Rencontre au sommet [PV Sarah Davenport]

Rencontre au sommet

S'il y avait une chose que Alice avait toujours aimé, d'aussi loin qu'elle se souvienne, c'était de grimper dans les arbres. Quand elle ne se sentait pas bien chez sa nouvelle maman et que la tristesse lui faisait avoir de la peine, elle montait tout en haut d'un arbre et elle trouvait un peu de sérénité. À Poudlard, il n'était jamais rare de la trouver au sommet d'un arbre avec un bon livre et quelques pommes bien juteuses. Quand le printemps arrivait, elle passait sûrement plus de temps en l'air que sur le sol. Elle se souvenait d'une conversation agréable avec une de ses copines de dortoir, autre que Rowan, en train de faire des plans pour rencontrer des créatures magiques.

Aujourd’hui, il faisait particulièrement doux et la jeune professeure d'arithmancie se promenait dans le parc en songeant à ses habitudes de jeunesse avec un peu de nostalgie. Tout d'un coup, elle eut une envie folle de revoir Poudlard du haut des branchages d’un des arbres de l'école. Elle se rappela la vue qu'on avait de là-haut. À travers les branchages des arbres, tout était magnifique. La beauté du parc se voyait à une distance très grande et on avait quasiment systématiquement un point vue sur le lac.

Et puis, soudain, elle se dit que de toute façon, il n'y avait personne autour d'elle pour la regarder. Jetant un coup d’œil à gauche et à droite pour s'assurer que personne ne la regardait, elle s'approcha de l'arbre le plus proche et commença à se hisser en attrapant les branches les plus basses. Elle n'avait pas perdu la main et en quelques montées bien placées, elle se retrouva sur les plus hautes branches où elle s'installa confortablement, ne regrettant que l'absence des délicieuses pommes qu'elle piquait dans la grande salle quand elle était petite.

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Rencontre au sommet

C’était l’un des nombreux moments de la semaine où Sarah n’avait pas cours. Et ainsi qu’elle avait pris l’habitude de le faire lorsqu’elle n’était ni à la bibliothèque ni en train d’étudier, elle était sortie dans le parc. C’était sans aucun doute l’un des endroits qu’elle préférait et peut-être celui où elle se sentait le mieux.
Si elle était heureuse d’être à Poudlard, de pouvoir passer du temps avec Cassi, Ombeline et Kathleen et si elle s’était fait des amis, de nombreux soucis lui encombraient l’esprit depuis le début de l’année scolaire. Et plus l’année avançait, plus les motifs semblaient vouloir se cumuler. En plus du douloureux souvenir bien trop présent à sa mémoire au goût de la petite Davenport, elle était partagée. En effet, elle était fatiguée de jouer la comédie la plupart du temps, de faire en sorte de paraître la parfaite fille de Damoclès et Lavinia, ce afin de cacher ses réelles opinions. D’un autre côté, encore plus depuis la réception de la lettre incitant à se rebeller contre l’interdiction de l’usage de la magie, elle avait l’impression qu’elle allait devoir prendre position de façon claire et précise, jouer cartes sur table plus tôt qu’elle ne l’avait prévu jusqu’alors. Et si elle était prête, personnellement, à assumer ce qu’il en était et à accepter les bouleversements dans sa vie qui en découleraient inévitablement, elle craignait la réaction de son père, de ce qu’il pourrait faire aux personnes auxquelles elle tenait. Sans compter que depuis le début du mois, depuis la parution de l’article dans La Gazette du sorcier mentionnant la disparition de ce qui devait être le petit frère de Zeynep, elle s’inquiétait pour la Poufsouffle. En effet, cette dernière n’avait pas répondu à la lettre envoyée par la rouge et or, ce qui, aux yeux de la petite Gryffondor était significatif : Zeynep n’était probablement pas au meilleur de sa forme. Et elle pouvait tout à fait le comprendre.
Pour l’instant, Sarah ne s’était ouvert sur aucun de ces sujets ou pas vraiment et ce à qui que ce fût, pas même à Cassi, qui la connaissait pourtant mieux que quiconque à Poudlard, qui connaissait pourtant son passé, ses opinions,… Et était donc celle à qui elle pouvait parler de certaines choses sans avoir à revivre les événements ou à lui expliquer de fond en comble ce qu’il en était. Alors, oui, sur certains points, elle tournait un peu en rond, mais à force de ne pas en parler aussi, ça n'arrangeait certainement pas les choses.

Toutes ces pensées et préoccupations se mélangeaient dans l’esprit de Sarah. Alors, comme elle aimait à le faire aussi bien pour observer la magnifique vue sur le parc et le château que pour réfléchir, elle avait l’intention d’aller grimper dans un arbre.

''Si tu as de la peine, si la vie est méchante avec toi, réfugie-toi au cœur de la forêt. Elle ne te décevra jamais […] et la forêt te redonnera courage''. Sarah avait vu les films Sissi d’Ernst Marischka avec Kathleen – à qui elle devait l’essentiel du peu de culture moldue qu’elle avait – et cette citation, ce conseil du père de Sissi à sa fille l’avait marquée. En fait, elle trouvait que cela parlait de sa propre relation à la nature. Et si elle ne s’était pas encore réfugiée au cœur de la forêt interdite, elle le faisait volontiers au sommet des arbres du parc.

Le hasard voulu qu’elle choisît le même perchoir qu’Alice. Elle arriva quelques instants après le professeur d’arithmancie, sans l’avoir encore vue. Et l’enfant, avec l’agilité digne d’un écureuil ou d’un autre animal arboricole, monta de branche en branche, jusqu’à atteindre la même hauteur qu’Alice. C’est alors qu’elle remarqua sa présence dans l’arbre. Elle prit le temps de s’installer sur une branche adjacente avant de la saluer :

« Bonjour Madame Cooper. Comment allez-vous ? Vous aussi vous aimez grimper aux arbres ?! On a une vue extraordinaire d’ici sur le parc, le lac et le château, n’est-ce pas ? »

(c) Kira pour Never Utopia

Rencontre au sommet

Si elle avait cédé à une envie subite en grimpant au sommet de cet arbre, Alice n’avait pas envisagé la possibilité d’être surprise. Elle serait restée là, dans le secret et personne n’aurait jamais vu la respectable professeur d’Arithmancie jouer les petits singes dans les arbres. Et pourtant, la chance n’était pas au rendez-vous, car une petite de Première Année avait visiblement décidé d’en faire de même. En entendant du bruit dans les feuillages sous elle, Alice baissa la tête pour voir arriver la fillette à sa hauteur, et au moment où elle la remarqua, Alice la reconnut elle aussi.

Sarah n’était pas une de ses élèves, puisqu’elle se trouvait en Première Année. Elle n’avait même jamais eu l’occasion de la croiser dans les couloirs de l’école. En revanche, elle l’avait rencontrée par hasard pendant ses vacances en été, dans le chalet du Pic des Dames où elles avaient passé un agréable séjour. Alice avait un peu appris à connaître l’enfant, du moins, dans la mesure de ce que pouvait permettre un séjour de vacances. Ce fut donc avec un sourire qu’elle accueillit la fillette dans les branches. Quand elle s’installa à proximité d’Alice et l’interpella, la jeune prof décida que maintenant qu’elle avait été découverte, autant assumer.

« Bonjour, Mademoiselle Davenport. Il semble que nous soyons destinées à nous retrouver par le biais du hasard. »

Alice sourit et en l’entendant parler du paysage, elle leva la tête dans la direction de l’horizon. C’était l’un des bons points de grimper aux arbres. Elle avait un point de vue magnifique sur le panorama et Sarah semblait partager son opinion sur la beauté du visuel. Alice ne se souvenait pas d’une époque où elle n’avait pas aimé grimper. Elle avait même songé à l’escalade cet été, mais elle avait préféré se limiter aux activités prévues par le chalet où elle logeait. Elle ne renonçait toutefois pas définitivement à l’idée. Soupirant de plaisir, elle reporta son regard sur Sarah.

« Je grimpe aux arbres depuis que je suis toute petite. Je ne connais rien de plus agréable que de lire un bon bouquin avec une pomme dans les branches d’un arme. »

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Sarah vit le sourire que lui adressait Alice et le lui rendit.

« Oui, il semble bien » acquiesça-t-elle.

Autant pendant les vacances c’était du pur et simple hasard, autant le fait de se trouver dans la même école – même si elle était vaste et qu’Alice n’enseignait pas aux premières années – devait tout de même augmenter les probabilités de rencontre.

« Dans la mesure où nous sommes toutes les deux à Poudlard, il était probable qu’on finisse par s’y retrouver, non ? Malgré la taille du château… ? » dit-elle, exprimant sa pensée à haute voix.

« Oui, les branches des arbres sont des endroits confortables pour lire… Et tranquilles…
Mais, aujourd’hui, vous semblez n’avoir ni pomme ni livre avec vous ? » répondit-elle.
D’ailleurs, en ce jour, elle était également venue sans livre. Une fois n’était pas coutume… Et preuve qu’elle était vraiment venue spécifiquement pour réfléchir.

Pour sa part, elle pourrait être tentée de dire qu’elle grimpait depuis toujours aux arbres ; Ce qui était impossible, elle le savait. Seulement elle ne parvenait pas à se souvenir d’une époque où il en était autrement et où elle ne le faisait pas… Tant c’était vieux.
Elle se souvenait d’ailleurs fort bien de ce jour où, à l’âge de cinq ans, elle s’était perchée dans un arbre du jardin et avait eu envie d’y regarder son livre préféré. Ce jour où ses pouvoirs s’étaient manifestés et où ledit ouvrage avait traversé demeure et jardin pour atterrir dans ses mains.
Le temps que dura ce souvenir, la Gryffondor resta silencieuse, le regard perdu dans le vague.

« C’est un endroit parfait pour réfléchir et rêvasser aussi… » ajouta-t-elle.

Ou pour simplement admirer le paysage, mais cela, d’une certaine façon en évoquant la vue que l’on y avait, elle l’avait déjà dit.

« Vous vous êtes souvent installée dans les arbres du parc de Poudlard ? » demanda-t-elle. C’est comme si elle prenait pour acquis qu’Alice avait fait ses études à Poudlard, alors que mieux que quiconque, Sarah savait que ce n’était pas toujours aussi simple que cela.

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Rencontre au sommet

Il était vrai que c’était probable qu’elles finiraient par se croiser dans les couloirs de l’école tôt ou tard. D’ailleurs, elles s’étaient déjà forcément retrouvées dans la même pièce lors du banquet d’arrivée, puisque toute l’école s’y trouvait. Mais le fait de se retrouver au sommet d’un arbre toutes les deux ensembles était un peu plus incongru. La dernière fois, la petite était littéralement tombée dans les bras de sa sœur. On ne pouvait pas dire qu’elles se rencontraient de la façon la plus logique qui soit. En fait, Alice trouvait cela plutôt amusant quand elle y pensait, c’était ce genre de choses qui rendaient la vie intéressante.

« Dans l’école, certes. Au sommet d’un arbre, en revanche… »

L’observatrice petite Gryffondor nota que son enseignante n’avait ni pomme, ni livre, comme lorsqu’elle était petite. En même temps, elle était montée sur un coup de tête sans penser que quelqu’un la remarquerait. L’idée qu’on choisirait le même arbre comme elle pour y grimper ne l’avait pas effleurée, les probabilités étant faibles, mais pas nulles puisque c’était ce que la petite Davenport venait de faire. Mais elle accorda à l’enfant un sourire avant de lui répondre. Cela ne la gênait pas du tout que l’enfant soit curieuse d’elle. Elle avait plutôt tendance à être bienveillante face à la curiosité des autres.

« En effet, bien observé, Miss. A vrai dire, je suis montée ici sous le coup de l’inspiration. A mon âge, on ne prévoit pas ce genre de petite escapade. Ça ne fait pas sérieux », plaisanta-t-elle avec un clin d’œil.

La petite curieuse avait envie de savoir si le professeur Cooper avait souvent pour habitude de grimper dans les arbres, autrefois. La jeune femme se plongea dans les souvenirs de ses années à l’école. Elle était un petit elfe frétillant qui courait partout et qui n’avait jamais peur de faire de l’escalade ou des cabrioles. Elle en avait fait sourire plus d’un avec sa fantaisie et elle repensa avec tendresse à ses protecteurs et amis.

« Régulièrement. Soit j’étais au sommet d’un arbre, soit en train de courir dans le parc… je ne manquais pas d’énergie, surtout avec une batte dans les mains. »

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« Ce n’est pas l’éventualité qui nous serait venue en tête en premier. Mais, à partir du moment où nous aimons toutes les deux grimper aux arbres, ça restait une possibilité » répondit-elle au professeur d’arithmancie.

Après, Sarah devait reconnaître que pour cela, encore avait-il fallu qu’elles choisissent le même arbre au même moment.

« Mais, ce n’était effectivement pas le plus probable. » ajouta-t-elle.

La petite Gryffondor fit un sourire amusé en réponse à la plaisanterie d’Alice.

« Je ne prévois pas forcément non plus quand je vais monter dans quel arbre, j’y grimpe juste souvent. Et celui-ci entre parmi mes préférés du parc du château. C'est l'un de ceux dont on a la meilleure vue sur le parc, je trouve. Pour ce qui est de ceux que j'ai déjà escaladés » précisa-t-elle.

« Ce sont de bonnes manières d’utiliser son énergie. Vous étiez donc dans l’équipe de Quidditch de votre maison ? En tant que batteuse ? » se renseigna-t-elle.

Sarah, pour sa part, n’avait pas encore intégré l’équipe des rouges et or. La raison principale en était son âge : elle était encore trop jeune pour avoir le droit d’y postuler ou de posséder son propre balai dans l’enceinte de l’école. Mais, elle comptait bien s’y inscrire l’année suivante. Il lui restait à voir pour quel poste elle postulerait et cela dépendrait certainement en partie de ceux qui allaient se libérer.

« C’est un beau sport le Quidditch ! J’y ai souvent joué avec des règles aménagées pour un nombre de joueurs moindre avec mon grand-frère et d’autres enfants quand on le pouvait… » rajouta-t-elle, plongée dans ses souvenirs.

Ça c’était une anecdote qu’elle se sentait libre de raconter, même si elle marquait le milieu dont elle venait.

« Mon grand-frère, tout comme mon cousin Orion, vous les connaissez de vue, puisque j’étais avec eux dans les Alpes quand on s’est rencontrées. »

Elle avait attendu les réponses de son professeur, puis ensuite vu l'heure et songé qu'il allait être bientôt temps pour elle de descendre de son arbre et retourner à la vie quotidienne de Poudlard.

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Rencontre au sommet

Même si ce n’était pas une rencontre prévue, cela ne déplaisait pas à l’enseignante d’avoir croisée Sarah Davenport au sommet de cet arbre, d’autant que la Gryffondor n’était pas vraiment en train de lui manifester qu’elle pourrait perdre de son respect à cause de ça. Bien entendu, il n’y avait pas de raison, mais il y avait de tout à Poudlard, et bien des élèves aurait trouvé ça puéril pour une enseignante de grimper aux arbres. Elle lui sourit quand elle admit que ce n’était pas l’option la plus probable pour se revoir, mais elle n’ajouta rien. Tout était dit.

La petite et elle avaient donc en commun leur arbre de prédilection. Depuis qu’elle était à l’école, Alice avait aussi une préférence pour cet arbre, pour les mêmes raisons que Sarah. Elle était touchée de savoir que les générations se succédaient et que de main en main, se passait ce genre de petits plaisirs.

« C’est mon préféré aussi, pour les mêmes raisons. »

La jeune fille lui demanda si elle avait fait partie de son équipe de Quidditch et si c’était au poste de batteuse. C’était un bon souvenir pour la jeune femme que ses années d’école pendant lesquelles elle avait taquiné la batte. Elle avait bien aimé faire partie de cette équipe.

« En effet, j’étais batteuse. Et j’étais plutôt une bonne batteuse. »

Elle écouta la jeune fille lui parler de ses jeux avec son frère et son cousin et rappela au bon souvenir d’Alice leurs vacances communes dans les Alpes. Elles avaient passé un bon moment là-bas l’été précédent avec la sœur d’Alice et sa meilleure amie. Trouver des élèves sur place avait été imprévu mais ils avaient passé un bon moment. Elles bavardèrent encore un moment avant de rejoindre chacune leur vie tranquille. Il était temps de revenir à la réalité.

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