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On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK]
Antonella L. Mancini

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Message(#) Sujet: On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] EmptyDim 12 Sep - 23:08

Skyler
&
Charles

On a bien vu c'que ça a donné

Mes mains tremblent. Pourtant, il ne fait pas froid. Nous avons même droit à un bel été indien en ce mois de septembre. Seulement, les mots couchés sur le papier entre mes mains me font l'effet d'une décharge. Amelia me regarde, la tête penchée. Elle doit sûrement se demander ce qu'elle a pu faire pour me mettre dans cet état. Ma chouette n'y est cependant pour rien. J'ai l'impression de porter un immense poids sur mes épaules depuis la rentrée, encore plus qu'en juin - et les récentes annonces de notre nouveau directeur ne font qu'aggraver mes inquiétudes. Je ne suis pas la seule à me faire du souci, d'après cette lettre. Charles aussi trouve que la méritocratie version Sorensen est suspecte. Ce Poufsouffle me surprend un peu plus à chaque contact. A la base, je n'aurais pourtant pas parier sur sa candidature. Alors que mes tremblements s'estompent, je me remémore notre rencontre sur les berges du lac du domaine de Durmstrang, cet été.

***
Je suis assise sur le ponton, en tailleur. Ma baguette est posée devant moi, à une distance raisonnable. Nous sommes en pourparlers, Charles et moi. Le Poufsouffle n'est pas sot et il ne se laisse pas impressionner par mon discours. En un sens, cela me soulage et me donne confiance. Si ma seule recrue avait été un benêt de première catégorie, on ne serait pas près de sortir des ronces. Alors que je viens de lui avouer mon impuissance quant aux événements qui se trament, mon regard clair cherche à percer son semblable. Ses yeux sont à la fois expressifs et sans réaction. Je n'arrive pas à lire dedans, j'ai l'impression de voir tout et son contraire. Est-ce que Charles me croit ? Est-ce qu'il est en train de regretter cette entrevue ? Je n'arrive pas à le savoir et ça me frustre. Mon coeur bat la chamade, c'est comme si je venais de me mettre à nue devant lui. Et le Poufsouffle ne répond rien, enfin pas tout de suite. J'ai une drôle d'impression, tout à coup : celle de faire face à un moi masculin, étrangement jumeau dans sa façon de fonctionner. Ses yeux se détachent de moi, quelques instants. Charles prend le temps de la réflexion avant de me fixer à nouveau. Soudain, il se met en mouvement et je crois voir s'envoler toute chance de le rallier à ma cause. Il va se barrer, c'est certain, et signer ainsi mon échec le plus cuisant.

Pourtant, Charles ne se lève pas. Contre toute attente, il a saisi sa baguette et la dépose un peu plus loin, comme je viens de le faire. Je ressens une vague de soulagement : il n'est peut-être pas convaincu, mais il a envie d'entendre ce que j'ai à dire. J'écoute attentivement sa réponse, qui prend la forme d'une question à la fois naïve et réfléchie. Je fronce légèrement les sourcils. C'est un point de vue que je n'avais pas encore adopté. C'est vrai que Blackman est encore récent pour le monde magique. La majorité des sorciers n'est pas extrémiste. Comme la majorité des allemands n'étaient pas racistes avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Tandis que je réfléchis silencieusement, le Poufsouffle poursuit son raisonnement. Il est très juste dans ses paroles et je me surprends à lui donner du crédit, ce que je fais rarement. Mes inquiétudes sont peut-être infondées après tout. J'ai l'habitude de mener mes combats de front, en solitaire. Mais je ne suis peut-être pas si seule, cette fois. « Je sais de source sûre qu'un complot a été monté contre Appleton et cela s'est fait assez intelligemment pour réussir. » Dis-je avec gravité. Je me sens coupable : j'ai participé à ce complot en devant la marionnette de Van Aken. Peut-être que sans moi, leur plan aurait tout de même abouti. Mais j'étais là et j'ai joué ma part dans la destitution d'Appleton. Je ne sais pas si j'avais d'autres choix mais je ne suis pas fière de celui là, en tout cas.

Le vent frais de la Norvège passe dans mes cheveux et les décoiffe. « Avec l'argent et le pouvoir, on peut tout obtenir. » J'ajoute ces paroles comme une extension de ma propre réflexion. Je ne cherche plus à convaincre mon interlocuteur : je prends part au débat qu'il a instauré, acceptant de partager un bout de mes pensées. Puis la voix de Charles brise à nouveau le silence et un frisson me parcourt le corps. Mes amis ? Un rictus m'échappe. Je n'ai personne, je suis désespérément seule face à l'Univers qui s'acharne contre moi. Les amis ne m'ont jamais paru utiles car souvent peu fiables. Mon cercle social est semblable au néant et ceux qui furent mes compagnons d'infortune étaient, pour la plupart, plus âgés. « Ils ne sont plus là. » Je réponds au Poufsouffle d'un ton grave. « Les jumeaux Brown se sont barrés, les Caldwell ont terminé leur scolarité ... » Je poursuis en énumérant ceux dont je me souviens. J'en veux à Cameron d'être parti au lieu de se battre et d'affirmer sa place dans ce monde. Il était celui qui me comprenait le mieux et il n'est plus là. Isidore aussi est parti, encore. L'abandon a décidément un sale goût de déjà-vu, dans ma vie. « Y'a Hilary, la joueuse de Gryffondor. Elle est p'tètre dans ta classe. » Dis-je finalement, pas tout à fait sûre qu'il sache de qui je parle. Cette gourde a bien failli m'assommer au début du séjour. Mais j'ai beau chercher, je ne me souviens de personne encore présent à Poudlard qui ait vécu les cachots, à part elle et moi. « Nous sommes les deux dernières à avoir vécu les tortures et les humiliations de Blackman. Et je n'ai pas eu une grande adhésion de la part de nos semblables. » Cette fois-ci, ma voix trahit mon abattement. Nous n'allons pas y arriver, j'ai l'impression de mener un combat perdu d'avance. Nous sommes trop peu et au delà de ça, il n'y a aucune union entre nous. Tout l'inverse des sangs-purs, en fait.

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@Charles T. Ehrlich
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Message(#) Sujet: Re: On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] EmptyMer 15 Sep - 17:38

On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] MsJ

On a bien vu c’que ça a donné
Flashback

Skyler avait quelque chose d’anticonformiste, et pas seulement dans sa vision générale de la société, car il aurait fallu être bien stupide pour prendre conscience de ses positions politiques aussi tard quand il suffisait de songer à l’accusation d’empoisonnement du Ministre qui plânait sur elle et à l’Enfer qu’elle avait avec vécu dans les cachots. Non, son corps entier exprimait cette rébellion ; le creux de ses joues surmontées de pommettes saillantes, ses lèvres pulpeuses presque insolentes par rapport à la finesse de ses traits et cet air défiant qui affutait chacune de ses mimiques d’une froideur cynique. Elle n’avait résolument rien pour mettre en confiance un caractère aussi discipliné que celui de Charles. Il était son opposé : il n’avait jamais haussé le ton et l'insurrection lui était un concept parfaitement étranger. Quant à son physique, il se considérait parfaitement banal, ordinairement régulier. En réalité, l’expérience la plus proche de la notion de protestation qu’il ait jamais vécue était une poussée de boutons sur la pâleur lisse de sa peau. Pourtant, et sans se l’expliquer (ce qui contribuait à renforcer sa curiosité, car enfin, il avait toujours réponse à tout), il était pris d’intérêt pour le discours de la Serpentard. Peut-être parce qu’elle n’était pas le symbole de résistance qu’il s’était figuré, dans la mesure où elle était plus discrète, plus tranquille, aussi. Elle se contentait de fumer une cigarette sur un ponton en prenant le temps de converser avec lui, alors qu’elle avait certainement conscience qu’il ne lui serait jamais d’aucune aide. Peut-être, également, parce qu’elle visait terriblement juste. Le Poufsouffle n’était pas anticonformiste mais enfin, seul un profond crétin n’aurait pas compris que le contexte actuel de Poudlard représentait une menace pour les gens comme lui, comme eux. Voilà la troisième et dernière hypothèse de Charles : Skyler était en fin de compte comme lui, justifiant cette étrange entente. Une née-moldue projetée dans un monde qui ne lui appartenait pas et qui ne lui appartiendrait jamais dans la mesure où un clan influent luttait corps et âme pour l’y extraire. Elle souffrait de la même injustice qu’il avait ressentie en recevant sa lettre pour cette école de malheur. Alors non, Charles était loin d’être indiscipliné ou dissident - mais il avait du mal à accepter que l’environnement dont il n’avait par ailleurs jamais voulu lui renvoie autant de mal. Lui qui ne souhaitait que le bien s’était retrouvé maudit sans même en comprendre la raison et si personne ne semblait entendre le malaise qui planait sur ses jours dans ce terrible constat, le regard de glace que lui offrait sa camarade à ses côtés semblait briller de la même lueur éteinte qui gelait ses propres espoirs. “Un complot” répéta-t-il, comme pour mieux matérialiser cette idée qui le saisit. C’était en fin de compte parfaitement probable, car comme le confirma Skyler en écho à ses propres songes, l’opulence donnait tous les droits. “Mais c’est injuste” souligna-t-il alors. Il était peut-être trop naïf, mais il demeurait incrédule que l’ordre de l’univers, pourtant rationnel et scientifique, soit ainsi perturbé par quelques faciles corruptions. C’était comme s’il vivait dans un monde paramétré et que certains se permettaient, du fait de leur classement sur une base absolument abstraite et constituée par les privilégiés eux-mêmes, d’y apporter des modifications. “Tu as des preuves de ce que tu avances ?” s’enquit-il alors en fronçant les sourcils. S’il ne doutait nullement des prestiges dont devaient jouir ces fortunés, il n’en demeurait pas moins que cette histoire de complot se devait d’être vérifiée. Il existait déjà bien trop de théories farfelues pour que son cerveau ne s’encombre d’une nouvelle hypothèse infondée.

La jeune fille poursuivit alors en abordant les amis qu’il lui avait demandés. Le rictus qui se profila sur ses lèvres confirma sa première impression : quelque chose de sarcastique se dégageait de ses traits, dans un revers sombre qui n’avait rien à voir avec l’attitude pourtant réservée qu’elle lui affichait jusqu’alors. Rien de menaçant, seulement, il comprit combien tout ce qu’elle lui démontrait n’était qu’une carapace, là où ses songes, son vécu, ses aspirations trouvaient une source bien plus profonde - possiblement obscure, mais il ne se permettrait ni d’émettre un jugement aussi hâtif, ni d’y accorder une quelconque valeur. Chacun luttait contre ses propres démons, à commencer par lui-même. Sinon, pourquoi passerait-il du temps en compagnie de celle qui avait justement connu le Diable pendant une année d’emprisonnement ? Il hocha la tête aux noms que lui soumit Skyler, non sans surprise quand elle évoqua les jumeaux Brown qu'il avait sommairement visualisés grâce à Hilary qui s'était entichée de Cameron. En revanche, il se figea littéralement de stupeur quand elle mentionna Hilary. Alors quoi, elles étaient amies ? Il n’en était guère au fait. “Hilly ? Oui, elle entre en cinquième année, comme moi” confirma-t-il d’un ton bas, comme il aurait apporté une précision inutile, mais qu’il se devait d’exposer pour contextualiser le reste. “Je ne savais pas que vous étiez les deux dernières rescapées” reprit-il alors en relevant un genou qu’il entoura de ses deux mains. Considérant un instant ses gants, il reporta son attention sur le regard figé de Skyler à ses côtés. "Ça doit être difficile de voir que tout le monde commence à oublier cette affaire quand on en porte encore soi-même des traces.” Il ne s’était pas nécessairement voulu empathique, mais sincère, comme émettant un simple constat qui ne pouvait cependant être dénué de la compassion subsidiaire. Les plus âgés étaient partis et les dernières victimes étaient les seules qui pouvaient encore porter la mémoire de cette tragédie que personne ne semblait vouloir rappeler. Il se serait senti aussi abandonné qu’en colère à leur place et de fait, l’attitude de Skyler lui parut d’autant plus naturelle et, à fortiori, plus rassurante également - peut-être parce qu’à sa vision se substitua un instant le visage d’Hilary qui avait su lui taire cette facette de sa vie. Se pourrait-il que la rébellion ne soit donc pas un acte révolutionnaire, mais seulement un acte de défense pour signaler sa survie dans une société qui essaie de taire les hontes dont elle est responsable ? Charles détourna le regard, happé par la portée de cette considération comme il aurait vu le décor s’effondrer au profit d’une sombre réalité qu’il n’était pas encore prêt à distinguer ; car enfin, si personne n’essayait de se souvenir de la période Blackman, si personne ne daignait écouter ces deux dernières victimes, qu’est-ce qui empêcherait l’histoire de se réitérer, et comment la haine des gens comme eux cesserait-elle de croître ? “Je ne comprends pas” admit-il alors en relevant un regard désorienté sur Skyler, rassemblant encore un peu de sa logique pour se défaire du désagréable sentiment de vide et d’impuissance qu’elle venait de disséminer en lui. “Le Ministère n’a pas mis des mesures spéciales en place ? Vous n’avez pas droit à une commémoration particulière ? Les partisans de Blackman n’ont pas été punis ? Que sont devenus les élèves qui étaient de son côté ?” Toute cette histoire lui semblait bien lacunaire, désormais. Il avait été si terrorisé par cette affaire qu’il n’avait jamais pris le temps de creuser le sujet, qui désormais, lui paraissait absurdement sous-évalué par le reste du monde. Au lieu de quoi, il lut dans les prunelles de Skyler une solitude féroce, une haine légitime, une volonté de résister dans un monde où elle n’avait guère sa place. Toute la rationalité du jeune homme était désormais confrontée à l’humanité sauvage de la jeune femme qui, sans hurler, semblait pourtant souffler en lui un cri désespéré. S’en développa une vague d'anxiété probablement plus agitée que les mouvements du lac à leurs pieds. Il pensait être venu à la rencontre de Skyler pour Hilary, ou pour conclure leur stérile correspondance. Il s’aperçut alors qu’il était définitivement piégé dans son regard.

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Message(#) Sujet: Re: On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] EmptyDim 26 Sep - 15:34

Skyler
&
Charles

On a bien vu c'que ça a donné

C'est la première fois que j'exprime vraiment ce qui me ronge, depuis mon séjour aux cachots. Après la période Blackman, ils ont tous voulu oublier. Quant à moi, j'ai toujours été trop fière pour admettre que les maltraitances ne m'avaient pas seulement blessée en surface. La cellule psychologique mise en place à la Ferme, après notre libération, ne m'a pas été d'une grande aide. Trop têtue, trop bornée, je me suis refusée à parler, préférant me cacher derrière mon mutisme et mon cynisme. Il y a peut-être eu une fois où j'ai abordé le sujet : avec Cameron, dans la salle de bain des préfets. Mais c'était il y a presque deux ans déjà et seulement à demi-mot : ayant vécu les mêmes horreurs, nous n'avions pas besoin de développer pour nous comprendre. Avec Charles, dans ce coin reculé du domaine de Durmstrang, tout est différent. Malgré sa naturelle défiance envers moi comme envers les autres, il ne sait rien de ce qui s'est passé. Il n'était pas là et nul doute que la direction a fait en sorte de ne pas s'épancher sur le sujet afin de garantir la venue des nés-moldus à Poudlard. J'imagine que la plupart s'accroche encore à l'espoir désuet d'avoir un jour leur place dans ce monde de tarés. La destitution d'Appleton aurait du leur faire comprendre que ce n'était qu'une utopie.

Je rallume ma cigarette pour la troisième fois. Le vent frais de Norvège n'est pas très coopératif. Je finis enfin par dévoiler l'information qui me brûle les lèvres depuis plusieurs semaines : les sangs-purs ont organisé le renvoi d'Appleton. Les désirs de Van Aken avaient commencé à me mettre la puce à l'oreille et les révélations de Maxton Sherwin ont cristallisé mes craintes. Quelqu'un - peut-être le vieux Van Aken lui-même - a décidé de purifier les rangs des sorciers et a mobilisé les siens pour réaliser son projet. Plus aucun endroit ne sera sûr pour les gens comme Charles et moi, ce n'est qu'une question de temps et plus nous anticiperons le danger, mieux nous pourrons y faire face. Je ne sais pas si c'est le terme "complot" en lui-même ou l'idée qu'il véhicule mais Charles semble interpelé. Oui, c'est affreux mais malheureusement, le changement est déjà en marche. Tandis que je tire mes dernières bouffées de tabac, l'inéluctable question des preuves en ma possession est posée. Seul un idiot aurait accepté de me croire sans savoir sur quoi je fonde mes accusations. Malheureusement, je ne peux rien prouver dans l'immédiat. « Je n'ai rien de matériel. » Je passe une main dans mes cheveux et rabat une mèche derrière mon oreille. « Toutes les preuves se trouvent dans ma tête. » Et même si je suis habituée à ce qu'on fouille mes pensées à cause des entraînements à l'occlumancie, j'aimerais autant ne pas divulguer mon arrangement avec van Aken sur la place publique. Je sais qu'on peut enlever des souvenirs de sa tête pour les partager - Blaze l'a fait avec celui de notre première rencontre - mais je n'ai aucune idée de la procédure à suivre. Charles va donc devoir se contenter de mes paroles, pour le moment.

L'évocation de mes soit disant amis me tire un rictus. En ai-je seulement eu un jour ? En tout cas, ceux qui ont connu l'enfer ne sont plus à Poudlard. Ils ont terminé leur scolarité ou bien se sont barrés en catimini, emportant avec eux le souvenir de la sombre époque de Blackman. Il ne reste plus qu'Hilary et moi, si ma mémoire ne me joue pas des tours. J'ai si souvent voulu oublier ce qui s'est passé, trop jeune pour comprendre que ma simple présence - notre simple présence - suffisait à maintenir la flamme du souvenir. Avec les années, nous sommes de moins en moins nombreux à porter la marque de ces odieux évènements et le souvenir s'estompe un peu plus à chaque départ. Charles me conforte dans cette idée. Il ne savait pas, évidemment. Plus personne ne sait car tout le monde s'en tape de nous et préfère détourner le regard plutôt que d'admettre que l'être humain est capable de telles horreurs. Je me fige, interdite à l'écoute de mon interlocuteur. Je refuse d'inspirer de la pitié. Pourtant, cette phrase sonne si juste que je me sens comme mise à nue. Instinctivement, je remonte mes genoux contre ma poitrine et les encercle de mes bras. Oui, c'est difficile de n'être qu'un détail dans un livre d'histoire. C'est difficile d'entendre une bande d'adolescents boutonneux plaisanter en se croyant "revenus au temps de Blackman" parce qu'ils ont pris une retenue trop sévère à leur goût. C'est difficile d'entendre Jade Shepherd dire que la persécution des nés moldus avait du bon. Toutes ces choses font mal mais personne ne le voit. Personne ne sait ce que ça fait parce que tant que la blessure ne saigne pas, elle n'existe pas.

Un moment passe sans qu'aucun de nous ne trouble le silence apaisant des berges. J'ai quasiment oublié la teneur de ce rendez-vous ainsi que mes revendications. Je me suis transformée en témoin dans une affaire criminelle pas totalement terminée mais qu'on a préféré classer sans suite. Ouais, je crois que je ne peux pas trouver de comparaison plus parlante. De son côté, le Poufsouffle a encore des questions pour moi. Si d'habitude, je serais restée sur la défensive, cette fois ci ça ne me dérange pas. Je lève néanmoins les yeux au ciel devant tant de naïveté. Le Ministère n'est pas resté sans rien faire mais ce qui a été mis en place n'était pas suffisant, pas pour moi. « On a eu des soins et une cellule psychologique. » Je prononce ces mots d'un ton dédaigneux, le souvenir de la ferme me sautant à la gorge. Je n'ai jamais voulu parler. J'étais meurtrie, sur la défensive, presque sauvage et je le suis encore aujourd'hui. Je ne voulais pas d'aide de la part de mes bourreaux. Les plaies étaient trop fraiches. « Quand le Ministère est revenu de notre côté, les partisans de Blackman qui avaient été attrapés ont été jugés je crois. Blackman est en liberté. » Un frisson me parcourt. Ils n'ont jamais attrapé ce fils de pute, certains de ses partisans et lui courent toujours. C'est peut-être pour ça, que je ne me sens jamais en sécurité nulle part. « On a eu une cérémonie, à la première rentrée. Pour les morts et tout ça. Certains élèves ont eu une médaille. On doit encore les voir dans la salle des trophées. » Putain, ça parait tellement con dit comme ça. Nos sauveurs ont eu une belle médaille et nous, elle est où notre putain de compensation ? « Et après, plus rien. C'était compliqué de juger des gamins, la plupart ont été reconnus irresponsables. » Ce fut peut-être ça le pire, finalement. La vie a repris son cours et on a continué à aller en classe avec nos tortionnaires. Comment différencier ceux qui avaient suivi le mouvement pour sauver leur peau de ceux qui croyaient dur comme fer à l'idéologie pro sang-pur ? S'en sont-ils seulement donné la peine ? J'écrase rageusement les restes de ma cigarette sur le ponton. Tout a été fait pour chasser au plus vite cet épisode peu glorieux des mémoires, pour ne pas mettre le monde des sorciers devant son échec et ses failles. L'histoire est désormais sur le point de se répéter et il est peut-être déjà trop tard pour l'en empêcher.

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Message(#) Sujet: Re: On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] EmptyMar 23 Nov - 16:59

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On a bien vu c’que ça a donné
Flashback

Saint Thomas était une sage référence qui brillait dans la pénombre de son dortoire, luisant à la lumière de sa baguette posée sur les lignes de la Bible qu’il consultait par habitude avant chaque sommeil. En l’occurrence, comme chacun le sait, ce brave vieil Apôtre avait un crédo qui résonna dans le cerveau concentré du jeune Poufsouffle : “je ne crois que ce que je vois”. De fait, il lui fut difficile d’accepter l’argument quelque peu volatile de Skyler qui se contenta de lui signifier qu’elle n’avait aucune preuve matérielle et que son seul fondement résidait dans son esprit. Attention, Charles était également un adepte de la pensée et des réflexions, seulement, dans le cadre d’une accusation, mieux valait apporter un élément tangible de démonstration. Allons, il n’y avait pas besoin d’avoir un diplôme de droit pour savoir ce basique de la juridiction. “Je vois” répondit-il d’un ton sans émotion observant la nature autour d’eux, comme il se serait davantage adressé au paysage qu’il contemplait qu’à sa camarade dont il ne pouvait rien obtenir de plus. Pourtant, aussi détaché se figurait-il et aussi adepte de Saint Thomas s’affirmait-il par la même occasion, il se devait d’admettre qu’il était pour une obscure raison intimement convaincu de la culpabilité de ce nouveau Directeur. Comme une absurde certitude qui tambourinait au fond de sa poitrine, il sentait pulser en lui une angoisse sourde qui couvait par ailleurs son regard d’apparence froide d’une inquiétude ternissant l’éclat du soleil qui se reflétait dans ses pupilles. Se pourrait-il que le vieil apôtre ait tort ? Que l’on puisse seulement se fier à son instinct ? Charles en doutait, mais maintenant qu’il expérimentait cette désagréable sensation et qu’une fille qui avait vécu les pires atrocités lui confirmait ce ressenti, il ne pouvait que s’en remettre au frisson qui glissa sur son échine. “Ne le prends pas personnellement, mais ça va être difficile de te faire confiance sans aucune preuve” commença-t-il en reportant ses iris sur la visage de la Serpentard à ses côtés, lesquelles dévièrent une seconde sur la baguette qu’elle avait posée sur le côté en signe d’armistice. “Ce qui veut pas non plus dire que tu as tort” nuança-t-il alors en retrouvant son regard auquel il confia une lueur tacite d’accord. Comme pour appuyer sur les horreurs du passé qui habillaient encore à ce jour son visage d’une dureté intimidante, Skyler entreprit alors de signifier la suite des évènements qui valurent au jeune homme une mine d’abord perplexe, puis progressivement déconfite. Alors quoi, le terroriste le plus dangereux de leur époque était en liberté sans que personne ne s’en offusque ? Pire, on laissait les nés-moldus, les plus en danger, reprendre tranquillement les bancs de l’école sans la moindre attention ? Une cellule psychologique n’empêcherait jamais l’histoire de se réitérer et de toute manière, on ne donnait pas un remède en guise de vaccin. Il fallait de vraies mesures, de vraies décisions, et non une vulgaire médaille. L’ironie lui aurait presque paru juteuse s’il ne s’agissait pas d’une vile réalité. Déglutissant avec difficulté à la perspective qu’un malade soit en liberté dans la nature et qu’on ait accordé aux rescapés un morceau de métal en guise de sécurité, Charles gratta rapidement son front d’un mouvement d’avant-bras avant de faire mine de s’intéresser aux silhouettes lointaines de Durmstrang pour ne pas faire face à la lueur fantomatique du regard de Skyler qui, l’espace de quelques secondes, laissa couler sa glace en faveur de monstrueuses ombres qu’il n’avait pas envie d’affronter.

Au diable Saint-Thomas. Il n’était pas nécessaire de voir pour croire quand le témoignage d’autrui illustrait toutes les plus affreuses chimères à sa seule intonation. “Irresponsables ?” répéta-t-il à voix basse à la fin des explications de Skyler dont il retrouva finalement le regard. “Je croyais que l’adolescence nous permettait de devenir adultes en nous apprenant à être responsables de nos actions. Les complices auraient dû payer en conséquence de leurs décisions… Quand je pense que certains ont été renvoyés pour moins que ça, mais que eux ont le droit de partager nos cours” souffla-t-il, pris d’un sentiment d’injustice de plus en plus aiguisé. Mais puisqu’il n’était pas d’une nature violente, la colère qui émergeait progressivement dans le tourbillon de ses pensées laissa place à une prise de conscience qui souleva en lui une vague d’empathie, bien plus douce, bien plus semblable au calme du lac à leurs pieds. “Je suis tellement désolé pour vous” fit-il alors, comme s’il lui incombait de présenter les excuses d’une société qui n’avait même pas daigné protéger ses nouvelles recrues. “Aucun de vous ne méritait ça” ajouta-t-il un ton plus bas en songeant au visage si paisible d’Hilary, elle qui avait pourtant vécu en Enfers. Son cœur se pinça à cette pensée, si bien qu’il tourna finalement son visage vers ses pieds. En réalité, sa propre peur de voir une telle époque ressurgir ne valait rien par rapport à l’angoisse qui l’animait à la perspective qu’une telle injustice prenne le pas sur l’ordre des choses. Ce n’était pas tant l’angoisse de la douleur et de la honte et de la brutalité - c’était l’insécurité, le déséquilibre, le chaos. Se pouvait-il véritablement qu’après une telle période, l’histoire se répète ? Dans une forme de naïveté, il avait grandi en se disant que l’être humain avait le droit au pardon justement pour ne plus répéter ses erreurs. Mais plus il grandissait, plus il s’apercevait que toutes ces croyances étaient futiles. Saint Thomas pourrait bien se reposer, ce soir - il ne serait plus consulté. Il était peut-être mort en martyr, mais lui au moins avait-il eu le droit à une vie de gloire là où ne semblait poindre qu’une terrible insignifiance pour eux. “Alors tu proposes quoi ?” s’entendit-il quémander, presque hagard face à ce terrible constat. “On attend de voir la suite ?” ajouta-t-il, un poil désabusé, avant de relever le regard en observant désormais le domaine d’un œil sceptique. Bien sûr qu’il aurait envie de réagir, mais dans quel but ? Ils n’avaient aucune chance et ne pouvaient donc qu’attendre en espérant trouver la meilleure cachette le jour venu. Lui qui s’était présenté à Skyler par curiosité se retrouvait désormais harassé d’une terrible malédiction. Il ne s’était jamais senti à sa place à Poudlard et voilà qu’il se retrouvait à devoir ramper pour échapper à la sournoiserie de ceux qui y avaient un trône.

HRP:

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Message(#) Sujet: Re: On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] EmptyDim 12 Déc - 13:56

Skyler
&
Charles

On a bien vu c'que ça a donné

Je ne suis pas crédible. Je ne sais pas ce qui est le plus douloureux : le lire dans le regard de ce Charles, encore inconnu au bataillon il y a quelques mois, ou en faire la constatation avant même de me référer au Poufsouffle. Le vieux van Aken a rondement mené sa barque et m'a manipulée pour arriver à ses fins. J'en viens à sérieusement penser qu'il est l'auteur de l'empoisonnement du ministre et m'a laissée être accusée à sa place. Quel gros connard. Je n'aurais jamais dû lui demander quoi que ce soit pour l'Occlumancie. Pourtant ça a marché, je commence à maîtriser les bases de cet art aux allures de magie noire. Mais à quel prix ? Le jeu en valait-il la chandelle ? Je ne peux pas changer le passé. Ce qui est fait est fait mais j'ai encore les pleins pouvoirs sur l'avenir. C'est pour cela que je me mets autant en avant, que je prends le genre d'initiatives qui m'a conduite à donner rendez-vous à Charles ici. Le Poufsouffle semble d'un naturel méfiant, du moins c'est ce qu'il me semble. Forcément, ne pas avoir de preuve tangible à lui apporter pour crédibiliser mon propos ne joue pas en ma faveur. D'ailleurs, il ne manque pas de me le faire savoir, m'agitant mon impuissance sous le nez. Ne pas le prendre personnellement, c'est facile à dire. Je sais bien que mon visage fermé n'attire pas la sympathie, c'est même tout le but. Aurait-il était plus enclin à me croire si j'étais un garçon ? Ou si j'étais plus souriante ? J'espère que le délit de faciès n'est pas derrière tout ça.

Je ne sais pas si Charles s'est aperçu de ma contrariété mais il rajoute de quoi nuancer son propos. Super, on joue à ni oui ni non maintenant ? Je n'ai pas le temps pour ces conneries. « Si tu avais des preuves, ce ne serait pas de la confiance, seulement de la constatation. » Le coup part, sans avoir besoin d'utiliser mes poings. Je sais être tranchante dans mes paroles et je ne laisse pas de place aux doutes ni à l'imprécision. J'ai beau être en tort car il est vrai que je n'ai rien de physique à montrer, je pensais être assez fiable pour qu'on puisse s'en passer. En réalité, j'aurais sûrement été aussi soupçonneuse voire davantage si j'avais été à la place de Charles et qu'une inconnue cherchait à me rallier sans preuve de quoi que ce soit. Je me radoucis un peu lorsqu'il est question de raconter mon histoire. Je n'ai que rarement l'occasion de le faire. Depuis la fin du règne de Blackman, c'est comme si tout le monde préférait tourner la tête. Nous, les nés-moldus, sommes la honte d'une communauté toute entière car nous représentons les erreurs qu'ils n'ont pas su éviter. Alors ouais, le fou furieux qui nous a torturés court toujours. Et ouais, tous préfèrent agir comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Voilà des années que je côtoie ceux qui m'ont craché dessus quand la situation était à leur avantage et c'est encore à moi de fermer ma gueule. Le ministère a nié notre histoire, nié nos souffrances sous prétexte qu'il ne fallait pas faire de vagues. Charles semble outré, écœuré que la plupart de ces élèves tyranniques s'en soient sortis avec rien ou à peine un rappel à l'ordre. S'il ignorait tout cela jusqu'à présent, combien sont-ils dans le même cas ?

L'indignation laisse rapidement place à la pitié. Du moins, c'est comme cela que je le perçois. Je suis tellement habituée à cet environnement rude, où l'on ne peut compter que sur soi-même et où chaque action est intéressée que je ne fais plus la différence entre une empathie bienveillante et une pitié forcée. Même si les paroles de Charles sont pleines de bonnes intentions, elles n'ont pour réponse que mes yeux qui se lèvent au ciel. Je ne lui raconte pas tout ça pour qu'il me voit comme une martyr ou qu'il prenne des pincettes avec moi. Je veux seulement lui montrer la réalité de ce monde dans lequel nous avons été parachutés et ce à quoi il pourrait à nouveau ressemble si nous ne faisons rien pour l'en empêcher. Mais quoi faire ? C'est justement pour cela que nous sommes réunis. Je ne sais pas ce qu'il faut faire ni par quel bout commencer. Je n'ai rien d'une révolutionnaire, j'ai plutôt pour habitude de me faire oublier. Mais je nourris ma rage contre mes bourreaux depuis si longtemps que je ne peux pas rester impassible alors que j'ai toutes les cartes en main pour prédire l'avenir. Je suis quasiment dos au mur quand Charles me demande ce que j'ai en tête. J'ai l'impression d'avoir tous les ingrédients en main pour concocter ma potion sans disposer de la recette. Je me sens impuissante et je déteste ça. « On peut rien faire pour l'instant. » Je tourne la tête et mon regard se perd dans l'étendue d'eau qui nous entoure. Nous sommes face à un ennemi redoutable qui avance ses pions avec autant de ruse que de discrétion. « Etre un Sorensen et nous emmener à Durmstrang ne sont pas des raisons suffisantes pour sonner l'alerte. Faudra être vigilant à la rentrée et se rassembler, c'est ça le plus dur. » Je sais qu'il me faudra être patiente, j'en ai déjà eu la preuve avec cette première campagne épistolaire. Je n'ai eu que trois réponses positives, autant dire rien du tout. Il va falloir davantage de faits pour convaincre mes semblables. Je suis écœuré de devoir attendre un drame pour qu'on accorde du crédit à ma parole mais malheureusement, je n'ai guère d'autre choix. « Je peux compter sur toi ? » Mon regard capte celui du Poufsouffle et ne lâche plus. Il est venu, il a vu. Est-il prêt à me suivre, maintenant ?

@Charles T. Ehrlich
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Message(#) Sujet: Re: On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] EmptyMer 15 Déc - 17:10

On a bien vu c'que ça a donné ⇝ Charles [FLASHBACK] MsJ

On a bien vu c’que ça a donné
Flashback

Le froid de la Norvège était presque aussi ravageur que le ton de Skyler - à moins qu’il ne s’agisse que de la dureté de son regard qui balayait le paysage d’un air aussi résolu que menaçant. Difficile de décrire précisément les traits d’une jeune fille qui demeurait une inconnue pour lui, mais les faits étaient là. La Serpentard était probablement plus apathique encore que lui, ce qui ne le rassura guère dans son impression qu’elle était possiblement dangereuse, mais ce qui avait au moins le mérite de montrer qu’elle était lucide. Charles adorait Hilary pour ses sourires spontanés tout comme il appréciait le sérieux qui, dans les sujets les plus graves, relevait d’une présence d’esprit qui figurait toute la réflexion qui s’acheminait parmi les pensées. Aussi demeura-t-il silencieux à la réplique de Skyler, détournant le regard pour contempler les eaux tranquilles à leurs pieds. Peut-être aurait-elle pu faire preuve de plus de délicatesse et d’un autre côté, cette fermeté mêlée de lassitude illustrait exactement ce qu’il attendait d’elle. Allons, il n’avait pas quitté les murs de Durmstrang pour rejoindre une vieille amie avec qui passer du bon temps. Il était venu pour trouver réponse à ses inquiétudes et si celles-ci furent en réalité plus amplifiées qu’apaisées, il dut se rendre à l’évidence que la jeune fille avait probablement raison en dépit de son absence de preuves tangibles. Comme il l’avait conclu, certains faits se sentaient dans l’air sans aucun gage matériel. N’était-ce pas le propre de l’orage que de décharger une lourde tension dans l’air sans que le moindre nuage ne vienne confirmer son approche ? De la même façon, la confiance ne se gagnerait pas par une simple preuve. A vrai dire, elle flottait déjà autour d’eux, quelque part autour de leur baguettes laissées en arrière en guise d’armistice, quelque part autour du silence entendu qu’il accorda à cette réplique tranchante. Entrouvrant les lèvres, Charles se ravisa aussitôt, s’apercevant qu’il n’avait effectivement rien à répondre. Dans le fond, s’il s’était approché d’elle, c’était bien parce qu’il pressentait une vérité de sa part… Et en même temps, tout ceci était encore plus confus qu’à son arrivée, si bien qu’il ne savait même plus quoi lui signifier. Renfermant sa prise autour de ses jambes, il finit par poser sa joue sur ses genoux de manière à détailler davantage la Serpentard qui, pour sa part, continuait d’observer le paysage. Elle avait tellement souffert qu’en vérité, elle devait être encore plus méfiante que lui, ce qui justifiait son sentiment d’urgence plus affirmé que le sien et en même temps, la légitimité de ses propos. Si elle s’inquiétait, si elle avait écrit à des inconnus, si elle avait consenti à la retrouver, c’était bien pour quelque chose. Mais à part lui partager le poids de ses appréhensions, que pouvait-elle attendre de lui ? Charles releva le visage pour chercher un nuage au-dessus d’eux. En vain. Cette fin d’après-midi était splendide. Frigorifique, mais radieuse. Il songea à la cape de fourrure qu’il avait laissée pliée dans son dortoir. Il pouvait continuer de geler, il ne toucherait jamais à cette cruauté barbare. Tout comme il pouvait continuer de se sentir mal à l’aise dans ce monde magique, il ne participerait jamais à de tels crimes. C’était sûrement loin d’être suffisant pour Skyler, mais pour l’heure, c’était tout ce qu’il pouvait lui apporter. Ne pas être un complice de plus et affirmer sa résistance… Même si celle-ci ne pouvait se traduire que par le silence.

De fait, le flottement perdura un long moment, jusqu’au moment où il lui demanda expressément ce qu’elle envisageait pour la suite. Or de question de se dissocier de la malfaisance des autres pour contribuer à une autre forme de répression. Skyler lui confirma son ressenti, c’est-à-dire qu’il n’y avait justement rien de plus à faire. Il hocha la tête dans le vide, réalisant alors qu’il l’avait rejointe pour seulement endosser encore plus de peine et de craintes. Aurait-il dû faire demi-tour en quittant le château ? S’épargner ce soleil sordide et ce froid malvenu ? Eviter les prémonitions désastreuses de Skyler ? Aurait-il dû fuir comme il le faisait depuis cinq ans ? Rationnellement, oui, c’était certain. S’il voulait s’assurer de tenir encore trois ans avant de retourner se complaire dans le vrai monde, celui d’où il venait, mieux valait pour lui de continuer à faire profil bas et de ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas. Mais est-ce que toute cette histoire ne le concernait véritablement pas ? Le rationnel avait donc ses limites, si bien qu’instinctivement, non. Non, il n’aurait pas dû fuir. Au contraire, il y avait déjà une forme de justice à écouter Skyler, à se renseigner davantage sur cette période sombre que tous semblaient préférer occulter. Il ne s’agissait même pas de politique, mais tout bonnement d’humanité. Aussi peureux soit-il, il n’en demeurait pas moins sensible à la souffrance, dont celle de Skyler, dont celle d’Hilary, écoeurantes, mais nécessaires pour appréhender la suite. Par delà l’anxiété que la jeune fille venait de lui faire endosser, il y avait effectivement un terrible assentiment. Il n’avait pas la carrure pour un tel combat et pour autant, cette réalité n’ôtait rien au bien-fondé de celui-ci. Charles ferma ses yeux en prenant une profonde inspiration dans l’espoir de calmer son pouls qui commençait à s’emballer. En fin de compte, il retirait tout ce qu’il avait commencé à penser - il ne faisait pas froid, au contraire, il ressentait une chaleur suffocante. Peut-être que Skyler elle-même apparaissait glaciale quand en réalité, elle brûlait de justice. Elle poursuivit justement sur la nécessité de rassemblement, ramenant Charles à la réalité qui rouvrit ainsi ses paupières sur la sérénité amère du décor norvégien. Les montagnes environnantes étaient bien hautes, mais elles ne valaient guère la hardiesse de la tâche soulevée. “Encore faut-il trouver des adhérents” observa-t-il, découragé. Lui-même ne savait pas s’il était capable de s’engager alors même qu’il croyait profondément en cette alerte.

Comme elle aurait lu dans ses pensées, Skyler chercha son regard pour lui demander si elle pouvait compter sur lui. Aussi simple soit cette question, Charles crut être confronté à une problématique arithmétique particulièrement pointue, si bien qu’il en perdit la parole. Le regard de la Serpentard ancré dans le sien le pressait d’autant plus qu’il ne parvenait pas à s’en défaire, imaginant les atrocités qu’elle avait dû subir, les matérialisant entre eux et les projetant dans le futur de lui et de ses proches. “Euh…” fit-il en cherchant une issue qui ne venait pas, décontenancé et perturbé par la force de ses pensées disparates. “Je…” Mais à nouveau, il s’abstint et c’est à cet instant qu’il comprit que s’il ne pouvait plus faire machine arrière, il pouvait encore échapper au regard impétueux de la jeune fille. Détournant ses prunelles qu’il porta machinalement sur ses gants, il demeura silencieux encore un long moment, les mots se bousculant sur le pas de ses lèvres scellées. “Je sais pas” glissa-t-il finalement à voix basse, honteux et pourtant certain de la pertinence de cette réponse. Comment lui promettre quelque chose alors qu’il n’était même pas certain de pouvoir compter sur lui-même ? Il avait besoin de temps. Du temps pour cogiter davantage, du temps pour voir l’évolution des choses, du temps pour reprendre le cours de sa respiration désormais saccadée. “Je sais pas” répéta-t-il plus fermement, comme il aurait vu en cette phrase une prédication capable de le sauver de cette inconfortable position. “Je dois réfléchir” précisa-t-il en se levant précipitamment, prenant conscience que non seulement rien ne le retenait figé au regard de Skyler, mais en plus qu’il était encore libre de s’éloigner. “C’est beaucoup d’un coup” se justifia-t-il en récupérant sa baguette, se sentant minable d’une telle affirmation alors que son interlocutrice avait dû supporter bien pire. Ce faisant, il croisa à nouveau le regard de Skyler qui le fit reculer de quelques pas - non pas par son aura effrayante, mais par reflet de la honte qu’il ressentait face à sa faiblesse. “Je, enfin, on se tient au courant” conclut-il comme s’il s’agissait de planifier une sortie à Pré-au-Lard. “Désolé” ajouta-t-il alors, au bord du malaise, ses joues rosies par le froid et par la pression qu’il ressentait dans sa cage thoracique. Il tourna aussitôt les épaules pour avancer d’un pas vif, quitter le ponton et rejoindre le parc qu’il traversa en de grandes foulées. Non, il ne pouvait pas fuir les sombres prémices de la rentrée à Poudlard. En revanche, il avait encore une chance de prendre du recul, soit pour mieux se jeter dans cette cause, soit pour mieux tomber dans la lâcheté.

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