(#) Sujet: Comme au bon vieux temps (Feli) Mer 10 Fév - 17:11
comme au bon vieux temps
Feli
Tournant au bout d’un couloir, Prudence jeta un coup d’œil autour d’elle afin de s’assurer que ce dernier était bel et bien désert avant de poursuivre sa route. Elle n’avait commencé sa ronde qu’une heure auparavant et la lassitude se faisait déjà ressentir. Les évènements des dernières semaines l’empêchaient de se reposer correctement et elle avait de plus en plus de mal à rendre ses devoirs en temps et en heure. Les vacances de Noël avaient été tout sauf reposantes – même si la présence de son frère au domicile familial avait été un cadeau non négligeable – et le fait d’avoir augmenté le nombre de rondes depuis l’attaque du Ministre ne l’aidait pas à se reposer. Fort heureusement, elle faisait équipe avec Felicia ce soir et les deux préfètes avaient convenu de patrouiller chacune à un étage pendant environ une heure trente avant de se retrouver pour terminer leur surveillance. La Gryffondor avait hâte de se retrouver en compagnie, pour parler des derniers évènements certes mais aussi simplement pour apprécier sa présence. Felicia avait toujours eu le ton de l’apaiser et de l’aider à y voir plus clair dans sa propre vie et elle était certaine que se retrouver un peu en tête à tête avec son amie l’aiderait à se détendre et à mieux dormir. Refermant derrière elle une salle vide qu’elle venait d’inspecter, Prue poursuivit sa route en se dirigeant vers les escaliers. Son inspection minutieuse du deuxième étage touchait à sa fin et elle n’allait pas tarder à retrouver Felicia. Sa camarade s’était occupée des cachots et du rez-de-chaussée tandis que Prudence patrouillait aux deux premiers étages du château. Elles devaient se retrouver en haut des marches afin d’attaquer leur tour au troisième étage dans moins de cinq minutes maintenant et Prue accéléra la cadence, se retrouvant rapidement au pied d’un escalier de bois. Elle monta quatre à quatre les marches, saluant doucement au passage les différents occupants des portraits qu’elle croisait et se retrouva rapidement en haut des marches. Elle avait quelques minutes d’avance aussi en profita-t-elle pour s’accouder au mur et étouffer un bâillement. Elle s’était couchée tard la nuit passée afin de terminer un devoir de potion dans la salle commune. La brune avait immédiatement regretté ce choix de lieu car un petit groupe de deuxième année s’était rassemblé vers vingt-et-une heure, discutant de tout et de rien, l’empêchant de se concentrer convenablement. Ne voulant pas paraître aigrie elle n’avait pas osé les envoyer se coucher et avait donc dû attendre minuit qu’ils daignent regagner leur dortoir pour enfin pouvoir commencer à travailler. Elle avait échangé quelques missives avec Bonnie qui semblait également occupée à travailler dans la salle commune des Serpentard jusqu’à ce que les deuxièmes années montent se coucher puis s’était plongé correctement dans son devoir, parvenant à le terminer aux alentours d’une heure et demie du matin. Elle n’avait pas réussi à s’endormir tout de suite une fois couchée dans son lit à baldaquin, anxieuse quant aux récents évènements et c’était donc peu reposée qu’elle avait attaqué sa journée. Un bruit de pas la tira de ses pensées et ce fut avec un grand sourire qu’elle accueilli Felicia qui terminait de monter les marches, un peu essouflée. Prue la serra hâtivement dans ses bras, ravie de la retrouver et les deux filles se mirent en route.
« Rien à signaler dans les étages à part un sac oublié dans une salle de classe, dit-elle en montrant le sac de cuir qu’elle avait hissé sur son épaule, je le laisserai dans la salle des préfets en passant et je mettrai un mot sur le panneau d’affichage. Et toi ? »
Elle écouta attentivement la réponse de son amie tout en regardant autour d’elle afin de vérifier qu’un petit plaisantin occupé à braver le couvre-feu ne se trouvait pas caché derrière l’une des tapisseries ou statues qui ornait le couloir.
« Ça va sinon, pas trop fatiguée ? demanda-t-elle ensuite en reportant son attention sur Feli, pas de nouvelles concernant l’empoisonnement du Ministre ? »
Suites aux récents évènements, les deux filles avaient instinctivement commencé à enquêter de leur côté, tout comme deux ans auparavant. Impossible pour Prue de rester inactive alors que l’impression d’une catastrophe imminente ne la quittait plus. Elle savait qu’il en était de même pour Felicia et elle était contente de pouvoir profiter de cette ronde pour discuter de tout ceci sans oreille indiscrète.
« J’en sais pas plus de mon côté. »
En effet ses différentes recherches n’avaient rien donné, tout comme l’enquête du Ministère d’après la Gazette du sorcier. Elle soupira et ouvrit la porte d’une des salles vides afin de l’inspecter brièvement avant de continuer de marcher. Que pouvait-il bien se tramer dans l’ombre ? Qui se cachait derrière tout ceci ? Décidément, les questions sans réponse était monnaie courrante à Poudlard…
(#) Sujet: Re: Comme au bon vieux temps (Feli) Lun 22 Fév - 0:14
Comme au bon vieux temps
Carla et Prudence étaient deux preuves tout à fait différentes mais tout aussi éloquentes de la perte de ses émotions. Dès que Felicia osait porter le regard sur l’une d’elle, elle faisait face à une absence de réaction effarante. Certes, son envie de mettre à mal le sang-froid de Carla témoignait d’un intérêt certain, mais il n’apportait rien à Felicia : ni plaisir ni amusement. D’autant plus qu’elle n’éprouvait aucun regret, aucune culpabilité, vis-à-vis du sort qu’avait connu la Serpentard à cause de leur rituel de runes. Bien sûr, la Poufsouffle pensait à raison que tout était de la faute de Carla et qu’elle n’avait eu que ce qu’elle méritait sur ce point-là, mais tout de même… Elle avait failli en mourir. Et rien. Felicia ne s’en préocuppait en rien. Quant à la Gryffondor… La voir lui rappelait juste qu’elle avait eu des sentiments à son égard, et que ces sentiments n’étaient désormais plus là. Prudence restait une bonne amie, au même titre que Bonnie, mais il n’y avait pas de quoi l’émouvoir aux larmes. Cela faisait presque mal, en vérité, de voir que la compagnie de la Gryffondor ne lui faisait plus autant plaisir qu’avant, qu’elle n’avait plus l’énergie de s’énerver à cause d’une remarque de la part de Maxwell à son égard ou d’un autre dragueur à deux noises, qu’elle… qu’elle recevait les sourires et les marques d’affection sans sursaut, sans chaleur, sans bonheur, sans aigreur. C’était flagrant avec Prudence, oui. Avec Casey, tout était bien trop mélangé, trop… dilué. La Préfète passait bien trop de temps avec cette dernière pour se rendre compte de la différence entre l’avant et l’après. Parfois c’était même à se demander si elles n’étaient pas en train de ne plus devenir qu’une seule et même identité. Et puis, il y avait le professeur de potions qui lui inspirait autant de peur que de colère, deux sentiments très primaires. Voilà tout ce à quoi la Poufsouffle pouvait être résumée, désormais.
L’interdiction de la magie dans les couloirs après la tentative d’assassinat du Ministre obligeait tous les Préfets à se montrer plus attentifs pendant les rondes, ne serait-ce que pour débusquer un petit malin qui voudrait défier l’autorité de l’école et revendiquer ses droits de sorcier. Ce serait tout à son honneur, bien sûr. Même Felicia pensait du mal de cette nouvelle règle en vigueur à Poudlard. Elle trouvait ça ridicule et honteux, parfaitement déplacé et contraignant pour tout le monde. Mais bon. Elle ne pouvait pas faire autrement que de se plier à la volonté suprême et appliquer les directives. C’était sa responsabilité. C’était ce qu’il lui en coûtait pour porter cette insigne - un insigne qui commençait à peser lourd sur sa poitrine. Mais en même temps, sans cette insigne, Felicia n’aurait probablement jamais sympathisé avec Bonnie et Prudence. C’était bien leur nomination qui les avait rapprochées. Ça et l’enquête, en cinquième année, avec la Gryffondor. Ce n’était pas la même chose qu’avec Casey, mais il était agréable de travailler avec Prudence. Parfois, cette dernière lui rappelait Frances. Une vraie bouffée d’air frais comparée à toute l’atmosphère qu’elle créait autour d’elle. Autant dire que Felicia se déridait un peu, en sa compagnie, essayait de se montrer plus agréable… Cela ne marchait pas tout le temps, mais parfois elle essayait.
Felicia terminait sa ronde au sous-sol et au rez-de-chaussée avant de monter rejoindre Prudence au troisième. La jeune femme avait inspecté chaque pièce avec minutie et se contentait désormais de réciter chaque rune avec leur traduction et ses équivalences tandis qu’elle montait les escaliers. Il n’y avait pas de petits profits dans l’utilisation du temps. Entre les cours obligatoires d’Études des moldus - qu’elle considérait être une perte de temps pour elle -, les rondes supplémentaires et ses recherches avec Casey, si elle voulait réussir à obtenir son diplôme avec brio, il fallait user de tout le temps disponible. Surtout quand on leur offrait un court laps de temps pour utiliser des salles de permanence ! Respire, Felicia, respire. Monter trois escaliers avait de quoi épuiser. Pas étonnant, donc, que Prudence soit déjà sur place quand Felicia arriva. La Gryffondor la prit même dans ses bras, et Felicia fut une nouvelle fois “choquée” d’observer une réaction digne d’une statue de marbre. Son corps ne parvenait même pas à esquisser le moindre geste pour lui rendre la pareille. Felicia subissait plus qu’autre chose, et c’était irritant de se voir dans un état si passif ! Mieux valait se concentrer sur le boulot. Prudence n’avait rien vu qui sortait de l’ordinaire mis à part un sac. Felicia n’était pas bien différente de ce côté-là. « Courant d’air et humidité dans les cachots, rien d’anormal. Des passages de rats et de chats au rez-de-chaussée. Et je pense qu’il n’y aurait pas eu autant de passages en cas de présence intrusive. » La routine, en somme. Et le troisième étage semblait être tout aussi calme.
Cela faisait longtemps qu’elles n’avaient pas pris le temps de discuter, toutes les deux. En même temps, Felicia avait dû faire face à tout un tas de problèmes avec le départ d’Ollie et les expériences avec Casey, mais… elle ne s’en rendait véritablement compte que maintenant que Prudence lui demandait comment elle allait. « Honnêtement ? Je me sens toujours épuisée. » Felicia s’était habituée à peu dormir, mais son corps finirait par lâcher un jour. Elle se donnait bien trop de choses à faire et trop de responsabilités à avoir. Mieux dormir de lui rendrait pas son amabilité, mais le manque de sommeil contribuait probablement à la rendre aussi buvable qu’un fût de poison. « Mais ça va. » Enfin, elle supposait. La Préfète se doutait bien qu’elle se sentirait en meilleure forme une fois le Serment Inviolable rompu, mais allez savoir ! Tout était si… épuisant, en ce moment. Felicia poussa un long soupir tandis qu’elle continuait leur ronde. « Aucunes. Il n’en est pas mort, d’après la Gazette, c’est tout ce qu’on sait. » C’était tout de même étrange, cette histoire… Felicia n’avait pas tiqué, le jour J, et ne s’en était pas particulièrement inquiétée par la suite, mais en parler avec Prudence lui faisait repenser à l’affaire, pour mieux trouver des indices. Elles enquêtaient de nouveau, et cela faisait du bien à Williams de pensait factuellement. « À ton avis, cela vient de l’intérieur ou de l’extérieur ? » demanda-t-elle à la Gryffondor. Après tout, elles s’étaient posées la même question, il y a deux ans de cela, et à raison. « Il y avait tout de même plusieurs personnes extérieures à Poudlard, ce soir-là. » Ne serait-ce que le jury.
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(#) Sujet: Re: Comme au bon vieux temps (Feli) Dim 28 Mar - 16:47
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Le fait de partager sa ronde avec une connaissance, pour ne pas dire une amie, rendait les choses beaucoup plus agréables aux yeux de Prue. Elle avait toujours aimé l’idée de patrouiller de nuit dans le château, à l’affut du moindre manquement aux règles et volontaire afin de rappeler ces dernières à ses condisciples. Toutefois, depuis quelques temps désormais, elle appréciait aussi l’idée de se retrouver tranquillement dans un coin de la salle commune à tenter d’avancer dans ses devoirs, à échanger quelques hiboux avec ses amis ou bien à lire un bon livre. Depuis sa réconciliation avec Killian, elle appréciait aussi à nouveau les moments qu’ils passaient ensemble dans la salle commune ou bien dans les couloirs, à discuter de tout et de rien et à se charrier… Un peu comme si les derniers évènements n’avaient pas existé. Prue était soulagée d’avoir pu calmer le jeu avec son co-préfet, réalisant au moment où elle le retrouvait combien sa présence si bruyante et exubérante lui avait manqué au cours des longues semaines passées sans s’adresser le moindre mot. Un sourire un peu idiot aux lèvres elle secoua la tête afin de repousser toutes ces histoires dans un coin de son esprit pour pouvoir se reconcentrer. Il lui restait une grande partie du château à inspecter et ce n’était clairement pas le meilleur moment pour laisser ses pensées dériver vers Killian et son sourire en coin… Les joues rosies elle se redressa et réajusta sa prise sur le sac qu’elle avait trouvé abandonné dans une des classes vides. Par Merlin qu’elle devenait stupide en pensant au Gryffondor ! Certes, elle était ravie de leur réconciliation mais ce n’était pas une raison pour rester béate avec un air idiot accroché sur le visage. Prue se passa une main dans les cheveux et fut alertée par un bruit de pas. Elle se retourna pour découvrir Felicia qui la rejoignait comme prévu à leur point de rendez-vous. Ravie de retrouver son amie, Prudence se permis une familiarité en la prenant dans ses bras l’espace de quelques secondes. Elle constata que Felicia resta stoïque et s’éloigna rapidement, un peu honteuse à l’idée d’avoir envahi l’espace personnel de son amie sans son accord. Elle pouvait se montrer bien trop spontanée parfois… Les deux filles se firent brièvement leur rapport sur leur inspection respective avant de se remettre en route. Pour le moment, rien de catastrophique à signaler et c’était pour le mieux ! Prue espérait sincèrement passer une ronde tranquille et pouvoir rapidement regagner son lit à baldaquins pour une bonne nuit de sommeil.
« J’espère que ça va continuer comme ça ! » dit-elle d’un ton enjoué à son amie tout en ouvrant la porte d’une salle de classe du troisième étage avant de l’inspecter rapidement.
Leur discussion se poursuivit et Prudence tendit l’oreille en entendant la réponse de sa camarade. En effet son teint était pâle – enfin plus qu’à l’accoutumé – et ses yeux plutôt cernés. Felicia avait toujours été le genre de fille à négliger son sommeil afin de rentabiliser son temps toutefois la Gryffondor lui trouvait vraiment mauvaise mine ce soir. Elle haussa un sourcil lorsque sa condisciple lui répondit bien aller et hésita un peu avant de répondre :
« Tu as l’air vraiment crevée c’est vrai, tu as encore beaucoup de rondes cette semaine ? Je peux t’en reprendre si jamais, ça te permettrait de passer une soirée plus tranquille. »
De son côté elle n’avait pas grand-chose d’indispensable de prévu au cours des prochains jours et n’hésiterait pas une seule seconde à soulager Felicia si cela pouvait l’aider.
« En tout cas hésite pas si tu as besoin, ajouta-t-elle en haussant les épaules, pour une ronde ou même pour autre chose. Je suis toujours là pour toi ! »
Et c’était vrai. Même si elles ne passaient plus le plus clair de leur temps à fureter aux quatre coins du château comme quelques années plus tôt, Prue se sentait toujours proche de Felicia et répondrait toujours présente si celle-ci le lui demandait. La discussion s’orienta naturellement sur l’empoisonnement du Ministre de la Magie et Prue poussa un profond soupir en sentant son estomac se nouer. Quelque chose lui disait qu’ils n’étaient pas au bout de leur peine concernant cette histoire…
« C’est vrai qu’on a aucune info… soupira-t-elle, après ça se comprend, il a été empoisonné en se rendant à un évènement anodin en compagnie de sorciers mineurs, ça fait un peu tâche. »
Elle secoua le sac de cuir tout en refermant la porte d’une des salles qu’elles venaient d’inspecter. Cette histoire ne lui disait rien qui vaille…
« Franchement je sais pas, mais après cette histoire de Selma, de faux professeur Winslow et j’en passe, je pense qu’on peut se méfier de tout le monde, à l’intérieur comme à l’extérieur. »
Leurs expériences leur avaient prouvé que le danger pouvait venir de quiconque.
« D’un autre côté, depuis sa monté au pouvoir et son envie de rapprochement avec le peuple moldu, j’imagine qu’il est la cible de beaucoup d’attentats. Je serais pas trop étonné qu’un forcené ait utilisé le concours pour parvenir à ses fins. Après tout, il y avait eu plusieurs articles dans La Gazette à propos du concours. Tout le monde savait que le Minsitre serait là, c’était l’occasion parfaite. »
En effet n’importe quel sorcier avec de la suite dans les idées aurait pu profiter de l’occasion pour attenter à la vie du Ministre ce jour-là. La sécurité était certes renforcée mais pas non plus optimale et il ne devait pas être bien compliqué avec un peu de préparation de réussir ce genre de coup. Rien qu’avec sa propre cape d’invisibilité, Prue aurait été capable de se rapprocher du Ministre, alors elle n’osait imaginer ce qu’un sorcier peu scrupuleux pouvait être capable de faire.
« En tout cas j’ai le pressentiment que cette affaire n’est que le début… Pas toi ? »
HARLEY-
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(#) Sujet: Re: Comme au bon vieux temps (Feli) Jeu 13 Mai - 1:14
Comme au bon vieux temps
Avoir eu des sentiments pour la Gryffondor n’avait rien changé dans sa vie, si bien que Felicia se demandait parfois si, ces sentiments, avaient seulement véritablement existé ou si elle les avait imaginés. Il lui suffisait d’un regard sur Prudence pour espérer retrouver ces bouffées de chaleur qu’elle avait eu chaque fois en posant les yeux sur elle, mais… Rien. Elle ne ressentait plus rien de cet ordre, et surtout pas pour son amie. Ces sentiments, elle les avait eu et elle les avait fait disparaître. C’était aussi simple que ça. L’amour n’avait jamais été l’une de ses priorités, dans la vie. En vérité, elle avait toujours vu la chose comme un frein et une gêne. Certes, le sentiment était agréable et elle se souvenait avoir aimé les ressentir - mais elle s’en souvenait avec dégoût. Felicia avait perdu de précieuses secondes à rêvasser ou à avoir le regard perdu dans le vide, de précieuses minutes à tenter de passer le plus de temps possible avec la rouge & or au détriment de ses recherches ou de ses études. L’amour rendait bête et était chronophage, aussi ne regrettait-elle pas cette époque qui ne remontait pas à si longtemps que ça. La Préfète ne parvenait pas à dater les choses. Ces sentiments étaient arrivés, elle les avait entretenus quelques temps, puis les choses faisant, Felicia fut prise dans d’autres responsabilités, passa moins de temps avec Prudence, perdit son amour, fit un rituel qui tua ses émotions, et devint insensible aux charmes de la Gryffondor qui avaient eu tant d’effets sur elle auparavant. L’étreinte de son amie ne lui faisait plus rien, tant et si bien que Felicia ne pensa même pas à la lui rendre. Les choses évoluaient bizarrement, tout de même ! Mais la Poufsouffle était plus qu’heureuse de la façon dont les choses avaient tourné. Elle gagnait du temps et de l’énergie et s’épargnait une possible peine de cœur. Oh, tout aurait pu bien se passer ! Elle en avait bien conscience. Cependant, c’était un risque trop grand à prendre et qui ne résulterait que sur une perte de temps plus grande. À un moment, dans sa vie, il fallait savoir ce qu’on voulait ; et ce que voulait Williams, c’était parvenir à atteindre ses objectifs, peu importe le temps qu’elle y passerait du moment qu’elle ne sortait pas du chemin qu’elle s’était donnée. Aussi, oui, elle pouvait avoir l’air fatiguée, certes. Mais tout ceci était pour la bonne cause. Cinq à six heures de sommeil étaient largement suffisant pour elle. Elle s’autorisait un peu plus lors des week-end pour que son corps ne craque pas, et voilà tout. Ce qui la dérangeait véritablement, c’étaient ces heures d’étude des moldus en plus dans son emploi du temps déjà bien chargé. Le reste, elle avait réussi à jongler avec, mais ça, elle n’y parvenait toujours pas. La matière lui semblait inutile, dispensable et tout à fait hors propos pour la voie qu’elle comptait emprunter. Enfin, on ne pouvait pas tout avoir et Felicia ne se voyait pas aller se plaindre aussi tardivement dans l’année. L’interdiction de l’usage de la magie, ça, déjà, c’était un problème bien plus actuel.
Prudence vérifia l’intérieur d’une salle et Felicia laissa traîner son regard des deux côtés du couloir dans l’espoir d’identifier un mouvement quelconque, sans succès. Les élèves étaient incroyablement tranquilles malgré la nouvelle restriction, ce n’était pas bon… Qui sait ce qu’il allait encore se passer dans cette école, mais cela épuisait d’avance la Poufsouffle qui l’était déjà bien trop. Prudence avait dû le remarquer d’ailleurs, mais Felicia avait toujours eu des cernes sous les yeux, aussi loin qu’elle s’en souvenait. Certes elle était fatiguée, et elle l’avoua sans mal à son amie, mais rien de dramatique. Pour Felicia, c’était normal, son quotidien, et tout allait bien. Pourtant, Prudence lui proposa de prendre ses rondes de la semaine, histoire de lui laisser du temps de libre pour se reposer. Felicia la regarda un instant, réfléchissant rapidement à la question. Normalement, elle aurait refusé : sa fierté de Préfète lui tenait bien trop à coeur pour en arriver jusque là. Mais… désormais, son coeur se voilant irrémédiablement à tous les petits plaisirs de la vie, sa réponse serait différente. Elle ne voyait pas le mal à accepter l’offre de Prudence. « Si cela ne te dérange pas, ce serait avec plaisir. » Elle ne voyait pas non plus le mal de lui promettre qu’elle en profiterait pour se reposer même si ce ne serait pas le cas. Cela lui ferait du temps en plus pour étudier. Aussi se saisissait-elle de l’occasion offerte par Prudence avec plaisir, sans aucun scrupule de trahir ainsi la confiance qu’elle lui accordait. Son amie continuait d’être présente pour elle, de la soutenir et de lui proposer son aide. Felicia n’était plus certaine d'en être capable. Ou, du moins, pas à un tel degré. La dévotion de Prudence la… gêna quelque peu, à vrai dire. « Merci. Je tâcherai de m’en souvenir » répondit-elle simplement, sans prendre la peine de lui retourner la faveur.
Laissant de côté le pathos, les deux jeunes femmes se recentrèrent sur ce qui les avait rapprochées de prime abord : une enquête. L’empoisonnement du ministre n’avait pas eu plus de suite que cela et Felicia était bien contente d’y réfléchir avec Prudence ; rien de plus pragmatique et factuel qu’une enquête. Elles ne pourraient pas faire de miracles, malheureusement, entre ce qu’elles avaient pu voir et les informations de la Gazette, mais cela ferait au moins passer cette ronde plus vite. Le troisième étage était vaste et les salles nombreuses. Tenter de trouver une explication à ce qu’il s’était passé ne leur ferait que le plus grand bien, malgré les maigres informations. « Évènement anodin… Un concours de potions ce n’est pas rien, tout de même. » Felicia n’était pas d’accord sur ce point avec Prudence. Elle avait participé à ce concours avec Casey, et elle avait attendu beaucoup de ce dernier. En vain, malheureusement. Dans tous les cas, le Ministre avait pris la peine de se déplacer et on avait saisi l’occasion pour atteindre à sa vie. Cela ne pouvait pas être rien. En tout cas, pas pour Felicia qui tentait de relier les informations dans son esprit. « Tu penses que l’on aurait pu utiliser du polynectar à nouveau ? » Cela ne lui était pas venu à l’esprit, mais pour un concours de potions et autres mixtures, cela semblait presque… trop logique. Mais après tout, pourquoi. Cela pouvait toujours être quelqu’un de l’extérieur comme de l’intérieur, mais c’était une piste. Comme le disait Prudence, l’occasion était parfaite et, pourtant, personne n’avait rien vu venir. « Trop parfait pour de simples élèves, si tu veux mon avis. » Certes les deux Serpentards avaient gagné le concours, mais Williams les imaginait mal être intelligentes à ce point-là. Et puis, il aurait fallu en connaître plus des allégeances de ces deux filles pour savoir si elles avaient véritablement quelque chose à gagner avec la mort du Ministre, un mobile. À moins qu’un sortilège impardonnable eut été utilisé… Trop de possibilités, trop d’incertitudes, trop d’hypothèses. « Si… Et c’est nous qui allons prendre tarif, comme d'habitude. » Les Préfets étaient les abandonnés de l’école. Ni tout à fait élèves ni tout à fait faisant partie de la direction. Dès qu’il y avait un problème, c’était pour leur pomme. « J’espère que l’on aura pas à faire un réunion d’urgence à nouveau, c’est tout ce que je demande. » Chaque fois, réunir tous les préfets était une vraie plaie.
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