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we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE)
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Message(#) Sujet: we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) EmptyMar 6 Juil - 23:10



( we met at chess | CHARLES ✿ ROSALIE )

Les mots dansaient sous ses yeux dorés, formant un ballet incompréhensible de combinaisons qui ne voulaient rien dire, créées à partir de lettres qu’elle connaissait en partie mais auxquelles des subtilités s’étaient ajoutées. Le visage penché vers le parchemin maudit, les mains fourrées dans sa longue chevelure ébouriffée, Rosalie était à deux doigts de pleurer. Lorsque son père lui avait annoncé la nouvelle, elle avait explosé de joie avant de lui sauter au cou et de le remercier d’un millier de bisous sur ses joues fraîchement rasées. Mason n’avait pas pu échapper à la tornade blonde qu’était l’adolescente qui venait d’apprendre qu’elle partait en vacances avec tous ses amis. Où, elle n’en savait rien, mais c’était la dernière de ses préoccupations. Ni une, ni deux, elle s’était jetée sur son portable pour envoyer un SMS puis s’était empressée d’écrire à ses meilleurs amis, la main tremblante de joie. Adieu les mornes journées à errer dans la campagne écossaise, seule. Adieu le sentiment d’injustice terrible qui lui fendait le cœur. Adieu les soirées à ruminer ce bal morose qu’elle avait passé en compagnie de Blaze. Bonjour l’été le plus merveilleux de toute sa vie — jusqu’au prochain. Bonjour les copains. Bonjour la découverte, l’aventure, le conte de fées. Il avait tout de même fallu dire au revoir à Siobhan — la jolie rousse qui était en vacances chez son oncle dans le petit village où habitaient les grands-parents de Rosalie — mais elles avaient promis de s’écrire et la jeune sorcière ne comptait pas manquer à sa parole. Cette fille était un peu plus âgée qu’elle et la faisait drôlement rougir, aussi espérait-elle avoir l’occasion de la revoir à son retour.

Si elle survivait. Car les rêves de plage ensoleillée, de jungle tropicale, d’île au bout du monde étaient retombés comme un soufflé mal cuit quand on ouvre le four trop tôt au moment où le portoloin avait atterri — et sa cargaison d’élèves avec lui. Le ciel était gris. Il faisait froid — mais vraiment froid, un froid sec qui vous glaçait le bout des doigts et qui rendait le bout de son nez tout rouge. Il faisait froid à l’extérieur, mais l’intérieur du château n’était pas chauffé non plus. Durmstrang était vraiment un autre monde. Un monde que Rosalie regrettait franchement d’avoir découvert. Comme son lit lui manquait, et Haggis, et son papa… Elle était non seulement contrainte de partager une chambre sujette aux courants d’air — et pas avec sa meilleure amie en plus — mais aussi de suivre des cours. Des cours. Alors qu’elle était en vacance… Non, rien n’allait. Et la boule dans sa gorge enfla, grossissant à mesure que les mots en norvégien ondulaient sous l’effet des larmes qui lui montaient aux yeux. Elle voulait rentrer chez elle, quitter cette cape — même si, elle devait bien l’admettre, l’uniforme leur donnait l’allure de guerriers vikings — refermer les manuels et retrouver un cocon douillet. Après trois longues minutes à lire Jeg forstår ikke sans comprendre que la traduction décrivait parfaitement son état, Rosa repoussa le papier qui lui donnait tant de fil à retordre et releva la tête, ravalant les sanglots de dépit.

Ils étaient quelques élèves à être restés dans la salle de classe où s’était terminée la leçon de norvégien, dont Rosalie, assise aux côtés de Haley et Artemis. D’autres petits groupes échangeaient à voix basse et de nombreux soupirs se faisaient entendre. Une silhouette brisa soudainement la monotonie des têtes penchées sur leurs devoirs, attirant l’attention de la blonde qui reconnut Charles. Le jeune homme croisa son regard et elle lui fit un geste de la main qui voulait dire Tu t’en vas ? Attends-moi, par pitié ! ou quelque chose de similaire. Si elle ne s’en sortait pas avec le norvégien, le jeune garçon s’en tirait mieux avec la langue des signes puisqu’il hocha doucement la tête et s’arrêta juste avant la sortie de la salle de cours. La Gryffondor s’empressa de ranger à toute vitesse ses affaires, réveillant l’attention d’Haley qui allait, jusque-là, entièrement à ses premières notions d’un dialecte nouveau. « Je file, j’en ai trop marre du norvégien » souffla-t-elle à l’attention du Serpentard et de la Poufsouffle, tous deux bien meilleurs élèves qu’elle ne l’était. Et puis mince, ils étaient ici en vacances. Un brin d’optimisme rebelle enfla dans la poitrine de la jeune fille et la réchauffa intérieurement, repoussant le chagrin enfantin dans les tréfonds de son esprit.

Un bond plus tard, elle arrivait à hauteur de son camarade et franchissait en sa compagnie la porte de cette salle de classe démoniaque. « Comment ça va ? Tu allais faire quoi ? » Elle ne savait même pas que Charles venait aussi au voyage scolaire, avant de l’apercevoir à Pré-au-Lard, sa longue silhouette discrète qu’elle avait saluée avec un enthousiasme qui n’appartenait qu’à elle. Réajustant la lanière de son sac, elle renfonça ses mains dans ses poches afin de les tenir le plus au chaud possible. Elle espérait secrètement qu’il allait lui répondre qu’il comptait faire un tour dehors ou bien qu’il allait explorer un peu cette école inconnue, voire même qu’il allait lui dire qu’il comptait jouer aux échecs. N’importe quoi, quelque chose qui lui permettrait de lui jeter un regard implorant pour lui demander si elle pouvait se joindre à lui. Rosalie avait désespérément besoin de quelque chose de réconfortant, et c’était tombé sur Charles.

@Charles T. Ehrlich

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Message(#) Sujet: Re: we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) EmptyMar 27 Juil - 21:44

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We met at chess
Protéger la Reine

Étonnement et probablement contre toutes les statistiques normales de ce monde, Charles était content de cette destination de vacances. Il fallait dire que ses attentes partaient de bien bas : la nomination d’un dévoué sang-pur, à la réputation aussi sordide que la violence qui brillait dans le regard de sa progéniture, l’avait rationnellement porté à croire que le voyage ne serait qu’un aller simple pour les Enfers. Après tout, les pauvres nés-moldus qu’ils étaient ne pouvaient guère espérer mieux qu’une caverne de torture à en juger la brutalité de ceux qui ne rêvaient que de leur mort. Pourtant, le vent qui souffla sur ses épaules lorsqu’il déboula, hagard, au pied d’imposantes montagnes, lui valut au contraire un frisson de fraîcheur qui le satisfit d’avoir ainsi apporté sa veste en daim. La perspective suivante de nature éclatante, de paysages sauvages et de cimes menaçantes lui arracha même dans un second temps un franc sourire, le même qui profilait ses incisives quand il devinait au loin, après presque six mois d’isolement, les troupeaux de son père dans le champ qui n’attendait que sa visite. Oh, certes, la présence ronronnante de Gidéon l’avait conforté par anticipation de tous les catastrophiques scénarii qu’il avait envisagés ; mais à n’en pas douter, la profondeur du ciel, l’émeraude des arbres et la froideur des températures eurent le mérite de le soulager du poids habituel de la chaleur qu’il détestait plus que tout. L’été n’avait jamais été sa saison préférée, aussi bien terni par la mort de la chaleur du sourire et de l’azur du regard de sa mère que par la suffocation de températures qui l’oppressaient, lui qui favorisait le confort sécuritaire de ses larges vêtements et de ses gants. Somme toute, la Norvège représentait l’opportunité idéale de passer le mois honni, à la nuance près que Charles n’était pas certain de pouvoir si facilement baisser sa garde. Allez savoir. Les nés-moldus seraient peut-être invités à dormir dans les cachots tandis que les plus purs jouiraient de bals de débauches et de fastes sanguinaires.

Cependant, une fois de plus contre vents et marées, il se trouva que les nés-moldus purent profiter d’un traitement relativement agréable. Certes, Charles n’était pas mordu de magie, mais il se devait d’admettre que sa curiosité naturelle le poussait spontanément à favoriser un été à l’abri de la sociabilité pour se dédier aux découvertes et aux apprentissages. De fait, lorsqu’il comprit qu’au-delà de quelques cours théoriques seraient également proposées des activités extérieures, son contentement monta d’un nouveau cran, soulevant à nouveau son niveau d’attente. S’il pouvait étoffer ses connaissances pour ensuite se perdre en forêt, où était le mal tant craint ? Hilary et lui jouiraient ainsi de beaux horizons à arpenter à l’abri du soleil, leurs deux tignasses blondes protégées des éblouissements intrusifs des rayons solaires. En ce sens, les cours de Norvégien ne lui parurent pas ostensiblement condamnables et, au contraire, Charles se surprit à apprécier ces quelques leçons où, lorsque sa concentration réclamait quelques fugaces libertés auprès des fenêtres chargées de pluie, il contemplait, sa plume suspendu, les paysages qui semblaient frémir en attendant son exploration. Quelles aventures l’attendaient ? Quelles promesses se dessinaient ? Lui qui n’avait en fin de compte jamais plus rien espéré se retrouvait soudain le cœur gonflé de rêveries. Poudlard était insupportable, mais sa demeure, par la sinistre présence de son père, n’en restait pas moins limitative. Ce territoire inconnu, en revanche, regorgeait de richesses. Il en vint même à songer, par une journée particulièrement morose et par un cours un peu moins passionnant de sonorités gutturales et étrangères, que sa vision binaire des choses de ce monde, à savoir la crainte irraisonnée de la magie incarnée par Poudlard et l’appréhension d’évoluer dans un monde dépourvu de sens, imagée dans la maison muette de sa père, avait en fin de compte d’autres chemins à lui offrir, comme le petit sentier qu’il devinait au détour d’un col au loin. Posant son visage sur sa paume, il se demanda alors s’il avait le choix de sa destination, contrairement à ce qu’il avait toujours envisagé dans ses pensées fatalistes. Puis, leur professeur éleva légèrement le ton pour mieux souligner une sonorité particulière, rappelant à Charles que les rêveries n’avaient de sens que si le monde en accordait le temps.

La pluie avait déjà commencé à tapoter les carreaux de la fenêtre depuis longtemps lorsque le cours s’acheva. Ignorant le mouvement des chaises autour de lui, Charles termina de peaufiner quelques notes, si bien que plus de la moitié de la salle avait déjà quitté les lieux lorsqu’il émergea à son tour. Fermant d’un geste sec son cahier, il se releva, rangea précautionneusement ses affaires dans son sac avant de glisser ses bras dans les hanses. Sa langue claqua lorsqu’il réalisa que l’une d’elle s’était entortillée, réveillant ses plus insidieux démons qui ne toléraient guère une telle dépareillance. D’un mouvement empressé, il redressa la hanse de son sac à dos lorsque, relevant le regard pour vérifier si quelqu’un avait observé sa bataille silencieuse contre son épaule, il croisa le regard de Rosalie. Un sourire de circonstance étira ses lèvres, réalisant que maintenant que ses prunelles de miel étaient tombées sur les siennes, il se devait d’agir poliment avant de retourner vaquer à ses occupations, quand la jeune fille le retint d’un geste pourtant lointain de la main. Contrôlant difficilement sa surprise à ce qu’elle souhaite visiblement lui accorder du temps en dépit des présences d’Artemis et de Haley, Charles hocha lentement le visage avant de se diriger vers la sortie de la salle où il patienta quelques secondes pour retrouver la tête blonde de la Gryffondor. Celle-ci ne tarda guère pour l’emporter dans sa tempête habituelle, lui demandant aussitôt comment il se portait et surtout, ce qu’il envisageait de faire par la suite. Un sourire désormais plus sincère fendit ses lèvres, témoignage du plaisir qu’il ressentit à la considération que lui accordait ainsi Rosalie. Il fallait dire que la jeune fille n’avait pas franchement besoin de lui pour être entourée, et que l’intérêt qu’elle lui portait, un peu comme Daria, avait quelque chose de chaleureux pour la froideur de ses jours. Toujours dans sa réalité binaire, il y avait d’une part les solitaires introvertis comme lui et d’autre part, les enthousiastes amicaux comme elle. Difficile de relier ces deux pôles et pourtant, l’un et l’autre avaient su trouver un pont par les échecs. L’escape game auquel ils avaient participé ensemble, et qu’ils avaient par ailleurs gagné par un brillant esprit d’équipe, avait effectivement conduit à développer une routine ; et Dieu sait que Charles ne vivait que par routines dans la monotonie instaurée par ses insécurités. Qui eût cru que quelques pièces sur un morceau de bois auraient eu raison du déterminisme de leur différence ? “Bien, je te remercie. Je voulais aller me promener”, admit-il alors qu’ils avançaient lentement au détour d’un couloir, “Mais vu le temps, c’est plutôt compromis.”

La discussion aurait probablement pu prendre fin sur ce simple constat si Charles n’avait pas porté son attention sur le visage de la jeune fille à ses côtés. Il n’était pas socialement à son aise, mais il était trop empathique pour ne pas saisir les expressions humaines. En l’occurrence, quelque chose s’était terni dans le visage de Rosalie - ce qui n’était pas non plus difficile à noter puisqu’elle était toujours si vive que la moindre faille semblait provoquer de véritables séismes. “Toi, en revanche, tu n’as pas l’air emballée” constata-t-il alors en serrant les lanières rebelles de son sac entre ses doigts gantés. Son ton s’était révélé un peu trop neutre - un peu comme il aurait lu la ligne d’une recette. Après tout, si Charles était capable de deviner les émotions comme il reconnaissait les saveurs et les ingrédients, il n’en demeurait pas moins trop gauche pour comprendre la manière dont cuisiner ce qu’on lui soumettait. C’est alors que l’évidence le frappa : devait-il essayer de cuisiner pour de vrai ? C’est-à-dire, se devait-il de remédier à ce visage qu’il contemplait ? Il est vrai que la tristesse de Rosalie ne collait guère à son image habituelle et que les incohérences devaient être résolues, mais était-il le plus à même de résorber les anomalies de la nature ? Soudain paniqué à l’idée de manquer à ce devoir imaginaire qu’il s’était figuré et dont il se sentait pourtant trop peu adapté pour en endosser la responsabilité, Charles détourna le regard à la recherche d’un soutien oculaire. Néanmoins, hormis quelques visages anonymes et des décors nordiques, sobres et sombres, rien ne semblait lui souffler la réponse qu’il espérait. Aussi finit-il par se raccrocher à la seule chose qu’il connaissait de Rosalie, une solution qui lui permettrait par ailleurs de se sentir suffisamment à l’aise pour sauver la jeune fille à la manière du héros imposteur qu’il était. Retrouvant la pâleur du visage de la jeune fille à côté de lui, il sembla hésiter un instant, avant de se lancer. “Dis, ça te dirait de jouer aux échecs avec moi ?” Puis, comme il aurait soudain pesé le poids de ses dires qui lui parurent infiniment lourds, il reprit aussitôt “Enfin seulement si tu en as le temps, ou l’envie, bien sûr, ne te sens pas obligée.” C’était bien la dernière chose qu’il souhaitait : renforcer l’état de la jeune fille en lui soumettant une suggestion qu’elle se sentirait contrainte d’accepter. “C’est juste que, comme il fait moche, ça pourrait passer le temps” conclut-il, comme nouvellement obligé d’argumenter en faveur de sa proposition. Il se retint cependant d’insister sur la faille qu’il avait distinguée dans les iris de sa camarade. Hors de question de lui faire croire qu’il était suffisamment attentif pour apercevoir les commissures retroussées de ses lèvres, ou de lui montrer combien ce léger changement avait pourtant quelque chose de préoccupant. Les adversaires d’échecs ne devaient certainement pas commencer à s’inquiéter de l’état de leur concurrent, n’est-ce pas ?

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Message(#) Sujet: Re: we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) EmptyJeu 29 Juil - 22:01



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Charles la captivait. Rosalie était bien en peine d’expliquer pourquoi, d’expliquer comment, d’expliquer ne serait-ce que cette curiosité qui se distinguait de bien des autres. Sans être en mesure de poser des mots dessus, elle se sentait toujours un peu singulière en compagnie du Poufsouffle. Il était froid comme la glace et, pourtant, quand ses lèvres se retroussaient en une esquisse de sourire, c’était toujours avec une douce chaleur qui donnait envie à la blonde de le faire sourire un petit peu plus. Ils étaient différents — plus différents qu’elle ne l’était de ses deux meilleurs amis dont les caractères égoïstes s’assemblaient comme des pièces d’un même puzzle — mais un escape game sorti de nulle part les avait rapprochés de la plus inhabituelle des manières. Leur petite équipe était parvenue à remporter la victoire — ils étaient mêmes sortis les premiers, parmi toutes les autres salles — et eux qui ne se connaissaient pas une heure plus tôt avait noué un lien qui les avait accompagnés jusqu’à Poudlard, offrant des sourires — timides pour l’un, plus francs pour l’autre — par delà des têtes penchées sur des manuels scolaires en classe, par delà des fourchettes plantées dans des assiettes débordantes dans la Grande Salle, par delà la foule qui se pressait dans les couloirs. Ils étaient dans la même année mais la Gryffondor n’avait jamais considéré le Poufsouffle autrement que comme une silhouette qui faisait partie du décor. Elle connaissait son visage et son apparence sans reconnaître son existence. Il était pourtant ami avec ses amies, mais l’adolescence poussait des camarades qui vivotaient les uns à côté des autres à s’ignorer avec toute l’évidence des restes de l’enfance. Et puis, une curiosité en entraînant une autre, Rosalie s’était imposée en-dehors de la salle de l’escape game. Des parties d’échec puis des heures de voyance qui lui donnaient l’impression de retrouver une place perdue. Plus le temps passait, plus elle s’enfonçait dans des travers oubliés. Rares étaient les personnes qui la confortaient autant dans l’illusion de ses mensonges, rares étaient ces personnes capables de la réconforter sans en avoir conscience.

Portée à sa hauteur, la blonde fut ravie de constater qu’un sourire déchirait l’impassibilité usuelle des traits de son camarade. Les gouttes de pluie frappant les carreaux des vitrages du couloir furent autant de coups portés aux projets de Charles. Le bout du nez plissé par ses pensées qui s’entrechoquaient, elle hocha la tête alors que le jeune homme lui apportait la solution au problème de météo. Il ne comptait pas réellement aller se promener par ce temps, mais il l’avait envisagé avant que les nuages ne s’amoncèlent et que le ciel ne se mette à pleurer. À l’idée de tout ce gris qui grignotait l’extérieur, la Gryffondor réprima un frisson et resserra machinalement sa cape rouge doublée d’une fourrure chaude autour de ses épaules. Les sanglots réprimés n’étaient jamais très loin et une ombre dans son regard fit s’affaisser un peu son éternel sourire. La voix de Charles la sauva de ces rivages dangereux et des écueils qu’ils contenaient, son regard quittant la contemplation du sol en pierre terne pour se reporter sur les traits parfaitement maîtrisés du garçon. Qu’est-ce qu’il pensait en cet instant, elle aurait été bien en peine de le deviner. Ça n’était, de toute façon, pas sa préoccupation première. Il venait d’entrouvrir une porte dans laquelle elle n’hésita pas à s’engouffrer, acceptant la main qu’il lui tendait en jetant négligemment qu’elle ne semblait pas au mieux de sa forme. S’il y avait bien quelque chose que Rosalie aimait, c’était parler d’elle à une oreille compatissante. Surtout dans de telles circonstances où son petit monde douillet avait été violemment secoué pour tout laisser sens dessus dessous. « Non, pas trop. Le ciel est tout gris, il fait tout le temps froid, on doit suivre des cours… » Elle aurait bien poursuivi la liste : son chat lui manquait, son papa aussi, Siobhan n’avait pas encore répondu à sa lettre, elle ne partageait pas sa chambre avec Haley… oui, elle avait encore bien des choses à dire mais la boule dans sa gorge était revenue et y coinça le flux de paroles plaintives.

Une lanière glissa et elle la replaça sur son épaule tandis qu’un petit silence accompagna leurs pas. Il y avait quelques visages à peine connu dans les parages mais les couloirs étaient relativement calmes — probablement parce qu’ils étaient sujets à de tels courants d’air que tout le monde se réfugiait le plus vite possible dans les salles de classe vaguement plus chaleureuses ou dans les pièces à l’étage qui contenaient le peu de tiédeur des lieux — et ils n’y croisèrent personne dont ils étaient suffisamment proches — l’un ou l’autre — pour les interrompre. Et la proposition de Charles tomba à point nommé, comme si le ciel lui-même avait décidé de l’envoyer. Rosalie releva vivement la tête pour déposer ses yeux dorés sur les traits toujours empreints de neutralité de son camarade et hocha la tête au moment où leurs prunelles se croisèrent. Elle ne l’écouta qu’à moitié battre en retraite et nuancer son offre pour qu’elle ne se force pas à l’accepter. Après tout, c’était exactement ce qu’elle attendait de cet élan qui l’avait poussée à l’interpeller d’un geste de la main avant de le rejoindre. « Bonne idée ! Je me sens pas obligée du tout, ça me ferait super plaisir. » Son ton ne laissait planer aucun doute sur la véracité de ces quelques mots. « On passe prendre ton plateau ? » proposa-t-elle spontanément. Le château n’était pas bien grand, les dortoirs se situaient tous au même étage, simplement séparés entre les filles et les garçons, et elle était plus que contente de pouvoir l’accompagner. Naturellement, elle s’était figurée que le Poufsouffle avait emporté le plateau de son jeu de stratégie préféré. De plus, est-ce que Durmstrang en possédait seulement un ? Probablement en version sorcière mais Rosalie avait le souvenir que ça n’était pas la préférée de son camarade. Enfin… L’accompagner était un bien grand mot. Elle se heurta à la barrière magique qui empêchait les élèves du sexe opposé de pénétrer les terres allouées à d’autres et lança un regard dépité à Charles. « Je t’attends là » fit-elle, un brin penaude.

Les secondes filèrent et Rosalie se décida brusquement à aller poser ses affaires dans sa chambre dont le rangement laissait clairement à désirer. Quand elle revint, Charles était déjà dans le couloir, sans la moindre idée d’où était passée sa camarade bien qu’il soit suffisamment observateur et que son sens de déduction lui permette facilement de deviner où elle était allée. « Tu veux jouer où ? » Rosalie préférait ne pas prendre de décision, incapable de trancher entre trop de possibilités, aussi suivit-elle docilement le Poufsouffle jusqu’à la pièce calme sur laquelle il jeta son dévolu. C’était aussi froid que le reste de Durmstrang, mais ça avait le mérite de ne pas être une salle de cours et de leur offrir un coin qui pourrait devenir un petit cocon, le temps d’une partie ou de plusieurs… de prédictions ensuite, qui sait ? C’était souvent de cette manière que dérivaient leurs tête-à-tête, suivant un chemin bien dangereux dans lequel elle fonçait aveuglément. « Quelle main ? » interrogea-t-elle avec un sourire, ses poings fermés après y avoir glissé un pion de couleur noir et un autre de couleur blanche. Certains rituels se créaient naturellement, celui qui amenait à la décision des couleurs de leur jeu en était un. Ses yeux dorés habillés de paillettes éclatantes attendirent la réponse, fichés dans les pupilles bien plus claires du Poufsouffle. C’était comme si elles étaient aussi inexpressives que le reste de son visage, que l’entièreté de son être était taillé dans un verre translucide qui ne laissait rien paraître. Souvent, quand ils jouaient aux échecs, une lueur finissait par égayer ses traits et son regard s’illuminait presque. Une vie certaine venait l’habiter. C’était aussi le cas face aux prédictions de Rosalie qui, séduite par l’attention qui s’éveillait chez Charles, refusait de faire marche arrière et tissait un mensonge lourd aux conséquences redoutables.

@Charles T. Ehrlich

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Message(#) Sujet: Re: we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) we met at chess (CHARLES ✿ ROSALIE) EmptyLun 2 Aoû - 19:52

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Protéger la Reine

Si Charles avait depuis longtemps accepté qu’Hilary revêtait les parures d’un ange, auréolée de bienveillance, coiffée de filaments d’or et souriante d’espoir, il demeurait plus interdit sur la nature de Rosalie. A n’en pas douter, cette dernière brillait également, mais d’une manière encore indéterminée pour son regard binaire. Il pouvait confirmer qu’elle n’était pas une sainte à en juger le malice de ses regards et l’extravagance de son caractère, mais paradoxalement, elle n’avait rien d’une démone, sertie de gaieté et couronnée de bonnes intentions. Une créature mystérieuse pour lui qui ne concédait aux individus de ce monde qu’une perception manichéenne où toute incertitude était proscrite. Peut-être était-ce pour cette raison que Charles était tellement satisfait des moments passés avec Rosalie - tout comme il avait ressenti une honteuse fierté à la voir le rejoindre alors qu’elle aurait pu profiter d’amis plus proches. Elle lui apportait ce vent inconnu, comme si la Gryffondor était un horizon jamais vu vers lequel il était enthousiasmé de voguer. Après tout, Charles n’était pas friand des relations sociales précisément parce qu’il savait, d’une certaine façon, à quoi s’attendre : être heureux de tomber sur un ange, être maudit de rencontrer un diable. Sa timidité maladive s’ajoutait à cet état de fait et il en demeurait ainsi particulièrement inadapté ; comportement qui avait été soufflé par les embruns colorés de Rosalie. Les parties d’échecs en sa compagnie étaient donc tout à fait appréciables, non seulement parce qu’il savait comment se comporter en une pareille circonstance, mais aussi parce qu’elle était elle et que Charles ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine joie à mesure qu’il apprenait à découvrir ses rivages. Par exemple, les premières prédictions qu’elle lui avait annoncées l’avaient porté à sourire plus de quelques secondes, justifiant un record que seule Hilary était en mesure d'égaler. La voyance, il n’y croyait guère - à la rigueur l’art astral, car justifié par la matérialité et la logique scientifique des étoiles. Les prophéties, les superpouvoirs et les projections, absolument pas, ou en tout cas, absolument plus. Il avait après tout longtemps cru au destin, empêtré dans une vision croyante qui n’avait de cesse de lui marteler combien tout avait un sens, Son sens. Et puis, il avait fini par connaître les injustices et la colère et Seigneur, qu’y avait-il de normal à prévoir le décès de celle qui le chérissait plus que tous ? Il s’était alors résolu de songer que toutes ces pensées fatalistes n’étaient qu’inepties et que seule seule valait la rationalité mathématique. Or, aucune formule n’avait jamais prédit l’avenir et celui-ci ne pouvait donc être connu. CQFD.

Mais voilà qu’alors qu’ils jouaient précisément à l’art le plus logique de ce monde, les échecs, Rosalie lui avait rouvert un pan depuis longtemps clôturé. Peut-être aurait-il dû garder la défiance qu’il avait exprimée en premier lieu, plutôt que de finir par lui accorder sa confiance ; d’un autre côté, il avait découvert l’existence d’un monde magique qui ne corrélait guère avec la vision cartésienne de son univers. Pourquoi ne pas entendre quelques dons, surtout si ceux-ci venaient d’une jeune fille comme Rosalie ? Elle lui avait apporté des contours nouveaux, des opportunités uniques qui se reflètaient jusque dans le miel de son regard. Comment ces délicates prunelles, teintées d’innocence et de spontanéité, auraient-elles pu mentir ? Et comment sa perspicacité aurait-elle pu tolérer des visions exclusivement fruit de son imagination ? Alors, Charles avait accepté. Accepter l'irrationalité, accepter l’incohérence, accepter cette part de mystère. A n’en pas douter pour ceux qui le connaissaient, il s’agissait d’un effort considérable - mais à quoi n’était-il pas prêt pour arpenter la singularité de la jeune fille ? Il l’appréciait, résolument. Aussi fut-ce difficile de la voir si triste, elle qui rayonnait d’ordinaire par son enthousiasme. Elle lui admit alors la raison de ses préoccupations, qui, dans sa bouche, sonnèrent tragiques, loin des tonalités habituellement légères de sa voix. Charles hocha lentement le visage, comme partageant un assentiment tacite. Ces conditions étaient à l’opposé de son caractère et il n’avait pas cette malchance, au contraire. Pour sa part, il adorait cette langoureuse anticipation de l’automne. Au lieu de lui inventer quelques mots réconfortants, il se contenta donc de piocher dans ses propres réticences qui, aux yeux de la jeune fille, sonneraient justement de bon augure. “Je suis sûr que ce mois va rapidement passer. Tu auras encore quelques semaines en août pour profiter du soleil, de la chaleur, et du farniente” répondit-il alors. Trois mots qu’il avait en horreur, mais il savait bien qu’il était anormal. Il l’avait suffisamment pensé pour ne pas nécessiter de confirmation. “Et puis, en moyenne, un être humain connaît 85 étés au cours de sa vie - enfin, les femmes, puisque les hommes vivent moins longtemps. Du coup, il t’en reste encore 70. De quoi rattraper celui-ci” ajouta-t-il avec une neutralité pourtant bienveillante. S’il n’était pas doué avec les propos chaleureux, les faits, eux, pouvaient se montrer d’un bon soutien émotionnel.

De la même façon, il lui suggéra de jouer aux échecs, énième preuve de l’aide que savent conférer les calculs et la réflexion. Rosalie accepta avec un plaisir empli de certitude, qui chassa ses propres réticences d’un sourire timide. Elle n’aurait jamais montré un tel accent de voix si elle n’était pas réellement contente, non ? Et elle n’aurait pas insisté sur le fait qu’elle ne se sentait guère obligée non plus, n’est-ce pas ? Une insidieuse voix laissa Charles suffisamment incertain pour ne pas sourire davantage, mais déjà, la jeune fille lui proposa d’utiliser son plateau, ce à quoi il hocha la tête. Evidemment, Charles avait toujours son plateau sur soi - ou plus exactement, il l’emmenait à chaque déplacement, c’est-à-dire pour ses séjours à Poudlard, pour ses vacances et quand il rendait visite à ses amis - ah, non, il ne voyait jamais aucun de ceux-ci en dehors de l’école. Néanmoins, il était certain qu’il ne s’y serait jamais rendu sans son fidèle jeu d’échecs. Que chacun se rassure, il ne s’agissait que d’un modèle portatif, une sorte de petite boîte carrée qui, en s’ouvrant, donnait directement sur un plateau et sur de toutes petites pièces éparpillées. La taille du jeu n’était pas commode mais il n’en avait que faire - il préférait ce modèle aux échecs sorciers. Au moins les pièces montraient-elles suffisamment de respect dans leur inertie moldu pour ne pas se sauter sauvagement dessus comme dans la version sorcière. On passe par mon dortoire alors, je l’ai laissé dans ma valise” annonça-t-il avant d’accélérer le pas maintenant qu’ils avaient un objectif dans leur errance. Tenant néanmoins un rythme convenable pour que les petites jambes de Rosalie puissent suivre les siennes, ils parvinrent au troisième étage où la jeune fille se heurta finalement à la barrière magique. Charles n’était pas un adepte de ce concept, non pas parce qu’il aurait souhaité faire entrer plus de filles dans son dortoir (et encore, il aurait au moins pu y jouer tranquillement avec Rosalie et ou même trouver Hilary en toute intimité), mais parce qu’il trouvait cette idée assez peu en phase avec son temps. Acquiesçant à la remarque de la jeune fille, il s’engouffra donc dans son dortoir où Hayden était absent. Les deux jeunes garçons n’avaient jamais vraiment pris le temps de discuter, mais il devait admettre que leur colocation se passait en de très bons termes, probablement parce que l’un n’était pas du genre à empiéter sur l’espace vital de l’autre, surtout dans un contexte où l’autre était compulsivement contraint de désinfecter toutes les surfaces que ses mains risquaient de toucher dans la nuit. De fait, leur chambre demeurait très bien rangée : séparée en deux, il y avait une partie dédiée au Serdaigle et l’autre strictement réservée au Poufsouffle. Cette dernière était dans un état remarquable, si bien que son lit était systématiquement rangé au carré et que ses affaires avaient trouvé une place méticuleuse, comme si elles avaient toujours été rangées là. Sans difficulté donc, Charles retrouva sa boîte portative avant d’entreposer son sac à dos dans l’emplacement dédié à cet effet puis quitta aussitôt sa chambre pour ne pas faire patienter davantage la Gryffondor qui, pourtant, avait disparu.

Ainsi debout au milieu d’un couloir désert, Charles se demanda s’il avait bien compris le concept “d’attendre là”. Peut-être y avait-il eu un message caché ? Ou bien Rosalie s’était-elle délibérément, depuis le début, moquée de lui. Chassant ce dernier songe parasite, Charles revint à la factualité des choses : la Gryffondor était volatile, étourdie et impulsive. Les conclusions qu’il en tira furent donc que celle-ci avait décidé de rejoindre sa propre chambre en attendant le retour du garçon - hypothèse qui se confirma dans la seconde puisque Rosalie réapparaissait déjà. Immobile, le jeune homme l’observa le rejoindre debout comme un I, les mains serrées autour de la petite boîte comme il aurait tenu un précieux cadeau prêt à être remis. Il s’attendait effectivement à suivre les décisions de Rosalie mais celle-ci préféra finalement le laisser déterminer le lieu de leur partie. Du peu qu’il en avait vu, préférablement dehors à la découverte des grands espaces du domaine, Charles ne connaissait pas énormément d’endroits de convivialité, dans la mesure où de toute évidence les Norvégiens étaient trop froids pour ce genre de proximité. Décidément, il était né dans le mauvais pays. “L’amphithéâtre du premier, si ça te dit. Il n’y fait pas plus chaud qu’ailleurs, mais au moins, on aura de l’espace” fit-il alors avec une pointe de regret à l’idée qu’il pleuve et que la possibilité de jouer en extérieur ait ainsi été balayée par le temps. De fait, les deux compères descendirent deux étages avant de rejoindre l’ample espace. C’était peut-être spartiate, mais au moins y trouvait-on un semblant de vie, puisque de nombreux élèves avaient eu la même idée. Si par beau temps cette pièce s’avérait vide, elle était très appréciée en cas de pluie par tous ceux qui y élisaient domicile pour mieux se retrouver entre amis. Rosalie et Charles se frayèrent ainsi un chemin en hauteur vers le dernier rang, où ils trouvèrent une série de quatre places vides. Il s’installa sur l’une des chaises avant d’entreposer délicatement la boîte qu’il ouvrit sur la table entre eux. Jetant un regard en contrebas, Charles jaugea un instant du regard tous les convives de l’amphithéâtre ; des groupes piaillaient autour de friandises, d’autres solitaires lisaient quelques énormes ouvrages et quelques-uns semblaient travailler, comme préférant l’âme de cette salle à la froideur de la bibliothèque. L’hérésie touchait résolument bien trop de monde. La voix de Rosalie le tira de ses pensées, alors qu’elle lui présentait ses deux poings fermés. Charles considéra très sérieusement ses mains. S’il avait accepté une part d’obscurité sur les décisions divines qui menaient la vie, tant qu’il pouvait employer son libre-arbitre, il comptait bien en profiter avec toute la responsabilité que cela incombait. “Celle-ci” répondit-il alors d’un souffle en désignant d’un geste de sa main gantée la droite de Rosalie. Celle-ci rouvrit alors ses doigts sur un pion noir qui lui arracha une moue de mécontentement. Il s’agissait d’un désavantage évident puisque statistiquement, les blancs avaient toujours un coup d’avance… Peut-être aurait-il finalement été préférable de s’en remettre au destin ?

Invitant d’un signe du menton Rosalie à entreprendre un premier coup, Charles se plongea aussitôt dans la partie seulement entrecoupée des rires des autres élèves et des martèlements de la pluie sur les vitres. Mais comme si son cerveau se plaisait à activer sa logique sur tous les pans de sa vie, au-delà d’un modeste jeu d’échecs, Charles se surprit à considérer progressivement Rosalie devant lui alors qu’elle arborait un air profondément concentré, la tête posée sur sa main. Était-elle réellement malheureuse à cause du temps et des cours, ou était-ce autre chose ? Il s’était satisfait de sa réponse comme un poisson aurait mordu à l’hameçon. Et si un phénomène plus grave travaillait ses traits ? Une inquiétude fronça ses propres sourcils. Etait-il si indigne d’elle qu’il n’était même pas capable de creuser davantage le désarroi de sa partenaire d’échecs ? Il savait lutter pour défendre sa Reine, mais pour protéger une fille réelle, il se sentait bien démuni. Les échecs ayant amorcé toute sa concentration, différentes hypothèses émanèrent finalement de ses songes. Peut-être avait-elle fait des cauchemars prémonitoires qui la travaillaient ? Peut-être avait-elle prévu un lourd secret qu’elle devait retenir ? Sans trop savoir ce qu’il faisait, Charles se racla la gorge avant de poser ses coudes sur la table, les bras posés l’un au-dessus de l’autre dans une posture très cérémonieuse qui soulignait son malaise. Heureusement, ce dernier ne remettait guère en cause sa bonne volonté, au contraire - il lui semblait important de signifier le sérieux de sa démarche plutôt que d’afficher une irrespectueuse désinvolture. “Tu sais, si ton malheur provient d’un mauvais rêve ou d’une vision, tu peux m’en parler” lança-t-il alors qu’elle avançait une tour vers l’un de ses fous. Il voulut esquisser un sourire de soutien mais il sentit que sa maladresse, couplée aux yeux qui venaient de se projeter dans les siens, lui aurait plus valu un bredouillement et une honte palpable qu’un réel soutien amical ; aussi préféra-t-il fuir les éclats dorés de ses prunelles pour se réfugier sur le jeu entre eux. “Enfin, je te jugerai jamais à ce sujet. Les rêves sont parfois obnubilants et dans ton cas, j’imagine qu’ils doivent se montrer encore plus intrusifs” ajouta-t-il en prenant son fou entre ses doigts pour l’éloigner de la tour de la jeune fille, comme s’il s’était adressé à son pion plutôt qu’à son adversaire. Il était plus facile d’envisager une discussion avec des pièces inanimées, même si par-delà s’étendait une figure bien plus intéressante. Se risquant à retrouver l’éclat de son regard, Charles demeura immobile un instant. En fin de compte, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle ait ainsi hérité des blancs. Elle aussi avait toujours un coup d’avance ; elle était aussi imprévisible qu’entreprenante. Il était donc dommage de deviner, derrière son entrain, cette étincelle malheureuse. Rien que pour l’éteindre, Charles aurait été prêt à perdre. Il était de certaines Reines qui devaient être sauvées en priorité.

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