La journée était passée rapidement, comme les précédentes depuis quelques semaines. Plus le jour J approchait et plus les journées passaient en un éclair. Encore quelques jours et je serais mariée. Cette idée a beau plané au dessus de ma tête depuis les grandes vacances, je n'arrive toujours pas à m'y faire. Le prétendant a changé en cours de route mais l'idée générale reste la même, avant la fin de cette année scolaire, je serais mariée et prise sous le joug d'une nouvelle famille. On ne pourra pas dire que cette année fut de tout repos. J'ai été promise à Caleb Avery en août, en septembre mes meilleurs amis m'ont tourné le dos après la nouvelle, sans même chercher à comprendre pourquoi je n'avais rien dis sur le sujet. J'ai du traîner ma famille dans la boue pour me libérer de cette promesse de mariage qui ne me convenait pas pour accepter une autre promesse de mariage, qui, quoi que meilleure, était trop précipitée à mon goût. Quoi que je fasse, je suis vouée à devenir la femme de quelqu'un cette année. Et croyez moi, même si j'aime Hannibal, je n'ai jamais envisagé cette éventualité si tôt dans ma vie. J'aspirais à finir mes études à Poudlard avant de me lancer dans "cette nouvelle aventure". Hannibal aurait déjà quitté Poudlard depuis 1 an et aurait eu l'occasion de commencer à placer ses pions dans l'échiquier politique. Alors même si les gens ont raison de croire qu'il était dans mes plans d'épouser Hannibal, jamais je n'aurai envisagé de me précipiter aussi rapidement. Quel aurait été mon intérêt sérieusement ? Il n'y a aucune autre prétendante qui était prête à ravir ma place, pourquoi aurais-je tout planifier pour l'épouser maintenant ? Je veux bien être une manipulatrice sans coeur, mais je ne fais jamais les choses sans raison, ils devraient le savoir.

Bref, tout ça pour dire qu'à la fin de la semaine, je porterais un autre nom de famille et que je suis toujours incapable de savoir si ça me fais plaisir ou non. Etre mariée à Hannibal ne me dérange pas tant que ça en soit, je n'ai pas la sensation que ça changera vraiment quelque chose entre nous, néanmoins être à la solde de sa famille, j'apprécie déjà moins l'idée. L'ambiance risque d'être délétère chez les Sorensen quand je vais devoir y aller, j'ai déjà hâte ... En attendant que le grand jour pointe le bout de son nez, je me rends dans la Grande Salle pour manger. Comme bien souvent cette année, je n'ai personne pour m'accompagner. Au début je le vivais assez mal, il faut bien l'avouer mais avec le temps, je me suis fait une raison et ma rancoeur a remplacé ma peine. Installée au milieu de la tablée, je me retrouve à manger en face de Marlon, un mec de ma promotion. Je ne lui prête guère attention et tourne mon regard vers Finn, un peu plus loin sur notre gauche. Son air impassible me manquerait presque, mais c'est lui qui a décidé de cette issue à notre amitié et non moi. Après un léger pincement au coeur, je détourne le regard, refusant l'idée qu'il puisse voir une quelconque émotion sur mon visage en croisant mon regard. Cela lui ferait trop plaisir de savoir qu'il me torture avec son silence, je ne lui offrirais jamais cette victoire. J'observe quelques instants notre tablée, avant de commencer à manger. Ce n'est qu'après quelques bouchées que je remarque le comportement étrange de mon voisin d'en face. Je l'observe étonnée, avant de tourner mon regard vers notre droite, dans la direction de son attention. Je mets quelques instants avant de comprendre qu'il est en train de regarder deux filles de notre maison. Et à croire ses regards insistants, il a l'air d'être totalement obnubilé par leur discussion. Entend-il seulement ce qu'elles se disent ? Parce que de là où je suis, j'entends presque rien, sauf quelques mots par-ci, par-là. Le comble vint quand il rata une bouchée. Je ne peux m'empêcher de rire à couvert, trouvant son attitude bien niaiseuse. Alors Marlon, tes hormones te démangent ? Il finit par les lâcher du regard et remarque que je l'observe amusé, il me demande un peu bêtement ce qu'il se passe. "Ca va, le spectacle te plait ?" Lui demandais-je amusée."Elles ont l'air de beaucoup te passionner ces deux filles .... intéressé par l'une d'elles ?" Lui demandais-je sans réellement avoir réalisée que l'une des filles étaient sa soeur, en même temps ça se serait si les autres m'intéressaient beaucoup.

Je trouve ça presque rafraichissant le spectacle que j'ai sous les yeux. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas vécu une situation aussi cocasse et amusante. Voir un adolescent avec les hormones en folie baver sur une ou des filles de notre maison. Cela n'a rien de bien étonnant dans une école, mais j'avoue que je n'y prêtais plus grande attention depuis fort longtemps, tellement mes problèmes et mes ambitions me prenaient tout mon temps. En toute honnêteté, la vie de ce cher Marlon m'indiffère au plus haut point mais on ne peut pas réellement dire que j'ai grand chose à faire actuellement et j'ai besoin de me changer les idées, il tombe donc à point nommé. Et puis ça me changera un peu de parler à un adolescent lambda et sans histoire de ma classe, plutôt qu'un sang-pur aux idées bien arrêtées et à l'égo surdimensionné. Et puis on ne peut pas réellement dire qu'on est eu beaucoup l'occasion de se parler tous les deux, si ça se trouve je vais découvrir une personne intéressante, même si pour l'heure, j'en doute ! C'est certainement un peu méchant de penser de la sorte et dans la situation dans laquelle je me trouve, c'est peut-être pas très malin de ne pas tenter de se faire des alliés. Mais que pourrait faire Marlon contre les Sorensen ? Soyons réaliste, se n'est pas vers lui qu'il faudrait que je me tourne pour un quelconque soutien. Et même s'il est peut-être très gentil, ce n'est pas réellement ce que je recherche actuellement.

Je ne ris pas aux éclats, bien entendu, mais je ne me cache pas non plus pour rire gentiment de son attitude, ce qui a l'air d'attirer son attention. Etonné, il me demande pourquoi je ris et je lui parle des deux filles qu'il a l'air de dévorer du regard. Soudainement, je vois la gêne apparaître sur son visage, ce qui me tire un nouveau sourire amusé. Tu vas t'en remettre petit Marlon, ce sont les hormones, tout le monde passe par là ! Il tente de se justifier en prétendant que je me trompe, ce que je doute grandement mais bon, vais-je insister pour autant ? Je l'ignore. Quand il reprend la parole, il me parle de l'une des deux filles, qui visiblement s'appelle Mika et qui est nulle autre que sa soeur. Mon regard glisse sur le duo, tentant de deviner laquelle des deux il s'agit. Difficile à dire, peut-être la rousse qui a, si mon imagination ne me trompe pas, de léger traits en commun avec Marlon, mais sans aucune assurance pour autant. "Et l'autre ?" Lui demandais-je amusée, juste pour vérifier qu'il n'y a vraiment aucune attirance quelconque dans cette histoire. Dans un sens, c'est bien dommage, c'est tellement trivial que ça aurait pu être amusant de le voir s'enfoncer dans la gêne. Mais en même temps, je me dis que c'est peut-être plus intéressant que ce soit sa soeur. C'est quand même à se demander pourquoi il l'espionne de la sorte. Je n'ai pas le souvenir qu'Esteban m'espionnait de la sorte quand il était encore là. Bon, on se détestait profondément, mais il aurait certainement eu toutes les raisons du monde de me tenir à l'oeil. A moins qu'il l'ait fait et je ne m'en suis pas rendue compte ... "Pourquoi tu espionnes ta soeur ?" Lui demandais-je sans détour, curieuse d'en savoir plus sur cette histoire. J'ignore s'il me répondra honnêtement ou s'il tentera de noyer le poisson mais je ne compte pas le lâcher tant que je ne serais pas satisfaite de sa réponse.