Ces dernières semaines avaient été hautes en couleurs. Mais heureusement pour les adolescents de l’école, la directrice était revenue sur sa décision de leur supprimer totalement leurs baguettes magiques. Désormais, ils avaient le droit de l’utiliser pendant la journée, même s’ils devaient les rendre le soir venu à l’heure du repas. Maxwell ne comprenait pas réellement l’utilité. Ce n’était pas comme s’ils utilisaient leurs baguettes quand ils étaient dans leurs pieux de toute façon. La direction faisait vraiment n’importe quoi … et plus ils étaient strictes, plus la colère des élèves était grandissante, ce qui n’avait rien de bon. Le poufsouffle partait cependant du principe qu’il fallait bien se plier aux règles, et que les respecter était mieux que de se faire renvoyer pour le coup. Il avait encore le doux souvenir d’une meuf de serdaigle se faisant dégager aussi rapidement qu’elle s’était levé. Lui ne voulait clairement pas subir le même sort. Cette semaine avait été d’un ennui complet pour lui. Rien de très intéressant ne s’était encore passé. Les cours défilaient et les professeurs semblaient s’être donné le chic pour tous leur donner une montagne de devoirs et de parchemins à rédiger. Pour autant, lui n’avait pas la moindre envie de travailler. Il devrait pourtant, puisque la Grosse Sarah avait décrété qu’elle n’avait plus le temps de faire son travail en plus du sien à cause des Aspics qui arrivaient à grand pas. Trop abusé.

Maxwell se promenait donc dans les couloirs du troisième étage, ne sachant trop que faire … il passa devant la salle des préfets, et pour une fois décida d’y rentrer. Il ne passait pas réellement beaucoup de temps dans cette pièce parce qu’il n’en voyait généralement pas vraiment l’intérêt. Après tout pourquoi s’embêter à aller ici alors qu’il pouvait retrouver ses potes autre part. Techniquement, il devait quand même y passer de temps en temps pour prendre les plannings de ronde, mais guère plus. Il entra donc dans la salle prêt à se poser sur le canap’, et du coup à récupérer ses horaires de ronde. A sa surprise, la pièce n’était pas vide. Posé sur l’un des fauteuils se trouvaient Mary Asquith, la préfète des serdaigles. Outre connaître son nom puisqu’il était inscrit sur les plannings, Maxwell n’avait jamais réellement eu une discussion avec cette fille. Ils ne se croisaient que très peu, et clairement ne fréquentaient pas les mêmes cercles d’amis. Mais après tout, aujourd’hui était peut être l’occasion de voir qui était cette meuf, et de tester un peu ses réactions à la tornade qu’était Maxwell Carter. Le garçon posa ses fesses dans le fauteuil en face d’elle avec autant de grâce qu’un pachyderme dans une boutique de porcelaine.

– Je sais que toi et moi, seul dans une pièce sans témoins, ça peut vite faire perdre la tête, mais me saute pas dessus trop vite, j’suis quelqu’un de timide au fond.

Balança-t-il avec un petit sourire malicieux au coin des lèvres. Taquiner les gens était sa tasse de thé, et peu importe qui il avait en face de lui, le naturel revenait souvent au galop. Mais comme il ne connaissait pas du tout cette fille, il ne pouvait pas s’adapter ou anticiper ses réactions. Il mettait donc un pied dans l’inconnu, et ça avait quelque chose d’excitant et de drôle.

Mary venait d’entrer dans la salle des préfets, et visiblement Max était bien d’humeur à la taquiner. Déjà parce qu’il ne la connaissait pas et qu’il voulait prendre la température, et puis parce que c’était son passe-temps favori. La demoiselle semblait être le genre de meuf un peu coincée-du-cul mais après tout, rien de plus hilarant qu’une fille qui fait la choquée à la moindre de ses paroles. Alors il lui lança une petite phrase dont lui seul avait le secret, avant de s’installer un peu plus confortablement sur le canapé, attendant patiemment une réaction de la principale intéressée. La demoiselle sembla assez surprise, ne s’attendant surement pas à ce genre de conversation alors qu’il venait à peine d’arriver. Et le fait qu’elle soit assez mal à l’aise le fit sourire, comme si c’était un peu son but finalement. Elle commença à bafouiller en lui répondant, affirmant qu’elle ne voulait absolument rien avec lui et qu’il était clairement en train de se faire des idées. Le jeune homme pouffa de rire, clairement amusé par la situation. Bon il avait déjà une première indication sur cette fille : elle n’était pas très douée pour improviser, et elle n’était clairement pas joueuse. Certaines filles seraient rentrées dans son jeu mais pas elle. Elle semblait presque effrayée qu’elle puisse penser une telle chose d’elle ? Elle devait se détendre, ce n’était qu’une blague. Elle était si coincée que ça ou quoi ? Max lui n’était pas mal à l’aise, visiblement très à l’aise dans toute situation. Il attrapa un bonbon dans sa poche qu’il mit finalement dans sa bouche, tout en regardant la jeune femme s’affoler. Clairement ils n’avaient pas les mêmes caractères pour le coup.

– Tranquille beauté, relax, on dirait que j’ai insulté des vieux sur dix générations à voir ta tronche là.

Dit-il en rigolant, toujours en ne prenant clairement pas la situation au sérieux, pas au même niveau que Mary dans tous les cas. Elle était aussi raide qu’un piquet dans son fauteuil. Max en serait presque surpris. C’était une réaction un peu exagéré non ? Il haussa les épaules, reprenant un bonbon … il s’était rempli les poches un peu plus tôt dans la journée. Que connaissait-il de cette fille finalement ? A part qu’elle était préfète et qu’elle s’appelait Mary. Pas grand-chose, il faut croire qu’elle ne devait pas faire trop de vagues car il n’avait pas le souvenir d’avoir entendu son nom être associé à des rumeurs au sein de l’école. Dans ses souvenirs, il ne pensait pas non plus l’avoir vu trainer avec la clique de sang-pur, ou alors il n’y avait pas fait attention … Qui était donc cette fille qui s’insurgeait de ses paroles ? C’était peut être l’occasion rêvée aujourd’hui alors qu’ils étaient en tête à tête de creuser un peu plus cette question. Maxwell se redressa finalement un peu dans son canapé et posa son regard bleu sur le visage de son interlocutrice, un sourire sur le coin des lèvres qui semblait ne jamais le quitter.

– Je me sens presque insulté tiens avec ta réaction. Je suis quand même l’un des plus BG de l’école, et je suis sûr que tu trouves pas autant de muscles dans ta salle commune remplie d’intellos là. Peut être que tu as pas remarqué, c’est vrai que j’ai un tee-shirt aujourd’hui.

Grand sourire, alors qu’il continuait de la taquiner, sous entendant qu’il pouvait très bien enlever son tee-shirt si besoin. Après tout, ils étaient dans une pièce à l’abri des regards, un professeur n’allait donc pas l’engueuler pour ça.

Evidemment que la petite Mary se sentait mal à l’aise en sa présence. En même temps, Max semblait tout faire pour que ce soit le cas à coup de phrases d’une lourdeur incroyable et d’une assurance contre vents et marée. La jeune femme ne semblait clairement pas aussi souriante que lui. Elle restait sur la réserve, très méfiante face à cet énergumène qu’elle ne connaissait pas. Elle doutait d’elle-même, se questionnait intérieurement sur ce qu’elle avait bien pu faire ou bien dire pour que le poufsouffle agisse de la sorte avec elle. Qu’elle ne s’inquiète pas, cela ne venait surement pas d’elle mais bien de lui qui aimait charier et taquiner à l’excès. Peut être ne se rendait-il pas compte à quel point sa drague était malvenu et non désirée par la serdaigle. Elle refusa rapidement sa proposition de retirer son tee-shirt, ce qui arracha un petit sourire au jeune homme. Evidemment il ne s’attendait pas à une réponse positive. Il n’était donc clairement pas surpris par ce refus catégorique. Mais il sentait bien qu’il avait réussi à la troubler. Sa voix transpirait la confusion, comme si elle avait perdu de sa superbe et de sa confiance face à quelqu’un à un égo encore plus surdimensionné que le sien.

Mary ne voulait pour autant pas laisser les paroles du garçon glisser comme si de rien n’était. Elle lui fit comprendre une nouvelle fois qu’elle n’était pas intéressée, et qu’elle n’était pas comme ça. Qu’entendait-elle par là ? Qu’elle n’était pas une fille facile ? Maxwell n’avait pas de doutes à ce sujet. Il voyait bien qu’elle n’était pas du genre à se laisser aller à tomber dans les bras du premier venu. Et de ce qu’il avait entendu de sa réputation, elle ne trainerait surement pas de son plein gré avec quelqu’un comme Max, même si techniquement ils avaient le même sang. Elle portait une importance à celui-ci, au contraire de son interlocuteur.

– Tranquillou beauté, j’te prends pas pour une pouf-fille-facile-easy à avoir hein. Respire et relax, on dirait que tu manques d’air.

Finit par lui dire le jeune homme avec un petit sourire au coin des lèvres. La pauvre, il était vraiment en train de la mettre mal avec ses bêtises. Et pourtant il aimait le jeu et trouvait plutôt drôle ses réactions. Ils n’avaient absolument rien en commun finalement, et c’était sans doute cela qui rendait la situation intéressante pour le préfet.

– Si j’étais un peu plus pur, tu m’aurais déjà pécho pas vrai ?

Petit sourire en coin accompagné d’un clin d’œil. On ne l’arrêterait jamais … c’était plus fort que lui. Il prenait du plaisir à malmener gentiment la jeune fille, à la tester, à la comprendre, à évaluer les réactions qu’elle pouvait avoir en sa présence. Maxwell s’enfonça un peu plus dans son fauteuil, ce qui prouvait que contrairement à sa camarade, lui était totalement détendu dans ce genre de situation. Il savait qu’il avait l’ascendant et le pouvoir entre ses mains. Et il ne pouvait s’empêcher d’exulter.

S’il était un sang-pur, elle ne serait surement pas aussi réticente à sa drague lourde, n’est-ce pas ? Du moins c’était ce que pensait le jeune homme aux dires de l’école. Elle était mal à l’aise, genre réellement, et même s’il aimait jouer plus que raison, il ne voulait pas non plus la traumatiser. Elle lui répondit que ce n’était pas la question, qu’ils n’étaient pas mariés. AH. Donc elle suivait les mœurs sang-pur à ce point ? N’était-ce pas un peu exagéré, alors qu’ils étaient maintenant en 2027. Le temps de rester chaste jusqu’au mariage était révolu … Et heureusement pour le jeune homme qui avait lui-même du mal à se contenir pendant plusieurs mois d’affilés. Il se retrouvait face à un OVNI … parce que c’était ce qu’elle était pour lui. Ils étaient si différents, et avaient des vues pour le moins contraires sur possiblement tout sujet. Rien ne pouvait les prédestiner à avoir une conversation … mis à part leur présence en même temps dans la salle des préfets. Max ne comprenait pas pourquoi elle avait ce point de vue pour être totalement honnête. Pourquoi vouloir suivre les règles les plus strictes des SP alors que c’était un monde dont elle ne faisait pas parti, et dont elle ne ferait jamais parti, tout comme lui de toute évidence. Quel avenir pouvait-elle s’imaginer en brimant tous les aspects de sa vie pour finalement aucun résultat.

Le garçon s’enfonça un peu plus dans sa chaise, assez à l’aise, bien que piqué dans sa curiosité. Il essayait de comprendre, et voulait être éclairé sur cette manière de pensée, tellement différente de la sienne. Qu’attendait-elle ? Que des SP la félicitent pour son comportement exemplaire malgré la tare dans sa lignée ? Cela n’arriverait jamais, et elle devait en être pleinement conscience, n’est-ce pas ? Avait-elle comme projet d’être malheureuse toute sa vie pour des idéaux impossibles à atteindre ? Elle restait un mystère. Et comme Max n’avait rien d’autre à faire à l’instant présent, il était prêt à rester dans cette pièce en sa compagnie pour en apprendre un peu plus …

– C’est quoi le projet du coup ? Te trouver un bon petit SP à qui mettre le collier pour rattraper ta lignée approximative ?

Demanda-t-il sans y mettre les formes. Ce n’était pas méchant en soit, il ne cherchait pas à l’attaquer par simple cruauté, mais il voulait comprendre. Elle devait avoir un plan, non ? Ou alors elle se délectait dans l’image de sainte-nitouche qu’elle essayait de renvoyer à ses camarades ? Le garçon haussa les épaules, comme si peu importe sa réponse, cela ne changerait surement rien à sa propre attitude. Il n’était pas du genre à tout juger de toute manière, ce qui était surement l’une de ses qualités premières. Mais Mary ne semblait pas réussir à se détendre en sa présence, comme si tout de son attitude désinvolte à son visage taquin lui hérissait le poil.

– Ca sert à quoi de suivre leurs règles à la lettre si tu feras jamais parti de leur monde ?

Continua-t-il sur sa lancée.

Mary était du genre à juger les gens, et elle avait très vite porté un jugement sur son camarade poufsouffle. Lui s’amusait de la situation, plutôt imperméable à toutes les remarques qu’elle pouvait bien lui faire. Il n’était pas quelqu’un de particulièrement susceptible, et ne portait que très peu de valeur à ce que l’on pouvait bien penser de lui. Mais n’était-ce pas un peu drôle qu’elle lui porte un jugement par rapport à son sang, alors que techniquement elle était exactement comme lui ? Se la jouer sainte-nitouche ne faisait pas d’elle quelqu’un de supérieure, bien au contraire. Le garçon haussa les épaules à sa remarque. Elle s’insurgeait de sa capacité à enlever ses vêtements devant la première fille qu’il voyait. Oh la la, appelez tout de suite la brigade des bonnes mœurs … Elle ne serait jamais accepté complètement par les sang-pur, alors elle ferait sans doute mieux de ne pas cracher sur tous les sang-mêlé qu’elle croisait, non ? Elle semblait néanmoins avoir repris des couleurs, comme si elle se sentait un peu plus à l’aise dans cette conversation maintenant qu’elle se doutait que le poufsouffle n’allait pas réellement se déshabiller devant elle. Quoi que s’il devait reprendre le dessus sur la conversation, il n’hésiterait sans doute pas très longtemps pour le faire. Il eut un petit sourire en coin, preuve encore une fois de sa grande aisance face au mépris de son interlocutrice. Il avait survécu à des conversations avec Finn, Blue, Erin, ce n’était pas pour plier devant une fille comme Mary. Il faut croire que le garçon commençait à avoir l’habitude de se retrouver à converser avec ce genre de personnage.

– Oh détrompe toi, il y a des chauds lapins parmi les SP aussi. Peu importe ton respect extrémiste des règles, tu seras jamais comme eux, je vois pas pourquoi tu te donnes autant de mal, en vrai.

Répondit le garçon. Ce n’était pas forcément une attaque contre elle mais plus un véritable questionnement. Pourquoi vouloir à tout prix plaire à un groupe de la population quand ce dit groupe ne voudra jamais de vous. Cela semblait représenter beaucoup d’efforts pour peu de résultats. Et surtout elle passait surement à côté de beaucoup de fun dans sa vie en se brimant de la sorte. Max se doutait bien pour autant que ce n’était pas une conversation avec lui qui allait faire totalement changer d’avis la jeune femme.

Elle lui renvoya une pique, prétextant que c’était à cause de personne comme lui qu’elle voulait se rapprocher des SP. Soit. Elle n’y arriverait sans doute pas de toute manière. Max n’aimait pas trop les gens comme elle, qui se pensait meilleurs que les autres. Et pourquoi d’ailleurs ? Parce qu’elle respectait des règles archaïques que même certains SP ne respectaient pas ? Le garçon leva les yeux au ciel comme pour montrer la stupidité des paroles qu’elle prononçait. Il est clair qu’ils ne partageaient pas du tout le même point de vue sur la société sorcière.

– Pauvre de toi de devoir suporter la populasse. Quoi que si tu bosses bien pour les SP, tu pourrais devenir leur larbin … Ca donne grave envie.

Dit-il avec un petit sourire insupportable sur le coin des lèvres.