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tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde
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Message(#) Sujet: tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde EmptyDim 14 Mar - 3:37

naviguer en plein doute


Ce n’était plus possible. Ce n’était plus vivable ! Son mois de mars avait été affreux, meurtrier pour son humeur et assassin pour sa santé. Siwan se rongeait les sangs depuis la fin de la conférence et n’avait pas cessé depuis, même si elle montrait le contraire. Oh, elle n’avait pas arrêté de sourire, de dire « oui bien sûr » aux sorties, de remonter le moral des autres quand le sien déclinait chaque semaine un peu plus, de faire cours avec le même entrain et de bavarder, bavarder, bavarder. C’était plus simple de bavarder pour ne pas laisser un seul moment de blanc entre elle et son interlocuteur. Si elle laissait un seul de ses moments venir interrompre la conversation, Siwan avait peur qu’un reproche insidieux ne s’y engouffre et ne se retourne contre elle, qu’on lui fasse une remarque sur tout ce qu’il s’était passé ce dernier mois, qu’on vienne la blâmer pour ses actions et qu’on lui demande de partir. Elle n’avait jamais autant traîné au lit que ce mois-ci. Chaque jour, elle gagnait une minute de plus avant de se résoudre à se lever, se doucher, s’habiller, aller manger, faire cours, repartir dans ses appartements et se remettre sous la couette. Son livre ? Elle n’en avait même pas avancé l’ébauche d’un mot. Ses recherches universitaires ? Oh, cela pouvait bien attendre encore un jour de plus, au point où cela en était… À quoi bon se forcer ? À quoi bon prendre des décisions ? Elle qui était si entreprenante, d’habitude, avait laissé le doute prendre le dessus. Le doute perfide, le doute horrible, le doute maladif. Elle bavardait, certe, mais elle se répétait ; elle continuait de sourire mais ses yeux n’en étaient pas moins embués de tristesse et de remords ; ses cours avaient toujours de l’importance pour elle, mais elle ne parvenait plus à regarder ses élèves dans les yeux ; elle continuait de sortir, mais c’était pour mieux tromper les autres sur son état dans l’espoir de se tromper elle-même. Et elle en avait vu du monde, Siwan, pendant ce mois de mars. Elle en avait vu énormément même ! Ne serait-ce que Caleb, venu lui annoncer qu’il était responsable de la retenue collective, puis le mariage qu’elle avait espéré être réparateur pour son moral - elle qui adorait les fêtes et autres cérémonies ! -, ou encore la petite réunion avec Amelia et Alice qui avait pour but de remonter le moral à Amelia, ou le verre avec Fergal peu de temps après, ou même la retenue qu’elle avait faite pour son groupe d’élèves en abandonnant l’idée d’être sévère avec eux… Et pendant tout ce temps-là, aucune réponse de la Directrice, rien ! Les élèves allaient mal, elle lui avait transmis les résultats de son sondage, lui avait fait comprendre - du moins elle l’espérait - que l'interdiction d’usage de la magie faisait pire que mieux, et rien. Pire : cette mégère allait jusqu’à confisquer les baguettes de tout le monde, et c’était uniquement de sa faute : sa faute pour avoir amorcé la chose avec la retenue collective, sa faute pour ne pas avoir mieux géré la situation, sa faute pour ne pas savoir quoi faire.

Alors, oui, Siwan se laissait prendre par le doute et se laissait entraîner par lui. Il était revenu, ce doute vicieux qui ne partait jamais vraiment. Elle détestait prendre des décisions importantes, préférait laisser les autres régler les problèmes ou prendre la décision à sa place. Quand elle n’avait plus le choix, elle repartait à la base de son identité : sa famille et ses convictions d’abord, le bien-être de ses élèves ensuite, et elle pour finir. Généralement, ce mode de pensées lui permettait de prendre une décision efficace et satisfaisante. Quand cela ne suffisait toujours pas, elle partait du côté de la divination et trouvait une réponse de cette façon. En fait, elle prenait toujours la peine de consulter le futur, d’une façon ou d’une autre, pour une question ou pour une autre. C’était la seule façon qu’elle avait de ne pas naviguer à l’aveugle, de ne pas s’écarter trop du chemin, de ne pas se perdre. Siwan Kendrick avait toujours fonctionné de cette façon et, jusqu’à présent, cela lui avait plutôt bien réussi. Mais cela ne l’empêchait jamais de douter. Et cela ne l’empêchait pas de se morfondre, comme aujourd’hui.

Rien n’allait ! Plus rien n’allait ! L’ancienne Serpentard ne pouvait même plus regarder Junior en face sans craindre de trouver un regard de reproche, de déception et de haine. Il avait eu confiance en elle, et elle ? elle avait sûrement trahi une bonne partie de l’école. Et ça la travaillait, encore et encore, jour après jour. Siwan ressassait l’événement, ressassait ses actions, ressassait ses paroles. Est-ce qu’elle aurait pu faire les choses autrement ? Est-ce qu’elle aurait pu mieux faire ? Mal faire ? Aurait-il mieux valu ne rien faire et laisser les autres s’en charger et prendre la mauvaise décision à sa place, aussi injuste était-ce ? Elle n’en savait rien. C’était trop tard désormais, de toute façon. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était se tourner vers le futur, comme d’habitude, et trouver une foutue solution. Elle envisageait même - et ce serait une demande horrible à leur faire - de demander au peu de Voyants qu’elle connaissait de se mettre en commun pour avoir un aperçu du futur qui les attendait, tous, et de trouver un moyen de le contrecarrer ou de l’appuyer. Oserait-elle seulement faire une telle chose ? Et elle, même ? Valait-il mieux abdiquer ou résister ? Devait-elle continuer de faire la petite professeure modèle ou se soulever contre la Directrice à son tour quitte à perdre son boulot ? Elle avait posé la question à Wayde, la Siwan, et la réponse ne l’avait qu’à moitié satisfaite. Elle avait pris le temps de réfléchir - le mois entier, à vrai dire - et rien n’y avait fait : impossible de se décider. Et cela devenait dangereux pour elle, elle le savait.

Alors Siwan avait répondu à Wayde, elle lui avait dit que ça n’avait servi à rien et qu’elle venait pour lui parler de vive voix, qu’elle serait là dans dix minutes maximum, dans son bureau, prêt ou non. Elle n’avait pas manqué à sa parole : la Galloise était descendue de sa tour à moitié débraillée, encore en train d’enfiler un gilet sur elle, pressée, son tarot dans les mains et sa baguette dans la bouche ; elle avait descendu les étages à toute vitesse et ne prit même pas la peine de toquer à la porte du bureau de son ami pour s’annoncer. Il était conseiller ? Ce serait le moment de le prouver.

Tu dois me donner une réponse claire, Wayde, lui dit-elle sans même un bonjour. Tu dois m’aider. J’ai vraiment besoin de ton aide. J-Je… J’arrive pas à trouver une réponse. Il me faut une réponse. J’ai besoin d’une réponse, c’est impératif.

L’ancienne Serpentard se présenta essoufflée et elle ne prit même pas la peine de s’asseoir, non, elle fit les cent pas dans le bureau tout comme elle avait fait les cent pas dans le sien quelques minutes auparavant.

Tu sais ce que m’on dit les cartes ? Parce que je leur ai demandé, figure-toi ! Et elles ont été ab-so-lu-ment claires sur la réponse, c’est fou ! Elles m’ont dit - attends, je vais te montrer, et Siwan prit la peine de reprendre les cartes qu’elle avait tirées tantôt et de les remettre dans l’ordre. Tiens, regarde : les pires cartes aux pires endroits. Et c’est tout pour ma pomme, hein. Tu sais ce que j’ai demandé ? Rien. Je voulais juste avoir une idée de la marche à suivre, des conseils, quelque chose - elle avait l’air délirante - et tout ce qu’elles m’ont répondu c’est : patience, une opportunité arrive, vous êtes peut-être un peu trop sur les nerfs, prenez le temps de souffler ou quelque chose de mal pourrait aboutir. AH ! Mais de mal pour qui, hein ? Pour moi ou pour les gosses ? Sérieusement ! Et cette chance, elle pourrait ne jamais arriver. Ou, si, si ! elle pourrait arriver, mais pas pour moi : pour la Directrice.

Tirage:

Elle ne lui faisait plus confiance, à cette mégère. Il fallait qu’elle parte d’ici. Siwan était prête à risquer son poste pour ça, elle était vraiment prête à le faire !

Wayde, je t’en prie, dis-moi.

Siwan le regarda avec des yeux implorants, appuyée contre son bureau et les genoux à terre.

Je sais de quoi j’ai l’air. Et quand j’ai l’air comme ça, ma baguette refuse de fonctionner. Je le sais. Je l’ai déjà vécu. Deux fois. Et j’ai pas envie de le vivre une troisième fois, Wayde.

Revivre l’enfermement, le dégoût de soi-même et l’apathie ? C’était hors de question. Elle ne le pouvait pas, pas quand elle avait encore des restes de la dernière période qu’elle avait eu dans cet état. Il lui fallait une réponse, une vraie direction, des convictions solides même si l’idée ne venait pas d’elle au préalable. Mais il lui fallait quelque chose.
(c) DΛNDELION


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Message(#) Sujet: Re: tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde EmptyLun 12 Avr - 10:15



Tire une carte
ou peut-être deux
feat. Siwan


Les choses s’aggravent depuis quelques temps. Ce que Wayde avait prédit est finalement arrivé. Il les connaît, il les côtoie chaque jour, il analyse leurs comportements et plonge dans leurs plus sombres pensées. Oui, il est conseiller d’orientation, pas psychologue. Mais la scolarité de ces enfants n’a rien de commune. Ils n’ont plus aucun plaisir à aller en cours si la magie leur est privée. Ils n’ont plus le courage de grandir si une force inconnue les menace, si les guerres de sang persistent dans un monde trop moderne pour les plus faibles d’esprit. Tout part en couille. La magie est volée, l’espoir est enterré, et l’anarchie est confectionnée par ceux qui furent élus en prônant la paix et le partage. Wayde n’a jamais eu de retour à sa lettre, le jour où il l’a prévenu. Il lui a dit que tout cela arrivait, et si son intuition est bonne, Madame Appleton ne siègera pas longtemps dans le bureau de la Direction. Les protestations seraient en mesure de simuler un poutch glissé avec précaution et stratégie. Ça pue, clairement. Si les guerres de sang sévissent encore, le temps est compté. Les choix de la directrice et les révolutions des gamins sont du pain béni pour quiconque s’oppose à la politique actuelle.

Ils en parlent entre eux, discrètement, gardent les yeux ouverts, ne lâchent jamais leur vigilance. Mais Siwan perd patiente et s’approche toujours plus de l’ultimatum. Elle semble perdue entre son envie de justice et son devoir au sein de l’école. Wayde ne peut que la comprendre, l’écouter, tenter d’en découdre. Il ne peut pas la conseiller, car lui-même se retrouve perdu dans cette impasse. Pour ne rien aider, ils s’en veulent, ruminent, regrettent de ne pas avoir pu gérer les choses autrement. Il ne peut que décortiquer plus de pièces chaque jour, réfléchir à tout, mais pas trop longtemps. De toute façon il ne peut pas prendre le temps pour tout. Les doutes de Siwan lui étaient parvenus, elle lui avait écrit qu’elle arrivait, la discussion allait être décisive.

Il n’a pas prit le temps de se changer ou de ranger la paperasse qui trainait sur son bureau. Ils ne jouent pas sur les faux semblants, pas un jour comme celui-ci. Elle débarquait, c’était très bien comme ça. Ce n’est pas comme si elle allait s’attarder sur sa dégaine ou sur le sujet de ses papiers, surtout pas en débarquant de la sorte. Une furie prend possession de la pièce et fait les cent pas. Wayde, d'abord surpris, assied à son bureau, la regarde et l’écoute, prêt à lâcher tout ce qu’il est entrain de faire. Son amie et collègue semble paniquée, à bout de raisons et de solutions. C’est pour ça qu’elle est là. Elle cherche une stabilité chez quelqu’un qui encaisse, prend sur lui, se contente de froncer les sourcils et de serrer la mâchoire. Au-delà des apparences, les pensées ne cessent de tourner dans la tête de Wayde. C’est un véritable moulin là dedans, une usine de production, une encyclopédie de la magie et des ordres noirs. Quand enfin elle se tourne vers lui pour lui exposer les cartes qu’elle a tiré, il se lève pour partager son excitation et regarder les dessins de plus près. Evidemment, il n’y comprend pas grand chose, tout comme il n’est pas sûr de comprendre le délire de Siwan. Elle ne cesse de demander une réponse à Wayde, mais une réponse à quoi ? Ces sourcils se froncent, encore. Une avalanche de mots raisonne dans sa tête, dans la pièce, il sent son propre coeur battre à foison. Il est perplexe et à l’écoute, encore. Une chose est sûre, elle a l’air convaincue que ça ne va pas, que c’est significatif. Il voit le jugement, comme une forme de sentence. Il voit des épées, un chevalier, la mort quelque part. Ça signifie tout ce qu'elle est entrain de dire ? N’est-ce pas ce qu’il lui avait dit dans sa lettre, d’être patiente et de réfléchir fortement avant d’agir ? La pauvre est désemparée, jamais encore il ne l’avait vu dans cet état. Elle s’appuie contre son bureau, le supplie de lui donner une réponse comme s’il était le grand manitou. Il ne la laissera pas comme ça. Il ne la laissera pas s’abaisser de la sorte. Les cartes étalées sur le bureau, il sort de derrière son établie et se penche vers elle. Agrippant le poignée de la rousse, il la tire vers le haut, là où elle devrait se trouver. Une voix ferme et rassurante s’extirpe d’entre ses lèvres, et d’un geste de force il invite son amie et collègue à s’asseoir dans le petit salon confortable qu’il a installé pour ses rendez-vous. Elle doit commencer par se calmer, ou leur conversation ne mènera à rien, bien qu’il ait toujours trouvé l’impulsivité plus vraie que tout. « Je n'aime pas te voir comme ça, alors on va commencer par s’asseoir et par se détendre. Respire un bon coup, ta baguette fonctionnera beaucoup mieux et la conversation également. » Dit-il sans trop en être persuadé, l'air malgré tout rassurant, menant la rousse vers le fauteuil en face duquel il prend place. Non, il n'aime pas la voir comme ça. Mais il lui servira de béquille dès qu'elle en aura besoin.

Il sert sa mâchoire, réfléchi, se remémorant le bordel que Siwan lui a blatéré. Il tente de se rappeler sa crainte première, peur qu'il n'est plus sûr de cerner au milieu de toutes les autres. Tant pis, il se penche légèrement et lève un regard dur dans celui de Siwan. « Ça ne sera pas pour elle Siwan. Si la moindre bonne opportunité se présente, je peux t’assurer que ce ne sera pas pour elle. À ton avis, tu crois que les élèves et les quelques professeurs sont les seuls à ne pas tolérer les choix qu’elle fait ? Si on ne fait rien, quelqu’un le fera de toute façon à notre place. Que ça engendre du bon ou du mauvais, je nous fais confiance pour nous trouver exactement où nous devrons être. » C’est évident, écrit, logique. Wayde ne dit pas qu’il ne faut rien faire, et laisser les autres se salir les mains. Une fois encore, il préconise de faire les choses avec minutie. Evelyn Appleton pourrait déclencher bien plus de maux qu’on ne l’imagine. Si Wayde et Siwan sont révoltés, dans quel état sont les parents les plus extrêmes ? Et si Evelyn, par ses bonnes volontés, devenait la victime au lieu du bourreau inconscient ? Et si elle avait pleinement conscience de son pouvoir, et en profitait pour saigner la culture magique ? Tout est possible, tout est envisageable, alors il faut prendre son temps. Non pas attendre bêtement, mais s’initier lentement. Les cartes lui ont dit exactement la même chose que Wayde lui avait écrit. Elle doit souffler. Elle peut compter sur une équipe incroyable. Avec Fergus, Askja, Siwan et Wayde, rien ne peut arriver. « Je ne suis pas devin, mais j'imagine simplement que... les cartes nous demandent de ne pas faire n'importe quoi, de ne pas agir dans la précipitation et l'impulsivité. » Il est facile de succomber à la folie dans ce monde de débiles. Par contre, s'adresser à un ami avec fermeté, la gorge sèche à l'appel d'une boisson qui saura intensifier une conversation sérieuse, ça n'aura jamais rien de fou. C'est ça la vie.


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Message(#) Sujet: Re: tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde tire une carte, ou peut-être deux ♦ feat. Wayde EmptyMer 14 Juil - 18:51

naviguer en plein doute


Une véritable tornade, voilà ce qu’elle était, dans l’attitude et dans le cœur, voire même dans l’essence même de son être s’il n’y avait que ça. Siwan n’avait jamais tenu en place, n’avait jamais pris la peine d’attendre que tout lui tombe dans les mains, n’avait jamais… profité de la tranquillité de sa vie, sauf peut-être en présence de sa tante qui avait le tempéramment d’un volcan mais le style de vie d’un arbre qui prend le temps de s’ancrer dans le sol qui le nourrira toute sa vie. Sa nièce n’avait jamais pris ce temps-là. S’ancrer quelque part ? Faire pousser ses racines ? Si la tradition familiale n’était pas de rester près des siens, cela ferait longtemps qu’elle aurait quitté le Pays de Galles et l’Angleterre toute entière avec. Si elle n’en était pas venue à être plus casanière que prévu, Siwan aurait pris son envol. Mais il fallait au moins ça pour la contenir, et peut-être était-ce plus des chaînes que des repères, finalement, puisqu’elle finissait, bien souvent, par éclater en mille morceaux quand la pression se faisait trop forte. Une tornade qui tournait en rond, qui embêtait son monde pour ne pas s’embêter soi, qui cassait le monde extérieur pour éviter de se casser à l’intérieur. Mais il y avait des ratés, bien évidemment. De toute sa vie, elle n’avait été en proie au doute ultime que deux fois, et par deux fois elle en avait souffert horriblement, parce que le doute la divisait, la faisait repenser sa propre existence et sa propre identité. Siwan détestait douter et être en proie à des choix. Souvent, elle parvenait à esquiver d’une manière ou d’une autre, à oublier qu’une personne fière de ses valeurs parvenait à choisir et à suivre ses convictions sans se mettre dans des états dont il était impossible de sortir. Mais pas elle. Siwan était de ceux qui ne parvenaient jamais à choisir, qui se retrouvaient dos au mur, entre deux précipices, sans possibilité de ne pas faire autrement que sauter par-dessus l’un ou l’autre. Mais une tornade se devait de détruire quelque chose sur son passage ou elle perdait sa raison d’être. Et coincée comme elle l’était entre se liguer contre la Directrice ou ne rien faire, Siwan avait dû mal à comprendre qu’attendre était une autre solution possible, malgré la réponse de ses cartes et de Wayde. Il fallait qu’elle fasse un choix, autrement… comment pourrait-elle se regarder en face dans le miroir ? Mais comment pouvait-elle choisir ? Le doute la prenait toute entière sur ce qu’elle devait faire, et la Galloise se sentait disparaître, fondre derrière le doute, incapable de se redéfinir comme avant… Et, sans ça, sa baguette la lâcherait une nouvelle fois, elle en était persuadée.

Cependant, elle ne pouvait pas laisser une telle chose arriver. Pas dans une période aussi cruciale que celle dans laquelle ils se trouvaient tous. Elle avait besoin de sa baguette pour soutenir les élèves qui ne l’avaient pas. Elle avait besoin de ses pleins pouvoirs et pas… le spectre qu’elle était en train de devenir. Siwan avait d’abord demandé à ses cartes, bien sûr, puisque la divination avait toujours su l’aider et la rassurer sur la marche à suivre - c’était comme ça qu’elle avait réussi à tenir sur son fil pendant tant d’années. Mais le message ne l’avait pas convaincue, alors elle était descendue et avait déboulé en trombe dans le bureau de Wayde pour lui faire part de ce qu’elle avait tiré avec son tarot, pour lui faire comprendre que la patience n’était pas une solution qu’elle trouvait acceptable, qu’elle… qu’elle avai besoin d’aide, tout simplement. Une aide de quelqu’un comme lui. Oh, sûrement qu’il n’avait pas pensé conseiller une adulte une fois à ce poste, mais Myrddin savait qu’elle en avait besoin aujourd’hui, et Wayde ne pouvait pas le lui refuser. Elle s’était mise à genoux devant son bureau avant que son ami ne vienne la relever et ne l’invite à s’asseoir là où il avait dû accueillir plusieurs élèves avant elle.

Je n’aime pas te voir comme ça, alors on va commencer par s’asseoir et par se détendre.

Elle n’aimait pas se voir comme cela non plus. Siwan avait conscience d’elle-même dans ces moments-là, sans avoir l’énergie d’y faire quoi que ce soit. Elle trouvait même, par moment, que l’éclat de ses cheveux ternissait, passant d’un roux chatoyant à un brun terne, sans vie et qui ne donnait pas envie de venir lui parler. Tout de suite, elle ne faisait confiance qu’à Wayde. Thor se moquerait de son état et Fergal n’avait pas besoin de voir ça. Quant à Jane, et elle était désolée de le dire, elle ne lui serait d’aucune aide. Les autres, elle ne les considérait pas assez proches d’elle pour pouvoir venir chercher leur aide et se dévoiler en pleine faiblesse. La petite discussion avec Amelia et Alice autour d’un thé avait été très appréciable, Siwan ne disait pas le contraire, mais ce n’était pas le thé qui la sauverait aujourd’hui, ou alors il faudrait y ajouter une part divinatoire qu’elle n’avait pas la force de pratiquer. Tirer les cartes, ça avait été le summum et c’était un geste mécanique qu’elle avait installé depuis plus d’une dizaine d'années maintenant. Non, il n’y avait que Wayde vers qui elle se sentait de se tourner. Désolée pour toi, mon gars. La Galloise savait pertinemment qu’il ne possédait pas toutes les réponses de l’univers, mais c’était exactement ce qu’elle attendait de lui, assez égoïstement d’ailleurs.

Respire un bon coup, ta baguette fonctionnera beaucoup mieux et la conversation également.

Elle le regarda, perplexe et butée comme une enfant qui ne croyait pas ce qu’on lui disait. Siwan prit une grande inspiration et expira en grossissant le trait, pour montrer qu’elle l’avait fait mais que ça ne changeait rien. S’il avait fallu d’un peu de méditation et d’exercices de respiration pour s’en sortir, elle n’aurait jamais connu l’enfer d’une baguette refusant de fonctionner ! Mais ça, Wayde ne pouvait pas le savoir. Son égoïsme voulait qu’il le sache, d’une façon ou d’une autre, qu’il comprenne avant même qu’elle n’ait à s’expliquer. Elle lui en voulait de ne pas le savoir.

Et maintenant ? fit-elle quoi qu’un peu sèchement.

Elle aurait voulu lui dire que ça ne changerait rien, mais ce serait faire preuve de mauvaise foi. Il avait suffit d’une grande respiration pour en entraîner une autre et, même si le doute continuait de l’habiter, sa colère et sa panique - elles - perdaient en force et s’évaporaient tranquillement. Gardant les bras croisés dans son fauteuil, elle écoute Wayde la rassurer. Elle l’écoute et elle se voit incapable de détourner les yeux de ce regard dur qu’il lui porte, quand bien même elle le voudrait.

Que ça engendre du bon ou du mauvais, je nous fais confiance pour nous trouver exactement où nous devrons être.

Où avait-il été pendant toute sa vie, toute sa scolarité ? Où avait-il été, cet ami aux mots réconfortants et à la foi inébranlable que tout allait bien se passer ? Celui qui prenait les décisions à votre place ? Cinq de différence, cela faisait beaucoup pour une scolarité à Poudlard. Et Siwan regrettait de plus en plus ne pas avoir eu de Conseiller pendant sa propre scolarité, tout comme la première fois qu’elle avait appris l’emploi de Wayde entre ces murs. Il lui parlait comme à une enfant, mais n’en était-elle pas redevenue une dès qu’elle avait franchi les portes de son bureau ? Siwan redevenait cette enfant butée qui pensait savoir mieux que tout le monde, qui ne voulait écouter personne et qui attendait, pourtant, qu’on l’écoute elle ne serait-ce que cinq minutes afin qu’on puisse la rassurer et lui rappeler sa valeur. Qu’elle ne se sente pas seule dans ce monde qui ne trouvait de sens que dans ses cartes. Une nouvelle fois, elle prit une grande inspiration et expira tout autant. Siwan n’avait rien à dire, mais elle refusait tout de même de laisser une conversation sans le moindre bruit de sa part.

Je ne suis pas devin, mais j’imagine simplement que… cartes nous demandent de ne pas faire n’importe quoi, de ne pas agir dans la précipitation et l’impulsivité.

Évidemment que non ! Le message de ses cartes avait été clair. Celui de Wayde avait été clair, mais Siwan refusait d’écouter. Cela semblait… si simple que cela cachait forcément quelque chose. Le choix paraissait si cornélien à ses yeux qu’elle ne parvenait pas à comprendre qu’il lui suffirait de ne pas faire de choix comme elle avait l'habitude de faire pour que tout se passe au mieux. Alors quoi, il suffisait qu’elle s'assoit et qu’elle attende ? Qu’elle ne fasse rien et qu’elle réapprenne à respirer ? Aussi simplement ?

Ça… semble trop simple, Wayde. Ça me fait peur.

Comment les choses pouvaient-elles être aussi simples ? Comment pouvait-elle rester assise lorsque l’enjeu était aussi grand ? Cela semblait irréel, comme un mirage, un piège pour mieux la tromper, un défaut de vision qu’elle ne parvenait pas à régler avec ses lunettes ou avec la divination. Et si même la divination commençait à la mener là où il ne fallait pas… Ce serait toute sa présence ici qui viendrait être remise en question, tous ses choix, toute sa vie et alors, pour sûr, sa baguette refuserait de lui obéir et c’en serait fini de Siwan Kendrick. Honnêtement, cela devait être sa plus grande peur : ne plus pouvoir faire de magie. Deux fois, cela avait été de trop pour elle. Et, le pire, c’est que Siwan n’avait pas l’impression que d’autres personnes de son entourage soient sujettes à de tels tourments et de tels problèmes.

Je suis désolée, soupira-t-elle. Ma baguette a déjà refusé de fonctionner et… Je pensais bêtement… Je pense - car elle le pensait toujours, malheureusement - bêtement que j’arriverais à contrecarrer les choses, pour une fois.

Elle était l’enfant qui pensait pouvoir arrêter une vague par la seule force de son esprit. La Galloise avait senti la vague arriver, et elle l’avait fui de toutes les manières possibles, avait tenté de la contourner d’une façon ou d’une autre, de l’arrêter… sans succès. La vague continuait de venir et elle allait devoir faire un peu d’apnée pour s’en sortir, une fois de plus. Il fallait apprendre à se mouiller, dans la vie, ou rien n’arrivait jamais, n’est-ce pas ? Elle allait devoir accepter que, peut-être, un court instant, sa baguette ne fonctionnerait plus, le temps qu’elle se retrouve à nouveau et qu’elle arrête de se perdre. Si seulement…

Ça ne t’est jamais arrivé, à toi ? De perdre le contrôle totalement ?

Cet homme si calme devait avoir des points de rupture, lui aussi, elle ne pouvait pas imaginer les choses autrement. Il devait ployer sous le poids de l’existence, à un moment ou un autre, ce n’était pas possible autrement. Tout sorcier, aussi puissant soit-il, ne pouvait rien faire contre le poids de l’univers. Wayde ne pouvait pas faire exception.
(c) DΛNDELION
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