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sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY)
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Message(#) Sujet: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyLun 18 Jan - 23:11


( sorceresses | FELICIA ☽ CASEY )

L’ambiance s’alourdissait de jour en jour à Poudlard. Le bal de fin d’année avait été le théâtre d’un empoisonnement - ou qu’importe ce dont il s’agissait réellement, c’était une tentative d’atteindre le Ministre de la Magie - plongeant les jours jusqu’à Noël dans un mélange de tensions et d’angoisses palpables. Et maintenant, la rentrée et l’interdiction de faire usage de la magie dans les couloirs. Pour une école de sorcellerie, c’était un comble qui déposait un goût amer et persistant dans la bouche de Casey. L’apprentissage toujours plus poussé de toutes les formes de magie passait nécessairement par l’utilisation, tôt ou tard, de sa baguette. Que ce soit pour une potion, pour perfectionner un sortilège, pour parfaire les informulés… la magie était essentielle et on la leur ôtait. Les salles de travail ne changeaient rien pour la brune habituée à pratiquer parfois jusqu’à minuit ou plus. Et les esprits s’échauffaient, le ressentiment grandissait, comme en témoignait ce mot que tous les élèves ou presque semblaient avoir reçu. Ce n’était pas bon et ça ne lui disait rien qui vaille. Les mots échangés avec Carla avant les élections dansaient dans son esprit quand elle se penchait sur la question et Casey en revenait à cette conclusion, aussi douloureuse à accepter qu’elle l’avait été pendant les vacances estivales : les extrémismes étaient dangereux, que ce soit envers ou contre les nés-moldus. Les Appleton prenaient des décisions qui se durcissaient et qui allaient à l’encontre même de l’essence de Poudlard.

S’il n’y avait que ça. Les résultats complets du concours de Potions avaient été transmis aux participants. Découvrir que les gagnantes ne l’avaient été que d’un point, suivies de très prêt par le binôme formé par Casey et Felicia ex aequo avec celui formé par les jumeaux Sørensen n’avait pas la moindre valeur de consolation. Ce qui les avait motivées des jours durant, des semaines entières, éloignant l’ombre du rituel et de ses conséquences, avait pris fin avec une énorme déception. Les deux jeunes sorcières se retrouvaient donc toujours sous la coupe du professeur van Aken en plus de ne pas avoir pu poser leur empreinte et marquer l’histoire des Potions. Ce n’était que partie remise, elles ne s’arrêteraient pas en si bon chemin, et avaient désormais une base solide à perfectionner… Mais c’était un échec malgré tout. Et si, d’ordinaire, la brune était peu sensible aux ratés, continuant avec une obstination dénuée de rancune à travailler jusqu’à atteindre un résultat qui lui convenait, force était de constater que l’accumulation de tous ces éléments déposait un voile noir sur ces dernières semaines.

Le cours de Potions se termina à dix-huit heures précises et Casey rangea les ingrédients et les fioles non-utilisés tandis que Felicia nettoyait leur paillasse. Non loin d’elles, le portrait de Tobias van Aken l’observait avec un sourire et lui adressa un clin d'œil quand elle croisa son regard. Retournant auprès de la Poufsouffle, la brune fit glisser ses parchemins et sa plume dans son sac et le passa sur son épaule. Les salles de travail étaient fermées désormais, et, de toute façon, ce n’était pas un endroit qu’elle souhaitait fréquenter. Pas plus que la Bibliothèque, au demeurant, toujours porteuse des souvenirs d’un incendie traumatisant. Mais il le fallait, parce qu’elles n’avaient pas la moindre piste et que l’absence d’objectif menaçait de les rendre maussades et pire encore. Comme deux droguées en manque de came. Quittant les cachots, elles prirent la direction du premier étage dans un silence qui n’avait rien d’anormal, encore qu’il semblait plus lourd qu’à l’accoutumée. Ou bien était-ce toute l’ambiance dans le château qui se faisait plus pesante à mesure que les jours passaient ? Elles ne parlèrent pas plus en pénétrant dans cet antre du savoir, et non plus en s’installant à leur table habituelle, avant de partir chacune de leur côté. Elles s’étaient très précisément réparties les rangées de livres dans un programme strict et aussi efficace que possible. La brune, dont la mémoire eidétique ne faiblissait pas depuis qu’elle avait sacrifié sa vue la première fois, et ce bas-ventre qui ne lui avait envoyé aucun signal pour l’assurer de sa disparition, allait bientôt pouvoir servir de catalogue vivant, capable d’indiquer le titre de tous les livres que son oeil valide avait parcouru jusqu’à présent, ainsi que son rayon, et même son étagère.

Sa fouille minutieuse reprit son cours, là où elle s’était arrêtée la dernière fois : dans la catégorie Histoire de la Magie, sous-catégorie d’une sous-catégorie, étiquette Secrets et mystères du monde magique. De l’avis de Casey, ce n’était pas le rayon le plus intéressant de la Bibliothèque : mystères et secrets étaient bien souvent ce qu’ils étaient, ni plus, ni moins, à savoir des énigmes irrésolues qui ne leur apporterait pas grand-chose. Mais tout de même, méthodique et méticuleuse, la Serdaigle poursuivait, détaillant chaque tranche, lisant chaque titre, examinant chaque sommaire. Au cas où. Ce n’était pas une simple lubie d’étudiantes, c’était se détacher d’un lien inviolable. Inviolable, jusqu’à ce qu’elles trouvent un moyen de le violer. La promesse qu’elle avait faite à Felicia résonna dans le silence de sa solitude, accroupie face à un grimoire traitant des chasses aux trésors les plus mythiques. Ne pas mourir avant lui. Si la jeune femme n’était pas douée pour saisir l’ironie, des gens comme des situations, elle pouvait néanmoins toucher du doigt celle-ci. Elle était en pleine forme, jeune, dans la force de l’âge. Il était âgé, vieillissant. Pourquoi mourrait-elle avant lui ? Et pourtant, pourtant, ce n’était pas incongru quand on connaissait les forces qu’elles étudiaient parfois, avec Felicia. Chassant ces sombres idées, Casey tira un grimoire qui semblait un peu plus intéressant que les autres et parcouru rapidement le sommaire, retrouvant des notions qu’elle connaissait pour les avoir lues dans Histoire de Poudlard. Oui, le château regorgeait de secrets. Et l’un deux portait le nom de Salle sur Demande. L’idée se précisa, se déroula, comme un fil sur lequel on tire et qui révèle une bobine entière pour mener à une conclusion qu’on se maudissait de ne pas avoir obtenue avant. Le livre claqua alors que Casey le refermait et qu’elle rejoignait à pas silencieux sa camarade, perdue dans le rayon de la gastronomie sorcière.

« Felicia » l’appela-t-elle, attrapant son attention au vol pour lui tendre le grimoire qu’elle venait de rouvrir au sommaire, son pouce signalant le chapitre consacré à la Salle sur Demande, et plus précisément la partie, indiquée en italique, de la salle aux objets cachés et disparus. Elle ne portait pas vraiment de nom, mais les légendes la décrivaient comme aussi immense qu’une cathédrale et regorgeant de tout ce que les sorciers qui étaient passés par Poudlard avaient bien voulu y cacher. « Ça vaut le coup d’essayer » continua-t-elle alors que les yeux de sa camarade croisèrent les siens et que leur échange muet les amena à la même conclusion. Quelques secondes plus tard, elles récupéraient leurs affaires et quittaient la Bibliothèque sous le regard étonné de son gardien qui avait l’habitude de les voir traîner ici jusqu’à la fermeture. Jamais le sixième étage ne lui avait paru si éloigné. Finalement, le pas claudiquant de Felicia et le regard borgne de Casey s’arrêtèrent devant un mur lisse fait de pierres comme il y en avait des millions dans ce château. Après un bref regard, la brune s’exécuta, concentrant son esprit sur ce qu’elle désirait trouver, passant trois fois en répétant cette phrase comme un mantra. Et quand elle reposa son œil océan sur la façade, une porte s’y dessinait, qu’elle poussa après une autre concertation visuelle en direction de la Poufsouffle. Elles pénétraient un tout nouveau monde.

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyMer 3 Fév - 22:24


they're crazy but they're magic
Cette rentrée n’avait rien de la “joyeuse et bonne nouvelle année” attendue. En vérité, les couleurs de Noël se ternissaient à vue d'œil depuis la fin même du Bal. À moins que le filtre en noir et blanc n’est commencé à s’installer déjà bien avant toute cette histoire… Felicia avait réussi à entrevoir plus d’espoir pendant la période Blackman que maintenant, et pourtant elle ne fuyait plus. Elle ne fuyait plus, non, elle affrontait frontalement tous les objectifs qu’elle s’était fixée, elle ne reculait que peu de fois, restait fière et digne même devant les plus grands ennemis et gardait la tête froide même en cas de défaite tant qu’elle n’était pas certaine d’être seule avec elle-même. Pourtant, même si ce changement semblait positif dans sa vie, elle ne faisait que remarquer l’apparition d’une colère qui ne faisait qu’enfler et grignoter le calme olympien dont elle avait toujours fait preuve. Garder un visage de marbre ; l’impossibilité de se mettre en colère ou d’en faire preuve ; tout ça devenait de plus en plus un mensonge en ce qui la concernait. La Poufsouffle s’était découvert une nouvelle partie d’elle-même au même instant que ses émotions commençaient à faner. Elle avait ressenti de la rage contre Finnbjörn, Casey ou le professeur van Aken, et elle ne l’avait même pas refoulée. Cela avait été impossible. La jeune femme ressentait cette émotion plus vivement qu’avant et c’était risible quand on savait que tout le reste disparaissait rapidement ! Capable seulement de ressentir le mauvais ! Quelque part, c’était digne de tout ce qu’elles avaient pu faire, avec Casey. C’était sa récompense pour n’avoir jamais mis de limite et il était désormais trop tard pour faire demi-tour. De toute façon, elle n’en mesurait qu’à peine les pleines conséquences de ses actes. Les limites n’existaient plus ; la morale non plus. Si sa mère savait… autant dire que ce serait le coup qui pourrait l’achever sur son lit d’hôpital. Mais, même pour ça, Felicia n’arrivait plus à s’émouvoir. Elle avait plus maudit son géniteur, pendant les vacances, qu’avoir espéré que sa mère sorte de Sainte Mangouste un jour. Si elle n’avait pas noté dans son programme de lui rendre visite, elle aurait, d’ailleurs, probablement oublié.

Toutes les dynamiques s’inversaient, et même la célèbre école de magie de Poudlard interdisait la magie en dehors des cours et des salles prévues à cet effet. Plus rien n’avait de sens depuis plusieurs mois : ces nouvelles mesures, leur défaite au concours, leur Serment Inviolable… Qu’étaient-elles censées faire, désormais ? Felicia avait déjà fait part de ses doutes à Casey, mais cette dernière lui avait assuré qu’elles trouveraient, qu’elles avaient toujours quelque chose dans les tiroirs, qu’elles s’en sortiraient, comme toujours et que leur plaisir serait intact. La Poufsouffle l’avait crue, mais elle continuait de douter. La défaite n’avait rien arrangé. Elles n’en avaient pas reparlé. À quoi bon, de toute façon, évoquer une telle chose ? Felicia s’en serait bien plus énervée avant, mais maintenant… C’était une défaite pesante, une plaie ouverte qui ne se refermait pas, une douleur sourde, là où tout aurait été plus aigu et plus vif auparavant. Il avait fallu qu’elles soient à égalité avec les Sørensen et qu’ils se fassent, tous les quatre, surpassés par deux Serpentard avec une potion aux limites des limites ! C’était se foutre de la gueule du monde, et le monde n’avait plus une très belle face depuis qu’Appleton avait repris la direction. Pour ça aussi, Felicia avait eu espoir, au début, trop peu impliquée dans ces combats de pureté de sang tant qu’elle pouvait étudier, mais ce n’était plus le cas. Ce n’était qu’une chaîne de plus qui venait entraver ses mouvements. Leurs mouvements. Jouer les détectives avec Prudence ou parler Histoire et droit avec Hannibal n’était qu’une bien maigre consolation, à côté de tout ça. Il lui était impossible de se changer les idées trop longtemps et ses doigts étaient en train de finir en sang. Bientôt, elle n’aurait plus d’ongles à ronger. Et, si cela continuait, elle irait se ronger les os directement. De toute façon, à quoi lui servirait ses doigts et ses mains si sa baguette lui devenait inutile ? Dire qu’elle avait tant bataillé pour en avoir une maîtrise à peu près correcte… Et maintenant ! maintenant ! La sensation était pire que de se retrouver privée de la parole. C’était se retrouver dépossédée de son âme, du but de son existence et de sa raison de vivre. Felicia n’était déjà plus si loin que ça de l’état de zombie, mais là, c’était presque achever la transformation. Il y avait bien ces objectifs d’obtenir un Optimal à tous ses ASPICs et devenir Archiviste d’ouvrages magiques. Ces objectifs étaient toujours là, dans le lointain, elle le savait, juste derrière le brouillard. Mais le picotement dans le bout de ses doigts ? L’excitation électrisant sa peau ? Elle avait du mal à les récupérer.

Pourtant, sa présence à la bibliothèque ne faiblissait pas ; sa curiosité non plus. En fait, peut-être même que le temps passé dans cet antre ne faisait que s’accroître. Les horaires des salles de permanence étaient un enfer qu’elle prenait personnellement : ses rondes, ses heures de cours, ses habitudes de travail, tout !, tout entrait en conflit pour permettre à Felicia de travailler comme avant. La Préfète avait même réussi à gagner quelques minutes de sommeil en plus en laissant la pratique au week-end et les devoirs théoriques en semaine. De toute façon, elles n’avaient plus de concours à préparer ou d’objectif à atteindre, avec la Serdaigle. Ses rondes et ses recherches avaient repris une certaine platitude que Felicia n’aurait jamais pensé apprendre à détester. Enfin… Elles n’avaient pas tout arrêté, non, ce serait mentir. Ce serait mentir et se voiler la face que de penser qu’elles pouvaient se passer l’une de l’autre et de recherches pendant plus d’une semaine. N’en déplaise à tous les insectes grouillants autour d’elle, mais Felicia restait un invariable dans la vie de Casey, peu importe les brides qu’on leur mettrait au quotidien, furent-elles obligées de rester dans leur Salle Commune respective un jour. Elles avaient recommencé. Et non pas avec un projet resté dans les tiroirs que Felicia aurait fini par trouver plat, lui aussi, pour son manque de danger et de ténèbres et d’intérêt comparé à tout ce qu’elles avaient déjà fait. Non ; elles cherchaient un moyen de récupérer un semblant de liberté. De briser une chaîne parmi toutes celles qui les empêchaient de s’élever. Elles cherchaient un moyen de briser un Serment Inviolable. Un moyen qui n’impliquait pas la mort de l’une ou de l’autre de préférence.

Depuis leur retour à Poudlard, cela n’avait pas été d’un grand succès. Felicia avait déjà feuilleté quelques bouquins qui s’approchaient le plus des liens et sceaux magiques en tout genre, des contrats faits entre deux sorciers, mais même si les mots « Serments Inviolables » apparaissaient, ce n’était que pour en donner une brève définition, une mise en garde, et rien de plus. À ce compte-là, Felicia était prête à lire tous les livres de la bibliothèque, s’il le fallait, mais là encore, peu d’espoir. Elle n’était pas quelques de défaitiste, mais elle était réaliste : la bibliothèque avait brûlé une fois, elle avait presque perdu une jambe, et le retour des ouvrages sur les étagères ne s’était fait qu’avec beaucoup de peine. Ils avaient dû être vérifiés un par un et aucun ouvrage dépassant les limites ne devaient se trouver ici. Quant à la Réserve… La jeune femme préférait ne pas y penser. Cette quête était presque perdue d’avance, mais c’était avec la rage du désespoir qu’elle continuait de lire les tranches de chaque ouvrage, espérant qu’il y en ait un ayant passé les mailles du filet, et - avec de la chance - un qui puisse les intéresser.

Pour l’heure, la mission était un échec. Felicia fouillait dans le rayon de la gastronomie sorcière avec un mince espoir avant de passer à la section des grimoires où se trouvait les sceaux et autres secrets magiques, quand Casey vint l’interpeller. Elle ne tourna la tête qu’après avoir lu le dernier titre de l’étagère pour retrouver d’autres lignes, d’autres mots. Elle ne jeta un regard entendu à Casey qu’une fois la mise au point et la prise de connaissance de l’information faites. Cela valait le coup d’essayer, effectivement. De toute façon, elles n’étaient pas bien avancées ici et toutes les pistes se valaient. Il leur fallut grimper cinq étages pour rejoindre le fameux couloir, cinq étages qui ne permettait pas à Felicia de faire les cent pas ensuite afin de faire apparaître une porte sur un mur lisse et vide. Ce fut Casey qui s’en chargea, concentrée, en trois allers-retours. Puis une porte apparut. La Préfète ne fit aucun regard étonné, rien qui laissait entrevoir une excitation ou un espoir retrouvé. Elle échangea un simple coup d’oeil avec sa camarade de classe et elles entrèrent.

Pour avoir déjà été dans cette Salle avec Prudence lors de leur enquête, il y a deux ans, Felicia restait impressionnée par les possibilités de cette pièce aux propriétés magiques étonnantes. Il n’y avait rien à voir avec la salle sur mesure où toutes leurs informations récoltées avaient pu être stockées ; non. Ici, le plafond formait des arches, presque aussi que celui de la Grande Salle et elle donnait effectivement une impression de cathédrale. Çà et là, des objets empilés, entassés, regroupés, stockés, sans aucun rapport les uns avec les autres. À certains endroits, les traces d’un feu passé témoignaient d’un malheur s’étant produit ici, mais impossible de dater la chose. Dans tous les cas, la pièce était encore là, et elle était chargée d’objets. « Que sommes-nous censées trouver, à ton avis ? » demanda-t-elle à Casey en avançant dans la Salle la première. « Un livre qui traiterait spécifiquement de ce qu’on cherche ? Un couteau qui ne coupe pas le beurre ? Une simple pomme ? » Tout semblait possible et cela ne rendait les recherches que plus longues encore. Mais, au moins, elles auraient un intérêt certain. Si ce n’était pas une solution à leurs problèmes, peut-être trouveraient-elles autre chose ? La Poufsouffle se tourna vers Casey; l’invita à commencer les fouilles avec elle. Ce serait long et la soirée - voire la nuit - serait courte. Alors autant commencer dès maintenant.
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyMer 10 Fév - 22:06


( they're crazy | FELICIA ☽ CASEY )

C’était la toute première fois que Casey pénétrait la Salle sur Demande agencée de cette manière. Après huit années à Poudlard, c’était d’autant plus étonnant qu’elle n’avait jamais été en reste dès lors qu’il s’agissait d’approfondir ses connaissances magiques et de percer les mystères qui subsistaient encore, par dizaines, par centaines, par milliers !, et qui constituaient la magie à part entière. Sous une voûte aux allures de cathédrale dont les pierres étaient marquées par le temps et les incidents sans âge, des objets à ne plus savoir où donner de la tête s’amoncelaient à l’infini. Derrière les deux jeunes femmes, la porte se referma, les isolant dans cet antre où des décennies de savoir avaient été empilées. Une vie suffirait-elle pour tout fouiller ? Et elles, qui n’en avaient pas autant, trouveraient-elles quelque chose ? Par quoi devaient-elles commencer ? La tâche semblait impossible mais c’était bien la dernière chose qui préoccupait la brune alors que son regard borgne se perdait dans les méandres de la cathédrale. Son cœur battait différemment, l’excitation coulait dans ses veines et elle sentait une curiosité dévorante l’emplir toute entière. Cela faisait longtemps. Depuis le dernier rituel, en réalité. Et ce court instant où la passion du savoir, face à un lieu qui en possédait une immensité, se réveilla lui fit remettre en perspective ces derniers mois et la banalité d’un ennui généralisé. Sans magie noire, sans limite à transgresser, sans possibilité d’aller plus profondément dans des arcanes qu’elles maîtrisaient, parfois à peine, le quotidien était bien fade. C’était tout ça qui se déclinait sous ses yeux océans en cet instant, avant que la voix de Felicia ne la ramène à la raison. Ses yeux glissèrent jusqu’au visage de la Poufsouffle avant que la Serdaigle ne hausse les épaules. « Aucune idée » commenta-t-elle sobrement avant de bien vite reporter son attention sur ce qui lui procurait des émotions plus vives que tout le reste. « Ça pourrait être tout ou rien. » Comme elle venait de le dire : de la pomme au couteau à beurre, il y avait un monde qu’elles allaient devoir explorer.

Ce qui les attendait allait nécessiter de longues heures mais sacrifier sa soirée, voire sa nuit, n’effrayait nullement Casey. Quel maigre sacrifice en comparaison de ce dans quoi elles se lançaient. Et, étrangement, ou peut-être pas tant quand on connaissait le lien tout particulier qui unissait les deux jeunes femmes, la brune n’aurait voulu partager cette découverte et se lancer dans ces recherches avec personne d’autre qu’avec la Préfète. Oh, leur relation n’était pas au beau fixe. Il n’avait fait que se dégrader avec le temps, en réalité, passant d’une simple camaraderie qui s’arrêtait aux salles de cours à une franche association dans des expériences toujours plus risquées pour n’être aujourd’hui que l’avatar du passé chargé de bien des rancœurs. Du moins, du côté de Felicia. Casey ne le savait pas, mais son cœur noir gorgé de haine éprouvait plus de facilité à exprimer ces sentiments que n’importe quels autres. Quant à elle, ce n’était pas de la noirceur qui teintait le sien, mais une indifférence grisâtre qui l’éloignait doucement des extrêmes qu’il était possible de ressentir. Son cœur battait encore parfois à toute allure, comme lorsque Caleb l’avait prise dans ses bras à Londres, mais il lui semblait que c’était survenu dans un autre monde déjà, au cours d’une autre vie. La cathédrale avait été capable de l’émerveiller, mais la magie le pourrait toujours… du moins, plus longtemps que tout le reste. Les deux adolescentes assoiffées de connaissances étaient devenues deux femmes qui déclinaient des nuances d’un ton qui n’avait rien d’une couleur. La magie prenait autant qu’elle donnait. Ses abysses n’étaient pas sans dangers et les deux jeunes sorcières y avaient plongé sans s’en soucier. Il était trop tard, désormais, pour que cela puisse arriver. Elles ne cherchaient plus qu’à retrouver leur liberté pour s’égarer encore plus sur des chemins peu pratiqués. D’où leur présence ici.

D’un mouvement qui n’avait pas besoin d’être accompagné de mot, Felicia invita Casey à entamer les fouilles avec elle. Elles n’étaient plus à la Bibliothèque et il ne servait à rien de se séparer. Ici, deux esprits à l'affût vaudraient mieux qu’un seul. « Un Accio sera inefficace puisque nous ne savons pas exactement ce que nous cherchons » développa la brune à voix haute, partageant ses réflexions avec sa camarade pour qu’elles fassent comme à leur habitude : construire ensemble un chemin de pensées qui les mènerait à une conclusion viable. « Réfléchissons : il est peu probable qu’une pomme permette de rompre un Serment Inviolable. Il faudrait nous concentrer sur des livres susceptibles de contenir des informations sensibles. Sinon… les sorciers ont le sens du cérémonial. De quoi pourrait-on se servir pour couper des liens ? » Ciseaux, dague : quel artefact magique pourrait les accompagner dans cet objectif qu’elles s’étaient fixé ? Elles passèrent à côté d’une commode dont la jeune femme ouvrit un à un les tiroires. Il y avait une étrange toupie qui gigota faiblement, des mouchoirs, des plumes cassées, un jeu de cartes incomplet et bien d’autres choses encore. La poussière accumulée s’effaçait sous les doigts de la brune à chacun de ses gestes. Il était tentant de tout toucher, de tout ouvrir, de tout retourner. Mais rien que sur cette pile-ci, elles pouvaient en avoir pour des heures. Néanmoins, Casey ne voulait passer à côté de rien. Elle sentait une énergie folle emplir les lieux et elle se complaisait trop dans cette vibration qui résonnait en son for intérieur pour vouloir l’abandonner un jour. Elle avait toujours eu des facilités à tomber dans des addictions, les enchaînant sans que cela n’ait jamais de fin. Celle-ci serait-elle la suivante ? Ses doigts passèrent de la commode à un drap qui couvrait quelque chose. Elle tira légèrement dessus, dégageant un nuage de poussière qui s’envola en même temps que le bout de tissu dévoilait un miroir. Une bonne partie semblait avoir fondue, dévorée par des flammes, sûrement d’origine magique d’ailleurs. Mais il restait suffisamment de glace pour que Casey puisse s’y voir toute entière et plus encore. « Regarde, Felicia » souffla-t-elle, absorbée par la brume qui se formait dans le miroir sans qu’elle ne puisse tout discerner de la scène qui se précisait.

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyLun 22 Fév - 4:05


they're crazy but they're magic
La fouille se promettait d’être longue… et intéressante. Peu importe l’endroit où elle posait les yeux, Felicia y trouvait des objets entassés à n’en plus finir. Certains menaçaient de glisser de leur promontoire, d’autres étaient suspendus au plafond elle ne savait trop comment, par une corde usée par le temps mais qui continuait de tenir bon. La hauteur de cette pièce et son espace au mètre carré avaient de quoi donner le vertige. Un vertige que Felicia ne connaissait que trop bien. Non pas celui qui la rendait malade quand elle regardait vers le bas et qui l’invitait à sauter pour mieux mourir ensuite, mais celui entêtant, fascinant, qui offrait une étrange sensation de planage au corps tout entier, suivi d’un plaisir certain. Le son de leurs pas se répercutaient sur les murs, mais si elles ne bougeaient pas… le silence. L’infini silence, et rien d'autre. Les objets entreposés offraient leur histoire à ceux qui venaient sans aucune pudeur, sans aucune honte. Des années et des années d’Histoire, de passé, de souvenirs… Dans un silence dont elle avait toujours rêvé… L’endroit parfait. Felicia venait de trouver l’endroit parfait, en somme, et la jeune femme venait à peine d’y entrait qu’elle ne voulait déjà lus repartir. Serait-ce fourbe de sa part de marcher lentement ? De prétexter être fatiguée toutes les dix minutes ? De poser les yeux et les mains sur le moindre objet de cette pièce dans le seul but de retarder les recherches ? Plus elles mettraient longtemps à trouver ce qu’elles cherchaient, plus elles seraient obligées de rester ici… Surtout que, finalement, ni Casey ni Felicia ne savaient exactement quoi chercher. Et rien ne disait qu’elles trouveraient quelque chose ici. Un objet capable de briser un Serment Inviolable… Si leurs recherches restaient à ce point infertiles et qu’elles ne trouvaient rien, Felicia était d’avis qu’elles finiraient par devoir inventer cet objet elles-mêmes. Mais elles n’en étaient pas encore là. Elles venaient à peine d’arriver. La nuit était jeune mais elle serait rapide à vieillir et à mourir. Leur année scolaire serait rapide à vieillir et à mourir. Elles n’auraient jamais assez de toute une vie pour explorer l'entièreté de cette pièce. Pourtant, ce n’était pas ce qui l’inquiétait pour le moment. Felicia retrouvait le fourmillement d’excitation dans le bout de ses doigts. Une quête qui en valait la peine. Enfin ! La jeune femme demanda innocemment à sa compaire ce qu’elle pensait qu’elles étaient censées trouver dans cette pièce, mais cette dernière lui répondit qu’elle n’en avait aucune idée. De toute façon, de suite, était-ce bien ce qui importait ? Savoir quoi chercher ou juste savoir ? « Tout ou rien », répéta-t-elle, comme hypnotisée par cette pièce. Tout lui allait très bien. Rien également.

Elles commencèrent leurs fouilles ensemble, côte à côte, sans avoir besoin de plus se parler que nécessaire. Dans un sens, même si Felicia avait commencé par toujours reprocher quelque chose à Casey, elles n’en étaient pas moins unies, même sans Serment. De ça, Felicia en était persuadée. De version supérieure à partenaire dans le crime, Casey était devenue une autre partie d’elle-même. Entre son œil manquant et sa jambe boiteuse… Ce qu’elle avait sacrifié pour restaurer sa mémoire et son cœur défaillant… Finalement, elles se complétaient plus que jamais. Les deux jeunes femmes étaient les deux faces d’une seule et même pièce, et en ce sens, Felicia continuerait de croire qu’elles en devenaient inséparables. Casey pourrait toujours aller voir ailleurs, ce n’était pas avec eux qu’elle venait explorer une telle caverne aux merveilles. Ce n’était pas avec eux qu’elle dépassait les limites des connaissances magiques. Avec qui d’autre pouvait-elle partager tout ça ? Avec qui viendrait-elle fouiller une pièce d’objets sans fin ? Felicia ne pouvait s’empêcher de toucher du bout des doigts tout ce sur quoi son regard se portait : une cage à oiseau vide, un globe terrestre qui ne représentait pas la terre, une armoire vitrée où étaient entreposés ce qu’elle avait d’abord pris pour des coupes. Parmi tous ces objets, il y en aurait peut-être un pouvant les aider à casser une chaîne invisible ou peut-être pas. Comme l’énonçait Casey, un simple sort ne parviendrait pas à les aider. Un livre contiendrait peut-être une réponse, mais fallait-il en trouver un, car Felicia n’en avait encore pas vu un seul. Alors Casey proposa de concentrer les recherches sur un objet susceptible de couper quelque chose, pour la symbolique. « Des ciseaux, un couteau, une scie… Une lame, en somme, je suppose. » Pourquoi pas une guillotine même, pour peu que le sorcier voyait les choses en grand. Mais malgré tout ça, elles continuaient de prendre les choses lentement, une par une… « Tu imagines ? Si nous avions pris une goutte de notre potion, les flux que nous verrions maintenant… » Tous ces objets devaient contenir une part de magie considérable, et ils prenaient tout simplement la poussière… Felicia était également curieuse de l’apparence que prendrait le Serment Inviolable si elle prenait vraiment la peine de le regarder en face sous l’influence de leur potion. Peut-être que l’objet salvateur possédait le même type de lien ? Cela aurait facilité les choses, pour sûr, mais voulaient-elles du facile ?

Casey la tira de sa contemplation en lui demandant de venir voir ce qu’elle avait trouvé. Felicia se détourna à contre-coeur de son observation pour venir poser les yeux sur ce qui semblait être un miroir. Un miroir à pied, en mauvais état certes, mais un miroir tout de même, qui continuait d’en imposer malgré tout. Une brume commença à apparaître sur la glace et, bientôt, Casey ne fit même plus partie du reflet. À la place, une montagne de livres entourait Felicia, la surplombait, la surélevait, les deux à la fois. Des livres qui prenaient tout l’espace, à ne plus savoir qu’en faire. Celui qu’elle tenait dans la main avait un titre approchant de « tous les plus grands secrets de la magie » et son regard était éloquent : il devait effectivement contenir tous les plus grands secrets de la magie. Malheureusement, ce livre ne devait exister nulle part que dans ce reflet. Et ce reflet… Felicia se retourna pour vérifier, mais non, effectivement, aucune pile de livres ne se trouvait derrière elle, et Casey était toujours à ses côtés. « Est-ce que tu vois ce que je vois ? » demanda-t-elle, curieuse de découvrir les propriétés de ce miroir. La Préfète avait les lèvres sèches et la gorge déshydratée. Ce miroir lui montrait une montagne de savoir infinie, et Felicia avait littéralement soif de toute cette connaissance. Elle aurait voulu tendre la main pour passer à travers la glace, mais… tant qu’elle n’avait pas la réponse de Casey sur la question, elle se retenait. Felicia aurait voulu tourner la tête pour regarder sa camarade, mais son regard restait figé sur le miroir. Son reflet venait de prendre un autre livre en main, dévorant page après page un savoir qu’elle ne pouvait même pas toucher.
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyMer 24 Fév - 23:26


( they're crazy | FELICIA ☽ CASEY )

Tout ou rien. Tout et rien. Cette pièce était fascinante, tellement qu’elle en devenait dangereuse. Casey n’avait pas déjà commencé à observer ce que son œil valide pouvait bien déceler dans l’amas d’objets en tout genre, empilés les uns sur les autres à en perdre la tête, qu’elle sut que le temps lui manquerait. Elle n’en disposerait jamais d’assez pour fouiller de fond en comble cette cathédrale où reposaient les héritages successifs de bien des sorciers. Elle avait beau être accompagnée de la seule camarade qui vibrait de la même soif vertigineuse, la tâche était trop conséquente. Là résidaient tous les périls. Sacrifier ses nuits et son sommeil pour passer plus de temps en ces lieux ne la dérangeait pas. Sacrifier plus… L’idée était encore lointaine mais elle aurait le temps de se préciser, Ô, tout le temps nécessaire. Felicia et Casey étaient comme deux papillons de nuit irrésistiblement attirés par la lumière, une lumière qui, à leurs yeux, était ce savoir immense qui ne demandait qu’à être découvert et acquis. À voler trop près des sources de chaleur, elles risquaient de se brûler les ailes, mais quelle passion ne comportait pas sa part de risque ? D’un geste machinal, presque sans s’en rendre compte, Casey retira son gilet et le déposa sur ce qui ressemblait à s’y méprendre à un porte-manteaux, exception faite des objets qui y étaient pendus. Toute son attention était perdue dans les piles verticales qui tutoyaient presque le plafond et dans les possibilités infinies qui se révélaient à elles. Elle voulait tout toucher, tout voir, tout découvrir, tout connaître. Tout savoir.

Tout en distillant ses pensées à haute voix, Casey effleurait un meuble, en ouvrait les tiroirs, en découvrait les secrets. Elles étaient trop absorbées, l’une et l’autre, par la débauche de curiosités qui s’offrait à elle pour pouvoir communiquer comme elles en avaient l’habitude : en silence et par le regard. Pour cette fois — et pour toutes celles qui allaient suivre, assurément — les mots devraient remplacer les œillades lourdes de sous-entendus. La brune se redressa après avoir refermé minutieusement le dernier tiroir poussiéreux de la commode et essuya négligemment ses doigts couverts de ces particules grises sur un bout de sa jupe. Non loin d’elle, la Poufsouffle énuméra des objets susceptibles de couper un lien, aussi symbolique soit-il que celui du Serment Inviolable. Chaque option était aussi valable que la suivante et se confondaient en un tout qui n’aidait pas vraiment. Pour l’instant, ça n’avait que peu d’importance tant elles étaient noyées dans leur environnement. Il y avait tant à découvrir, tant à appréhender… La voix de Felicia réveilla avec elle des possibilités infinies — en même temps qu’une certaine frustration. Si elles avaient leur potion, elles verraient des choses que le commun des mortels ne pouvait même pas imaginer. Nul doute que le spectacle serait merveilleux. Nul doute qu’il serait addictif. C’était le contre-coup de leur invention et elles le savaient. Raison pour laquelle, jusqu’à présent, elles n’en avaient pas avalé la moindre goutte. Jusqu’à présent… Le silence s’empara de la jeune femme alors que la réflexion pesait lourd sur ses lèvres. Elle le voulait. Elle le voulait de tout son être et elle le voulait avec Felicia. Avec qui d’autre pourrait-elle explorer de telles limites ? De toute façon, c’était leur potion, et de ce fait, elles seules pouvaient s’y perdre puisqu’elle n’avait pas été rendue publique. Finalement, son hésitation n’était que vétille et la soif de savoir remporta la partie. Elle la remportait toujours. « J’ai ma fiole dans mon sac. Je la conserve toujours avec moi. » Précieusement scellée mais à portée de main. Parce que les mots ne pouvaient suffire, Casey tourna la tête afin de croiser le regard de sa camarade. La potion était là. Franchiraient-elles le pas ? La brune vibrait d’une envie dévorante, seule encore capable de chasser la grisaille de son âme.

Mais autre chose attira son attention et la captiva instantanément. Une nouvelle source de savoir de laquelle semblait s’échapper une lointaine mélodie. Subjuguée par le tain du miroir, Casey appela Felicia à la rejoindre. Il se dégageait une aura jamais vue de l’objet, pourtant en très mauvais état. Les apparences étaient trompeuses, et derrière ces pieds abîmés et cette vitre fissurée, il y avait une magie puissante. Un peu comme les deux sorcières qui se tenaient droites, devant lui. Une jambe boiteuse et un œil mort. Mais des compétences qui ne cessaient de s’accroître. Felicia la rejoignit sans que la brune ne s’en rende vraiment compte tant elle était absorbée par ce que la fumée dévoilait. Son souffle se coupa, ou peut-être oublia-t-elle de respirer tant le reflet remplissait son être de sensations plus vibrantes que jamais. Dans une pièce qui ressemblait à s’y méprendre avec cette cathédrale, sur un trône composé de savoir, Casey tenait une boule de cristal du bout des doigts qui reflétait toutes les connaissances magiques qu’elle avait accumulées. Et elles étaient infinies. À ses côtés, sur un siège similaire, Felicia était absorbée par la sienne. Le moment était hors du temps, dans un futur qui les gravait comme des immortelles. Comment pouvait-elle le savoir ? Elle le sentait, comme un écho de vérité qui retentissait au plus profond d’elle-même. Ces trônes étaient la puissance bâtie avec les années et elle n’avait pas besoin de lire sa boule translucide pour savoir qu’elle contenait tout ce qu’elle désirait le plus ardemment. Quoi de plus normal, pour elle qui n’était plus qu’une enveloppe vide se remplissant de magie et de ce que les autres lui offraient, que de désirer ce dans quoi elle était actuellement plongée, un antre du savoir magique, en même temps que l’unique occupation capable de la faire se sentir vivante ? Et, même dans cet éternité qui l’appelait, Felicia était présente. Felicia, dont la voix la ramena à la raison, l’arrachant de cette illusion qui ferait si facilement d’elle une esclave. Son regard détailla la Poufsouffle avant de jeter une rapide vérification derrière son épaule. Le décor n’avait pas changé ; celui du miroir non plus. « Un savoir. Un savoir infini. » L’air circulait de nouveau librement dans ses poumons, chaque inspiration lui faisait mal après cette apnée inconsciente, et sa gorge était si sèche… « Et nous, seules maîtresses de ce pouvoir. » Déjà son visage se retournait vers le miroir. Une inscription abîmée par le temps la poussa à faire glisser ses doigts sur le métal, bras tendu pour atteindre le haut de l’objet. « Je… mon… ton visage… cœur le désir. Je crois que… Oui, c’est ça. Je ne montre pas ton visage… et, ensuite… mais de ton cœur le désir » déchiffra-t-elle, les yeux plissés, essayant de reconstituer les lettres manquantes. Un miroir qui montrait leur désir, leur désir le plus profond.

( Pando )
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyMar 9 Mar - 20:30


they're crazy but they're magic
Des désirs d’antiquaire prenaient assaut de son âme. Posséder, collectionner, avoir des réticences à revendre mais le faire pour mieux racheter derrière… Si Felicia ne s’était pas laissée tenter par un tel métier, c’est parce qu’il possédait une part de social qu’elle n’aimait guère et une peur de revendre à des imbéciles qui n’apprécieraient l’objet que pour ce qu’on leur aurait dit dessus. Archiviste, c’était bien plus sûr et cela lui promettait de toujours continuer à s’instruire jusqu’à la fin de sa vie - et elle n’en demandait pas plus. Pourtant, cette pièce réveillait des désirs qu’elle n’avait que trop bien mis de côté. Légalement, à qui appartenait tout ça ? Aux anciens propriétaires les ayant déposés ici ? À l’école ? À la Directrice uniquement ou bien au Ministère ? Pouvait-on se servir et… prendre le risque de repartir avec un bout de cet endroit dans les poches et de briser toute la magie ? Seuls leurs pas résonnaient et le calme était plus qu’appréciable, mais le cerveau de la Préfète refusait de se taire, son cœur battait comme un réceptacle vide pouvait vibrer à l’approche de ce qui pourrait enfin le compléter et son sang battait fort dans ses tempes. Elle avait l’impression de transpirer plus que normalement, comme une droguée en manque. Mais, quelque part, n’était-ce pas le cas ? Cela faisait un moment que Felicia n’avait pas ressenti un tel bonheur et une telle soif. Il lui en fallait beaucoup, désormais, pour l’émouvoir et leurs petites manipulations techniques sans aucun danger en potions ne lui faisaient plus autant plaisir qu’avant. Depuis leur défaite au concours de potions, il était évident que ce dans quoi elles brillaient, ce n’était pas le simple, mais le compliqué ; ce n’était le licite respecté, mais les limites brisées. Casey et elles n’avaient jamais autant accompli et appris en s’adonnant à la magie noire qu’autre chose. Oui, elles avaient également beaucoup échoué, mais Felicia ne rejetait pas leurs échecs sur ce facteur précisément. Pour elle, de toute façon, les limites étaient devenues floues, incertaines, étendues… Toutes les formes de magie se ressemblaient et se valaient à ses yeux. Autrefois, peut-être, aurait-elle pu avoir un soupçon de morale et se jurer de faire attention avec cette valse dangereuse au bord du précipice qu’elle faisait avec les limites… Mais désormais, la morale était tombée tout en bas du ravin. Et Felicia demeurait en haut. Elle se souciait bien peu de ce qui avait disparu tant qu’elle ne cessait pas d’être.

Toutefois, il fallait bien avouer que leur création, bien que relativement gentillette comparée à la grande gagnante, avait ses qualités et… ses dépendances. Elle était là, la véritable drogue, le véritable risque d’addiction. La composition de leur philtre possédait son lot d’effets secondaires, et elles en étaient conscientes, parfaitement lucides sur ce que pouvait risquer un sorcier à trop en boire, en avaient prévenu les jurés… Les deux camarades avaient toujours bien pris garde à ne pas la goûter trop souvent, à toujours réajuster les dosages pour ne pas finir elles-mêmes dépendantes d’une création perfectible. Mais jamais elles n’avaient tenté de supprimer ces effets. Les meilleures choses avaient toujours un contre-coup ; le génie s’accompagnait toujours d’une part sombre de la psychée. C’était le jeu - un jeu dangereux et elles avaient déjà passé trop de temps à flirter avec l'innommable pour s’en scandaliser. Pas une seule goutte depuis la finalisation de leur projet. Pas une seule parole, d’ailleurs, sur leur défaite depuis le bal non plus. Silencieusement, elles s’étaient mises d’accord pour ne pas le mentionner. Cela leur ferait trop mal de le leur rappeler. Cela ne servait à rien de s’énerver sur ce qui était déjà fait… pas vrai ? Mieux valait vanter ses mérites, se déplorer de ne pas pouvoir en profiter à l’heure actuelle… Quelle bénédiction ce serait, d’avoir un aperçu des flux qui devaient flotter dans cet endroit, qui devaient… s’entrelacer, se tordre, se nouer ensemble, se rejoindre et se séparer. Quelle bénédiction ! Casey était une bénédiction. Felicia se retourna vivement vers elle comme un tigre affamé ayant senti de la viande à moins de dix mètres de lui. « Vraiment ? » demanda-t-elle en s’approchant doucement de sa camarade. « Nous pourrions en devenir dépendantes, tu sais… » Quelle idée saugrenue de garder une telle chose sur soi… Quelle magnifique idée. Qu'elle soit bénie, cette Serdaigle qui avait radicalement changé sa vie. Plongeant ses yeux dans le sien, Felicia lui fit comprendre que, oui, elles franchiraient le pas. Son corps se souvenait encore des effets et il en redemandait rien que de savoir que la potion était à quelques centimètres de lui… Elles avaient déjà tant d’addictions, quel mal pouvait-il y avoir d’en rajouter une ? La Poufsouffle attendit que sa camarade prit une gorgée la première avant d’y passer à son tour. Une si petite dose de liquide… qui pouvait étendre leurs perceptions à un tel degré… Felicia avait l’impression de boire à la source du savoir même - qu’elles y buvaient et l’idée la fit rire en se souvenant de cette anecdote, entendue en cours de runes. « Tu te rappelles ? Odin avait sacrifié un de ses yeux pour obtenir sagesse et intelligence… » Elle ne continua pas sa phrase. Son analogie coulait de sens. Finalement, elles marchaient un peu dans les pas de dieux anciens… ! Felicia rendit la fiole à Casey - « Quel dommage qu’elle n’ait pas gagné. » - avant de relever les yeux sur la pièce.

De toute part, des flux de différentes couleurs, des flux infinis et une impression de… surcharge visuelle qui ne faisait que s’amplifier. Maintenant qu’il était possible de les voir, pourquoi ne serait-il pas possible de théoriser sur leur nature ? Après tout, une couleur devait bien correspondre à un type de lien précis. Et le leur… Mais chaque chose en son temps. Felicia se laissa embarquer par son amie vers un étrange miroir. Une autre merveille hypnotisante. Un regard suffit avant que le reflet ne se transforme en une vision de ce qu’elle pensait être l’avenir. Felicia se voyait, entourée de centaines de livres, de milliers de livres, d’un nombre infini de livres, tout comme le savoir qu’ils devaient renfermer ! Elle voyait les pupilles de son reflet : avides, assoiffés, passionnés. Ce qu’elle avait toujours cherché sans relâche, son reflet le tenait entre ses mains et il dévorait page après page, jamais rassasié, mais sachant pertinemment que cette source de savoir ? Elle ne serait jamais tarie non plus. Et toujours à portée de main. La vision parfaite - et bien trop belle pour être vraie, malheureusement. La Préfète jeta un coup d’oeil derrière elle pour vérifier que le décor n’avait pas changé, avant de demander à Casey ce que elle voyait dans son reflet. Voyait-elle Felicia également ? Voyait-elle une montagne de savoir… « Savoir infini » répéta-t-elle en écho aux paroles de la Serdaigle. Elles voyaient donc la même chose… À la différence que Felicia se trouvait dans la vision de Casey et pas l’inverse. Casey s’avança près de l’objet pour y lire une phrase : un miroir montrant le désir du cœur et non pas l’avenir. Felicia resta de marbre, mais quelque part au fond d’elle-même, elle fut soulagée d’apprendre pouvoir toujours désirer quelque chose. Et ce qu’elle désirait n’avait pas changé depuis tant d’années… Williams avançait dans la bonne direction, elle en était persuadée. Que Casey soit à ses côtés ou non, visiblement, ne changeait pas grand-chose pour elle, mais la Préfète préférait tout de même la côtoyer. Si Brooklyn réveillait des résidus de colère en elle, Casey réveillait bien plus. C’était comme ça, mais aucune autre personne sur cette terre ne pourrait la rendre vivante de la même manière. Si elle ne la désirait pas maintenant, Felicia apprendrait à la désirer plus tard. Il n’y avait rien qu’elle ne pouvait accomplir si elle s’en donnait les moyens et le temps, après tout. « Je n’aime pas cet endroit, Casey. Je n’ai pas envie d’en sortir, j’aimerais rester toute la nuit ici, avec toi, à arpenter ces “couloirs” d’objets, qu’on y trouve ce que l’on cherche ou non. » Autrement dit : elle n’aimait pas cet endroit ; elle l’adorait à l’extrême. Ses yeux brillaient et son reflet le lui rendait bien.
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyVen 12 Mar - 22:47


( sorceresses | FELICIA ☽ CASEY )

Quelques années plus tôt, dépourvue de tout ce qu’elle était capable de désirer — désirant, en réalité, tout ce dont elle était dépourvue — Casey s’était laissée aller à quelques penchants cleptomanes, volant ici et là quelques objets qui ne lui appartenaient pas. L’un d’entre eux, une fiole de potion qu’elle s’était résolue à rendre à son propriétaire, avait d’ailleurs titillé sa curiosité par sa brillance et son aspect, mais également parce qu’elle n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait. Le flacon avait révélé un philtre d’amour et la brune avait vécu l’un des moments les plus gênants de sa vie. Des années plus tard, si elle refusait de se remémorer cet épisode, le torse de son ancien préfet était pourtant encore parfaitement ancré sous ses yeux et sous ses doigts. Bien loin de ces considérations, perdue dans l’immensité de cette cathédrale du savoir, la jeune femme sentait renaître quelques unes de ces anciennes vélléités. Qui s’apercevrait de la disparition de l’un de ces artefacts ? N’étaient-ils pas censés avoir été déposés ici par leurs anciens propriétaires car ceux-ci n’en voulaient plus ? Pour les cacher ou bien pour s’en débarrasser, peu importe. Les doigts de Casey couraient sur toutes les surfaces, son œil vivant s’imprégnait de chaque détail, sa mémoire eidétique forgeait les souvenirs dans le marbre de son esprit renforcé par la magie runique. Son besoin de posséder ce qu’elle n’avait pas encore ne s’était, finalement, jamais tari. Simplement, il s’était cristallisé sous une toute autre forme : plutôt que de voler à d’autres ce qu’elle désirait détenir, elle s’accaparait des connaissances qui étaient infinies. La tâche était éternelle et cela avait quelque chose de rassurant : jamais elle n’arriverait au bout du chemin, perdue, les bras ballants, à se demander quoi faire ensuite. Il y aurait toujours plus à découvrir, toujours plus à apprendre, toujours plus à expérimenter. Car chaque nouveau savoir ouvrait un millier de perspectives nouvelles et, ainsi, l’acquisition de connaissances était une voie interminable. Rien que pour parcourir chaque millimètre carré de cet endroit merveilleux demanderait plus d’une vie et elles n’auraient, alors, accumulé qu’un dixième de tout ce que la magie avait à offrir. En toute transparence, Casey ne pouvait que comprendre les sorciers qui s’étaient perdus sur les sentiers de l’immortalité : comment ne pas souhaiter le devenir quand on comprenait, dans une sorte de délire vertigineux, tout ce qu’il était possible d’apprendre et de créer ? Il était là, le point de bascule, celui qui faisait passer les personnes qui, comme Felicia et Casey, se lançaient dans cette voie ; celui qui perdait de nombreux sorciers ; celui qui attirait, car brillant de mille feux, mais qui brûlait si on s’en approchait trop.

Cet endroit était un mini-soleil : pas suffisant pour calciner les deux êtres qui venait d’y pénétrer, mais suffisant pour les hypnotiser et les emmener sur les premières marches de la perdition. Tout ici pulsait d’une magie phénoménale et les deux esprits fanatiques des deux sorcières brûlaient de la même pensée : leur potion révèlerait tant de choses. Une potion qui avait tout d’une drogue — les effets comme les conséquences — mais quel élixir aussi puissamment génial que celui-ci n’avait pas de contrepartie ? Aucun, à sa connaissance. Une fiole de leur création ne quittait jamais le sac de Casey. Celle-ci n’en était pas à sa première dépendance : en réalité, elle les enchaînait depuis toujours, passant de l’une à l’autre, se perdant dans la suivante pour se soustraire à la précédente. Ça avait été les histoires des quelques livres qu’elle possédait chez ses parents d’alors ; puis les marques qu’elle se faisait elle-même sur les bras et les cuisses pour déverser un peu de la violence qu’elle ressentait au plus profond de son être afin de ne pas imploser ; ce besoin de voler ; ce besoin d’apprendre ; cette soif de tout connaître ; puis cet potion qui ravivait son esprit abîmé par des flammes et qu’elle avait commencé à trop prendre, trop souvent, en trop grandes doses, limitant progressivement ses effetes ; c’était, enfin, depuis qu’elle l’avait découverte, la magie dans son ensemble. Oui, elle était une femme composée de couches successives d’addiction. On pouvait donc croire qu’elle saurait se prémunir de celle-ci. Et dans un sens, c’était le cas : elle ne connaissait que trop bien les étapes qui s’enchaînaient et qui menaient à la dépendance. Aussi savait-elle qu’elle n’en était pas encore arrivée à ce stade ; Felicia non plus. Cette dernière se retourna brusquement pour faire face à la Serdaigle qui venait de lui annoncer ce qui sommeillait dans sa besace. Son regard hurlait une envie capable de faire tomber toutes les barrières dressées par la raison. D’un œil dénué de toute émotion, la brune observait sa camarade s’avancer vers elle à pas lents. Non, Felicia n’était pas encore dépendante. Mais elle était déjà tordue de cette avidité qui caractérisait les individus qui connaissaient l’euphorie provoquée par telle ou telle substance. Elle n’était pas encore accro, non. Mais le risque de le devenir s’inscrivait dans les minuscules ridules de son front, aux coins de ses yeux et à ceux de ses lèvres. Il aurait été plus sage de faire machine arrière. De ne pas faire un pas de plus vers cette dépendance qui s’annonçait commune. Une codépendance, en quelque sorte. N’étaient-ce pas déjà ce qui les liait ? « Je le sais. » Faire marche arrière, ne pas rajouter une dose critique à la limite de non-retour. « Et toi de même. Nous restons prudentes, » Non, c’était tout, sauf de la prudence. « et conscientes de ce que nous faisons. » Ce qui ne signifiait pas que c’était moins risqué pour autant. Elles le savaient, ça aussi. Et elles fermèrent les yeux sur ce fait. Casey déboucha la fiole, avala la moitié de son contenu et puis la donna à Felicia.

Déjà son regard bleu se détournait de la Préfète pour s’égarer sur toute cette lumière qui se fit. C’était comme voir de nouveau après avoir été aveugle toute une vie durant : Casey ne cessait de s’émerveiller de ce qu’elles avaient été capables d’accomplir. Dans ce lieu de savoir secret, tous les objets se mettaient à briller de couleurs diverses et variées — assurément, chaque couleur signifiait quelque chose, de même que chaque intensité et chaque forme : un lien direct n’était pas la même chose qu’un cercle englobant un objet, rouge n’était pas bleu et vert n’était pas orange, une lueur qui pulsait divergeait d’une lueur en continu. Il y avait encore tant à apprendre, tant à découvrir, et elles avaient ce savoir sous forme liquide. Stupide conseil qui n’avait pas été capable de saisir tout le génie et toute l’avancée que représentait leur création. Pourtant, Casey ne péchait pas par excès d’orgueil en général, mais son regard illuminé de magie enfiévrait sa raison. — et des liens se faisaient qu’un profane ne pouvait seulement imaginer. Les flux s’imprégnaient dans sa rétine pour se fixer dans son esprit et ne plus jamais le quitter. Quand elles iraient finalement se coucher, la brune passerait encore de longues heures à ne pas dormir et à se repasser mentalement chaque fil magique qu’elle avait été en mesure de percevoir. Le tordant, l’étudiant, l’analysant, le disséquant et le recréant.

Là, auréolé d’un flux impressionnant, un miroir attira son attention. Interpellant Felicia, c’est ensemble qu’elles se dirigèrent jusqu’à ce que leur reflet respectif s’y inscrive. La réalité se troubla et, à la place, une vision délicieuse imprégna toute la glace. Comme un écho à ses paroles, la voix de la Poufsouffle perça sa profonde concentration. Tant mieux, car Casey avait l’impression qu’elle aurait pu se noyer dans ce que le miroir lui proposait sans jamais retrouver son souffle. Ses doigts parcoururent l’inscription qui était gravée sur le cadre : un miroir qui dévoilait votre désir le plus cher. Dangereux et extrêmement fascinant. Piquée au vif par les mots de sa camarade, la brune se retourna pour lui faire face. Elle n’aimait pas cet endroit ? Comment était-ce seulement possible ? Et elle ne souhaitait pas en partir ? C’était une association de réalités déroutante, paradoxale. Ou bien alors, sous le coup de l’émotion, elle avait tout bonnement perdu quelques mots en cours de route. Toujours très premier degré, Casey. « Toute la nuit, plus encore » convint-elle, d’un ton qui se faisait plus vivant qu’à l’accoutumée, elle si impassible, faite d’une glace trop épaisse pour être brisée. Elle sentait une fièvre délirante s’emparer de tout son être : un délire exceptionnel dans lequel elle mourrait d’envie de se plonger toute entière ; et non pas un délire insensé. Encore que… y avait-il vraiment la moindre différence ? C’est là qu’elle le vit. Tendu d’un flux magique continu, un lien qui allait de l’une à l’autre. Il était d’un blanc éclatant, comme si toutes les autres couleurs de cet arc-en-ciel magique s’étaient réunies le long de cette corde qui vivait sur un autre plan. De cœur à cœur, il les reliait. Et ne laissait guère de doute sur ce qu’il était. C’était de la magie pure et les multiples interprétations possibles explosèrent dans l’esprit de la jeune femme. Sans cette magie qui pulsait entre elles, elles n’étaient rien. Que deux inconnues sans la moindre connexion, sans la moindre similitude, sans la moindre connivence. N’importe qui d’autre, sûrement, en aurait vacillé, se sentant prise au piège d’un lien qu’elle n’avait pas choisi. Comme une force supérieure qui les obligeait à être ce qu’elles étaient. Et cette force, elles pouvaient la voir, de leurs propres yeux elles pouvaient la voir. Rien n’était décidé librement, entre elles. Et cette codépendance qui était venu à l’esprit de la Serdaigle dépassait finalement ce qu’elle avait effleuré d’une pensée égarée. Oui, cela aurait pu effrayer n’importe qui, n’importe qui n’acceptant pas le destin et souhaitant se battre contre lui pour conserver un libre-arbitre artificiel. N’importe qui, mais pas Casey. Fascinée, elle contemplait ce flux en silence. Sans magie, elles n’étaient rien. Deux étrangères dans un château. Mais ça expliquait peut-être pourquoi elles étaient si rapidement passées de camarades de classe qui s’ignoraient — du moins, dans un sens — à ce binôme qui ne concevait pas de lendemain sans l’autre, qu’importe qu’elles ne l’aient jamais clairement formulé. Sans magie, elles n’étaient rien. Donc, elles étaient tout. Est-ce que la magie avait créé cette relation de toute pièce ? Était-ce le résultat des innombrables rituels et expériences qu’elles avaient sous les yeux ? Un lien qui s’était créé à cause de toutes les émissions magiques abandonnées autour d’elle ? Et même si c’était bien le cas, n’était-ce pas ce qu’elles avaient cherché dès le début ? Une partenaire fiable avec qui s’exercer jusque dans les confins de la sorcellerie ? Peut-être que ce lien s’était tout simplement forgé avec le temps, avec leurs apprentissages, et ce n’était rien d’autre que l’expression de tout ce qu’elles avaient mis en œuvre toutes ces années. Deux interprétations étaient possibles, avec une multitude de nuances. Dans tous les cas, Casey le trouvait fascinant. Pour la première fois de sa vie, elle comprenait de manière purement factuelle ce qui la reliait à une autre personne. Au-delà des sentiments, des émotions, des personnalités, elle savait. Elle pouvait y mettre des mots, des faits, des exactitudes. « Qu’en dis-tu ? » Ses pensées étaient désordonnées ; ces mots, eux, se devaient d’être parfaitement ordonnés. Ses doigts dansèrent autour de cette chaîne qui les unissait, comme si Felicia pouvait se méprendre sur le sens de sa question.

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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyLun 10 Mai - 23:30


they're crazy but they're magic
Damnées, voilà tout ce qu’elles étaient. Comment aurait-il pu en être autrement, de toute façon ? À flirter, comme elles le faisaient, avec les limites… Toujours un peu plus loin, toujours un plus profondément dans l'interdit. Deux âmes au-delà de toute rédemption, et cette cathédrale n’y changerait rien. Pire : elle semblait les attirer encore plus intimement dans les noirceurs de leur être. Felicia était comme obnubilée par toutes les merveilleuses entreposées dans cet endroit, oubliant parfaitement sa mauvaise jambe et sa hanche qui viendrait lui tenir le crachin sur combien elle lui en demandait trop et ce trop longtemps. Car elles allaient y passer du temps. Leur recherche était stérile d’avance, mais elles se donneraient la peine de chercher un minimum avant… avant de s’abandonner aux merveilles. Et une fois l’abandon survenu, qui pouvait savoir le temps qu’elles y passeraient ? Felicia pariait de longues heures, si ce n’était leurs derniers mois à Poudlard. De son côté, du moins, elle y passerait ses derniers mois. La Préfète aurait adoré penser finir sa scolarité à la bibliothèque qui restait un endroit de choix pour passer son temps, mais… À l’évidence, ce lieu la faisait plus sentir en vie que l’antre du savoir qui avait été à l’origine de bien des choses dans sa vie. Mais ce dernier ne parvenait pas à rallumer la flamme. Il l’entretenait, tout au plus, afin qu’elle ne meurt pas. Felicia Williams faisait partie des meubles et certains la trouveraient aussi insipide que le lieu. Ce qui, finalement, ne serait pas si loin de la vérité. Alors qu’ici ! Ici elle retrouvait un semblant de passion, de décharge électrique qui secouait son âme - si seulement elle en avait encore une. C’était parmi les objets oubliés, usagés, anciens et poussiéreux que Felicia se sentait le plus vivante actuellement. Et la présence de Casey ne devait pas y être étranger non plus. Damnées, donc, et elles avaient elles-mêmes condamné leur salut. Si leur aventure se résumait à un naufrage, et que quelqu’un leur avait lancé une corde à un moment ou un autre, sans nul doute qu’elles en avaient elles-mêmes sectionné le bout pour rester sur leur radeau de fortune. Mais le chemin qu’elles avaient choisi n’était-il pas le meilleur au bout du compte ? Oh, dangereux, assurément, maléfique et méprisable, mais ô combien aveuglant et satisfaisant ! Elles ne méritaient pas mieux. Felicia pensait sincèrement qu’elles ne méritaient pas mieux, mais elles méritaient plus, tellement plus. Des ambitions à l’image de cette pièce : immenses.

Pas étonnant, alors, que Felicia regrette la possibilité d’en avoir plus, que Casey lui confirme la possibilité d’en avoir plus ; qu’elles saisissent la possibilité d’en avoir plus malgré les risques associés. Un peu d’eau pour canaliser la flamme, à ce qu’on pourrait croire. Mais cette potion n’était que du pétrole. Elles finiraient par se brûler, à trop jouer avec le feu qu’elles allumaient elles-mêmes. Cela la fit rire quand Casey parla de prudence. Elles avaient peut-être conscience du moindre de leurs actes, mais la prudence ? Cela faisait bien longtemps qu’elles l’avaient enterrée. « Je ne savais pas que tu étais du genre à mentir », lui fit-elle dans un demi-sourire. Si Casey préférait se voiler la face de cette façon, Felicia n’allait pas la retenir. Elle ne s’était jamais contentée de l’honnêteté. L’honnêteté n’était qu’un frein et ne menait jamais bien loin. La Poufsouffle avait pavé sa route de petits mensonges, par-ci par-là. Effectivement, elles étaient prudentes. Disons ça. Disons ça et oublions le reste, ce serait plus facile de se laisser sombrer sous couvert de bonnes intentions. Felicia n’aurait aucun regret quoiqu’il puisse leur arriver. Alors elle laissa sa camarade prendre sa gorgée dans leur potion de lucidité avant de se saisir de la fiole à son tour. Une anecdote sur Odin lui revint tandis qu’elle associait la source du savoir à leur création. Son regard se perdit sur le reflet bombé du verre. Et sa soif… Sa soif de connaissances qu’elle ne parvenait à étancher… Peut-être tentait-elle de la combler avec cette potion qu’était la leur. C’était stupide, inconsicent et dangereux, elle le savait. Mais au diable la morale et la raison ; ces dernières n’étaient qu’un autre frein aux ambitions et à la folie - si les deux pouvaient encore se conjuguer séparément. Elle les enterrait avec la prudence, tout au fond du précipice. Parce qu’il lui suffirait d’une goutte, d’une toute petite goutte… Une simple goutte qui pouvait les mener tout droit en enfer, mais qui pourtant leur montrerait le paradis. Une goutte pour voir le monde différemment. Une goutte pour le voir tel qu’il était. Une goutte pour Casey. Une goutte pour Felicia. Une goutte pour elles deux et seulement une. Une goutte de trop, probablement, mais qui se perdrait dans une marre d’imprudence déjà bien en passe de devenir lac. Rien qu’une gorgée… Felicia trinqua intérieurement à cette prudence qu’elle envoyait brûler ailleurs avant de boire sa part. Et amen au reste. Amen à cette vision qui s’offrait à elle. C’était redécouvrir le monde tel qu’il avait dû être à sa création. C’était… avoir accès à une forme de magie pure. Plus elle voyait cet autre pan de la réalité, moins Felicia avait envie de devenir aveugle à ces merveilles une fois le temps écoulé. Comment pouvait-elle se contenter de la triste et fade réalité après une telle chose ? Le quotidien paraissait incomplet sans toutes ces couleurs, tous ces liens, tous ces flux… L’immense toile de l’univers, filée et tissée, et elles l’avaient juste devant leurs yeux. Un tel spectacle… !

Mais le spectacle que leur offrit le miroir fut tout aussi hypnotisant et impressionnant, rassurant Felicia sur le trou noi qui se formait dans sa poitrine. Elle désirait encore et elle désirait toujours la même chose : en savoir plus. Casey désirait la même chose, à ses côtés. À deux quoi qu’il leur en coûte. Williams aurait pu se perdre dans le reflet tant la réalité de l’autre côté du miroir lui paraissait bien plus éclatante que la vraie. Elle valait mieux que ce qui les attendait à l’extérieur de cette salle : magie interdite, serment qui les entrave, l’insipide du quotidien. Ici, il y avait encore un peu de magie - de cette magie qui lui avait mis des paillettes dans les yeux lors de sa première année à Poudlard. Cette pièce était d’un enchantement… déconcertant. Alors, oui, Felicia avoua ne pas l'aimer. Elle n’aimait pas cette pièce parce qu’elle se sentait prise d’une envie profonde d’y rester à jamais et si elle perdait déjà ses émotions, la Préfète désirait tout de même ne pas perdre le peu de libre-arbitre qui lui restait. Et pourtant ! Pourtant, elle avait toujours fui, dans sa vie. Souvent elle avait fui, et elle en était tout de même arrivée jusqu'ici malgré tout. Qu’est-ce qui l’empêchait de fuir une nouvelle fois sa raison ? Felicia n’était quelqu’un de sensée : elle était logique et factuelle. Elle n’était pas raisonnable : elle était ambitieuse et curieuse, sujette aux excès et à l’abandon total à une seule cause, un seul sujet, une seule envie. Casey lui répondit simplement qu’elles pouvaient y rester toute la nuit et plus encore si ce n’était que ça. Si ce n’était que ça, ah ! Toujours, elles avaient proposé l’idée de se pencher sur le temps, pour trouver un moyen de l’allonger, de le faire revenir en arrière, de le manier pour mieux l’utiliser. Jamais Felicia n’avait émis l’idée de l’arrêter tout à fait. Pourtant, tout de suite, en sa compagnie, en cet endroit, si le temps se stoppait et se brisait… La chose lui irait. « Toute la vie ? » lui proposa-t-elle, sachant pertinemment que ce serait impossible, autant pour sa partenaire que pour elle. On pouvait toujours espérer malgré tout…

La question de Casey la sortit de la torpeur dans laquelle elle s’enfonçait seconde après seconde. Alors Felicia remarqua la même chose qu’elle : un lien. Un lien qui les reliait de cœur à cœur et qui n’appartenait qu’à elles, qui commençait avec elles et finissait avec elles, sans se prolonger autre part. Un lien blanc, un lien pur. Il lui parut si naturel et évident que Felicia ne cilla pas en le voyant. Elle tenta de la saisir de la même façon que Casey jouer avec : sans parvenir à le saisir tout à fait, mais sans ignorer son existence. Ce qu’elle en disait ? « Je… » Felicia n’avait rien à en dire. Ce lien était logique, cohérent, parfaitement à sa place. Il soulevait énormément de questions, certes, mais pour une rare fois dans sa vie, la Poufsouffle ne souhaitait pas réfléchir plus précisément sur le sujet. « Il est magnifique » fut tout ce qu’elle trouva à répondre à sa camarade. Tout ce qu’elle lui avait dit, tout son discours sur leur lien avec les runes, tout ce qu’elles avaient traversé entre les déceptions et les colères sourdes de Felicia, finalement… Finalement ce lien lui prouvait qu’elle avait eu raison depuis le début : elles étaient inséparables. Pourtant Felicia s’inquiéta de ce qu’il pourrait advenir si jamais son cœur continuait - et il allait continuer - de fâner comme il le faisait. Posant sa main sur sa poitrine, la jeune femme tenta de trouver une corrélation entre ses battements de coeur et les pulsations de leur lien, sans succès. Puis elle remarqua un autre lien - rouge, celui-là, s’enroulant autour de son poignet. Casey avait le même, et les deux fils sortaient de la pièce en ondulant. Ils devaient rejoindre le même homme. Peut-être même que, derrière ces planches de bois, les deux liens se réunissaient pour n’en former qu’un, comme celui les liait par le cœur. « Et que dis-tu de ça ? » Felicia entremêla ses doigts à ceux de Casey et leva son bras pour lever le sine, le poing qu’elles formaient à deux dirigé vers la porte de leur cathédrale, vers le lien rouge qui s'échappait de cette pièce… Elles étaient censées chercher un objet pouvant les aider à la briser. Un objet dont, supposément, émanerait le même type de flux. Pourtant, Felicia se posait une question : lequel de ce lien maudit ou de leur lien disparaîtrait en premier ? Lequel allait s’évaporer en premier et lequel resterait ? Le cœur du vieillard serait-il le premier à rendre l’âme ? Ou serait-ce le sien ? Casey pourrait peut-être l’aider à répondre à cette question, mais Felicia ne voyait pas l’intérêt de lui dire. Elle finirait bien par le découvrir, si elles étaient aussi proches qu’elles le voyaient. N’est-ce pas ?


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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptySam 22 Mai - 21:20


( sorceresses | FELICIA ☽ CASEY )

Le rire de Felicia avait quelque chose de cruel. Pourtant, il était plus spontané et plus joyeux que bien des éclats qui s’échappaient de temps à autre d’entre ses lèvres si souvent pincées par la désapprobation. Il soulignait avec une justesse terrifiante le manque de prudence de cette fiole, de même que les limites avec lesquelles elles flirtaient un peu plus, tout en écartant sans ménagement les ébauches d’une condamnation raisonnable, bien plus raisonnable que tout le reste. D’un léger mouvement de tête, la brune lui concéda le manque de justesse de ce mot. La prudence. Comme il était si simple de le prononcer et beaucoup moins de l’appliquer. Prudentes. Non, ça sonnait faux. Mais ça n’était pas un mensonge pour autant. Car une part de Casey était pleinement convaincue que, si elles n’étaient pas exactement sur la voie de la prudence, elles étaient en tout cas parfaitement avisées des risques. La clairvoyance, voilà ce dont il retournait. Elles ne se leurraient pas sur ce qu’elles mettaient en jeu à chaque gorgée, ni sur ce qu’elles perdaient d’indépendance à chaque nouvelle fiole de débouchée. Les deux camarades en avaient conscience, terriblement conscience. Mais, dans la balance des pour et des contre, rien ne pouvait faire le poids contre la connaissance supérieure apportée par ce petit liquide qui réveillait en elles des flammes de plus en plus ardues à réveiller. « Je ne mens pas. » Ô que si. Sa vie était littéralement construite sur des mensonges. Des omissions, du moins. Des monceaux immenses de vérités qu’elle ne voulait pas contempler, étudier, appréhender. Des cadavres qui n’appartenaient qu’à elle, enfermés dans des placards aussi nombreux que ceux de cette cathédrale. Casey mentait, beaucoup. Et à elle principalement. Aveugle sur tout parce qu’il était plus simple de fermer les yeux que de plonger les yeux grands ouverts dans des évidences qui faisaient mal et qui étaient si lourdes à porter. Elle n’avait pas les épaules pour cela. En revanche, elle avait celles pour supporter le poids de sa décision, celle qui lui fit ôter le petit bouchon en liège de sa fiole. « Remplaçons prudence par lucidité, si tu préfères. » Était-ce mieux d’avoir la seconde que la première ? Rien n’était moins sûr. D’une gorgée aussi brève que puissante, Casey envoya paître la prudence au fin fond des ombres, là où elle envoyait tant d’autres choses. Les paupières mi-closes, elle tendit le flacon d’ivresse à Felicia, la tête légèrement penchée vers une expectative qui faisait déjà battre son cœur un peu plus vite, repoussant l’apathie et l’indifférence. Une telle potion était belle. Une création d’orfèvre qui sublimait ce qu’elles étaient capables de percevoir. Ça n’était pas dangereux. C’était beau, c’était idéal, c’était magique, c’était hypnotisant, c’était dévorant. C’était extrêmement dangereux. Comme le monde était fade, une fois que les effets se dissipaient ; comme l’envie était forte, d’en reprendre encore un peu. L’accoutumance était l’un des effets indésirables de leur potion et elles le savaient. Lucides. Pas prudentes.

Appelées aux excès, elles s’y perdirent un peu plus encore. Le Miroir du Risèd était comme un phare pour le bateau qu’elles étaient, avide de plus, avide de magie, avide de savoir. Un phare qui ne les mènerait pas à bon port, pourtant, mais qui les perdrait assurément sur les récifs pour un naufrage des plus catastrophiques. Casey aimait ce qu’elle voyait et l’envie de s’y noyer était bien présente, nichée au fond de sa poitrine qui semblait si vide depuis quelques temps. Heureusement, la voix de Felicia la rattrapa et elle se raccrocha à cette réalité déjà grandement magnifiée par la beauté de leur concoction. Ses doigts caressèrent des mots anciens et sa langue caressa la perspective de passer tout le temps qu’il leur plairait dans ces lieux empreints de magnificence. Toute la nuit, toute la vie, oui. Elle hocha la tête en silence, préférant ne pas rendre cette perspective ridicule en la prononçant à voix haute. Elles resteraient ici aussi longtemps qu’elles le désireraient. Quitte à s’y perdre et ne jamais en revenir. Sortant de cette torpeur hypnotique, Casey troqua une perdition pour une autre. Ce n’était plus ses profonds désirs qui se dessinaient sous ses yeux océan mais quelque chose de plus tangible, représenté dans toute sa splendeur et dans toute sa grandeur par un lien qui vibrait de bien des choses. La brune s’en gorgea de longues secondes durant, étudiant sans s’en lasser ce blanc étincelant qui partait de sa poitrine pour se perdre dans celle de Felicia, faisant exactement la même chose en sens inverse. Impossible de dire d’où il provenait et où il allait car il était forgé d’une réciprocité qui le rendait plus fort encore. Il n’en était peut-être pas né, mais il en était, aujourd’hui, la représentation. Après un silence contemplatif, Casey attira Felicia sur ce spectacle. Leurs doigts tentèrent de le toucher mais il était immatériel, figé sur un plan qu’elles parvenaient à contempler sans pouvoir interagir directement avec ce qu’il contenait. Magnifique, c’était un mot qui lui allait à la perfection, et comme pour témoigner de la concordance de leurs émotions, le lien vibra un peu plus intensément.

Ce fut au tour de la Poufsouffle d’appeler l’intérêt de Casey vers quelque chose qu’elle venait de constater. Un lien rouge qui s’entortillait autour de son poignet et, la Serdaigle le constata presque aussitôt, un autre filament écarlate, jumeau du sien, qui s’enroulait autour de sa peau pâle à elle. Les doigts de Felicia s’emparèrent des siens et elle ne chercha pas à se dégager de ce contact. Au contraire, elle resserra ses doigts autour des siens et étudia avec intérêt leurs bras levés vers le toit de la cathédrale. Le lien se poursuivait au-delà, fusant jusqu’à sortir de la pièce. Sûrement qu’il continuait ainsi jusqu’aux cachots, jusqu’à s’enrouler autour d’un autre poignet, plus âgé, qui en était le maître. « Encombrant » souffla finalement Casey, en réponse à la question de sa compagne. Elles partagèrent un regard entendu et, d’un même mouvement, se détachèrent physiquement l’une de l’autre pour repartir dans leurs fouilles. Mille questions fourmillaient dans l’esprit de la jeune femme, tambourinant des mélodies diverses et assourdissantes, sans qu’elle ne soit en mesure de savoir par où commencer. Apercevant un flux rouge, elle se décida à le suivre. Il fallait bien commencer quelque part.

***

Sa baguette tressauta et ses pas l’entraînèrent vers sa gauche. Sa main libre était fourrée dans sa poche et triturait sans discontinuer une petite fiole dont elle connaissait le moindre contour. Son souvenir visuel était très fort mais la moindre aspérité du verre en apparence lisse l’était plus encore. Il lui fallait résister de toutes ses forces pour ne pas faire sauter le petit bouchon et porter le flacon à ses lèvres. Aussi dur soit-ce, elle y parvint. À force de quitter sa Salle Commune pour prendre le chemin de la Salle sur Demande, elle en était venue à connaître par cœur le moindre frétillement de sa baguette magique et était capable d’appréhender ceux qui allaient suivre. Aussi, quand le bois vibra pour l’entraîner un peu plus à gauche encore, Casey sut qu’elle était arrivée. Mentalement, elle compta ses pas. Arrivée au douzième, elle revint en arrière, trois fois, puis repartit dans le sens inverse, trois fois également, et une dernière fois avant que sa main ne parte à la recherche d’une poignée. La porte coulissa sans un bruit, Casey quitta le couloir pour une cathédrale qu’elle ne voyait plus mais dont elle continuait l’exploration, et le petit bouchon en liège sauta. Le rythme de son cœur s’accéléra comme il en avait l’habitude alors que le liquide coulait entre ses lèvres. Le noir aveugle qui était désormais tout son quotidien ne tarda pas à se parer de couleurs châtoyantes qui fusaient dans tous les sens et une chaleur indescriptible s’empara de la Serdaigle qui aurait presque pu se mettre à sourire. Imprudente. Le danger avait le goût sucré de cet élixir. Et la dépendance était consommée depuis quelques temps déjà. Cela ferait bientôt deux mois que Casey était revenue à Poudlard, aveugle. Bientôt deux mois qu’elle errait de salle de classe en salle de classe, indifférente aux cours dont elle connaissait déjà le contenu nécessaire pour passer ses examens, indifférente aux autres, indifférente à la nourriture, indifférente à tout. Sauf à cette pièce-ci, sauf à celle qu’elle retrouvait aussi souvent que possible, sauf à ces liens flamboyants qui lui donnaient l’impression de ne pas être totalement plongée dans un noir éternel.

Un halo vert sur sa droite correspondait à une commode située proche de l’entrée de la cathédrale. C’était là que tout avait débuté, que l’addiction avait pris un nouveau tournant, plus inéluctable encore. Casey se repérait aussi bien que possible grâce à ces formes et ces couleurs qu’elle mémorisait dès qu’elle les croisait. Vert, jaune, orange, jaune encore, rouge. Halo flou, filament tendu, confusion totale. Un trio de liens bleus lui indiqua qu’elle était arrivée à l’endroit où elles s’étaient arrêtées la dernière fois. Baissant la tête, elle constata ce faisceau blanc qui jaillissait de sa poitrine et partait droit devant elle. Quelques pas encore et le blanc lumineux semblait s’arrêter net. Felicia était là. Casey ne s’annonça pas : c’était inutile. Si elle ne l’avait pas encore vue, la Poufsouffle se rendrait bientôt compte de sa présence. Mais il aurait été étonnant que ce ne soit pas le cas : elles avaient comme développé un sixième sens qui rendait les mots obsolètes. Du moins l’étaient-ils avant que la vue ne soit plus une option. À leurs poignets, le rouge écarlate ne faiblissait pas. Elles étaient loin d’avoir atteint cet objectif de liberté mais elles continuaient de venir ici, encore et encore. Sûrement que, sans ce serment à briser, elles auraient trouvé autre chose pour se perdre plus longtemps encore entre les sentiers perdus de l’antre majestueux qu’elles arpentaient. Mais pour l’instant, elles avaient tout ce qu’il fallait. « Tu l’as prise ? » demanda la brune, sans qu’il soit utile de préciser qu’elle parlait de leur potion. De quoi d’autre, si ce n’était de ce breuvage qui les faisait se sentir vivantes ? Il n’y avait qu’ici, aux côtés de sa compagne imprudente, que Casey se sentait en vie. Le reste du temps, elle n’était qu’une ombre dénuée d’émotions, ou peu s’en fallait, qui errait au fil d’un emploi du temps qui n’avait rien de passionnant. Plus rien ne la faisait vibrer. Plus personne. Sauf ce qu’elle avait ici et qui lui donnait l’impression que son âme n’était pas encore entièrement pourrie par l’indifférence.

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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyMer 9 Juin - 17:15


they're crazy but they're magic
Une auréole bleutée, un fil doré, une opacité verdâtre ou bien un flux orangé s’enroulant autour de son objet tel un dragon protégeant son trésor... De toutes les couleurs et de toutes les formes visibles grâce à leur potion, c'était un lien rouge qu'on aurait dit bordé d'épines qui les intéressait le plus. Si leur intérêt passait d'un miroir à un breuvage, elles restaient néanmoins obnubilées par ce lien dont elles ne trouvaient aucun outil, aucun ustensile pour les aider à s'en défaire. Elles continuaient de chercher cependant. Elles continuaient de se rendre dans cette cathédrale personnelle, semaine après semaine, mois après mois, mais Felicia avait perdu espoir. En vérité, elle l'avait perdu en moins de quelques jours. S'il n'y a rien pour nous aider, s'était-elle dit, nous le créerons. C'était la solution la plus simple et la plus accessible à ce jour, mais un petit pincement au cœur avait achevé sa quête dans l'œuf. Attendre que le vieillard meurt et leur débarrasse de leurs chaînes de feu, c'était tout ce qu'il leur restait à faire. Felicia ne savait pas si Casey en était venue à la même conclusion, avec les jours fuyante à travers leurs doigts. Il fallait dire que sa camarade avait sûrement eu d'autres préoccupations depuis... sa chute. On ne devenait pas aveugle tous les jours et personne ne nous préparait à une telle éventualité, c'était un fait. Pourtant, Felicia ne s'était pas plus inquiétée que ça, et cela dépassait son simple manque d'investissement avec son environnement : elle avait confiance. La Poufsouffle avait toute confiance en Casey ; elle s'en sortirait, comme toujours. Et quelque part, elle s'en était sortie : leur potion avait trouvé une nouvelle utilité des plus surprenantes. Cela augmentait les risques d'addiction, certes, mais... N'étaient-elles pas déjà foutues ? damnées ? maudites par leurs propres expériences. Deux scientifiques fous qui avaient depuis longtemps abandonné la raison sous prétexte qu'elle les alourdissait, les ralentissait, les freinait tel le boulet des prisonniers qui finiraient peut-être un jour à leur cheville. Elles s'étaient condamnées toutes seules, comme des grandes. La cécité de Casey lui avait toujours pendu au nez, et si la Serdaigle n'avait toujours pas compris le prix que Felicia avait eu à payer depuis, ce ne serait qu'une question de temps. S'il existait un miroir capable de dévoiler la véritable forme de quelqu'un, Williams était curieuse de voir l'apparence qu'elles y verraient. Brisées, sûrement. Cicatrisées au possible, tordues et cabossée. Deux monstres qui se seraient bien trouvés et qui continuaient de se rejoindre sans cesse.

Parce que si Felicia ne pensait plus tant à leur objectif premier, sa fascination pour cette version de la Salle sur Demande ne faiblissait pas. Même après tous ces mois, elles n'avaient pas encore tout vu, continuaient d'arpenter ces couloirs d'objets, de fouiller chaque recoin, toujours les yeux améliorés par leur potion. La Préfète ne comptait plus les heures qu'elle passait dans cet endroit, avec ou sans Casey - plus souvent avec que sans. Ses rondes se faisaient de plus en plus rapides pour se libérer du temps. Quand elle ne s'enivrait pas de leur potion, c'était de la pommade dont elle abusait, dans l'espoir de réduire ses douleurs et marcher un mètre de plus chaque fois. Parfois, elle s'asseyait tout simplement dans un coin, plus dans l'espoir d'y trouver une forme de paix ultime que pour faire partie des meubles. Elle était venue ici, après le procès. Elle avait voulu... rechercher un résidu de remords, caché quelque part dans cette pièce - en vain. Même si sa curiosité continuait de tourner à plein régime au même rythme que l'univers, son cœur s'était - d'une certaine façon - arrêté pour de bon. Rien des sentiments renfermés dans ce bric-à-brac ne lui seraient utiles. C'était trop tard pour elle, désormais - pour elles deux. À la place, Felicia laissait traîner ses doigts sur les meubles poussiéreux, laissait parfois un bout de verre lui piquer le doigt en scandant l'imprudence sans qu'il n'en soit rien, laissait son esprit se reposer tandis que ses yeux étaient à la limite de la surcharge visuelle. Quand elle passait à côté d'un flux de couleur rouge, elle s'arrêtait un plus long instant qu'à d'autres endroits. Elles en avaient trouvé, des objets ayant pu correspondre à leur recherche, mais jamais rien de bien concluant. Pourtant, ils devaient tous être amplis de magie interdite, de danger et de noirceur. Aucun des objets n'étaient jamais sortis d'ici, mais Felicia avait voulu en emmener avec elle plus d'une fois. L'attraction de la pièce lui faisait malheureusement - ou heureusement - perdre la notion du possible et de l'impossible, et l'idée finissait par lui passer. Elle ne revenait qu'une qu'une sortie et la porte disparue dans son dos, comme si rien de tout ceci n'avait jamais existé. Un joli qu'elles ne faisaient qu'à deux. Un joli rêve qu'elles continuaient d'avoir.

Williams avait déposé sa robe de sorcière dans un coin de la pièce, en arrivant. Si elle avait aidé Casey à se diriger dans l'endroit, au début, il n'en était plus rien. L'une arrivait séparément de l'autre, mais elles finissaient toujours par se rejoindre quelque part. Aujourd'hui, elle était arrivée la première. À peine était-elle arrivée que, déjà, ses pas la conduisaient dans le labyrinthe de bois, de fer, de verre et de poussière. Elles s'étaient arrêtées un peu plus loin encore, la dernière fois, leur progression ne stagnant jamais vraiment, même si elle en avait l'air. Dans ses mains, Felicia tenait la petite fiole contenant sa dose de lucidité. Chaque jour - chaque heure - résister à la voire se faisait de plus en plus dur, une véritable torture. La dernière fois, elle avait tenu trente-deux secondes avant de se jeter dessus comme une assoiffée. Et chaque fois, elle tentait de tenir une seconde de plus, pour la postérité... jusqu'à l'arrivée de Casey... Felicia se retourna une fois en ayant cru sentir sa partenaire dans son dos. Sensation fantôme. Mais la deuxième fois fut la bonne : la Serdaigle était arrivée sans s'annoncer, sans un bruit et presque sans un souffle, mais plus sûrement que n'importe quel aveugle du monde. Leur petite potion faisait des merveilles, assurément. Pourtant, Felicia n'avait toujours pas bu la sienne. « Bien sûr », mentit-elle à Casey, continuant de jouer avec la fiole entre ses doigts aux ongles rongés mille fois. Une seconde de retenue maintenant, c'était une seconde de prolongation tout à l'heure... « Qu'est-ce que ça fait, de perdre la vue ? » Il n'y avait rien de méchant dans cette phrase, pourtant la plate cruauté de l'indifférence était tout ce qui se détachait de ses mots. Felicia ne tentait même plus de voiler sa curiosité ou de se montrer un peu plus sensible à l'état de Casey. Elle n'avait jamais eu beaucoup de tact, mais avec les personnes qu'elle estimait, elle avait toujours essayé de se montrer moins désobligeante quand il le fallait, ne serait-ce que pour préserver les rares amitiés qu'elle avait. Plus maintenant. Elle était réellement curieuse, cependant, et elle désirait savoir avant de rajouter une lentille à sa propre vision. Comment étaient les ténèbres ? Et comment était-ce de ne voir que la magie à l'état pur ? Felicia avait retenu la question trop longtemps. Aujourd'hui, elle débordait de ses lèvres.
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Message(#) Sujet: Re: sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) sorceresses, they're crazy but they're magic (FELICIA ☽ CASEY) EmptyDim 20 Juin - 18:37


( sorceresses | FELICIA ☽ CASEY )
L’ombre de Caleb accompagna un instant les pas de Casey avant que sa silhouette ne soit effacée par une présence qui brisait toutes les autres. Le choix qu’il avait fait était irréversible et désormais il impacterait chacune des deux parties. Était-ce le bon choix ? Le mauvais ? Le pire ou le meilleur ? L’avenir seul pourrait le dire. Tandis qu’elle avançait en direction de Felicia — dont la présence ne lui échappait pas et dont la place lui était indiquée par ce lien d’un blanc immaculé qu’elles partageaient, bien loin de la couleur noire de leurs palpitants — la brune se fit la réflexion que rien ne pourrait jamais égaler ce qu’elles partageaient. Parce que leur addiction était devenue trop profonde et que leur dépendance à la magie, à leur potion, à leurs recherches, était également devenue une dépendance à l’autre. C’était étrange comme le flou et la confusion avaient déserté l’esprit de Casey. Un peu comme une condamnée à mort qui avance vers l'échafaud, l'esprit clair et libéré de toutes entraves. La brune savait que la petite fiole abandonnée dans son sac, vidée de sa moindre goutte, serait suivie de bien d’autres. Que c’était dangereux mais tellement excitant. Et qu’elle avait le choix égoïste et mortel d’oublier les risques pour se concentrer sur les moindres palpitations que ces prises régulières réveillaient en elle. C’était immuable. Et ça lui convenait au-delà de tout. Il n’y avait plus de destin à forger, d’avenir à construire, juste une voie qui se dessinait clairement dans les ténèbres et qu’elle n’avait d’autre choix d’emprunter. Que ce soit seule ou accompagnée, là était sa destinée. Bien sûr, il y avait fort à parier que sa main retiendrait celle de Felicia jusqu’à ce qu’il soit trop tard, mais qui pouvait savoir si une autre ne se glisserait pas un temps à leurs côtés. Ce serait bien insuffisant, jamais personne ne pourrait ôter la Préfète de cette place acquise avec les années. Ni Brooklyn, ni Carla, ni Caleb, ni Luca… C’étaient elles jusqu’à ce que la mort les sépare. Un lien forgé par toutes les limites franchies ensemble qui le rendait indestructible… à moins qu’elles ne se détruisent elles, pièce par pièce, petit bout après petit bout. Oh, elles en étaient capables, bien évidemment. Tant qu’elles le faisaient ensemble.

Un soulagement mêlé d’orgueil l’envahit quand sa camarade lui rétorqua qu’elle avait pris sa dose, bien évidemment. Une longueur d’ondes partagée, c’était tout ce dont elle avait besoin. Tout était simple, avec Felicia, même dans les froides colères qui avaient parfois agité leur navire. Elles savaient où elles allaient et elles savaient comment y aller et les doutes pouvaient être partagés — quand bien même c’était avec amertume — cela ne les arrêtait jamais. Dans une autre vie, en d’autres circonstances, elles auraient pu se tirer merveilleusement haut. Elles ne faisaient que s’attirer irrémédiablement vers le bas et les ténèbres les plus obscures. Une seconde s’écoula puis la voix de sa compagne déchira le silence pour poser une question brûlante. Casey ne s’en offusqua même pas. Avec Felicia, elle pouvait être elle-même, celle qu’elle était entrain de devenir, mourant à petit feu, en tout cas, sans que ça ne choque ou que les mots des autres ne réveillent une culpabilité tapie. La Poufsouffle ne ressentait rien, ou peu s’en fallait, et Casey n’était donc pas forcée de ressentir quoi que ce soit pour s’aligner sur ses émotions. C’était agréable, c’était facile, c’était évident. Alors, elle lui répondit avec un flegme à faire frémir les âmes capables de s’en formaliser. « On ne voit plus rien. » Ça aurait pu faire rire n’importe qui capable d’un second degré profond. Ça n’était pas fait pour être drôle. C’était une vérité sans fard, sans sentiment, sans rien pour la travestir. « Je me sens plus détachée que jamais de ceux qui m’entourent. Je ne peux plus les voir, encore moins les comprendre. Tu veux que je sois honnête, alors voici la réalité crue : c’est reposant. On me voit infirme alors on me laisse plus facilement tranquille. » Par Merlin, si quelqu’un avait seulement pu entendre ce qu’elles se disaient. Deux âmes vieillies et rongées par la magie noire qui habitaient des corps de jeunes femmes à peine entrées dans la vie adulte.

Elles ne savaient pas jusqu’où tout cela les mènerait. Elles y allaient pourtant. À quoi chercher à se détourner de ce qui ne pouvait être changé ? À quoi bon se débattre alors que les lianes inéluctables les enserraient plus fermement jour après jour ? Elles étaient ce qu’elles étaient et cela les ferait devenir ce qu’elles étaient destinées à être. Casey n’imaginait pas un futur sans Felicia. Là où les ombres de ses amis s’effaçaient lentement mais sûrement d’un avenir bien sombre. Ils ne pourraient jamais la relever, la retenir de tomber dans les abysses qui s’ouvraient sous leurs pieds. Il était trop tard. Elles y plongeraient, et toutes les deux, mues par une inconscience qui leur ferait franchir toutes les limites encore existantes. Jusqu’à ce que, dans un dernier souffle, elles franchissent celle de trop. Une dernière expérience pour laquelle elles donneraient leurs ultimes forces après des mois, peut-être des années si le hasard était clément, d’une destruction lente et douloureuse infligée à leur propre personne. Main dans la main. Sans personne d’autre. Ce serait le temps, le Serment Inviolable, un nouveau poison ou une potion concoctée par leurs soins… Mais elles ne verraient pas le danger, leur instinct de survie totalement éteint par l’habitude acquise, et ce serait la fin. Que pouvaient-elles rêver de mieux ? Rien, si ce n’était avoir du temps, encore plus de temps pour dévorer les connaissances dont elles n’avaient fait qu’effleurer l’existence. Et cela commençait par poursuivre leur inventaire de cette cathédrale dans laquelle elles pourraient mourir, ici aussi bien qu’ailleurs.

( Pando )
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