qu’elles aient au moins une chance de bien s’en tirer si elles respectaient les règles et travaillaient dur en classe. Et si c’était vrai… Alors c’était plus que de nombreux autres directeurs de Poudlard n’avaient accordé à leurs élèves. Sarah la rassura en expliquand que c’était ce qu’elle faisait, et Cassi approuva d’un hochement de tête. Elles avaient toutes deux été à la limite du Choipeauflou. Cassi avait fini à Serdaigle et Sarah à Gryffondor… Mais l’inverse aurait sans doute été également possible, de même qu’une combinaison les plaçant ensemble dans l’une de ces deux maisons, option que l’aînée aurait particulièrement apprécié afin de garder un oeil sur sa petite soeur de coeur.

- C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air très rassurant… concéda Cassi concernant les Sombrals. Mais en vérité, ils sont bienveillants et très doux. Ils ont juste une mauvaise réputation, un peu comme les chats noirs chez les sorciers.
Elle préférait rassurer sa cousine. Après tout, elle eu l’occasion d’en côtoyer depuis le cours de cinquième année où ils avaient abordé les chevaux ailés. Au début, elle ne savait pas trop comment les aborder, car elle ne les voyait pas et que leurs représentations étaient en effet impressionnantes. Mais, fidèles aux portraits qu’en faisaient les livres, ils ne lui avaient montré que douceur et gentillesse.

Alors que Cassi songeait, à nouveau, aux fois où elle avait cru les apercevoir du coin de l’oeil, Sarah reprit la parole, et elle reporta toute son attention sur elle. Sarah lui expliqua que le problème n’était pas une inquiétude “directe” pour l’historique de Kath… Mais plutôt concernant la suite. La Poufsouffle était futée, saurait nécessairement quel genre de personnes voyaient les sombrals… Et voudrait donc la soutenir, chercher ses confidences… Ce qui posait à la fois le problème de brusquer la délicate sensibilité de Kathleen et celui, plus grave encore, de la mettre en danger, elle et ses parents - que Cassi avait rencontré lors de ses vacances en Ecosse, un peu plus d’un an plus tôt.

Cassi réfléchit.
- Je suppose que tu vas devoir lui dire que tu n’as pas envie d’en parler… Ce n’était pas vraiment une solution, mais c’était la seule option. S’il ne s’était agi que de préserver Kathleen émotionnellement, elle aurait sans doute pu lui dire certaines choses. Mais malheureusement, il y avait du linge sale qu’on ne pouvait laver qu’en famille… Quand cette famille était dangereuse, en tout cas. Peut-être qu’un jour, le monde serait tel que Sarah pourrait exposer au grand jour les crimes de son père pour qu’ils rencontrent leur digne châtiment… Mais maintenant que Cassi avait étouffé la révolutionnaire en elle, qui mènerait à bien l’arrivée d’un tel monde ? Zeynep ? Elle se heurterait au même obstacle que la Serdaigle : l’égoïsme des gens…

Sarah finit par lui raconté ce qu’elle avait vécu, une scène si semblable à celle qui l’avait traumatisée autrefois… Et Cassi la prit dans ses bras, faisant de son mieux pour la réconforter. Comme souvent, la jeune fille lui demanda si elle, ou Orion, ou Matthew pourraient trouver un moyen de l’adopter, pour la préserver de ses géniteurs. Et Cassi aurait donné n’importe quoi pour pouvoir lui dire oui… Quitte à s’expliquer ensuite avec @Leopold A. Rookwood . Qui l’aurait d’ailleurs sans doute assez bien pris s’il avait pu adopter Al et Agy de son côté.

Malheureusement, le problème n’était même pas tant qu’ils soient encore élèves… Après tout, Cassi aurait 17 ans dans quelques jours, et Leo dans quelques mois. La majorité sorcière. Non, la difficulté, c’était qu’elle, la fille renvoyée de Poudlard et fraichement réintégrée, puisse obtenir la garde de qui que ce soit, surtout face à un sang-pur désireux de garder sa fille. Sarah avait la maturité de comprendre cela… Mais la pauvre petite était à bout. Cassi caressa doucement ses cheveux.

Matthew, ou Orion, aurait peut-être plus de chances qu’elle… Sauf que si cela avait vraiment été possible, ils l’auraient fait depuis longtemps. A moins, bien sûr, que Sarah ne lui aie rien dit, un peu comme Cassi avec Orion… Elle s’apprêtait à lui demander si elle avait parlé à son frère, mais Sarah la devança en précisant qu’il n’était pas au courant.
- Ecris-lui… Et demande-lui si tu peux le voir aux vacances de Noël. Ou d’été, si tu préfère rester à Poudlard à Noël. Dis-lui que c’était important. Ne le laisse pas refuser.
Cassi avait fait l’erreur de ne pas s’appuyer sur son grand frère, de ne pas exiger qu’il revienne de ses voyages professionnels pour lui demander conseils, soutien, aide… Et elle s’était enfoncée seule jusqu’à toucher le fond, jusqu’à ce moment où on ne pouvait que remonter… Pour Sarah, il n’était pas trop tard pour faire appel à Matthew.

Elle ajouta ensuite qu’Aurora saurait peut-être comment s’y prendre, et l’espoir anima les yeux de la fillette avant de disparaitre. Sarah concéda sans mal qu’elle saurait, ou du moins qu’elle saurait trouver… Mais saurait-elle tenir sa langue ?
A une époque, Cassi aurait été convaincue que non… Mais au contact de Leo, elle en avait beaucoup appris sur sa demi-soeur. Et lorsque Cassi avait été renvoyée… Aurora n’avait pas hésiter, sans attendre la moindre requête, à lui prêter une chouette inconnue de tous afin de lui permettre de rester en contact avec Leo.
- Elle a ses défauts… Mais elle ne revient jamais sur sa parole. C’est une situation dangereuse pour toi, elle ne voudra pas risquer qu’il t’arrive quelque chose. répondit-elle donc, et elle le pensait sincèrement.

Elles atteignirent la tour, et Cassi lui expliqua qu’elles allaient voir les Perséides. Sarah savait de quoi il s’agissait, mais n’avait pas réalisé que c’était aujourd’hui.
- C’est la nuit où elles seront le plus visibles, en tout cas.

Cassi ajusta le télescope pour sa cousine, puis se plaça à ses côtés en jetant un sort de nuit sur les lampes magiques aux alentours. Et en regardant la sublime pluie de météores, Cassi fit un voeu elle aussi, le voeu que Sarah puisse un jour vivre loin de ses parents et ne jamais avoir à les revoir. Et elle répéta silencieusement ce voeu à chacune des étoiles filantes qui traversèrent le ciel.

Sarah lui murmura que c’était magnifique… Et que même quand on savait ce que c’était, ça restait magique. Cassi sourit.
- Je trouve que c’est encore plus magique quand on sait. Son regard pétillait. Imagine pouvoir lancer une pierre si fort qu’elle va si vite qu’elle laisse une trainée de flammes lumineuses dans son sillage...

Sarah précisa qu’O’Neill leur avait permis d’en voir une avec les télescopes l’an dernier, sans doute également à l’apogée des Perséides. Mais qu’ensemble, c’était encore mieux. Cassi posa une main sur son épaule.
- Je savais que ça te plairait.

Cassi comprenait la nervosité de sa soeur de coeur, mais elle croyait en elle envers et contre tout, et fut soulagée de voir la détermination qui contrebalançait cette nervosité. Elle serra affectueusement l’épaule de la petite fille, et affirma qu’elle ferait une superbe attrappeuse.

La conversation finit par dériver vers les sombrals. Sarah les voyait, et Cassi savait bien évidemment pourquoi. Le problème de la fillette était que Kath savait désormais qu’elle les voyait, et risquait de poser des questions. Cassi tenta au mieux de la rassurer, et lui expliqua ce qu’elle savait d’eux. La fillette devinait l’origine de leur réputation, mais comprenait qu’il n’étaient pas dangereux.

Surtout que même si avec le directeur actuel, on pouvait craindre la tournure des choses, surtout pour les nés moldus ou ceux qui prendraient leur défense, elle n’irait pas jusqu’à imaginer qu’il pût risquer la vie de tous les élèves indistinctement. Il était de toute façon beaucoup plus intelligent que ça. Cassi lui conseilla d’expliquer honnêtement à son amie qu’elle ne voulait pas en parler. Apparemment, les grands esprits se rencontraient bel et bien, puisque ça avait été sa première réaction. Il ne restait plus qu’à espérer, pour son propre bien, que la Poufsouffle s’en contenterait - malheureusement, rien n’était moins sûr…
- Tu as bien fait… répondit l’aînée.

Cassi offrit une oreille bienveillante aux souffrances de Sarah chez ses parents, en faisant de son mieux pour la réconforter. Celle-ci lui expliqua qu’elle comptait passer les vacances de Noël à Poudlard cette année, et la Serdaigle ne pouvait pas l’en blâmer.
- Si j’avais su, je serais restée avec toi… J’ai accepté un job pour les vacances. Dans un observatoire en Ecosse.
Elle lui aurait bien proposé de se désister pour être à ses côtés, mais c’était peine perdue : elle savait que la petite fille refuserait, bien trop enthousiaste à cette idée. A la place, elle proposa :
- Je t’écrirais tous les jours. Je t’enverrais des photos.
Voilà qui devait lui remonter un peu le moral au coeur de l’hiver.

Elles rejoignirent ensuite les télescopes et regardèrent ensemble les Perséides. Cassi avait traversé des épreuves, et elle en rencontrerait d’autres, elle le savait. Mais ce ne fut pas pour elle qu’elle interpella les étoiles, préférant souhaiter un avenir heureux et en sécurité pour sa soeur de coeur.

Elles étaient toutes deux fascinées par ces phénomènes sublimes. Cassi trouvait que la connaissance de leur nature et de leur fonctionnement les rendait plus magiques encore, et la fillette était bien d’accord.

Elle lui posa ensuite une question : elle avait lu que les Perséides était l’une de celles connues le plus longtemps - non ? La Serdaigle hocha la tête.
- Identifiée pour la première fois en l’an 36 en Chine. confirma-t-elle. - Avant cela, on ne reconnaissait pas que “la même” réapparaissait de manière récurrente. C’était plutôt considéré comme un phénomène religieux. Par exemple, en 44 avant notre ère, à la mort de Jules César, un souverain moldu romain, une comète est passée dans le ciel, et les gens ont cru que c’était le signe que les dieux l’avaient invité à siéger parmi eux. expliqua-t-elle.

Cassi passa encore un moment à profiter de ce moment, regardant les étoiles, partageant ses connaissances, et appréciant le sourire et les yeux pétillants de sa chère Sarah. Et finalement, elle remit soigneusement tout en ordre, la raccompagna à son dortoir, puis regagna le sien avant le couvre-feu.