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ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN)
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Message(#) Sujet: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptySam 17 Avr - 17:59



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Le silence qui régnait dans le couloir nous accueillit et nous enveloppa, comme pour nous féliciter de n’avoir pas traîné plus longtemps à l’intérieur. Derrière nous, la porte en bois — passage unique vers cette pièce où ne tarderait pas à régner la débauche la plus crasse — s’effaçait déjà, remplacée par des pierres similaires aux autres. En quelques secondes à peine, c’était comme si les minutes passées dans la Salle sur Demande n’avaient jamais existé. Seuls témoins de cette victoire que nous avions si promptement célébrée, le gobelet que Junior tenait toujours dans sa main droite et le mien, coincé entre deux doigts et cette bouteille dont je m’étais emparée pour noyer l’ennui de mon meilleur ami. Mon regard s’égara quelques secondes du côté du mur redevenu parfaitement lisse avant qu’il ne replonge dans celui de Junior. « Puisqu’il est obligatoirrre de jouer… » Un sourire sans fin étira mes lèvres. « Action ou vérité ? » Il hésita à peine avant de choisir la seconde option. Mes doigts n’avaient pas lâché les siens à notre sortie de la Salle sur Demande et ne le firent pas plus maintenant, se resserrant au contraire un peu plus : nous avions une fuite à poursuivre. « Où est-ce que Sa Majesté souhaite que je l’emmène ? » Loin d’ici, c’était une évidence, mais je lui laissais le soin de choisir l’indécence qui lui convenait. Il se prononça pour la salle de bain des préfets, quelques étages plus bas, où nous pourrions jouir d’un bassin aux allures de piscine sans devoir subir la présence inconfortable de nos pairs. Sans plus attendre, je l’entraînai à travers les couloirs du sixième étage.

Après un léger contretemps dont j’étais l’unique responsable, je le reconnaissais, la soirée et la nuit nous appartenaient désormais. « L’année prrrochaine, quand nous aurrrons gagné la coupe, rrrappelle-moi que fairrre acte de prrrésence à leurrr soirrrée n’est qu’une perrrte de temps. » J’admettais à demi-mot avoir eu tort de nous traîner là-bas tout en lui faisant savoir que je ne recommencerais plus : autant passer directement à la partie plaisante. Depuis que nous avions laissé derrière nous cette guerre dont n’avions jamais voulue, pour retrouver tout ce qui nous importait, il ne se passait pas une journée sans que nous ne passions plusieurs heures ensemble. Cependant, l’instant présent avait un goût légèrement différent des heures perdues à étudier dans la bibliothèque ; des heures indolentes allongés sur son lit à ne rien faire d’autre qu’à profiter de cette présence si précieuse ; des cours partagés ou des recherches pressées pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Il était habillé de quelques similitudes — celles d’autres soirées, plus ou moins agréables — et toutes ces différences qui soulignaient l’étendue des contrées traversées à travers des habitudes maintenant acquises. Nos doigts qui se retrouvaient dès que possible, la douceur de nos baisers qui s’étaient faits chaque fois plus fréquents et plus naturels depuis ces toutes premières fois, entre la version née de l’ivresse et celle poussée par une dispute idiote. Et en même temps, il ne pouvait se départir de cette impression persistante que tout n’était plus si facile. Les desseins de ses parents n’étaient pas morts, simplement repoussés à plus tard, et se satisfaire du temps gagné ne durerait pas, je le pressentais vaguement, comme un bourdonnement lointain qui s’approche lentement mais sûrement.

Quelque part sur notre chemin, des voix adultes nous firent échanger un regard puis nous arrêter à l’angle d’un couloir. Le dos collé contre le mur, l’oreille tendue, Junior à quelques centimètres de moi, je laissai mes yeux parcourir les traits de son visage concentré sur les bruits proches, un sourire indéfini ourlant mes lèvres. Il n’était pas encore l’heure du couvre-feu — des étages plus bas, la Grande Salle bruissait encore de centaines de conversations qui animaient les heures dédiées au dîner — mais nous étions tous les deux en possession d’alcool et ce n’était pas un point que le règlement autorisait. Mieux valait ne pas se faire prendre dans cette situation : hors de question de se faire renvoyer dans nos dortoirs respectifs ! « Des amis à toi que tu souhaites prrrévenirrr une nouvelle fois de ce qui se passe plus haut ? » Mon chuchotement moqueur soufflé à l’oreille de Junior faisait bien évidemment référence à l’année dernière où il ne s’était pas retenu de faire savoir à Kendrick qu’une soirée clandestine et fortement alcoolisée se tenait à l’étage. Sauf que j’étais alors à l’abri sous ma cape d’invisibilité — sagement rangée dans mon dortoir, n’ayant pas jugé utile de l’emporter avec moi — et bien plus saoule que maintenant. Les voix s’éloignèrent sans nous croiser et nous reprîmes notre route jusque la salle de bain protégée par un mot de passe. C’était probablement l’un des secrets les moins bien gardés de tout Poudlard. Le précieux sésame nécessaire à l’entrée avait tendance à fuir avec une facilité déconcertante, s’échangeant de bouche en bouche entre les élèves les plus âgés. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il n’ait pas été modifié depuis la dernière fois qu’il avait été porté à ma connaissance. « Tyrrran frrrileux. » Forcée de détacher mes doigts de ceux de mon meilleur ami, je poussai la poignée qui n’émit pas la moindre résistance, nous laissant tout le loisir de nous glisser dans la pièce vide de toute présence.

« Aprrrès vous » fis-je, esquissant une révérence surjouée et un sourire espiègle, juste avant de le suivre et de tirer le verrou derrière nous. Personne ne viendrait nous déranger. Le marbre blanc, le grand bassin agrémenté d’une centaine de robinets en or, les fenêtres voilées de rideaux blancs, les serviettes disposées dans un coin : les lieux étaient inchangés depuis notre dernière escapade. L’unique tableau encadrait une sirène, en temps normal, mais celle-ci était absente, nous laissant dans un tête-à-tête des plus parfaits. Je déposai le gobelet et la bouteille à même le sol, au bord du bassin vide, avant d’avaler la distance qui me séparait de l’orgue de robinets dorés. Des souvenirs affluèrent, d’une eau huileuse et violacée, de bulles par centaines qui flottaient paresseusement dans la pièce, de senteurs citronnées ou de myrtille et bien d’autres encore, à l’image de cette querelle qui avait agité les eaux calmes de la piscine et qui me paraissait affreusement ridicule avec le recul. Mes yeux clairs croisèrent ceux de Junior, essayant de deviner s’il se remémorait les mêmes choses que moi, avant de revenir aux robinets. « Une prrréférrrence ? » lui demandai-je, mes doigts entrouvrant déjà l’un des verrous à ailettes, laissant échapper une mousse aussi blanche que la glace et parfaitement épaisse. « Il me semble me souvenirrr que tu aimes parrrticulièrrrement les paillettes. » Paillettes ou pas, le bassin se remplissait assez vite, la magie aidant à ce que l’eau ne mette pas des heures à combler ce vide immense. Et nous avions toute une soirée pour en profiter, bien loin d’une plèbe infâme, à l’abri de tout ce qui avait provoqué nos disputes passées, mais peut-être pas de ce qui avait fait trembler le début de cette année.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptySam 17 Avr - 21:13



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Passer la porte en sens inverse et quitter cette fête ridicule était sûrement l’une des meilleures idées que nous aurions pu avoir ce soir. Le calme qui régnant dans le couloir tranchait délicieusement avec l’agitation oppressante qu’il y avait à l’intérieur et je pris quelques secondes pour en profiter, un soupir satisfait passant mes lèvres dans un silence parfait. Je n’avais rien contre les soirées, qu’elles soient mondaines ou moins formelles mais encore fallait-il être certain d’y trouver des convives dignes de ce nom… Ce qui n’était décidément pas le cas, ce soir. Ceux qui auraient pu remonter un peu le niveau avait pris un malin plaisir à l’enfoncer davantage. Il n’y avait rien à garder et notre temps me paraissait trop précieux pour être perdu entre ces murs si mal fréquentés. Nous ne louperions rien à prendre la fuite, sinon quelques jeux idiots qui risquaient de laisser des images déplaisamment tenaces. La porte ne fut plus qu’un lointain souvenir, emportant avec elle celui de notre passage en ces terres fangeuses et le reste de la soirée, enfin libre, semblait nous tendre les bras. Le regard d’Erin croisa le mien, faisant naître un sourire ravi sur mes lèvres. Ce serait elle et moi jusqu’à ce que le quotidien reprenne ses droits sur notre intimité. Peu importe ce qui m’attendait tant que personne ne s’invitait dans notre danse, j’étais partant !

Puisqu’il est obligatoirrre de jouer… Action ou vérrrité ?
Vérité, me risquai-je sans trop d’hésitation.

Je lui laissais volontiers toutes les actions du monde pour me complaire dans des confidences plus paresseuses. Nos pas commencèrent à nous éloigner du rassemblement d’impurs qui se jouait toujours non loin de nous.

Où est-ce que Sa Majesté souhaite que je l’emmène ?

Mon sourire s’agrandit sous les moqueries qui se profilaient discrètement derrière ce surnom plaisant. Où pourrions-nous aller ? Ils avaient volé notre repère habituel… Le Balcon du Monde me laissait encore des souvenirs amers… Un haussement d’épaules m’échappa alors que je glissai dans sa direction un regard amusé.

Au sixième étage. Il y a une piscine et une indécente intimité qui n’attendent que nous.

Ça ne serait pas la première fois que nos terres s’y étendraient… Et rien ne nous empêcherait de retrouver des chemins plus conventionnels plus tard, lorsque la fête serait terminée. Il fallait bien reconnaître que nous serions sûrement tranquilles, là-bas. La majeure partie des imbéciles qui avaient le droit d’en profiter se trouvait en train de s’abrutir aux côtés de Shepherd… Il n’y aurait que nous et personne pour nous déranger. Mes doigts resserrèrent doucement leur emprise sur les siens et je me laissai entraîner au travers des couloir sans opposer la moindre résistance. Sûrement que pour bien du monde, ç’aurait été idiot mais, moi, je me sentais bien. Je retrouvais la bulle délicieuse que nous avions toujours connue et la seule place que je voulais véritablement occuper. L’évidence se précisait au fil des jours, me faisant oublier que j’en avais un jour presque douté.

L’année prrrochaine, quand nous aurrrons gagné la coupe, rrrappelle-moi que fairrre acte de prrrésence à leurrr soirrrée n’est qu’une perrrte de temps.

J’étouffai un gloussement enthousiasmé par l’idée de ne plus jamais y remettre les pieds et hochai doucement la tête. Je ne demandais que ça ! Je n’avais aucunement l’intention de faire l’effort de rejoindre l’équipe une année de plus alors qu’ils étaient tous aussi décevants, aussi indignes d’intérêt, aussi je doutais très sincèrement d’être invité l’an prochain… ce qui ne me dérangeait évidemment en rien. Après deux ans de bons et loyaux services dont ils ne retiendraient sûrement que ce match qui avait déplu, après avoir évité l’humiliation à cette équipe pitoyable qui subissait abandon sur abandon — je comprenais pourquoi ! — je n’avais plus grand chose à en tirer. Je laissai à mes camarades le soin de ramper aux pieds du prochain capitaine comme ils l’avaient fait aux pieds de celui-là, sans douter un seul instant qu’ils feraient ça merveilleusement bien, oubliant honneur et fierté quelque part entre les vestiaires et la pelouse. Enfin… Si tant est qu’ils en aient encore, ce dont je n’étais pas certain…

Tes pauvres amis vont être déçus de ne plus t’y voir, mon ange… mais il ne faudra pas me le dire deux fois !

Nous avions essayé, plutôt deux fois qu’une même, mais force était de constater que ça n’était pas une réussite… Et la voir le reconnaître alors qu’elle m’y avait tiré presque de force à chaque fois n’était pas pour me déplaire. Adieu foire vulgaire et idiots qui l’étaient tout autant ! Parfois, je me laissais aller à imaginer à quoi ressemblerait une vie entière en sa compagnie… est-ce que nous nous satisferions à jamais de la seule présence de l’autre comme il nous était désormais coutume de le faire ? Ou bien la lassitude finirait-elle par nous étreindre comme elle étreignait sûrement tous ces couples ensemble depuis trop longtemps ? Mais cela soulevait une autre question, plus pernicieuse : est-ce que seulement nous l’étions, en couple ? D’un côté, tout en nous hurlait que oui… Mais en même temps, il y avait ce doute très adolescent qui ne me lâchait pas… Nous n’en avions jamais parlé. Nous avions convenu que ce que nous éprouvions l’un pour l’autre dépassait le stade de la simple amitié — il nous avait fallu du temps et bien des blessures pour en arriver là, je devais même avouer que je ne l’aurais sûrement jamais fait si elle ne m’y avait pas forcé — et encore ça restait parfaitement innommable depuis mais, du reste, rien n’avait vraiment changé. C’était surprenant de voir la facilité avec laquelle nous composions avec les non-dits, fermant seulement les yeux sur ces zones d’ombres qui subsistaient. Elle restait ma meilleure amie, quoi qu’elle puisse m’inspirer en réalité, qu’importe ce à quoi ressemblait notre relation. Et il était probable qu’elle le reste jusqu’à la fin… Des voix inattendues s’élevèrent d’un couloir voisin, nous obligeant à nous arrêter un instant. Elles étaient trop loin pour que je parvienne à les reconnaître, étouffées par le bruit du château qui continuait à vivre une vie dont nous ne faisions volontairement plus partie. Je profitai de notre arrêt pour porter mon gobelet à mes lèvres, comme un pied de nez à un règlement mille fois violé.

Des amis à toi que tu souhaites prrrévenirrr une nouvelle fois de ce qui se passe plus haut ?

Son souffle me tira d’agréables frissons alors qu’il me rappelait notre escapade de l’an dernier et la fin de soirée bien peu festive que certains avaient sûrement passé par ma faute. Est-ce que je le regrettais ? Pas le moins du monde ! J’aurais même plutôt apprécié remettre le couvert… mais nous avions mieux à faire ce soir.

Et prendre le risque qu’on nous cueille sur le chemin du retour…? Jamais.

Un sourire et mes lèvres effleurèrent les siennes tandis que, plus loin, les voix s’éloignaient sans jamais croiser notre route. Quelques secondes le temps de nous assurer que la voie était libre et notre trajet reprit son cours. Il ne nous fallut qu’un instant pour arriver enfin à destination, la porte de la salle de bain se découpant dans le mur comme l’avait fait un jour celle de la salle sur demande. Sans surprise, je préférais ce point de chute au premier. La Poufsouffle se délesta du mot de passe puis, lâchant éhontément ma main, fit grincer la clenche.

Aprrrès vous.

Un nouveau gloussement et j’inclinai sagement la tête en guise de remerciement silencieux, une lueur très enfantine brillant dans mon regard amusé. Je crois que c’était une des choses que je préférais chez elle : cette capacité qu’elle avait à ne pas se prendre au sérieux… à ne rien prendre au sérieux peut-être aussi. C’était un véritable rayon de soleil auprès duquel la vie se parait de couleurs chatoyantes. La seule personne au monde que je connaissais capable d’un tel exploit. Elle referma derrière nous, le verrou achevant de nous couper du monde. À l’intérieur, rien n’avait changé. Toujours le même marbre impeccable et creusé d’un bassin immense… Toujours les mêmes robinets dorés qui se dressaient par milliers à deux pas de la piscine… Toujours les mêmes serviettes soigneusement pliées qui n’attendaient que de nous envelopper… La silhouette d’Erin se découpa dans la blancheur de la pièce. Je la suivis des yeux un instant avant de lui emboîter paresseusement le pas. Je ne parvenais pas à savoir si notre dernière soirée ici avait été plutôt bonne ou plutôt mauvaise… Elle avait à la fois mal commencé et pas très bien fini… Mais en même temps, elle revêtait dans mes souvenirs une douceur tranquille. Je me souvenais d’odeurs entêtantes et de jalousies brûlantes… De la tache rouge de son maillot de bain et du poids de son corps contre le mien… De la peur qu’elle s’en aille autant que de l’envie de le faire à sa place… Mais, en même temps, sûrement qu’elle avait dessiné les débuts de ce qui avait suivi. Les silences qui commençaient à montrer ce qu’ils cachaient vraiment, cette amitié qui se plaisait déjà à changer… Je décidais que c’était une bonne soirée — ou du moins pas mauvaise — au moment où elle posa ses yeux clairs sur moi. Celle-ci serait meilleure encore.

Une prrréférrrence ?

Un nouvel haussement d’épaules et mes lèvres plongèrent dans mon verre tandis que j’effaçai la distance qui subsistait entre nous. Ses doigts s’affairèrent à faire danser l’un des robinets dorés. Une mousse blanche et épaisse se déversa dans le bassin. Les miens se mirent à courir discrètement sur les autres sans savoir sur lequel s’arrêter.

Il me semble me souvenirrr que tu aimes parrrticulièrrrement les paillettes.
C’est ça, moque-toi, sifflai-je d’une voix boudeuse qui ne tint qu’un instant avant que je n’étouffe un rire idiot.

Je jetai mon dévolu sur l’un des boutons d’or et le tournai sans même y réfléchir. Une gerbe d’eau aux couleurs pastel s’écoula brusquement dans le bassin, faisant monter jusqu’à nous un parfum qui me rappelait l’été. Quelque chose de léger et de fleuri, comme un champ dans lequel on se serait innocemment perdus. Je glissai mes doigts sous le jet et les agitai bêtement, éclaboussant ma Reine de quelques gouttes à peine. Le bassin commençait à se remplir, assez, presque, pour qu’on puisse déjà envisager de s’y baigner Je repris mon verre pour en avaler une nouvelle gorgée avant de le lui proposer dans un geste évident. Le sien ayant été abandonné un peu plus loin, j’étais tout à fait disposé à partager le mien.

Action ou vérité ?

Le jeu n’en était pas moins douteux, c’était un fait, mais puisqu’il avait été dit qu’il était obligatoire et qu’il n’y avait personne pour risquer de l’approcher d’un peu trop près, nous pouvions bien nous y adonner un moment, le temps de trouver mieux à faire. Erin ne parut pas contre l’idée puisqu’elle consentit à répondre à ma question. Vérité, donc.

À part prendre tes aises dans mon lit, c’est quoi le plus indécent que tu n’aies jamais fait ?

Il y avait toute une part de nos vies que nous n’avions partagée que très tard — cet été, en réalité — alors peut-être y avait-il encore des bêtises dont je n’avais pas conscience… Et quand bien même ça ne serait pas le cas, ce serait sûrement l’occasion de déterrer des souvenirs. Et puis, il fallait bien passer le temps en attendant que notre piscine nous permette de plonger !
code by bat'phanie



Dernière édition par C. Junior d'Archambault le Dim 18 Avr - 14:27, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyDim 18 Avr - 0:40



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

La réponse de Junior fut accueillie avec un sourire en coin qui en disait long et une moue ravie qui n’en disait pas moins. Ses désirs étaient des ordres, la salle de bain des préfets était donc notre destination. Derrière les allures de plaisanterie tissée autour d’une fuite commune, cette vérité n’en était pas moins une à part entière : ses envies m’importaient. Certes, ce soir, il avait été le premier de nous deux à céder aux caprices de l’autre — et il l’était souvent, au demeurant — mais il venait immanquablement, le temps où je veillais à consentir à ses caprices à lui et à faire en sorte que leur réalisation soit la plus agréable possible. Du moins était-ce ainsi que je considérais les choses et l’idée qu’il n’en soit peut-être rien — à ses yeux, en tout cas, car ceux des autres ne m’intéressaient pas le moins du monde — ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Les choses étaient ce qu’elles étaient, ce qu’elles avaient toujours été, et nous en tirions tous deux un réconfort plaisant. De deux enfants qui venaient à peine de se rencontrer nous étions devenus ces meilleurs amis inséparables dont le lien se fortifiait avec l’âge jusqu’à prendre ce tournant aussi délicieux qu’inattendu — l’était-il tant que ça ? — le tout sans jamais caractériser explicitement ce que nous devenions. Mon meilleur ami, voilà ce qu’il était. Quant à préciser les nuances que ces deux petits mots revêtaient… La seule et unique fois où nous nous étions un tant soit peu pliés à l’exercice, c’était sur ce banc, il y a presque un an de cela, en avouant réciproquement avoir apprécié ce baiser alcoolisé qui créait tant de dissensions… car des non-dits étaient nés des malentendus et des incompréhensions. Je ne m’étais jamais torturé l’esprit sur ce qu’étaient les choses, me pliant à l’évidence de cette relation et ce besoin constant d’être auprès de Junior. Néanmoins, force était de constater que même les évidences les plus parfaites avaient parfois besoin, de temps à autres, de quelques éclaircissements. En témoignaient ces pages raturées de toutes parts, la faute à cette plume qui ne parvenait pas à mettre en ordre des sentiments bien présents mais qui n’avaient jamais eu besoin de prendre d’autre forme que celle qui poussait mon cœur à battre un peu plus vite et mes sourires à se faire plus intenses. Nos étreintes et nos caresses, nos baisers, nos regards en disaient beaucoup, au moins autant que nos actes de ces derniers mois, mais lequel de nous deux avait déjà mis des mots sur tout cela ? Le fallait-il seulement ? Autant de questions qui effleuraient à peine, pour l’instant, la lisière de mon esprit, trop occupé à entraîner Junior en direction du quatrième étage. Elles me laissèrent à l’instant présent, sans complètement m’abandonner non plus, comme c’était le cas depuis que nous avions convenu de ce que nous ressentions, sans en dire plus, incapables d’en dire moins.

En guise de repentir concernant cet effort qu’il avait fait de m’accompagner, je lui demandai de ne pas permettre qu’une telle chose se reproduise l’année prochaine et de rappeler à mon bon souvenir la perte de temps que représentait un tel détour sur le chemin de notre royaume. Il accepta, sans rechigner, sans se priver d’une légère moquerie non plus, poussant mes yeux à se lever exagérément vers le plafond du couloir. Qu’ils soient tous déçus, ça m’était égal. Il était assez peu probable qu’ils le soient, de toute manière, et cela me laissait de marbre. Mon indifférence à leur égard n’était pas feinte : ils pouvaient tous être remplacés demain par d’autres élèves que je n’en éprouverai même pas un léger pincement au cœur. À moins que tous ne soient des sang-de-bourbes de la pire espèce, bien évidemment ; dans ce cas-là, peut-être pourrais-je regretter la présence de Yaxley et Avery, voire même celle de ce benêt de Carter. Un tel jour n’était néanmoins pas prêt d’arriver. Ils restèrent tous à cet étage que nous abandonnions sans nous retourner, et nous, nous filâmes vers cette piscine et son indécente intimité. Des voix indistinctes nous forcèrent à un bref arrêt, l’occasion de taquiner Junior sur ses tendances à la délation. « Tu as rrraison : mieux vaut êtrrre prrrudents. » Du moins, jusqu’à ce que nous ayons rejoint notre objectif. Personne ne viendrait fouiner du côté de la salle de bain des préfets, hormis les préfets eux-mêmes, et ils étaient tous trop occupés là-haut. Probablement que la piscine avait déjà fait son apparition et qu’ils s’étaient tous jetés dedans, sans aucune pensée pour celle qui nous attendait, nous. Ses lèvres s’égarèrent sur les miennes, m’arrachant un frisson qui en voulait encore, un peu plu. Mais les voix s’éloignèrent déjà et nous reprîmes notre route. La porte de notre royaume se dessinait devant nous et l’intimité promise se dévoila au moment où la porte s’effaça sous mes doigts.

Une fois le verrou enclenché afin de nous assurer une tranquillité bien méritée, je m’intéressai aux robinets qui surplombaient le bassin vide par dizaines. Mes doigts délestés de mon verre et de la bouteille que j’avais abandonnés sur le sol en marbre pianotèrent distraitement sur plusieurs poignées avant que je n’interroge Junior sur ses préférences. J’interprétai son haussement d’épaules pour ce qu’il était : un désintérêt flagrant quant à la question. Pour ma part, tant que nous ne nous retrouvions pas avec une eau huileuse teintée de ce violet un brin repoussant, le reste m’était égal. La mousse blanche qui s’écoula du premier robinet que j’ouvris me convenait bien. Avec toute l’innocence qui me caractérisait parfaitement, je mentionnai les paillettes qui avaient fait briller notre dernière fois et que mon meilleur semblait particulièrement porter dans son cœur. Son ton boudeur m’arracha un rire que j’étouffai derrière une mine offusquée, ma main se posant sur ma poitrine comme pour mieux illustrer la douleur qui venait de s’y nicher à cause de son accusation infondée. « Moi ? Me moquer ? Tes mots me blessent. » Le Serpentard jeta son dévolu sur un robinet qui ajouta des senteurs estivales et des couleurs pastels au bassin plein de mousse. Un bon mélange qui manquait encore un peu de fantaisie : le tout était de trouver la bonne. Le contact de quelques gouttelettes interrompit mes recherches. Les yeux plissés, je dardai mon regard opalin dans celui de Junior : deux yeux faussement menaçants contre deux prunelles qui respiraient la candeur. « Attention, je n’hésiterrrai pas à te rrremontrrrer comment bien éclabousser quelqu’un » fis-je, un doigt dressé dans sa direction, un sourire aux lèvres alors qu’il me tendait son verre. Je l’acceptai comme un gage de paix pour que le moment ne tourne pas — pas tout de suite — à la bataille d’eau, plongeant mes lèvres dans le liquide alcoolisé et vaguement sucré, me décidant enfin pour faire pivoter des ailettes dorées au milieu de l’enchevêtrement de métal. Un jet incolore, quoique teinté d’éclats lumineux, comme si la lumière se réfléchissait sur du verre — ou des paillettes ! — et inodore se mit à tomber lourdement du plus haut et du plus large des tuyaux, formant une sorte cascade qui surplombait le bassin. Il fallait espérer que ce dernier se vidait aussi magiquement qu’il se remplissait ou bien toute la pièce allait vite être inondée.

Pour l’instant, notre piscine prenait forme au son des clapotis de la petite cascade artificielle. Encore quelques minutes, à peine, et nous allions avoir tout le loisir d’y plonger et de nous y baigner jusqu’à ce que l’envie nous passe et qu’une autre nous saisisse pour nous emmener ailleurs. Au détail près que nous n’avions pas amené de maillots de bain. La voix de Junior m’extirpa de ma réflexion et je posai sur lui un regard railleur. Il souhaitait poursuivre le petit jeu initié dans la Salle sur Demande et ça ne me dérangeait pas le moins du monde : même l’activité la plus douteuse se parait de bien plus d’élégance et d’intérêt quand il s’agissait de jouer avec lui. Action ou vérité, donc ? « Vérrrité » choisis-je finalement, un sourire amusé qui disparut momentanément derrière les contours du gobelet de mon meilleur ami. Presque vide, d’ailleurs. Sa question me fit glousser et je lui rétorquai du tac au tac : « Tu veux dirrre, plus indécent que nos soirrrées, que nos baisers, que notrrre explorrration des toits londoniens, celle de la Rrréserrrve et celle du petit lac de Prrré-au-Larrrd, ou… plus indécent que d’avoirrr émis l’idée de simuler une grrrossesse pourrr ne pas avoirrr à te dirrre au rrrevoirrr ? » J’énumérai ces points en dressant un doigt à chacun d’entre eux, mon sourire s’élargissant, sans même se faner à la mention de ce tout dernier souvenir qui ne faisait pourtant pas partie des plus heureux. « Sache que je suis une fille bien élevée, mon Ange. Il semble que tu sois finalement mon parrrtenairrre d’indécence. » Néanmoins, je fouillai ma mémoire à la recherche d’une vraie réponse à lui offrir. C’était d’autant plus compliqué que nous partagions tout — en tout cas, beaucoup — depuis des années et qu’il était déjà au courant de bien des écarts que j’avais commis. Songeuse, je m’écartai des robinets, délestant au passage mes pieds de mes bottines qui furent poussées sur le sol blanc sans plus de ménagement. Un rire m’échappa, puis un deuxième, et un troisième tandis qu’une réponse me venait finalement à l’esprit. C’était assurément inconvenant, et même impudique, et je n’avais pas souvenir d’avoir raconté dans les moindres détails les moyens que je mettais en œuvre pour éviter que mon tendre jumeau ne pénètre mon esprit. « Quand j’ai apprrris que Finn était Légilimens, j’essayais de penser à des choses qui lui serrraient désagrrréables, aussi souvent que possible, pour lui fairrre passer l’envie de fouiner dans ma tête. Une fois, j’ai pensé trrrès forrrt à Sherrrwin, Bluebell, pas Maxton, complètement nue. Et je suis quasiment cerrrtaine qu’il en a eu un aperrrçu. J’espèrrre, en tout cas. » Dans la continuité de ces tentatives délurées pour faire rougir mon frère adoré, il y avait également le souvenir que j’avais glissé dans sa pensine, cadeau pour fêter notre majorité, mais j’avais déjà raconté cet épisode à Junior quand était venu le temps de rattraper celui de ces longues semaines de distance insupportable. « Est-ce suffisamment indécent, mon Prrrince ? » lui demandai-je, attendant son aval pour valider cette vérité.

Continuant sur notre lancée, je lui retournai la question et un large sourire agita mes lèvres quand il se décida pour une action — en toute innocence, bien évidemment. Il ne restait plus qu’une petite gorgée au fond de son gobelet que j’avais toujours en ma possession, aussi le vidai-je pour mieux le remplir, récupérant le mien au passage et revenant me poster au bord du bassin. « Je crrrois qu’il y a assez d’eau pour que tu puisses plonger. Tout habillé. » De toute façon, nous n’avions pas nos maillots de bain, il était bien obligé de sauter avec son pantalon et sa chemise. Je noyais un nouveau sourire et un autre gloussement dans mon verre, m’asseyant sur le rebord de notre piscine avec grâce et un tantinet d’arrogance, mes yeux clairs ne quittant pas la silhouette de mon meilleur ami. Jambes repliées pour ne pas mouiller mon collant dans l’eau mousseuse qui arrivait presque à la limite du bassin, j’attendais de le voir faire son plus beau plongeon.

@C. Junior d'Archambault

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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Dim 18 Avr - 21:05, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyDim 18 Avr - 17:56



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Les voix qui s’étaient élevées à proximité appuyaient plus fortement encore sur les similitudes qu’il y avait entre cette soirée et celle de l’an dernier… Est-ce que Kendrick faisait partie du lot, comme une plaisanterie du destin ? J’aurais aimé le savoir, rien que par curiosité. Il aurait été si simple de suivre le même chemin que celui que nous avions déjà emprunté, d’offrir à ces imbéciles la possibilité de fêter la victoire en retenue ou de voir les sabliers fondre comme neige au soleil… Méritaient-ils seulement autre chose, tous autant qu’ils étaient ? Je me fichais bien de me faire détester, je n’étais certainement plus à ça près aujourd’hui et la satisfaction d’avoir trainé des traitres et des impurs irrévérencieux droit entre les mains de la direction valait bien quelques regards de travers… Mais il fallait bien reconnaître que ce qui nous attendait s’éloignait des sentiers déjà parcourus… Il n’était plus question de gêne et de silence, d’une bêtise délicieuse dont on ne savait pas quoi faire… Nous pouvions espérer sincèrement un moment agréable, bien plus que celui que nous venions de perdre en étant si mal entourés. Je n’avais aucune envie qu’on nous renvoie dans nos dortoirs en remerciant une dénonciation de plus alors même que nos projets étaient mille fois plus enviables. Alors tant pis… Qu’ils profitent donc de leur répit et de cette insouciance dégoûtante qui les poussait à se croire tout permis, j’avais infiniment mieux à faire ce soir que de les remettre à leur place !

Tu as rrraison : mieux vaut êtrrre prrrudents.

À peine les bruits se furent-ils éloignés qu’Erin nous fit reprendre notre route. Ma main restait sagement dans la sienne, un sourire absent flottant sur mes lèvres. Le silence qui régnait à nouveau dans le château avait quelque chose de plaisant. Les couloirs sans vie n’appartenaient qu’à nous, redevenant peu à peu ce royaume que nous avions mis en pièce… Peu importe les contre-temps, notre règne ne connaissait pas la moindre fin. Il me semblait qu’une vie s’était écoulée depuis la rentrée… C’était à la fois immensément loin et en même temps aussi frais que si ça avait eu lieu hier. La porte s’ouvrit pour se refermer aussitôt dans la promesse de garder le monde à distance. Nous retrouvions des habitudes plaisantes, une intimité rassurante et la certitude que personne ne viendrait nous déranger. Je n’avais pas eu pour projet de venir m’enfermer ici avec elle avant qu’il ne nous faille trouver un endroit pour continuer notre soirée mais ça n’était finalement pas si mal. Sûrement mieux que toutes les salles abandonnées que nous aurions pu trouver. Erin ne mit pas longtemps à faire comme chez elle, abandonnant ce qu’elle tenait et jouant avec les robinets… Ça faisait écho à une soirée lointaine, à une lutte sans fin, à des tendresses maladroites… Si je n’en gardais pas que des mauvais souvenirs, bien au contraire, j’espérais malgré tout que les mauvais moments vécus ici ne viendraient pas obscurcir le ciel de cette nouvelle escapade. Mais pour l’heure, nous en étions loin. Il n’y avait que des moqueries amusées et des restes de paillettes. Je feignis de bouder pendant une demi-seconde au moins avant qu’elle ne joue les offusquées dans des gestes parfaitement maitrisés.

Moi ? Me moquer ? Tes mots me blessent.
Pardonne-moi, ma douce, c’est vrai que ça ne te ressemble en rien !

Ma voix se faisait pleine d’une ironie attendrie alors que j’affectais d’être vraiment désolé. Le tout n’était pas crédible pour un sou mais ça n’était pas non plus comme si elle avait pu être susceptible de le croire un jour. Mon attention finit par s’arrêter sur un robinet, sûrement de ceux — nombreux — que nous n’avions pas essayé la dernière fois et je le tournai avec soin, laissant une eau parfumée et subtilement colorée se joindre à la mousse qui commençait à envahir le bassin. Les doigts filèrent sous le jet et éclaboussèrent Erin l’air de rien. Sa réaction ne se fit pas attendre. Elle darda sur moi un regard réprobateur tout en me pointant d’un index accusateur alors que je me drapais de la plus parfaite des innocences.

Attention, je n’hésiterrrai pas à te rrremontrrrer comment bien éclabousser quelqu’un.

J’eus bien du mal à me retenir de rire. Il y avait plus effrayant comme punition. Notre but n’était-il pas de finir trempés, de toute façon ? À moins qu’elle n’ait seulement envie de remplir la baignoire géante pour la vider ensuite sans même en profiter…? Ça m’aurait étonné, je le reconnais, mais après tout nous n’avions ni maillot de bain ni vêtement de rechange, il restait un monde dans lequel c’était une éventualité qui tenait la route.

Comme c’est vilain de menacer ainsi ses amis !

Elle tourna un dernier robinet et récupéra mon verre. De l’eau s’écoula des plus hauts tuyaux, retombant non loin de nous dans une cascade qui m’arracha une exclamation enthousiaste… avant que je ne remarque ce qui ressemblait à des paillettes, ou du moins quelque chose qui s’en rapprochait et qui jouait joliment avec la lumière offerte par les torches. Il ne restait plus désormais qu’à attendre que la piscine se remplisse afin de pouvoir en profiter dignement. Ça nous laissait quelques minutes, cinq, peut-être moins… Je relançai le jeu idiot initié par Shepherd et vendu comme obligatoire. Erin ne se fit pas prier et accepta de le continuer avec moi.

Tu veux dirrre, plus indécent que nos soirrrées, que nos baisers, que notrrre explorrration des toits londoniens, celle de la Rrréserrrve et celle du petit lac de Prrré-au-Larrrd, ou… plus indécent que d’avoirrr émis l’idée de simuler une grrrossesse pourrr ne pas avoirrr à te dirrre au rrrevoirrr ?

Si je levai les yeux au ciel à ses premiers mots — depuis quand nos soirées et nos baisers se faisaient indécents ? — je ne pus que glousser au rappel de nos incartades. C’est vrai que nous n’étions pas de grands adeptes de la bienséance… Mais tout de même ! Quant à cette simulation de grossesse… Mes joues rosirent légèrement rien que d’y repenser. D’accord, j’étais prêt à reconnaître que l’indécence était atteinte. Ça n’avait été qu’une idée balancée un peu par désespoir, rapidement démontée et oubliée… Mais si j’avais abondé dans son sens, est-ce qu’elle aurait été véritablement capable de la mettre en application ? Je ne savais même pas ce que j’aurais préféré. Qu’elle soit assez attachée à moi pour tout massacrer pour me garder ? Ou qu’elle soit suffisamment sensée pour réaliser la bêtise avant d’y plonger ? Il n’y avait sûrement aucune bonne réponse à cette question… Au fond, qu’elle l’ait envisagé me suffisait. Peu importe comment ça aurait pu finir, elle avait été prête, durant au moins un instant, à sacrifier beaucoup pour me venir en aide. Alors même que je venais de la décevoir et de la blesser plus que je n’aurais jamais dû le faire. J’eus bêtement envie de l’enlacer, presque de la remercier, mais elle reprenait déjà, coupant cours à l’affection immense qui venait de m’étouffer brusquement :

Sache que je suis une fille bien élevée, mon Ange. Il semble que tu sois finalement mon parrrtenairrre d’indécence.
Tu dois te tromper, je suis beaucoup trop sage pour ça, me défendis-je sans une once de crédibilité, un sourire un brin malicieux étirant mes lèvres.

En réalité, j’acceptais ce rôle avec grand plaisir. J’avais toujours apprécié quitter en sa compagnie tous les sentiers balisés par mes parents, me défaire de cette innocence exagérée pour faire absolument n’importe quoi… Si nos bêtises prenaient souvent naissance sous son impulsion, je n’avais jamais été totalement en reste de non plus. Il n’y avait vraiment qu’avec elle que je me permettais de flirter avec les limites, voire de les massacrer totalement… J’avais aveuglément confiance depuis le premier jour, je savais qu’il n’y aurait jamais ni jugement ni trahison et que tous nos secrets seraient toujours parfaitement gardés. Même alors que nous étions encore enfants, il m’avait semblé évident que cette gamine sortie de nulle part préférerait assumer seule les conséquences de notre stupidité plutôt que d’avoir à me dénoncer… et j’avais toujours su, dès le premier instant et alors même que c’était loin — très loin — de mes habitudes, que j’en ferais autant. Les années avaient eu beau passer, rien n’avait vraiment changé. La confiance était toujours là et j’aurais fait n’importe quoi pour la protéger. Son rire coupa finalement court à mes réflexions. Il semblait sortir de nulle part et se paraît d’éclats un peu fous qui lui allaient à ravir. Je posai à nouveau les yeux sur elle alors qu’elle terminait de retirer ses chaussures et cherchai en vain ce qui avait bien pu l’amuser autant.

Quand j’ai apprrris que Finn était Légilimens, consentit-elle à m’expliquer, j’essayais de penser à des choses qui lui serrraient désagrrréables, aussi souvent que possible, pour lui fairrre passer l’envie de fouiner dans ma tête. Une fois, j’ai pensé trrrès forrrt à Sherrrwin, Bluebell, pas Maxton, complètement nue. Et je suis quasiment cerrrtaine qu’il en a eu un aperrrçu. J’espèrrre, en tout cas.

Durant une seconde, je restai interdit, la fixant sans ciller. C’était horrible, vraiment ! Tant pour lui que pour Sherwin… Mais en même temps, j’aurais donné cher pour voir la tête de ce pauvre Finnbjörn et rien qu’à l’imaginer, mon rire se mêla au sien.

C’est peut-être pour ça qu’il ne lui parle plus… Traumatisé à vie.

En réalité, je ne savais pas vraiment ce qui tenait d’une véritable innocence de sa part et ce qui tirait de l’exagération. Il ne disait jamais rien, il paraissait presque au-dessus de ces instincts presque sauvages qui nous tiraillaient tous un jour ou l’autre, comme si la nature elle-même n’avait pas de prises sur lui… Ça rajoutait au mystère de son existence, ça l’éloignait de notre humanité, peut-être aussi…

Est-ce suffisamment indécent, mon Prrrince ?
C’est même pire que ce que j’aurais pu imaginer.

Je lui lançai un regard tendrement taquin et entrepris de détacher mes chaussures. Le bassin était presque plein, nous allions pouvoir enfin en profiter ! Erin continua notre jeu tandis que je bataillais avec mes lacets. Je me sentis d’humeur aventureuse et lâchai un « action » que j’eus le bon goût de regretter presque aussitôt. Il faut bien reconnaître que son sourire m’y aida grandement. Ça n’annonçait rien de bon ! Elle termina mon verre et abandonna le bord de la baignoire pour aller le remplir et récupérer le sien, m’enveloppant dans un suspense fort désagréable. J’aurais voulu savoir à quelle sauce j’allais être mangé ! J’eus gain de cause avec mon double noeud juste au moment où elle revint s’installer à mes côtés.

Je crois qu’il y a assez d’eau pour que tu puisses plonger. Tout habillé.
C’est cruel, lui fis-je remarquer alors que j’ôtais mes chaussettes dans l’espoir parfaitement stupide de garder quelque chose au sec, comment je suis censé rentrer, après ça ?

En soi, la question était légitime. Erin n’ayant ni sac ni poche me semblait-il, il était fort probable qu’elle n’ait pas sa cape sur elle… Et nous n’avions ni baguette pour nous sécher ni rien pour nous changer… Une fois le couvre-feu passé, ce serait à peu près mission impossible pour traverser tout le château sans se faire repérer et en étant trempé… Mais je jouai pourtant le jeu sans me plaindre davantage et plongeai aussi proprement que possible dans la mousse qui recouvrait toute la surface. Un rire m’échappa alors que je réapparaissais, repoussant maladroitement quelques mèches des plus humides qui me tombaient devant les yeux.

Ma Reine est-elle satisfaite ?

Je revins jusqu’au bord et me hissai à nouveau à ses côtés. Un frisson me courut dans le dos alors que je m’agitais un peu pour tenter de me défaire du tissu qui me collait à la peau. Là encore, ça faisait remonter des souvenirs… Mon regard clair glissa sur elle et s’y attarda un instant. Avec une douceur infinie, je lui retirai son verre des mains, je perdis une seconde pour en voler une gorgée avant de le poser un peu plus loin. Je fis mon possible pour l’attraper sans lui faire mal et, ni une ni deux et faisant fi de ses protestations, je la jetai dans la piscine sans plus de ménagement. Je ne me fis pas prier pour la rejoindre, j’étais déjà trempé, et lui offris le sourire le plus angélique du monde.

Ç’aurait été dommage que tu n’en profites pas.

Je ne lui laissai pas le temps de rouspéter que je plaquais un baiser sur ses lèvres et reprenais comme si je ne m’étais jamais arrêté :

Action ou vérité ?

Elle dut sûrement se douter qu’elle ne risquait plus grand chose puisqu’elle se décida pour une action. C’est vrai que le jeu était particulièrement stupide et qu’il n’y avait pas grand chose à en tirer, mais avec elle, il devenait amusant. Sûrement bien davantage qu’il ne l’aurait été si nous étions restés au milieu de la plèbe.

Durant les cinq prochaines minutes, chacune de tes phrases devra comporter au moins un compliment à mon égard, lâchai-je après quelques secondes de réflexion, et des vrais, évidemment, s’ils puent l’ironie, ça rajoutera des minutes.

Je n’avais jamais eu besoin d’user de subterfuges pour l’entendre me dire des choses agréables mais là, alors que je venais de la jeter à l’eau dans sa jolie robe, peut-être que ça ne serait pas un luxe ! Encore que je doutais très sincèrement qu’elle m’en veuille… C’était de bonne guerre.
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyLun 19 Avr - 11:50



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Nous avions évité un naufrage assuré en nous échappant au plus vite de la Salle sur Demande et en fuyant la mauvaise compagnie qui cohabitait là-bas ; j’en étais plus persuadée que jamais alors que nous nous échouions sur les rivages marins de notre royaume. Il n’était pas dans mes habitudes de regretter quoi que ce soit — d’autant plus que, sans l’intervention balourde de Mansfield, peut-être que nous n’aurions pas fait le choix de venir jusqu’ici — mais je consentais tout de même à admettre que ça n’avait été qu’une perte de temps. Assez fructueuse, néanmoins, puisque nous nous en tirions avec deux gobelets à moitié pleins et une bouteille parfaitement remplie. Ce soir, cette salle de bain à l’écart du monde deviendrait notre royaume à part entière : les limites infinies d’un océan imaginaire devenaient celles de ce bassin creusé dans le marbre blanc ; l’écume des vagues se transformait pour remplir la piscine de cette mousse aussi blanche et pure qu’une neige d’hiver ; la senteur iodée qui se dégageait des embruns maritimes était remplacée par les fragrances estivales qui s’écoulaient de ce jet pastel, appelant l’image d’un soleil éclatant et de fleurs épanouies. Je proposai bien à Junior d’y ajouter quelques paillettes — ou n’importe quel éclat scintillant qui y ressemblerait — puisque j’avais le souvenir qu’elles lui tenaient particulièrement à cœur… mais ma sollicitude sincère et dévouée ne parvint qu’à lui tirer une moue boudeuse. Ingrat ! J’effaçai l’ironie d’un sourire derrière quelques mimiques outrées, obtenant des excuses railleuses en retour. « Contente que tu le rrreconnaisses. » Mon ton affecté prétendait que tout ceci était crédible et que les sarcasmes de mon meilleur ami n’en étaient pas ; la lueur amusée au fond de mes yeux pâles se jouait de tout cela. L'insouciance du moment le rendait plus parfait encore, loin, bien loin de la froideur et des rancunes qui avaient jonché cette dernière fois, juste après la soirée de la Saint-Valentin. Quelques gouttelettes sciemment projetées dans ma direction empêchèrent mes pensées de continuer sur cette voie-là. Mon regard accusateur se heurta à l’air parfaitement innocent de Junior — celui qu’il savait si bien arborer en toutes circonstances et qui lui allait, je devais bien l’admettre, à ravir, même si je préférais quand il s’en servait contre d’autres. « Estime-toi heurrreux que je te menace, je ne prrrends pas cette peine avec tout le monde » répliquai-je d’emblée avant d’accepter le verre qu’il me tendait et d’y noyer un sourire qui se refléta malgré tout au fond de mes prunelles. À bien y regarder, c’était une forme de politesse, voilà tout : je le prévenais de ce qui pouvait lui arriver s’il persistait à m’éclabousser au lieu de me venger sans sommation. Quel manque flagrant de considération concernant mes efforts civilisés.

Un troisième robinet chassa ces élans de mauvaise foi espiègle en faisant éclater une cascade scintillante qui vint compléter le reste à merveille : il ne nous restait plus qu’à patienter quelques instants avant de pouvoir plonger dans l’eau aux senteurs agréables et à la mousse épaisse. Junior en profita pour relancer cette question qui avait accompagné notre échappée belle jusqu’ici et je me pliai cette fois de bonne grâce à une vérité. Quelle était la chose la plus indécente que j'aie pu faire ? Avec un rire, j’évoquai nos nombreuses escapades en tout genre, ces baisers que nos parents n’auraient certainement pas trouvés convenables — raison pour laquelle ils ne se dévoilaient que dans le secret de nos tête-à-tête, n’est-ce pas ? — et toutes ces autres choses que je ne faisais qu’en sa présence. Voulait-il plus indécent encore ? Mes yeux se perdirent un instant sur son visage, notant au passage la teinte rosée qui semblait s’être emparée de ses joues. « Le rrrose te va aussi bien que les paillettes » pouffai-je, la moquerie accompagnée d’une certaine affection. J’avais une assez bonne idée de ce qui, là-dedans, était encore capable de le faire rougir mais n’en fis pas plus cas, me détournant pour partir en quête d’une vraie réponse à lui formuler et d’alcool pour remplir son gobelet devenu bien léger. La chose avait été évoquée, balancée sous le coup du désespoir, alors que j’étais acculée entre la perspective de le perdre et celle de devoir tout mettre en jeu pour que cela n’arrive jamais. Ce sacrifice n’avait été qu’une idée parmi d’autres et elle était restée cette vague possibilité qui ne s’était jamais concrétisée. Elle existait pourtant, par le simple fait de l’avoir formulée à voix haute, et cela suffisait à l’ajouter à la longue liste de mes écarts loin de la bienséance. Trouver quelque chose que Junior ne savait pas n’était pas une tâche aisée comme je le soulignai, plus en affirmant qu’il était le partenaire de toutes mes incartades qu’en rappelant que j’étais bien élevée. C’était tout aussi vrai, bien sûr, mais ça ne m’avait jamais empêchée de n’en faire qu’à ma tête — au grand dam de mes aînés — surtout pas lorsqu’il était question de mon meilleur ami ou simplement de l’entraîner dans de nouvelles bêtises. Elles étaient bien trop merveilleuses en sa compagnie. Lui n’était qu’un parangon de sagesse, bien évidemment. Je roulai exagérément des yeux, même s’il ne pouvait déceler que mon profil, avant de repartir à l’assaut de mes souvenirs. Il savait tout concernant le mariage de Phoenix et Hannibal, aussi ne serait-ce pas une vérité à avouer et il connaissait les moindres détails de mes années à Poudlard. Sauf peut-être… Un rire me secoua, suivi d’un autre qui accompagna ma chaussure négligemment abandonnée au sol. Je lui racontai alors comment je m’étais employée à faire en sorte que Finn considère que fouiller mes pensées était une très mauvaise idée. Le regard de Junior se figea dans le mien et une longue seconde s’écoula avant qu’il ne me rejoigne dans l’hilarité qui habillait mes traits. De nouveau, je levai les yeux au ciel : tout de suite les grands mots. Ce n’était pas si pire, tout de même. « Si c’est le cas, j’espèrrre pourrr sa fierrrté qu’elle ne l’apprrrendrrra jamais » ricanai-je sans une once de compassion et en passant rapidement à autre chose. Les histoires d’amour de mon frère adoré ne m’intéressaient guère, surtout quand elles impliquaient Bluebell ou Yaxley, souvent les deux.

À mon tour, je lui laissais le soin de choisir entre un défi ou une confession, ravie de l’entendre se décider pour le premier. Mon sourire s’élargit et mes yeux glissèrent du bassin à mon meilleur ami avant de se poser sur la bouteille dont je versai un peu du contenu dans le gobelet de Junior. Revenue au bord de la piscine, l’air de rien mais toujours souriante — trop pour que cela ne laisse pas planer un doute sur la bonté de mes intentions — je mis fin à ce terrible suspens. Ce n’était rien d’horrible : il lui fallait simplement plonger dans l’eau mousseuse qui n’attendait que nous. À ceci près qu’il le ferait tout habillé. Mon haussement d’épaules semblait dire que je n’en savais rien, moi, de comment il rentrerait ensuite, ou peut-être signifiait-il simplement qu’il n’était pas dans mes intentions de le laisser partir de sitôt, reléguant à un futur trop indécis des préoccupations aussi triviales que comment retourner dans son dortoir sans se faire attraper, trempé des pieds à la tête. Sans plus se plaindre, il plongea, disparaissant sous la mousse dans un mouvement aussi limpide que l’eau qui s’écoulait de notre cascade. J’observai le tout avec une exclamation ravie et délestai mon gobelet d’un peu de son contenu en attendant que mon meilleur ami me revienne. Il fendit la surface à l’autre bout du bassin, les cheveux plaqués par l’eau et les vêtements alourdis. « C’était un beau plongeon, je suis satisfaite » répondis-je avec un sérieux bien trop malicieux pour pouvoir prétendre l’être. Il revint se hisser à mes côtés, emportant avec lui quelques reliquats mousseux et bien trop d’eau à la fois. Mes doigts repoussèrent une mèche et chassèrent une gouttelette qui glissait le long de sa joue, profitant de cette excuse pour s’égarer un peu plus longtemps sur sa peau. Je le laissai s’emparer de mon gobelet sans protester, m’attendant à ce qu’il le porte à ses lèvres. Il n’en fit rien, le posant non loin de nous avant de glisser ses mains sur ma taille. Et si je n’étais pas contre me rapprocher de lui pour me glisser dans ses bras, aussi mouillés soient-ils, un éclair de compréhension écarquilla mes yeux clairs, repoussant toute perspective d’une étreinte agréable. « Tu ne… » Oh si, c’était exactement ce qu’il avait en tête. Mes mots furent noyés par ma chute dans le bassin, assez peu gracieuse et parfaitement involontaire. Junior était déjà de retour dans l’eau quand j’en ressortis, sourcils froncés, prête à lui faire savoir tout le mécontentement que m’inspirait sa haute trahison, mais il m’en empêcha de la plus douce des manières. La plus fourbe, également, et la plus frustrante de toutes parce qu’il abandonna mes lèvres tout aussi rapidement qu’il s’en était emparé, me reposant immédiatement cette éternelle question. « C’était bien la peine de me fairrre jolie » soupirai-je avec dédain avant qu’un sourire amusé ne se fraye déjà un chemin. Autant pour mon collant que j’avais essayé de garder sec. « Action. » La piscine était désormais pleine et je m’éloignai du Serpentard pour aller refermer deux des trois robinets, ne laissant que la cascade et ses éclats scintillants pour continuer d’abreuver le bassin qui semblait incapable de jamais déborder.

Sa voix s’éleva au-dessus des clapotis, m’arrachant une exclamation exagérément scandalisée : il profitait éhontément de ce petit jeu pour se faire couvrir de louanges… et fallait-il en attendre moins de sa part ? Une lueur de défi au fond de mes yeux clairs, je revins jusqu’à lui, fendant les eaux mousseuses sans un bruit. Mes doigts s’enroulèrent autour du poignet du Serpentard, tirant sa montre hors de l’eau, la levant jusqu’à ce que je sois en mesure de discerner l’heure qu’elle affichait. Bien, il ne restait plus que quatre minutes et cinquante-neuf, cinquante-huit secondes de silence. Le complimenter ne me dérangeait pas, pas le moins du monde, d’autant que les flatteries, naturelles et sincères, abondaient dans mon esprit sans qu’il ne me soit nécessaire de me creuser la tête à la recherche de quelque gentillesse à lui adresser. Tout ce que je pouvais bien penser de lui, de nous, était propice aux cajoleries. Mais le faire sans avoir le droit à la moindre ironie ? Il était cruel de sa part de m’ôter mon arme préférée ! Et puis, ça n’aurait pas la même saveur si je ne le faisais pas languir un petit peu. Mon regard se planta dans le sien, aussi amusé que provocant, laissant les secondes s’écouler. Douze d’entre elles, du moins, avant qu’un rire ne me trahisse et ne mette fin à ma mutinerie. « Eh bien, au moins, tu n’aurrras plus à t’inquiéter de comment tu rrrentrrrerrras : tes chevilles vont tellement enfler que tu ne pourrras pas passer la porrrte… mais puisque vos désirrrs sont des orrrdrrres ce soirrr, et tout parrrticulièrrrement pourrr les cinq prrrochaines minutes, sachez, mon Prrrince, que votrrre compagnie illumine ma soirrrée. » J’étais sincèrement ravie de me retrouver ici, avec lui — même si c’était dans l’eau, encore toute habillée — car il me semblait qu’une incartade aussi délicieuse n’était pas arrivée depuis bien trop longtemps. Cependant, l’ironie ne quittait jamais totalement ma voix, mais ce n’était pas au point de rajouter des minutes supplémentaires à ce gage… enfin, je crois. Je récupérai le premier verre à ma portée, avalant un peu de l’alcool qu’il contenait et qui commençait doucement à me faire tourner la tête avant de le proposer à Junior, faisant fî de l’autre gobelet qui attendait sagement son propriétaire, pendant qu’il optait pour une question, visiblement peu enclin à faire les frais d’une terrible vengeance. « Tu es poli, bien élevé et assurrrément rrrespectable mais même les hommes les plus verrrtueux mentent de temps à autres, alors… quel a été ton plus grrros mensonge ? » Ça avait tout intérêt de compter comme des compliments. S’il m’en venait des dizaines à l’esprit, il était bien plus difficile de les prononcer à voix haute et de manière aussi décousue : cela les faisait sonner affreusement niais. Reprenant mon verre d’entre ses mains, je cherchai plus d’inspiration dans une autre gorgée d’alcool, attendant qu’il consente à me confier le pire de ses mensonges : il devait forcément y en avoir un !

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyLun 19 Avr - 17:24



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Qu’importe tout ce qui avait pu se passer entre nous, qu’importe les mauvais moments et les disputes qui s’étaient dressés sur notre chemin ces derniers mois, nous étions toujours là, ensemble et, à mes yeux du moins, plus soudés que jamais. Qui aurait pu croire en nous regardant nous taquiner comme nous l’avions toujours fait que nous nous déchirions encore quelques semaines auparavant ? Qui aurait pu imaginer en nous voyant fuir le monde pour pouvoir enfin profiter de la seule présence de l’autre que nous avions frôlé la fin quelques mois plus tôt ? Même en ayant tout vécu de l’intérieur, en ayant souffert plus que de raison à la seule idée de la perdre, j’avais l’impression que tout ça n’avait été qu’un affreux cauchemar… Et si par malheur ça n’était pas le cas, alors c’était la preuve que nous étions plus forts que ça. Plus forts que tout, peut-être aussi. J’aimais à le croire. M’accrocher à ces toujours promis avec la certitude que rien ni personne ne pourrait jamais les compromettre… Et comme à chaque fois que nous nous échappions loin de l’humanité et qu’il n’y avait qu’elle pour peupler mon monde et mes pensées, ça me paraissait possible. Ses bêtises me ramenèrent doucement à elle, me forçant à délaisser les souvenirs plus ou moins agréables des jours passés. Je délaissai nos querelles et mes rêveries idiotes pour retrouver non sans plaisir quelques taquineries au sujet de paillettes dont j’avais oublié l’existence avant qu’elle ne me la rappelle aussi fourbement et un air boudeur qui ne fit qu’attiser sa mine outrée.

Contente que tu le rrreconnaisses.

C’était la moindre des choses ! Un ricanement aussi amusé que moqueur brisa le silence qui tenta vainement de s’installer entre nous. Elle était la pire d’entre toutes, oui ! La plus moqueuse du monde ! Toutes les bêtises que je pouvais dire ou faire à ses côtés finissaient toujours par être retournées contre moi… Et Merlin qu’elles se faisaient nombreuses, depuis le temps ! Je m’étais toujours senti pleinement en confiance alors il n’y avait rien à préserver… Pas grand chose en tout cas. Je me fichais bien de l’image que je lui renvoyais, je savais pertinemment qu’elle ne porterait sur moi aucun jugement… Grossière erreur ! Non pas qu’elle puisse me juger, mais mieux valait rester sur mes gardes et jouer les irréprochables héritiers comme je le faisais auprès du reste du monde… Les robinets s’ouvrirent sous nos doigts pour remplir le bassin qui s’étendait sur presque toute la salle et j’en profitai pour l’arroser légèrement. Trois petites gouttelettes de rien du tout, je le jure ! Et pourtant ça suffit à m’attirer ses menaces comme s’il avait été question d’un horrible affront.

Estime-toi heurrreux que je te menace, je ne prrrends pas cette peine avec tout le monde.
Madame est trop bonne, soufflai-je en levant les yeux au ciel avec une exagération joueuse.

Sur quoi elle récupéra le verre que je lui tendais comme elle aurait accepté un drapeau blanc docilement agité. Le clapotis de l’eau mêlé au parfum de ma meilleure amie rendait cet endroit apaisant, un îlot délicieux au milieu d’un château plus en perdition encore ce soir qu’il ne l’était d’ordinaire. Mes yeux se posèrent sur elle alors qu’elle observait les robinets, choisissant celui qu’elle tournerait ensuite et je ne pus m’empêcher de sourire doucement. J’étais bien. Elle était belle. Rien de ce qui me venait en tête ne s’éloignait vraiment de ces constations merveilleuses. Ses doigts s’agitèrent, libérant une cascade pailletée — sérieusement ? — qui tombait près de nous dans un bourdonnement tranquille. Je décidai de tuer l’attente en reprenant le jeu ridicule que nous avions commencé un peu plus tôt et me délestai d’une question taquine sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Si nous passions énormément de temps ensemble, nous ne passions pas tout notre temps ensemble pour autant et rien ne me disait que quelques unes de ses incartades étaient gardées sous silence… Mais ce qu’elle laissa entendre était loin de nous renvoyer à une vie que nous ne partagions pas… bien au contraire. De nos baisers aux souvenirs de nos conquêtes interdites, elle me ramenait à ce nous qui existait depuis si longtemps… et qu’elle voulait voir perdurer à n’importe quel prix. Elle tenait tellement à ce que nous avions qu’elle avait été prête à sacrifier son honneur pour nous permettre de le garder, là où j’avais à peine oser me rebeller. Peu de garçons dans ce monde pouvait se targuer d’être aussi chanceux que je l’étais. L’avoir à mes côtés était sans l’ombre d’un doute ce qui m’était arrivé de mieux ces dix-sept dernières années. Mes joues s’échauffèrent un peu à la mention de cette fausse grossesse envisagée et de tout ce qu’elle pouvait cacher encore. Il y avait des rapprochements que nous n’avions jamais franchis et quand bien même il n’avait été question que de faire semblant, la comédie avait mis en lumière — de mon côté en tout cas — les contours d’envies que j’aurais préférée ignorer plus longtemps. Nous n’en avions jamais parlé et sûrement que nous n’en parlerions jamais mais il m’était bien difficile de les enfouir à nouveau et faire comme si elles n’avaient jamais été déterrées.

Le rrrose te va aussi bien que les paillettes.
Gna gna gna…

Et je lui tirai la langue avec une maturité exemplaire avant qu’elle ne reprenne, riant dans son coin sans que je ne parvienne à savoir pourquoi. Sûrement qu’elle repensait à toutes les indécences commises au cours de sa vie et que certaines l’amusaient toujours autant… J’aurais bien voulu qu’elle partage. Ce qu’elle finit par faire en dépeignant les aventures de Finnbjörn qui avait le malheur de s’insinuer dans son esprit. C’était horrible. C’était brillant. Ça lui ressemblait en tout point, tant et si bien qu’après une seconde d’une surprise un peu choquée, je ne pus m’empêcher de rire avec elle. Je n’avais aucun mal à imaginer la tête de son frère et le désespoir qui avait dû être le sien… Encore que, de ça, je n’en étais pas vraiment certain. C’était toujours un peu difficile de savoir ce qui était vrai avec lui… Avant, j’avais l’impression que nous nous ressemblions assez — pour ne pas dire beaucoup, parfois — mais plus les années passaient, moins je retrouvais ces points autrefois communs qui m’avaient laissé croire que nous nous comprenions. Il semblait vivre dans un monde qui n’avait rien de réel, s’accrocher à des rêves qui ne se réaliseraient jamais. Il avait changé… ou peut-être pas, il se défendait souvent d’avoir été toujours le même et dans le fond, sûrement qu’il avait raison. Peut-être que tout le problème était là : quand nous, nous changions, obligés de grandir avec les années qui passaient et les obstacles à gravir, lui n’en faisait rien. C’était un peu triste, à mon sens, mais il paraissait y trouver son compte.

Si c’est le cas, j’espèrrre pourrr sa fierrrté qu’elle ne l’apprrrendrrra jamais.

Certes… Enfin, ça n’était pas non plus comme si ça m’importait. J’aurais presque été déçu qu’elle n’en ait jamais vent, ne serait-ce que pour suivre un nouvel épisode de leur feuilleton romanesque et ridicule. Toutefois, notre soirée ne leur offrit pas plus d’attention et reprit son cours comme s’ils n’en avaient jamais fait partie. Erin décida de continuer notre jeu et je m’y risquai avec elle… et le regrettai dans la foulée. Plonger tout habillé ? Alors qu’il me faudrait retourner tôt ou tard à Serpentard ou au moins quitter cette pièce pour passer la nuit ailleurs ? Ça ne se faisait pas ! Mes réflexions ne l’atteignirent pas un seul instant et elle y répondit par un haussement d’épaules que j’aurais pu prendre pour de l’indifférence. Au lieu de m’en formaliser, je m’exécutai et plongeai donc sans me défaire de ce tissu bientôt lourd et trempé. Je ressortis quelques secondes plus tard et quelques mètres plus loin, dans un état sûrement pitoyable mais le sourire aux lèvres.

C’était un beau plongeon, je suis satisfaite, m’affirma-t-elle alors que je fendais la mousse en sens inverse pour la rejoindre.

Vraiment… Cette fille me ferait faire n’importe quoi ! Je revins sur le bord, non sans la désagréable sensation d’être entravé dans mes mouvements par ces vêtements devenus collants. Elle rendit néanmoins mon retour enviable en chassant une mèche qui glissait sur mon front et une goutte — je le supposai en tout cas — qui courrait sur ma joue… Son contact me tira un sourire idiot alors que je profitais plus que de raison de cette caresse légère. Et puis, sans crier gare, une idée sûrement mauvaise se fraya un chemin dans mon esprit mouillé… Je lui empruntai son verre, elle me laissa faire. Je le reposai un peu plus loin pour m’assurer qu’il ne se renverserait pas et vins la récupérer, elle. Là encore, elle me laissa faire… du moins avant que toute la lumière ne se fasse sur mes intentions.

Tu ne…
Si.

Je ne lui laissai pas le temps de terminer sa phrase que je la jetai éhontément à l’eau, non sans un gloussement satisfait. J’y replongeai à sa suite et abandonnai un instant mes lèvres sur les siennes une fois qu’elle fut remontée. Je n’avais aucune envie de profiter de cette piscine immense tout seul ! Et puisque j’étais contraint d’y rester encore longtemps étant donné que toute fuite dans les couloirs devenait risquée, autant qu’elle soit obligée d’y rester également !

C’était bien la peine de me fairrre jolie.

Mon regard se voila d’une tendresse immense et de bien davantage alors que, dans un geste semblable au sien, je glissai une mèche trempée derrière son oreille. Elle était toujours aussi jolie, même mouillée. Je ne me souvenais pas d’un seul instant où elle ne l’avait pas été. Tous les efforts du monde étaient superflus, aucune demoiselle au monde ne pouvait prétendre lui arriver à la cheville… et même si je les appréciais à leur juste valeur, je n’étais pas moins sous le charme lorsqu’elle n’en faisait pas. Mes lèvres se posèrent à nouveau sur les siennes, dans un baiser un peu plus appuyé, avant que je ne reprenne notre jeu. Où en étaient-ils, là-haut ? Est-ce qu’ils s’étaient vautrés dans toute la vulgarité et la médiocrité qu’on attendait d’une soirée comme la leur…? La Poufsouffle finit par m’échapper, fuyant vers les robinets sans un regard en arrière. Elle sortait déjà ? Elle m’en voulait donc vraiment de l’avoir mise à l’eau ? Fort heureusement, non ! Elle se contenta de fermer deux des trois robinets. La cascade, elle, continuait de tomber du ciel dans une mélodie régulière. À peine avait-elle terminé que je lui donnai son action suivante. Sa réaction ne se fit pas attendre et me tira un rire satisfait quoi qu’un peu moqueur. Et bien quoi ? Personne n’avait dit qu’il ne fallait pas en tirer quelque bénéfice ! Elle revint jusqu’à moi et tira sur mon bras pour remonter ma montre à hauteur de ses yeux. Ceux-ci finirent par se perdre dans les miens, une lueur des plus provocantes y dansant avec arrogance. Le silence retomba. Eh ! C’était injuste ! Elle ne pouvait pas juste laisser les cinq minutes passer ainsi sans rien dire du tout ! J’allais pour lui rappeler qu’elle devait boire si elle ne s’y pliait pas lorsqu’elle se mit à rire. Je levai le nez d’un air désapprobateur mais le sourire qui fleurissait sur mes lèvres faisait perdre à ma tentative toute sa crédibilité.

Eh bien, au moins, tu n’aurrras plus à t’inquiéter de comment tu rrrentrrrerrras : tes chevilles vont tellement enfler que tu ne pourrras pas passer la porrrte… mais puisque vos désirrrs sont des orrrdrrres ce soirrr, et tout parrrticulièrrrement pourrr les cinq prrrochaines minutes, sachez, mon Prrrince, que votrrre compagnie illumine ma soirrrée.

Je ne pris même pas la peine de remettre le compliment en question. J’aimais à le croire des plus sincères. Après tout, elle ne serait certainement pas là si ça n’était pas le cas ! Et je devais bien reconnaître que j’aurais pu le lui retourner sans craindre le mensonge. Je passais un moment délicieux et elle en était la seule et unique responsable.

J’espère… Ça m’aurait embêté que tu regrettes celle de nos camarades, gloussai-je en l’imaginant coincée avec tout ce que Poudlard faisait de plus pitoyable. Nous étions infiniment mieux ici !

Son attention m’échappa à nouveau alors qu’elle me posait la question fatidique. Il fallait réfléchir un minimum… D’un côté, je ne risquais plus grand chose à prendre une action… De l’autre, j’avais appris à me méfier de ses mauvaises idées, surtout alors qu’elle se retrouvait contrainte à chanter mes louanges pendant encore un peu plus de trois minutes. Lorsqu’elle revint avec un verre, je m’étais décidé : ce serait vérité pour cette fois, c’était plus sûr. Elle but une gorgée et me le tendit sans un mot.

Tu es poli, bien élevé et assurrrément rrrespectable mais même les hommes les plus verrrtueux mentent de temps à autres, alors… quel a été ton plus grrros mensonge ?

Bien cachées derrière le gobelet, mes lèvres se fendirent d’un sourire gentiment goguenard. Ça n’était pas désagréable, loin de là. J’aimais bien cette action. Je me félicitais de mon choix ! Quant à sa question…

Et bien, c’est que je ne mens jamais, vois-tu…

Ce qui était évidemment un horrible mensonge. Ma langue passa distraitement sur mes lèvres pour en chasser les restes d’alcool tandis que je me penchais plus sérieusement sur sa demande. Il fallait bien reconnaître que c’était souvent des petits mensonges… Combien de fois avais-je prétendu aller aux toilettes lorsque nous dormions sous le même toit et qu’un quelconque adulte me surprenait sur le chemin de sa chambre ? Combien de fois avais-je accusé l’elfe pour les vases ou les fenêtres cassés alors que je gérais seulement très mal mes virages quand je faisais du balai dans la maison ?Ça n’était rien de bien méchant… Des plus gros, il y en avait quelques uns mais pas foule non plus…

Il me semble avoir dit un jour que tu embrassais affreusement mal et qu’on ne m’y reprendrait pas, rappelai-je dans un sourire innocent, est-ce que ça compte ? Sinon… Hmm… J’ai prétendu avoir dix-sept ans pour pouvoir suivre mes cousins dans une soirée…? Je devais en avoir quatorze, quelque chose comme ça.

C’était l’été de notre troisième année, j’étais toujours en froid avec mon père qui m’avait laissé assumer seul les conséquences de mon allégeance à Blackman et les ennuis apportés par le Ministère. Mon passage à Londres avait été express et j’avais mis les voiles pour la première fois sans mes parents — du moins, pour la première fois qui n’était pas un exil forcé et orchestré par leurs soins — et, comme dans une tentative stupide de leur montrer que je n’avais besoin de personne, je m’étais largement laissé entraîner par mes aînés. Il me semblait qu’elle était au courant, d’ailleurs, mais je ne savais plus dans quelle mesure j’étais rentré dans les détails. Peut-être m’étais-je contenté de raconter mes aventures sans mentionner l’illégalité dans laquelle elle baignait…? Possible.

Je ne sais pas par quel miracle ça a fonctionné… Mais autant te dire que ma tante nous a passé le savon du siècle quand nous en sommes rentrés !

En réalité, sûrement qu’ils connaissaient quelqu’un qui avait accepté de fermer les yeux sur mon visage d’enfant et sur la carte d’identité grossièrement trafiquée par des sortilèges douteux qu’ils m’avaient fichue entre les mains. Notre petit monde, où tous se connaissaient, nous ouvrait toujours bien des portes quand on savait auxquelles frapper. C’était, à ma connaissance, le pire que j’aie pu faire.

Est-ce que c’est un assez gros mensonge ?

Il fallait espérer qu’elle s’en contente, en tout cas, parce que je doutais de pouvoir dégoter mieux. Au pire, j’étais prêt à faire la liste de tout ceux dont je me souvenais pour qu’elle puisse choisir… N’importe quoi pouvant la satisfaire… En attendant, je lui volai son verre et le vidai d’une gorgée. Mes gestes se faisaient un peu moins fluides, un rien plus lourds… mon regard toujours plus brillant…

Action ou vérité ? repris-je alors que je lui rendais son bien.

Sûrement que les compliments exigés l’avaient échaudée puisqu’elle ne se risqua pas à une nouvelle action. Je levai les yeux au ciel en ricanant. Quelle couardise ! Je ne pris pas la peine de prendre en compte le fait que je venais de faire exactement la même chose, bien évidemment.

Qu’est-ce que tu n’as jamais dit à qui que ce soit, pas même à moi ?

Nous nous disions beaucoup de choses, il fallait bien le reconnaître mais je doutais sincèrement qu’elle m’ait un jour confié l’ensemble des secrets de son existence sans la moindre exception… Il devait exister quelque chose qui m’échappait encore.
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyMar 20 Avr - 23:28



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Et tout naturellement, cet endroit était devenu le nôtre. Une nouvelle bulle, un nouveau monde, une nouvelle salle de danse ou un nouveau royaume… peu importait le nom que nous lui prêtions : c’était un nouveau repère — et des plus enchanteurs ! — au sein duquel nos rires et nos moqueries se disputent la première place, dans une succession de chamailleries innocentes. Difficile de croire que, seulement quelques semaines plus tôt, il ne restait que des ruines de tout cela… Une éternité s’était écoulée en un claquement de doigts et la période où tout n’était plus que des cendres étouffantes semblait n’avoir jamais existée. Pourtant, nous avions bel et bien traversé une guerre des plus dévastatrices, mais celle-ci ne nous avait pas détruits. Au contraire, elle avait resserré des liens déjà forts et éclairés bien des contours — restés dans l’ombre jusque-là — de la relation qu’ils tissaient. Des non-dits persistaient, des choses sur lesquelles nous avions choisi de ne pas revenir, des questions sur lesquelles nous avions décidé de ne pas nous pencher… pas tout de suite, en tout cas. Combien de temps encore cette douce insouciance pouvait-elle durer avant que ce futur, seulement repoussé de plusieurs mois, ne nous rattrape ? Ici, perdus entre la mousse et les parfums d’été, il semblait possible que ça n’arrive jamais. Ce n’était pourtant pas dans ma nature de me bercer d’illusions, or celle-ci en était une. J’estimais cependant que nous méritions bien un peu de paix avant de nous battre de nouveau contre les desseins des autres. Une paix qui n’était jamais aussi parfaite que quand nous étions loin du monde, là où nous pouvions échapper sans mal à toutes les considérations qui n’étaient pas les nôtres. Une paix qui se forgeait dans les sourires, les œillades railleurs, les airs surjoués et les rires qui mettaient fin à toute supercherie de la plus belle des manières. Pour la première fois depuis trop longtemps, j’avais véritablement l’impression que nous avions laissé toutes les ombres sur le pas de la porte, toutes ces choses capables d’assombrir nos humeurs en un clin d’œil, toutes ces choses aussi nombreuses qu’elles pouvaient s’avérer futiles.

Au cœur de cette oasis de calme, Junior décida de passer le temps en lançant un nouveau tour de ce jeu idiot qui nous avait poussé à fuir le sixième étage — ou peut-être que ce qui le rendait si stupide étaient les personnes qui souhaitaient y jouer, là-haut, parce qu’il me paraissait tout à fait plaisant, ici. Une vérité pour moi et la confession de ces images indécentes — voire carrément obscènes — qui m’avaient servi à me jouer de mon jumeau adoré ; une action pour lui et un plongeon dans la piscine, entièrement vêtu cela allait de soi. Emportant avec moi les gobelets et l’alcool qu’ils contenaient, je m’installai au bord du bassin, aux premières loges pour observer, juger et commenter le saut de mon meilleur ami. Il rouspéta un peu — le contraire m’aurait étonné — mais je ne fis pas grand cas de ses inquiétudes concernant le chemin du retour. Premièrement, parce que je ne pensais nullement au moment où cette soirée prendrait fin ; deuxièmement, parce que, si cela devait arriver — ça arriverait forcément, nous ne pouvions pas dormir ici — je n’étais pas prête à l’abandonner si facilement à son dortoir. Nous n’avions pas cours demain et toute une nuit qui nous appartenait devant nous. Il plongea, laissant derrière lui ses chaussures et ses chaussettes — l’importance vitale d’une telle précaution méritait d’être saluée ! — sans provoquer la moindre éclaboussure, ou presque, réapparaissant un peu plus loin, complètement trempé. Je le félicitai pour cette action brillamment accomplie tandis qu’il se hissait à mes côtés, m’offrant tout le loisir d’égarer un peu de mes caresses sur sa peau mouillée. Peut-être que ses longs cils au bout desquels perlaient quelques gouttes et son regard dans lequel il était si facile de se perdre eurent raison de ma vigilance, ou peut-être que je profitais trop de chaque secondes pour me méfier… en tout cas, j’oubliai momentanément qu’il n’était qu’un vil Serpentard, fourbe et rusé, et qu’il était peu probable qu’il me laisse m’en tirer à si bon compte. Je me laissai faire, docile et amusée, quand il m’ôta mon verre des mains et qu’il déposa les siennes sur ma taille, m’attendant à une étreinte et déchantant bien rapidement en saisissant où il voulait en venir. Il confirma les pensées que je n’avais pas eu le temps d’exprimer et me jeta sans ménagement à l’eau. Goujat !

Junior ne me laissa pas le temps de l’incriminer : il avorta toute tentative d’un baiser fugace. Mais il en fallait plus pour m’empêcher de me plaindre, ne serait-ce qu’un tout petit peu, et mes doléances eurent au moins le mérite de m’obtenir un second baiser, moins rapide que le premier. Tout bien considéré, il fallait que je plonge à un moment ou un autre, il m’avait simplement fait emprunter le chemin le plus rapide… celui qui lui procurait le plus de satisfaction également. Abandonnant mes griefs — qui s’étaient envolés au moment où j’avais sorti la tête de l’eau — je m’éloignai un instant de mon meilleur ami pour éteindre les robinets qui avaient terminé leur œuvre et me décidai au passage pour une action, cette fois-ci. Avais-je qualifié ce Serpentard de fourbe et rusé ? Je n’avais pas cru si bien penser. Néanmoins, je pouvais l’être, moi aussi. À mes heures perdues, je côtoyais visiblement un maître en la matière et mon frère n’était pas non plus dénué de stratégies retorses pour parvenir à ses fins. Ce n’était pas ce que j’affectionnais le plus, préférant l’impulsivité des décisions prises sur un coup de tête aux perfidies de ce genre… mais il fallait savoir se plier aux règles du jeu, n’est-ce pas ? Mes doigts s’enroulèrent autour de son poignet et mes yeux quittèrent le cadran de sa montre pour se planter dans les siens, un sourire trop fier pour ne pas lui mettre la puce à l’oreille dansant sur mon visage. Il allait avoir plusieurs minutes de compliments, je pouvais bien le faire languir un tout petit peu, quelques secondes, à peine. Incapable de maintenir mon sérieux plus longtemps, j’éclatai de rire, plus amusée encore par l’air mécontent qu’il tenta d’afficher. Après avoir préjugé de la taille qu’atteindraient ses chevilles une fois que ce gage aurait touché à sa fin, je n’oubliai pas d’ajouter une flatterie le concernant.

Avait-il vraiment besoin que je le dise à haute voix ? N’était-ce pas évident que sa compagnie n’avait aucune égale et que je préférais, de loin, une heure avec lui que cent avec d’autres ? Ça n’avait même pas à voir avec la noblesse des camarades en question : il aurait pu s’agir des jumeaux Sherwin, de Faust ou même de Finnbjörn, les mots auraient été les mêmes. Nos condisciples étaient médiocres, pour la plupart ; quelques-uns s’avéraient divertissants, parfois ; d’autres étaient plus que ça, mais bien peu en réalité ; et aucun n’était Junior. Finalement, derrière l’apparente ironie que pouvait revêtir mes propos, et surtout ce mot, illuminer, il y avait une certaine véracité dont pouvait témoigner ce mois de janvier, lui qui avait été le plus terne d’entre tous. « Je l’ai rrregrrrettée, pendant un instant ! » mentis-je, sans lui faire l’affront d’essayer de rendre mon mensonge crédible en assassinant ce sourire qui persistait à redresser le coin de mes lèvres. « Eux au moins ne m’aurrrait pas jetée à l’eau comme ça. Mais tu embrrrasses trrrop bien pourrr que les rrregrrrets rrrestent plus longtemps. » Comme si c’était ce détail qui faisait pencher la balance à lui seul. Certes, le goût entêtant de ses lèvres me donnait envie, plus que de raison, de m’y perdre encore et encore, un peu plus longtemps à chaque fois — il était loin le temps où nos baisers n’étaient que des caresses légères, encore trop timides pour porter ce nom — mais c’était loin de pouvoir se réduire à ça uniquement. C’était bien plus… c’était tous ces mots sans début et sans fin qui dansaient maladroitement sur des bouts de papier raturés de toute part ; c’était ces pensées aussi précises qu’indécises qui ne parvenaient pas à décider de la marche à suivre depuis que tout s’était enchaîné trop vite — une abdication, une réconciliation, puis un serment inviolable ensuite… ; c’était tous ces tâtonnements que je n’aimais pas beaucoup — moi qui étais d’ordinaire si sûre de moi — en même temps que je ne serais revenue en arrière pour rien au monde.

Chat échaudé craint l’eau froide et mon meilleur ami semblait craindre mes représailles. Il se décida pour une vérité et, après une gorgée d’alcool accompagnée d’une profonde réflexion, je lui demandai de me raconter son plus gros mensonge, sans oublier les flatteries requises. Une exclamation, à mi-chemin entre le rire étouffé et la stupeur née d’une telle mauvaise foi, m’échappa juste avant que je ne lève les yeux au ciel. « Ce qu’il ne faut pas entendrrre » soufflai-je, bien peu encline à le laisser se draper si facilement d’une telle innocence. « Tu es trrrès beau, même complètement trrrempé » ajoutai-je précipitamment quand nos regards se croisèrent et que je me rappelai mon gage au moment même où une lueur éclairait ses prunelles. Je n’allais pas lui laisser si facilement l’opportunité de gagner quelques minutes de louanges ! Récupérant mon bien — ou peut-être était-ce le sien ? peu m’importait — je noyai mon impatience dans l’alcool en attendant qu’il termine de passer ses souvenirs en revue. « Il y en a tellement que tu ne sais même pas parrr lequel commencer ? » marmonnai-je, les lèvres perdues sur les bords de mon verre, tandis que je barbotais dans l’eau. Qu’il m’ait entendue ou non, il amorça finalement une réponse, m’arrachant un sourire involontaire. Est-ce que ça comptait ? Si j’en croyais l’année qui venait de s’écouler, c’était en effet un bien vilaine mensonge. Mais je voulais bien obtenir quelque chose de plus inédit, aussi le laissai-je poursuivre. « Et je suis celle qui a une mauvaise influence ? Je ne te savais pas si débauché. » J’étais outrée ! Et grandement amusée. Je n’avais pas vraiment de mal à me représenter Junior, toujours si sage et soigné, se laisser aller à enfreindre quelques règles : nous passions beaucoup de temps, tous les deux, à ne faire que ça. Toutefois, l’image de mon meilleur ami, entraîné à la suite de ses cousins plus âgés au cœur d’une soirée où il avait fallu mentir pour obtenir son droit d’entrée avait quelque chose de parfaitement nouveau. J’hochai la tête pour toute réponse à sa question : oui, le mensonge avait été assez gros, c’était validé. « Est-ce que ça en valait le coup ? » demandai-je, curieuse de plus de détails. De vagues souvenirs me laissaient penser qu’il avait dû évoquer la chose, au cours de nos correspondances estivales, mais sans entrer dans les détails. Je l’aurais su et ne l’aurais pas oublié si j’avais un jour été au courant que mon meilleur ami était un tel vaurien ! Ça me poussait presque à regretter de ne pas avoir pu le suivre plus souvent sur ses contrées où se trouvait une grande partie de sa famille et le voir en présence de ces fameux cousins dont j’entendais régulièrement parler, que ce soit à travers des nouvelles récentes ou des souvenirs plus anciens.

Un « Hé ! » offusqué m’échappa alors qu’il s’emparait de mon verre pour me le rendre, vide. Un petit claquement de langue réprobateur en réponse à son air éternellement innocent, et je cessai de dériver au milieu de la piscine pour retrouver le bord du bassin et le deuxième gobelet rouge, encore plein. « Vérrrité » lui fis-je savoir, au passage. Son ricanement, comme s’il jugeait mon choix craintif — ce qui n’était pas le cas : je souhaitais simplement en terminer avec les éloges avant de subir une nouvelle bassesse — m’amena à lui tirer la langue, dans un geste parfaitement mature qui mourut prématurément face au sérieux que sa question traînait derrière elle. Il voulait savoir quelque chose que je n’avais jamais dit, à personne, pas même à lui. « Que les sang-de-bourrrbes mérrritaient de vivrrre. » Ça, je ne l’avais jamais dit. À personne. Et pour cause. Un rictus assassina cette plaisanterie de très mauvais goût : je doutais que sa question cherche à me brûler la langue de telles inepties, mais il n’avait pas précisé que je devais penser ce que je disais. Machinalement, mes doigts se mirent à pianoter sur le verre en plastique et j’en profitai pour y noyer mes traits, le temps d’une gorgée. L’alcool se faisait plus présent à chaque seconde, enveloppant mes sens d’une douce léthargie, éclairant mes regards d’éclats plus flamboyants. Je ne faisais pas du mystère un art de vivre : au contraire, je détestais les cachotteries et j’étais trop impétueuse pour me retenir de dire ce que je pensais ou ce que je ressentais. Alors quoi ? Pensait-il que, après les Sombrals et ces rituels familiaux, je lui cachais d’autres choses, au point que personne, pas même Finn, ne serait au courant ? C’était plutôt l’inverse. Avec le temps, il y avait sans aucun doute des choses que seul Junior savait… mais des qu’il ignorait ?

Ça ne pouvait que faire partie de ces pensées que j’ignorais moi-même en partie. Tout avait toujours été d’un naturel désarmant… des tendresses égarées aux surnoms affectueux en passant par le manque qui était toujours plus prompt à se manifester et ces promesses d’éternité qui n’avaient jamais vacillé… jamais, avant que cette menace ne devienne concrète et nous plonge dans des tourments qui m’avaient paru sans fin. Des doutes au chagrin en passant par ce manque qui n’avait pas changé, lui, et qui se faisait toujours aussi viscéral… Il était la toute première fois où je n’étais pas capable d’une franchise à la limite de l’irréfléchi et où chaque mot pesait son poids, lourd de bien d’autres choses. C’était sûrement pour cela que toutes les réponses qui me traversèrent l’esprit, de façon tout à fait embrouillée, gravitaient autour de ces mêmes réalités qui crevaient les yeux et pouvaient crever les cœurs. « Ah, » Mon souffle fut, derechef, noyé dans une gorgée d’alcool. « entrrre les compliments dont je dois te couvrrrirrr et une confession que perrrsonne n’a jamais entendue, qu’est-ce qu’il me rrresterrra à écrrrirrre, ensuite, dans le chef d’œuvrrre de littérrraturrre que tu attends ? » Entre temps, j’avais complètement oublié de le couvrir de compliments, justement. Je pouvais fouiller aussi loin que je le désirais, mon esprit restait vide de réponse à lui offrir. D’autre réponse, en tout cas. S’il y avait bien une chose que je n’avais jamais dit à personne, c’était de ces choses que je ne m’étais même pas dites à moi-même. Ou plutôt, je l’avais fait. Sous bien des formes, mais jamais la bonne. Je l’avais pleurée ; elle m’avait tourmentée des nuits entières en me laissant les yeux grands ouverts, en proie aux insomnies ; je l’avais sentie quand mon cœur battait un peu plus fort, parfois à m’en déchirer la poitrine ; elle apposait des nuances un peu partout, me faisait prendre conscience de tout ce que j’étais prête à faire ou à abandonner pour elle… cette vérité que je n’avais jamais ne serait-ce que murmurée. Finalement, peut-être que toutes les ombres n’étaient pas restées derrière la porte, certaines d’entre elles étaient parvenues à se glisser avec nous. Les plus douces de toutes les zones d’ombre mais combien de fois nous étions nous disputés avant de comprendre que nous éprouvions la même chose vis-à-vis de ce baiser né au cœur d’une soirée alcoolisée, si similaire à celle que nous avions quittée ce soir ? « Je » J’avais réduit à néant l’espace qui nous séparait et me hissais légèrement sur la pointe des pieds pour laisser mon souffle lui chatouiller la joue. C’était comme un secret, après tout, et on ne confessait pas les secrets à voix haute. Qu’importe si nous étions les seuls capables d'entendre celui-ci. « n’ai jamais dit à perrrsonne que j'étais prrrobablement... tombée amourrreuse, une fois et une seule. » J'avais dit bien des choses qui s'en approchaient. Mais finalement, ceci précisément, jamais. Au moment le plus inattendu, une drôle de conversation dans un bain à remous sur mes terres natales me revenait à l’esprit, ricanant quelques évidences. L’alcool déliait merveilleusement bien les langues.

« Action ou vérrrité ? » fis-je sans attendre en me reculant et en perdant un peu de mon attention dans ce verre qui, une gorgée plus tard, était déjà vide. Je me sentais étrangement paisible alors que ma poitrine vibrait sous l’assaut de cet organe qui battait bien trop vite. Glissant dans l’eau, jusqu’à ce que la mousse recouvre même mes épaules, j’essayai peut-être de noyer ces palpitations affolées, ou bien de me soustraire aux frissons que l’air frais s’amusait à arracher à ma peau constellée de gouttelettes. « Tu as une belle voix, » Je venais juste de me souvenir de ce gage qui devait m’accompagner pendant cinq longues minutes, étourdie par d’autres réflexions qui prenaient toute la place. « et j’aimerrrais bien t’entendrrre parrrler en rrrime pour les… cinq prrrochaines minutes. » Il n’y avait aucune raison pour que je sois la seule à être pénalisée par la sournoiserie de l’autre. Et si c’était une façon de redonner un peu de sa légèreté à une atmosphère qui s’était quelque peu transformée, rien ne garantissait que cela fonctionne.

@C. Junior d'Archambault

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyMer 21 Avr - 18:30



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

C’était toujours un brin étrange de voir à quel point ce qu’il y avait entre nous n’évoluait qu’à moitié. Les regards que nous posions l’un sur l’autre avaient perdu de leur innocence, c’était un fait… et les tendresses qui avaient toujours habillé ces moments rien qu’à nous s’étaient parées d’atours plus adultes, je ne le niais pas… Mais en fin de compte, nous étions toujours deux enfants idiots dont les rires et les bouderies prenaient le pas sur bien des choses. Il n’y avait jamais vraiment eu de séduction, pas plus que d’envie d’être vu comme ce que nous n’étions pas dans l’espoir vain d’impressionner un peu… Nous n’en avions pas eu besoin. Pire encore, je crois que ça aurait sonné affreusement faux. Je ne me voyais pas tenter de courtiser Erin, sincèrement… Merlin que ça aurait été étrange ! Je me serais senti parfaitement ridicule et je voyais d’ici son sourire moqueur qui me l’aurait fait immédiatement regretter ! Je ne suis pas certain que j’aurais davantage apprécié qu’elle le fasse. Je préférais de loin les jeux idiots, les airs trop charmeurs pour être crédibles et le naturel qui avait toujours eu cours entre nous. C’était ça… Je préférais jouer. J’aimais qu’elle m’embête, qu’elle me taquine, j’aimais râler parce qu’elle était enquiquinante et me perdre dans des rires sans fin à chacune de ses bêtises. Si j’étais prêt à grandir avec elle, je tenais toujours autant à cette enfance qui nous avait liés… Et, de toute évidence, ça n’était pas prêt de changer. Toujours dans un entredeux délicieux. Ni trop sérieux ni trop innocent… Je profitai comme il se doit des caresses qu’elle abandonna sur ma peau mouillée par sa faute avant de me venger le plus fourbement du monde. À l’eau ! Une lueur fière et angélique brûlait au fond de mes yeux clairs alors qu’elle remontait à la surface aussi trempée que je l’étais. Même là, elle était magnifique. Je ne connaissais personne au monde qui lui arrive à la cheville… Ni ici ni ailleurs, pas même ces filles parfaites qu’on trouvait dans les magazines… Je ne me souvenais pas d’un seul instant où Erin Sørensen n’avait pas été d’une beauté sans égal. Je fis taire ses protestations d’un baiser amusé mais elle trouva malgré tout le moyen de se plaindre à moitié. Allons, c’était de bonne guerre ! Et puis elle ne comptait tout de même pas me laisser tout seul dans ce bassin immense ?! À quoi bon venir barboter ici si ça n’était pas pour profiter de sa délicieuse compagnie…? Elle ne parut pas m’en tenir rigueur plus longtemps et le jeu initié par Shepherd à l’autre bout du château reprit comme s’il n’avait jamais cessé.

Je l’ai rrregrrrettée, pendant un instant !

J’affichai un air faussement outré. Comment pouvait-elle être aussi cruelle ? J’avais tout fait pour que nous passions un bon moment — pour que je passe un bon moment, en tout cas, puisque les compliments tendrement imposés n’avaient pour objectif que de me satisfaire — et voilà comment j’étais remercié ?! C’était injuste. In-juste !

Eux au moins ne m’aurrraient pas jetée à l’eau comme ça. Mais tu embrrrasses trrrop bien pourrr que les rrregrrrets rrrestent plus longtemps.
Ben voyons…

À ses premiers mots, je levais les yeux au ciel avec une exagération amusé. Comme s’ils allaient s’en priver ? Je n’avais aucun mal à croire ce mufle de Carter capable de profiter de l’occasion pour l’y pousser dans l’espoir que le tissu mouillé de sa robe ne laisse plus grand place à l’imagination. La suite, en revanche, m’arracha un sourire trop prétentieux pour être vrai. Il fallait bien reconnaître que je commençais avoir de l’entraînement depuis quelques temps… Qui aurait cru en nous voyant l’an dernier que ça deviendrait si naturel entre nous ? Nous nous gardions bien de laisser l’humanité poser le moindre regard réprobateur sur nos baisers mais force était de constater que nous rattrapions le temps perdu à la moindre occasion. Sûrement que j’aurais dû culpabiliser de me laisser aller à tant de tendresse avec une autre que celle que j’étais censé épouser mais j’en étais bien incapable. À chaque fois que l’idée me traversait l’esprit, j’étais tout juste bon à me convaincre que ça n’était qu’une question de temps. Il ne pouvait pas en être autrement. Je m’y refusais. Plus les jours passaient moins il était possible de m’imaginer une vie dont Erin ne ferait pas partie. Je n’en voulais pas. Tout comme je ne voulais pas de cette liberté qu’il avait été question de retrouver. Je voulais seulement ce que nous avions. Continuer sur ce chemin-là sans craindre qu’on nous en empêche ou que de nouveaux obstacles apparaissent soudainement… Elle. Le jeu continua, m’embarquant sur un sentier moins glissant. Je n’avais aucun mal à offrir à ma meilleure amie une vue aussi large que possible sur mon existence. Je n’avais aucun secret pour elle… ou presque… Aussi révéler quelque mensonge ne me dérangeait pas le moins du monde. Je commençai toutefois par me fendre d’un mensonge énorme qu’elle ne se priva pas de relever.

Ce qu’il ne faut pas entendrrre.

J’arquai un sourcil étonné. N’avait-elle rien oublié ? Elle dut comprendre ce qui risquait de lui arriver puisque, à peine eut-elle croisé mon regard, elle reprit :

Tu es trrrès beau, même complètement trrrempé.

La précipitation de l’ajout et le manque total de lien avec sa phrase précédente me tira un éclat de rire. J’avais vraiment bien fait de choisir cette action plutôt que n’importe quelle autre, ça rendait toutes ses remarques désobligeantes beaucoup plus agréables ! Un vrai plaisir ! Je l’entendis marmonner quelque chose mais le bruit de la cascade qui se fracassait toujours non loin de nous dans la mousse m’empêcha de comprendre quoi que ce soit. Je ne pris pas la peine de lui demander de répéter et préférais à la place répondre sérieusement, à peu près, à la question qu’elle m’avait posé. Mon plus gros mensonge, donc.

Et je suis celle qui a une mauvaise influence ? Je ne te savais pas si débauché.
N’exagérons rien. Tu restes la pire de nous deux, mon ange. Et de loin !

Est-ce que c’était vrai…? Peut-être un peu… J’étais immanquablement plus sage qu’elle, plus discipliné… Je n’avais essayé d’embraser aucune salle de bal, par exemple, ce qui était en soi une preuve suffisante que l’élève n’avait encore jamais dépassé le maître. Un jour, peut-être… Mais sincèrement, j’en doutais. Le sourire qui étirait encore et toujours mes lèvres laissait entendre que je ne lui en tenais nullement rigueur. J’aimais sa mauvaise influence autant que j’aimais le reste. Mes doigts pianotèrent dans la mousse, créant des petits trous qu’ils rebouchèrent presque aussitôt.

Sauf erreur de ma part, « débauché » n’est pas très flatteur… Ça fera une minute de plus.

C’était le jeu, après tout, si elle ne se pliait pas aux règles… Je lui offris un regard supérieurement satisfait et ne pus m’empêcher de ricaner bêtement. J’étais content de moi et la simple idée de pouvoir lui mettre une pénalité parce qu’elle ne m’avait pas assez brossé dans le sens du poil rendait le tout plus agréable encore.

Est-ce que ça en valait le coup ?
Moui, les verres se remplissaient aussi vite qu’ils se vidaient et la compagnie était correcte, racontai-je dans un haussement d’épaules un peu désintéressé. Ç’aurait pu être pire.

En réalité, mes souvenirs étaient confus. Il me restait en mémoire leurs amis bruyants, les blagues graveleuses de cette famille loin d’être irréprochable et les lèvres d’une demoiselle plus éméchée que moi encore sur les miennes, le tout dans un brouillard alcoolisé qui se dissipait avec les éclats de voix de ma tante une éternité plus tard. Mais je n’avais aucune envie d’en faire mention. C’était avant, ça n’avait plus grande importance, n’est-ce pas ? Je récupérai le gobelet qu’elle tenait et le lui rendis bien plus léger un instant plus tard. Sa protestation m’arracha un rire d’enfant fier de sa bêtise et je me laissai aller contre le bord du bassin, relançant le jeu sans vraiment y faire attention. Mes sens commençaient à s’émousser un peu, je me sentais bien, heureux, un peu idiot peut-être aussi mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Elle choisit la prudence d’une vérité — que dis-je, la lâcheté ! — et je rendis sa tentative parfaitement inutile. Je ne savais même pas quelle réponse pouvait être appelée par une telle question. Qu’est-ce qu’Erin aurait bien pu me cacher…? Oh, sûrement qu’il y avait des choses que je ne savais pas, tout comme il y en avait qui lui échappait, mais je n’imaginais rien de particulièrement énorme ni sérieux… Des bêtises comme un devoir plagié, une petite faute jamais avouée… Des incartades comme il en existait plein et qu’on finissait par oublier tant elles se noyaient dans la masse.

Que les sang-de-bourrrbes mérrritaient de vivrrre.

J’affichai un air dégoûté que je n’eus même pas à simuler et lui jetai le regard le plus désapprobateur du monde.

Ça commence ainsi et ça finit par discuter avec Mills devant une salle pleine.

Ce n’était rien qu’un souffle peu flatteur alors que je détournai les yeux comme si la déception était trop grande pour m’être supportable. Pour autant, je savais bien qu’il n’y avait rien de vrai dans ces mots choquants et je les prenais pour ce qu’ils étaient : une blague douteuse. Venant de quelqu’un d’autre, peut-être que je me serais posé des questions, après tout n’était-il pas devenu courant de voir nos rangs s’amenuiser pour les beaux yeux d’impurs qui auraient dû périr il y avait déjà bien longtemps ? Mais c’était Erin, et rien que ça rendait inutile le plus petit des doutes.

Ah, entrrre les compliments dont je dois te couvrrrirrr et une confession que perrrsonne n’a jamais entendue, qu’est-ce qu’il me rrresterrra à écrrrirrre, ensuite, dans le chef d’œuvrrre de littérrraturrre que tu attends ?

Pour être tout-à-fait honnête, il me fallut de longues secondes avant de comprendre où elle voulait en venir… Sûrement que ça se voyait, d’ailleurs. J’avais complètement oublié l’existence de ce chef-d’oeuvre. Il n’était jamais venu ! Ça faisait des jours, des semaines maintenant, il était resté à l’état de plaisanterie et je n’y aurais sûrement plus jamais pensé avant de relire les messages qui le concernaient.

Je ne doute pas que tu trouveras !

Mais, là encore, ça n’était pour moi qu’une bêtise de plus. Comment aurais-je pu croire qu’elle avait vraiment en tête de le faire un jour ? C’était ma meilleure amie, nous nous connaissions depuis presque toujours, je ne l’imaginais pas peiner à me confier quoi que ce soit. Ça avait toujours été naturel entre nous, non ? Après… Je devais bien reconnaître que ces temps-ci étaient un peu étranges et qu’il m’était plus difficile d’être d’une transparence parfaite avec elle… Il y avait toujours un petit quelque chose qui m’empêchait de lui livrer sans fard le fond de mes pensées, la crainte que rien ne soit vraiment partagé… Mais il était question d’Erin, Erin dont l’impulsivité avait toujours fait des ravages ! Je ne la voyais pas, une plume à la main, griffonner des phrases depuis des jours sans jamais parvenir à les tourner, tout ça pour une plaisanterie dont nous n’avions plus reparlé depuis ! Finalement, elle sembla consentir à répondre à ma question et se rapprocha de moi. Elle se hissa sur la pointe des pieds, mes mains se posèrent sur ses hanches alors qu’un sourire profondément stupide étirait mes lèvres. Un gloussement m’échappa alors que son souffle s’écrasait sur ma joue, je ne parvins pas à retenir un frisson.

Je n’ai jamais dit à perrrsonne que j'étais prrrobablement…

Son suspense était horrible. Même, si au fond de moi, je m’attendais à ce qu’elle dise encore n’importe quoi, je m’étais assez pris au jeu pour attendre qu’il vienne. Je voulais savoir ! Sûrement qu’elle se ferait un peu mousser pour compenser tous les compliments qui n’allaient que dans un sens depuis plusieurs minutes maintenant… ou qu’elle ferait preuve d’une indécence toute Erinienne pour me faire regretter d’avoir posé la question… Peu m’importait, ma curiosité exigeait d’être satisfaite !

…tombée amourrreuse, une fois et une seule.

Et là, je me sentis bête, ramené des mois en arrière sans trop m’en rendre compte, réveillant bien malgré moi des souvenirs troublants que j’aurais préféré garder endormis… Mon sourire se fana un peu. Mon coeur se mit à battre plus vite, pris dans un mélange d’espoir intense et de craintes violentes. Si c’était un jeu, celui-là ne me plaisait pas vraiment… Erin s’éloigna, je sentis son corps s’échapper sous mes doigts. Je n’eus même pas le réflexe de la rattraper. Elle ne me laissa pas le temps de reprendre mes esprits, pas même de trouver quoi que ce soit à répondre à ça, laissant la sempiternelle question rebondir contre les hauts murs de notre royaume :

Action ou vérrrité ?
Action.

Je n’étais plus certain d’avoir envie de continuer. Elle s’enfonça dans la mousse tandis que je me hissai à nouveau sur le bord. Les verres vidés commençaient à se faire lourdement sentir et ce fut sans la moindre élégance que je parvins à sortir de l’eau… Je tenais plus du phoque se tortillant pour remonter sur la banquise que de la sirène s’extirpant des eaux avec une grâce à faire se damner tous les marins. Je grelottai quelques secondes et tentai vainement de tenir à distance cette chemise qui me collait à la peau.

Tu as une belle voix…

Sa révélation, dont la véracité m’échappait toujours, m’avait fait oublier ce gage idiot. Je m’assis près de l’eau, laissant mes chevilles disparaître dans la mousse et attrapant la bouteille abandonnée à proximité. Je ne pris pas la peine de remplir mon verre et portai directement le goulot à mes lèvres. Ça ne serait pas la première fois que nous partagerions ainsi…

…et j’aimerrrais bien t’entendrrre parrrler en rrrime pour les… cinq prrrochaines minutes.

Si elle pensait que ça m’empêcherait de revenir sur ce qu’elle avait dit, elle risquait d’être déçue ! Ça allait être long, cinq minutes… Je me voyais d’ici chercher des mots qui ne viendraient pas, les méandres de mon esprit trop embrouillé par ses mots et l’eau spiritueuse que nous descendions sans discontinuer depuis un moment déjà…

Je croyais que tu ne voulais pas tomber si bas…? Ce n’est pas toi qui disais qu’il existait des potions pour éviter ça ?

Je ne savais plus exactement comment nous l’avions tourné, seulement qu’il était question d’amour et de danger… et que la conversation, aux allures de bêtises, avait eu quelque chose d’étrange, comme si elle s’était empressée d’assassiner une possibilité que je n’avais, à l’époque, jamais envisagé. Ça faisait partie des sujets que nous n’abordions pas et le peu que nous l’avions fait — son idylle imaginaire avec son cher Charles, notamment — nous avait sûrement convaincu de ne jamais réitérer l’expérience…

Est-ce qu’il est également amoureux ? Ou a-t-il au moins la décence de réaliser à quel point il est chanceux ?

Je voulais un nom sans m’abaisser à le demander. Feindre un semblant d’indifférence, ce que je faisais particulièrement mal, en attendant de savoir ce dont il était réellement question. Peut-être qu’à un autre moment, j’aurais pas pris la peine de réaliser que les larmes qui avaient mouillées ses joues et tout le soin qu’elle avait mis à me faire ouvrir les yeux sur notre situation avaient valeur d’aveux mais là, ce soir, je ne parvenais pas à en être parfaitement certain. Est-ce que je tenais réellement à ce qu’elle avoue qu’il était question de nous alors même que nous ne savions pas ce que ça pourrait gâcher ? Je crois que oui. Nous ne disions jamais rien, n’abordant que les sujets qui n’étaient pas gênants alors là soit elle en avait trop dit, soit pas assez, mais dans les deux cas je ne la laisserais pas s’arrêter ainsi. Et s’il y avait un véritable danger, comme elle l’avait supposé ? Je ne voyais pas vraiment ce qui pourrait être pire ce que nous avions déjà traversé… Mais elle ? Mes jambes battirent une mesure inexistante, remuant l’eau et la mousse qui s’amassaient autour de moi.

Action ou vérité ?

Elle ne se risqua pas à une autre question… C’est dommage, elle me brûlait les lèvres, pourtant… Au moins, il me fallut chercher un gage à lui faire faire. Ça ressemblait presque à une pause bienvenue, renvoyant mes pensées vers quelque chose de moins tortueux. Et une fois l’idée trouvée, il fallait encore la rime… J’ouvris la bouche mais la refermai sans rien dire, réalisant au dernier moment que ça n’allait pas.

Ce match de Quidditch m’a harassé, lâchai-je enfin d’une voix plus hésitante que je ne l’aurais voulu sans que je ne sache vraiment si la gêne était dû à cette poésie approximative ou ce qu’elle contenait. Ce serait fort aimable de ta part de venir me masser.

L’atmosphère me paraissait étrange. Pas vraiment pesante sans être légère pour autant… Je ne savais pas quoi en faire ni comment composer avec. Ça ne nous ressemblait pas vraiment. Soit nous plaisantions, soit nous nous disputions, il n’y avait pas d’entredeux hasardeux… Sauf quand nous étions en froid. Je chassai les souvenirs de cet interminable mois passé loin d’elle et les noyai dans une nouvelle gorgée d’alcool. Il fallait juste espérer que ça ne tournerait pas au drame, une fois encore…
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyJeu 22 Avr - 22:22



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Il riait, le fourbe, enchanté par les compliments qui pleuvaient sur sa personne. Le manque de spontanéité derrière chacune de ces louanges ne semblait pas déranger mon meilleur ami outre mesure. Seules importaient les flatteries, qu’importe qu’elles soient forcées, d’autant plus qu’elles n’en étaient pas moins sincères… et qu’il le savait sûrement très bien. Je ne mentais pas le moins du monde quand je disais que sa présence rendait tout plus merveilleux, que sa politesse ne souffrait pas le moindre défaut, que ses baisers effaçaient le moindre regret et la moindre offense avec une facilité qui ne me déconcertait plus depuis longtemps déjà, qu’il était beau, bien plus que n’importe quel autre garçon de ce château et des terres au-delà, même trempé de la tête aux pieds. Ce dernier compliment, rajouté dans la précipitation née de l’oubli, m’évita une pénalité : Junior était vigilant et n’allait pas laisser passer la moindre chance d’avoir quelques minutes de flatteries supplémentaires. Je levais les yeux au ciel face à son air incroyablement satisfait mais un sourire amusé se fraya tout de même un chemin à travers la moue scandalisée que je tâchais d’affecter. Il ne perdait rien pour attendre : j’allais trouver de quoi me venger de cette action incroyablement narcissique.

Pas tout de suite, cependant, puisqu’il avait choisi la facilité d’une question et qu’il réfléchissait encore à sa réponse, sans oublier d’affirmer qu’il n’avait aucun mensonge à me dévoiler puisqu’il n’en avait jamais formulé de sa vie entière, sage comme il l’était. Quel dommage que la prétention ne fasse pas partie de ce que les gens considéraient officiellement comme une qualité, car mon meilleur ami en était assurément pourvu. Je transgressai mes obligations, négligeant de faire son éloge face à cette escapade interdite qu’il me contait. Il n’hésitait pas à souligner mes excès et mes écarts, mais il n’était pas en reste non plus ! Étais-je vraiment la pire de nous deux ? … d’accord, peut-être bien. Junior était incontestablement le plus discipliné. Je balayais les limites que d’autres dessinaient pour nous, j’écartais les règles dès lors qu’elles ne me convenaient pas et, peut-être bien qu’à une ou deux reprises, il m’était arrivé d’aller plus loin encore. Mais il n’était pas en reste ! Heureusement, son sourire ne m’en tenait pas rigueur et qu’il se complaisait autant que moi dans ces excès en tout genre et ces échappées folles que j’avais toujours aimé partager avec lui. Une complaisance qui ne dura pas très longtemps, s’effaçant au profit d’une minute supplémentaire soulignée par un regard supérieur et un ricanement satisfait. « Toutes mes excuses, mon ange : débauché n’était pas une crrritique, je rrremarrrquais juste quel bon vivant tu étais » ironisai-je, réprimant un sourire narquois derrière un gobelet rouge. Le bon vivant en question détailla vaguement cette soirée, d’un ton désintéressé qui en disait finalement bien peu et qui ne rendait pas hommage aux interdits que ses cousins lui avaient fait franchir. Soit il n’en gardait que peu de souvenirs, soit ces derniers ne valaient pas la peine de plus de précisions. Qu’importe, ils retombèrent rapidement dans l’oubli, remplacés par tout autre chose.

Le jeu se poursuivait dans un enchaînement de questions et de réponses, créant des défis secondaires à partir des principaux, accompagnés de ricanements goguenards et de sourires tendrement moqueurs, d’exclamations outrées et d’un peu plus de cette liqueur sucrée dont mon verre était désormais vide. L’alcool émoussait mes sens, un peu plus à chaque gorgée, faisait briller mes prunelles un peu plus intensément, rendait ma bouche pâteuse et alourdissait mes mouvements — ce que compensait l’eau dans laquelle nous étions en train de nous baigner. J’étais bien. Je ne pouvais pas me sentir mieux. Et ça sonnait avec d’autant plus d’intensité que je savais désormais à quel point il était possible de se sentir mal… Après le cataclysme qui nous avait violemment éprouvés, notre bulle paraissait plus solide que jamais ; après avoir été recouvert de cendres oppressantes — dans un temps pas si lointain — notre royaume semblait plus chatoyant et chaleureux encore ; après avoir cru le perdre à jamais, d’une manière brutale et inattendue, ce bonheur qui m’avait toujours paru essentiel sonnait comme quelque chose de vital aujourd’hui. Mon attention se perdit dans les détails de son visage que je connaissais par cœur, traçant des chemins maintes fois empruntés par mes caresses légères ou mes baisers qui choisissaient de s’égarer sur ses joues. J’émergeai de mes pensées comme si on venait de me tirer hors d’un cocon moelleux et paisible et chassai les brumes de l’alcool qui tentaient de s’accrocher à mon esprit d’un battement de cils.

Je parvins à lui retourner quelques mots sans qu’ils ne me provoquent de haut-le-cœur — pourtant, par Salazar !, qu’ils étaient répugnants — mais qui suscitèrent un regard lourd de réprobation. Le souffle accusateur de mon meilleur ami poussa mes yeux clairs à s’attarder sur son visage avant que mon esprit ne dérive sur les questions soulevées par la sienne, mes doigts battant une mesure imaginaire. Peut-être que Junior n’attendait pour toute réponse qu’une plaisanterie balancée sur un ton badin, mais son interrogation avait éveillé bien d’autres choses, de celles qu’il m’était facile d’ignorer en temps normal mais que, l’ivresse légère aidant, il me semblait impossible à repousser présentement. Des pensées troubles et indécises, des sentiments sur lesquels il était difficile de mettre des mots, alors que je me félicitai de connaître mes émotions, toutes mes émotions, elles qui me guidaient et qui me dépassaient si souvent… Ce qui m’avait marquée, moi, avait tout l’air d’avoir glissé sur son esprit sans le pénétrer. Je ne savais pas trop si j’en étais amusée ou vexée. Les secondes parurent bien longues avant qu’un éclat de compréhension ne traverse son regard. C’était pourtant lui qui m’avait demandé ces confessions-là, après avoir jugé la mienne décevante de surprise. « Ce n’est peut-êtrrre plus la peine » répondis-je d’un ton neutre, un peu trop d’ailleurs, et une petite moue qui semblait renvoyer tout ceci aux oubliettes.

Il venait malgré tout de me demander un aveu. Que pouvais-je lui révéler que personne d’autre ne savait ? Ni lui, ni mon jumeau, ni les rares autres dépositaires de quelques confidences ? Une seule chose prenait vie autour de cette unique question, éclipsant tout le reste, forçant finalement mon attention à se focaliser sur elle. Tout prenait bien plus de sens à la lumière de cette idée, si fragile en apparence, si forte en réalité. Lors de notre anniversaire, j’avais dit à Finn que j’étais prête à tout pour atteindre nos ambitions et que rien ni personne ne pourrait jamais m’en détourner. Parce qu’il était alors inconcevable que ces objectifs soient incompatibles avec d’autres désirs plus égoïstes. Finalement, cette certitude n’en était plus une et il y avait là quelque chose de difficile à admettre. Ce n’était pas tant que mes positions semblaient inconciliables… plutôt que j’avais sous les yeux la seule raison pour laquelle j’abandonnerai tout le reste, sans ciller — ou à peine — s’il s’agissait de ne plus jamais le perdre en échange. Ça avait bien des noms, maintes et maintes fois prononcés, sur tous les tons, mais il n’y en avait qu’un seul qui n’avait jamais franchi mes lèvres. Un seul, en fin de compte, que je n’avais jamais dit à personne. Grisée par ce rhum arrangé que nous sirotions sans discontinuer, je me détachais de toutes les hésitations : elles ne me ressemblaient pas, de toute façon. N’étais-je pas impulsive, et impétueuse, du genre à réfléchir une fois que les actes étaient consommés ? C’était un état d’esprit qui me plaisait bien plus que celui qui s’emparait de moi ces derniers temps, assise en tailleur sur mon lit, face à des parchemins qui ressemblaient à des obstacles infranchissables. Une gorgée de plus et j’étais prête à les surmonter.

J’effaçai les centimètres qui nous séparaient, me hissant sur la pointe des pieds pour rapprocher mes lèvres de son oreille, accompagnée par ses mains qui se déposèrent sur mes hanches. C’était une vérité trop intime pour que je ne la balance à voix haute, l’air de rien… comme un secret qu’il devait être le seul à entendre. Ma joue caressa la sienne et son petit rire me fit sourire avant que mon souffle ne vienne chatouiller sa peau. Je n’étais pas douée pour le mystère. En avais-je trop fait ? N’en avais-je pas assez dit ? Ou trop peut-être ? Des questions qui ne me traversèrent pas tout de suite l’esprit, trop occupé à abandonner ces confessions à mon meilleur ami avant que je ne me recule, ignorant le concert de protestations mentales qui me faisaient dûment savoir que chaque fibre de mon corps préférait rester lovée dans les étreintes du Serpentard. J’avais continué le jeu sans attendre, presque comme si je ne voulais pas lui laisser la possibilité de réagir par… crainte ? Non. Je n’avais pas peur, pas de lui, pas de ça…. ou peut-être que si. Néanmoins, son absence de réaction me laissa un goût amer, accentué par sa sortie du bassin, comme s’il désirait s’éloigner un peu plus. Je l’observai s’extirper de l’eau, m’adossant au bord opposé, ignorant les coups furieux portés à l’intérieur de ma poitrine. Action, donc.

Je m’enfonçai dans la mousse, sans me préoccuper de mon verre vide qui refit surface un peu plus loin, entraîné au bord de l’eau par les mouvements induits par la cascade qui glougloutait toujours. Ce n’était pas comme ça que j’allais réussir à noyer les battements trop rapides d’un cœur agité, mais cela me réchauffa un peu. La confidence avait été murmurée et maintenant, tout semblait un peu étrange. Tout était incroyablement simple, en fin de compte, contenu dans quelque sentiment d’un naturel effarant. C’était comme une évidence que j’avais toujours sue — et dans un sens, c’était le cas : ce que j’avais mis du temps à m’avouer était déjà connu de mon inconscient — et qui donnait pourtant un sens différent à tout ce qu’elle frôlait. Cette crainte de le voir partir pour rejoindre une autre et construire avec elle ce que nous avions de si précieux ; ces larmes sur mes joues et cette peine désolante des semaines durant ; cette certitude qu’il était un essentiel sans lequel je ne voulais pas composer qui s’était muée en une autre vérité : ce n’était pas seulement que je ne voulais, c’était que je ne pouvais pas, car tout prenait une saveur différente quand il était là et tout devenait incroyablement insipide quand ça n’était pas le cas ; cette incapacité à lui tourner le dos malgré la terrible dispute qui avait sérieusement ébranlé nos liens, moi qui n’avais jamais fait grand cas des amitiés brisées par la déception pleine de mépris que m’inspiraient d’anciennes relations ; ce toujours inébranlable dans lequel il baignait et auquel j’avais envie de croire plus que jamais maintenant que nous avions traversé tout cela ; toutes ces choses qui tenaient dans un si petit chuchotis. Un chuchotement qui laissait la porte grande ouverte à la prise de conscience que ça n’était, peut-être, pas du tout réciproque ? Par Merlin, pourquoi avais-je dit ça, déjà ? Je ne connaissais pas les regrets, en temps normal, mais là… mon cœur tambourinait trop fort. Je ne voulais plus de ce quotidien sans lui, je ne voulais pas perdre ce que nous avions, ni contempler derechef un fossé se creuser entre nous.

Mes mots franchirent le bassin qui nous séparait, demandant à Junior de ne plus parler qu’en rimes. Lui aussi avait délaissé son gobelet, lui préférant la bouteille au goulot de laquelle il but directement. Assis au bord de la piscine, les pieds dans l’eau et les vêtements qui lui faisaient comme une seconde peau, il détacha le flacon de ses lèvres pour mieux les agiter dans ma direction. J’avais une très bonne mémoire — surtout lorsqu’il s’agissait de mon meilleur ami ou de me servir d’anciennes conversations pour souligner mes propos, le plus souvent moqueurs — mais cet instant auquel il faisait référence m’échappa de longues secondes durant. Sûrement parce que le sujet de base était la peur, non pas l’amour, même si la discussion avait dérivé sur ces contours, déjà brouillés à cette époque. Je ravalai l’amertume qui se faisait plus acide à mesure que ses mots semblaient jeter loin, très loin, ce que je lui avais dit, pour rectifier, d’une langue alourdie par l’alcool et d’autres choses : « Moi qui crrroyais qu’on ne faisait que plaisanter et se taquiner. Enfin, c’est moi qui me trrrompe, je sais pourtant bien que tu n’es que verrrtu et intégrrrité : ce n’est pas ton genrrre de te moquer. » Le compliment tenait plus de la complainte mais j’avais détourné les yeux et ne vit pas s’il s’en offusquait ou non. Il avait espéré, un jour, des confessions plus intéressantes et il venait de les obtenir… tout ça pour les repousser en se servant d’anciennes railleries nées dans un contexte si particulier. Pour autant que je me souvienne, j’avais plutôt dit que les potions pouvaient s’avérer être un remède efficace si cela devenait dangereux… et peut-être bien, oui, que j’avais laissé entendre que je n’éprouvais pas le moindre sentiment, jamais. Mais n’avions-nous pas justement de l’horeur que lui inspirerait une meilleure amie plus humaine que ce qu’il pensait ? Est-ce que nous étions si près du compte ?

Surpris, mes yeux pâles retrouvèrent son teint qui l’était presque autant. Les idées cohérentes refusaient de s’aligner ; ne restait plus que cet immense point d’interrogation qui rendait mon regard un peu plus étincelant. Est-ce qu’il l’était aussi ? Là était toute la question… Est-ce qu’il se savait chanceux ? Je n’en avais pas la moindre idée. Mais surtout… Il parlait de lui à la troisième personne parce qu’il s’imaginait que je venais de confesser mes sentiments pour un autre ? « Je ne sais pas. Je ne crrrois pas » soufflai-je en décollant mon dos du bord en pierre pour flotter dans sa direction. L’alcool rendait mes gestes un peu plus confus, embrumait mes pensées d’une douceur moelleuse, alors que je me sentais paradoxalement parfaitement lucide. Il faisait peut-être cela pour ne pas avoir à confronter l’aveu que je lui avais murmuré… je préférais croire qu’il le faisait pour une autre raison, n’importe laquelle, tant que c’était l’une de celles qui faisaient reculer l’amertume et affluer cette tendresse impérieuse. « Il maîtrrrise la mauvaise foi comme perrrsonne, j’ai l’imprrression que ça le rrrend aveugle aux évidences. Tu es un maîtrrre en la matièrrre. » Allait-il comptabiliser ce dernier point comme un éloge ? Rien n’était moins sûr. Il y avait aussi une part de mauvaise foi dans ce que je venais de dire, comme si je maîtrisais cette évidence depuis une éternité, alors que ça ne faisait même pas quelques minutes. Je ne le lâchais pas des yeux, observant la moindre de ses réactions, prête à tirer un trait sur le superflu s’il persistait à croire que j’avais quelqu’un d’autre en tête. Comment serait-ce seulement possible ?

L’habitude prise depuis que nous étions entrés ici, sûrement, le poussa à poursuivre le jeu. Il fallait croire que nous n’avions pas envie d’aller plus loin dans les vérités dangereuses car j’imitai Junior en choisissant une action. Hésitait-il sur le gage qu’il allait me donner ou bien peinait-il à trouver les rimes requises ? Pendant qu’il réfléchissait, je m’emparai de la bouteille, laissant l’eau-de-vie glisser entre mes lèvres. Son culot n’avait donc aucune limite ? Après les compliments, il s’octroyait un massage ? J’étais bien en peine de me montrer indignée. En vérité, mon sourire se disait qu’il ne me repoussait pas loin de lui, et c’était suffisant pour que je prenne maladroitement appui sur le rebord du bassin avant de me hisser hors de l’eau. Il ne faisait pas vraiment froid, la pièce étant assez chauffée pour que nous ne soyons pas en proie aux courants d’air, mais nos vêtements trempés rendaient la chose moins agréable. J’agitai mollement les doigts et un souffle tiède nous enveloppa. Avec un soupir satisfait, je me glissai derrière Junior, étendant mes jambes de chaque côté de sa silhouette, comme me le permettait ma robe, observant un instant ce dos qui se dessinait sous le tissu détrempé. Mes doigts hésitèrent avant de courir sur ses épaules et le long de sa nuque, légèrement, tout d’abord, avant de se faire plus appuyés. C’était nouveau — je n’avais jamais massé personne, cette indécence-là m’avait préservée de ses filets — et ça dégageait quelque chose de plaisant en même temps que de profondément troublant. Encore que ce dernier point était peut-être dû plus à ce mystère irrésolu qui planait entre nous qu’à mes mains qui égaraient des caresses plus dense sur le haut de son dos. « Est-ce que mon Prrrince est satisfait ? » Puis, après une seconde de concertation avec moi-même, je rajoutai : « C’est le minimum pourrr un joueurrr aussi émérrrite que toi. Action ou vérrrité ? » Est-ce que les vérités nous paraissaient désormais trop risquées ? Jamais deux sans trois, en tout cas, et il compléta l’adage en choisissant un défi. Dommage pour lui, ce que je voulais, c’étaient des réponses. « Tes sourrrirrres sont ceux que je prrréfèrrre. » J’étais sûre de ne pas me laisser aller à oublier mon gage en commençant par lui. « Tu vas… tourrrner trrrois fois surrr toi-même si tu es également amourrreux, » énonçai-je, sans plus de spécificités, restant volontairement vague tout en faisant exprès de reprendre soigneusement ses mots. Mes yeux arrêtèrent brièvement de suivre mes doigts qui le massaient toujours pour chercher la suite. « ouvrrrirrr des rrrobinets au hasarrrd si ce n’est pas le cas, et… boire une gorrrgée si tu ne veux pas te prrrononcer. » C’était une échappatoire, ou peut-être bien un piège, car s’il se décidait à la saisir… Les remous, dans ma poitrine, se firent un peu plus rapides, haletant sous l’effort que demandait l’attente, insupportable.

@C. Junior d'Archambault

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyVen 23 Avr - 20:13



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Si je ne devais retenir qu’une chose de cette soirée, sûrement que j’en aurais gardé cette action merveilleuse dont je me félicitais à un peu plus à chaque seconde. Que c’était agréable de voir toutes ces fleurs qu’elle me jetait avec plus ou moins de bonne volonté, de les laisser m’envelopper tout entier et prier pour que les minutes s’égrainent assez lentement pour que je puisse encore en profiter. En réalité, elle n’avait jamais eu besoin de ça pour me caresser de compliments en tout genre et de tendresses soufflées à mon oreille. Et même si elle se faisait souvent moqueuse, je les prenais aussi simplement qu’elle me les offrait, sans jamais rien remettre en question. Elle n’était déjà pas du genre à se fendre d’hypocrisies en général mais j’aimais croire qu’elle l’était encore moins avec moi. Mais tout de même ! La savoir forcée à le faire avait un petit quelque chose de grisant. Ce jeu avait beau être parfaitement idiot, j’étais ravi que nous nous y soyons pliés ! Peut-être même devrions-nous remettre ça, à l’occasion, quand j’aurais eu le loisir de me pencher sur tout un tas d’autres actions aussi plaisantes que celle-ci ? En attendant, elle ne sembla pas décidée à en rester là et relança. Une sombre histoire de mensonges… Comme si c’était dans mes habitudes de transformer la vérité ! Bon… Certes. Peut-être un peu… Mais j’aurais préféré qu’elle ait l’air moins dubitative en m’entendant m’en défendre ! Quelle image avait-elle donc de moi, sérieusement ? C’était vexant, pour ne pas dire définitivement blessant ! J’eus au moins la satisfaction de pouvoir lui rajouter une minute de gage puisqu’elle ne prit même pas la peine d’enrober ses railleries de quelque rondeur imposée. Ça lui apprendra à se montrer si vilaine !

Toutes mes excuses, mon ange : débauché n’était pas une crrritique, je rrremarrrquais juste quel bon vivant tu étais.
Ce n’est pas très convaincant mais ça ira pour cette fois.

J’espère qu’elle réalisait au moins la faveur que je lui faisais alors qu’elle avait fait si peu d’efforts pour se rattraper ! Je laissai finalement ces bêtises derrière moi et revins plus que brièvement sur la soirée dont il était question. Elle n’avait pas eu grand intérêt. Je n’aurais pas dit que c’était une erreur parce que je ne la regrettais en rien mais ça ne faisait pas non plus partie des plus beaux moments de ma vie. J’avais été fier de tromper mon monde et de jouer les grands alors que je n’étais finalement qu’un enfant mais, au-delà de ça, je n’en avais pas tiré grand chose. Une migraine et de remontrances, tout au plus, rien de très enthousiasmant. On ne s’y attarda pas davantage et le jeu reprit comme s’il ne s’était jamais arrêté. Il n’y avait qu’avec elle que j’étais en mesure de me défaire à ce point de toute apparence, de courir le risque d’être parfaitement ridicule sans même y penser. Tout était si simple à ses côtés. Il n’y avait qu’à se laisser porter et profiter de ce que la vie avait à donner. Et force était de constater que, dans l’ensemble, elle nous donnait souvent le meilleur. Même si je ne le disais pas souvent — peut-être même jamais — je savais que j’avais une chance immense de l’avoir dans ma vie. Je voulais l’y garder. Et plus le temps passait, plus je me rendais compte qu’il n’y avait rien au monde d’assez important pour mériter de sacrifier notre relation. Je préférais renoncer à tout que de renoncer à elle. Enfin… Si elle ne répétait jamais que les nés-moldus devaient continuer à vivre ! Dans le cas contraire, je reviendrais peut-être sur cette certitude ; elle serait beaucoup moins essentielle si elle commençait éhontément à jouer les traitres. Forcément, après une idiotie pareille, je m’attendais à ce que la vraie réponse à cette vérité soit du même acabit ! À la différence près qu’elle ne mériterait pas la mort dans d’atroces souffrances. À la place, elle tenta de noyer le poisson en me ramenant des semaines en arrière, au sujet d’un chef d’oeuvre exigé pour je ne savais plus quelle raison et qui n’avait jamais été livré… Il me fallut un moment pour retrouver ce dont il était question. Ça ressemblait à une taquinerie de plus dans la longue liste qui se dessinait au cours de nos journées. Mais, visiblement, ça l’avait davantage marquée. Est-ce qu’elle avait vraiment tenu à le faire ? J’étais prêt à le croire… Mais en même temps, ma volcanique Erin n’avait jamais été du genre à mettre des jours et des jours pour m’écrire quoi que ce soit… Je ne savais plus trop quoi en penser.

Ce n’est peut-êtrrre plus la peine.

Son ton me donna l’impression d’avoir fait une bêtise sans que je ne parvienne vraiment à savoir laquelle. Est-ce que ça lui avait fait de la peine de voir que je ne me souvenais pas d’absolument tout ce que nous avions pu dire depuis nos retrouvailles ? Peut-être… En même temps, je ne m’en étais jamais caché, beaucoup de choses m’échappaient, depuis toujours. Surtout quand je ne les prenais pas vraiment au sérieux.

Si…? couinai-je d’une voix plus désolée que je l’aurais voulu. Je pensais que je ne l’aurais jamais… mais je le veux toujours.

Ce n’était pas vraiment un mensonge, bien au contraire. Non, je n’avais pas gardé cette histoire en tête bien longtemps, persuadé que ses confessions manuscrites n’existeraient pas ailleurs que dans notre correspondance mais si vraiment elle avait envisagé de le faire, je ne voulais louper ça pour rien au monde… Sans vraiment savoir à quoi m’attendre pour autant. Il n’y avait qu’à voir la façon dont elle avait répondu à ma question ! Du moins, tout au début, puisqu’elle sembla prendre les choses plus à coeur et se rapprocha délicieusement de moi. Elle vint si proche que son souffle s’écrasait sur ma joue, je sentais la chaleur de son corps tout près du mien… Mes mains s’appliquèrent à la rapprocher encore alors qu’elle me glissait quelques mots à l’oreille. C’était agréablement troublant, ça faisait remonter des souvenirs, l’alcool donnait à cette scène un air presque irréel. Mais l’enchantement ne dura pas bien longtemps, l’aveu tomba, apportant avec lui des doutes qui n’auraient pas dû exister. Est-ce que c’était une plaisanterie de plus pour échapper à ma question ? Et si c’était vrai, est-ce qu’elle aurait été cruelle au point de parler de quelqu’un d’autre ? Je voulais espérer que non sans parvenir à m’en convaincre pour autant… Nous étions proches, c’était un fait, l’amitié n’existait plus vraiment, nous en avions convenu… Mais en même temps, nous avions repris comme si de rien n’était, comme si nous n’avions jamais rien dit… Et avant que je n’ai eu le temps de répondre quoi que ce soit ou de l’interroger sur ce qu’elle venait de révéler, elle reprenait comme si tout ça n’était rien de plus que ce dont ça avait l’air : un jeu. C’était le cas ? C’était juste une bêtise soufflée pour jouer ? Quelque chose à ne pas prendre au sérieux ? Aux battements douloureux de mon coeur à cette supposition, je n’eus d’autre choix que de comprendre que je le prendrais mal. Et sûrement que je lui en aurais voulu également. Qu’elle n’en pense pas un mot était une chose, je n’avais jamais rien attendu d’elle et des sentiments encore moins, mais qu’elle joue avec les miens aurait été plus difficile à avaler. Elle s’était éloignée, accentuant l’impression de blague qui ne me faisait pas rire, aussi j’en fis de même et remontai péniblement sur le bord. L’ambiance avait changé, chargée d’ombres que je n’avais pas envisagées pour ce soir.

Moi qui crrroyais qu’on ne faisait que plaisanter et se taquiner. Enfin, c’est moi qui me trrrompe, je sais pourtant bien que tu n’es que verrrtu et intégrrrité : ce n’est pas ton genrrre de te moquer.

Même son regard m’échappa. Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi nous en étions là. D’un côté, elle ressemblait à une adolescente gênée par ce qu’elle venait de dire… d’un autre, je n’avais aucun mal à l’interpréter comme un semblant de culpabilité suite à un jeu qui avait été trop loin. Elle avait l’air de me fuir, comme si elle avait compris que cet aveu aurait pu être le mien sans le moindre mal et qu’elle ne savait plus vraiment comment faire pour revenir en arrière. Nous plaisantions, dans cette cabane perdue au bout du monde. Mais la plaisanterie s’était alourdie à ses mots et je n’avais jamais réussi à savoir si c’en était resté une ou si elle avait été plus sérieuse qu’elle n’y paraissait. Dans mes souvenirs, le sujet avait changé juste après, presque soulagé de ne pas avoir à s’enfoncer davantage. Je ne sais pas pourquoi ces quelques phrases m’étaient revenues à ce moment-là plus que d’autres plus rassurantes. Ne m’avait-elle pas fait remarquer qu’on ne passait pas ses nuits dans les bras d’un ami ? Ne m’avait-elle pas forcé à admettre qu’il y avait autre chose entre nous ? N’avait-elle pas eu l’air de voir son monde s’effondrer quand j’avais voulu tout arrêter ? C’était sûrement de ça dont j’aurais dû me souvenir à cet instant-là, de toutes ces choses qui hurlaient que, plus qu’un aveu, c’était une véritable déclaration qu’elle venait de me faire et que j’étais trop idiot pour l’accepter. Je voulais davantage, sûrement. Quelque chose de clair, trop pour que je puisse douter ou me méprendre. Un nom, par exemple.

Je ne sais pas. Je ne crrrois pas.

Ce fut à mon tour de détourner les yeux, en proie à une déception douloureuse. Peut-être y avait-il finalement quelqu’un d’autre. Je ne voyais ni qui ni comment mais ça ne sembla pas m’arrêter plus que ça. Et, plus surprenant encore, la déception se faisait plus grande encore pour elle. C’était une fille incroyable, certainement la plus merveilleuse que cette Terre ait un jour portée, elle méritait d’être aimée en retour, qu’on la couvre d’attentions, qu’on voit en elle la Reine qu’elle était vraiment. Ça n’était visiblement pas le cas. Flottant au milieu de la mousse, elle revint dans ma direction. J’avais envie de l’enlacer, de maudire avec elle cet abruti qui ne se rendait même pas compte de la chance qu’il avait… Faire taire ce que j’éprouvais pour elle, moi, pour ne pas rendre ce moment plus étrange qu’il ne l’était déjà. Mes lèvres se posèrent à nouveau contre le goulot de la bouteille. Si j’avais dû être parfaitement honnête, j’aurais sûrement admis que j’avais déjà un peu trop bu.

Il maîtrrrise la mauvaise foi comme perrrsonne, j’ai l’imprrression que ça le rrrend aveugle aux évidences.

Qu’espérait-elle que je réponde à ça ? C’était dommage, bien sûr, mais je ne pouvais pas y faire grand chose. À part la laisser s’en plaindre jusqu’à ce qu’elle se sente mieux, je ne lui serais pas d’une grande aide… Et même si j’étais prêt à l’écouter, j’espérais qu’elle n’en ferait rien. Je n’avais pas envie de l’entendre s’étendre sur les sentiments qu’elle éprouvait pour je ne sais qui alors même que mon coeur ne semblait plus battre que pour elle.

Tu es un maîtrrre en la matièrrre.

Durant une seconde, je crus qu’elle était en train de me demander à demi-mot d’essayer d’ouvrir les yeux à cet inconnu. J’étais à rien de la trouver cruelle et d’envisager de mettre un terme à cette soirée… et puis la lumière se fit. Ou du moins, c’en avait tout l’air. J’ouvris de grands yeux, écarquillés par la surprise et l’alcool, mes joues rosirent de plus belle. Elle…? Un ricanement aussi nerveux qu’idiot m’échappa alors que je me redressai un peu maladroitement.

En matière de quoi ? D’aveuglement ou de mauvaise foi ?

Les deux, par Merlin, les deux ! Comme elle l’avait fait juste avant — rassuré par l’idée d’avoir quelque chose à quoi m’accrocher — je relançai le jeu sans perdre un instant. Malheureusement, elle s’évita de nouvelles questions alors que j’en avais un tas à lui poser. Je ne sus pas trop quoi lui imposer… Je ne voulais pas qu’elle pense que je cherchais à étouffer son aveu, je ne voulais pas non plus perdre le peu de légèreté qui nous restait encore… Et il y avait ces rimes insupportables qu’il fallait encore trouver ! Beaucoup pour une seule action… et pour mon esprit qui commençait à tourner un peu au ralenti. Erin profita de ma réflexion pour récupérer la bouteille qui reposait toujours entre mes mains. J’avais envie qu’elle prenne sa place, qu’elle revienne tout contre moi… et ce fut là le début de quelque chose. Elle accueillit mon gage avec un sourire qui en fit naître un sur mes lèvres. Elle se hissa à son tour sur le bord, la lumière glissant sur son collant trempé, et agita doucement les doigts. Un courant d’air tiède nous enveloppa presque aussitôt.

J’ai tendance à oublier que tu as tant de talent, reconnus-je alors qu’elle s’installait derrière moi. À chaque fois, ça me surprend.

Un frisson interminable me secoua alors qu’elle posait enfin ses mains sur moi. Je sentais sa chaleur au travers du tissu de ma chemise. C’était la première fois qu’elle me couvait de telles attentions, peu importe qu’elle n’en ait eu qu’à moitié le choix, et il fallait bien reconnaître que ça avait quelque chose de troublant. Oh, c’était agréable — très agréable même — mais ça m’avait finalement l’air plus intime encore que ce à quoi je m’étais attendu en le demandant. Peut-être était-ce l’atmosphère de ces dernières minutes qui me faisaient poser sur ce gage un regard vaguement moins innocent qu’il l’aurait été autrement ? Ça n’était pas impossible. Je fermai les yeux, m’abandonnant totalement entre ses mains. Mes doigts se risquèrent sur sa jambe, y dessinant on ne savait trop quoi dans des caresses légères.

Est-ce que mon Prrrince est satisfait ?

Je hochai doucement la tête. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle était là, tout près de moi, à me dorloter… N’importe qui à ma place aurait apprécié !

Plus que satisfait ! C’est absolument parfait.
C’est le minimum pourrr un joueurrr aussi émérrrite que toi. Action ou vérrrité ?
Action.

Je ne savais pas vraiment ce que je craignais à être confronté à une vérité. À ce qu’elle me fasse avouer que c’était réciproque ? Qu’elle s’arrange pour me faire mettre des mots sur ces sentiments dont j’avais fini par prendre conscience depuis quelques semaines déjà ? Est-ce que ça aurait été si grave que ça ? Non… Et puis elle l’aurait mérité. Elle venait de le faire, il aurait été naturel de lui répondre… même sans qu’elle ait à me le demander. Mais non, je tentais malgré tout d’y échapper.

Tes sourrrirrres sont ceux que je prrréfèrrre.

Ce qui suffit à m’en tirer un nouveau, quand bien même elle ne pouvait pas le voir. Vraiment, cette action-là était une grande réussite ! Je n’eus pas le temps de m’en satisfaire plus longtemps qu’elle énonçait déjà la mienne :

Tu vas… tourrrner trrrois fois surrr toi-même si tu es également amourrreux, ouvrrrirrr des rrrobinets au hasarrrd si ce n’est pas le cas, et… boire une gorrrgée si tu ne veux pas te prrrononcer.

Un hoquet surpris passa mes lèvres en l’entendant. Mais ce n’était pas du jeu ! Je n’étais pas censé choisir, seulement faire bêtement ce qu’on me demandait, sans râler ou me dévoiler davantage ! La fourbe !

Et si je ne veux rien faire des trois ? Il se passe quoi ? lui demandai-je en tournant la tête dans sa direction. Surtout, ne va pas croire que j’essaye de me défiler. C’est seulement que je n’ai aucune envie de m’éloigner.

Et puis, en toute objectivité, entre le bassin juste devant moi, son corps dans mon dos et un équilibre qui s’annonçait un peu précaire, ça risquait d’être compliqué de m’extirper de là sans finir à l’eau avant d’avoir pu faire quoi que ce soit… Je fis toutefois l’effort de bouger un peu, juste assez pour lui faire face.

Mais pour prouver ma bonne foi, je suis tout disposé à passer aux aveux. Alors sache que j’aurais tourné trois fois parce que, oui, il se peut que je sois également amoureux.

À nouveau, mon regard se fit un peu fuyant. Je ne savais pas trop dans quoi nous nous lancions en réalité. Est-ce que ça changerait quelque chose ? Est-ce que ça répondait seulement à quelque question ? Ça mettait des mots sur ce que nous vivions, d’accord, mais au-delà de ça…? Sûrement que ça n’avait aucune importance en réalité. Je me penchai légèrement vers elle et posai mes lèvres au coin des siennes, comme pour donner le nom de celle dont il était question. Est-ce qu’il y avait rien que le plus petit doute sur son identité pourtant ? Probablement pas…

Est-ce que tu es d’accord pour faire une exception et valider quand même cette action ?

Après tout, elle avait eu ce qu’elle voulait, non ? Certes elle n’avait pas eu la satisfaction de mon air bête en train de faire la toupie pour répondre à une question qu’elle ne posait même pas mais la réponse n’en était pas moins là… On pouvait fermer les yeux sur ma flemme pour cette fois…?

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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyLun 26 Avr - 21:04



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

On pourrait croire qu’après tant d’années à se côtoyer il ne resterait plus rien à tirer de ce jeu un peu idiot : que pouvions-nous bien avoir à apprendre de l’autre alors que nous avions passé cette dernière décennie à profiter de tous les instants qui s’offraient à nous, à faire mille et une bêtises, mille et un écarts, à partager bien des premières fois… bref, à tisser cette relation qui se faisait toujours un peu plus forte que la veille, malgré les disputes nombreuses, grâce aux réconciliations qui suivaient immanquablement ? Et pourtant ! On se pliait aux règles avec diligence quoique saupoudrant le tout d’un peu de mauvaise foi. Je découvrais mon meilleur ami plus fourbe qu’à l’accoutumée et prompt aux incartades depuis plus longtemps que je ne l’aurais cru. Entre temps, j’avais oublié de le couvrir des louanges exigées et il ne manqua pas de le relever, me rajoutant une minute en guise de sanction. Je m’empressai de rectifier mes dires, plus moqueuse que jamais, et lui consentit à accepter mes propos comme des compliments, en grand seigneur qu’il était. Nos vérités ne faisaient que ramener à la surface des instants de vie éphémères — que nous avions probablement oubliés avant que l’autre nous force à nous en souvenir pour dévoiler quelque chose d’inédit en réponse à la question formulée — mais qui n’en étaient que plus précieux. Ces détails dérisoires, personne d’autre — ou presque, si on tenait compte des tiers impliqués — ne les connaissait que lui et moi.

Puis sa demande suivante, en apparence innocente, traça la voie à ces pensées qui ne me lâchaient plus vraiment depuis quelques temps. Mes sarcasmes ne suffirent pas à les chasser, retardant seulement l’instant où elles deviendraient trop présentes pour que mes lèvres les gardent encore secrètes. Je n’avais jamais ressenti le besoin de mettre des mots sur notre relation. D’en mettre d’autres que ceux qui en dessinaient déjà les contours : des surnoms mièvres aux compliments souvent espiègles ; des promesses et serments qui nous liaient par delà le temps ; des disputes souvent nées de rien aux réconciliations qui ne découlaient pas de grand chose de plus que du besoin de se retrouver ; tout le reste encore, ces choses que nous ne disions pas mais qui soulignaient l’évidence. Et puis Junior et sa terrible nouvelle avaient tout fait s’effondrer — les certitudes en premier et puis tout le reste avait suivi — me laissant entrevoir ce que pouvait être un monde duquel il ne faisait plus partie. Non, je n’avais jamais eu besoin de mots… jusqu’à ce qu’ils soient tout ce qui nous reste car nos regards étaient devenus muets et un fossé infranchissable nous empêchait d’accéder à tout ce que nous avions toujours connu. Maintenant qu’ils étaient là, d’autres voulaient leur place aussi. Ils ne traînaient même pas, derrière eux, une ribambelle de points d’interrogation : les vérités étaient devant, déjà claires comme de l’eau de roche, il ne manquait plus qu’eux pour renvoyer les dernières brumes au loin.

Et ça n’était pas une chose aisée. En témoignaient ces heures perdues sur un lit parsemé de parchemins à essayer d’écrire les confessions qu’avait un jour attendues Junior… et dont il ne semblait plus se souvenir. La déception était grande, sûrement démesurée, l’alcool aidant probablement, à ça comme à autre chose… comme à cet élan qui me poussa tout contre lui pour glisser mes lèvres à son oreille et y abandonner un secret à peine murmuré. Puisqu’il voulait toujours de ces confessions dont il avait oublié l’existence en même temps que la demande qu’il m’en avait faite, autant les lui dire plutôt que d’attendre de trouver le juste enchaînement pour les lui écrire. Les mots que nous avions jetés sur les ruines de notre royaume au moment de le reconstruire faisaient désormais partie de ses fondations, entre les larmes, les certitudes et ces choses que je n’avais jamais ressenties envers quiconque… Oui, il fallait rajouter ces trois petites syllabes à l’édifice de ce que nous appelions meilleurs amis, à notre propre définition de ce que cette amitié représentait pour nous. La meilleure d’entre toutes, bien supérieure à n’importe quelle autre, bien plus délicieuse, bien plus exceptionnelle… parfaite et unique en son genre.

Les battements de mon cœur s’étaient faits un peu plus empressés, un peu plus douloureux également, ne sachant pas trop comment réagir à cette annonce et à la façon dont Junior semblait l’accueillir, lui. Peut-être que reprendre le jeu n’avait pas été la meilleure des idées, mais le court silence qui accompagna mon chuchotement me semblait déjà être de trop, de même que son étreinte qui se défit à la première impulsion, ne cherchant pas à me garder tout contre lui… trop heureux de me voir m’éloigner suite à ce que je venais de tirer des ombres qui se pressaient autour de nous ? Parmi toutes les choses qu’il aurait pu dire, il se décida pour un souvenir qui mit quelques longues secondes avant de me ramener dans cette cabane miteuse, à l’autre bout du monde. Le tout en rime, évidemment. Le froid que compensait la proximité de Junior, nos visages couverts de saletés, tout ce que nous avions traversé avant de nous enfermer à l’abri dans ce taudis ne suffit pas à faire taire les accents accusateurs qui rythmaient mon ton quand je lui répondis. Mon regard chercha une échappatoire, quelque part sur la gauche, se perdant dans la mousse dont les bulles explosaient par millier pour se reconstituer aussitôt, sans que nous n’en sachions rien. Est-ce que c’était donc ça, finalement, à ses yeux ? Tomber bien bas ? Aurais-je mieux fait de me taire ? C’était idiot, je n’avais jamais douté de la réciprocité de ces sentiments, aussi nouveaux que parfaitement familiers. Nous avions toujours été sur la même longueur d’onde, même dans nos divergences étant donné que celles-ci naissaient plus souvent de nos incompréhensions que de nos désaccords et là-dessus aussi, je le croyais, sans même en avoir jamais parlé. Il y avait trop de signes, trop de serments, trop de vérités que nous avions effleurées pour qu’il en soit autrement… ou peut-être pas, en fin de compte. Ce mot était-il en trop ?

Je pensais à toutes ces incompréhensions qui avaient mené à bien des querelles stériles sans me dire un instant qu’il y en avait une nouvelle qui flottait au milieu de notre belle piscine. Les questions du Serpentard en allumèrent de nouvelles au fond de mon regard opalin posé sur ses traits qui me fuyaient, à leur tour. La belle danse avait laissé place à des pas hésitants. Je ne regrettais pas de lui avoir dit cela. En revanche… je craignais peut-être bien ce qui pouvait en découler. Et si tout s’effondrait de nouveau ? Ignorant ce cœur qui battait furieusement pour me faire savoir qu’il n’appréciait pas du tout ces incertitudes et ces violentes émotions, je répondis à Junior que je n’en savais rien, tout en détaillant son visage avec curiosité. Il n’y avait rien que je n’aimais pas chez lui. Il était parfait, avec tous les défauts que les autres pouvaient bien lui trouver. J’avais, certes, détesté cette soumission filiale qui avait menacé de nous séparer définitivement, jusqu’à ce qu’elle laisse la place à un courage qui l’avait rendu plus précieux à mes yeux encore. Il faisait la pluie et le beau temps dans mes journées, savait se tirer de sa paresse légendaire pour faire avec moi toutes les bêtises qui me passaient par la tête, des plus douces aux plus interdites. Il était plein de qualités… mais il était l’être avec le plus de mauvaise foi qu’il m’avait été donné de côtoyer. Et derrière cette moue qui habillait ses traits, son regard qui refusait ostensiblement de m’accorder le droit de le croiser, ses propos qui me semblaient dénués de sens, j’avais envie d’y déceler un aveuglement né de cette maîtrise phénoménale de ladite mauvaise foi. Abandonnant le bord du bassin contre lequel je m’étais adossée pour me rapprocher de lui, je décrivais ce garçon dont j’étais amoureuse, avant d’en donner à Junior le titre de maître. C’était peut-être encore trop subtil ? L’alcool n’aidant pas, je formulais peut-être des phrases trop sibyllines pour que mon entêté de meilleur ami ne cherche pas à en comprendre le sens réel ? Puis ses joues reprirent une teinte rosée qui lui allait décidément plutôt bien, m’arrachant un sourire que je cachai malhabilement en me glissant dans l’eau avant d’en ressortir totalement pour m’accouder contre le bord sur lequel il était assis. Je souris un peu plus à son ricanement et en étouffai un, tendrement moqueur, à sa question. « Les deux, voyons, les deux » pouffai-je, posant sur lui un regard railleur.

Aussi facilement qu’elles étaient apparues, les ombres refluaient déjà, remplacées par cette même légèreté qui avait accompagné toute notre soirée jusqu’à présent. Un soulagement ravi vint calmer le rythme effréné qui se jouait dans ma poitrine. Quelques choses étaient encore en suspens mais le Serpentard n’avait plus l’air de fuir… au contraire, il m’appelait tout contre lui, ce qui était bien suffisant, même si c’était pour obtenir de nouvelles faveurs et être un peu plus traité tel un roi. C’était loin de me déplaire, en réalité. Un souffle chaud et léger m’accompagna tandis que je prenais place et que mes doigts se posaient sur ses épaules, mes yeux parcourant ce dos qu’on devinait à travers la chemise mouillée qui lui collait à la peau. « Tant de compliments sans avoirrr besoin de gage, je suis flattée. » Oui, je l’étais. Si les critiques peinaient à m’atteindre — j’avais une trop haute opinion de moi-même pour être ébranlée à la première remarque désagréable — les compliments trouvaient plus facilement leur chemin, surtout ceux qui émanaient de mon meilleur ami, car ils avaient une saveur bien particulière. « Voyons voirrr si j’ai autant de talent pourrr délasser le charrrismatique poète que tu es. » Intensifiant le contact entre mes doigts et le haut de son dos, je m’employai à concentrer mes intentions sur les mouvements circulaires que je dispersais le long de ses épaules et de ses omoplates, remontant jusqu’à la naissance de sa nuque d’où perlaient encore quelques gouttes d’une mèche de cheveux bruns.

Le silence douillet qui nous enveloppa était plaisant et donnait à l’instant une dimension plus particulière encore. Nous étions proches, de bien des façons, mais celle-ci était une première qui faisait naître des picotements loin d’être désagréables au bout de mes doigts. Ça ne me paraissait ni innocent, ni indécent pour autant. Nouveau, assurément, mais aussi captivant et vaguement surréaliste, comme si je n’étais pas tout à fait entrain de masser mon meilleur ami mais de nous lover dans une bulle plus intime encore. C’était peut-être dû à mes confessions récentes ou bien à l’originalité de ces caresses. Dans tous les cas, c’était bien… j’étais bien. Et je le fus encore un peu plus quand les doigts du Serpentard se mirent à errer sur mon collant, abandonnant, du bout des doigts, des caresses qui traçaient des formes indistinctes. J’avais la sensation que Junior se détendait sans pouvoir en être parfaitement sûre. Le temps s’écoula de manière indéfinie, nous laissant plongés dans cette délicieuse torpeur jusqu’à ce que je m’assure, d’un murmure, de la satisfaction de mon Prince, sans cesser le massage pour autant. Il n’avait pas donné de limite de temps — c’était peut-être plus fourbe encore — aussi poursuivis-je, mon esprit partant à la recherche d’une action à lui donner. Le problème étant que je désirais des réponses, des éclaircissements en tout cas, des confirmations plutôt. Éteindre tout soupçons avant qu’ils n’embrasent quoi que ce soit d’autre.

Après réflexion — et louange de rigueur — je lui dévoilai les règles auxquelles il allait devoir se plier. Était-ce de la triche ? Je voyais plutôt cela comme une ruse. Peut-être pas la plus fine, mais peu m’importait tant qu’elle s’avérait efficace. Une exclamation — que je n’avais aucun mal à imaginer parfaitement scandalisée — marqua la surprise de Junior qui ne tarda pas à chercher un moyen de se défiler. Mes doigts arrêtèrent leurs va-et-vient, mes yeux clairs se plissèrent et plongèrent dans celui de mon meilleur ami. Il ne me laissa pas le temps de le menacer des pires maux, précisant qu’il ne souhaitait pas se débiner, simplement qu’il n’avait aucune envie de bouger. Les battements de mon cœur qui s’était emballé à sa première réaction se calmèrent quelque peu et la vision d’une sortie aux allures de cataclysme s’effaça. « Je pourrrais te laisser le bénéfice du doute… » fis-je d’un ton soupçonneux pour l’encourager à ne pas en rester là. Il se trémoussa, pivotant suffisamment pour me faire face. À l’écoute de son aveu, mon cœur se remit à battre un peu plus vite, sur un rythme plus charmant que tous les précédents et mon sourire fit disparaître le peu d’ombrage que j’avais pris à son refus. Est-ce que les dernières minutes venaient de tout faire basculer ? Non. Rien n’avait changé, tout semblait être exactement comme avant. Peut-être que nous devenions plus doués au petit jeu des secrets inavoués. La confession de ce que nous pensions de ce baiser, l’année dernière, avait provoqué bien plus de remous que celle-ci.

Son baiser scella sa confidence, adoucissant plus encore le sourire qui dansait sur mes lèvres. Je ne me sentais pas différente et je ne le voyais pas différemment, probablement parce que tout ce qui venait d’être dit existait depuis bien plus longtemps et que nous avions eu tout le temps de nous y faire. Ou peut-être parce que nous allions avoir tout le temps de nous y faire. Dans les deux cas, le naturel qui reposait sur ces épanchements avait permis à la légèreté de notre soirée de subsister. « Fairrre une exception ? Hm... » Une moue pensive plaquée sur mon visage, je pris quelques secondes de réflexion, avant de soupirer d’un air théâtral. « Non. » J’adoucis la brutalité de ma sentence d’un baiser rapide, mes mains se glissant jusqu’à sa taille — comme la scène jumelle d’une autre, au tout début de notre baignade — et je poussai le corps de mon meilleur, déséquilibré par la position précaire dans laquelle il s’était mise, à l’eau. « Je crrrois que, de là où tu es, tu peux tout à fait tourrrner sur toi-même » gloussai-je quand il réapparut à la surface, récupérant la bouteille qui était désormais ma seule compagne sur ce rebord en marbre, mes pieds battant gaiement la mousse qui ne diminuait pas, en envoyant innocemment quelques flocons sur mon meilleur ami.

@C. Junior d'Archambault

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyMer 28 Avr - 17:46



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Nous nous connaissions si bien que, souvent, les mots ne servaient plus à rien. Il y avait tant d’évidences dans les regards que nous nous offrions, des tendresses si grandes dans les gestes que nous échangions que nous ne prenions jamais la peine de nommer quoi que ce soit. Pourquoi faire ? Est-ce que quelques syllabes y changeraient quelque chose ? Nous le faisions quand nous n’avions plus vraiment le choix ; quand, acculés par des non-dits et des incompréhensions trop immenses, il ne nous restait plus que ça pour remonter la pente… Mais là, ce soir, nous en étions pourtant loin. Oh, bien sûr, parfois je m’interrogeais silencieusement sur ce qu’elle pouvait bien espérer, sur la destination du chemin que nous avions emprunté mais ça ne me semblait pas oppressant pour une Noise, l’incertitude me convenait, il y avait trop de choses dont je ne doutais pas pour craindre les rares qui m’échappaient encore. Et il n’avait suffi que d’une question pour que l’équilibre tranquille qui s’était réinstallé entre nous ne vacille à nouveau. Sa déclaration avait des airs de plaisanterie… elle ravivait en même temps des confidences cruelles et passées… Là où son silence était si parlant que j’étais convaincu que nous marchions ensemble dans la même direction, sa voix avait réussi à tout balayer. Sûrement que j’aurais réalisé ce dont il était question si elle ne s’était pas éloignée, si elle ne s’était pas défaite de mon étreinte légère pour qu’une distance troublante se glisse ainsi entre nous, si elle n’avait pas relancé aussitôt ce jeu ridicule… Tout en elle semblait reconnaître qu’il n’y avait rien d’agréable à tirer de ces quelques mots, comme si ça n’était là qu’une nouvelle à faire passer tant bien que mal. Profiter de quelques bêtises pour me faire comprendre qu’elle finirait par s’enfuir loin de moi. Pourtant, j’étais prêt à l’écouter, à faire l’effort de la soutenir, à partager sa peine face à cet autre qui ne paraissait pas partager ses sentiments. Je voulais être là pour elle comme j’aurais voulu qu’elle le soit pour moi. Ce qui n’avait aucun sens quand on me connaissait… Depuis quand ma petite personne et ses tracas s’effaçaient au profit de quelqu’un d’autre…? Surtout quand ça s’annonçait à ce point douloureux ! Mais c’était Erin et j’ai beau chercher, même encore aujourd’hui, je crois qu’il n’y a rien au monde dont je sois incapable pour elle… Heureusement, elle parvint à chasser les ombres et l’incompréhension. La lumière se fit doucement sur ce qu’elle tentait de me faire entendre. Merlin que je me sentis soulagé ! Bête, peut-être aussi, mais ça n’avait finalement pas d’importance. Il n’y aurait aucun trait à tirer sur elle, pas d’avenir proche dont elle ne voudrait pas faire partie !

Les deux, voyons, les deux.

Je ne pris même pas la peine d’avoir l’air outré tant je savais qu’elle avait raison. J’avais toujours été immensément doué pour me voiler la face et ne voir qu’une partie des choses, occultant le reste avec un soin qui frôlait la perfection. Quant à ma mauvaise foi supposée… J’étais prêt à lui offrir le bénéfice du doute ce soir parce que je n’avais aucun argument viable à lui exposer mais qu’elle n’en prenne pas l’habitude, je me défendrais bec et ongles la prochaine fois. Le jeu reprit comme s’il ne s’était jamais vraiment arrêté et Erin quitta le bassin pour me rejoindre sur le bord. Elle ne se plaignit même pas de cette nouvelle action et fit même en sorte de me la rendre plus agréable encore, un souffle d’air chaud chassant les frissons dûs à nos vêtements mouillés. Si je n’oubliais pas vraiment qu’elle était douée au point de pouvoir faire usage de magie sans avoir à se servir de sa baguette, l’avoir sous les yeux me rendait un peu plus admiratif à chaque fois.

Tant de compliments sans avoirrr besoin de gage, je suis flattée.

En même temps, c’était mérité. Y avait-il seulement une chose — rien qu’une ! — qu’elle ne maîtrisait pas vraiment ? Tout ce qu’elle touchait virait à la réussite et je ne parlais pas des qualités par milliers qu’elle semblait avoir et des défauts qui n’en avaient jamais vraiment été. Je pouvais chercher pendant des heures, je savais pertinemment que je ne trouverais rien à lui reprocher. Elle était parfois enquiquinante mais n’aimais-je pas ça ? Elle était parfois un peu trop volcanique mais ne faisait-ce pas partie de son charme ? Tout ce qui aurait pu être purement négatif se teintait de quelques reflets des plus flatteurs. Rien, chez elle, n’était à changer.

Voyons voirrr si j’ai autant de talent pourrr délasser le charrrismatique poète que tu es.

Je ne pus m’empêcher de glousser alors que les attentions qu’elle abandonnait sur le haut de mon dos se faisaient plus franches. C’était en même temps étrangement nouveau et sensiblement comme d’habitude. Oh, bien sûr, jamais je n’avais eu le droit à un massage de sa part mais, finalement, sentir ses mains sur moi n’avait rien d’une première fois. C’était comme une connexion surprenante qui s’ajoutait à toutes celles que nous avions déjà, un pan d’innocence, peut-être, qui s’effondrait sans un bruit. Si j’avais été véritablement tendu ce soir — ce dont je n’étais pas convaincu — je ne doute pas un instant que ça aurait suffi à me détendre totalement. C’était plaisant. Plus que ça, même. Je n’étais pas pressé que cet instant prenne fin. J’étais bien, là, abandonnant à ses caresses, profitant de sa chaleur tout contre moi. Mes doigts s’égarèrent sur sa jambe, elle ne chercha pas à me repousser. Il n’y avait rien d’indécent ou de déplacé, seulement un rapprochement de plus à rajouter à tout ceux que nous connaissions déjà. La parenthèse hors du temps se fendilla un peu alors qu’Erin s’enquit de mon avis. Est-ce que c’était déjà terminé ? Ses doigts continuaient leur danse, aussi j’en déduisis que non mais, tout de même, ça sentait un peu la fin… En attendant, elle reprit le cours de notre jeu. J’aurais sûrement dû choisir une question pour être sûr de pouvoir rester là encore un peu mais je tentai bêtement d’échapper à une vengeance méritée qui m’aurait poussé à avouer que je n’étais pas moins amoureux qu’elle avait admis l’être. Peut-être avais-je un semblant d’espoir qu’elle soit trop bien, là, collée à moi pour avoir envie que je m’éloigne… Grossière erreur. Non contente de jouer les fourbes en me forçant malgré tout à avouer avec une action à choix multiple, elle les avait choisies de manière à rompre totalement la bulle dans laquelle la mienne nous avait plongés. Non. Je refusai de me laisser avoir si facilement ! La rassurer sur la réciprocité de mes sentiments ne me dérangeait pas particulièrement mais quitter ce bord de piscine et son corps si proche du mien, il en était hors de question ! Je m’empressai de le lui faire savoir et sa sanction ne se fit pas attendre. Ses doigts abandonnèrent leur danse, son regard se fit suspicieux. Je n’étais pas cruel, qu’elle se rassure ! Je n’avais aucunement l’intention de la laisser là, ses questions restant sans réponse, je voulais juste profiter de cet instant plus doux au milieu d’une bataille de bêtises amusées.

Je pourrrais te laisser le bénéfice du doute…

Je m’agitai pour lui faire correctement face et m’appliquai à lui rendre la pareille, le tout en rime, bien évidemment. Je n’avais pas à rougir d’être tombé amoureux de la jeune femme la plus incroyable jamais rencontrée et je ne me sentais pas mal à l’idée de le lui raconter. Une gêne un peu vague me tomba dessus brièvement, le manque d’habitude sûrement… Après tout, ça n’était pas tous les jours que je confiais mes sentiments à qui que ce soit, moins encore à la principale concernée ! C’était même une première… Mais son sourire valait largement le faible risque et le malaise furtif. Mes lèvres effleurèrent les siennes et ce fut tout. Le monde ne sembla pas s’être arrêté de tourner, le regard que je posai sur elle n’avait pas l’air d’avoir changé. Elle était toujours la plus insupportable des meilleures amies, toujours trop vilaine et moqueuse pour mon propre bien. Et puis, dans le fond, ne le savions-nous pas un peu depuis des mois maintenant ? Qu’est-ce qu’un aveu — le sien, le mien ou même les deux — rajouterait à ce qui nous liait dans le plus grand des secret ? Pas grand chose, sûrement. Sa réponse me revint doucement en mémoire, laissant une bouffée d’un bonheur un peu enfantin enfler dans tout mon être. Tout, peut-être… J’aurais tout le loisir de me pencher dessus plus tard, quand mon esprit aurait retrouvé un semblant de clarté loin de toute cette liqueur ingurgitée. J’espérai néanmoins que mon compromis la satisfaisait et m’abaissai même à lui demander de m’exempter du reste de l’action. Le principal était fait, non ? Nous pourrions bien nous passer du reste !

Fairrre une exception ? Hm…

Son soupir n’annonçait rien de bon. Je pris les devants avant même qu’elle ne réponde et lui offris un regard exagérément suppliant.

Non.
Maiiiiis… s’il te plaît, couinai-je d’une petite voix triste, comme un dernier espoir d’y échapper.

Un baiser tenta de faire passer plus facilement la pilule, et je dois bien admettre que je me laissai avoir… Jusqu’à ce que dans un remake ridicule qu’une scène déjà jouée, elle me poussa à l’eau. Mon équilibre était bien trop précaire pour que je puisse espérer lutter et je finis par course dans un plouf bien moins élégant que la première fois. Je sortis la tête de sous la mousse en toussotant, essuyant grossièrement l’eau que j’avais dans les yeux avant de les braquer sur elle d’un air plus boudeur que je l’aurais souhaité. D’accord, c’était de bonne guerre, mais je n’avais mis un terme à rien du tout, moi, en la poussant au tout début ! Là, je regrettais la fin brutale de ce moment plus tendre et câlin au milieu de la légèreté rieuse de notre soirée. J’aurais juste voulu profiter un peu plus de sa proximité, de ses lèvres sur les miennes, de quelques caresses tranquilles… Nous aurions pu plaisanter à nouveau après.

Je crrrois que, de là où tu es, tu peux tout à fait tourrrner sur toi-même.

Je levais le nez et fendis l’eau parfumée jusqu’à l’orgue doré. Après tout, elle m’avait laissé le choix, non ? Et puis qu’elle voulait être nulle, je pouvais très bien l’être aussi.

Jamais. Je préfères me contenter des robinets.

Ça n’était rien d’autre qu’un souffle agacé, digne de l’enfant capricieux que j’étais d’ordinaire — et que l’alcool rendait plus présent encore — et auquel on venait d’enlever injustement son doudou. La punition n’était pas à la hauteur de la faute, d’autant plus que j’avais tout fait pour qu’elle ne soit pas trop grosse. Alors tant pis pour elle, ce serait le pire des trois : les robinets ! J’en ouvris un premier qui déversa un flot de bulles aux reflets nacrés puis un deuxième qui recouvrit le tout d’une vapeur blanchâtre qui donnait l’impression d’une piscine de nuages. En soi, ça ne remettait absolument pas en question ce que j’avais bien pu reconnaître un peu plus tôt, ça marquait seulement mon désaccord. Je les refermai rapidement pour éviter que la salle entière ne soit pleine de bulles ou de vapeur et remontai à grand peine sur le bord. C’était un peu plus difficile à chaque essai et force était de constater qu’au prochain je serais sûrement obligé de rester dans le bassin… ou de prendre les petites marches, ce qui ne m’était pas venu à l’esprit jusque là…

En plus, j’avais presque fini de sécher, me plaignis-je en soupirant alors que je me redressais, sans jamais prendre la peine de réaliser à quel point c’était faux et que j’étais toujours aussi trempé qu’avant de replonger. Maintenant, il va y en avoir encore pour une éternité…

Je grommelais dans mon coin tout en allant récupérer une serviette dans laquelle me draper. Bien sûr que je me fichais bien que ça prenne longtemps, je n’avais pas envie de quitter cette pièce pour l’instant mais tout de même ! Je m’enveloppai dans le tissu moelleux et revins sur mes pas, jusqu’à Erin. Le temps du trajet, une dizaine de secondes à peine, trois ou quatre enjambées tout au plus, mes reproches s’estompèrent un peu. Ça ne se faisait pas, bien sûr, mais peut-être que ça ne valait pas vraiment le coup de bouder davantage pour autant. Mon regard glissa sur elle, s’attardant sur ses cheveux mouillés, sur son maquillage qui avait un peu coulé, et finit par se détourner d’un air fâché plus vraiment crédible. Je retins un soupir et repris :

Action ou vérité ?

Mes doigts s’emparèrent de la bouteille qui se vidait trop vite et la portèrent machinalement à mes lèvres. Si ma mère avait été là, sûrement qu’elle m’aurait depuis longtemps arrêté et envoyé me coucher dans des sermons sans fin… mais elle n’était pas là et, de toute façon, elle devait sûrement bien s’en ficher maintenant que je m’éloignais du fils parfait qu’elle s’était toujours vanté d’avoir. Rares étaient les lettres échangées ces dernières semaines et le peu de nouvelles que j’avais eu d’elle se faisait d’une froideur réprobatrice. Si j’avais été honnête, j’aurais admis qu’elle me manquait affreusement. Mais ça n’aurait rien changé alors je ne m’y abaissai pas. Je noyai ces pensées d’une autre gorgée alors que ma meilleure amie ne semblait toujours pas décider à se risquer à nouveau au jeu des confidences. Je n’avais plus grand chose à demander, de toute façon. Alors que des choses à lui faire faire… peut-être qu’il y en avait au moins une qui me venait à l’esprit.

Fais-toi pardonner.

Mon ton tenta d’être prétentieux mais il ressemblait davantage à une supplication qu’à tout autre chose. Je défis un pan de la serviette et l’ouvris tout grand pour l’inciter à venir s’y glisser avec moi. Je voulais le moment câlin qu’elle avait avorté. Si nous devions passer toute la nuit ici, nous aurions le temps de retourner patauger après. Sauf si elle y mettait autant de mauvaise volonté que moi, évidemment… Mais non, il fallait qu’elle soit la moins bête de nous deux et qu’elle n’entre pas dans ce jeu…
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyDim 2 Mai - 0:02



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Quelle évidence venions-nous de confesser pour que rien, absolument rien, ne semble différent de la seconde d’avant ? Ce petit mot — auquel tout le monde s’accordait à trouver des particularités plus ou moins élogieuses — avait trouvé sa place avec un naturel effarant. Là où d’autres confessions avaient repoussé des certitudes aveugles et bousculé des habitudes qui n’en étaient devenues que plus délicieuses encore, celle-ci n’avait pas provoqué le moindre remous, se glissant entre nous sans presque rien déranger, si ce n’étaient quelques susceptibilités rapidement effacées. Il se pouvait qu’il soit amoureux ; j’étais probablement tombée amoureuse ; et aucune de ces hésitations n’en était vraiment. Nous n’avions fait que nommer une nouvelle affection parmi toutes celles que nous nous portions déjà et dont les contours se faisaient plus présents depuis quelques mois. Il était toujours mon meilleur ami, le plus agaçant et le plus charmant de tous les jeunes hommes, celui dont les humeurs affectaient bien trop les miennes et dont la présence m’était aussi agréable que vitale. Celui avec qui j’explorais sans relâche des voies secrètes qu’il me plaisait de ne partager qu’avec lui seul. Si cette voie-ci venait à peine de faire l’objet d’aveux chuchotés sur les rivages d’une piscine mousseuse, d’autres avaient remarqué que nous l’arpentions depuis plus longtemps. On se pensait discrets — convaincus que rien ni personne ne pouvait comprendre ce que nos sourires se disaient — mais ce qui naissait dans le secret de nos tête-à-tête ne mourrait plus jamais, pas même au milieu du reste du monde. Combien de regards entendus — teintés de contrariété, selon les cas — nos parents avaient posés sur notre complicité sans que nous n’y prêtions attention ? Combien de fois Finn avait souligné cette relation changée, ces frontières floues dépassées ? Combien de sentiment ressemblaient à celui, brûlant, qui jaillissait lorsque d’autres me ravissaient Junior — ce que sa déplaisante demi-sœur n’avait pas manqué de relever l’été passé — ? Il y avait une évidence et elle me ravissait, car nos aveux ne changeaient rien — ni à l’extérieur, ni au sein de notre bulle précieuse — si ce n’est qu’ils dessinaient un sourire sur mes lèvres, au coin desquelles dansait un plaisir un peu enfantin, peut-être accentué par l’ivresse, encore que je ressentais aucune gêne à le laisser s’exprimer.

Non, ils n’avaient rien changé… pas même les questionnements qui ponctuaient cet avenir que les projets parentaux avaient dessiné de manière bien désagréable. Tapies dans l’ombre, d’autres considérations attendaient leur tour, de celles que nous ne faisions que survoler — elles aussi — sans jamais nous y arrêter. Le sursis obtenu avait reculé l’échéance et c’était tout ce qui comptait, pour l’instant. Loin des brumes capiteuses de l’alcool, peut-être qu’elles trouveraient leur place, mais ça n’était pas pour tout de suite. Présentement, il me fallait trancher en faveur — ou non — d’une exception au jeu idiot dans lequel nous étions plongés et qui nous avait mené le long de côtes inexplorées. Son regard s’était fait implorant — une pantomime qu’il maîtrisait à la perfection mais qui n’était pas en mesure de me faire changer d’avis — et son ton le fut autant. J’atténuai l’affront qu’il allait subir d’un rapide baiser — espérant sans trop y croire que cela suffirait à ce qu’il ne m’en tienne pas rigueur — et le poussai à l’eau, avec une satisfaction d’autant plus vengeresse qu’il ne s’était pas privé de m’y envoyer de la même manière. À son air grognon, j’opposai un sourire aussi innocent que les siens. J’avais été à bonne école et il ne restait pas la moindre trace d’espièglerie sur mes traits candides, si ce n’était une lueur amusée au fond de mes prunelles claires, rivées sur un Junior mécontent. J’étais irréprochable… n’est-ce pas ? Avec une nonchalance qu’il serait prompt à juger insolente, je lui fis remarquer qu’il était tout à fait capable de tourner sur lui-même, désormais. Et avec une prétention des plus cavalières, il me rétorqua qu’il était plutôt disposé à tourner quelques robinets. Son nez fin levé avec arrogance, il se dirigeait en effet vers le bouquet doré duquel s’échappait toujours notre cascade. Une exclamation outrée m’échappa, noyée par la gorgée liquoreuse que j’étais en train d’avaler. Je me relevai d’un bon et fis un pas dans sa direction, mon regard se faisant lourd de menaces. Qu’il ose… Il osait ! Ah, le traître ! Des bulles irisées s’échappèrent du premier robinet avec lequel ses doigts jouèrent — de manière toujours plus provocante — puis une vapeur épaisse, qui recouvrit rapidement tout le bassin, du deuxième. Un peu d’alcool coula le long de mon palais, emportant avec lui les fausses saveurs amères que sa révolte avait fait naître. J’étais assez lucide pour reconnaître ses airs capricieux pour ce qu’ils étaient, mais tout de même : mon regard en resta noir de désapprobation.

Il referma les robinets qui déversaient toujours les témoignages de son humeur puis entreprit de quitter le bassin. « Quelle grrrâce. » Mon souffle moqueur fit danser un rictus sur mes lèvres que je masquai derrière le goulot de la bouteille. Je levai les yeux au ciel à sa remarque plaintive — remarquant sans vraiment le noter que le plafond marbré se faisait plus vague — tandis que le souvenir de sa chemise trempée qui lui collait à la peau et dessinait parfaitement son dos me traversa l’esprit. Soit il était de mauvaise foi… soit rien du tout, en réalité. Venant du Roi en la matière, c’était évidemment le cas. « J’ai pu le constater, en effet » ironisai-je en esquissant un pas dans sa direction alors qu’il prenait celle de la pile moelleuse de serviettes blanches. S’il était loin d’être sec lorsque je l’avais propulsé dans l’eau, il était peut-être effectivement un peu moins ruisselant qu’en cet instant. Ses pas laissaient de petites flaques dans son sillage et ses mèches brunes n’en finissaient plus de faire perler gouttelette après gouttelette le long de son cou et de ses joues. Ça n’enlevait rien à son allure princière, bien au contraire, mais il pouvait toujours rêver pour qu’un seul compliment ne franchisse mes lèvres ou pour qu’un sortilège ne l’enveloppe d’un nouveau souffle tiède. Il boudait, très bien ! Je pouvais bouder également. Je l’entendais marmonner, sans être en mesure de détacher des syllabes intelligibles, saisissant malgré tout le sens global de ses ronchonnements. Avec une grande maturité, je parodiais la moue qu’il devait arborer, n’ayant plus que son dos pour tout interlocuteur, mes lèvres s’agitant en silence.

Je stoppai net mes mimiques au moment où il se retourna vers moi, affectant une mine innocente mais un regard fâché que seul mon maquillage noir cerclant mes yeux pouvait aider à rendre crédible. Entre mes doigts, la bouteille pesait moins lourd que lorsque je l’avais subtilisée à la Salle sur Demande. En effet, elle se vidait vite — très ou trop ? je n’aurais su le dire — et s’allégeait de minute en minute, alanguissant proportionnellement mes mouvements. Tant et si bien que je n’eus pas le réflexe d’écarter mon bras pour l’empêcher puérilement de s’emparer de la bouteille. Mes mains délestées de toute possession, je croisai les bras sous ma poitrine, étudiant un instant les traits de Junior avant de me décider pour une nouvelle action. Il était hors de question qu’il obtienne de nouvelles confidences après si violemment malmenée la dernière. Mais, bien évidemment, il n’était pas en reste quand il s’agissait de me lancer des défis qui lui apportaient certains privilèges. Mon regard passa de son visage à la serviette qu’il venait de défaire pour me permettre de m’y glisser puis retrouva ses yeux clairs rehaussés de longs cils humides. Un gloussement fila sans que je ne puisse le retenir derrière des airs plus agacés. « Et ce sont mes prrropositions qui sont indécentes ? » Mes sourcils se haussèrent d’un air entendu. Quelques longues secondes étirèrent le temps avant qu’un sourire ne rompe mon immobilisme et que je ne vienne me lover contre lui, faisant taire toute tentative de débauche supplémentaire, empêchant de nouveaux sous-entendus taquins de se faufiler entre nous. J’étais tout à fait disposée à reprendre l’instant câlin où nous l’avions laissé… mais pas à oublier qu’il avait eu l’outrecuidance d’ouvrir quelques robinets. Enfin, mes récriminations semblèrent incapables de franchir la barrière douillette du tissu qui nous enveloppait tous les deux, pas plus que celle, plus douce encore, de ses bras autour de moi.

Mes lèvres retrouvèrent les siennes, épousant sa moue boudeuse dans l’unique but de le faire disparaître, goûtant les saveurs sucrées que la liqueur y avait déposées, effaçant les ombres d’autres baisers trop fugaces. Ce qui était devenu une délicieuse habitude au fil des mois n’avait jamais perdu de son attrait. Certes, le goût de l’interdit tout juste franchi n’était plus là — il était à jamais dédié aux toutes premières fois — mais il y en avait tant d’autres qui n’avaient rien à lui envier. Un instant de tendresse volé entre deux salles de classe, des excuses silencieuses qui effaçaient bien des contrariétés, des bonjours et des au revoir plus séduisants qu’on ne pouvait se l’imaginer, des secrets folâtres et bien des choses encore. Et celui-là alors ? On n’embrassait pas ses amis — pas même son meilleur ami, pas même celui qu’on paraît de surnoms idiots — à moins de se retrouver au cœur d’un jeu mené par des personnages grossiers, comme c’était le cas quelques étages plus haut. Je le savais bien avant de chuchoter cet aveu inédit au creux de l’oreille de Junior. Et pourtant, grisée par l’alcool et les joues un peu moins pâles qu’à l’accoutumée, je gardais la saveur d’un baiser tout particulier. Qui de Junior ou de moi y mit fin, je n’en savais rien, mes yeux cherchant les siens aussitôt que nos lèvres se séparèrent, les miennes ne tardant pas à s’ourler d’un nouveau sourire. « Et toi ? Tu comptes te fairrre parrrdonner ? » Mon sourire s’affaissa sous le poids de la peine immense dont je tâchais de lui faire prendre conscience. Il ne fallait pas oublier qu’il avait délibérément choisi de faire couler de nouveaux robinets, dans une provocation qui m’avait, évidemment, profondément meurtrie en plus de massacrer sans pitié ce que je lui avais révélé. « Voilà ce que je gagne à parrrtager une confession des plus secrrrètes : tu la piétine sans aucun rrremorrrd ! » Était-ce crédible ? Sûrement pas le moins du monde. Je ne mettais pas beaucoup de cœur à l’ouvrage, il fallait bien le reconnaître, la plus grande partie de ma volonté étant prisonnière de cette douce étreinte.

L’alcool faisait son office, aussi brillamment que les bras de Junior qui ne me lâchaient pas, l’un et l’autre noyant mes élans impulsifs sous des brumes agréables. Machinalement, l’élocution moins vive, je lui posai la sempiternelle question. J’étais bien aise qu’il choisisse la seconde option, bien peu encline à abandonner mon meilleur ami et cette serviette qui faisait office de rempart molletonné contre la fraîcheur humide de l’eau. En revanche, je n’avais pas la moindre idée de quoi lui demander. Il avait déjà répondu à ce que je brûlais de savoir et je peinais à trouver d’autres sujets qui pourraient faire ressurgir un Junior que je ne connaissais pas, ou peu. Finalement, emportée par les fragrances estivales qui flottaient dans toute la pièce, bercée par son parfum à lui, je me laissai aller à la conjugaison des deux. « Comment vas-tu occuper ton été ? » Ce n’était peut-être pas si surprenant que ça, puisque nous finissions immanquablement, tous les ans, par arriver au moment où la question surgissait, amenant avec elle des perspectives réjouissantes de vacances passées ensemble. À un petit imprévu près, celles de l’année précédente avaient été parfaites, nous évitant deux longs mois sans pouvoir nous voir, les remplaçant par un séjour en France et un autre en Norvège… et une aventure à l’autre bout du monde.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyMar 4 Mai - 0:42



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Ça ressemblait presque à la plus parfaite des soirées. Un tête-à-tête amusé, pas l’ombre d’une dispute à l’horizon, notre complicité plus évidente que jamais… Je crois qu’il n’y avait rien à jeter, ce soir, sinon les quelques instants passés si mal entourés, là-haut, dans les étages… Encore que ça avait permis à Erin de commettre un menu larcin qui s’avérait finalement des plus délicieux. S’il m’avait fallu être honnête, sûrement que j’aurais admis qu’il s’agissait là du meilleur moment de ce début d’année… Meilleur que nos retrouvailles parce que délesté de toute la tension accumulée au fil des semaines… Meilleur que ces instants volés au quotidien parce que grisant d’illégalité… Ou, en tout cas, il l’était jusqu’à ce qu’elle fasse preuve de toute la fourberie du monde en anéantissant la tendresse dans laquelle nous nous étions enveloppés pour me jeter à l’eau. C’était violent ! C’était cruel ! C’était inadmissible ! Et, forcément, je ressortis en boudant. Madame se permit en plus de se moquer alors je rentrai dans son jeu. Hors de question de lui donner la satisfaction de me voir faire ces trois petits tours ridicules, quand bien même j’en pensais d’avance chacun d’entre eux, je préférais encore lui faire l’outrage d’ouvrir des robinets. Évidemment, ça ne remettait pas en question les sentiments que j’avais confessés, et même mon air fâché ne suffisait pas à me faire douter de ce point. Je me contentais de l’agacer comme elle venait de le faire avec moi, ni plus ni moins. Et son exclamation outrée à moitié étranglée par l’alcool me fit me redresser un peu plus, frappé par la satisfaction d’être parvenu à l’embêter. Je les tournai rapidement en sens inverse et entrepris tant bien que mal de remonter sur le bord… Plutôt mal, d’ailleurs. Il fallait bien avouer que j’étais de moins en moins leste, mon corps semblant peser plus lourd qu’à l’ordinaire. J’y parvins néanmoins mais dus oublier de m’en sentir fier, Erin me taclant dès ma sortie du bassin :

Quelle grrrâce.

Sûrement qu’à un autre moment, j’aurais ricané tant elle avait raison, versant dans l’autodérision sans une once d’hésitation… mais pas là. Là, je boudais. Alors je fis comme si je ne l’avais pas entendu et râlai contre ces vêtements à nouveau trempés — ils n’avaient jamais cessé de l’être — et celle qui en était à l’origine.

J’ai pu le constater, en effet.

Mais elle n’avait même pas l’air désolé, en plus ! Non contente d’être une horriiiible meilleure amie, elle continuait de se moquer de moi ! Qu’avais-je donc fait pour mériter ça ?! Elle était nulle. Et je boudai plus encore. Je lui tournai le dos, trop dédaigneux pour être vraiment crédible, et partis récupérer une grande serviette dans laquelle je m’enveloppai aussitôt. Est-ce que c’était comme mettre un terme à ces enfantillages aquatiques et refuser qu’elle m’y pousse un nouveau ? Peut-être… Dans le fond, je n’avais pas très envie d’y retourner. Pas tout seul en tout cas. Et puis je devais bien avouer que j’aspirais à autre chose pour l’instant. Un moment plus calme, plus câlin, profiter de notre intimité, réchauffé par sa chaleur. Je commençais un peu à fatiguer, une de ces fatigues artificielles, les sens alourdis et l’esprit au ralenti. À ce moment-là, le parallèle ne se fit pas mais aujourd’hui, ça me rappelait un peu la torpeur de notre anniversaire, les minutes qui s’étiraient à l’infini alors que nous gisions alanguis sur mon lit. J’aurais voulu quelque chose de similaire. Un endroit confortable et rien d’autre que ce corps si près du mien, cette présence qui se faisait sentir physiquement et la certitude qu’il ne me fallait pas davantage. Je relançai néanmoins notre jeu d’une voix presque machinale et récupérai la bouteille qu’elle s’était octroyée alors qu’elle hésitait. Je ne savais pas vraiment si j’avais envie de continuer longtemps… Probablement pas. Je n’avais plus très envie de bouger et ne me sentais pas le courage de réfléchir bien longtemps. Les rimes seraient sûrement la pire des tortures désormais. Je me sentais parfaitement bien mais drapé d’une paresse totale. Elle choisit une action et, après une seconde de silence, je lui demandai de se faire pardonner de l’affront qu’elle m’avait infligée. J’ouvris la serviette qui reposait sur mes épaules pour qu’elle vienne s’y glisser avec moi et le gloussement qu’elle lâcha m’arracha un sourire amusé.

Et ce sont mes prrropositions qui sont indécentes ?
Quel esprit mal tourné, me défendis-je en riant, c’est juste pour t’éviter d’attraper froid, rien de plus.

Certainement pas pour la sentir tout contre moi et l’enlacer jusqu’à ce qu’elle me supplie de la lâcher. Pas du tout ! Elle laissa filer quelques secondes qui me parurent interminables avant de me rejoindre enfin. Je refermai mes bras autour d’elle avec une tendresse toujours plus grande et oubliai jusqu’aux raisons qui m’avaient rendu boudeur. Je m’en fichais, en réalité, elle était là. Là, notre soirée reprenait les airs parfaits que je lui avais connus un peu plus tôt. Rien n’aurait pu être mieux. Son parfum me montait un peu à la tête, plus grisant encore que tout ce que vous avions bu. Mon étreinte se resserra légèrement. J’avais une chance incroyable. Combien auraient donné n’importe quoi pour être à ma place ? Ses lèvres rejoignirent finalement les miennes et je perdis peu à peu contact avec la réalité, me perdant tout entier dans cet échange. C’était étrange comme aucun changement n’avait résulté de nos confidences — je n’avais pas posé un autre regard sur elle, je ne m’étais pas senti différent non plus, ça n’était qu’un mot posé sur ce que nous vivions déjà depuis des mois — mais en même temps tout avait une saveur nouvelle. Quelque chose d’infime qui se remarquait à peine mais qui, finalement, donnait à chacun de nos gestes un sens plus évident. Et là, tout contre ses lèvres, j’étais incapable de penser à autre chose : elle était amoureuse. C’était idiot. Nous savions. Mais tout de même. L’enfant que j’étais encore et qui n’avait jamais rien vécu de semblable ne pouvait s’empêcher d’être à la fois ravi et un peu intimidé. Ça n’était pas nécessairement une révélation mais ça n’en était pas moins nouveau. Personne ne m’avait jamais dit ça auparavant et, je le reconnaissais volontiers, je n’aurais jamais voulu que quelqu’un d’autre le fasse. C’était elle. Ça l’avait sûrement toujours été. Le temps qui avait semblé se suspendre reprit finalement sa course et nos lèvres finirent par s’éloigner. Le regard d’Erin capta le mien, je gloussai de la plus stupide des manières, un mélange de bonheur violent et d’un soupçon de gêne adolescente.

Et toi ? Tu comptes te fairrre parrrdonner ?

Son sourire mourut presque aussitôt. Il me fallut bien une seconde entière pour réaliser qu’elle n’était pas sérieuse. Une seconde durant laquelle mon coeur se fit douloureux, m’enjoignant avec une brutalité inouïe à tout faire pour la satisfaire. Sûrement qu’il se vit dans mon regard assombri et rendu brillant par l’alcool, ce doute teinté de culpabilité… Heureusement, il ne dura pas et je ricanai une nouvelle fois, sincèrement soulagé.

Pas le moins du monde, soufflai-je avant d’effleurer ses lèvres des miennes.
Voilà ce que je gagne à parrrtager une confession des plus secrrrètes : tu la piétine sans aucun rrremorrrd !

Un énième gloussement, un peu plus assourdi encore que les précédents. À croire que je n’étais plus bon qu’à rire bêtement à la moindre de ses phrases. Je devais bien reconnaître que ça m’allait. Je l’entraînai doucement près du poêle qui se dressait dans un coin et chauffait la pièce sans se faire remarquer avant de me laisser tomber devant sans grâce ni élégance. Un autre jour, sûrement, ce soir ça devenait assez difficile de garder l’équilibre comme ça pour ne pas avoir en plus à réfléchir à l’image que mes gestes brouillons renvoyaient. Je n’étais pas certain que nous ayons réellement besoin de nous réchauffer — pas alors qu’elle était collée à moi ! — mais j’avais bon espoir que nous finirions par sécher et que nous pourrions, éventuellement, finir la soirée dans un endroit fait d’autre chose que de marbre… Comme un lit, par exemple. Je l’attirai à nouveau tout contre moi, assassinant le moindre centimètre qui oserait se dresser entre nous et l’écoutai me reposer la question qui avait rythmé notre soirée.

Vérité.

Aucune hésitation, je refusais de prendre le risque qu’elle m’envoie faire l’idiot à quelques mètres d’elle. Plus maintenant, c’était trop tard, je m’étais trop habitué à cette proximité… Mon regard s’abandonna à la contemplation de son visage alors qu’elle réfléchissait. Mon sourire se fit attendri. Elle était belle. Cette constatation me revenait souvent et je réalisais un peu plus à chaque fois à quel point elle pouvait être vraie. Mes doigts vinrent essuyer une trace de maquillage qui avait coulé. Je me fichais bien de son état, qu’elle soit parfaitement apprêtée ou moins impeccable, elle était absolument magnifique. Mes lèvres se posèrent sur sa joue puis glissèrent doucement dans son cou. Sa peau était encore humide, fraîche et veloutée. Un frisson me courut dans le dos bien malgré moi. Elle sentait bon. Elle avait tout pour elle… Je me risquai à descendre sur son épaule mais les paillettes piquantes du tissu de sa robe me firent battre en retraite.

Comment vas-tu occuper ton été ?

Ça me parut affreusement loin… Il restait au moins trois mois… Le peu que j’avais échangé avec mes parents ressemblait davantage à des menaces à peine voilées qu’à l’ébauche d’un programme estival et le seul dont j’avais connaissance avait été avorté suite à nos manigances. C’était la première fois que j’étais à ce point dans le flou… Normalement, même s’il n’y avait jamais rien de très arrêté si tôt dans l’année, nous commencions à avoir quelques contours qui se dessinaient, des invitations d’amis ou de famille éloignée… des réceptions, des voyages… n’importe quoi. Là, rien. Je me redressai légèrement et plongeai dans le bleu de ses yeux avant de hausser les épaules sans grand entrain.

Nous aurions dû déménager et terminer les travaux de mon futur « chez-moi » mais ce n'est plus vraiment d'actualité, alors…

Je revoyais encore ma mère s’extasier devant des tissus immondes, rêvasser à toutes ces pièces à aménager dans un château qui ne lui aurait jamais appartenu puisqu’il aurait dû être le théâtre de ma vie conjugale… Ces images m’arrachèrent un soupir alors qu’elles me renvoyaient à la triste réalité : rien ne me disait que ça ne serait pas exactement à ça que servirait mon été. Après tout, il était question de repousser cette union le temps que je termine ma scolarité, je devais rester auprès d’Erin jusqu’au bout sous peine de passer l’arme à gauche mais, après, qui savait…? Sûrement que nous aurions pu rajouter une clause au Serment, nous lier pour l’éternité, obliger mes parents à capituler… Mais nous ne l’avions pas fait. Tant mieux, je pense. Si j’étais prêt à leur ôter le choix — encore que, je préférais qu’ils acceptent mes revendications sans avoir le couteau sous la gorge — je ne voulais pas nous l’ôter, à nous. Bien sûr, j’étais prêt à passer chaque minute de ma vie à ses côtés mais qu’est-ce qui nous disait que d’ici un an, ce serait toujours la même chose ? Nous méritions d’être ensemble par envie et non par contrainte, qu’importe que la contrainte vienne de nous ou d’ailleurs…

Je ne sais pas trop… Ils vont se venger et me faire payer d’avoir contrecarré leurs plans, ça, c’est sûr. Du reste... Je crois que je serai heureux de pouvoir passer juste un week-end entier en ta compagnie.

Un nouveau rire, sans joie cette fois-ci. Les vacances n’avaient pas encore commencé que j’avais déjà envie qu’elles se terminent. Je ne savais pas à quoi je devais m’attendre mais j’étais certain de devoir m’attendre au pire. Je m’efforçai de chasser mes craintes et affichai un sourire sincère alors que je reposais les yeux sur elle.

Et toi ? Tu m’abandonnes pour le Grand Nord cette année encore ?

Il fallait bien reconnaître que c’était de plus en plus difficile de supporter cette séparation forcée. L’an dernier, nous avions eu de la chance, une semaine par-ci, quelques jours par là… Le temps passé ensemble était au moins égal au temps passé loin d’elle… Mais cette année ? Je peinais à croire que mes parents puissent accepter qu’elle nous accompagne, où que nous allions, ou que je délaisse nos terres pour me perdre sur les siennes…
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyJeu 6 Mai - 19:06



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Le prince charmant avait quitté son trône au profit d’un petit plongeon dans notre piscine et en était ressorti plus boudeur que jamais, plus trempé également… mais pas moins charmant pour autant. Laissant de nombreuses gouttelettes derrière lui, il s’enroula dans une serviette à la blancheur immaculée avant de revenir jusqu’à moi, s’appropriant la bouteille que mes doigts lui cédèrent sans résister. Les rondeurs sucrées de la liqueur alcoolisée se révélaient dans toute leur traîtrise, alourdissant mes sens en même temps que mes mouvements, menaçant d’endormir ma fougue habituelle pour la remplacer par une ivresse singulière aux intonations sentimentales. Ouvrant son peignoir de fortune en deux — tel un Moïse d’intérieur séparant non pas les flots mais des bouts de tissu — il me somma de me faire pardonner… m’arrachant un gloussement moqueur. L’air mécontent que je lui opposai depuis qu’il avait outrageusement tourné quelques robinets fut chassé sans plus de ménagement — il ne faisait de toute façon pas le poids — et remplacé par une certaine malice. Notre jeu fait d’échanges et de défis avait débuté par mes indécences mais celles de mon meilleur ami n’avaient rien à leur envier. Il réfuta mes accusations, incriminant mes pensées déplacées dans une parfaite démonstration de cette mauvaise foi qu’il maîtrisait si bien. Je levai les yeux au ciel mais j’avais déjà consenti à lui laisser le dernier mot.

Dans un sursaut d’orgueil survivant, je laissai quelques secondes nous filer entre les doigts avant de filer entre ses bras. Tant pis pour cette bataille — aux intensités plus espiègles que réellement belliqueuses — et tant pis pour la victoire : j’abandonnai l’une et l’autre sans le moindre regret pour me glisser tout contre Junior. Nul triomphe n’avait autant de saveur que les instants comme celui-ci ; et nul ne valait la peine d’être vécu s’il se faisait à leur détriment. Ces étreintes étaient celles qui avaient le vrai goût de la victoire, bien plus que d’avoir le dernier mot contre mon meilleur ami. En tout cas, c’était tout ce qui m’importait maintenant, et tant pis pour l’orgueil et la mauvaise foi que je négligeais si éhontément. De toute façon, même ces deux-là peinaient à se révolter tandis que le bras de Junior se refermaient autour de moi, m’enveloppant d’une double étreinte que la serviette moelleuse rendait plus chaleureuse encore. Sa présence apaisait déjà tous les maux, elle se révélait capable ce soir d’en faire de même avec les velléités naissantes de querelle inutile — alors qu’elle était leur première fomenteuse depuis la nuit des temps. En fin de compte, les menaces de cette ivresse particulière avaient pris corps et les autres envies avaient disparu pour laisser la place toute entière à celle d’une étreinte sans fin.

Ses lèvres avaient ce goût extraordinaire de toujours et de nouveauté, comme si nos confidences — qui n’en étaient pas vraiment puisque nous n’avions rien avoué de terriblement nouveau ; non, nous nous étions contenté de soulever ce voile qui reposait sur des sentiments facilement reconnaissables pour tout initié — ajoutaient une couleur inédite à un tableau qui n’avait rien d’inchangé. Une teinte saisissante faite de contrastes troublants et d’une myriade de petites choses, de ce ravissement enfantin à ce plaisir plus adulte en passant par ces délicieux frissons qui n’en finissaient plus de danser à la surface de ma peau. La fin de notre baiser marqua nos retrouvailles avec ces fausses bouderies dont nous nous servions pour obtenir une quelconque faveur de l’autre. En vain, pour ma part. Judas se contenta d’effleurer mes lèvres après avoir consciencieusement piétiné mes peines et mes chagrins, refusant tout net de se faire pardonner. Vil personnage que celui-ci dont l’étreinte m’empêchait de fuir. Pour aller où, de toute façon ? Je souffrais probablement d’un syndrome très grave qui me poussait à éprouver une terrible affection envers mon bourreau. C’était regrettable, d’autant plus qu’il n’avait aucune pitié, aucun remord et qu’il confirma mes dires en gloussant le plus naturellement du monde. « Monstrrre » soufflai-je avec bien peu de convictions. Aussi difficile que ce soit de l’admettre, je devais me rendre à l’évidence : j’étais irrémédiablement perdue, sans aucune chance de m’en sortir. Alors, quitte à souffler les dernières braises d’un espoir de salut quelconque, autant le faire auprès de ce poêle accueillant vers lequel m’entraînait mon meilleur ami.

Je le suivis dans sa chute sans faire d’histoires, ignorant l’absence d’élégance induite par tout cet alcool que nous avions bu sans vraiment nous arrêter. Cette transition se révéla responsable d’un bref éloignement que Junior assassina tout aussi rapidement, m’attirant derechef contre lui, ne laissant pas la moindre chance à une quelconque distance de subsister. Je me laissais faire, plus docile que jamais, parfaitement consentante pour laisser cette douce étreinte retisser notre bulle autour de nos silhouettes trempées. Il referma la serviette sur mon dos, tandis que je passais mes jambes autour de sa taille, en profitant pour égarer un baiser le long de sa mâchoire. Il faisait bon et l’ambiance était douce, sans que le poêle y soit pour grand-chose. Son existence me rappelait celle, plus salvatrice encore, d’un autre chauffage d’appoint dans une cabane plus miteuse que cet abri-ci, dans un monde qui s’était fait le commencement de cette certitude dévorante qu’il était parmi ce qui m’importait le plus, si ce n’était tout. Toute cette agitation m’avait rendue un peu plus indolente, engourdissant mon esprit et faisant peser sur mes épaules une fatigue artificielle. Ça n’était pas tant l’envie de dormir qui était la plus forte que celle de me nicher dans un coin confortable avec mon meilleur ami et de ne plus en bouger de toute la soirée, de toute la nuit même. L’ébauche d’une idée perça les brumes de l’alcool. Mais avant toute chose, il me fallait réfléchir à cette vérité que Junior venait de choisir. Ses caresses ne m’aidaient pas vraiment à me concentrer. Son pouce sur ma peau chassa quelques premières esquisses puis ses lèvres en firent de même en s’égarant au creux de mon cou, et le frisson qui en était né ne me facilita pas la tâche. Mes paupières alourdies par le rhum glissèrent sur mes yeux clairs et lui continua de réchauffer ma peau de caresses merveilleuses… s’arrêtant bien trop vite à mon goût. Je clignai une fois ou deux pour en chasser les ombres assoupies mais tenaces et, portée par le visage de Junior tout près du mien ainsi que les fragrances d’été qui embaumaient toujours les lieux, me fendis finalement d’une question.

Plusieurs semaines nous séparaient encore des vacances d’été mais, déjà, la perspective de les passer loin de lui suffisait à me tirer de cette léthargie alcoolisée. Quant à celle qu’il dessina après quelques secondes de réflexion… elle me laissa un goût amer en bouche. L’imaginer prévoir sa vie outre-manche me nouait le ventre, d’une façon qu’il était seul capable de provoquer et me ramenait à certaines heures sombres qu’il ne me plaisait pas de ressusciter. Peindre mentalement des toiles le représentant dans un château au style typiquement français, occupé à choisir la couleur de ses rideaux ou celle des tapis qui rendraient les pièces trop grandes un peu moins austères, me donnait aussitôt envie de les brûler. Je ne dis rien — moins par diplomatie qu’à cause de cette liqueur qui alourdissait ma véhémence et rendait ma langue pâteuse — mais la flamme qui déborda de mes prunelles opalines en disait bien assez à elle seule. Ce n’était plus d’actualité… Ces quelques mots suffirent à apaiser le feu de la tourmente, mais pas à l’éteindre complètement alors que sa phrase restait coincée entre trois petits points de suspension, comme bien d’autres choses. Son regard se voila brièvement — probablement projeté sur un jour quelconque de juillet ou d’août à se demander où il serait et ce qu’on attendrait de lui — avant qu’il ne poursuive avec des prévisions bien peu optimistes.

Une bouffée de refus m’envahit. Je ne voulais pas de l’été qu’il dessinait. J’en refusais chaque contour avec une violence qui ralluma l’étincelle brûlante de mon regard. Je me redressai, m’écartant sans le penser de cette douce étreinte, la serviette glissant de mes épaules comme pour mieux me renvoyer au froid glacial que m’imposait ces conjectures. Deux mois, c’était déjà long en temps normal, trop long… et, là, ça me semblait pire encore. Les vacances d’été n’avaient plus rien de ces semaines salvatrices loin d’une école souillée par la vermine ; elles devenaient des journées trop longues dénuées de la présence de mon meilleur ami. « Loin de moi l’envie de t’abandonner. Je m’en voudrrrais d’autant plus de te laisser seul face aux ennuis… » fis-je avec une nonchalance dans la voix qui n’atteignait nullement mon regard. Il y avait cette certitude, profondément ancrée, que je ne voulais plus de lui loin de moi, encore moins de moi loin de lui, sans que la moindre solution pérenne ne se dessine. Les rêves d’enfants ne tenaient plus face aux ambitions adultes de ses géniteurs et aux plans qu’ils fomentaient pour lui. « Mais, oui, nous allons sûrrrement passer un temps au manoirrr… où tu es le bienvenu. » Il était impensable de ne pas profiter de notre été pour retourner sur nos terres natales où les jours vivaient à rallonge, où l’air était si pur, où nous étions libres de jouir de tous nos droits naturels. En revanche, je ne pensais pas y dédier l’entièreté des huit semaines, surtout si la présence de Junior conférait des attraits bien supérieurs à Londres. Encore fallait-il qu’il ne soit pas de l’autre côté de la Manche à ce moment-là… « Tu sais, l’été est encorrre loin, j’ai tout le temps d’apprrrendrrre à trrrafiquer des porrrtoloins » suggérai-je avec un peu plus d’amusement que n’en avait provoqué en moi cette conversation depuis son début… sans me départir d’un fond de sérieux. Fuguer ne faisait pas partie de mes ambitions, loin de là, mais être séparée de mon meilleur ami non plus. Ne pouvions-nous pas simplement profiter de nos vacances comme cela nous chantait, profitant de notre majorité pour nous soustraire au joug parental ? Si seulement…

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyJeu 6 Mai - 23:13



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Mes bouderies, si elles en étaient vraiment, ne mirent pas longtemps à disparaître. Le temps de quitter le bassin, de récupérer une serviette et de m’y enrouler, guère davantage… Au moment même où mon regard se reposait sur Erin, tout ce que je pouvais lui avoir reproché s’était envolé pour ne plus laisser que l’envie de la retrouver. Notre jeu m’offrit une occasion parfaite pour ça. Puisqu’elle voulait jouer les courageuses à se voir offrir un gage, et bien qu’elle vienne donc se faire pardonner son outrage ! Elle eut beau se moquer — comme toujours — et me faire languir un peu, elle me rejoignit malgré tout et se laissa tant enlacer qu’envelopper du tissu moelleux qui m’entourait déjà. Je ne pensais déjà plus aux affronts que j’avais subis par sa faute, ça me semblait désormais sans importance. Elle était là. Qu’est-ce qui aurait pu compter plus que ça ? Je ne savais pas si c’était sa présence, l’heure avancée ou mon début d’ébriété mais j’avais la délicieuse impression que l’humanité avait complètement cessé d’exister, comme s’il n’y avait rien d’autre sur Terre que cette salle de bain luxueuse et sa cascade qui continuait à clapoter dans notre dos. Rien ni personne ne pourrait jamais venir nous déranger. Nous étions seuls au monde et rien n’aurait pu être plus agréable à l’instant. Dehors, la nuit tombait lentement, offrant à notre intimité des lueurs tamisées qui lui allaient à merveilles. Ses lèvres se posèrent sur les miennes et je sus — si j’en avais douté rien qu’une fois — que je voulais vivre des instants comme celui-ci jusqu’à la fin de ma vie. C’était à la fois parfaitement habituel et étrangement différent. C’était nous, dans l’expression la plus tendre de notre relation, mais relevé d’un quelque chose que j’aurais eu bien du mal à expliquer. Peut-être que, sous couvert de leur inutilité, nos confidences avaient finalement eu un rôle à jouer ? Était-ce les dernières barrières que nous refusions de voir céder qui s’étaient écroulées ce soir et qui donnait à ce baiser un goût si particulier ? Mettre des mots sur ce que nous vivions l’avait probablement rendu plus réel. Et cette saveur presque inconnue n’était peut-être que nos sentiments défaits de leur carapace d’amitié ? J’aurais voulu que ça ne s’arrête jamais. Que ses lèvres gardent ainsi possession des miennes pour toujours… Mais mes espoirs restèrent vains et notre échange, aussi extraordinaire soit-il, prit fin. J’étais un peu ailleurs. J’étais bien. Heureux. Je l’étais souvent lorsqu’elle était à mes côtés mais ce soir-là dépassait, je crois, tout ce que j’avais pu connaître un jour. Tout me semblait bien plus fort, bien plus évident, sans filtre et sans fard… Ce qui ne m’empêcha pas de l’embêter encore et de refuser de me faire pardonner à mon tour. Après tout, j’étais la victime de cette affaire, pas le coupable.

Monstrrre.
Le pire d’entre tous.

Le sourire amusé qui ne me lâchait pas laissait facilement entendre à quel point j’étais blessé par cette accusation éhontée et sans fondement… Si blessé même que je refusais de la laisser derrière moi alors que je prenais le chemin du poêle. Je n’avais pas froid — comment le pourrais-je alors que la plus belle des demoiselles n’avait pas hésité bien longtemps avant de se blottir tout contre moi ? — mais je ne pouvais m’empêcher d’espérer que nous sécherions plus vite et que notre aventure pourrait se poursuivre ailleurs, là où cette serviette ne serait pas la chose la plus confortable de la pièce. Je rêvais d’un lit où passer la nuit, même le coussin géant qu’elle avait fait apparaître bien des mois plus tôt m’aurait parfaitement convenu. Peu importe tant que nous pouvions arracher d’autres heures à la décence pour nous les approprier tout en étant mieux installés. Je me laissai tomber près du feu, assassinant à nouveau la distance dès qu’Erin m’eut rejoint, et lâchai un soupir satisfait avant qu’elle ne reprenne le cours de notre jeu. Vérité, évidemment. Je n’avais pas l’intention de bouger ni même de prendre le moindre risque qu’elle m’oblige à le faire. Je voulais rien d’autre que ça, rien que cette torpeur tranquille et câline… Mes doigts glissèrent sur sa joue, mes lèvres les remplacèrent avant de filer dans son cou. Elle se laissa faire. Alors que je m’égarais un peu plus et pour la première fois depuis que nous nous étions enfermés ici, je regrettai nos tenues inappropriées. J’aurais voulu continuer à couvrir de baisers sa peau mouillée sans craindre la barrière désagréablement pailletée de sa robe. J’abandonnai bien vite et elle ne parut pas m’en tenir rigueur, lâchant enfin sa question… à laquelle je ne sus quoi répondre. Je savais ce qui avait été prévu et contre quoi nous avions oeuvré mais je n’avais pas la moindre idée de ce qui était censé remplacer. J’imaginais sans mal qu’on me traînerait ici ou là, qu’importe tant qu’elle n’y serait pas, qu’on refuserait de la compter parmi nous, de nous offrir des moments délicieux à arracher à l’autorité parentale, que je pouvais oublier jusqu’à l’idée de revoir à nouveau les paysages de sa Norvège natale… Ça ne serait pas les meilleures vacances de ma vie, mon père y veillerait sans l’ombre d’un doute. Et je savais tout aussi bien que je ne m’y opposerais pas, que ce serait contreproductif de le braquer davantage. Mais, évidemment, ces perspectives ne plaisaient pas à ma meilleure amie dont le regard en disait bien long. Qu’elle se rassure, elle ne me plaisaient pas davantage ! Mais je ne me faisais pas d’illusions. Elle se redressa, s’éloigna, quitta même le cocon moelleux de notre serviette.

Eh… soufflai-je faiblement alors que le tissu se remettait à pendre sur mes seules épaules.
Loin de moi l’envie de t’abandonner. Je m’en voudrrrais d’autant plus de te laisser seul face aux ennuis…

Quels ennuis ? Tout ce que je risquais était de nouvelles disputes — je m’y attendais — qu’on me fasse savoir à quel point je n’étais qu’un gamin capricieux et irresponsable et que ce que je pouvais vouloir ne valait rien face aux sacrifices que je devais docilement consentir à faire pour les miens — je commençais à connaître la chanson — voire, à la limite, de perdre du temps à préparer un avenir qui n’arriverait pas. Jamais. Et quoi qu’on puisse en dire, mon choix était fait. Je voulais juste sauver les meubles, éviter le pire autant qu’il m’était possible de faire. Mais si je devais sacrifier quelque chose, ça ne serait pas elle. Et dans la chaleur humide de cette salle de bain, au milieu des échos de ses confidences, ça me paraissait plus évident encore. Comment pourrais-je tirer un trait sur la seule personne au monde capable de me faire me sentir à ce point vivant, entier ? Je me fichais bien de regarder des coupons de brocart immondes à m’en abîmer la rétine si ça pouvait faire plaisir à ma mère et apaiser les tensions le temps d’un été. Ça ne voulait rien dire, je n’envisagerais pas pour autant de m’étendre sur les canapés qui en seraient recouvert ou d’imaginer faire ma vie dans les pièces qu’ils décoreraient. J’aspirais à autre chose. Et plus les jours passaient plus ça devenait clair.

Mais, oui, nous allons sûrrrement passer un temps au manoirrr… où tu es le bienvenu.
Tu vas affreusement me manquer.

Ma sincérité était tachée d’une moue exagérément attristée, de grands yeux larmoyants posés sur son joli minois. Nous avions le temps, encore, l’été n’était que dans plusieurs mois mais, déjà, l’idée même de la savoir loin de moi avait fait tomber un poids dans mon estomac. Il n’y avait qu’à voir la torture que représentait rien qu’une journée de cours qui n’était pas partagée avec elle pour comprendre l’étendue du problème ! Ça paraissait insurmontable et même si je m’efforçai de ne rien laisser paraître, mon regard brillait d’une lueur désespérée. Après avoir goûté à ces semaines estivales entrecoupées de moments délicieux en sa compagnie, je n’avais pas envie d’avoir à y renoncer… et pourtant… Sûrement que ça ne serait pas de notre seul ressort. Oh, bien sûr, j’étais majeur mais je doutais sincèrement que ça puisse changer grand chose à la situation. Pas cette année, pas alors que mes parents avaient dû renoncer à beaucoup parce que nous les y avions contraints, pas alors que toute cette année n’avait été qu’une bataille sans fin…

Tu sais, l’été est encorrre loin, j’ai tout le temps d’apprrrendrrre à trrrafiquer des porrrtoloins.

Sa proposition me fit glousser doucement. Je n’étais pas certain d’avoir envie de risquer ma vie à nouveau mais il fallait bien reconnaître que sa proposition — dont j’étais incapable de distinguer la véritable nature — était des plus alléchantes. Je repoussai une mèche qui lui tombait devant le visage d’un geste tendre.

Et nous perdre dans un désert hostile au bout du monde…? Entourés de créatures dangereuses et sanguinaires…?

Ma voix n’était plus qu’un souffle. Je retraçais du bout des doigts les traits fins de son visage. J’étais amoureux. Éperdument. Et je repensais sans vraiment m’en rendre compte à cette errance polaire où j’avais commencé à m’en rendre compte… à une lenteur affolante… sans vraiment savoir si c’était la vérité ou un délire de mon esprit perpétuellement coincé dans un entre-deux somnolent pour faire passer le temps…

Est-ce qu’on pourra trouver une nouvelle cabane rien qu’à nous où personne ne viendra jamais nous chercher ?

Qu’importe qu’elle soit aussi miteuse que la dernière fois. Mon doigt effleura ses lèvres, ma langue passa distraitement sur les miennes. Je n’avais jamais quitté tout le confort auquel j’étais habitué, mes vacances s’étaient toujours passées dans des hôtels ou des demeures à la hauteur de mes attentes jusqu’à cet incident qui aurait pu nous coûter la vie à tous les deux… Et dans cette cabane de tôle, au milieu des meubles branlants et de la poussière accumulée par les ans, j’avais eu l’impression d’être chez moi. Parce qu’elle était là. Parce que personne ne pourrait jamais me l’arracher. C’était nous et nous seuls. Tout avait semblé possible. Compliqué, certes, mais possible. Et même des mois après, la première chose qui me revenait quand je repensais à tout ça, ça avait été cette certitude là, alors que nous étions étendus sur le lit en attendant que les secours n’arrivent : j’avais été prêt, le plus honnêtement du monde, à renoncer à tout pour un peu qu’elle soit là. L’ordre de mes priorités avaient été bouleversé d’un coup d’un seul et je me demandais encore parfois ce qu’il en aurait été si nous n’étions jamais rentrés… Je n’en savais rien. Nous n’aurions pas pu rester dans cette cabane, c’était un fait. Et puis, est-ce que nous aurions seulement survécu ? Je n’en étais pas certain. Je m’étais blessé deux fois en deux jours et nous avions été à deux doigts de servir de dessert à un ours… J’en avais fait souvent des cauchemars, d’ailleurs. Ils me revenaient toujours de temps en temps. Je n’avais jamais cru que le traumatisme s’accrocherait si longtemps. Nous n’en avions jamais reparlé, je n’en avais jamais reparlé à qui que ce soit… Ma main s’égara dans sa nuque, fuyant dans la masse brune de ses cheveux humides.

Parce que si c’est le cas, je ne promets pas de t’en laisser repartir un jour.

Comme la sienne l’avait été quelques secondes plus tôt, ma voix se paraît d’un amusement évident sans jamais se défaire de toute trace de sérieux pour autant. Nous étions majeurs, débarrassés à tout jamais de la Trace et en mesure de transplaner, nous serions libres, vraiment, complètement… Que risquerions-nous à ne jamais rentrer…?
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptySam 8 Mai - 14:43



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )

Un léger courant d’air tira parti de l’affaissement de la serviette pour se glisser d’une épaule à une autre, tel un soupir tiède qui me sembla glacé, s’attardant sur ma nuque et lui tirant un frisson qui n’avait rien de plaisant. Les flammes de mon regard en disaient long sur ce que m’inspiraient les journées d’été esquissées par Junior. Il se formalisa faiblement de mon recul tandis que je me laissais emporter — avec plus de véhémence — par ces considérations qui s’étaient glissées avec nous sous cette bulle de coton blanc. Se heurter à la réalité qui avait cours, à l’extérieur de ce petit bout de royaume, n’avait rien d’agréable. Poudlard et sa décadence — aussi écoeurantes soient-elles — nous offraient tout de même des frontières au sein desquelles nous pouvions rester aveugle du reste du monde et jouir de la présence quasi constante de l’autre. Mais au-delà de ces bordures érigées en protectrices, les ambitions paternelles projetées sur Junior ne s’étaient pas estompées simplement parce que nous étions parvenus à repousser l’échéance de son départ ; les desseins parentaux ne s’étaient pas effacés parce qu’il s’y était opposé. Quelque part dans Londres, ils continuaient de se former, envers et contre ce qui n’était qu’un contretemps pour ces silhouettes adultes. Viendrait le moment où les doigts de la destinée s’agiteraient pour réclamer leur dû… et, à ce moment-là, est-ce qu’il était naïf de croire que nous aurions déjà trouvé une parade plus pérenne ou bien faudrait-il de nouveau agir dans l’urgence pour ne pas se perdre ? C’était lassant… mais il aurait été utopique et bien naïf de croire que les plans de sa famille se seraient si facilement ajustés à nos envies. Nous les avions retardés, nullement modifiés.

J’aurais pu lui tenir rigueur de la nonchalance avec laquelle il parlait d’un été duquel nos retrouvailles loin du monde ne feraient pas partie, m’aveugler d’une mauvaise foi exacerbée par la vexation et croire qu’il se fichait bien de passer ses vacances loin de moi, rompre ainsi — sans aucun doute — le charme de l’instant et tracer la voie à une querelle qui marquerait la fin de notre soirée. Ça n’était pas si éloigné de nos habitudes, ça n’avait rien d’invraisemblable. Mais, même si je l’avais voulu de toutes mes forces, même si un élan impulsif m’avait poussé à ronchonner mon mécontentement, même si l’idée de me draper d’offense m’avait effleurée, ces impulsions auraient fondu aussi rapidement qu’un minuscule flocon de neige confronté à la chaleur d’une peau dorée par le soleil. Le courage dont il avait fait preuve en s’opposant frontalement à ses parents — lui qui n’avait jamais envisagé d’être autre chose que l’image qu’ils se faisaient du fils et de l’héritier parfait — avait reconstruit toute la confiance sérieusement abîmée par quelques épreuves… Et bien plus encore : il l’avait rehaussée d’un quelque chose en plus, d’une admiration teintée de tendresse et d’une gratitude qui venait sûrement faire briller, de temps à autres, mes prunelles claires d’un feu silencieux. Sans compter les douces confessions de tout à l’heure qui ne pouvait que renforcer cette confiance déjà absolue. De lui, je ne doutais plus le moins du monde. Des intentions parentales et des jeunes filles françaises minaudant auprès de ce parti idéal, en revanche, beaucoup plus.

Mon air vaguement renfrogné s’effaça à la rencontre de ses grands yeux plaintifs et de ses paroles qui trouvaient un triste écho en moi. « Toi aussi » soufflai-je avec autant de sincérité que d’abattement. Alors on se résolvait à cet été loin l’un de l’autre sans plus se démener pour trouver une quelconque parade à ces jours qui s'annonçaient bien ternes ? « Quand est-ce qu’il arrriverrra, le jourrr où nous n’aurrrons plus à nous battrrre ? » Mon soupir porté par cette ivresse plus lourde à chaque seconde et ces considérations qui suivaient la même tendance accrocha une moue boudeuse sur mes traits. Nous n’allions pas nous disputer, pas maintenant, pas alors que tous nos griefs se portaient contre d’autres, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’éprouver quand même des vagues violentes de contrariété. Il allait me manquer, oui, affreusement, mais je n’aimais pas la fatalité contenue dans ces quelques mots. Je voulais une suite, des idées plus ou moins lumineuses qui transformeraient ce manque en la certitude que nous allions pouvoir le combler. Je voulais pouvoir le retrouver, aussi souvent qu’il nous chantait, et bénéficier de la même absence de contrôle dont nous jouissions au château. Des envies très simples mais qui se heurtaient à la contradiction de ces désirs familiaux… qu’il m’aurait bien plu de brûler jusqu’à la racine. Cette année était celle de toutes les alliances et de toutes les unions sans qu’aucune ne soit à mon goût. Si devenir adulte impliquait ces batailles à répétition concernant des mariages et des noces indésirables, la majorité perdait de son charme.

Le sérieux et la plaisanterie se mêlèrent dans ma voix, sans que, même moi, je ne sois en mesure de décréter la part occupée par chacun. Je n’avais jamais sciemment envisagé de créer panique et inquiétude chez les miens en disparaissant du jour au lendemain — l’année dernière avait été une fois indépendante de notre volonté à tous les deux. D’autant plus que cet été s’annonçait intéressant de bien des points de vue. Hannibal terminait sa scolarité et entrerait dans les sphères plus adultes dès sa sortie de Poudlard ; Grand-Père nous emmènerait certainement, maintenant que nous étions majeurs, Finn et moi, à la rencontre de personnages d’influence qu’il nous serait favorable de rencontrer au vu de nos ambitions professionnelles, et ainsi, Londres s’avèrerait bien captivant. Des attraits qui ne faisaient guère le poids contre la présence de mon meilleur ami et le souvenir de cette cabane perdue au bout du monde. Il chassa une mèche de mon visage, emportant avec elle toutes les préoccupations qui ne le concernaient pas directement, rendant plus alléchante encore l’idée de s’enfuir dans un autre cabanon. Ses réticences étaient négligeables à côté des caresses qu’il égarait sur ma peau. Je dodelinai légèrement de la tête, emportée par l’alcool et ses attentions dans un autre temps où nous avions égaré des tendresses similaires, accompagnés d’un gant et d’une eau tiède pour nous débarrasser de la crasse accumulée. J’avais une furieuse envie d’y retourner. Peut-être pas dans cet exact danger qui avait accompagné chacun de nos pas, pas plus que de retrouver la compagnie des créatures pleines de désespoir qui s’en étaient prises à mon meilleur ami, ou de cet ours sanguinaire qui avait fait d’un moldu son repas, mais dans cette intimité la plus parfaite où avaient commencé à se dessiner des vérités en filigrane. « Je suis cerrrtaine que des cabanes plus agrrréables existent. Ni déserrrt hostile, ni crrréaturrres dangerrreuses. Ça pourrrait êtrrre un bout du monde plus clément et accueillant, sans rrrien de rrredoutable. » Une campagne isolée je ne savais où, une cabane en forêt délaissée par les hommes, des ruines sur une colline où l’animal le plus inquiétant serait un mulot. Sans aucun doute, cette terre regorgeait d’endroits aussi retirés que le taudis de tôle rouge aux meubles croulants sous une poussière centenaire, mais bien plus chaleureux. C’était un idéal chimérique… qui faisait battre mon cœur d’un souhait bien réel.

À la question de Junior, j’hochai la tête sans hésiter, sans même réfléchir à la question. Tout ce qu’il voulait, nous le pouvions, et plus encore. « Une cabane, une maison, un château même, tout ce que tu veux. » Un lieu à nous duquel personne ne serait en mesure de venir nous enlever et où nos règles feraient loi. Peut-être que l’on viendrait nous y chercher malgré tout — je peinais à imaginer sa chère mère se satisfaire de ne plus jamais voir son fils unique et chéri — mais nous déciderions des invités autorisés et, le soir venu, nous pourrions nous y retrouver sans que personne ne puisse redire à cela. Un royaume aux frontières visibles, fait de pierres solides et où chaque centimètre carré nous appartiendrait, sans rien ni personne pour venir nous dire quoi faire, comment, où et avec qui. Une cabane en fer rouge et aux recoins rouillés, en mieux et à nous. Des rêves d’enfants sous forme adulte, en somme. Mes lèvres s’étirèrent en un sourire appelé ailleurs quand son doigt les effleura et mes yeux quittèrent le bleu des siens pour s’égarer sur le rose des siennes. « Impossible. » Sa main déclencha une nouvelle série de frissons dotés d’un piquant parfaitement plaisant. Abandonnant l’éloignement induit par les perspectives estivales, je laissai mes doigts danser sur son avant-bras. « Parrrce que c’est mon prrrojet à moi, de ne jamais t’en laisser rrreparrrtirrr. » J’affectai un air faussement désolé mis à mal par un sourire qui se faisait plus rieur à chaque seconde, bien que relevé d’un sérieux qui semblait accompagner cette discussion de bout en bout. Pas de peut-être ni de fausse négation : qu’il se trouve d’autres promesses à ne pas tenir, je conservais celle-ci.

@C. Junior d'Archambault

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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyDim 16 Mai - 15:34



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Les vacances à venir ne s’annonçaient pas très enthousiasmantes, c’était un fait. J’aurais voulu pouvoir faire des projets un peu fous avec elle, envisager de ne pas nous lâcher rien qu’un seul jour, rêver à l’été le plus délicieux du monde mais je n’y croyais pas beaucoup. On veillerait à me tenir loin d’elle, on s’assurerait qu’elle ne viendrait pas mettre à mal tout ce que mes parents pouvaient vouloir pour moi… C’était normal. Nous avions passé des semaines à lutter contre leurs décisions et nous n’avions reculé devant rien pour les faire plier… J’avais mis ma vie en jeu pour rester à ses côtés. C’était, à mes yeux, sans danger, bien sûr, mais ça n’en restait pas moins radical. Comment pourraient-ils prendre le risque de nous laisser ensemble loin des murs de Poudlard, majeurs et jouissant d’une liberté nouvelle ? Si rien ne nous avait vraiment arrêté ici, ils devaient sûrement savoir que rien ne nous arrêterait en dehors. Est-ce que ce serait vraiment le cas…? Honnêtement, je n’en savais rien. Peut-être… Peut-être pas… C’était étrange de voir comment tout ce que j’avais toujours attendu de vivre un jour dans ma vie d’adulte peinait à passer les barrières de la relation que nous entretenions. L’image que je pouvais avoir d’une épouse ne parvenait pas à se plaquer sur elle. C’était troublant. Bien sûr, je voulais passer le reste de mon existence à ses côtés, bien sûr j’étais prêt à lui jurer amour et fidélité jusqu’au dernier de mes jours mais sûrement que notre bataille s’arrêterait là, en réalité. Détruire ce qu’ils essayaient de construire pour moi et puis voilà. J’avais du mal, je crois, à imaginer ma sauvage Erin enchaînée d’une quelconque manière. Et quand bien même l’évidence se faisant plus flagrante de jour en jour — c’était exactement pour ça que je m’étais lancé dans cette guerre idiote : pour que personne ne puisse jamais me l’enlever, pour qu’elle finisse par devenir mienne — une part de moi ne le lui souhaitait pas. Elle était trop libre, trop indépendante, trop elle en réalité, pour passer sa vie à devoir composer avec des contraintes sans âge. Je la voulais heureuse, plus que tout autre chose, mais peinais à l’envisager dans un cadre comme celui-ci. Ce serait d’autres batailles, encore et toujours… Est-ce que je m’étais lancé tête baissée dans une affaire qui ne trouverait, sans doute, que peu d’issues positives ? C’était probable, oui. Il n’y avait eu que ses larmes et l’envie de les faire cesser. J’aurais tout accepté, ce soir-là, pour un peu qu’un sourire fleurisse à nouveau sur ses lèvres. Pour autant, même des mois après, je n’avais aucune envie de renoncer. Nous étions trop engagés dans ce combat pour faire machine arrière maintenant.

Toi aussi. Quand est-ce qu’il arrriverrra, le jourrr où nous n’aurrrons plus à nous battrrre ?
Bientôt, je te le promets.

Mais je savais d’avance que ma promesse était vaine, quand nous aurions remporté cette bataille, d’autres arriveraient par la suite… Mais je repoussai cette idée fataliste et décidai de m’accrocher à ce que nous pouvions contrôler. Avant la fin de cette année, je me le jurai, nous serions libérés de ces histoires d’union arrangée. Qu’importe si je devais renoncer à tout pour elle, qu’importe si je devais tirer un trait sur mes parents. Elle valait bien ça. Nous n’aurions plus à craindre qu’on se dresse entre nous, encore et encore.

Tu peux me réserver tout de suite tes prochaines vacances, tu ne passeras pas un seul jour sans avoir à me supporter.

Mon sourire se voulait rassurant, confiant peut-être aussi. Ça n’arrangeait peut-être pas grand chose pour cet été mais ça ne serait plus qu’une question de temps. J’avais bien conscience qu’elle s’était montrée d’une patience incroyable, déjà… Mais coincé ici, soumis au bon vouloir paternel — il répondait à mes lettres quand bon lui semblait et je ne pouvais pas vraiment faire mieux que d’attendre qu’il le fasse — la marge de manoeuvre qu’on me laissait restait des plus limitées… Ça ne l’empêcha pas de retrouver son sourire et de commencer à faire des plans pour que nous nous échappions. Je ne me fis pas prier pour entrer dans son jeu, espérant peut-être un peu que tout ceci ne soit pas qu’une plaisanterie. Après tout, qu’est-ce qui nous empêcherait de le faire vraiment ? Tout quitter deux ou trois jours, sans rien dire à personne, et partir au bout du monde pour profiter d’une intimité bien méritée ? Qui pourrait nous le reprocher ? Bon, d’accord, le monde entier… de ses parents aux miens en passant par tous ceux qu’ils alerteraient en remarquant notre disparition… Mais est-ce que c’était très important ? Absolument pas ! Tous les risques et toutes les remontrances étaient bonnes à prendre pour un peu que nous puissions vivre quelques jours de vacances dignes de ce nom ! Ce qui tranchait assez avec ma volonté de ne pas trop faire de vagues pour éviter de braquer mon père plus encore… C’était tout le problème de cette plaisanterie, elle était trop vraie pour m’inquiéter des conséquences et trop fausse pour ne pas avoir envie d’y plonger… Mes doigts abandonnèrent des caresses sur son visage, profitant de cette tranquillité enveloppante. Il y aurait bien un moment où le quotidien reprendrait ses droits sur nous, nous poussant à nous éloigner à nouveau, aussi je ne voulais pas perdre la moindre tendresse…

Je suis cerrrtaine que des cabanes plus agrrréables existent. Ni déserrrt hostile, ni crrréaturrres dangerrreuses. Ça pourrrait êtrrre un bout du monde plus clément et accueillant, sans rrrien de rrredoutable.
Ça ressemble au Paradis, mon ange, gloussai-je à sa proposition.

Tout ce qui avait pu être un problème l’an dernier envolé, il ne resterait plus qu’un endroit rien qu’à nous et des heures à tuer de la plus douce des manières. Je voulais que nous nous perdions en caresses somnolentes, qu’il n’y ait pas mieux à faire que de s’enivrer de la présence de l’autre, les minutes étirées à l’infini par un ennui bienvenu… J’en avais envie. Quand bien même l’idée n’était pas très bonne, je voulais que notre été ressemble à ça. Oh, pas tout, bien sûr, mais juste un moment, comme une pause méritée au milieu de deux mois en Enfer. Ça n’était tout de même pas trop demandé, si ? Erin hocha la tête et ce simple geste me fit étouffer un rire amusé. En réalité, je voulais quelque chose qui ressemblait à ce soir. Une légèreté tranquille, une proximité rassurante, des ennuis tenus à distance par cette ivresse joyeuse… C’était l’un des plus beaux moments de cette année, il méritait d’être répété cet été.

Une cabane, une maison, un château même, tout ce que tu veux.

La première chose qui me vint à l’esprit, la plus sincère aussi, fut que tout ce que je voulais, c’était elle. Rien ne passa mes lèvres et pourtant je sentis mes joues se colorer un peu. C’était affreusement vrai. Je renonçais à un château pour être avec elle. J’avais été prêt à rester dans une cabane pitoyable pour être auprès d’elle. J’avais eu le malheur de comprendre que tout le luxe dans lequel je me prélassais d’ordinaire, tout le confort que j’affectionnais depuis toujours ne faisaient pas le poids face à sa présence. Je tirerais un trait sur tout ça sans l’ombre d’une hésitation pour la promesse d’une vie à ses côtés.

Je m’en fiche… mais je veux un lit moelleux. Et une douche, aussi. Et une vraie cuisine… avec un elfe. Et une piscine…

Un air innocent au possible et je pouffai à nouveau. Seule la douche était non-négociable, nous avions déjà donné la dernière fois ! Si je ne regrettais pas le moins du monde le moment toilette passé au pied du poêle, je n’étais pas certain d’avoir envie de passer à nouveau plusieurs jours dans la crasse. Surtout pas si nous pouvions l’éviter ! Mon doigt effleura ses lèvres, ses yeux se posèrent sur les miennes qui s’étirèrent dans un sourire joueur. Je m’approchai assez pour frôler sa bouche, bien trop peu pour y laisser un baiser et reculai, l’air de rien, avant de lui faire part des risques qu’elle encourrait à passer une partie de l’été dans une cabane avec moi… elle n’en repartirait probablement jamais.

Impossible. Parrrce que c’est mon prrrojet à moi, de ne jamais t’en laisser rrreparrrtirrr.

Sa main se posa sur mon bras, y abandonnant quelques caresses abstraites. Chacune d’elles m’arracha un frisson plus agréable encore que le précédent. Est-ce que c’était cette bulle rassurante, nos confidences ou bien l’alcool qui me faisait percevoir chacun de ses gestes comme plus intimes qu’ils ne l’avaient jamais été…? Je n’en savais trop rien. Peut-être un peu des trois…

Je l’ai dit en premier, me plaignis-je un peu à contre-temps, bercé par ses attentions. Vilaine copieuse.

Mais je n’en pensais pas un mot, bien sûr, le sourire un peu absent qui continuait de flotter sur mes lèvres le laissait largement comprendre. Au moins, nous étions d’accord sur la séquestration, c’était une bonne chose. Ce soir, dans cette salle de bain tout en marbre, alors que le clapotis de la cascade irisée continuait d’emplir la pièce, ça me paraissait être un sort enviable. Que pourrais-je demander de plus qu’une existence entière passée dans la sécurité d’une cabane — ou peu importe ce que c’était — et de ses bras ? Rien. Absolument rien… Mes lèvres effleurèrent doucement les siennes dans un geste plus appuyé sur le précédent. Puis je me frottais les yeux comme un enfant. Notre boisson volée commençait à se faire lourdement sentir, la fatigue aussi. Un peu. Quelque chose d’enveloppant, de tranquille. Je n’avais pas envie d’aller me coucher, pas vraiment, mais je me sentais sombrer un peu dans une extinction agréable.

Mais ça me va. Que tu me laisses jamais en repartir. Je crois que je veux faire ma vie avec toi de toute façon.

Ou, en tout cas, ça en avait tout l’air…
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyMer 26 Mai - 21:32



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )
La contrariété engendrée par les perspectives décevantes d’un été amer se la disputait à la volupté de l’instant présent ; l’envie de tout oublier dans cette étreinte délicieuse à celle d’en projeter des centaines d’autres pour combler chaque journée de nos vacances ; le désir de ne pas m’écarter de lui d’un millimètre, encore moins de le lâcher, à celui de nous enfuir, rien que tous les deux. Je n’aimais rien de moins que perdre mon temps à ressasser un passé dont le dernier souffle avait été exhalé ou à poursuivre un futur insaisissable. Le présent était très bien. Celui-ci l’était plus que tous les autres. Pourtant, mes pensées capricieuses s’opposaient les unes aux autres, souhaitant tout — profiter de ce bonheur manifeste — et son contraire — s’en arracher pour essayer de rendre plus doux l’été à venir. Nous étions seuls au monde, comme nous l’aimions tant, nichés dans une étreinte plus chaleureuse que le poêle qui ne nous réchauffait guère — là où les sourires de Junior étaient bien plus efficaces — mais l’eau qui s’accrochait à nos vêtements et qui faisait flotter autour de nous ces senteurs estivales nous avait projetés dans un été qui s’annonçait morose. De ronchons, les traits de mon visage s’agitèrent en une moue plus boudeuse encore. Il allait me manquer. Affreusement. Quelle justesse dans le choix de ce mot. Ça allait être horrible, épouvantable, atroce : au moins tout ça, et bien plus encore. Même la certitude de profiter d’un séjour au sein de mes terres natales ne parvenait pas à adoucir celle de sa brutale absence. Son ton était porteur d’une forme de résignation que je n’appréciais guère sans trouver la force nécessaire pour lutter contre. Je ne la cherchais peut-être même pas, peu désireuse de transformer nos taquineries et nos tendresses en une querelle qui n’en valait pas la peine. Ses bras autour de ma bataille assoupissaient mes résistances et son souffle régulier qui chatouillait ma peau humide me donnait tout simplement envie de remettre ces batailles à demain pour ne profiter que de lui et de nos caresses. Ce que je décidai de faire, bercée par ses mots pleins de promesses radieuses. Bientôt, ça m’allait. Ce n’était certes pas tout de suite, mais ma propension à l'impulsivité semblait dormir au moins autant que mes élans sanguins. Ce soir, nul combat ne pouvait nous atteindre. Et ce n’était qu’une question de temps avant que nous ne remportions celui qui avait profondément marqué cette année de changements durables. Bientôt, venait-il de promettre. Quant aux autres qui nous attendaient peut-être, ils ne pourraient rien contre nous. Tant que nous n’avions plus à nous battre l’un contre l’autre, rien ne le pouvait. Sa promesse suivante chassa les nuages qui assombrissaient mon regard pour laisser revenir cette lueur qui associait si bien la malice à une joie plus pure. « Parrr Merrrlin, ça semble terrrible. » Ce qui l’était le plus, dans tout cela, c’était de devoir attendre les prochaines et laisser filer entre nos doigts ces deux mois d’été.

Je préférais fomenter une fuite loin de nos ennemis — avec un sourire qui peinait à tracer la limite entre le sérieux et la plaisanterie — plutôt que de continuer à osciller aussi violemment entre la douceur de notre tête-à-tête et la cruauté de ceux qui n’existeraient pas durant les vacances. Ça paraissait si facile que ça en devenait tentant. Plus que ça, même. Qu’est-ce qui nous retenait, ici, si ça n’était des camarades insipides dont nous pouvions très bien nous passer ou mes frères que je pourrais toujours retrouver ? Qu’est-ce qui nous empêchait véritablement de retrouver l’intimité — et toute la perfection qui l’accompagnait — de notre cabane du bout du monde ? Peut-être que nous n’avions pas à nous contenter d’un taudis, cette fois-ci. Un château, un manoir, un royaume tout entier, nous pouvions nous emparer de tout ce qui nous plairait. J’idéalisais nos moyens sans prendre en considération les règles de la vie d’adulte, sans penser aux trivialités telles que l’argent — dont je disposais, en quantité, si ce n’était qu’il était quelque part dans une chambre forte et non pas directement à portée de main — les papiers, les autorités que nos parents lanceraient à nos trousses, incapables de concevoir que nous pourrions être pleinement volontaires dans cette disparition, ou que sais-je encore. Une chose se dessinait véritablement derrière nos rêves d’enfants, et c’était la perspective d’un lieu qui ne serait qu’à nous. Un lieu dont personne ne pourrait franchir l’entrée sans qu’on l’y autorise, un endroit dont nous serions les souverains incontestés. Notre royaume… notre chez nous. Son gloussement me tira de cette clairvoyance et m’en arracha un similaire. Ça ressemblait au Paradis, ça l’était… ça le serait ? L’envie s’était développée et avait pris une forme attirante, poussée par l’ivresse d’un moment hors du temps. Qu’il était doux de se complaire dans ces lendemains débarrassés de tout ennui pour n’en garder que la même légèreté qui nous enveloppait présentement, aussi délicatement que le faisait le coton de la serviette posée sur nos épaules. Sans hésiter, je lui promis le lieu de son choix pour réaliser ce rêve qui prenait vie. Une cabane, une maison ou un château, rien n’était ni trop beau, ni trop parfait pour le concrétiser. Mais, bien évidemment, mon meilleur ami se para des exigences de l’enfant-roi qu’il avait toujours été. Je gloussai à la mention de la cuisine : comme s’il en avait besoin. « Une cuisine pourrr me prrréparrrer du thé ? » fis-je avec un air aussi innocent que le sien, honteusement trahi par un sourire moqueur. Tout ce qu’il avait énuméré, en revanche, me convenait très bien. Un lit dans lequel paresser des heures entières avant que je ne l’entraîne dans une nouvelle bêtise, une piscine pour que les soirées comme celle-ci se conjuguent à l’infini, et Junior, juste Junior. Il abandonna sur mes lèvres un baiser trop rapide et trop fugace pour avoir le droit d’en porter le nom et se recula, opposant à ma moue fâchée un air nonchalant, poursuivant notre conversation comme si de rien n’était, laissant mes lèvres brûlantes d’une absence qu’il avait lui-même suggérée.

Un royaume fait de murs solides, donc, du mobilier de première nécessité — oui, même la piscine, absolument — et maintenant les menaces de ne plus jamais en laisser repartir l’autre. Mes doigts égarés sur sa peau perdaient quelques caresses sur leur chemin, allant et venant avec une tendresse qui n’était plus à présenter. L’air parfaitement sérieux, je lui fis savoir qu’il ne pouvait se fendre d’un tel avertissement puisqu’il était déjà le mien. Il fit taire mon rire naissant — la suite logique de son insulte des plus méchantes — d’un baiser qui valait enfin son nom. J’étais bien, là. Le cœur accroché aux lèvres de mon meilleure ami, alanguie par une ivresse qui se drapait lentement des brumes de la fatigue. Il s’arracha trop vite à ce début d’étreinte, se frottant les yeux et m’amenant à réprimer un bâillement qui s’était frayé un chemin avec une grande facilité. L’alcool avait fait son œuvre, nous poussant dans une danse pleine de rebondissements, mais elle s’en allait maintenant, l’exaltation de la griserie, pour laisser place à un sommeil qui étendait son ombre. Je n’avais pas envie de partir pour autant. Je ne voulais pas retourner dans mon dortoir et me détacher de sa présence. Nous pouvions très bien faire un matelas de ces serviettes et en garder quelques-unes pour nous couvrir. Ou bien… un éclair de lucidité me revint, aussitôt repoussé par la voix de Junior qui s’éleva dans une élocution un brin pâteuse… et profondément déstabilisante. Nous l’avions dit, ô combien de fois, que toujours était notre souhait qui accompagnait chaque promesse, mais jamais il ne l’avait dit ainsi. Ou jamais ça n’avait eu cet effet sur moi. La liqueur sucrée dans laquelle nous nous étions noyés de concert jouait peut-être un rôle là-dedans, ou bien nos révélations qui n’en avaient que la forme et pas vraiment le fond — était-ce l’inverse ? je ne savais plus trop — mais, qu’importe la raison, ses mots firent naître une douce chaleur qui me réchauffa jusque les joues tandis que l’écho de ses paroles résonnait en moi. Pour la première fois, je n’avais rien à rétorquer. Nulle ironie porteuse de vérité et un moi aussi me paraissait bien faible en comparaison. L’idée qu’il dessinait était très adulte et les considérations associées ne franchirent pas la barrière de mon esprit, ce soir. Il n’empêche que l’assentiment était fort, aussi fort que cette torpeur alcoolisée qui se faisait de plus en plus prégnante et qui me poussait à vouloir me blottir réellement contre lui pour ne plus en bouger de toute la nuit. D’un mouvement souple — quoiqu’alourdi par l’alcool — je me relevai, non sans effleurer ses lèvres au passage, avant de quitter le cocon de coton. « Knut » appelai-je dans le vide qui laissa place, une demi-seconde plus tard, à mon elfe de maison. « Amène-moi ma cape d’invisibilité » lui ordonnai-je en norvégien avant de me détourner de sa silhouette chétive de créature bonne à servir pour reposer mon regard clair sur mon meilleur ami. « Il vaudrrrait mieux en êtrrre sûrrr, avant de me donner l’autorrrisation de ne jamais te laisser rrreparrrtirrr. » Un sourire taquin vint fleurir mes lèvres, bien loin du fond du sérieux qui régnait pourtant dans l’aveu suivant. « En tout cas… moi, je le suis. » L’elfe reparut, le tissu presque liquide de ma cape entre les doigts. « Pas un mot à mon frrrèrrre. » Puis je ne me souciais plus de lui, je ne me souciais même pas de l’effet que pouvait avoir sur lui cet ordre qui entrait probablement en contradiction avec ceux que lui donnait Finnjörn, je ne me souciais que de retrouver un autre royaume. J’invitai mon meilleur ami à me rejoindre sous la cape qui retomba sur nos cheveux toujours mouillés et nous enferma dans une nouvelle bulle : après le coton, cette matière si particulière qui nous rendait invisible. « J’ai une idée plus conforrrtable que ce sol » furent mes seules explications.

Sans un mot de plus, je l’entrainai avec moi dans les couloirs parcourus de courants d’air glacials de l’école. Heureusement, mon objectif n’était pas très loin, mais notre cheminement fut ponctué de frissons. Nous fîmes halte au troisième étage et la porte devant laquelle je m’arrêtai leva sans doute toutes les interrogations que Junior pouvait encore se poser, si d’aventure elles existaient. Mes doigts autour de la poignée, j’hésitai, cherchant où nous emmener, quoi sommer au balcon du monde, pour la fin de cette soirée. « Une rrrequête ? » soufflai-je, l’esprit un peu ailleurs. J’avais bien pensé à notre cabane de tôle rouge mais, après ces dernières heures, je n’avais guère envie de me retrouver dans ce qui avait été le théâtre d’une terrible rupture. Mes yeux opalins glissèrent sur le nez fin de mon meilleur ami, remontant l'arête jusqu’à trouver le bleu de son regard. Abaissant la clenche, je poussai la porte et nous amenai sur un tapis de neige surplombé par un ciel d’encre duquel s’échappaient quelques flocons. Les lumières de Londres tremblotaient autour de nous tandis que nos pas prudents nous emportaient au milieu du toit. Il faisait froid, nous étions pieds nus et complètement trempés, mais un rire presque enfantin s'empara de moi alors que mes empreintes marquaient la neige. Comme il y a des mois de cela. Quelques mètres en-dessous, l’appartement familial des d’Archambault nous promettait toute la chaleur d’un nid douillet. Nous n’étions pas chez ses parents : c’était notre toit, notre royaume enneigé où virevoltaient les flocons sous une nuit étoilée. C’était une trappe par laquelle nous nous glissâmes, grelottants, et un couloir silencieux le long duquel nos pas égarèrent des petits flaques d’eau. Mes doigts entremêlés avec les siens, je le laissais m’entraîner à son tour, puisque nous étions chez lui, en fin de compte, gloussant comme si nous risquions de nous faire surprendre, trempés et en mauvaise posture, par une autorité parentale que nous ne cessions de défier. J’avais voulu un endroit qui nous permette de poursuivre la sérénité de notre bulle et la chambre qui se dessinait devant nous avait été un refuge bien avant d’autres, un antre où nous avions transgressé bien des règles, un lit dans lequel je m’étais maintes et maintes fois glissée, lui préférant sa chaleur à l’immensité froide du mien. J’aurais pu nous faire apparaître directement sur le tapis moelleux de son repaire, mais les toits m’avaient semblé être un passage agréable avant de nous enfoncer dans ces autres lieux, porteurs de bien des rires et des bêtises. Une légèreté que même l’ombre de ses parents ne pourrait effacer.

Notre venue fit tomber quelques gouttelettes sur le parquet de la chambre de Junior. La tentation était grande de me jeter sur son lit aux couvertures et coussins moelleux qui nous appelaient à eux. J’étais toujours vêtue de ma robe, trempée jusqu’aux os, alors il en était hors de question. Je fis donc comme j’avais toujours fait chez mon meilleur ami : comme si c’était chez moi. « Si tu me le perrrmets, je t’emprrrunte ta salle de bain ! » La porte coulissait dans mon dos avant même que ma phrase ne soit terminée. Quelques minutes plus tard, à peine, les cheveux enroulés dans une serviette et un peignoir noué à la taille, débarbouillée de ce maquillage qui avait quelque peu coulé, je retrouvai Junior, prête à l’entendre m’incriminer pour cet abandon ou bien à souligner le manque flagrant de politesse dont je faisais preuve envers mon hôte. Peut-être même les deux. Dans un élan de prudence qui ne me ressemblait guère — mais qui servait parfaitement mes intérêts — je fis taire toute tentative de récriminations d’un baiser, puis je me laissai tomber sur son matelas épais et confortable avec un petit soupir satisfait. Un bâillement m’échappa tandis qu’il s’octroyait à son tour la salle de bain. Je sentais bien que le sommeil n’était pas loin mais je me refusais à retrouver les bras de Morphée tant que ceux de Junior ne les accompagneraient pas.

@C. Junior d'Archambault

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyMar 1 Juin - 14:43



ivres de bonne heure ou de bonheur
ft. @Erin B. Sørensen & C. Junior d'Archambault

Même la perspective d’un été peu enthousiasmant ne suffisait pas vraiment à rendre cette soirée moins merveilleuse qu’elle ne l’était en réalité. Est-ce que nous avions simplement grandi ou bien l’alcool suffisait-il à faire taire nos instincts d’ordinaire querelleurs ? Parce que je ne doutais pas que quelques semaines plus tôt, même la plus délicieuse de toutes les soirées n’aurait jamais résisté bien longtemps à une évidence comme celle-ci. Sûrement qu’Erin se serait offusquée bien davantage, sûrement que j’aurais pris la mouche au moindre mot… et le délice se serait transformé en un véritable cauchemar… Mais non, rien de tel ce soir, pour mon plus grand plaisir. Et puis, ça n’était qu’une question de temps. L’été ne serait pas brillant, c’était un fait mais, je pouvais le jurer, ce serait la dernière tentative de sauver les apparences qui vivaient farouchement dans cette famille. Si rien de bon n’en ressortait, si aucun terrain d’entente ne parvenait à être trouvé et bien tant pis, je ferais ce que j’aurais certainement dû faire depuis le début : les mettre devant le fait accompli, quitte à ce que l’image parfaite que nous tentions de renvoyer depuis toujours éclate comme nos bulles de ce soir l’avaient fait à la surface de l’eau. L’idée même de me mettre mes parents à dos ou de les décevoir définitivement me dérangeait toujours autant, quand bien même nos relations s’étaient parées de tensions ou qu’ils me détestaient sûrement déjà de désobéir mais de tous les choix qui semblaient s’offrir à moi, c’était le plus acceptable. Il m’avait fallu une éternité pour l’admettre mais il était désormais trop tard pour faire machine arrière. Soit ils acceptaient de revoir leurs exigences à la baisse, soit ils se trouveraient un autre pantin avec lequel jouer… Ils auraient l’été pour se décider. Après, je ne penserais plus qu’à elle, qu’importe ce qu’il y avait à perdre dans cet ultime combat. Le regard d’Erin revêtit l’air espiègle qui lui allait si bien, faisant fleurir un sourire sur mes lèvres. Elle ne paraissait pas m’en vouloir outre-mesure et consentait visiblement à se contenter de mes promesses. Est-ce qu’elle y croyait réellement ? J’aimais à le croire sans en être certain pour autant. Elle avait eu tant l’air de douter, quelques mois plus tôt… J’avais tout fait pour lui prouver que j’étais prêt à bien des sacrifices pour elle, peut-être qu’elle l’avait finalement compris…

Parrr Merrrlin, ça semble terrrible.
C’est à rien de devenir vexant, fis-je remarquer d’un ton qui n’avait rien de crédible.

Heureusement, la suite fut plus flatteuse. Peut-être que ça semblait terrible de me supporter durant des jours mais force était de constater que ça ne l’arrêtait pas le moins du monde puisqu’elle était toute disposée à préparer une fuite pour que nous puissions nous retrouver malgré tout. J’étais bien incapable de savoir si c’était à prendre ou non au sérieux. D’un côté, je l’espérais sincèrement, d’un autre, j’avais conscience que ça nous attirerait plus d’ennuis qu’autre chose. Pourtant, si elle m’avait demandé, à cet instant précis, de fuguer pour la rejoindre au bout du monde, sûrement que j’aurais accepté sans hésiter, rien que pour la promesse d’autres soirées comme celle-ci. Ça faisait sûrement bien longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien, aussi à ma place que ce soir-là. Le monde semblait tourner de la meilleure des manières, notre bulle avait l’air plus confortable encore que d’ordinaire. Si le bonheur existait vraiment, j’étais à peu près sûr qu’il ressemblait à ça. La plus incroyable des demoiselles et le plus doux des têtes-à-têtes. Il n’y avait rien, dans cette vie ou dans une autre, qui puisse être préférable à ça. Je la suivis volontiers dans la préparation de notre futur royaume, abandonnant quelques exigences au passage. Est-ce que j’y tenais vraiment ? Non. J’étais prêt à fermer les yeux sur le confort de notre cabane pour un peu qu’elle soit là pour la partager avec moi. Après tout, n’avions-nous pas passé un excellent moment alors que nous nous étions contentés d’un matelas crasseux et d’une couverture poussiéreuse ? S’il n’y avait pas eu le danger rôdant autour de l’amas de tôle rouge et l’inquiétude de secours qui ne viendraient jamais, ça aurait été les meilleures vacances de ma vie… et, d’une certaine manière, des instants volés à tout ça méritaient largement ce titre. Un gloussement passa ses lèvres, m’arrachant un regard méfiant. Son air n’arrangea rien : je m’attendis au pire.

Une cuisine pourrr me prrréparrrer du thé ?

Je levai le nez d’un boudeur et secouai la tête avec prétention.

Bien sûr que non ! Seulement pour que tu puisses y refaire le service.

Mes bouderies se fendirent presque aussitôt alors que je ricanai bêtement. J’entendrais sûrement parler de cette histoire jusqu’à la fin de mes jours ! Si je l’avais — très — mal pris sur le coup, notre soirée d’anniversaire prenant des airs de règlements de comptes qui n’avaient aucun sens, j’en riais volontiers aujourd’hui. Et puis… au moins, je pouvais dire que je savais le faire, qu’importe si ça avait été un peu chaotique et que le résultat était loin d’égaler mes espérances. Entre deux baisers, la fatigue commença à se faire sentir. Il n’était plus vraiment question d’un semblant de torpeur qui alourdissait sens et raisonnement, non, je n’aurais rien eu contre l’idée de me poser dans un endroit confortable avec ma meilleure amie et d’y attendre sagement Morphée… Mais l’idée même de bouger avec les risques que ça comportait de tomber sur un préfet ou un professeur qui nous renverrait immédiatement dans nos dortoirs respectifs m’empêchait d’envisager une suite loin du marbre de notre royaume du soir. J’avais envie que chaque nuit débute ainsi : profiter d’une tendre étreinte pour somnoler un peu, envisager des heures entières à passer blotti contre elle, savoir que le réveil serait tout aussi câlin et tranquille… C’était si facile d’imaginer une vie à ses côtés, en réalité… C’était seulement vouloir voir perdurer ce que nous avions toujours connu, elle et moi. Si facile même que je laissai échapper l’idée, comme ça, comme si c’était évident. D’un côté, ça l’était. Ça l’avait toujours été. Le silence qui accueillit mon aveu ne me gêna pas. Sûrement qu’il l’aurait fait, à un autre moment, mais pas ce soir. Ses confidences, ses envies de fugue et l’évidence dans laquelle nous trempions de plus en plus ces derniers temps me semblaient autant de signes qui allaient dans le même sens. Je n’attendais pas de réponse, je voulais seulement qu’elle le sache… ou peut-être même pas, en réalité. Je voulais davantage mettre des mots sur ces projets amusés qui se défaisaient de leurs atours de plaisanterie… mettre une réalité sur nos bêtises. Ses lèvres effleurèrent les miennes avant qu’elle ne s’arrache à notre serviette pour se relever. Un soupir et je me laissai tomber sur le dos, bâillant sans une once d’élégance.

Knut.

Ce fut tout ce que je pus comprendre avant que l’elfe n’arrive dans un craquement sonore et qu’elle ne se mette à parler norvégien. Il faudrait qu’un jour je fasse vraiment l’effort d’apprendre les rudiments de sa langue maternelle… J’étais en mesure de comprendre quelques bases des plus simples — bonjour, merci et compagnie — ou de déduire le sens de certaines phrases au ton qu’elle utilisait pour les employer mais c’était bien tout… Plus de la moitié de ma vie passée à ses côtés et ça n’était toujours que des mots archaïques, un peu barbares, comme autant de malédictions anciennes jetées d’un accent violent. L’elfe disparut aussi vite qu’il était arrivé et le regard d’Erin me revint. Étalé sur le sol, la serviette en boule pour servir d’oreiller de fortune, le spectacle que je lui offrais ne devait pas être brillant, pourtant je ne m’en formalisai pas.

Il vaudrrrait mieux en êtrrre sûrrr, avant de me donner l’autorrrisation de ne jamais te laisser rrreparrrtirrr.

Il me fallut une petite seconde pour me raccrocher à la conversation, puis une autre pour hausser doucement les épaules, un sourire un peu absent sur les lèvres. Peut-être que je l’étais déjà. Peut-être que ça faisait longtemps, même. Des jours. Des semaines. Des mois, peu importe…

En tout cas… moi, je le suis.

Mon sourire s’agrandit bien malgré moi, illuminant jusqu’à mon regard fatigué. Alors que j’ouvrais la bouche pour lui répondre, Knut réapparut, la cape d’invisibilité entre les mains. Quelques autres mots étrangers m’offrirent le temps de me relever avant que la Poufsouffle ne se tourne à nouveau vers moi, m’intimant sans un mot à la rejoindre sous le tissu de son bien. Ça commençait à ressembler à une habitude, ça aussi. Arpenter le château endormi cachés aux yeux du monde… Ce fut une nouvelle bulle qui se forma autour de nous.

J’ai une idée plus conforrrtable que ce sol.

J’étouffai un gloussement avant de la suivre dans le couloir. Un courant d’air se glissa avec nous sous la cape, rendant l’humidité de nos vêtements plus insupportables qu’elle ne l’était vraiment. Un frisson me courut dans le dos, aussi je me rapprochai machinalement d’Erin pour profiter davantage de sa chaleur. Il n’y avait pas âme qui vive dans cette partie de Poudlard. Je me surpris à me demander si nos camarades étaient encore en train de jouer ou s’ils en avaient fini de leurs bêtises idiotes… Peut-être que la salle sur demande était à nouveau libre et que nous pourrions l’emprunter pour la nuit…? Pourtant, ce ne fut pas là-bas qu’elle nous emmena. La cadence ralentit au troisième étage, à quelques marches seulement de notre antre de marbre, pour s’arrêter totalement face à ce que je reconnus comme étant la porte du balcon du monde. Ses doigts se posèrent sur la poignée et mon menton sur son épaule, abandonnant avec envie les faibles distances que notre chemin nous avaient forcés à reprendre.

Une rrrequête ?

Je me contentai de secouer la tête. Chez elle, dans un endroit qu’elle affectionnait, tout m’allait. Je voulais juste que la fin de notre soirée soit aussi agréable que son début. Elle trouva visiblement un endroit à la hauteur de nos exigences puisqu’elle finit par pousser la porte. De l’autre côté, la neige tombait sans un bruit. La nuit était percée des lumières tremblotantes de la ville qui ne dormait pas encore tout-à-fait… Les souvenirs revinrent presque aussitôt. Je me laissai entraîner sur le toit, étouffant un rire aussi désespéré qu’amusé alors que nos pieds nus s’enfonçaient dans la neige. La porte se referma derrière nous sans que j’y fasse particulièrement attention. Le froid se faisait douloureusement sentir, plus encore qu’il ne l’avait fait la première fois. Je regrettai un peu le bain dont nous sortions. Ma main lâcha la sienne seulement pour nous permettre de descendre l’échelle sans risquer de tomber. Elle la retrouva sitôt la terre ferme atteinte et l’entraîna le long du couloir que je connaissais par coeur. Il ne nous fallut pas longtemps pour rejoindre l’appartement de mes parents dont la porte, sans surprise, s’ouvrit sans résistance. Les odeurs familières et ce décor que j’aimais par-dessus tout achevèrent de donner à ces quelques heures des airs de Paradis. J’étais là où je me sentais le mieux, avec la personne la plus importante au monde… Je ne voyais pas comment j’aurais pu vouloir davantage. C’était parfait. Juste parfait. Je me surpris malgré tout à marcher sur la pointe des pieds, espérant garder un silence maltraité par les gloussements d’Erin. Nous ne risquions rien, bien sûr, il n’y aurait personne dans cette illusion, mais c’était plus fort que moi. Comme si mes parents pouvaient se réveiller à tout instant et fondre sur nous pour nous éloigner. Je m’autorisai à abandonner toute prudence seulement lorsque le seuil de ma chambre fut passé. Mes épaules s’affaissèrent, mon corps tout entier se détendit. Nous étions tranquilles, personne ne viendrait jamais nous chercher ici…

Si tu me le perrrmets, je t’emprrrunte ta salle de bain !
Depuis quand est-ce que tu demandes ?

Mais elle avait déjà disparu. Le sourire qui étira mes lèvres valait bien tous les discours du monde. J’aurais voulu, je crois, ne pas avoir à en repartir un jour. L’inviter à rester et à partager cette chambre qui avait toujours eu des airs de « chez nous ». Elle la faisait sienne à chaque fois qu’elle venait ici, elle y avait pris marque et habitude comme si elle en était propriétaire. Nous aurions pu y être bien, j’en étais certain. J’en fis rapidement le tour, mes doigts glissant sur les meubles, remettant un livre ou un bibelot à sa place. Il ne manquait qu’Orpheus pour que le tableau soit parfait, mais il était sûrement en train de profiter de mon absence dans mon dortoir pour s’étaler de tout son long que mon lit… La Poufsouffle ne mit pas bien longtemps à revenir, enveloppée dans un peignoir et défaite de tous les artifices de la soirée. Plus de maquillage, de belle coiffure ou de jolie robe… Juste elle, plus magnifique encore au naturel qu’elle ne l’avait été fardée. Ses lèvres vinrent se poser à nouveau sur les miennes. Est-ce que c’était déjà arrivé ici…? Je ne m’en souvenais pas. Probablement pas…? Je me surpris à espérer que ça ne serait pas la dernière. Je m’arrachai bien malgré moi à cet échange et filai à mon tour dans la salle de bain. Le hurlement que le matelas lâcha juste avant que la porte ne se referme me fit rire bêtement. Depuis le premier jour, ça avait été autant sa chambre que la mienne et plus les années passaient, plus ça m’était agréable. Il ne me fallut pas bien longtemps pour revenir sur mes pas, débarrassé du parfum entêtant de notre piscine et réchauffé par le coton moelleux d’un peignoir en tout point semblable au sien. Mon regard s’attarda un instant sur sa silhouette étendue sur mon lit, la détaillant sans retenue ni cacher le ravissement que ce tableau m’apportait. Je crois pouvoir dire sans rougir que j’étais heureux, ce soir. Vraiment. Sans la moindre petite ombre ni le plus petit doute. Je la rejoignis en quelques enjambées et grimpai à mon tour sur le matelas. Je me penchai au-dessus d’elle, prenant le risque que mes cheveux encore un peu humides ne se mettent à lui pleuvoir dessus.

Après mûres réflexions, soufflai-je d’un ton amusé par cette locution qui se défaisait de tout son sens puisque j’avais au mieux réfléchi dix minutes — et encore — mais néanmoins d’un sérieux palpable, je suis sûr de moi.

Elle pouvait ne plus jamais me laisser partir sans craindre que je m’en plaigne, elle avait l’autorisation, la vraie de vraie. Un sourire tendre se fraya un chemin sur mes lèvres avant que je ne m’installe plus correctement. Il n’y avait pas à dire, c’était bien mieux que le sol de la salle de bain ! Je m’étirai péniblement et me frottai à nouveau les yeux. Je ne tarderais sûrement pas à sombrer dans un sommeil bien mérité. Mais avant cela, je déposai un baiser sur sa joue.

C’était vraiment une merveilleuse soirée. Merci ma Reine.

Peut-être que c’était maladroit mais c’était sincère. Merci pour m’avoir tiré de cette fête mal fréquentée, pour avoir continué ce jeu idiot si longtemps, pour ses confidences, pour ces quelques heures à la maison… Pour tout, en réalité.
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Message(#) Sujet: Re: ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) ivres de bonne heure ou de bonheur (JUNIOR ♚ ERIN) EmptyDim 6 Juin - 13:56



( ivres de bonne heure ou de bonheur | JUNIOR ♚ ERIN )
Les querelles habituelles avaient laissé leur place à une paix facile et naturelle. Est-ce que nous étions entrain de gagner en maturité ? Est-ce que les vapeurs entêtantes de l’alcool assouplissaient nos élans belliqueux ? Est-ce que les mois passés avaient porté notre compte de disputes pour les mois à venir ? Peu importait les raisons ; seule comptait cette soirée qui filait en une succession de secondes heureuses. L’été qui se profilait tenta d’étendre ses ombres moroses sur notre bulle mais elle était trop forte, ce soir, pour le laisser faire. Les promesses de mon meilleur ami m’enveloppaient d’une étreinte rassurante et il ne me vint pas à l’esprit de les remettre en question. Nous trouverions une solution pour qu’elles deviennent ce futur enchanteur. Le peu de raison restant avait été assassiné de la plus douce des manières par l’une de ses caresses égarées sur ma joue : pour que cet avenir se réalise — que ce soit pour un château avec piscine et cuisine ou une cabane à peine meublée, l’essentiel résidait dans sa présence à lui — il ne restait plus de barrières que je n’étais pas prête à franchir. Les émotions jouaient des tours et usaient de bien des détours pour parvenir à leurs fins. J’avais toujours aimé les ressentir, intensément. Vibrer d’exaltations diverses qui chassaient l’ennui d’un comportement sage. J’en découvrais des nouvelles aux côtés de Junior qui étaient loin de me laisser de marbre, flattant au contraire mes impulsions les plus folles. Il n’y avait rien que je voulais envisager sans lui à mes côtés. Ce que j’avais écrit à Finn, quelques semaines plus tôt, s’ancrait plus profondément encore dans la réalité, éclairé de nos récentes confessions. J’avais toujours porté un regard lourd de dédain aux manifestations sentimentales écoeurantes, alors que nous empruntions vraisemblablement un chemin similaire. Sauf que le nôtre était plus enchanteur — loin des mièvreries d’idiots qui habillaient les couloirs de Poudlard, notamment — rehaussé de tout ce qui faisait la perfection de ce lien inégalé. Oui, je le voulais à mes côtés. Lui et nos gloussements taquins — comme celui qui m’échappa alors que je lui demandais, moqueuse, s’il comptait me préparer du thé dans cette cuisine qu’il venait de mentionner —, lui et nos étreintes tendres, lui et nos escapades qui flirtaient avec tant d’interdits, lui et cette confiance sans retenue, cette sincérité sans failles. Ce serait tout ça… ou ce ne serait rien. Et si cette perspective avait été à un rien de devenir réalité, elle s’était presque totalement effacée ces derniers temps, sous les serments et les gestes courageux de mon meilleur ami.

Nos railleries amenèrent avec elles les souvenirs d’une soirée d’anniversaire qui avait mal tourné… avant de se terminer sur une réconciliation aux airs boudeurs. J’en conservais nos rires et nos bêtises, l’odeur âcre de la mandragore fumée, le goût fort de cette bouteille subtilisée à la réserver paternelle, le froid des flocons qui tombaient doucement sur ce toit enneigé, les paris idiots, ce thé mal préparé, et mes pas sur le parquet grinçant, face à cette porte qui me séparait alors de cet insupportable Serpentard. Ça avait été une belle soirée — n’était cette dispute qui n’avait pas duré. Et, tandis que la fatigue alourdissait nos paupières, je me surpris à rêvasser d’un lit aussi moelleux et d’un cocon aussi familier pour me lover plus confortablement contre Junior. La voix de ce dernier me tira de mes pensées agréables pour me plonger dans une chaleur qui l’était bien plus encore. Une teinte rosée colora mes joues sur le coup de son aveu et un regain d’énergie chassa le sommeil qui s’était emparé de moi. Il venait de réaliser l’exploit de me laisser muette — aucun son ne semblait sonner assez juste, aucune répartie ne semblait être à la hauteur — mais pas celui de me priver de ma fougue spontanée. Un baiser puis un sursaut pour me relever avant d’appeler l’elfe de notre famille que mon jumeau avait ramené avec lui à Poudlard — brillante idée dont je pouvais jouir du fait de sa gracieuse complaisance — débarrassée des dernières brumes de la fatigue. Junior, lui, n’avait pas perdu de temps pour s’étendre sur le dos avec toute la paresse qui le caractérisait si bien. Je lui ordonnai de me ramener ma cape d’invisibilité avant de reporter toute mon attention sur le Serpentard allongé à même le sol, prêt à se laisser emporter par les bras de Morphée, et je revins à sa confession, mon esprit bondissant d’une idée à une autre sans se formaliser de la confusion qui pouvait en résulter. L’elfe revint avec ma cape et mon meilleur ami se releva pour se glisser sous le tissu avec moi. Considérant le temps qu’il avait passé, caché dessous en ma compagnie, c’en devenait sa cape autant que la mienne. Le couloir nous accueillit, parcouru de courants d’air froid qui réveillaient des frissons sur nos peaux couvertes de nos vêtements trempés, et c’est sans flâner que je nous entraînai jusqu’au troisième étage. La porte du Balcon du Monde nous offrit un paysage qui — à défaut de nous réchauffer immédiatement — nous ramena des mois en arrière. Nos rires se mêlèrent aux flocons qui tombaient du ciel laiteux mais nous ne nous y attardâmes pas, nos pieds nus déposant leurs empreintes dans la couche de neige glacée, nos doigts se détachant les uns des autres pour nous permettre de retrouver le couloir de son immeuble et pour mieux se retrouver une fois au sol.

Parvenus dans sa chambre, je lui demandai le droit d’emprunter sa salle de bain que je m’étais déjà octroyé avant même qu’il ne me réponde. Un rire ponctua sa question puis je m’employai à me débarrasser des dernières traces de maquillage qui soulignaient la fatigue au fond de mes yeux clairs. Enveloppée d’un peignoir douillet, mes lèvres retrouvèrent celles de Junior, sans même remarquer que c’était la première fois que cela se produisait ici, chez lui, à Londres. C’était devenu une habitude, un naturel déconcertant auquel je me pliais sans feindre le plaisir que cela me procurait. Et, même ici, dans sa chambre où nous n’avions jamais eu l’occasion de laisser ces tendresses nous envelopper tous entiers, ça restait une évidence. Allongée sur son lit — qui était bien plus confortable que ce sol en marbre — perdue dans des pensées qui voltigeaient dans tous les sens, je luttai un peu pour ne pas laisser le sommeil m’envahir. Pas avant que Junior ne soit revenu de la salle de bain dans laquelle il avait disparu à son tour. Il ne me fit pas longtemps et me revint rapidement, se hissant sur son lit, laissant ses cheveux humides échapper quelques gouttes sur mon visage. Un froncement de sourcils boudeur marqua le faible mécontentement que cela m’inspirait. Mes doigts glissèrent dans ses mèches sombres pour les repousser sur le sommet de son crâne et interrompre la cascade d’eau — rien de moins — qui me tombait dessus. Mes yeux clairs retrouvèrent les siens, interrogatifs alors qu’il soufflait avoir longuement réfléchi, mais à quoi donc ? Ce fut à mon tour de peiner à relier les deux bouts, cherchant durant une seconde ou deux de quoi il était donc si sûr. Le rassemblement des bouts épars de notre conversation étira mes lèvres en un sourire ravi. « Bon, eh bien, qu’il en soit ainsi » soufflai-je d’une voix ensommeillée, me tortillant avec toute la grâce du monde pour étendre la couverture sur nous deux et me glisser contre lui, mes paupières lourdes incapables de rester plus longtemps ouvertes. « Pourrr la vie. » C’était plus sérieux encore que nos toujours, plus solennel aussi, comme une variation plus adulte de nos promesses d’enfants. Je sentis ses lèvres déposer un baiser sur ma joue, un sourire naissant sur mes lèvres. J’étais bien et je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. Quelque part entre les limbes du sommeil et les derniers filaments de conscience, la certitude que je voulais que ce soit ça pour toutes les années à venir se cristallisa vivement. Rouvrant péniblement les yeux, je les levai jusqu’aux siens et tendis le cou pour déposer à mon tour un baiser sur sa peau. Ça avait été une merveilleuse soirée, en effet. Sans ombre capable de s’accrocher durablement, faite de confessions et de promesses, loin de la plèbe qui avait pourtant marqué le début de la fête. « Bonne nuit, mon Rrroi. » Bercés de la présence de l’autre et de ces heures grisantes — autant que des dernières ivresses de l’alcool — le sommeil ne pouvait que nous emporter rapidement, concluant cette soirée de la plus belle des manières.

@C. Junior d'Archambault

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