Elle poussa les grandes portes de la bibliothèque non sans pousser un soupir las et exaspéré. Elle aurait pu passer son mardi après-midi dehors à dessiner le lac, les fleurs ou bien encore le soleil avec la gouache qu'elle avait été acheté pendant les vacances de Noël et qu'elle n'avait pas encore utilisé mais à la place elle était enfermée. Dans le château. Dans la bibliothèque. Personne ne l'y avait obligé. Peut-être légèrement le regard désapprobateur de Kovit lorsqu'à la fin du cours d'Histoire de la Magie de la veille, elle lui avait demandé quel était le sujet du cours. Le regard de son cousin lui avait coupé toute envie de poser des questions supplémentaire et son coeur s'était serré si fort dans sa poitrine qu'elle avait dû s'arrêter pour prendre le temps de respirer comme si elle avait une pointe de côté. La culpabilité qu'elle ressentait lorsqu'elle ne parvenait pas à suivre un cours ne faisait que s'accentuer au fur et à mesure qu'elle entendait les élèves en parler. Pourquoi n'avait-elle pas écouté déjà? Ah oui les arbres. Si grand, si majestueux et pourtant si effrayant parfois. Elle avait voulu les compter pour savoir combien elle pouvait en voir depuis la fenêtre et puis un oiseau était arrivé au même moment et elle avait voulu voir si il y en avait d'autres. Sans oublier qu'en cette sortie d'hiver, quelques bourgeons commençaient à faire leurs apparitions, il lui avait sembler être son devoir de les recenser. Ainsi elle avait dénombré que 20 bourgeons avaient commencé à poindre leur nez sur les deux seuls arbres assez près de la fenêtre pour qu'elle puisse compter les bébés feuilles. Malheureusement, tandis que perdue dans la contemplation de la nature et les mathématiques elle en avait oublié le professeur Hatwell qui semblait raconter des choses qui passionnait tout le monde à part elle lorsqu'elle était en classe. Le problème n'était pas tant qu'elle trouvait le cours intéressant, mais plutôt que la manière dont il se présentait était très fortement propice à ce qu'elle décroche trop rapidement. A présent elle avait un cours de retard, et elle devait le rattraper. Ce n'était pas parce qu'elle n'écoutait pas en cours, qu'elle ne travaillait pas l'Histoire de la Magie à côté. Cela lui demandait deux fois plus de boulot que si elle écoutait tout simplement mais ce n'était pas grave. Elle travaillait mieux seule, lorsque rien ne venait la déconcentrer, ainsi la salle commune était une très mauvaise idée, l'extérieure encore plus, elle se disait que voir travailler les autres la motiverait certainement.

Déterminée à récupérer son retard en cours, elle avait dit à ses amis de ne pas l'attendre et de faire ce qu'il souhaitait cet après-midi tandis qu'elle allait travailler à la bibliothèque. Ce qu'elle était sur le point de faire. Elle traversa la bibliothèque n'oubliant pas de saluer le bibliothécaire avec qui elle jouait de temps à temps à découvrir les définitions des nouveaux mots qu'elle trouvait, comme une sorte de quizz vu que la petite Serdaigle mettait à profit son temps libre à apprendre les définitions du dictionnaire, particulièrement celle liées aux émotions, mais également toute les autres qui pouvaient se révéler riches et intéressantes. Elle se dirigea vers une table un peu au hasard souhaitant tranquillité, elle en avisa une dans un coin plutôt replié de la bibliothèque même si siégeant dans l'allé centrale mais entourée de livre où déjà plusieurs personnes y travaillait.

Elle s'y avança gentiment, prenant le temps de laisser son regard se poser sur les livres qui remplissaient les étagères. Mais au fait, combien de livre pouvait contenir une étagère comme celle-ci? Prise dans sa lubie de compter tout ce qui pouvait lui tomber sous la main, elle se mit à compter le nombre de livre siégeant gentiment sur l'étagère tout en continuant à avancer. Elle laissa ses pas la guider vers une chaise alors que son regard était perdue en hauteur. Le regard toujours levé, elle attrapa le rebord de la chaise, la tira et s'assit dessus. L'étagère comptait 45 livres. Parfait. Elle attrapa son livre d'Histoire de la Magie dans son sac. Un sourire satisfait aux lèvres, elle laissa son regard redescendre vers la table et plus particulièrement vers son voisin assis en face d'elle. Son coeur manqua un battement. Son sac s'écrasa par terre et d'une manière très infantile, ouvrit son libre pour se cacher derrière. Elle ferma les yeux, laissa échapper un petit "Jincha" exaspéré par son propre manque de considération et doucement releva la tête pour faire de nouveau dépasser ses yeux du livre derrière lequel elle s'était caché. Liam.

Elle se mordit la lèvre en se cachant de nouveau derrière son livre. Pourquoi avait-il fallu qu'elle se mette pile à cet endroit là? Pourquoi? Il y avait pleins d'autres places, pleins d'autres chaises et aucun autre Liam alors pourquoi? Les deux jeune gens, qui avaient partagé la même classe l'an passé entretenait des relations plus que cordiale. Mais c'était avant. Avant que Zeynep, une amie très proche du garçon, ne la voit cet été dans la salle de bain à contempler sa brûlure. Avant qu'elle ne face sa curieuse et pousse Amaïa dans ses retranchements. Avant que la jeune Serdaigle perde son calme et ait poussé la jeune Poufsouffle. Avant que Liam n'apprenne la nouvelle et avant qu'Amaïa ne décide de mettre de la distance entre eux de peur que Zeynep aille lui raconter ce qu'elle avait vu ce soir là. Elle préservait son secret comme si sa vie en dépendait. Et la vie d'Amaïa en dépendait. Cette personne qu'elle s'était inventé de toute pièce et qui n'était pas vraiment elle, en dépendait et elle avait peur de se briser si l'illusion ne pouvait être maintenu. Alors par peur que l'amitié entre les deux Poufsouffle ne lui soit défavorable elle avait coupé les ponts avec le jeune homme sans autre explication. Idiote. Si Zeynep n'était pas à la bibliothèque, il n'empêchait que la présence de Liam lui faisait battre le coeur plus vite et lui tordait l'estomac. Lui avait-elle raconté? Que savait-il? Devait-elle partir et le laisser là en plan?

Elle se ressaisit. Abaissa son livre et prit un parchemin dans son sac. Elle devait travailler. Faire abstraction de Liam. Faire comme si il n'existait pas, un peu comme elle avait fait en ce début de deuxième année sans que le garçonnet ne comprenne certainement son intention. Il n'avait pas besoin de comprendre. Elle ne le voulait pas et n'était pas assez bonne menteuse pour trouver les arguments nécessaire pour lui faire croire que ce n'était qu'une discorde à propos d'une pince à cheveux. Elle fit donc abstraction du jeune garçon, ouvrit son livre à la page que Kovit lui avait indiqué et commença à rédiger quelques notes sur son parchemin. Au bout de cinq minutes, elle finit par se rendre compte qu'il lui manquait quelque chose d'essentiel si elle souhaitait récupérer le cours. Le cours. Elle avait oublié de demander à Kovit ses notes. Elle était bête. Idiote. Pabo! Elle soupira et fronça les sourcils. Comment allait-elle travailler maintenant?

Son regard se releva légèrement et elle se mit à regarder Liam. Et si? Non. Elle baissa le regard. Mauvaise idée. Elle n'allait pas lui parler. Certainement pas. Mais elle ne pourrait pas récupérer le cours du professeur Hatwell. Cruel dilemme.

"Oui?"

Elle faillis sursauter quand le jeune homme lui adressa la parole. Il l'avait vu! C'était évident. Son coeur battait si fort qu'il allait exploser dans sa poitrine. Soit courageuse Amaïa, il n'allait pas la manger tout de même. Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille et s'éclaircit la voix doucement, espérant attirer l'attention du jeune Poufsouffle. Lorsque leurs regards se croisèrent son coeur manqua violemment un battement et elle perdit le rythme de ses pensées. Ce n'était pas le moment.

"Liam...euh...salut. Est-ce que par hasard tu aurais le cours d'Histoire de la Magie d'hier sur toi...enfin je veux dire...pour que je le récupère parce que...parce que j'ai pas trop suivis, je comptais..."

Les abres? Vraiment Amaïa? Comptait-elle lui sortir cela et paraître pour une fille encore plus étrange qu'elle ne l'était déjà. Elle sentit ses joues rougir et baissa le regard quelques secondes.

"J'ai pas trop suivis, conclut-elle tout simplement"

Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, elle s'était fait la promesse d'être une nouvelle personne, elle s'était fait la promesse de ne jamais révéler son passé ni même les conséquences qu'elle en tirait aujourd'hui. Elle s'était promis de s'intégrer, de faire des efforts, d'apprendre des autres afin de paraître normale. Société qui ne l'accepterait pas telle qu'elle était réellement se complaisait-elle à penser si ce n'était sa famille qui lui entrait cette idée dans la tête de peur que la petite ne souffre de moqueries supplémentaires et soit de nouveau blessée. Mais en changeant de prénom, en notant dans un carnet les réactions des autres, en suivant le mouvement, en souriant quand tout le monde souriait, en pleurant quand tout le monde faisait la tête elle s'était dit qu'elle allait pouvoir s'adapter. Cacher ses brûlures n'était pourtant que la partie la plus simple de son plan pour paraître louable et digne d'intérêt aux yeux des autres mais même cela elle n'avait pas réussit. Elle préférait rejeter la faute sur Zeynep, mais elle n'avait juste pas fait attention. Néanmoins se l'avouer lui faisait davantage mal au ventre que de penser que tout ceci n'était que la curiosité de trop de la part de son ancienne camarade de classe.

Si seule Zeynep avait été le témoin de ce malencontreux désastre, elle n'en ferait pas tout une histoire. Mais elle n'avait que trop bien observée la relation qui liait l'an passé Zeynep et le jeune Poufsoufle en fasse d'elle, son carnet ne cessait de lui rappeler. Marqué en rouge, entouré, surligné elle voyait tous les jours les désastres de son épouvantable partie de cache-cache quand elle lisait au niveau de la page réservé à Liam autre que "Camarade de classe. Rit beaucoup. Dit des trucs bizarres que je comprends pas mais qui font rires les autres donc il faudrait que je ris aussi" quelque chose qui lui retournait à chaque fois l'estomac et qui pourtant ne tenait qu'en deux mots "A éviter". C'était le risque de vouloir changer un peu sa vie, le risque de cacher des choses à tout le monde et de mentir lorsqu'on ne voulait pas répondre à une question. Si jamais Zeynep avait parlé de ses brûlures à Liam c'était pour elle comme si toute l'école allait être au courant et il en était hors de question. On l'avait déjà assez dévisagé, déjà assez moqué, déjà assez questionné, on avait déjà remué le couteau dans la plaie un nombre incalculable de fois alors quand elle avait enfin pu quitter la maison pour aller à Poudlard, elle avait eut comme idéal que tout cela allait changer. Et elle comptait bien que cela reste comme ça.

Elle se trouvait idiote de réagir de cette manière à se cacher puérilement comme une enfant mais devant l'impossibilité de faire le chemin à l'envers, elle n'avait trouvé que ce stratagème le temps de réfléchir à l'écart du regard de Liam qui l'avait très bien vu derrière son livre et elle en avait parfaitement consciente. C'était lui qui avait rompu le silence. Elle qui avait baissé son livre. Lui qui l'avait regardé. Elle qui lui avait parlé. Lui qui avait levé les yeux au ciel. Elle qui avait récupéré le parchemin en évitant son regard. Tout ceci était mécanique, dénué de naturel, comme si elle ne pouvait pas agir de façon sensé et comme si tout allait bien entre eux. Sauf que tout n'allait pas bien et elle en était la cause. Même si c'était Zeynep qui avait poussé la jeune fille dans ses retranchements c'est elle qui l'avait poussé et c'est elle qui avait cessé tout contact avec le Poufsouffle assis en face d'elle. Elle ne savait pas comment s'y prendre tout simplement parce qu'elle ne pensait jamais avoir à le croiser de cette manière comme prise au piège au sein de cette bibliothèque.

"Tiens vas-y, il doit être dedans."

Elle attrapa les parchemins de son camarade en hochant la tête pour le remercier et avec minutie commença à détailler les feuilles du jeune homme. Elle en était impressionné de voir à quel point il semblait facile pour Liam d'écrire autant de chose pendant qu'Hatwell ne faisait que de parler tout le temps.

"Mais tu sais t’avais qu’à me le demander simplement pas besoin d’en faire tout un truc…"

Elle releva le regard vers le jeune homme. Elle n'était pas vraiment sûre de savoir de ce quoi il était en train de parler. Comment ça tout un truc? Quel truc? Elle ne voyait pas comment elle pouvait faire plus simple dans sa demande. Et elle sentait au ton du jeune garçon que ce "tout un truc" n'était pas forcément quelque chose de bien ou de normal. Ne se cachait-on pas derrière un livre quand on ne voulait pas voir quelqu'un? Apparement pas. Elle retint un soupir de justesse et concentra de nouveau son regard sur les parchemins de son ancien camarade de classe feignant de ne pas comprendre l'objet de ce "truc" dont il parlait.

"Comment aurais-je pu faire plus simple? Je n'allais pas arriver en tendant la main et en te disant "Eh oh ton cours d'Histoire". C'est plus simple en effet, mais je ne suis pas sûre que ce soit très poli même en rajoutant un "s'il-te-plait" derrière. Enfin bref...merci pour le cours"

Mais prise dans ce bref instant de panique qu'elle n'avait pu retenir en croisant le regard de Liam, elle avait comme à son habitude perdu le contrôle de ses émotions et en étant venu très vite à raconter tout ce qui lui passait par la tête, se basant sur des faits, et pas des moindres. Malheureusement pour elle rien ne semblait échapper à l'oreille trop attentive de son camarade de classe.

"Tu comptais ? Tu comptais quoi, les secondes ?"

Une nouvelle fois elle croisa son regard et senti ses joues rougirent violemment. Elle secoua négativement la tête autant pour lui donner réponses que pour que ses cheveux bruns puissent cacher les gages de son embarras naissant.

"Je ne suis pas une pendule. Je ne vois pas l'intérêt de compter les secondes, elles le font très bien pour moi"

Son côté pragmatique ne pouvait s'empêcher de revenir à la charge, l'obligeant à exprimer à haute voix ce qu'elle pensait tout bas. Se parlant parfois à elle même elle pouvait en oublier les oreilles qui près d'elle l'écoutait attentivement et pouvait parfois se demander de quoi elle était en train de parler. Mais elle ne comptait pas les secondes. Comment pouvait-elle se sortir de ce mauvais pas? Etait-il coutume de compter les bourgeons des arbres? Qu'est-ce qu'elle aurait pu compter à part ça? Plein de choses. Trop de choses. Les pages du manuel de son livre, le nombre de fois que son camarade à côté d'elle en cours remonté ses lunettes, le nombre de fois où Hatwell prononçait le même mot. Tout était excuse parfaite pour compter comme si quelque chose en elle en avait besoin, pour mettre de l'ordre, de la mesure, elle comptait, sans s'en rendre compte et s'en le vouloir. Elle arrivait dans une pièce, observait et ressortait avec tout un tas d'infirmations inutiles en tête mais qui la ravissait intérieurement. Pouvait-elle expliquer cela à Liam? Non. Elle ne le pouvait pas. Personne ne faisait ça. Non? Mais que lui dire alors? Elle ne voyait pas comment mentir de manière convenable et maintenant qu'elle l'avait prononcé elle ne pouvait pas revenir dessus en prétextant qu'elle n'avait pas dit compter mais plutôt saupoudrer. Et puis d'ailleurs qu'est-ce qu'elle aurait saupoudrer? Du sucre? Elle divaguait ne faisant même plus attention au regard inquisiteur de Liam. Elle baissa les yeux et commença à recopier une phrase.

"Rien d'intéressant."

Elle avait répondu d'un ton sec. Cachant son malaise de trop en révéler comme elle le pouvait. Elle évita soigneusement le regard du Poufsouffle et se concentra plutôt sur ses feuilles d'Histoire. Mais quelque chose lui restait sur l'estomac, une désagréable sensation qui s'insinuait tel un serpent et ondulait dans tout son ventre lui donnant de désagréables crampes. Elle tapota du pied par terre, énervée d'être dérangée par les dommages collatéraux que les questions du jeune garçon lui provoquaient. Mais était-ce ses questions ou plutôt la manière dont elle lui avait répondu qui la laissait toute chose? Pourquoi se montrait-elle aussi froide et distante avec le jeune garçon avec qui elle aimait bien être avant? Cette pensée lui retourna une fois de plus l'estomac et déconcentrée de sa tâche elle releva doucement les yeux vers son voisin de table. Elle ne savait pas comment s'y prendre, elle ne savait pas quoi faire. Son instinct lui dictait de parler mais pouvait-elle faire confiance à son instinct? Ne ferait-elle pas mieux de se fier à ce que son carnet lui demandait? Fuir?

"Les bourgeons."

C'était sortit tout seul. Lorsque leur regards se croisèrent de nouveau, l'envie de détourner le regard fut tellement forte qu'elle dû se résoudre à ne pas regarder directement le garçon dans les yeux mais plutôt le libre qu'il avait au dessus de la tête. Elle poussa un soupir et passa une main dans ses cheveux dans un geste nerveux.

"Je comptais les bourgeons sur les arbres."

Elle pensait que la sincérité aiderait son estomac à se calmer mais non c'était encore pire! Venait-elle de lui avouer véritablement qu'elle avait comptait les bourgeons sur les arbres? Il fallait le croire. Pabo!

"C'est ma marraine...enfin Rowan...le Professeur Moon. Elle m'avait demandé pour un truc. C'est pour ça que je comptais. Les bourgeons."

Essayer de se récupérer était encore pire que de ne rien dire. Elle résista à l'envie de se taper la tête contre la table, détourna le regard et reprit son écriture en se maudissant intérieurement. Il aurait peut-être mieux fallut qu'elle ne parle pas. Qu'elle ne le regarde pas. Qu'elle ne vienne même pas s'installer à cette table. Elle perdait totalement le contrôle de la situation et de ce qu'elle avait prévu initialement qui était d'éviter le jeune garçon pour ne pas qu'il se questionne trop sur elle. Elle avait l'impression de faire tout le contraire.

Elle avait l'impression de jouer à l'équilibriste entre ce qu'elle faisait inconsciemment et ce qu'elle était sensée faire en suivant scrupuleusement son carnet. Il était son guide. Son mantra. Tout ce qui était marqué dedans, elle le respectait depuis qu'elle l'avait eu. Toutes les règles qu'elle s'imposait à elle même et avec les autres elle les notait et elle le regardait tous les matins pour être sûre de ne rien oublier, pour que le camouflage soit parfait. Alors pourquoi, alors qu'il était nettement marqué au feutre rouge de ne pas approcher Liam, était-elle assise devant lui en train de lui raconter qu'elle comptait les bourgeons des arbres à la fin de l'hiver? Même se mordre la lèvre, détacher le regard et faire comme si elle n'avait rien dit ne marchait plus face à la curiosité et la discussion qu'était en train de commencer Liam. Et si son carnet lui dictait de tourner les talons, c'est comme si quelque chose qu'elle n'expliquait pas la poussait à continuer de parler pour dire tout et son contraire pour s'expliquer, pour contester, pour essayer de se récupérer. Elle continuait peut-être de lui parler parce qu'elle en avait envie, elle ne savait pas mais pour une fois qu'ils ne se toisaient pas du regard pour ensuite s'éloigner, peut-être pouvait-elle juste lui parler un peu? Cela ne ferait pas de mal...toutefois si elle cessait de se trahir de cette façon à chaque fois qu'une parole insensée aux yeux du jeune Poufsouffle lui passait par la tête.

Face à la réplique de la jeune fille qui lui sommait ne pas être une pendule il leva les yeux au ciel. Agacement. Apparement. Etait-elle agaçante à ce point? Qu'avait-elle donc dit encore? Elle n'avait fait qu'énoncer une vérité. Quel était l'intérêt de compter les secondes alors que les horloges le faisait très bien? Elle avait peut-être redoublé mais pas au point de devoir passer sa vie à compter des secondes, si?

"Non mais je sais bien que t’es pas une pendule, je veux dire par là que tu trouvais le temps long… Tu pouvais très bien les compter pour faire passer le temps quoi c’est tout…"

Elle toisa le jeune homme sans rien rajouter et reporta les yeux sur son parchemin en faisant une grimace loin des yeux du jeune homme en face d'elle. Elle avait encore comprit de travers. Pourquoi fallait-il à chaque fois qu'elle prenne ce qu'on lui disait au pied de la lettre? Ne pouvait-elle pas faire plus d'efforts pour essayer de comprendre les autres? Mais non, son cerveau analysait tout seul et ne cherchait pas plus loin que les définitions qu'il connaissait déjà. Qu'elles s'emboitent ou non il les mettait les unes à la suite des autres et attendait certainement qu'Amaïa fasse le travail de décryptage, malheureusement elle était dépourvue de cette fonction. La discussion aurait pu se terminer ici. Elle avait à présent tout ce qu'il lui fallait pour reprendre son cours mais Liam en avait décidé autrement en la faisant rebondir sur les paroles prononcées quelques minutes auparavant.

Liam eut une réaction pour le moins minimaliste. Un sourire s'afficha sur son visage tandis qu'elle se dépatouillait dans des explications alambiquées dans le but de paraître un peu plus crédible aux yeux du Poufsouffle. Son léger murmure finit par faire relever la tête de la jeune Serdaigle en sa direction. Ce qu'elle avait dit était-il drôle? Elle ne savait pas, mais par contre elle se souvenait que lorsqu'elle marquait que Liam souriait il était préférable de sourire aussi, elle eut donc un sourire timide pour le jeune garçon comme si elle comprenait exactement ce pour quoi elle lui souriait alors qu'elle n'en avait aucune idée. Le sourire de Liam était-il poli? Moqueur? Amusé? Enjoué? Elle n'aurait su le définir. Par conséquent elle ne le définit pas. Elle imita.

"Ouai je comprends c’est cool même si c'est un peu bizarre..."

Si au départ le regard de la jeune fille avait failli s'illuminer en étendant dire de Liam que c'était "cool". Celui-ci se reporta sur le parchemin bien rapidement tandis qu'elle reprenait son écriture. Bizarre. Il la trouvait bizarre. Pas elle. Enfin peut-être le pensait-il mais la situation était pour lui inhabituelle alors qu'elle était presque aussi naturelle que de respirer chez la jeune fille. Etait-elle différente des autres à ce point?

"Ouai, bizarre"

Elle n'avait pu s'empêcher de rajouter cela dans un petit rire comme si elle essayait elle même de le convaincre qu'elle trouvait cela bizarre alors que son coeur lui hurlait le contraire. C'était bizarre. Très bien. Elle avait testé, elle ne recommencerait plus à parler de ses comptages avec les autres. Pour quoi faire la prochaine fois? Leur apprendre combien de dalle de carreaux ils devaient traverser avant de rejoindre la Grande Salle pour aller diner en partant de la Salle commune. Si pour elle c'était tout à fait logique de vouloir le savoir, cette faculté insensée qu'elle possédait de compter tout ne faisait pas partie du genre de choses qui l'aiderait à s'intégrer.

"Et au final il y en a combien des bourgeons ?"

Elle releva une nouvelle fois la tête. Elle allait avoir un torticolis à la fin de la journée à force de toujours faire le même mouvement. Méfiante, elle examina d'abord scrupuleusement le visage du jeune homme. Ne décelant ni rictus en coin, ni plissement des yeux, ni lèvres mordues elle en déduisit qu'il n'essayait pas de se retenir de rire. Peut-être était-il vraiment intéressé par le sujet? Il n'en fallu malheureusement pas plus à la jeune fille pour qu'elle repose sa plume et qu'elle recommence à compter sur ses doigts l'image qui s'était imprimé dans sa tête le matin même. Une fois son comptage terminé elle sourit innocemment en reposant son regard sur le Poufsouffle.

"Il y en avait 20 ce matin! Enfin 10 vraiment avancés, 3 qui étaient tous juste verts, 5 qui commençaient à éclore doucement et 2 qui venaient juste de sortir. Ils étaient si petits que j'ai faillis ne pas les voir. Mais je n'ai pu compter que sur deux arbres car je ne voyais pas les autres de ma place, et j'allais pas me lever de mon siège...quand même."

Elle était tout ce qu'il y avait de plus sérieuse comme si elle exposait une thèse au maître incontesté du bourgeon. Elle aurait très bien pu vendre n'importe quelle étude sur n'importe quel sujet. Quelle était la lampe qui donnait le plus de lumière, où se trouvait le carrelage toujours le plus sale, combien de pomme de terre les elfes de maisons posaient de chaque côté de la viande.

"Tu savais qu'on disait des bourgeons qu'ils étaient constitués d'écailles? Un peu comme des poissons mais pas dans l'eau et accroché à un arbre et pas vraiment de la même forme. Oui bah finalement pas trop comme un poisson en fait"

Elle se perdait loin très loin du sentier qu'elle était sensé suivre avec le jeune homme. Au lieu de l'éviter elle le faisait participer à une époustouflante discussion sur les végétaux ressemblant mais en fait pas vraiment à la faune aquatique. Ne se rendant même pas compte qu'elle avait divagué sur son sujet comme si c'était naturel elle lui sourit avant de reprendre sa plume et de commencer un nouveau paragraphe. Bizarrement elle avait le coeur plus léger, comme délaissé d'un poids qu'elle traînait depuis quelque temps. Peut-être avait-elle eu tord de marquer dans son carnet de se tenir éloigner du jeune Poufsouffle?

Comme un nourrisson sur le point d'apprendre à marcher, comme un funambule marchant sur son fil à plusieurs centaines de mètres du sol, leur discussion se poursuivait petit pas à petit pas. Sans savoir si la prochaine réplique, ou la prochaine question allait les faire tomber et devoir les faire recommencer à nouveau. Amaïa n'aimait pas se genre de situations. Celles où elle ne pouvait pas prédire ce qui allait se passer, celles qui dépassaient son sens de la compréhension, celles qui pouvaient finir en rire tout comme elles pouvaient finir en bagarres. Ces situations compliquées où elle devait jouer à l'équilibriste elle les évitait à tout prix et pourtant elle n'avait pu faire autrement que d'aller déranger le jeune Poufsouffle dans sa tranquillité.

Néanmoins loin de se lancer des regards meurtrier et de se dire des paroles peu sympathiques les deux jeunes gens commençaient peu à peu à trouver une certaine aisance à leur ballet précaire. Un poids semblait se lever peu à peu des épaules de la jeune fille au fur et à mesure où ses paroles captaient l'attention de Liam qui s'empressait de lui répondre et de lui poser des questions sur quelque chose qui lui tenait à coeur et qui faisait parti de ses activités préférées. Il ne fallait pas chercher à comprendre, elle avait toujours adoré compter tout et n'importe quoi et depuis l'accident s'en était devenu presque maladif de devoir tout observer dans les moindre détails. Cependant, Amaïa ne captait dans les yeux de Liam que de l'intérêt et non de la moquerie alors elle avait posé sa plume pour répondre au jeune garçon en essayant d'occulter le fait qu'il avait trouvé son activité pour le moins "étrange" au départ.

"QUE sur deux arbres ? T’es sérieuse ? C’est ouf ce que t’as fait déjà, j’suis sûr que c’est du jamais vu à Poudlard !"

Sans en comprendre la raison elle sentit ses joues doucement se réchauffer et chercha du regard, l'aspect rassurant du parchemin. Elle n'aimait pas être le centre de l'attention même si c'était lors d'une discussion entre amis, cela la laissait toujours mal à l'aise. Elle hocha néanmoins la tête à la question du jeune garçon sans se douter qu'il s'agissait d'une question réthorique. Apparemment il semblait difficile à croire pour le Poufsouffle qu'elle puisse faire une chose pareille.

"Oui et ce n'est pas assez. Si j'avais voulu être précise il me faudrait au moins compter des bourgeons sur une trentaine d'arbre. Niveau statistique. Sinon on ne peut pas réaliser de bons intervalles de confiances apparemment, même si je sais pas encore en faire c'est assez compliqué mais ça serait l'idéal pour réaliser ce genre d'étude."

Elle parlait mathématique comme on parlait menu du soir. D'une façon décontractée et parfaitement sérieuse elle exposait les théorèmes qu'elle avait aperçu dans certains livres dédiés à l'étude des statistiques. Pleins de choses qu'elle ne pouvait encore comprendre lui faisait souvent froncer les sourcils et pourtant elle se complaisait à penser qu'un jour elle serait capable de les réaliser. Les chiffres, les équations, elle adorait ça, si seulement on pouvait davantage en enseigner ici.

"Tu voulais compter toute la forêt interdite ou quoi ?"

Liam rigola. Et même si par le passé quand le jeune homme riait, elle le faisait également. Là elle ne le fit pas. Elle tapota sa plume sur son parchemin en cherchant une information dans sa tête et hocha positivement la tête l'air sérieuse, sans se douter le moins du monde que Liam essayait juste de plaisanter. Elle, elle ne plaisantait pas, jamais.

"J'ai déjà essayé. Pas les bourgeons, juste les arbres. Plusieurs fois même. Mais au bout de 116 je bloque toujours et je n'arrive pas à m'y retrouver du coup c'est compliqué. Alors j'ai pris un échantillon d'arbre sur 1 mètre carré et je n'avais plus qu'à multiplié mon nombre moyen d'arbre sur un mètre carré par le nombre de mètre carré de la forêt interdite. Mais j'ai fait ça l'année dernière je ne peux plus te dire combien j'avais trouvé mais c'était énorme. Jamais j'aurais pu compter tout ça!"

Elle sourit doucement à Liam comme si tout ce qu'elle racontait tenait de l'évidence et comme si tout ça n'était pas une activité follement bizarre. Mais qu'importe. Elle en parlait comme si Liam pouvait comprendre. Mais il ne comprendrait certainement pas. Comme les autres. Elle calma quelques peu les battements de son coeur qui s'accélérait au fur et à mesure qu'elle sortait des paroles qui pouvaient se trouver complètement insensées. Elle concentra de nouveau son attention sur le cours qu'elle était en train de recopier. Mais c'était sans compter les nombreuses questions du jeune garçon qui se trouvait à ses côtés. Si Amaïa avait la parole facile quand elle était nerveuse, Liam semblait avoir toujours plus de questions à lui poser qu'elle n'en aurait jamais. La botanique. Elle n'aimait ça cette année que parce que sa marraine lui faisait cours et même malgré ça elle avait réussit dès le premier cours à se blesser les deux mains! L'une à cause des orties et l'autres emprise dans la pierre dû à un sort mal exécuté. Tout le monde avait été témoins de son incapacité à avoir la main verte.

"Ce n'est pas que je n'aime pas mais je ne suis pas douée et ne le serait sans doute jamais mais ça tu l'as sûrement déjà remarqué lors de nos premiers cours de botanique. C'est intéressant parfois mais aussi assez ennuyant. Parfois très ennuyant. Moi mon domaine c'est les potions! Mais toi pourquoi les créatures magiques?"

Oui les potions! Une passion au même titre que les mathématiques, que le dessin ou encore la musique. A côté de cette matière, la botanique était bien fade. La jeune fille préférait nettement se perdre dans un livre de potion plutôt que de s'embourber les neurones dans un livre de botanique et cela même si c'était sa marraine qui lui faisait cours. En parlant de celle-ci Liam lui demanda pourquoi elle ne pouvait pas compter par elle-même. Amaïa se sentit rougir. Jamais sa marraine ne lui avait demandé ce genre de chose, elle c'était dit que ça ferait certainement plus normal au yeux de Liam que de savoir qu'elle réalisait cette activité pour sa marraine plutôt que pour son propre plaisir personnel. Elle balança ses jambes dans le vide. Comment pouvait-elle se sortir de son mensonge? Elle se gratta la nuque et releva les yeux vers son ancien camarade.

"C'est pas elle qui m'a demandé de le faire encore cours. Elle m'a juste demandé de le faire. Mais je m'ennuyais alors je sais pas mon regard à été attiré par la fenêtre et je me suis mise à compter les arbres. C'est tout."

Comme prise en flagrant délit d'absence de concentration en cours elle sentit ses joues la chauffer tellement qu'elle cessa tout contact visuel avec le jeune homme préférant se concentrer sur les cours de la fameuse matière qu'elle n'avait pas écouté préférant observer et compter plutôt que d'écouter le professeur Hatwell raconter des choses qui ne l'intéressait que très peu. Elle préférait être active plutôt que d'écouter son professeur parler sans fins et même la prise de note ne pouvait pas l'empêcher de se déconcentrer. Elle n'était pas faite pour être en cours. Seul le cours de potions lui mettait assez d'étoiles dans les yeux pour que le professeur van Aken réussisse à lui faire écouter son cours du début à la fin. Liam finit sur des mises en garde contre le professeur Hatwell. Amaïa haussa les épaules. Qu'elle le remarque. Elle ne serait même pas étonnée qu'elle l'ait déjà remarquée bien que le professeur Hatwell ne lui ai pas encore fait la remarque. Cela ne saurait tarder. Mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Elle rendait ses devoirs quand il le fallait et tout pendant que le test n'était pas pendant le cours, elle avait de bonne notes. Qu'est-ce que le professeur Hatwell pourrait bien lui reprocher? Elle ne savait pas mais cela l'angoissait quelque peu et les mises en garde de Liam ne faisait qu'accélérer les battements de son coeur.

"Parce qu'il y a des élèves qui s'endorment? Vraiment? J'en suis pas à ce point là, je dors assez la nuit pour ne pas dormir en classe. Et du coup elle les réveille comment?"

Elle trouvait souvent les discussions à rallonge sans grand intérêt. Elle n'était pas bavarde, c'était indéniable. Pour elle, l'information devait être un fait réel, clair et précis. Nul besoin de fioritures afin d'exprimer une idée. Parfois lorsqu'elle avait quelque chose à demander à quelqu'un, elle se permettait d'interpeler cette personne et puis de couper court à la conversation lorsqu'elle parvenait à récupérer l'information dont elle avait besoin. Elle pouvait paraître hautaine, elle n'en faisait pourtant pas exprès. Les normes de la société dans laquelle elle vivait lui paraissait parfois bien loin de sa réalité à elle. Ne comprenant pas le ressenti des gens elle se basait parfois sur ses propres expériences afin de juger de la qualité d'une action, bien souvent ce n'était pas le meilleur à faire et c'est pourquoi la technique du mimétisme lui sauvait autant la vie qu'il la lui rendait plus compliqué. Rare était donc les personnes qui parvenaient à la faire sortir de ses mécanismes habituels pour qu'elle parle avec sincérité et sans se restreindre. Kovit était son cousin, rien de plus normal aux yeux de la jeune fille, c'était sans doute le seul avec qui elle parlait à coeur ouvert sans penser un seul instant à ses mots. Mais avec Liam, tout n'avait jamais été que cordial jusqu'à l'accident avec Zeynep, mais quel était donc cette drôle de situation dans laquelle sentant son coeur léger, Amaïa posait des questions et se confiait sur un sujet que d'habitude elle n'abordait jamais? Emportée par le rythme de la conversation, comme une feuille emportée par le vent ne pouvait résister, elle se laisser guider par les questions du jeune homme sans jamais douter des paroles peu contrôlées qu'elle articulait. Comme en dehors du temps, comme si elle n'avait aucun socuis et que ces comportements étaient normaux, elle se laissait guider par une conversation bon enfant. Liam était de nature curieuse. C'était simple à voir à son humble avis: il posait toujours pleins de questions sans jamais s'arrêter, avait les yeux brillants à chaque fois que la discussion changeait de sens, était très réactif dans ses expressions faciales, tant et si bien que si elle avait eut un peu plus de compétences dans le domaine elle aurait sûrement pu deviner toutes les émotions qui le traversaient à l'instant précis. Mais noyée dans une ignorance sans fond elle se contentait de ce qu'elle pouvait en tirer. Elle secoua la tête négativement l'air sérieux lorsqu'il reprit la parole.

" Je ne rigole jamais. "

Son ton était calme. Posé. Comme si elle énonçait une vérité qui ne pouvait être démenti. Elle ne comprenait pas l'humour...apparement. Elle ne savait jamais quand rire et le faisait souvent par mimétisme et quand elle parlait, elle énonçait toujours des faits véridiques irréfutables. Elle releva le menton lorsque Liam continua et hocha vigouresement la tête.

" Oui bien sûr! Nous en avons un à la maison, je ne l'utilises pas beaucoup mais je sais comment ça marche grâce à Maman. Mais je ne suis pas pareil qu'un ordinateur malheuresement, déjà parce que je suis humaine et pas composé de 0 et de 1. Et puis je n'ai pas la rapidité de calcul de l'ordinateur, moi il me faut du temps et puis souvent je suis obligée de poser plusieurs calculs avant de parvenir à mon résultat."

Elle sourit à Liam doucement avant de reprendre sa plume et de se remettre à écrire le cours qu'il lui avait gentiment prêté. Elle n'était pas fermée à la conversation mais désirait quand même finir son objectif principal. D'habitude elle aurait sûrement dû être agacée par le fait que Liam la déconcentrait, elle dont l'absence de concentration était légendaire, mais elle avait cette agréable surprise de vouloir que Liam rebondisse sur ses paroles pour poursuivre encore un peu cette conversation. Bien évidemment, elle pouvait compter sur lui pour reprendre de plus belle. Elle s'arrêta de nouveau d'écrire et regarda Liam d'abord septique avant de sourire de nouveau en se rendant compte que certains muscles de son visages ne devrait pas être contracté comme cela si elle était juste en train de sourire. Elle était en vérité impressionée par le flot de paroles continue de son camarade et par cette capacité qu'il avait à s'émerveiller d'un rien. Elle tapota doucement sa plume contre son parchemin.

"Mais il fait quoi ton père avec? Il les étudie? Il les chasse? Pourquoi le Ministère à besoin des créatures magiques? Par rapport à celle qui sont dangereuses ou celles qui sont innofensives?"

Si elle était curieuse d'en savoir un peu plus sur le métier du père de Liam, qu'elle ne connaissait pas et qui l'intriguait beaucoup. Elle était d'autant plus curieuse qu'il développe un peu plus ce qu'il souhaitait lui expliquer par rapport au professeur Hatwell. La prof d'Histoire de la Magie n'aimait pas les gens qui s'endormaient en classe apparement. Amaïa ne dormait pas, mais elle réfléchissait souvent à autre chose, il serait d'ailleurs étonnant que la jeune professeure ne l'ait pas encore remarqué. Elle rendait son travail globalement dans les temps mais jamais elle n'avait retenu la moindre informations sur ce cours, elle décrochait dès qu'Hatwell commençait à expliquer le deuxième paragraphe. Ce qui l'amenait souvent à devoir travailler cette matière par elle-même grâce aux cours de Kovit, sauf quand elle oubliait de lui demander. Néanmoins l'explication de Liam lui fit froncer les sourcils. Elle ne comprenait pas. Mais enfin de quoi parlait-il?

"Je ne vois pas le rapport entre le fait de dormir et de piquer du nez. Il ne me semble pas avoir déjà vu Hatwell vérifier que ses élèves avaient le nez doux, si?"

Perturbée par la drôle comparaison que Liam venait d'évoquer, elle en oublia de réfléchir à ses paroles avant de parler. Elle en oublia que parfois elle ne comprenait pas le sens caché des phrases. Elle en oublia qu'elle prenait tout au premier degré et que cela lui jouait souvent des tours. Néanmoins elle avait parlé et il aurait été à présent trop tard pour faire machine arrière si elle avait compris le sens de ses paroles. Mais enfermée dans la candide réfléxion qu'elle avait eut sur le moment, elle ne remarqua pas tout de suite que son comportement naturel et jugé bizarre par ses pairs s'installait trop confortablement dans cette discussion.

"Mais du coup, tu comptes souvent comme ça ? Parce que pour moi c’est impossible, je serais vraiment trop nul…"

Elle releva la tête de son parchemin. Et secoua négativement la tête comme pour rassurer Liam. Après tout elle ne comptait pas plus que les autres n'est-ce pas? Elle avait appris au fur et à mesures de ses interractions avec ses camarades que cette habitude lui était propre et qu'elle était sûrement la seule à faire cela. C'était tellement plus simple de se raccrocher à quelque chose de concret, à des faits réels, c'était tellement rassurant de pouvoir contrôler ce qu'on comptait comme si rien ne pouvait nous échapper. Compter la rassurer, lui permettait de s'ancrer dans le monde réel. Compter était devenu plus qu'un passe temps, plus qu'une habitude, c'était un besoin. Un besoin qu'elle ressentait du plus profond de son coeur tant et si bien que si elle ne le faisait pas elle avait une désagréable sensation dans le coeur et au creux de son estomac.

"L'étagère au dessus de toi compte 45 livres"

Elle avait dit ça en recommençant à écrire puisqu'elle avait compter le nombre de livres en arrivant et qu'elle n'était pas obligée de les compter de nouveau pour s'en souvenir. Puis avec un petit soupir elle reposa sa plume et sentant ses joues rougirent elle évita le regard de Liam.

"Parce que tu ne comptes jamais toi?"

La plupart des gens ne se rendaient pas compte à quel point tenir une conversation pouvait être difficile. Il fallait rester concentré, à l’affût et ne jamais laisser son attention dévier une fraction de seconde de son interlocuteur sinon l’on pouvait s’y perdre, surtout avec des interlocuteurs comme Liam qui avaient décidément pleins de questions et de réponses à donner. Certaines personnes pouvaient rester mutiques pendant de longues minutes sans se sentir gênées comme c’était le cas pour elle, d’autres non, d’autres semblaient vouloir être prêt à combler un silence pesant à chaque fois que celui-ci s’installait une seconde de trop. Même si aucun blanc n’était venu interrompre cette conversation, elle se disait que Liam était peut-être ce genre de personnes à parler tout le temps pour combler le silence. La plupart des gens ne comprenaient pas que le silence était beau, tout comme en musique, un silence voulait dire pleins de choses, il laissait le suspens, il attisait la curiosité, il était annonciateur d’un retournement de situation, de la fin d’un morceau. Elle aimait beaucoup faire un silence avant une note finale dramatique sur son piano. C’était sans doute son oreille mélomane qui aimait les silences…en fait non, elle n’aimait pas parler c’était aussi simple que cela. Quel était donc cette manie des gens de vouloir tout savoir sur tout le monde et de parler pour rien dire? Elle ne comprenait pas et avait l’impression qu’elle ne comprendrait jamais comme plongée dans une réalité différente de celle dans laquelle elle était en train de vivre. Néanmoins elle s’était prise au jeu de cette conversation inhabituelle, et c’était ce côté inhabituel qui tenait sa curiosité en éveil et qui empêchait sa concentration de se détourner, tout comme elle était en train de faire concernant le rattrapage de son cours d’Histoire de la Magie. Mais entre recopier un cours ennuyant et écouter Liam, sa concentration avait vite fait le choix le plus opportun. Il fallait croire que son cerveau savait quelle activité aller lui permettre de rester concentré le plus longtemps possible. Alors quand Hatwell parlait, sa tête se disait qu’il fallait mieux compter les arbres.

Elle écouta Liam parler du travail de son père avec empressement et avec une certaine précision. Les yeux pétillants du jeune Poufsouffle ainsi que son sourire traduisait le fait qu’il aimait ce que son père faisait. Par moment il lui disait que c’était horrible à d’autres moment que c’était cool, elle devait avouer qu’elle ne savait pas trop ce qui était cool de ce qui ne l’était pas. Son dictionnaire lui disait que cool signifiait calme et détendu. C’était calme et détendu de réintroduire des espèces dans leur milieu naturel? Elle aurait plutôt utilisé l’adjectif « normal » ou « évident » mais elle ne voulait pas s’embarquer dans un chemin sinueux dans lequel elle pourrait très bien ne pas ressortir indemne alors lorsque Liam lui posa la question elle copia son sourire et hocha positivement la tête en espérant que cela suffise au jeune garçon pour la croire. Néanmoins elle trouvait que c’était un beau travail.

« Mais si il voyage tu ne dois pas le voir souvent si? »

Liam paraissait « passionné » voilà c’était le mot qu’elle cherchait depuis tout à l’heure. Il avait la même tête que lorsqu’elle parlait de potions, alors cela devait être ça. Une passion pour les créatures magiques. Tant que celles-ci ne crachaient pas du feu, Amaïa les aimait bien et pouvait tenter de comprendre qu’on souhaitait les protéger quand les personnes faisaient n’importe quoi avec. Elle n’imaginait pas Joy se faire agresser par quelqu’un de méchant, si jamais ça arrivait elle pensait ne pas être capable de se retenir d’aller frapper la personne qui avait osait toucher à un poil de son chat. Alors quand Liam évoqua le fait de faire payer, elle pencha la tête sur le côté.

« Mais c’est efficace de faire payer les gens quand ils font du mal aux animaux? Ça coûte cher? Faudrait peut-être pas mieux les mettre en prison à la place? »

Ayant prit la phrase de Liam au premier degré, tout comme toutes ses autres phrases elle ne comprit pas tout d’abord pourquoi le jeune homme s’était arrêté, la regardait d’une drôle de manière la bouche ouverte. Quoi? Qu’est-ce qu’il se passait?

"Hein ?"

Elle leva un sourcil interrogateur et se tourna de sa chaise pour essayer d’apercevoir ce que Liam dévisageait et de voir peut-être également ce qu’il était en train de compter. Son regard se figea sur une pile de livre qui était derrière elle. Elle se retourna une nouvelle fois vers Liam et se gratta la nuque mal à l’aise.

« Euh non…y’en a cinq »

Elle secoua la tête pour passer à autre chose, il ne savait peut-être pas bien compter après tout le pauvre, elle ne pouvait pas lui en vouloir mais bon quand même cinq ce n’était pas compliqué. Au lieu de rebondir sur ce qu’il avait tenté de compter, Liam reprit sur le cours d’Hatwell dans lequel la petite Serdaigle n’écoutait que d’une oreille ou d’une demi-oreille ou n’écoutait pas du tout. Il avait commencé à lui dire que les élèves avaient le nez qui piquait et cela l’avait quelque peu perturbée. Mais non content qu’elle n’est pas compris où il voulait en venir Liam lui expliqua. Elle sentit ses joues la brûler de plus en plus au fur et à mesure que le jeune homme lui expliquait ce qu’il avait voulu dire. Elle était idiote. Mais pourquoi tout le monde utilisait des expressions farfelues aussi? Ca sortait d’où cette histoire? Elle baissa les yeux et joua avec ses mains sous la table. Elle était nulle. Vraiment nulle. Voilà pourquoi elle préférait se taire, elle avait moins de chance de dire des bêtises comme cela. Lorsqu’elle releva le regard Liam lui souriait, par mimétisme elle sentit un sourire naître sur son visage. Bon peut-être allaient-il pouvoir passer à côté de ce moment gênant.

Liam lui expliqua qu’il ne comptait jamais, ce qui surprit un peu la jeune fille très habituée à ce genre d’activité, puis enchaîna en lui avouant qu’il n’aimait pas trop ça. Elle hocha la tête, oui elle avait bien vu quand il avait tenté de compter la pile de livres et qu’il avait échoué. Mais ce n’était pas bien grave, il ne pouvait pas être fort partout. Amaïa lui fit un petit sourire qui se voulait compatissant, elle non plus n’était pas forte partout, et de loin, et elle n’aimait pas que les gens le lui répète inlassablement comme si elle n’était pas capable de savoir qu’elle était nulle. Elle allait changer de sujet mais Liam prit les devant avec une phrase très étrange. Liam sourit, se redressa sur son siège tandis qu’Ama leva un sourcil interrogateur et se ratatina sur le sien. Qu’est-ce qu’il allait encore lui inventer?

"C’est un hibou qui tombe dans une casserole d’eau chaude. Du coup, hibou…"

Il y eut un blanc. Le premier depuis le début de la conversation. Un long et désagréable blanc où ne comprenant pas où Liam voulait en venir la jeune fille se contentait de le fixer, un sourcil relevé dans l’attente de la suite tandis que lui était muet et se contentait de la fixer d’un air sérieux et concentré. Etait-il en train de réfléchir? Avait-il oublié la suite de la blague? Avait-il envie de faire…caca? Elle ne comprenait pas ce soudain arrêt. Au bout de quelques secondes qui parurent durer des minutes entière elle se redressa.

« Euh… »

Elle se racla la gorge, peut sûr de la réaction que Liam attendait. Pas sûre qu’il avait terminé la blague qu’il avait commencé. C’était bien de ça qu’il s’agissait non? Une blague? Pour faire rire quelqu’un il fallait bien une blague non? Mais alors elle était sensé rire? Mais si c’était drôle il devrait rire aussi non? Cela aurait été plus simple pour elle si il avait rigolé, elle l’aurait imité, mais là elle ne savait pas qu’elle comportement prendre et ne voulait pas l’offenser. Elle remit une mèche brune derrière son oreille en jetant un regard à droite et à gauche comme si elle était prise au piège. Liam ne cessait de la fixer, dans l’attente d’une réponse qui ne viendrait pas, ce qui la mettait plus mal à l’aise qu’autre chose. Elle finit par se dire qu’il fallait qu’elle ouvre la bouche.

« Oui…du coup, hibou qui tombe dans une casserole d’eau chaude et? J’ai compris que c’était un hibou t’es pas obligé de répéter tu sais j’en ai un à la maison. Tu…tu as oublié la suite? C’est pas grave tu sais ça arrive à tout le monde. Mais d’ailleurs c’est plutôt triste comme histoire non? Quand c’est triste on rigole pas…enfin normalement. »