Mettant la touche finale à mon maquillage, je fixe mon reflet dans la glace pour m'assurer que tout est parfait. Je suis bien consciente que mes grand-parents se moquent bien de savoir si j'ai bien appliqué mon fond de teint ou mon rouge à lèvres, ils ont bien d'autres préoccupations en tête, mais qu'importe, c'est important pour moi d'être parfaitement présentable et c'est bien la seule chose que je pourrais maîtriser aujourd'hui, mon apparence physique. Malgré la nervosité qui m'habite depuis ce matin, je suis excitée à l'idée de revoir mes grand-parents. J'ai l'impression que la dernière fois que nous nous sommes vus, c'était dans une autre vie et au fond, ce n'est peut-être pas totalement faux. Je ne me souviens plus exactement de quant date nos dernières retrouvailles, je me souviens juste qu'on avait quitté Cuba depuis plusieurs années. Je devais certainement être en première ou deuxième année et même si j'avais été heureuse de les revoir, j'avais été rapidement lasse de les entendre me parler une énième fois de mon père et du fait que je lui manque. S'ils aiment perdre leur temps à aller le visiter régulièrement en prison, grand bien leur fasse, mais je préfère passer mon tour. En tout cas à l'époque, je pensais ainsi, aujourd'hui, je dois bien avouer que je regrette de ne pas l'avoir vu une dernière fois. Après, je me demande si ce n'est pas mieux de garder l'image de lui comme un homme élégant, droit et libre et non pas comme un vulgaire prisonnier grisonnant qui joue les caïds en prison. Allez savoir...

C'est en repensant à mes grand-parents que je me rends compte de l'enfant gâtée que j'ai pu être ces dernières années. A me croire supérieure aux autres et prête à tout pour atteindre son but. On ne pourra pas dire que je ne me suis pas donnée du mal pour reprendre ma place au sein de la société sorcière, même si j'avoue me demander si ça en vaut vraiment la peine finalement. Je sais que le mariage occupe beaucoup mes pensées, à être constamment repoussée pour des raisons diverses et variées. Je sais qu'une fois que j'aurai dit oui, ma famille ne pourra plus rien faire et j'avoue avoir hâte d'arrêter de vivre dans la peur. Même si ma vie sera loin d'être de tout repos, après tout une partie de ma belle-famille me déteste et je peux compter sur les jumeaux pour constamment me faire sentir de trop parmi eux. J'espère juste qu'une fois que j'aurai quitté Poudlard, je n'aurai pas à les voir aussi souvent que maintenant. Je suis bien consciente que je serais bien obligée de les voir durant les repas de famille, mais espérons qu'ils ne soient pas trop récurrent ! Mais vu qu'on n'en est pas encore là, autant se concentrer sur ce qui m'attend ce midi. Mes grand-parents sont les seuls membres de ma famille que l'on peut potentiellement préserver de notre côté et ils seront un pont intéressant avec la société sorcière cubaine, alors il ne faut pas se louper sur ce coup-là. Mais au delà d'une histoire purement politique, je dois bien avouer que je suis ravie et angoissée à l'idée de retrouver ma famille, inquiète qu'ils puissent être déçu de moi.

Après un dernier coup d'oeil à ma tenue, assez colorée pour l'occasion, je sors de ma salle commune pour me retrouver nez-à-nez avec Hannibal. "J'ai voulu faire honneur aux couleurs de mon pays !" Répliquais-je en esquissant un sourire. Je sais que ma grand-mère sera touchée de voir que je ne rejette pas mes origines, bien au contraire et je veux qu'elle soit fière de la femme que je suis en train de devenir. "Tu es très élégant mi Amor !" Le complimentais-je avant de passer mon bras autour du sien. Nous rejoignons l'entrée où nous devons prendre une calèche. Quand cette dernière arrive, Hannibal m'aide à y monter dedans avant de me rejoindre. Je fixe la porte d'entrée, espérant silencieusement que personne ne viendra nous déranger. Et c'est avec soulagement que la calèche repart, nous offrant un petit tête à tête. "Aucune idée, ils ne m'ont rien dit dans leur lettre. Je sais que c'est leur deuxième séjour ici, ils étaient déjà venus une première fois, quand j'étais un peu plus jeune..." J'avoue que je ne leur ai pas posé la question, mais j'imagine qu'on pourra toujours abordé le sujet quand nous serons à table. Une fois arrivée à Pré-au-Lard, mon coeur s'accélère un peu et je suis ravie de pouvoir m'appuyer contre Hannibal pour tenter de me rassurer un peu. J'ai toute confiance en Hannibal qui est bien loin d'avoir la fougue ou la folie de sa soeur Erin. En fait, c'est certainement le plus posé des quatre et c'est ce que j'aime chez lui. Il est loin d'avoir toujours une idée en tête pour tenter de manipuler son monde, comme aime à le faire Finn. C'est certainement pour ça que je ne tiens pas à lui faire du mal et c'est certainement le seul à pouvoir se vanter d'une telle clémence de ma part. Nos pas nous rapprochent inexorablement vers le lieu du rendez-vous et j'esquisse un sourire en entendant Hannibal s'excuser presque de l'endroit dans lequel nous nous rendons. J'effectue une petite pression de mon bras pour le rassurer "N'aies crainte, je suis sûre qu'ils en sont bien conscients ! Ils savent que nous ne pouvons malheureusement pas nous éloigner trop de Poudlard pour l'heure et que nous faisons notre possible pour les recevoir du mieux que nous le pouvons. " Evidemment, ils se diront certainement que si nous avions attendu la fin de ma scolarité, nous n'aurions pas à nous excuser pour cela mais il va bien falloir qu'ils comprennent que notre mariage précipité n'est que le fruit d'une tentative désespérée d'échapper à un mariage forcé.

Je pousse la porte de la Licorne Blanche et il ne me faut pas longtemps pour reconnaître les silhouettes de mes grand-parents un peu plus loin. Mon coeur bondit dans ma poitrine et c'est, sans pouvoir m'empêcher de sourire, que nous nous approchons d'eux. Mon sourire fait écho aux leurs quand ils me voient "Abuela. Abuelo. Que alegría verte de nuevo ! " (Grand-mère. Grand-Père. Quelle joie de vous revoir !) Quelle plaisir de pouvoir parler ma langue maternelle, vous n'imaginez pas comme c'est un brise coeur de ne pouvoir l'utiliser que quand je suis chez moi. Phoenix ! Estamos muy felices de volver a verte finalmente, ¡te extrañamos mucho! (Phoenix ! Nous sommes si heureux de te revoir enfin, tu nous a tellement manqué !) Je me glisse dans les bras de ma grand-mère qui me glisse à l'oreille que j'ai bien grandi et que je suis devenue une magnifique jeune femme. Et je vois dans son regard qu'elle se retient de me dire que je ressemble à mon père, plus que jamais. Je me glisse ensuite dans les bras de mon grand-père qui ne peut s'empêcher d'avoir les yeux brillants et qui me dit qu'il est content de me voir. Ces retrouvailles me font chaud au coeur, je sais que je leur ai fait du mal durant toutes ces années et j'en suis vraiment désolée. Je leur dis à mon tour qu'ils m'ont vraiment manqué, avant de reculer d'un pas pour rejoindre Hannibal qui attend patiemment que nous terminions nos retrouvailles. "Je vous présente Hannibal !" Mon grand-père tend sa main Ernesto Reyes et je vous présente Maria Reyes, mon épouse. Ravis de faire votre connaissance jeune homme ! Il n'y avait pas besoin de bien les connaître pour savoir qu'ils étaient en train de le scruter soigneusement et qu'ils allaient l'analyser au maximum pour voir s'il était digne d'être mon futur époux ou non. Je lui souhaitais bien du courage !

Je suis aussi excitée qu'inquiète de cette rencontre. Je me demande s'il n'aurait pas été préférable que je les rencontre une première fois seule, avant de leur présenter Hannibal. En soit, je ne me fais pas de soucis pour Hannibal, dans le sens où je sais que s'il y a un problème, ça ne viendra pas de lui. Il sait se tenir en publique, il est poli, courtois, patient et bien plus sage que bon nombre de nos camarades. Je ne doute pas un instant qu'il déploiera tous ses talents politiques pour apparaître comme le meilleur parti pour moi et pour notre famille. Néanmoins ma crainte vient plutôt de mes grands-parents. Je les adore, bien évidemment, mais nous ne pouvons nous cacher que cela fait longtemps que je ne les ai pas vu, comment connaître leur état d'esprit actuel ? Ont-ils rencontré ma mère ? Que leur a-t-elle dit pour justifier toute cette histoire ? De quel côté sont-ils ? Tant de questions que j'aurai voulu poser avant d'entraîner Hannibal dans cette histoire. Mais j'imagine qu'en tant que futurs époux, il est peut-être préférable de vivre ça ensemble, afin de nous préparer à notre vie future ensemble. Ce sera l'occasion de voir si on est vraiment fait pour être ensemble et comment on se sort d'une situation potentiellement délicate. En tout cas ce qui est sûr c'est que je suis vraiment heureuse de pouvoir lui présenter une partie de ma famille. J'ai eu à de nombreuses reprises l'occasion de côtoyer sa propre famille mais jamais il n'a pu rencontrer un seul membre de la mienne. Au début, cela m'arrangeait bien, il faut bien l'avouer, ayant trop honte de ma mère pour estimer qu'elle méritait de rencontrer les Sørensen. Aujourd'hui, j'ai un point de vu un peu différent sur elle et j'aurai aimé ouvrir les yeux bien avant, histoire qu'on arrive jamais à cette situation là. Peut-être qu'un jour j'aurai l'occasion de pouvoir la confronter et lui faire entendre raison, en attendant, je dois me faire à l'idée que les seuls membres de ma famille qui méritent mon attention se trouvent à la Licorne blanche.

Je suis contente de pouvoir passer du temps avec Hannibal, j'ai parfois l'impression qu'on ne fait que se croiser ces dernières semaines, sans réellement pouvoir profiter l'un de l'autre. La situation est assez compliquée ces derniers temps, ce qui n'arrange rien. Sa famille me déteste, j'imagine donc qu'il doit préférer éviter d'imposer ma présence au reste de sa fratrie pour éviter que nous nous entre-déchirions et pour être honnête, je préfère aussi m'en passer. Je sais que j'aurai pu faire plus d'efforts pour que les jumeaux me pardonnent mais j'avais d'autres chats à fouetter à l'époque et aujourd'hui je ne suis plus sûre que ça servirait à grand chose. Et puis je ne vais pas vous cacher que le coeur n'y serait pas réellement. Ils m'ont déçu comme j'ai pu les décevoir et j'estime que les torts sont partagés là où ils pensent que je suis l'unique coupable de toute cette mascarade. J'attendais à un peu plus de compréhension et de soutien de leur part et je n'ai eu que des reproches et de la haine. Très clairement, actuellement, je ne souhaite qu'une seule chose, qu'ils crèvent la bouche ouverte, mais j'imagine que c'est mon égo meurtri qui parle. Il n'y a que Judith qui est apparue comme la seule membre de cette famille - en dehors d'Hannibal bien entendu - qui est digne d'intérêt et de confiance. Et j'avoue que je ne suis pas mécontente de me dire que je l'aurai peut-être de mon côté. Certes aujourd'hui elle est encore bien jeune mais le temps fera son oeuvre et elle pourrait devenir un atout inestimable. En attendant, je vais tâcher de rester proche d'elle, histoire d'avoir au moins un autre allié dans cette famille, je pense que ça me sera fort utile. Et puis c'est elle qui a la lourde charge de concocter la potion d'Hannibal et il faut bien avouer que j'ai à coeur sa santé tout autant que le reste de sa famille, même s'ils en doutent certainement. Je n'ai aucune envie de devenir veuve jeune, j'aime Hannibal et j'ai envie de passer le reste de ma vie avec lui. Et je me moque de savoir si les jumeaux me croient ou non, leur avis ne compte plus autant qu'avant.

Bref, tout ça pour dire que j'apprécie de pouvoir enfin passer du temps en sa compagnie, loin de sa famille et du château. Et si jamais nous avons l'occasion, après notre rencontre avec ma famille, j'aimerai pouvoir me promener un peu en sa compagnie, histoire de se ressourcer au maximum et débriefer tranquillement de notre rencontre avec mes grands-parents. Mais ça dépendra forcément de l'heure où nous nous séparons et de la fatigue d'Hannibal. Hors de question qu'ils tirent sur la corde, surtout pas si proche du mariage. Nous nous retrouvons devant ma salle commune et c'est ensemble que nous rejoignons la calèche. Totalement seuls dedans, nous en profitons pour parler un peu. Je n'ai pas eu l'occasion avant leur arrivée de savoir ce qu'ils comptaient faire ici. Je sais qu'ils doivent rendre visite à ma mère, mais j'ignore si c'est déjà fait ou non. Ce qui est sûr, c'est qu'il est clair que le coin fait bien pâle figure face à la beauté de mon pays et que même si ça peut paraître dépaysant et agréable pour des vacances ou un court séjour, c'est déprimant à souhait quand on y passe le reste de sa vie. "J'imagine que pour un court séjour, l'endroit peut paraître bucolique et dépaysant. Je ne m'inquiète pas pour eux et je sais que de toute façon le tourisme est bien loin d'être leur préoccupation première." Après libre à Hannibal de leur conseiller des lieux intéressants à visiter, je suis sûre qu'ils seront touchés par l'attention, mais il est évident que s'ils sont ici aujourd'hui, c'est uniquement à cause du mariage. J'espère vraiment qu'ils vont être nos alliés dans cette stupide querelle, j'ai vraiment besoin d'eux à mes côtés, j'ai besoin de leur force pour pouvoir continuer la lutte. "Je suis sûre qu'ils ont trouvé un hôtel digne de ce nom !" A n'en pas douter que la famille de ma mère leur aura certainement proposé le gite mais je doute qu'ils ont accepté les connaissant. Ils ont traîné dans la boue le nom de leur fils et ont tourné le dos à leur propre fille ainsi qu'à leurs petits enfants, ils ne sont pas du genre à oublier ou pardonner aussi facilement, surtout quand ils s'en prennent de nouveau à un membre de leur famille. Après, j'imagine qu'ils auront l'occasion de manger ensemble, pour connaître les tenants et aboutissants de cette affaire, mais j'aime à croire qu'ils ont suffisamment la haine contre eux pour les avoir facilement de mon côté. J'espère en tout cas !

Nous arrivons enfin au lieu de rendez-vous et je ne mets pas longtemps avant de les repérer. Ils ont certes vieillis mais ils restent encore égaux à eux-même. Je me glisse dans leurs bras, le sourire aux lèvres et le coeur plus léger. Ils m'ont sincèrement manqué. Nos retrouvailles sont chaleureuses, ce qui fait plaisir à voir, enfin des gens qui ne me détestent pas, ça fait changement. Je me glisse ensuite de nouveau aux côtés d'Hannibal, afin de le présenter et ils les saluent chaleureusement. J'observe la scène, attentive au moindre geste, au moindre signe pouvant me mettre sur la piste de ce qu'ils pensent. Evidemment, je pourrais me glisser dans leur esprit, mais je n'ai pas envie de les trahir si tôt après nos retrouvailles. Ils esquissent un sourire quand Hannibal tente un compliment. Ils ne sont certes pas dupe mais jouent le jeu sans problème. "J'aime à croire que Phoenix tient plus de notre côté que de celui de sa mère..." Critique à peine voilée, premier signe intéressant. Je ne veux pas qu'ils détestent ma mère, mais j'aspire à ce qu'ils souhaitent rendre la monnaie de leur pièce à mes grands-parents, unique responsable de cette histoire. Nous nous installons à table et attrape la carte qu'on me tend. "Le climat est bien le dernier de nos soucis, nous saurons nous y faire ! " Mon coeur s'emballe un peu, je reconnais bien là l'impatience coutumière des hommes de ma famille. Mon grand-père n'est pas ici pour perdre du temps avec des mondanités stupides, il veut des réponses et il les veut rapidement, afin de déterminer quelles actions il doit entreprendre. "Nous sommes heureux de faire votre connaissance jeune homme, même si nous aurions préféré que ce soit dans d'autres conditions... " Commença-t-il, en fixant Hannibal du regard. Ma grand-mère l'observait aussi, attentive à la moindre de ses réactions. "Vous comprendrez que nous avons été surpris d'apprendre votre futur mariage avec notre petite fille et nous voulons comprendre pourquoi cette précipitation ! Il était donc clair qu'ils ont préféré avoir notre version de l'histoire avant de rencontrer la famille de ma mère. C'était assez sage et plutôt intéressant comme tactique. Il ne s'adressait pas à moi puisqu'il avait déjà eu ma version de l'histoire, il voulait la confronter avec celle d'Hannibal, histoire de voir si tout ce que je leur avais dit était vrai ou non. Ils se feront ainsi une première idée de la situation actuelle avant de confronter l'autre parti. Ensuite, ce sera à eux de reconstruire entièrement le puzzle et déterminer qui était, selon eux, dans le vrai.