Quand Poudlard avait proposé un programme de voyage scolaire d'été, Kovit avait tout d'abord été réticent à s'engager mais son père avait finalement réussi à le convaincre, prétextant une bonne occasion pour le garçon de découvrir d'autres contrées sorcières et de profiter d'un voyage avec ses amis. Le garçon aurait tout de même voulu rentrer mais la présence de sa cousine Amaïa avait achevé de le convaincre.
Évidemment, son arrière-grand-mère y avait ajouté son grain de sel en précisant qu'elle ne voulait pas le voir avant la fin du voyage, une manière bien à elle de l'encourager à s'envoler vers leur destination mystère.

Si le thaïlandais avait su qu'il quittait une école pour en retrouver une autre, il aurait sûrement fait marche arrière, les anglais avaient une drôle de définition des vacances.
Au moins, cet inconvénient était contrebalancé par les hautes montagnes abritant l'austère château de Durmstrang ainsi que par l'immense lac en comparaison duquel celui de Poudlard faisait pâle figure.
Ce décor avait un air de sa Thaïlande natale, en beaucoup plus froid. Kovit n'était pourtant pas un frileux mais il avait quand même ses limites, même en étant habitué au temps écossais.
Cela ne l'avait cependant pas empêché de profiter du lac et ses alentours, il aimait apprendre la magie mais comme beaucoup d'élèves embarqués dans ce voyage de fin d'année, il n'appréciait pas vraiment d'avoir des cours durant ses vacances.

Heureusement, cette journée s'était annoncée bien différente puisqu'on les avait emmené visiter une réserve de dragons, autant dire que le Serpentard ne savait plus où donner de la tête. Le premier dragon qu'il avait pu apercevoir était un norvégien à crête d'après le soigneur de l'enclos, et dire que le dragon adulte était impressionnant aux yeux du métis était un euphémisme.
Cependant, il eut également sa grosse frayeur du voyage lorsqu'un dragon lui rappela un détail crucial : il crachait du feu.
Autant dire que l'asiatique se sentit tout de suite moins à l'aise et évita de s'approcher des enclos contenant des dragons un peu trop remuants, préférant ceux où ils étaient plus calmes voire endormis.

Lorsque la journée toucha finalement à sa fin, une surprise attendait les élèves : ils étaient autorisés à s'occuper de jeunes dragons.
Le Serpentard regarda ses camarades arpenter l'enclos, s'approchant de certains nids. Kathleen était déjà entrain de s'occuper d'un grand, trop grand, dragon à l'air apaisé pendant que le concierge de Poudlard tentait de papoter sans grand succès avec un autre dragon moins avenant.
Kovit hésita à emboîter le pas de Dmitri mais se stoppa net en voyant l'air agressif des deux Suédois, se demandant si son camarade tchèque n'avait pas quelques tendances suicidaires considérant les déboires qu'il avait eu avec le professeur Thorstein et les étincelles qui fusaient de la gueule du dragon. Le Serpentard tenait encore à la vie, il espérait juste que le jeune van Aken savait ce qu'il faisait.

Le jeune sorcier se retrouva à débattre une fois de plus sur les pour et contre de la situation, d'un côté, il n'avait pas envie de se prendre une gerbe de feu mais d'un autre, c'était une expérience qui ne lui serait peut-être pas permise à nouveau.
Il balaya silencieusement le reste des nids des yeux avant que son regard ne s'arrête sur un tout jeune dragon prostré dans son nid.
Quelque chose chez ce jeune norvégien à crête attira inexplicablement le métis qui se retrouva bien vite à écouter les explications et mises en garde du soigneur.

Prudemment, Kovit empoigna un peu de nourriture avant de s'avancer doucement vers le nid où l'attendait le petit dragon. Le garçon s'accroupit au sol, histoire de paraître moins grand aux yeux de la créature très craintive qui lui faisait face et déposa un bout de nourriture en espérant l'attirer.

Kovit n'arrivait toujours pas à croire qu'il faisait face à un véritable dragon qui, il y a deux ans encore, n'était rien d'autre qu'une créature de folklore.
Le thaïlandais continuait d'admirer la jeune créature qui paraissait déjà plus détendue que lors de son arrivée ce qui réjouit le jeune Serpentard. Cependant, il n’en restait pas moins prudent, au moindre signe d’agressivité impliquant du feu de la part de ce dragon et Kovit décampait.

Rapidement, il remarqua qu'une élève plus âgée avait rejoint l'enclos pour s'occuper de ramasser les déjections du dragonneau, vite suivie par sa cousine qui n'avait pas hésité à rejoindre le métis lorsqu'elle croisa son regard.

Le garçon eut à peine le temps de lui adresser un hochement de tête que le dragon souffla bruyamment près de lui à la recherche d'un supplément de nourriture que le garçon s'empressa de lui fournir, décidemment il fallait rester très attentif.
Pendant que le jeune sorcier distrayait le norvégien à crête du mieux qu’il le pouvait, les deux jeunes filles ne chômaient pas et récoltaient les bouses de dragon avec une certaine efficacité. Kovit remarqua d’ailleurs le regard pétillant que l’élève inconnue posait sur le dragonneau.

L’asiatique, pour ne pas changer, se mit à hésiter : d’un côté, il ne pouvait pas s’accaparer l’entière expérience d’être aussi proche d’un dragon et en priver ses camarades, de l’autre, il ne connaissait pas la jeune fille et n’avait pas vraiment envie d’engager la conversation non plus.
Il aurait pu proposer à sa cousine en premier afin que cette dernière passe la main plus tard à la rouquine qui les accompagnait mais il n’était pas sûr qu’Amaïa ait envie de se retrouver si proche d’un lance-flamme.

Aussi, il ne fallait pas se mentir, il craignait que sa cousine ne se retrouve avec une main en moins si elle avait le malheur de se perdre dans ses pensées avec un jeune dragon à proximité et de la nourriture au creux de la paume. La coréenne était loin d’être incompétente aux yeux de son cousin mais son manque de concentration fréquent n’était pas un atout pour les situations un peu délicates.
Finalement, le Serpentard releva les yeux vers les deux filles qui s’étaient mises à parler tout en continuant leur chasse à la bouse. Kovit attendit que l’élève plus âgée regarde à nouveau dans sa direction, et celle du dragon, pour lui faire un petit signe de s’approcher.

Il fallait bien partager les tâches après tout et il n’avait pas peur de se salir les mains.
Sa cousine semblait trop absorbée par… le sol ? Kovit tenta d’attirer son attention à elle aussi, histoire de voir si s’approcher du dragon l’intéressait mais elle semblait déconnectée.

Le thaïlandais abandonna, préférant attendre que la coréenne sorte de sa transe avant de lui refaire signe. Peut-être qu’elle les rejoindra en cours de route ?
En attendant, il fit signe à l’autre élève de se baisser pour être à la hauteur du dragon et d’être silencieuse tout en lui tendant la nourriture qu’il tenait.

- « Tu veux essayer ? »